Bienvenue à la 100e séance du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 octobre 2022, le Comité se réunit pour étudier l'application ArriveCan.
Je vous rappelle de ne pas poser vos écouteurs à côté d'un microphone, car cela peut causer des réactions acoustiques et des blessures.
Il est 17 h 40. Je crois que nous disposons des ressources pendant deux heures entières, alors nous allons commencer.
Nous sommes heureux de vous avoir de nouveau avec nous, monsieur l'ombudsman Jeglic. C'est merveilleux, vous êtes un ami du comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Monsieur Mersereau, le comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires est heureux de vous accueillir pour la première fois.
Vous avez la parole, monsieur.
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Excellent. Merci beaucoup.
Je vais commencer par souligner que le territoire sur lequel nous nous réunissons est le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Merci, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir invité aujourd'hui.
Je suis heureux de comparaître devant le Comité pour faire la lumière sur les constatations que j'ai présentées dans le récent rapport de mon bureau sur les pratiques d'approvisionnement des ministères fédéraux dans le cadre des contrats liés à ArriveCAN.
Je m'appelle Alex Jeglic. Je suis ombudsman de l'approvisionnement depuis un peu moins de six ans.
[Français]
Je remercie le greffier et le Comité de m'avoir invité à témoigner dans le dossier d'ArriveCAN.
[Traduction]
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Derek Mersereau, chef de l'équipe de rédaction du rapport d'ArriveCAN et directeur intérimaire des demandes de renseignements, de l'assurance de la qualité et de la gestion des risques.
[Français]
Le Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement est indépendant des autres organisations fédérales, y compris de Services publics et Approvisionnement Canada.
Voici en quoi notre mandat législatif consiste plus précisément.
Premièrement, il consiste à examiner les plaintes des fournisseurs canadiens à propos de l'attribution de contrats fédéraux d'une valeur inférieure à 33 400 $ pour ce qui est des biens, et à 133 800 $ dans le cas des services.
Deuxièmement, il consiste à examiner les plaintes relatives à l'administration des contrats, peu importe leur valeur pécuniaire.
[Traduction]
Troisièmement, il consiste à examiner les pratiques d'approvisionnement des ministères fédéraux pour en évaluer l'équité, l'ouverture et la transparence ainsi que leur conformité aux lois, aux politiques et aux lignes directrices. Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Le 14 novembre 2022, le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes a adopté une motion recommandant que mon bureau mène un examen pour évaluer si les contrats attribués par les ministères relativement à l'application ArriveCAN l'ont été de façon équitable, ouverte et transparente et si les marchés adjugés sans appel d'offres l'ont été conformément à la Loi sur la gestion des finances publiques, à ses règlements et aux politiques et procédures applicables.
Après avoir établi des motifs raisonnables fondés sur nos exigences réglementaires, mon bureau a entrepris cet examen en janvier 2023. Conformément à l'échéance fixée par la loi, il a terminé cet examen des contrats d'ArriveCAN le 12 janvier 2024. Son rapport a été publié dans le site Web du Bureau de l'ombud de l'approvisionnement, le BOA, le 29 janvier 2024.
Mon bureau a examiné 41 processus d'approvisionnement concurrentiels et non concurrentiels ainsi que des contrats subséquents, des modifications de contrat et des autorisations de tâches ou des bons de service en vertu desquels les travaux ont été exécutés pour la création, la mise en œuvre et la maintenance de l'application ArriveCAN. Cet examen ne comprend pas les contrats de sous-traitance, car ceux‑ci dépassent les pouvoirs juridiques de l'ombud.
L'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, était le ministère client des 42 contrats. Ces contrats ont été établis pour l'ASFC par Services publics et Approvisionnement Canada, SPAC, par Services partagés Canada, SPC, et par l'ASFC en vertu de sa propre autorité contractante.
Quant aux pratiques d'approvisionnement concurrentielles menant à l'attribution de contrats, les 23 appels d'offres examinés ont été lancés dans le cadre d'une entente de SPAC. Dans l'ensemble, les appels d'offres étaient clairs et contenaient les renseignements qu'il fallait aux soumissionnaires potentiels pour préparer une proposition recevable. Dans l'ensemble, les appels d'offres, les modifications aux appels d'offres et les réponses aux questions des soumissionnaires ont été communiqués de façon adéquate, les propositions ont été évaluées et les contrats ont été attribués conformément aux documents d'appel d'offres. Toutefois, les critères obligatoires présentés dans l'appel d'offres menant à l'attribution d'un contrat de 24 millions de dollars étaient trop restrictifs et favorisaient un fournisseur existant de l'ASFC.
Mon bureau a également cerné des problèmes liés à l'obtention du meilleur rapport qualité-prix dans de nombreux marchés publics. Pour 10 des 23 marchés concurrentiels examinés, l'utilisation de fourchettes médianes trop restrictives dans l'évaluation financière des propositions a étouffé la concurrence sur les prix et a entraîné le rejet de certaines propositions de grande qualité.
Dans le cas d'environ 76 % des contrats applicables, les ressources désignées dans les propositions retenues n'ont effectué aucun travail dans le cadre du contrat. C'est ce qu'on appelle aussi...
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Dans le cas d'appels d'offres présentant des autorisations de tâches, le fournisseur a offert d'autres ressources que celles qu'il avait désignées pour obtenir le contrat. Pour les exceptions à la concurrence prévues par le Règlement sur les marchés de l'État, les dossiers des marchés non concurrentiels comprenaient une justification écrite pour l'attribution du marché par un processus de fournisseur unique.
En constatant un manque d'information dans les dossiers tenus par Services partagés Canada, nous nous sommes demandé si certaines commandes de services lancées en vertu de l'accord-cadre infonuagique du GC avaient suivi les pratiques d'approvisionnement requises. Aucune stratégie d'approvisionnement n'était documentée pour le travail lié à ArriveCAN. De multiples commandes de service confiées à un fournisseur étaient traitées comme des exigences distinctes et non reliées, malgré le fait qu'elles étaient toutes liées à ArriveCAN.
La majorité des dossiers examinés concernaient des contrats de services professionnels autorisant des tâches liées à ArriveCAN. Dans la plupart des cas, la documentation des autorisations des tâches liées à ArriveCAN était complète et dûment autorisée. Toutefois, 20 des 143 autorisations examinées ne décrivaient pas les tâches précises et les activités à exécuter.
Avant d'établir une autorisation de tâches, le propriétaire de l'entreprise doit évaluer les ressources désignées dans le contrat pour vérifier si elles répondent aux critères de la catégorie des tâches précisées dans le contrat. Plus de 30 ressources nommées dans les autorisations de tâches liées à ArriveCAN n'ont pas été évaluées.
À titre de ministère client, l'ASFC devait publier proactivement, ou divulguer publiquement, l'information des marchés examinés dans le site Web du gouvernement ouvert. L'information de 17 des 41 contrats examinés, soit de 41 % des contrats, n'a pas été publiée de façon proactive. Cela va à l'encontre des promesses gouvernementales d'améliorer la transparence et la responsabilisation.
Comme nous l'avons mentionné tout au long de notre rapport, nous avons constaté des pratiques d'attribution de contrats concurrentiels et non concurrentiels, d'autorisation des tâches et de commandes de service ainsi que de publication proactive de renseignements sur les contrats qui étaient incompatibles avec la politique du gouvernement et qui nuisaient à l'équité, à l'ouverture et à la transparence des marchés publics. J'ai formulé 13 recommandations pour régler les problèmes liés aux pratiques d'approvisionnement liées à l'application ArriveCAN.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
Je tiens à remercier le Comité d'avoir fait la lumière sur ces importantes questions d'approvisionnement. Le système d'approvisionnement du Canada ne s'améliorera que si nous veillons à ce que les marchés publics soient équitables, ouverts et transparents. Nous devons effectuer des examens et des vérifications systémiques pour assurer le bon fonctionnement des pouvoirs d'achat du gouvernement du Canada et pour soutenir les travaux des comités comme le comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, qui jouent un rôle important en responsabilisant le gouvernement et les entreprises.
[Français]
Mon bureau demeure disponible pour collaborer avec les membres du Comité.
[Traduction]
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je me joins à mes collègues pour vous souhaiter la bienvenue. Merci beaucoup de vous être joints à nous.
Je tiens également à vous remercier pour le travail que vous avez accompli pour produire ce rapport. Même si nous vous avons demandé cet examen, je sais que vous avez consacré un certain temps pour en confirmer la nécessité. Les processus d'approvisionnement sont très complexes, mais je pense que votre rapport a confirmé pour bon nombre d'entre nous autour de cette table que certains processus n'avaient pas été adéquatement suivis. Je pense que votre rapport confirme nos soupçons à cet égard.
Je reviendrai plus tard sur les autorisations de tâches, parce que cette question est très importante. J'aimerais avant cela souligner ce que vous mentionnez à la page 22 de votre rapport. Au paragraphe 61a, vous soulevez un problème que je trouve très étrange. Vous n'avez pas trouvé de documentation écrite sur une communication avec GC Strategies lui demandant de présenter une proposition pour son contrat initial d'ArriveCAN. Dans votre rapport, vous affirmez que « la seule preuve de communications entre l'État et le fournisseur avant la signature du contrat était un courriel du fournisseur contenant les tarifs proposés pour diverses catégories de ressources professionnelles de TI ».
Pouvez-vous nous dire si cela signifie que l'on a communiqué directement avec GC Strategies, de façon non officielle, pour lui demander de présenter une proposition sur ArriveCAN?
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Merci d'être venus aujourd'hui.
Votre rapport m'intéresse beaucoup. Ce que vous y présentez à titre d'ombudsman, ce que vous avez examiné, tout cela est très utile aux efforts de vérification du Comité.
Vos recommandations sont toutes très raisonnables et réalisables. À l'annexe de votre rapport, à la page 49, vous mentionnez les ministères qui ont entamé la mise en œuvre de certaines de vos excellentes recommandations.
Vos constatations soulèvent des préoccupations au sujet d'un manquement dans le cadre des processus de traitement des contrats de services informatiques. En lisant cela, je ne soupçonne pas de corruption, et rien ne souligne non plus une ingérence politique. Certaines personnes s'efforcent de déformer l'une de vos conclusions, celle où vous affirmez que dans 76 % des contrats, les entreprises n'ont pas utilisé les ressources qu'elles avaient désignées dans leur proposition, ou qu'elles avaient substitué des ressources, comme vous l'avez dit dans votre déclaration préliminaire.
Certains diront peut-être que cela indique que les gens payés en vertu de ces contrats n'ont pas accompli le travail, alors qu'en fait c'est tout à fait faux, parce que seuls les gens qui ont exécuté le travail ont été payés. J'aimerais que vous nous donniez des précisions sur cette constatation, sur les ressources de 76 % des contrats entre l'adjudication du contrat et l'autorisation des tâches — ce manquement‑là.
J'ai trois questions à vous poser, et j'espère avoir assez de temps.
Premièrement, cette substitution est permise dans certains cas. Toutefois, vous semblez trouver que cela s'est produit trop souvent. Est‑ce exact?
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Comme nous l'avons dit dans notre déclaration préliminaire, ce concept des cercles d'approvisionnement est généralement appelé « tactique d'appât et substitution ». C'est bien connu. Cela cause un grave problème, qui est le suivant.
Lorsqu'une entreprise présente une proposition... et ici, la méthode de sélection était de 70‑30, soit une importance de 70 % pour la technique et de 30 % pour le prix. L'élément technique était donc extrêmement important. L'élément technique se compose avant tout des ressources. Dans leurs propositions, les soumissionnaires désignent des ressources qui recevront la note technique la plus élevée possible. On risque donc d'attribuer les contrats en fonction de ressources techniques qui n'exécuteront jamais de travail.
Ensuite, malheureusement, dans ce type de processus, les ressources fournies n'ont pas à répondre aux mêmes critères de mérite que les ressources désignées dans la proposition. Cela compromet l'équité. Bien que l'on ne s'en plaigne pas hors de ce comité, cette constatation est très inquiétante.
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Oui. Je vais essayer d'expliquer cela le mieux possible, parce que tout le monde n'est pas expert en approvisionnement.
Essentiellement, les ressources présentées dans la proposition devraient être désignées dans le contrat et ensuite insérées dans l'autorisation des tâches. Malheureusement, les ressources désignées dans cette proposition n'ont jamais été inscrites dans ce contrat. Par conséquent, une fois l'autorisation des tâches soumise, le fournisseur pouvait substituer les ressources. Au lieu d'être tenue de respecter les critères des ressources désignées dans sa proposition, l'entreprise n'avait plus qu'à respecter les critères minimaux, soit les critères obligatoires et les critères minimaux cotés.
Je sais que c'est un peu difficile à comprendre, mais c'est important...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs Jeglic et Mersereau, je vous remercie d'être parmi nous.
On vient de parler du processus, notamment sur le plan technique, et des 76 % des techniciens qui, finalement, n'ont pas travaillé et qui ont été remplacés.
Ont-ils été remplacés par des personnes équivalentes? Est-il impossible de savoir s'ils ont été remplacés par des personnes équivalentes?
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Dans ce cas-ci, c'est arrivé dans 76 % des cas. Est-il fréquent qu'un si grand nombre des professionnels proposés dans la soumission n'effectuent finalement aucun travail lié au contrat?
Vous connaissez ces annonces sur Internet qui sont finalement des pièges à clics. Eh bien, j'ai l'impression que, dans ce cas-ci, on utilisait des professionnels comme des pièges à clics pour recevoir des contrats, tantôt de quelques centaines de milliers de dollars, tantôt de quelques millions de dollars.
Cela se produit-il souvent dans le cadre de l'ensemble des contrats d'approvisionnement, ou est-ce spécifique à la situation d'ArriveCAN?
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De nouveau, je vais répondre aussi directement que possible.
Comme nous n'avons pas examiné cette question de façon plus générale, je ne peux que spéculer.
Cependant, nous avions déjà entendu parler de ce problème. Je dirais que cela arrive. Je ne peux pas affirmer que 76 % dépasse la normale, mais cela cause un problème. Je suis très heureux que le Comité ait soulevé cette question, car à mon avis, il faut corriger cela. Comme l'a mentionné le député précédent, la question a été portée à l'attention du ministère, qui en a été saisi. Je m'attends à une réaction très positive.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos deux témoins d'être venus.
Je tiens à vous remercier pour votre travail et pour votre rapport. Mon collègue a présenté la motion initiale demandant d'étudier ce problème, et je tiens à remercier nos collègues ici présents de l'avoir appuyée. À mon avis, ce problème devrait inquiéter profondément tous les Canadiens. Les constatations que vous avez soulignées dans votre rapport soulèvent de graves préoccupations.
Je viens de commencer à participer à cette étude. Je n'ai pas entendu les témoignages sur ArriveCAN avant de siéger ici, alors je vais vous poser une question très générale. Après avoir examiné ce processus d'approvisionnement, dans quelle mesure pensez-vous que les Canadiens devraient s'inquiéter de la façon dont l'appli ArriveCAN a été achetée?
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Je vous remercie pour cette question.
Comme je l'ai dit en répondant à une question précédente sur l'urgence de la situation, n'oublions pas que l'appli ArriveCAN a été créée pendant que le Canada et le reste du monde traversaient une période très difficile. Cela dit, il existe des pratiques exemplaires en matière d'approvisionnement d'urgence, et bon nombre d'entre elles n'ont pas été suivies.
Le meilleur exemple que je puisse donner — et je vous ai averti que j'en parlerais très souvent —, c'est la documentation. Oui, il a fallu prendre des décisions à la hâte, mais cela n'empêche pas de les documenter. Sans documentation, il est très difficile de déterminer si les choses ont été faites de façon équitable, alors l'on tend à soupçonner le contraire. L'un des plus gros problèmes que j'ai relevés au cours de notre examen des pratiques d'approvisionnement d'ArriveCAN, c'est le manque flagrant de documentation dans bien des cas.
Cela dit, nous avons constaté une excellente pratique... Dans le cas de l'approvisionnement d'urgence, l'une des pratiques exemplaires consiste à s'adresser à des fournisseurs de marchandises connues déjà qualifiés, plutôt que de s'adresser à de nouveaux fournisseurs avec lesquels on n'a jamais traité. Les fournisseurs existants ont déjà été approuvés, ce qui élimine certaines des préoccupations liées à l'approvisionnement d'urgence.
Pour répondre directement à votre question, oui, ces conclusions m'ont préoccupé, et je pense que mes recommandations reflètent cette préoccupation. Je crois que le rapport est tout à fait exact et qu'il ne contient aucune exagération.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Je vais poursuivre sur le thème des tactiques d'appât et substitution. Bien sûr, pour que les choses soient bien claires, il s'agit du cas où un fournisseur présente une proposition faisant appel à des entrepreneurs en particulier, obtient le contrat et, après l'attribution du contrat, fait appel à d'autres personnes qui ne sont pas précisées dans la proposition qui a été soumise et sur lesquelles le contrat a été attribué pour terminer les travaux.
Comme vous l'avez souligné dans votre rapport, dans 76 % des contrats, les ressources proposées pour travailler sur le contrat n'ont pas vraiment travaillé dans le cadre du contrat.
Voyez-vous cela comme une forme de fraude du fournisseur qui a soumis la proposition?
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur Jeglic. Je suis heureux de vous voir ici. Je vous remercie du travail que vous avez fait — pendant la période des Fêtes et la nouvelle année, semble‑t‑il — pour pouvoir formuler cette recommandation solide. Je pense que la façon dont vous avez décrit le rapport et le travail que vous avez fait était juste. C'était factuel et équilibré, et il s'agissait de recommandations.
Au cours des 10 ou 20 dernières minutes au moins, il y a eu beaucoup de réponses, et je veux d'abord bien comprendre une chose. A‑t‑on versé de l'argent pour des travaux qui n'ont pas été faits? Mettons de côté l'appât, la substitution et tout le reste. A‑t‑on versé de l'argent à un entrepreneur ou à une entreprise pour des travaux qui n'ont pas été effectués?
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Revenons au concept d'appât et de substitution. J'ai travaillé comme consultant en gestion. Je connais très bien la technique de l'appât et de la substitution, non pas que je l'aie déjà pratiquée ou que l'organisation avec laquelle j'ai travaillé l'ait pratiquée, mais j'aimerais apporter un point de vue sur lequel j'aimerais avoir vos commentaires.
Habituellement, lorsqu'on examine un contrat très important, on met naturellement de l'avant l'équipe A, et c'est l'équipe A qui fait la présentation. Cependant, il est également entendu que l'équipe A fait partie d'un ensemble très limité de ressources et, si le client prend plus de temps que prévu pour prendre une décision, souvent, la société d'experts-conseils et le client se retrouvent dans une situation où, étant donné le temps qu'il a fallu pour en arriver à une décision finale, ces ressources pourraient ne plus être disponibles. Je peux vous dire que j'ai présenté un certain nombre de projets. J'étais là, mais j'ai dû aller voir un autre client parce que le client en question prenait beaucoup trop de temps à prendre une décision.
Je n'enlève rien à l'excellent travail que vous avez fait et au fait que cette pratique existe, mais au cours de votre processus d'examen, avez-vous tenu compte du calendrier ou vous êtes-vous concentré sur la fréquence?
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Merci, monsieur le président.
Le rapport fait état de l'un des contrats avec GC Strategies, évalué à 13,9 millions de dollars, qui a été attribué en vertu de l'exemption au titre de la sécurité nationale, exigeant que l'entreprise ait ce qu'on appelle une « attestation de vérification d'organisation désignée valide ainsi qu'une cote de protection de documents approuvée au niveau Protégé B ». Je ne sais pas ce que tout cela signifie, mais il semble que c'est un niveau d'autorisation de sécurité qui est nécessaire pour obtenir le contrat.
Maintenant, dans votre rapport, vous dites que GC Strategies « ne satisfaisait pas à [cette] exigence [...] lorsque le contrat lui a été attribué ». Puis, 14 mois plus tard, les exigences du contrat ont été modifiées, et tout d'un coup, GC Strategies a satisfait aux exigences.
Pendant 14 mois, un entrepreneur ne répondait pas aux exigences de sécurité d'un contrat. À quel genre de documents a‑t‑il eu accès pendant ces 14 mois? Quel niveau de risque notre pays a‑t‑il couru en ayant un entrepreneur qui n'a pas fait l'objet d'une vérification adéquate pour un projet de TI qui, de toute évidence, est important et qui comporte toutes sortes de renseignements classifiés? Quel a été le niveau de risque?
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Merci, monsieur le président. Je suis très heureux que nous puissions accueillir ici aujourd'hui le chien de garde responsable des marchés publics.
Merci d'avoir produit un excellent rapport sur le scandale d'ArriveCAN. Je suis père de cinq enfants et j'ai changé beaucoup de couches au fil des ans, mais aucune d'entre elles n'a dégagé une odeur aussi nauséabonde que le système de passation de marchés que vous décrivez dans ce rapport.
J'aimerais commencer par la question des prix minimums. Lorsque les Canadiens achètent des biens, ils essaient de trouver le meilleur prix possible sans compromettre la qualité. À l'heure actuelle, de nombreux Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts et font des heures supplémentaires pour se procurer ces biens à bas prix.
Les paragraphes 24 à 28 de votre rapport décrivent un système d'approvisionnement du gouvernement qui, chose incroyable, est intentionnellement conçu pour récompenser les soumissions plus coûteuses et éliminer les soumissions moins élevées. Nous appliquons un système d'approvisionnement conçu pour pénaliser les entreprises qui offrent des prix plus bas au gouvernement. Ce n'est pas un hasard. C'est la façon dont le système est conçu. Vous écrivez: « Cette méthode a dissuadé les soumissionnaires de proposer des tarifs concurrentiels. »
La création d'un processus qui punit directement les fournisseurs qui offrent des prix bas donne à penser que la personne qui conçoit le système est soit complètement insensée, soit cherche intentionnellement des occasions d'acheminer le plus d'argent possible vers un fournisseur privilégié.
Y a‑t‑il une justification possible pour que ce système soit conçu de cette façon?
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C'est une bonne question. Il s'agissait peut-être d'une tentative de corriger un autre échec connu. Il y a eu des cas où des entreprises ont soumissionné si bas qu'elles ne pouvaient pas effectuer le travail, mais elles doivent avoir la possibilité de fournir des services gouvernementaux afin de pouvoir étoffer leur curriculum vitae et, au bout du compte, acquérir de l'expérience dans des occasions subséquentes. Leurs offres sont inférieures à leurs marges bénéficiaires.
Par conséquent, ce qui est arrivé au gouvernement dans bien des cas, c'est que des fournisseurs ne sont pas en mesure de fournir les services, parce que ce n'est plus rentable pour eux, ou alors ils refusent le travail. Le contrat leur est attribué en fonction du prix, mais lorsque vient le temps de livrer le travail, ils ne le font pas, ce qui représente une perte de temps importante.
Pour répondre à votre question au sujet des fourchettes de prix, je pense que ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu un écart dans la fourchette de prix. En raison de cet écart, une clause qui aurait dû avoir une incidence sur la capacité de justifier un prix bas n'était pas disponible.
:
Puis‑je approfondir la question? Le système que vous décrivez, cependant, est fondé sur une comparaison avec le prix médian, et non sur une évaluation objective. Dans certains cas, on pourrait dire qu'il s'agit manifestement d'un prix anormalement bas pour une raison ou une autre. Vous pouvez imaginer ce qui se passerait si cela se produisait.
Cependant, si le prix est basé sur le prix médian, et si je soumets, je ne dois pas oublier — et c'est dans la fourchette étroite que vous avez décrite — que si j'offre le meilleur prix, et qu'il est juste un peu inférieur à ce que tout le monde offre, je vais être pénalisé parce que je suis en mesure de fournir le meilleur produit au plus bas prix.
Je dois augmenter mon prix pour m'assurer de ne pas viser trop bas. Je ne sais pas quels prix les autres fournisseurs fixent. Cela crée un système, puisqu'il est fondé sur le prix médian, dans lequel tout le monde va soumissionner plus cher qu'il ne le ferait autrement, parce qu'ils ont peur de viser trop bas. Si vous avez cinq personnes qui soumissionnent et que vous voulez vous assurer de ne pas être trop en deçà de ce que font les autres, vous allez soumissionner plus cher. D'après les données économiques de base, tous les soumissionnaires vont ainsi faire grimper les prix.
Cela va simplement exercer une pression à la hausse constante sur le prix, compte tenu de la façon dont le système est conçu. Cela semble tellement illogique, et cela semble être une excuse, et non une raison. Il me semble qu'il y aurait beaucoup d'autres façons de régler le problème que vous soulevez.
Nous en avons fait quelques-uns que je qualifierais de « ponctuels ». Ils ne faisaient pas partie de nos plans systémiques.
Cela dit, notre bande passante est limitée. Encore une fois, je ne veux pas lancer un appel au Comité, mais je dirais qu'il y a beaucoup de travail important à faire et que je ne suis pas certain d'avoir les ressources nécessaires pour le faire.
Heureusement, pour ce travail et celui de McKinsey, on nous a accordé les fonds nécessaires. Cependant, dans les années à venir, alors que nous planifions de nouveaux examens des pratiques d'approvisionnement dans d'autres domaines où nous pensons que nous pourrions être très utiles au paysage de l'approvisionnement, je ne suis pas certain que nous ayons les ressources pour le faire.
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Je vais laisser M. Mersereau répondre à la deuxième partie de la question.
J'aimerais simplement souligner que nous suivons un processus assez uniformisé en ce qui concerne ces examens. Les ministères qui ont fait l'objet de l'examen ont reçu des observations préliminaires, auxquelles ils ont eu l'occasion de donner suite, sur la base d'une analyse dossier par dossier.
Après réception des documents supplémentaires, des corrections, etc., nous passons à la première ébauche. Nous fournissons une première ébauche du rapport avec une période d'examen de 20 jours ouvrables, afin qu'ils puissent analyser le texte de l'ébauche et, encore une fois, fournir des commentaires et des précisions supplémentaires. C'est le but que nous visons — une position factuelle exacte —, de sorte que, si des documents supplémentaires peuvent être fournis, ce qui s'est produit dans de nombreux cas, nous en tenons compte avant de finaliser le rapport. Une dernière période d'examen de 10 jours fait suite à cela.
Des interactions ont eu lieu entre nous et les ministères faisant l'objet de cet examen à ces différents moments.
C'est M. Mersereau qui a vraiment géré les relations, alors je vais le laisser vous préciser si elles ont été cordiales ou non.
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Au début du processus, M. Jeglic a écrit aux administrateurs généraux de ces ministères, qui ont désigné un point de contact, habituellement un membre de leur équipe de la haute direction. Nous avons ensuite tenu des réunions initiales avec ces personnes — ce que nous appelons nos « réunions de lancement ». Par la suite, nous avons procédé à notre demande de documents auprès de chacun des ministères.
Je dois dire que nous avons reçu un bon appui de chacun des trois ministères visés par cet examen. Évidemment, nous avons eu des échanges au sujet des documents initiaux, pour lesquels nous avions souvent des questions. Ils ont fourni très volontiers ces réponses. C'était au début.
Ensuite, comme l'ombudsman de l'approvisionnement vient de le décrire, lorsque nous sommes arrivés aux étapes ultérieures de l'examen, lorsque nous avons obtenu les résultats, nous les avons rencontrés de nouveau pour répondre aux questions qu'ils auraient pu avoir au sujet des observations préliminaires. Ils ont fait un suivi, que nous avons pris en considération au moment d'élaborer l'ébauche du rapport, pour finalement aboutir au rapport final que le Comité a reçu.
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Évidemment, ces allégations sont très préoccupantes, surtout du point de vue de l'approvisionnement. Vous aurez remarqué dans notre rapport annuel que l'une des choses que nous avons relevées, c'est le fait de ne pas avoir le droit d'exiger la production de documents. C'est un point particulièrement frustrant pour moi. Je dois admettre que, lorsque je regarde les délibérations de votre comité, je suis un peu jaloux de la façon dont vous pouvez exiger que des documents soient fournis.
Je dirais que nos pouvoirs sont moins grands que ceux d'un citoyen canadien. Si une demande d'accès à l'information est présentée, elle est au moins protégée en vertu de la Loi sur l'accès à l'information et il y a des lignes directrices précises à suivre. Ce genre de lignes directrices ne s'appliquent pas à nos demandes, ce qui fait que nous devons compter sur la bonne volonté des parties pour qu'elles nous fournissent la documentation. Lorsqu'il y a un manque de documentation, je ne suis jamais sûr à cent pour cent que ce soit dû à notre incapacité de l'exiger ou à une exclusion délibérée. C'est là que je me demande à quel moment nous commençons à faire des inférences négatives et nous cessons de parler de documentation.
Comme je l'ai dit, vous entendrez le mot « documentation » plusieurs fois ce soir, parce que c'est l'un des plus gros irritants que j'ai actuellement — pas seulement avec ArriveCAN, mais aussi en général —, lorsqu'il s'agit d'effectuer le travail que nous devons faire.
Je reviens aux 76 % des ressources proposées dans les soumissions retenues, qui n'ont effectué aucun travail dans le cadre des contrats d'ArriveCAN.
Je pense que cela veut dire que les soumissions des entreprises ont été retenues en fonction des ressources que leurs sous-traitants indiquaient pouvoir fournir s'ils obtenaient le contrat. Quand est venu le temps de faire le travail, les entreprises dont les soumissions ont été retenues ont changé de sous-traitants.
J'ai des questions à ce sujet.
Lorsque ces changements se sont produits, a‑t‑on réévalué les capacités des nouvelles ressources ou renégocié les prix en fonction des ressources différentes? Y a‑t‑il de la documentation à ce sujet? Y a‑t‑il eu un changement de prix lorsque les ressources ont été remplacées?
:
Je vous remercie de la question.
Le processus d'autorisation des tâches est bien défini. En vertu de ces contrats de service professionnels, comme nous l'avons dit plus tôt, personne n'a été désigné dans le contrat. Aucune des personnes mentionnées dans la soumission ne figurait directement dans le contrat. Ces personnes ont été autorisées à effectuer le travail seulement après avoir été ajoutées à une autorisation de tâches. Les personnes qui n'avaient pas déjà été évaluées dans le cadre de l'évaluation des soumissions l'ont été au moment de la délivrance de l'autorisation de tâches.
Chaque fois que des documents ont été portés à notre connaissance, il manquait des éléments. Lorsque ces documents ont été versés au dossier, nous avons pu déterminer que, oui, les personnes qui ont été proposées comme remplaçants pour les postes inclus dans la soumission satisfaisaient aux exigences minimales relatives à ces postes.
Il n'y a pas eu de renégociation des taux, pour répondre à votre autre question.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités de leur présence parmi nous aujourd'hui.
Vous savez, je suis toujours surpris de tout ce que j'apprends. Je sais que notre président qualifie notre comité de puissant. Nous apprenons beaucoup de choses ici sur nos systèmes et leurs nombreuses couches.
J'aimerais poursuivre dans la même veine pour mieux comprendre. Vous avez parlé de la pratique d'échanges qui est répandue en matière d'approvisionnement et qui est de toute évidence systémique. Savez-vous depuis combien de temps cela dure? Croyez-vous que c'est devenu une pratique normale, où certaines personnes à l'extérieur des ministères sont appelées à agir comme chasseurs de têtes pour eux? Encore une fois, est‑ce devenu une pratique normalisée?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je trouve extraordinaire que, durant la pandémie, on nous disait qu'il était important d'avoir des équipements personnels de protection abordables. Les seuls qui étaient disponibles provenaient de Chine.
Maintenant, on se rend compte que la moyenne et la médiane font que nous n'avons pas le meilleur prix, mais le plus élevé. Durant la pandémie, des compagnies canadiennes auraient pu nous fournir du matériel, mais cela coûtait trop cher.
J'adore la logique, mais, là, je n'en vois pas beaucoup.
Je reviens à la question des critères. Dans votre rapport, vous avez aussi précisé que certains critères étaient trop restrictifs.
Au fond, lorsqu'on applique des critères trop restrictifs, est-ce un moyen détourné de donner un contrat sans véritable appel d'offres? Un appel d'offres a meilleure presse, mais, si les critères sont restrictifs, c'est du pareil au même. C'est blanc bonnet et bonnet blanc.
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Je vous remercie de la question.
En fait, oui, dans le cadre de tous nos examens systémiques, nous faisons un suivi deux ans plus tard. Vous m'avez entendu expliquer le processus de l'examen quinquennal, qui nous a permis d'étudier la valeur et le volume pour les 17 plus grands ministères. Nous sommes en train de faire le suivi de cela. Habituellement, à la fin, nous publions un bulletin dans lequel nous évaluons si les recommandations ont été respectées. C'est un outil assez facile à consulter.
Pour ArriveCAN, encore une fois, nous ne prévoyons rien de différent. Deux ans après la date d'achèvement, nous ferons un suivi auprès des trois ministères pour nous assurer que nous sommes en mesure d'évaluer la conformité aux recommandations.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs. Je vous remercie de votre rapport et de votre transparence sur cette question extrêmement importante.
J'aimerais revenir un peu en arrière. Il y a quelques commentaires que vous avez formulés plus tôt aujourd'hui sur lesquels nous devrions nous concentrer, à savoir que nous étions en pandémie et que nous avons dû agir très rapidement pour cette application en particulier.
Cependant, vous conviendrez avec moi que, malgré la pandémie, les dépenses consacrées à cette application ne donnent pas au gouvernement de la permission de dépouiller les contribuables. Êtes-vous d'accord avec ce commentaire?
Vous riez. N'est‑ce pas? Aucun premier ministre ne devrait faire cela.
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Je pense que la réponse est plus complexe que le temps ne le permet.
Je dirais qu'un certain nombre de changements structurels sont nécessaires. La complexité du système d'approvisionnement est telle que certaines entités n'existent que pour aider d'autres entreprises à se conformer à l'ensemble des règlements.
Je l'ai déjà dit, mais je le répète, même quelqu'un qui a une expérience incroyable dans le domaine de l'approvisionnement a énormément de difficulté à s'y retrouver. Je pense que vous pouvez parler à n'importe quel intervenant dans le système, qu'il s'agisse d'un acheteur, d'un fournisseur ou d'un sous-traitant. Nous avons entendu des sous-traitants au Comité qui ont expliqué pourquoi ils ont recours à des particuliers pour soumissionner en leur nom. C'est parce qu'ils ne veulent pas participer au processus. Tant que cette mentalité existera, il sera très difficile de s'adresser directement à ces personnes.
Monsieur Mersereau, je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose.
Vous remarquerez qu'il y a une section du rapport qui traite précisément de l'optimisation des ressources. Cela concerne les questions sur les bandes qui nous ont été posées. Dans le cadre de cet examen, nous nous sommes concentrés sur l'optimisation des ressources.
C'est là qu'intervient le chiffre de 76 %. Avons-nous obtenu la valeur correspondant aux ressources que nous voulions affecter? De plus, lorsque nous avons examiné l'élément prix, avons-nous obtenu le meilleur prix possible?
Je pense que certains éléments structurels ne nous ont pas permis d'obtenir les meilleurs résultats du point de vue de l'approvisionnement.
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Selon vous, quel aurait dû être le montant? Comment pouvez-vous déterminer cela?
Les circonstances dans lesquelles nous étions constituaient une anomalie. Vous avez admis qu'il s'agissait d'une situation unique pour le gouvernement et pour nous tous.
Nous avons eu de la difficulté à trouver les bonnes personnes dans un court laps de temps, de sorte que des personnes identifiées ont été préapprouvées et utilisées dans les circonstances. Nous n'avons pas de talents à l'interne pour faire cela, alors nous avons dû nous adresser à l'extérieur pour que ces entrepreneurs unissent leurs forces, réagissent, assurent l'exécution et livrent un produit qui a été utilisé de façon efficace et efficiente partout au Canada. Cela nous a permis de protéger les activités frontalières et la sécurité à la frontière. Contrairement à ce que certains peuvent penser, cela nous a aidés à sauver des vies.
Comment évaluez-vous cette valeur?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux simplement apporter deux précisions très claires, non seulement pour le Comité, monsieur le président, mais aussi pour les Canadiens qui suivent nos délibérations en ce moment.
Premièrement, l'entreprise GC Strategies n'a vu le jour qu'en 2015.
Étant donné ce fait, il est impossible que le gouvernement précédent ait travaillé avec GC Strategies. Il n'est donc pas vrai qu'il a eu recours à cette entreprise, au sujet de laquelle nous avons trouvé beaucoup de renseignements très intéressants à la faveur des témoignages recueillis par le Comité et grâce au bon travail de M. Mersereau et de M. Jeglic. Voilà la première précision que je veux apporter au Comité et aux Canadiens, monsieur le président.
Voici la deuxième précision: l'Agence de la santé publique du Canada, l'ASPC, a déclaré publiquement que cette application horrible qui a coûté 54 millions de dollars aux Canadiens n'a pas sauvé une seule vie. Elle a par contre imposé un fardeau injuste aux Canadiens dont certains se sont retrouvés en prison à cause de la terrible négligence et de la mauvaise gestion dont le gouvernement s'est rendu coupable.
Il est également regrettable, monsieur le président, que le gouvernement lance régulièrement des accusations au Comité et à la Chambre des communes — comme le l'a lui-même fait encore aujourd'hui — tentant de mettre sur le dos du gouvernement précédent, qu'il a pourtant remplacé il y a huit ans, les nombreux problèmes qui affligent notre pays.
Soyons clairs, monsieur le président. Je voudrais préciser...
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Je dois expliquer à ceux qui nous regardent que la pertinence de mes propos tient au fait que les membres du Comité des opérations gouvernementales sont constamment à la recherche de la vérité dans l'intérêt des Canadiens. Encore aujourd'hui, des députés ministériels tentent de semer la confusion dans l'opinion en présentant des faits erronés et en pratiquant la désinformation. Plus précisément, ils affirment que l'application ArriveCAN a sauvé des vies et que le gouvernement fédéral, sous la conduite du premier ministre Harper, a eu recours aux services de GC Strategies, ce qui est carrément faux.
Monsieur le président, pendant le temps qu'il me reste, je vais maintenant continuer à poser mes questions.
Dans votre rapport, vous dites que, sur les 23 marchés concurrentiels examinés, vous n'avez remarqué aucun cas où des critères cotés ont restreint injustement la concurrence. Nous avons maintenant la preuve que, dans d'autres marchés, GC Strategies a manipulé l'information sur ses ressources afin de respecter les critères cotés. Ce fait a son importance, car il cadre bien avec les échanges qui ont eu cours pendant toute la séance au sujet des tactiques d'appât et substitution.
À votre avis, votre examen a‑t‑il porté sur ce genre de faute?
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Merci. La plupart des établissements qualifient cette pratique de plagiat.
Je vais poursuivre dans le même ordre d'idées.
Il est dit que les attestations de sécurité ont été transférées dans un contrat parce que l'ASFC voulait travailler avec une personne précise qui ne satisfaisait pas aux exigences de sécurité. Arrive‑t‑il souvent que des ministères soient en mesure d'abaisser les exigences en matière de sécurité en donnant la priorité à leurs volontés et à leurs besoins au détriment de la sécurité de tous les Canadiens?
Mon autre collègue a parlé de l'exception relative à la sécurité nationale, mais je parle ici précisément des attestations de sécurité qui ont été transférées — là encore, c'est un stratagème trompeur — à un marché parce que l'ASFC semblait vouloir travailler avec un fournisseur donné.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je commencerai par dire que l'application ArriveCAN a été téléchargée 60 millions de fois au cours de l'année où elle a été utilisée. Elle a permis la poursuite des échanges commerciaux. Ceux qui transitent par le pont Ambassador, se chiffrent par milliards de dollars. Et il ne s'agit pas seulement de pièces de machines ou de voitures, mais aussi de médicaments, ce qui était absolument important. On nous a dit ici même que, sans l'application ArriveCAN, le commerce et l'échange de biens essentiels auraient été paralysés sur le pont Ambassador. Je rejette donc l'affirmation de ma collègue d'en face.
J'ai une question simple à vous poser, monsieur Jeglic. Avez-vous décelé de la corruption au cours de votre analyse?
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Merci, monsieur le président.
Merci encore, messieurs, du temps que vous nous avez accordé ce soir et du travail que vous avez consacré à cet important rapport.
Le dernier problème que je veux soulever est cette pratique que vous avez documentée et qui consiste, pour les entrepreneurs, à reprendre les critères obligatoires qui figurent dans les documents d'approvisionnement. Ils reprennent ces critères textuellement pour décrire les compétences et l'expérience. La pratique ne m'est pas inconnue, car je l'ai remarquée dans des processus d'embauche. Les candidats retiennent certains mots-clés que l'employeur souhaite entendre pendant l'entrevue. Si les candidats les emploient, peu importe dans quel ordre, l'employeur coche une case, ce qui fait augmenter le score empirique et donne une meilleure chance de se faire engager.
Comment le processus d'évaluation empirique que vous avez examiné a‑t‑il traité ce tour de passe-passe flagrant?
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Merci, monsieur le président.
Merci encore aux témoins. C'est vraiment l'une des choses les plus folles que le Comité ait jamais entendues, et ce n'est pas peu dire, car il en a entendu de bien bonnes.
M. Kusmierczyk vous a posé des questions sur la corruption. Évidemment, vous n'êtes pas des procureurs ni des policiers, mais il est très clair que des activités comme l'altération d'un curriculum vitae pour obtenir des contrats constitue de la fraude. Ce serait une activité criminelle, et certainement de la corruption. Il est intéressant de voir les libéraux essayer de se défiler. Je ne vais pas insister, puisque ce n'est pas votre champ de compétence.
J'ai une question à vous poser sur ce qu'on appelle les critères d'expérience. D'après ce que vous dites, le système est structuré de telle façon que, pour de nombreux marchés, les soumissionnaires doivent avoir déjà travaillé pour le gouvernement du Canada. Il se peut que certains aient un meilleur produit, plus d'expérience du travail auprès d'autres clients, d'autres gouvernements ou d'autres clients du secteur privé, mais soient écartés s'ils n'ont pas travaillé directement avec le gouvernement fédéral. Il faut donc faire partie des initiés si on veut décrocher le marché. Les mêmes entrepreneurs sont donc repris encore et encore, puisque les règles exigent expressément qu'on appartienne au cénacle. Cela restreint considérablement le cercle de ceux qui peuvent soumissionner en le limitant aux entreprises qui ont déjà leurs entrées.
Comment cela peut‑il se justifier?
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Merci, monsieur le président.
Pour ceux qui suivent les délibérations, je tiens à bien préciser les propos de mon collègue, le secrétaire parlementaire Charles Sousa. Il a dit que M. Kristian Firth, et non GC Strategies, a reçu des contrats du gouvernement précédent.
Cela dit, revenons à... Monsieur Jeglic, vous avez repris la notion de « meilleur rapport qualité-prix » et distingué deux catégories, l'une technique et l'autre financière.
Dans votre témoignage, vous avez dit qu'il semble y avoir un processus rigoureux aux premières étapes de l'évaluation, mais que ce processus se heurte à un problème de non-conformité systématique au stade de l'autorisation de tâches, celui où les ressources sont affectées.
Si c'est le cas, quel ensemble de compétences...? Quelle entité fait les vérifications avant que l'autorisation de tâches ne soit donnée? Est‑ce le ministère ou SPAC?
Messieurs, merci d'être restés plus tard que prévu. Je vous en suis sincèrement reconnaissant.
Monsieur Jeglic, je vous remercie de l'aide que vous avez apportée au Comité.
Monsieur Mersereau, je vous remercie d'être parmi nous.
Je tiens à remercier les greffiers, les analystes et le personnel de soutien d'être restés aussi tard.
Avant de vous libérer, j'ai quelques brèves questions à vous poser. Nous avons parlé des « tactiques d'appât et substitution », et vous avez fait allusion au fait que c'était peut-être un problème plus important. Que faudrait‑il pour lancer une étude plus structurée de cette pratique? Suffirait‑il d'une motion du Comité? Avez-vous les ressources nécessaires et avons-nous besoin de cette étude?