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Chers collègues, mesdames et messieurs, nous allons commencer.
J'aimerais remercier les témoins d'avoir pris le temps de venir à notre rencontre, malgré des horaires chargés. Je crois que vous comprenez notre procédure. J'ai eu l'occasion d'avoir un bref échange avec vous tout à l'heure.
Tout d'abord, vous aurez chacun cinq minutes pour présenter une déclaration préliminaire. Si j'en juge par vos notes, certaines déclarations durent un peu plus que cinq minutes. Je vous donnerai un signal une minute avant la fin du temps alloué, alors je vous invite à lever les yeux de temps à autre durant votre présentation.
Je devrai être ferme pour ce qui est de la limite de cinq minutes. Je n'ai pas le choix si nous voulons entendre les questions de tous les membres du Comité et avoir du temps pour la table ronde suivante. Nous entendrons d'autres témoins immédiatement après vous. Selon notre expérience, même si vous n'arrivez pas au bout de votre déclaration, vous devriez avoir l'occasion de faire valoir vos points durant la période des questions et réponses.
Après cette brève introduction, commençons sans tarder.
Monsieur Rosendorff, nous vous écoutons. Vous avez cinq minutes.
Selon mon expérience du secteur des organismes sans but lucratif, notamment la Croix-Rouge et la ville de High River, où nous avons abondamment utilisé les envois postaux, il n'y a pas de lien entre les résultats d'une campagne et la distribution à domicile ou à des boîtes postales. Nous n'avons constaté aucune différence, aucune.
Postes Canada est très efficace pour nous avertir à l'avance des menaces de grève qui surgissent de temps à autre, de sorte que nous avons le temps de chercher des solutions de rechange si nécessaire — le fameux plan B.
J'aimerais aborder, à titre privé et non professionnel, la question de la livraison du courrier aux boîtes postales ou à domicile. Pendant cinq ans, nous avons habité un endroit où notre courrier était livré à une boîte postale. Nous trouvions absolument merveilleux d'aller à pied à notre boîte postale et d'y rencontrer nos voisins ou de les voir passer en voiture. Ces rencontres créaient un esprit de communauté et de camaraderie. Les gens se rencontraient, marchaient, faisaient de l'exercice. Après le retour à la maison en voiture, ils allaient chercher leur courrier.
Nous avons ensuite emménagé dans notre maison actuelle. Les deux premières années, nous recevions notre courrier à domicile. Nous voyions de nouveaux visages sur lesquels nous ne pouvions pas mettre de nom. Les gens du voisinage s'envoyaient la main, sans plus. Et puis les boîtes postales sont arrivées. Une ou deux personnes se sont plaintes, mais aujourd'hui tous les voisins du croissant se connaissent parce que tous ont pris l'habitude d'aller chercher leur courrier à pied. Les gens font de l'exercice, ils se rencontrent, ils deviennent des amis, et ils vont chez les uns et les autres.
À mes yeux, c'est tout à fait logique. Les gens font de l'exercice. Ils prennent l'air. Si nous nous absentons pour un certain temps, nous prêtons nos clés à un voisin. Nous aidons les personnes âgées, nous leur apportons leur courrier, et elles aussi finissent par rencontrer leur communauté.
Nous aimions bien voir notre facteur tous les jours, mais il n'entrait jamais dans la maison. Nous n'avons jamais appris à le connaître, nous nous contentions de lui envoyer la main. Maintenant, tous ceux qui reçoivent leur courrier aux boîtes postales du quartier finissent par se connaître. À mon avis, ces rencontres favorisent l'inclusion et la diversité, et tout ce qui fait du Canada un grand pays. Tout à coup, des gens qui viennent d'endroits différents se parlent. Sans les boîtes postales, nous aurions pu vivre dans cette maison pendant 10 ans et leur envoyer la main tous les jours, sans plus, comme le font beaucoup d'entre nous.
C'était mon plaidoyer en faveur de Postes Canada et des boîtes postales par rapport à la livraison à domicile. Je vous épargne le détail des coûts astronomiques associés aux véhicules, qui doivent stopper et redémarrer constamment.
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Merci de me donner l'occasion de parler de l'avenir de Postes Canada. Il s'agit d'une présentation conjointe, et c'est pourquoi vous voyez que le nom de Frank Goldie est inscrit.
Je représente le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. Je suis commis à Postes Canada depuis 39 ans.
Postes Canada aurait tout intérêt à diversifier ses activités. Au moment de la publication du rapport du Conference Board du Canada sur Postes Canada, les pertes projetées pour les cinq années suivantes étaient colossales. Une entreprise qui reçoit un pronostic aussi catastrophique doit chercher d'autres moyens de faire de l'argent, et la diversification en fait partie.
Par exemple, Postes Canada pourrait offrir des services bancaires postaux. Je vous ai remis une liste de ce que la Société pourrait offrir.
Pour ce qui concerne les services bancaires postaux, Postes Canada a déjà des bureaux de poste dans des villes que les banques ont délaissées sans rien prévoir pour satisfaire aux besoins bancaires des citoyens. Postes Canada pourrait combler ce vide. Money Mart et d'autres prêteurs sur salaire du genre arnaquent les citoyens. Ils pourraient être remplacés par des services bancaires postaux qui offriraient des prêts à taux abordable aux citoyens se retrouvant dans ces situations précaires.
Dans la dernière année, dans le cadre de nos négociations, nous avons donné une présentation sur les services bancaires postaux à Postes Canada. Je faisais partie du comité de négociation. Postes Canada n'a montré aucun intérêt. La Société nous a dit qu'elle préférait attendre l'issue des travaux du Comité.
Les services bancaires postaux pourraient occuper un créneau qui n'est pas exploité actuellement. Nos commis de vente au détail ont déjà une formation financière, si jamais vous vous posiez la question. Ils reçoivent une formation lorsque Postes Canada propose de nouveaux produits et services, ce qui arrive régulièrement.
La logistique est une autre de nos forces. La taille de notre réseau parle d'elle-même. Notre réseau couvre la totalité du territoire, d'est en ouest et du nord au sud. Postes Canada est déjà active dans ce secteur, elle expédie déjà des pièces de machine et toutes sortes d'autres articles. Pourquoi ne pas aller un peu plus loin? Je me souviens d'une soirée où je travaillais aux colis et durant laquelle j'ai traité un envoi de pièces de tracteur John Deere à côté d'une tasse à thé.
Beaucoup d'entreprises gardent très peu de pièces en stock — votre garage en fait sans doute partie. Elles appellent le fournisseur pour se les faire expédier au besoin. On pourrait leur proposer de faire un seul appel à Postes Canada pour que l'article soit commandé, ramassé et livré. Un seul appel pour faire venir un article du Texas à Fort McMurray.
Une entreprise qui ne peut pas utiliser une machine de 100 000 $ parce qu'une pièce est brisée sauterait certainement sur l'occasion.
Les entreprises qui offrent des services d'entreposage à d'autres entreprises représentent aussi un débouché intéressant. Elles pourraient appeler Postes Canada pour qu'elle ramasse, charge et expédie les articles à une entreprise comme les librairies Coles.
Postes Canada ne devrait pas chercher à externaliser ses activités, elle devrait exploiter les ressources à l'interne. Nous pourrions ramasser un colis chez un client et garantir son expédition à bord du prochain vol.
Postes Canada pourrait aussi explorer les possibilités offertes par l'impression en 3D. Nous avons déjà les véhicules nécessaires.
Dans le domaine de la vente au détail, Poste Canada dispose d'un immense réseau qui est sous-utilisé. Nos commis devraient vendre des laissez-passer d'autobus, de l'assurance-voyage, des cartes-cadeaux, offrir des services de paiement des factures de services publics. Le précédent gouvernement conservateur a fermé beaucoup de bureaux de Service Canada. Nous pourrions prendre le relais et offrir des services comme l'aide pour remplir des formulaires. Nous pourrions vendre des hypothèques. Nous pourrions offrir l'accès à Internet au moyen d'ordinateurs installés dans les comptoirs postaux. Les gens n'ont pas tous un ordinateur, et nous pourrions offrir ce service payant aux communautés. Les clients pourraient commander en ligne et faire livrer leurs articles par Postes Canada. Nous vendons des emballages. Nous pourrions offrir un service d'emballage payant. Nous savons comment le système fonctionne, et nous savons comment un colis devrait être emballé, parce que c'est notre travail.
Actuellement, nous vendons des permis de chasse aux oiseaux. Nous pourrions vendre tous les autres types de permis de chasse et de pêche. Nous pourrions faire des vérifications de passeport. Nous pourrions même vendre des billets pour assister à des événements locaux. Nous pourrions devenir le troisième réseau de téléphonie cellulaire au pays.
Nous souhaitons la croissance de Postes Canada. À la table de négociation, Postes Canada nous a dit qu'elle envisageait de livrer des envois collectifs de plus grand format et plus lourds, parce que c'est ce que les clients demandent. Nous avons donné notre accord et avons demandé que ce soit inscrit dans notre convention collective.
Postes Canada souhaite aussi faire de la livraison de colis le soir et la fin de semaine, pour développer ce secteur. Là encore, nous avons accepté. Cette expansion permettrait à Postes Canada d'accroître ses revenus et de créer des emplois pour la classe moyenne.
Vous savez sûrement que, en septembre, le groupe de travail prévoyait une perte de 63 millions de dollars. Ces chiffres ne tiennent pas compte des nouvelles sources de revenus sur lesquelles nous nous sommes mis d'accord lors des négociations. Le fait est que Postes Canada a enregistré des profits plutôt que les pertes prévues.
Nous devrions exploiter notre réseau et améliorer notre compétitivité. Nous ne voulons pas être un fardeau pour les contribuables dans les prochaines années.
Toutes mes propositions pourraient être rentables pour Postes Canada, elles créeront des emplois sans coût additionnel et protègent la classe moyenne, sans l'aide du gouvernement et du public.
Comme vous le savez, Postes Canada est financièrement autonome depuis des années. Nous ne dépendons de personne. Comme je l'ai dit précédemment, Postes Canada devrait faire appel à ses propres ressources au lieu de permettre à ses bureaux de poste de sous-traiter du travail à des points de vente privés. Il en résulterait une main-d'œuvre stable et expérimentée, des emplois bien payés pour la classe moyenne, possiblement à temps plein, et des bureaux de poste viables et pertinents.
Merci de m'avoir accordé votre attention.
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Merci de me donner la possibilité de témoigner devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Je vais me concentrer sur les cinq thèmes fondamentaux énoncés dans mon mémoire.
Dans son livre Le match, publié en 1989, le grand gardien de but Ken Dryden parle avec éloquence et passion du hockey et de son statut d'icône au sein de la culture canadienne. Il souligne avec grande justesse la place occupée par l'aréna dans la vie de beaucoup de villes et villages, grands et petits, partout au pays, et notamment ici, dans l'Ouest.
Le hockey a joué un rôle pivot dans la création de lieux de rencontre pour les communautés. Malheureusement, la disparition de l'aréna local a souvent sonné le glas de nombreuses communautés en difficulté. Nos communautés nous définissent et sont le ciment qui nous unit dans les bons et les mauvais moments.
Le Canada est un pays nordique, qui doit composer avec le double défi de son immensité et de sa population clairsemée. La conjugaison de ces défis à un climat hostile pousse les citoyens à développer une conscience aiguë de la nécessité de coopérer et de prendre des décisions qui vont dans le sens du bien commun.
De manière générale, les théories politiques reconnaissent que la prestation de services publics constitue un rôle essentiel de la plupart des gouvernements. En raison des défis singuliers du Canada, la prestation de ces services s'avère d'une importance encore plus cruciale pour assurer la survie des citoyens. À cause de ses obligations de service universel, Postes Canada, ou ce que l'on appelait auparavant le bureau de poste, fait partie de ces services publics d'une importance cruciale.
Lorsque je vais dans de petites villes comme High River, Hanna, Yorkton ou Nelson, la présence et la visibilité du bureau de poste, de son drapeau et de son enseigne si familière me rappellent que nous sommes tous des Canadiens, que nous avons des obligations les uns envers les autres, et que nous avons besoin d'un véritable service postal national et universel. Le service postal constitue l'un des liens qui unissent nos communautés et l'un des fils importants de leur trame. En fermant des comptoirs postaux, nous tirons sur ce fil et nous provoquons la désintégration de nos communautés, tout comme le ferait l'incendie d'un aréna. Nos leaders doivent se battre pour maintenir les services et les programmes auxquels les citoyens s'attendent.
D'aucuns diront que l'accès à Internet a enlevé leur raison d'être aux services postaux. C'est même tout le contraire. Internet a accentué l'isolement social, et les médias sociaux ont nui à la civilité du dialogue. Nous avons moins besoin des Kim Kardashian de ce monde et beaucoup plus de leaders communautaires. Nous avons besoin d'un accès accru du public aux services de communication. Les familles Shaw et Rogers sont assez riches. Nous avons besoin d'un service postal public qui élargit ses activités et qui prospère, dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Comme je l'ai déjà évoqué, les services publics font partie prenante du tissu social et des communautés. En Alberta, nous avons été aux premières loges pour constater les effets des politiques gouvernementales qui coupent les vivres aux services publics. Pour des raisons idéologiques, nos systèmes de santé et d'éducation ont été privés de ressources financières nécessaires à leur dynamisme.
Dans les années 1990, nous avons assisté à des mises à pied massives dans les secteurs des soins infirmiers et de l'enseignement, et à une tendance à la privatisation de services connexes. Ces mesures ont suscité un mécontentement généralisé à l'égard des systèmes publics, étranglés par les compressions et dorénavant incapables de satisfaire aux attentes de la population. Il s'en est suivi une hausse marquée de la demande de services privés comme solution de rechange à l'offre déficiente des systèmes publics.
Il semble que le service postal ait subi le même sort. Les dirigeants de Postes Canada ont opté pour la réduction ou la suppression des services dans les petites communautés, l'externalisation d'une foule d'autres services, la diminution des normes de service, et l'augmentation des délais de collecte et de livraison sans consulter le public que la Société est censée servir.
À mes yeux, ces décisions sont à l'origine de la grogne croissante à l'égard du service postal public et de la concurrence accrue du secteur privé. Cette concurrence a nui à la capacité de Postes Canada de générer les revenus dont elle a besoin pour fournir, et à plus forte raison pour développer, le service public qui lui a été confié.
Pire encore, les dirigeants de Postes Canada restent fermés à tout dialogue ou à toute proposition concernant des mesures pour aller chercher les revenus nécessaires à l'amélioration de ses services de base. Je pense notamment aux services bancaires postaux. Je sais par exemple que les services bancaires postaux rapportent aux gouvernements britanniques et australiens.
Avant de conclure, j'aimerais parler de l'exemple le plus étrange de logique tordue que j'ai jamais rencontré.
Les dirigeants de Postes Canada nous répètent depuis des années que le volume du courrier de première classe a connu une baisse draconienne. Or, si je comprends bien, la Société a investi des milliards de dollars dans la modernisation des installations de traitement du courrier, notamment en vue d'accélérer le traitement du courrier de première classe.
Là d'où je viens, un gestionnaire qui investirait dans des installations de manutention d'un produit qui intéresse peu le public serait renvoyé. Imaginez si Postes Canada avait investi ces milliards dans l'amélioration de ses services de distribution à domicile. Tous les Canadiens recevraient un service de meilleure qualité et plus fiable. La confiance du public serait rétablie, la demande pour les services postaux publics augmenterait, et les revenus et profits de Postes Canada aussi.
Les Canadiens ne seraient plus à la merci des services privés de messagerie pour combler les lacunes que Postes Canada laisse subsister et s'amplifier depuis trop longtemps. Je vous enjoins à recommander au gouvernement de faire le nécessaire pour réhabiliter le service postal public auquel tous les Canadiens ont droit et pour favoriser sa croissance.
Merci de votre attention.
Vous nous donnez tout un défi. J'aimerais juste obtenir une précision. Nous avons visité la grande usine de traitement, ou peu importe le nom que vous lui donnez, dans laquelle Postes Canada a investi. Nous y sommes allés hier. S'il est vrai que le volume des envois poste-lettres a diminué, celui des colis a augmenté. Il est essentiel d'adopter une stratégie adaptée aux installations. Nous devrions tous visiter ces installations. La Société a pris des mesures, certaines bonnes, d'autres moins, qui ont coûté de l'argent, mais nous devons aussi garder à l'esprit que quand nous faisons des déclarations, nous savons de quoi nous parlons.
Ma question s'adresse à vous, madame Beale.
Comment se portent les relations entre les employés de Postes Canada et la direction actuelle?
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Il est en train de changer, si l'on veut.
Les employés de Postes Canada sont là pour les salaires et les avantages sociaux. Ils arrivent, font leur travail, repartent à la maison. En gros, sur place, les employés veulent un emploi, ils veulent faire leur travail, ils veulent que le courrier se rende à son destinataire, peu importe qui est le destinataire. Des problèmes surgissent dans le milieu de travail, il faut accepter qu'ils se produiront dès que deux personnes travaillent ensemble. Les problèmes sont inévitables. Il faut les régler et passer à autre chose.
Au sein des équipes de direction, peu importe l'échelon, des personnes sont à leur place et d'autres non. Postes Canada ne fait pas exception.
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Oui, c'est une possibilité.
Madame Beale et monsieur Bennett, je vous remercie pour vos observations.
Monsieur Bennett, j'ai bien aimé votre remarque au sujet des Kardashian. C'est bien vu. Je partage votre point de vue au sujet des arénas locaux. Si vous roulez dans la campagne, vous constaterez le même phénomène dans le cas des élévateurs à grains et des fermes. Beaucoup de gens sont venus nous rappeler que nous devrions être plus présents dans les milieux ruraux. Je vous remercie donc pour vos commentaires avisés.
Vous avez parlé de la croissance des activités et d'une liste de possibilités comme les services de messagerie, les registres d'assurance ou les services bancaires. Actuellement, tous ces secteurs sont desservis par le privé. Vous avez parlé de création d'emplois sans coût. Or, tout nouvel emploi à Postes Canada sera un emploi perdu dans le secteur privé — ou, si vous voulez, quelqu'un devra payer. Ai-je raison, selon vous, ou ces solutions permettraient-elles de créer des emplois nouveaux, sans perte pour le secteur privé? Pensez-vous vraiment que Postes Canada peut faire mieux que le privé dans le domaine des services bancaires, des assurances, des messageries, ou que sais-je?
Mes questions ne sont pas partisanes. Nous avons entendu à maintes reprises qu'il fallait augmenter les revenus, mais beaucoup de ces services sont déjà offerts par le privé. Ne risquons-nous pas de prendre à Pierre pour donner à Paul?
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À mon avis, c'est aussi une question de concurrence, puisque vous parlez de prendre à Pierre pour donner à Paul. Quand vous avez commencé à parler — je n'ai jamais entendu personne qui voyait les choses de cette façon.
Mais peu importe, la liste que je vous ai donnée, qui n'est pas complète, loin de là, énumère des activités qui ne seraient pas nouvelles. Nous vendions autrefois des permis de chasse. J'ai travaillé pour les ventes au détail de Postes Canada pendant 14 ans. C'était le meilleur emploi du monde. Postes Canada a examiné la situation et peut-être envisagé de vendre ces articles, et elle a finalement décidé que ce n'était pas ce qu'elle voulait faire. Pourtant, toutes les activités que j'ai énumérées, Postes Canada a déjà le personnel et les lieux pour les réaliser. Nous sommes déjà dans un système de concurrence, alors je ne vois pas en quoi ce serait différent.
Postes Canada se vante d'être une entreprise, et les entreprises sont en concurrence. Elles ne sont pas dans une tour d'ivoire. Postes Canada fournit aussi un service. S'il s'agissait d'abolir un emploi à un endroit pour en créer un autre ailleurs... Les emplois à Postes Canada sont bien rémunérés et ils offrent de bons avantages sociaux. Ce sont de bons emplois pour la classe moyenne, ce qui n'est pas le cas de la majorité des emplois créés, si je ne me trompe pas.
Nous avons entendu des témoignages fort intéressants aujourd'hui. Je suis ici seulement à titre de députée locale, et mon collègue assiste à d'autres réunions. J'ai bien apprécié vos témoignages.
Les propos de M. Rosendorff m'attristent vraiment. Notre ville est réputée pour la qualité des liens communautaires. C'est bien malheureux de penser qu'il faut abolir la livraison du courrier à domicile pour que les voisins se parlent. C'est une triste réalité qui nous est décrite.
Dans ma communauté, tout le monde connaît le facteur. Les gens s'assoient devant leur maison, ils parlent aux enfants, les chiens jouent. À mon avis, c'est une bien triste excuse pour installer des boîtes postales, mais tant mieux si elles ont eu cet effet dans votre communauté.
Nous avons entendu beaucoup d'idées intéressantes. J'ai déjà rappelé aux témoins, et je vais le refaire, que selon son mandat législatif, Postes Canada est essentiellement un service public. C'est en toutes lettres dans le rapport du groupe de travail. Il n'est pas question d'accroître la rentabilité d'une entreprise privée. Nous parlons d'un service postal.
J'ai vraiment apprécié les idées très novatrices suggérées par les employés du secteur postal et d'autres personnes pour faire en sorte que le service soit abordable. Bien entendu, j'ai été surprise de découvrir que les services postaux suisses, néo-zélandais, italiens, français et britanniques offrent tous des services bancaires. D'ailleurs, 70 % de leurs profits viennent de ces services et ils ne font même pas de prêts. Ils se limitent à offrir des services comme l'encaissement de chèques ou le paiement des factures. Il va sans dire que nous avons beaucoup à apprendre de nos partenaires commerciaux en matière d'innovation.
J'ai été particulièrement choquée de voir qu'un bureau de poste où tout le monde avait l'habitude d'aller en autobus a fermé dans ma propre circonscription. Il a déménagé dans un endroit où l'autobus ne se rend pas. C'est une honte.
Beaucoup de témoins ont manifesté des préoccupations concernant les personnes qui sont consultées avant le remplacement d'un service postal ou de bureaux de poste par des boîtes postales. Nous avons également reçu des observations très utiles sur les différences entre les besoins des régions rurales, et en particulier les communautés isolées, et ceux des centres urbains. Cependant, nos témoins proviennent en majorité des grandes villes, soit Calgary, Edmonton et Leduc.
Pensez-vous que Postes Canada devrait avoir l'obligation de fournir un service équitable aux communautés isolées, autochtones et nordiques?
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J'ai habité Hay River. J'ai vécu à Yellowknife, à Inuvik, et dans plusieurs petites villes de l'Alberta. J'ai l'impression d'avoir 150 ans... Dans certaines petites villes, le bureau de poste est le seul représentant du gouvernement fédéral. C'est le seul endroit où l'unifolié flotte.
Dans beaucoup de petites villes, la banque est partie et les gens n'ont plus d'endroit où aller pour leurs besoins bancaires. L'un des principaux avantages des services bancaires postaux serait d'offrir ce service aux communautés. Le bureau de poste est déjà en place dans ces villes, c'est un établissement fédéral, et la présence du gouvernement fédéral est importante. C'est une autre raison qui milite pour le moratoire — il soutient la lutte pour que les bureaux de poste restent ouverts.
Pourquoi les citoyens de petites villes comme Blackie, au sud-est de Calgary, n'auraient-ils pas accès aux mêmes services postaux que les citoyens du centre-ville de Calgary ou d'Edmonton? Le service postal doit être le même partout au Canada. Il ne devrait pas y avoir de différence entre Edmonton et Blackie, Westlock ou d'autres petites villes. Les citoyens devraient pouvoir aller au bureau de poste pour y recevoir les services dont ils ont besoin.
Le fédéral doit maintenir sa présence à ces endroits. Les bureaux de poste doivent rester ouverts. Lorsque les bureaux de poste ferment, c'est tout le pays qui en souffre.
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J'ajouterais volontiers quelque chose. Je comprends mal comment Postes Canada peut continuer à s'opposer à une augmentation du service dans les régions rurales. Comme vous le savez, lors des dernières négociations, une des principales questions touchait l'égalité des conditions de travail entre les facteurs des zones rurales et leurs collègues des zones urbaines.
Je me souviens qu'aux premiers temps de l'ALENA, la société UPS a intenté des poursuites contre le gouvernement fédéral, faisant valoir que le monopole de la livraison du courrier de première classe reconnu à Postes Canada permettait à celle-ci de subventionner injustement son service de livraison des colis. Ce qui a affaibli les arguments invoqués par UPS, c'est que cette entreprise ne s'intéressait manifestement qu'au marché concurrentiel de la distribution de colis dans les principaux centres urbains. C'est effectivement l'activité la plus rentable. De toute évidence, UPS ne s'intéressait pas à la distribution du courrier en zone rurale.
Or, j'estime que dans un pays nordique comme le nôtre, avec ses vastes étendues, un service postal public est une nécessité absolue. Certes, la nature des services assurés est appelée à évoluer, mais, ainsi que vous l'avez noté, le service de base constitue une obligation aux termes de la Loi de 1981 sur la Société canadienne des postes. La Société canadienne des postes est en effet investie d'une mission de service public. Je considère pour ma part que ce service public est d'une importance primordiale, qu'il revêt une valeur essentielle pour nos communautés et qu'il conviendrait non pas de le réduire, mais de l'étendre.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous de votre présence ici. Il est toujours bon d'entendre des avis différents.
Quelque chose m'a frappé au cours de nos déplacements dans les diverses régions du Canada, alors que nous recueillons, de part et d'autre, des témoignages. En effet, notre principale obligation consiste, d'après moi, à nous assurer que les employés des Postes pourront toucher les pensions de retraite auxquelles ils ont droit, et à protéger, maintenant et pour l'avenir, les emplois bien rémunérés de ce secteur d'activité.
Or, d'après ce que je vois, certains de ces emplois seront protégés, mais ils seront moins nombreux à l'être, et les actuels dirigeants de la Société des postes ne semblent pas portés à développer davantage le service. C'est une question que j'ai posée à plusieurs de nos témoins, étant donné les décisions prises dans le passé par la direction de l'entreprise.
Puis-je demander à chacun d'entre vous s'il pense que les dirigeants de l'entreprise sont effectivement à même de mener à bien le développement du service postal?
Monsieur Bennett, voulez-vous répondre en premier.
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Il faut en effet tenir compte de cela.
Je voudrais, cependant, situer ma question dans le contexte de la charte de service des Postes, l'énoncé de mission en quelque sorte. Or, cette charte de service comprend deux éléments, monsieur Rosendorff, qui ne vous sont peut-être pas aussi familiers qu'à Mme Beale et M. Bennett. L'article 10 du protocole du service postal canadien fixe les règles de proximité des comptoirs postaux et prévoit que 98 % des consommateurs doivent avoir accès à un comptoir postal situé dans un rayon de 15 kilomètres. Le protocole ne prévoit rien de particulier pour les autres 2 %, mais il prévoit par contre qu'à partir d'une certaine date des années 1990, il n'y aura plus de fermetures de bureaux de poste dans les régions rurales. Or, certains bureaux de poste situés en zone rurale continuent à fermer par manque de personnel et parce que les localités de la région estiment pouvoir être correctement desservies par un bureau de poste situé un peu plus loin.
Est-ce la norme que nous entendons désormais appliquer? Devrions-nous revoir les critères d'accès aux services postaux en zone rurale? Devrions-nous désormais porter à 25 kilomètres le rayon d'accès à un comptoir? Devrions-nous changer les règles du jeu et imposer après cela un nouveau moratoire? Devrions-nous envisager cela par mesure d'économie? Peut-être devrions-nous augmenter les services dans une localité qui deviendrait ainsi un pôle de service, au lieu de vouloir assurer partout l'intégralité des services, entraînant par là même des dépenses que nous ne souhaitons peut-être pas engager?
Je vous invite chacun à donner votre avis sur ce point.
Monsieur Bennett.
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Merci, monsieur le président.
Il convient de rappeler que le groupe de travail s'est vu confier une mission très précise. Il était, en effet, chargé de se pencher sur l'actuel modèle commercial axé sur des services offerts dans un contexte commercial garantissant la viabilité financière.
Le Comité entend se livrer à un exercice de réflexion hors des sentiers battus. Nous avons recueilli de très intéressants témoignages et nous allons continuer dans cette voie.
Je tiens à vous remercier des éléments d'information que vous nous avez livrés aujourd'hui. Nous sommes conscients d'un monde en pleine évolution. Tout change, très rapidement. Il est clair que le progrès technique a des conséquences sur les services, mais aussi sur la demande. En même temps, nous avons pour obligation d'assurer dans la mesure du possible que la population canadienne a, partout, accès à un même niveau de service.
Je voudrais maintenant revenir aux questions que mes deux collègues ont posées à nos témoins au sujet du service postal en zone urbaine et en zone rurale, et à l'idée que Postes Canada représente, pour l'ensemble des Canadiens, une valeur sûre et si on ne pourrait donc pas envisager de voir cette organisation, qui revêt une telle importante aux yeux des Canadiens, diversifier ses offres de services.
Ma première question s'adresse à M. Bennett.
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Je vous remercie de votre présence ici.
Je sais, madame Brousseau et monsieur Opstad, qu'assis dans l'assistance, vous avez patiemment attendu votre tour. Je suis heureux que nous ayons pu vous ménager un temps de parole.
Monsieur Goldie, je ne sais pas si vous avez assisté aux témoignages de certaines des personnes qui sont intervenues plus tôt. La procédure devant le comité est très simple. Nous allons demander à chacun d'entre vous de nous présenter un exposé qui peut durer jusqu'à cinq minutes, après quoi les membres du Comité auront des questions à vous poser.
Madame Brousseau, je sais que vous avez préparé un exposé de 24 pages. Vous aviez sans doute envisagé un cadre plus formel que celui-ci, mais je vous prie de croire que la série de questions et de réponses va permettre de faire ressortir tout renseignement dont vous n'auriez pas pu faire état dans le cadre de votre exposé.
Madame Brousseau, vous avez donc la parole.
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Mesdames et messieurs, bonjour. Je suis maître de poste du village de Veteran, en Alberta. Nous sommes situés à une heure et demie de route à l'est de Stettler, et à une heure de route à l'ouest de la frontière avec la Saskatchewan. Je prends la parole devant vous en tant que représentante de l'Association canadienne des maîtres de poste et adjoints, la CPAA-ACMPA. L'ACMPA est, au sein de Postes Canada, la deuxième plus grande unité de négociation. Nous représentons les personnels des bureaux de poste des villes et villages des régions rurales du Canada. Les membres de l'ACMPA sont à 95 % des femmes. Nos membres gèrent 3 260 bureaux de poste installés en zone rurale. Nous sommes en contact régulier avec les plus de six millions d'habitants de ces régions. Souvent nous sommes la seule présence fédérale de la localité, le point de rencontre de la communauté.
Les adjoints à temps plein travaillent 40 heures par semaine, et le calendrier des adjoints à temps partiel prévoit une semaine de travail allant de quatre à 40 heures. Les bureaux de poste en question appartiennent à la catégorie classe. Il y a en effet six catégories de bureaux de poste. L'horaire de travail de ceux qui effectuent moins de 20 heures par semaine, s'étend souvent sur cinq ou six jours. Contrairement à ce qu'il en est des succursales qui, en zone urbaine, font partie de la catégorie de la vente au détail, il n'est pas rare que les adjoints à temps partiel attendent des années avant d'accéder à un poste qui leur assure davantage d'heures de travail.
Au village de Consort, le camion de la poste arrive vers 10 h 30 du matin, et un adjoint à temps partiel est de service entre 10 h 30 à 13 heures. Sa présence pendant l'heure du midi permet au maître de poste d'aller dîner. Vous comprenez bien qu'il est difficile de trouver un emploi allant du début de la journée de travail jusqu'à 10 h 30. Or, il faut bien travailler, mais en zone rurale les emplois sont rares.
Voilà les quelques éléments que je tenais à vous livrer.
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Cela me convient. Je vous remercie.
Les employés nommés pour une période déterminée ne sont pas affectés à des postes à temps plein. On ne leur assure pas un nombre fixe d'heures de travail par semaine et, souvent, leur emploi est précaire. Il est fréquent que nos employés ne soient appelés à travailler qu'en cas de besoin et il peut donc se passer des jours entiers sans qu'ils aient de travail.
Dans mon bureau de poste, le nombre de colis à livrer a été multiplié par quatre. Les achats en ligne commencent à combler la perte de revenu entraînée par la baisse du courrier. Compte tenu de la croissance des achats en ligne, les bureaux de poste sont plus que jamais nécessaires puisqu'il faut bien acheminer les colis. Nous recevons de la litière pour chats, des aliments pour chiens, des couches, du savon pour la lessive. Si les bureaux de poste en zone rurale reçoivent tant de colis, c'est parce que la population habite loin des magasins. Il faut trop de temps pour s'y rendre, et puis il faut en outre prévoir le déplacement à l'avance. C'est pour cela que les gens passent tant de commandes en ligne. Ces commandes sont livrées au bureau de poste, ce qui explique l'augmentation sensible du volume des livraisons.
Il y a, dans ma région, de nombreuses mères au foyer. Elles adorent faire des achats en ligne — qu'il s'agisse de vêtements, de livres ou de fournitures scolaires. Il y a aussi beaucoup de matériel éducatif. Beaucoup de gens sont en effet inscrits à des cours en ligne dispensés par l'Université Athabasca, et on reçoit donc continuellement des livres. Il y a également beaucoup de matériel destiné à l'enseignement à domicile, beaucoup de livres envoyés par Amazon. C'est devenu un plaisir de recevoir tant de colis.
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Je suis facteur depuis 27 ans. J'ai tenu à prendre la parole devant vous aujourd'hui car, il y a 10 ans environ, nous disposions de cases dans lesquelles était trié le courrier. Or, à chaque fois que j'arrivais à une nouvelle case, je m'apercevais qu'elle n'était pas très bien organisée. J'inscrivais donc sur une feuille de papier les adresses qui devaient aller dans telle ou telle case. Le renseignement était transmis à celui qui effectuait le tri.
Après avoir fait cela un certain nombre de fois, j'ai décidé d'écrire un programme afin de ne plus avoir à expliquer à chaque fois comment organiser les cases. J'ai commencé à rédiger ce programme et après quelques années tout allait relativement bien.
À l'époque, l'itinéraire du facteur était modifié environ tous les quatre ans et il fallait alors tout recommencer avec une nouvelle case et de nouvelles languettes servant d'indicateurs volumétriques. Et puis, six mois plus tard, les cases étaient à nouveau changées.
Ils avaient annoncé ce compte volumétrique, et je savais donc que j'avais à peu près six mois pour mettre mon programme au point. J'en ai donc parlé à Bill Swan, mon superviseur, lui disant « J'aimerais bien que vous jetiez un coup d'oeil sur ce programme ». Il m'a répondu « Bon. On verra cela la semaine prochaine ». Or, une semaine plus tard, il m'a dit qu'il avait eu quelque chose à faire, et qu'il n'avait pas eu le temps de s'en occuper.
J'ai essayé à plusieurs reprises de le lui montrer et puis, un jour, aux environs de Noël, deux mois plus tard, un type s'est présenté chez moi. C'était, justement, mon superviseur et je lui ai montré mon programme. Je lui ai expliqué, à l'aide d'une clé USB, de quoi il s'agissait. Il m'a demandé de lui remettre la clé et l'a emportée. De retour au travail, je lui ai demandé ce qu'on en avait pensé, et il m'a répondu qu'il avait remis la barrette au service collecte et livraison. J'ai senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas et je lui ai donc demandé de me rendre ma clé USB. Il est retourné à son bureau et me l'a rendue. Il ne l'avait donc pas transmise.
Les employés peuvent consulter l'Intrapost, un site Internet qui leur est réservé. Il y avait, sur ce site, une rubrique « Demandez à Moya ». C'était Moya Greene, notre PDG à l'époque. Je lui ai expliqué la situation, lui disant « J'aimerais bien que quelqu'un jette un coup d'oeil sur ce programme ». Elle a organisé une rencontre à laquelle j'ai apporté mon ordinateur. C'est un ordinateur de bureau et donc cela m'a pris un peu de temps pour l'installer. La réunion a duré deux minutes. Ils n'ont même pas voulu voir de quoi il s'agissait.
Et puis il y a eu la conversion. Nous avons reçu les nouvelles languettes, qui étaient désormais produites à l'aide d'un programme. Or, elles étaient encore pires que les anciennes. J'ai donc envoyé un courriel à notre nouveau PDG, Stewart Bacon. Il m'a répondu « Nous allons à nouveau y jeter un coup d'oeil ».
La réunion a été organisée. Moi, je me trouvais à Edmonton, et eux à Ottawa. À l'aide d'un programme appelé NetMeeting, j'ai pu faire en sorte que nous ayons tous la même chose à l'écran. Je tentais de leur expliquer de quoi il s'agissait, ce que mon programme était capable de faire, et eux, à Ottawa, me posaient des questions. Ils m'ont alors demandé d'où provenaient les renseignements archivés dans mon programme et je leur ai répondu que je les tenais d'un tableau. Je leur ai tout expliqué, et ils m'ont demandé de leur montrer comment cela marchait. C'est ce que j'ai fait.
Au début, tout semblait aller bien, car ils me disaient « Nous aimons bien comment cela fonctionne ». Puis ils ont commencé à grogner et je me suis demandé pourquoi. J'ai appris par la suite que les gens qui évaluaient mon programme étaient ceux-là mêmes qui étaient chargés d'écrire un programme pour Postes Canada. J'étais donc leur concurrent et ils n'ont voulu rien avoir à faire avec moi.
Je me suis plaint, disant qu'il n'était pas juste que mon programme soit évalué par des gens qui étaient en train d'écrire un programme pour Postes Canada, mais on s'est contenté de me répondre « Votre programme ne fonctionnera pas ». J'ai demandé à un type de Postes Canada de faire une petite enquête, mais il n'a rien voulu savoir.
Il y a environ six mois, j'ai écrit une lettre à . J'ai, à de multiples reprises, téléphoné à son bureau, demandant « Puis-je m'attendre à recevoir une réponse? » Mais toujours la même réplique « Oui, on va vous répondre ».
Suis-je à court de temps?
Je m'appelle Frank Goldie. Pendant 38 ans j'ai travaillé comme facteur. Je suis entré à la Poste à l'âge de 16 ans et je viens de prendre ma retraite, à 55 ans. J'ai assisté à de nombreux changements, certains qui étaient favorables, d'autres moins.
J'ai tenu à prendre la parole devant vous pour parler des changements qui ont lieu actuellement. Ma mère a travaillé à la Poste pendant 20 ans. Ma femme y travaille toujours, depuis maintenant 10 ans. Mon jeune fils est facteur depuis six ans déjà. Nous avons envers la poste une dette de reconnaissance. C'est en effet elle qui nous a permis de nous loger. Nous payons nos impôts. Nous sommes propriétaires de nos logements. Je n'ai guère de critiques à adresser à la poste.
Jusqu'à récemment, dans la zone postale T2A, le courrier était livré à domicile. Or, il est désormais livré à une boîte postale communautaire située devant le terrain de jeu. Ce n'est pas un endroit qui favorise les rencontres avec les voisins, car la terre est jonchée de détritus.
Parlant d'expérience, je peux affirmer que le facteur passe chaque jour. Il voit ce qui se passe. Je connaissais tout le monde. J'étais le premier à apercevoir, par exemple, que la fenêtre du sous-sol de telle ou telle maison était brisée. Le facteur est membre à part entière de sa communauté. Il porte un uniforme, il est courtois. C'est un véritable professionnel qui fait correctement son travail. Il converse avec les gens du coin, il fait un brin de causette avec des gens parfois esseulés. Il donne un coup de main en cas de besoin.
Mon dossier à Postes Canada est impeccable. On n'y trouvera aucun blâme, mais on n'y trouvera non plus aucune indication de l'aide que j'ai pu apporter à tel ou tel au cours de ma journée. Si je dis cela, c'est pour rappeler que ces hommes et ces femmes, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes, sont là au contact du public, prêts à se rendre utile.
Quant aux régions rurales, c'est presque un autre pays. Nous avons, après la Russie, le plus grand pays du monde. Avec les habitants des zones rurales, il faut entretenir le contact. Les gens sont non seulement isolés, mais parfois isolés à l'extrême. Si vous supprimez les bureaux de poste... Ce sont des lieux de rencontre, c'est là où les gens se rendent pour prendre un café. Cela leur donne une raison de se rendre en ville. À vrai dire, je ne sais pas ce qui arrivera si vous supprimez ce silo. Déjà que dans les régions rurales les gens sont isolés, mais si le drapeau canadien cesse d'y flotter, les gens se sentiront vraiment esseulés.
Permettez-moi un instant de changer de sujet et de passer à la marque Postes Canada. Peu de marques sont si solidement implantées. Il y en a, IBM, par exemple, mais pour créer une grande marque il faut des dizaines d'années, parfois un siècle. Si vous supprimez le service postal, ou si vous le ramenez à trois jours par semaine, vous porterez atteinte à la marque en l'associant à un service de troisième ordre.
Vous pouvez me croire en cela: j'en parle chaque jour à mon fils et à ma femme. Leur travail n'est pas facile. Or, selon la dernière convention collective, les nouvelles recrues vont toucher non pas 25 $ de l'heure, mais 19 $. On est revenu sur les droits acquis et désormais tout le monde touchera au départ 19 $ de l'heure. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela ne me semble pas être un salaire très élevé.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous des services que vous rendez au pays et à nos concitoyens. Vous évoquez un sens du service public et un sens du devoir qui va bien au-delà de ce que les gens imaginent normalement lorsqu'ils songent au travail du facteur. Je vous suis reconnaissante de ce que vous nous en avez dit.
Mes premières questions s'adressent à Mme Brousseau et à Mme Strong.
J'avais cru comprendre, au départ, qu'il n'y avait plus assez de travail pour les employés des postes, mais vous nous avez dit, après cela, que les livraisons de colis avaient été multipliées par quatre. Ce regain d'activité me paraît une excellente chose. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet et aussi au sujet des autres services qui pourraient être rentablement assurés par un bureau de poste dans les régions rurales.
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Je vous remercie, monsieur le président. Ne m'en veuillez pas si je m'en vais, car je trouve votre groupe très utile. Je vous suis très reconnaissante du temps que vous nous consacrez.
Je me disais en parlant à certains témoins que nous devons nous rappeler que nous sommes des représentants fédéraux. Nous sommes des membres élus du Parlement et nous avons une responsabilité particulière, à savoir à l'égard des peuples autochtones, des collectivités des Premières Nations, des réserves, des Métis et des Inuits, comme l'a établi la Cour suprême.
Donc, au-delà de ce que dit la loi sur Postes Canada, qui précise en fait qu'il s'agit d'un service public, nous avons cette responsabilité supplémentaire. Aux termes des traités également. Nous devons veiller à ce qu'ils soient servis de manière équitable et comparable. Je serais curieuse de savoir ce que vous pensez du service, en particulier aux réserves indiennes. J'aimerais avoir vos commentaires à toutes et à tous à ce sujet.
Cette question m'intéresse et vous m'avez fait repenser à la décision de donner aux employés des postes en milieu rural moins d'argent qu'à ceux qui travaillent en milieu urbain. Je constate que la plupart sont des femmes. Beaucoup d'entre elles sont, j'imagine, femmes d'agriculteurs, ou agricultrices, et c'est une autre façon de compléter leur revenu agricole.
Pourriez-vous nous donner plus de précisions sur la précarité du travail et sur les solutions qui permettraient selon vous de remédier à cette situation? À franchement parler, ces craintes ressemblent à celles exprimées par les cheminots face à la privatisation et l'américanisation. Que pouvons-nous faire pour nous assurer que les gens soient traités équitablement?
On m'a rappelé qu'en fait, 60 % des Canadiens reçoivent leur courrier à domicile. Ce qui s'explique par le fait que 25 % le reçoivent dans de grands immeubles. Ces gens n'ont pas à aller chercher leur courrier dans une boîte aux lettres ailleurs. On ne tient pas compte de cet élément dans le budget de Postes Canada. Il n'y est question que des ménages. Ces 25 % supplémentaires représentent beaucoup plus de mises à pied, beaucoup de Canadiens et, avec la densité croissante, ce sera plus efficace.
J'aimerais avoir vos commentaires à tous les quatre et toute précision que vous voudriez apporter sur votre temps. Utilisez mon temps.
Je peux seulement parler de la question urbaine. Pour ce qui est de renoncer à la distribution du courrier à domicile, on avance les économies et les coûts que représente l'ajout d'autres arrêts sur le circuit des facteurs, mais il y a aussi le coût supplémentaire de ces super boîtes aux lettres, étant donné qu'il faut un véhicule. Il faut donc acheter un véhicule, l'entretenir, faire le plein, rouler en ville, payer l'assurance, sans oublier les accidents qui risquent de se produire. Toutes ces choses sont vraies. Alors, font-ils vraiment autant d'économies que cela en installant ces super boîtes aux lettres qui, en plus, à mon avis, enlaidissent la collectivité?
En tout cas, c'est ce que j'en pense. Tout le monde a un véhicule maintenant. Je ne suis pas particulièrement écologiste, mais je sais qu'il est probablement bien meilleur pour la santé des facteurs et des factrices de marcher huit heures par jour que d'être assis toute la journée dans une voiture.
Merci.
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Je pense, madame Duncan, que nous devons diversifier. Nos employés, à Postes Canada, sont tous loyaux. Ils sont d'une loyauté étonnante. Pour diversifier, nous pourrions ajouter la photocopie à certains endroits parce qu'ils ne l'ont pas encore.
Les personnes qui se sont exprimées avant ont fait de très bons exposés et je crois vraiment que si nous réunissions toutes ces idées pour arriver à un programme qui marche, nous obtiendrons d'excellents résultats, surtout dans les régions rurales. Si nous changeons l'endroit où les gens vont chercher leurs colis... C'est à une heure, une heure et demie de route. Malheureusement, dans les régions rurales, il faut tout planifier. Il se peut qu'ils n'aillent en ville qu'une fois par mois pour passer prendre des choses.
Je pense que le comité est sur la bonne voie. Vous nous avez tous écoutés et je crois qu'un bon plan ressortira de tout cela. Honnêtement, vous êtes formidables. Merci. Vous avez écouté. Vous avez tous posé d'excellentes questions. À mon avis, nous pouvons y arriver ensemble. Tout ce qui manque, c'est de parler à celles et ceux qui font le travail, sur le terrain, les facteurs et les maîtres de poste, les employés et les gens qui veulent évoluer. À mon bureau, je cherche toujours à évoluer parce que je veux garder mon emploi. Je demande toujours à l'équipe de m'aider à améliorer le système, parce que c'est une équipe, et je dois dire que je n'y suis pas arrivée toute seule.
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Vous avez des banques à Carstairs, qui est plus grand, n'est-ce pas?
À propos de votre problème avec Staples, j'ai eu affaire à Staples. Beaucoup d'entreprises ont leur propre contrat avec la messagerie, ce qui fait que tout passe par là.
Monsieur Goldie, j'ai beaucoup aimé votre commentaire sur votre plan en cinq points. Je l'ai trouvé excellent.
Monsieur Opstad, vous distribuez toujours le courrier. Nous avons parlé avec d'autres facteurs de la livraison des colis, et vous mentionniez la livraison trois jours par semaine. On nous a expliqué que le service Médiaposte doit fonctionner tous les jours aussi, mais on continue de mentionner la livraison deux ou trois sur sept.
J'aimerais savoir si vous pensez que c'est possible. On nous a expliqué, entre autres, qu'il est impossible de passer à une distribution trois jours par semaine à cause du service Médiaposte qui est quoditien et qui doit le rester. Mais il y a aussi la livraison de colis. Deux personnes se sont exprimées. Une a expliqué qu'elle fait son circuit, puis qu'elle retourne chercher son camion pour livrer les colis l'après-midi. L'autre dit qu'il fait son circuit et que quelqu'un d'autre s'occupe de ses colis. Qu'en est-il dans votre cas?
L'autre question que je voulais soulever à propos du service trois jours par semaine, c'est qu'il n'est pas viable, à ce que je crois comprendre. Beaucoup de gens disent qu'il faut que les colis soient livrés tous les jours. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Je remercie beaucoup tous les témoins de leur présence ici aujourd'hui.
Je vous remercie infiniment de votre patience et d'être restés assis pendant toute la journée à écouter les exposés. Je suis très heureux d'avoir pu tous vous entendre. Votre témoignage sera très utile et nous aidera dans nos délibérations.
Cela dit, si vous pensez que d'autres renseignements aideraient le comité dans ses délibérations, veuillez contacter notre greffière directement. Caroline, pouvez-vous donner ses coordonnées? Toute information que vous envoyez directement à notre greffière aboutira dans notre rapport final, je puis vous l'assurer.
Sur une note plus personnelle, monsieur Opstad, je vous souhaite bonne chance. J'aime voir prendre des initiatives et j'espère certainement que vous obtiendrez une réponse de la ministre. À tout le moins, si votre programme ne fonctionne pas, quelqu'un devrait tout simplement le dire, mais s'il marche et qu'il peut aider Postes Canada... J'aime beaucoup voir cet esprit d'initiative chez des employés. Je vous en remercie personnellement.
Encore merci et bon retour.
La séance est levée.