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La séance est ouverte. Bonjour à tous.
Bienvenue à la 54e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes, alias « le puissant OGGO » ou le seul comité qui compte.
Conformément à la motion adoptée le mercredi 18 janvier 2023, le Comité se réunit pour examiner les contrats de consultation attribués à McKinsey & Company par le gouvernement du Canada.
Nous accueillons M. Mendicino. Je crois savoir que vous avez préparé une déclaration liminaire de cinq minutes à notre intention. Bienvenue au Comité, monsieur le ministre. Vous avez cinq minutes.
Je suis désolé. Avant toute chose, chers collègues, je me dois de vous avertir que nous manquons de temps aujourd'hui et que je vais être impitoyable quant à la durée de vos interventions. Par conséquent, si vous pouviez regarder votre montre pour m'éviter d'être impoli et de vous interrompre, je vous en saurais gré. Je vous remercie.
Je suis désolé, monsieur le ministre. Allez‑y, pour cinq minutes, je vous prie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à remercier les membres du Comité de l'étude qu'ils consacrent à cette importante question.
Je suis accompagné d'Erin O'Gorman et de Ted Gallivan, respectivement président et vice-président exécutif de l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC.
Aujourd'hui, je vais donner un aperçu du contexte opérationnel de l'Agence des services frontaliers du Canada et de son travail avec McKinsey.
Les contrats de service sont largement utilisés par les gouvernements au Canada et dans le monde entier. Ils viennent complémenter le travail qu'effectue la fonction publique canadienne, et notre gouvernement s'est engagé à veiller à ce que cette dernière fonctionne de manière à servir le mieux possible les intérêts des Canadiens.
[Français]
L'augmentation du recours à des consultants dans la fonction publique est un sujet important. C'est pourquoi le premier ministre a demandé à mes collègues, les ministres Fortier et Jaczek, d'examiner les pratiques du gouvernement et de procéder à un examen de tous les marchés publics avec McKinsey & Company Canada.
[Traduction]
De plus, la a écrit au Bureau de l'ombudsman des marchés publics pour demander un examen des processus de passation de marchés associés à l'attribution de contrats à McKinsey par tous les ministères fédéraux.
Cela dit, venons‑en à l'agence qui nous intéresse ici: l'ASFC.
L'ASFC évolue dans un environnement difficile et rapide. Elle gère la circulation d'environ 80 millions de voyageurs par an, ainsi que des marchandises, à 117 points d'entrée frontaliers terrestres, 207 aéroports et 213 installations maritimes. Elle est en outre chargée d'appliquer plus de 100 lois et règlements qui ont pour fonction d'assurer la sécurité des Canadiens.
[Français]
Pour assurer l'intégrité continue de nos frontières ainsi que la sécurité et la prospérité de nos collectivités, l'ASFC s'efforce d'être proactive, adaptative et innovatrice.
[Traduction]
À l'instar d'autres grandes organisations, l'Agence fait appel à des experts de l'extérieur pour combler ses lacunes en matière de connaissances ou comme complément à ses propres efforts. Le travail effectué par McKinsey a contribué à de grands pans du renouvellement numérique et organisationnel de l'ASFC.
Depuis 2016, McKinsey a reçu 4 337 610 $ pour trois contrats. Un quatrième contrat a pris fin avant le début des travaux, car il a été établi que le travail demandé pouvait être fait à l'interne. Par conséquent, aucun fonds n'a été dépensé pour ce contrat.
Tous les contrats de plus de 10 000 $ sont publiés en ligne dans le Rapport de divulgation proactive de l'Agence sur une base trimestrielle.
Le premier contrat de l'ASFC avec McKinsey s'est étendu de mai à octobre 2016. La valeur de ce contrat était de 1,9 million de dollars. De ce montant, 1,7 million de dollars ont été dépensés. Ce contrat initial a été établi pour examiner et valider les options, les risques et les répercussions associés au Projet de gestion des cotisations et des recettes de l'ASFC, ou GCRA. La firme McKinsey a été engagée pour faire profiter l'Agence de son expérience à l'échelle mondiale afin qu'elle puisse accroître sa capacité opérationnelle.
[Français]
Leur expertise a été mise à profit pour planifier cette transformation majeure des activités, qui vise à réduire le fardeau des importateurs canadiens et à améliorer la gestion des revenus pour les marchandises importées au Canada.
[Traduction]
Une fois entièrement mis en œuvre, le Projet de gestion des cotisations et des recettes améliorera considérablement la façon dont l'Agence perçoit les droits et les taxes sur les marchandises importées.
Le deuxième contrat de l'ASFC avec McKinsey s'est déroulé d'octobre 2017 à octobre 2018. La firme devait prêter main-forte à l'analyse relative à la modernisation de la frontière. La valeur initiale du contrat s'élevait à 791 000 $ et sa durée pouvait être prolongée d'un an. En janvier 2018, le contrat a été modifié pour inclure des exigences supplémentaires, ce qui a porté sa valeur totale à 1,7 million de dollars. Ce contrat a pris fin en octobre 2018; en tout, c'est 1,5 million de dollars qui ont été dépensés.
Le troisième contrat a été établi dans le cadre d'un contrat de Services publics et Approvisionnement Canada d'une valeur maximale de 1,3 million de dollars; il s'est déroulé d'octobre 2018 à 2019.
Le quatrième et dernier contrat a été conclu en octobre 2022. Sa valeur totale était de 1,9 million de dollars, mais rien de cela n'a été dépensé.
En résumé, ces contrats ont aidé l'Agence des services frontaliers du Canada à soutenir un service public indépendant et non partisan dans l'accomplissement de ses fonctions.
Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
Je vous remercie.
J'ajouterais de façon générale qu'en fonction des besoins opérationnels, l'Agence pourra créer des marchés qui seraient à fournisseur unique, qui pourraient faire l'objet d'un appel d'offres concurrentiel ou qui pourraient utiliser des arrangements avec les fournisseurs mis en place par SPAC, c'est‑à‑dire Services publics et Approvisionnement Canada.
Dans le cas qui nous intéresse, l'un des contrats a fait l'objet d'un appel d'offres. Un autre a fait appel à l'offre permanente d'étalonnage obligatoire pour laquelle trois entreprises étaient qualifiées. Les deux autres étaient des offres permanentes nationales ou des arrangements avec les fournisseurs. En d'autres termes, ils ont été présélectionnés par SPAC, et l'Agence a choisi parmi eux. Pour deux des contrats, l'Agence était l'autorité contractante, et pour les deux autres, c'est SPAC qui était l'autorité contractante.
Malheureusement, quand il est venu, il y a deux semaines, la plupart du temps, il répondait que ce n'était pas lui qui était là, à l'époque. C'est vous qui étiez là, alors je vais vous poser les questions que nous avions posées au nouveau ministre.
On dit vouloir accueillir 500 000 nouveaux résidents permanents. Certains sont déjà ici, d'autres ont fait une demande de l'extérieur. De quoi a-t-on besoin pour les accueillir? Que doit-on prendre en considération?
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C'est une autre très bonne question, madame Vignola.
Avant de déterminer ses cibles d'immigration, le gouvernement doit prendre en considération certains facteurs.
D'abord, il y a l'économie et ses besoins. Cette décision résulte d'une consultation avec toutes les provinces et tous les territoires, dont le Québec, avec lequel nous entretenons une très bonne relation.
Ensuite, il y a notre objectif de réunification des familles.
Enfin, nous avons une catégorie pour réinstaller les demandeurs d'asile etles réfugiés, ce qui est un travail vraiment important. Différents facteurs sont donc pris en compte avant de déterminer les cibles d'immigration, mais la décision est prise par le gouvernement.
Ce dont j'espérais que vous parleriez, c'est la planification stratégique nécessaire à l'accueil de 500 000 nouveaux résidents, plus particulièrement en ce qui concerne le logement.
Je ne parle pas seulement d'économie, car un travailleur heureux est un travailleur qui peut non seulement mettre du pain sur la table, mais aussi trouver un logement convenable. S'il tombe malade, il doit pouvoir obtenir des soins hospitaliers adéquats. Ses enfants doivent pouvoir fréquenter une école qui n'est pas surpeuplée.
Il faut donc investir dans les écoles, dans les hôpitaux et dans la construction de logements. Il faut une vision à long terme. Or tous ces domaines relèvent de la responsabilité du Québec et des autres provinces canadiennes.
Vous dites donc que le Canada, comme la compagnie McKinsey — c'est ce qu'a dit M. Dominic Barton lors de sa comparution devant ce comité —, a d'abord et avant tout pensé à l'économie et à la productivité avant de penser aux besoins de base de ces 500 000 personnes qui, chaque année, entrent au pays. Ce nombre représente par ailleurs un minimum, parce que l'objectif visé est 1,25 % de la population totale.
Quel est le plan stratégique pour accueillir ces gens? Est-ce qu'on les accueille en demandant aux provinces de se débrouiller, tout en démontrant qu'elles ne sont pas capables de se gérer la situation?
La cause du problème, c'est qu'on n'a pas pris en considération les besoins fondamentaux de ces gens avant de les accueillir.
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Monsieur le ministre, je vous remercie de votre présence.
Monsieur le ministre, nous savons que les Canadiens en ont pour leur argent lorsque les programmes et les services sont fournis par des membres de la fonction publique et non par des experts-conseils externes. De plus, nous comprenons que, lorsque des programmes ou des services sont confiés à des entreprises comme celle‑ci dans le cadre de l'externalisation, la transparence et la reddition de comptes diminuent et des connaissances institutionnelles sont perdues. Nous savons que, lorsque le travail est externalisé, les compétences quittent la fonction publique à la fin du contrat. Les coûts réels de l'externalisation sont bien plus élevés que les montants engagés. Nous perdons la reddition de comptes, nous affaiblissons les capacités et cela nuit à notre capacité à maintenir notre personnel en poste.
Pouvez-vous vous engager aujourd'hui à réduire la dépendance de votre ministère à l'égard des contrats de consultation et à renforcer le rôle que les fonctionnaires professionnels jouent dans la prestation de services aux Canadiens?
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Monsieur le ministre, dans tout le pays, des milliers de personnes sont mortes à cause de la crise des drogues toxiques, y compris des jeunes. Deux jeunes de 17 ans sont morts hier dans ma collectivité de Port Alberni en raison de la crise des drogues toxiques. Des membres de diverses familles, des travailleurs et des proches meurent à cause des opioïdes toxiques qui sont vendus dans nos rues.
Comme nous le savons, nous avons appris que l'entreprise McKinsey & Company a reçu des millions de dollars de votre gouvernement. Il s'agit d'une entreprise qui a versé 800 millions de dollars pour régler une poursuite relative au rôle qu'elle a joué dans l'épidémie d'opioïdes aux États-Unis. Quel est le seuil de tolérance que le gouvernement a établi en ce qui concerne les entreprises qui ont été mêlées à des scandales?
Je ne vais pas tenir l'entreprise McKinsey & Company responsable de la totalité de la crise des drogues toxiques, car le gouvernement a adopté une approche progressive face à cette crise sanitaire. Une approche de ce genre cause des décès lorsqu'elle est utilisée pour lutter contre une crise sanitaire. Les conservateurs diffusent des informations erronées. La désinformation cause aussi des décès quand une crise sanitaire mortelle sévit.
Je veux savoir quel est votre seuil de tolérance à cet égard.
Un député: Je n'ai causé la mort de personne.
M. Gord Johns: Mais vous y avez contribué.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre, monsieur Gallivan et madame O'Gorman.
J'aimerais revenir sur les fameux contrats.
Monsieur le ministre, dans vos remarques préliminaires, vous avez parlé des quatre contrats initiaux. De ceux-ci, trois ont été réalisés et un a pris fin avant le début des travaux.
Le Comité a fait une demande d'accès à l'information au sujet des contrats, mais, comme vous pouvez le voir, les documents que nous avons reçus ont été caviardés. Autrement dit, nous n'avons accès à aucune information relativement aux contrats octroyés à McKinsey.
À partir de 2016, il y a eu une explosion du nombre de contrats octroyés à McKinsey, ce que tout le monde a trouvé très étrange. Vous avez dit que le premier contrat, d'une valeur de 1,9 million de dollars, avait été conclu entre mai et octobre 2016 et était en lien avec le Projet de gestion des cotisations et des recettes de l'Agence des services frontaliers du Canada. On cherchait à avoir des données, de la part de McKinsey, sur la façon de procéder pour la facturation.
Pourquoi les documents que le Comité reçoit ne contiennent-ils pas cette information? Est-ce parce que l'information touche à la sécurité nationale?
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Nous avons reçu la lettre hier soir, et nous sommes en train d'agir.
Pour ce qui est du caviardage, nous nous sommes conformés à la Loi.
[Traduction]
Par exemple, la proposition d'un soumissionnaire n'ayant pas été retenue dans un cas précis a été caviardée. Les taux d'indemnité journalière et ce genre de renseignements sont confidentiels pour des raisons commerciales.
[Français]
Nous avons aussi divulgué le nom d'individus liés au projet. Pour ce qui est d'autres individus qui travaillaient pour la compagnie, mais qui n'ont pas participé au projet, leurs noms n'ont pas été diffusés publiquement. Nous avons vérifié tous les noms, et nous avons caviardé ceux des personnes qui ne faisaient pas partie de notre projet.
Monsieur le ministre, le 18 novembre dernier, j'ai participé à la réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration; votre collègue le , M. Fraser, y participait également.
D'ailleurs, je lui ai posé une question en lien avec un article paru dans le Journal de Montréal. On y disait que 25 804 personnes s'étaient vu refuser l'asile et avaient reçu un avis de déportation, mais on ne savait pas où elles étaient au pays.
Ce matin, j'ai reçu la réponse de Mme Fox, la sous-ministre d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, qui était présente à la réunion du 18 novembre. Il y a actuellement 223 630 demandes d'asile qui...
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Je vous remercie de votre question.
En matière d'immigration, nous avons une entente avec la province de Québec. Selon cette dernière, des centaines de millions de dollars de plus seront versés au Québec chaque année, au bénéfice de la population québécoise. De plus, d'autres types d'appuis et de soutien sont offerts aux nouveaux arrivants.
Vous avez parlé des besoins en matière d'infrastructure. Par exemple, les nouveaux arrivants et les immigrants qui possèdent les compétences nécessaires pourraient apporter leur aide dans le secteur de la santé.
C'est une des raisons pour lesquelles il faut continuer le travail de consultation. Il faut aussi continuer à offrir un appui sur le terrain, afin de soutenir l'économie et de bâtir des communautés où il y a des infrastructures essentielles.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, l'une des principales raisons pour lesquelles je m'inquiète à propos de McKinsey, c'est le fait que ce cabinet offre intentionnellement des services à de multiples clients dans le même dossier, servant des concurrents dans le même domaine commercial et des organismes de réglementation en même temps que les clients régis par ces mêmes organismes, les deux côtés étant même parfois servis par les mêmes analystes. Par exemple, le New York Times a révélé que des analystes travaillaient simultanément pour Purdue Pharma et la Food and Drug Administration, alors que c'est l'organisme responsable d'acheter des médicaments à cette compagnie.
Compte tenu de votre responsabilité dans le domaine de la sécurité, je m'inquiète de la possibilité que McKinsey ou même certains de ses analystes aient travaillé pour l'ASFC et pour des acteurs étrangers hostiles, et aient appliqué les leçons qu'ils ont apprises dans les conseils qu'ils ont prodigués à d'autres acteurs.
Ma première question est la suivante: avant de retenir les services de McKinsey, vous êtes-vous informés à propos des autres clients pour lesquels le cabinet travaillait dans les domaines de la sécurité et de la défense, particulièrement des clients qui seraient des acteurs hostiles aux intérêts et aux valeurs du Canada?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous souhaite la bienvenue, à vous et aux personnes qui vous accompagnent.
Monsieur le ministre, dès le début de votre allocution d'ouverture, vous avez traité des quatre projets. De nombreux collègues vous ont interrogé sur l'envergure, la durée et l'objet des divers projets. J'aimerais donner aux Canadiens une vue d'ensemble de la situation, si possible. Ce qui m'intéresse, c'est l'orientation générale vers laquelle l'ASFC se dirige.
Vous savez que l'ASFC entreprend un ambitieux programme de renouvellement qui comprend trois objectifs très précis: l'amélioration de la conformité des clients; l'automatisation et l'optimisation de l'analytique afin de tirer parti de sa puissance; et la collaboration très étroite avec certains de nos collègues.
Est‑ce que le ministre ou d'autres témoins peuvent expliquer comment ces trois projets s'inscrivent dans ce programme? Comment ce programme peut‑il nous permettre d'être des partenaires plus forts dans le cadre des autres alliances que nous avons dans le monde?
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Je vous remercie beaucoup de cette question, monsieur Jowhari. Je laisserai Mme O'Gorman fournir des détails à ce sujet.
Ici encore, je veux vous assurer que quand nous envisageons de conclure des partenariats à l'extérieur du gouvernement, nous le faisons en fonction des besoins de l'ASFC quand ils ne peuvent être comblés à l'interne. C'est sur ces critères que se fondent les concours, qui sont transparents et conformes à la loi.
Mais surtout, monsieur le président, cette question nous ramène à la dernière intervention de M. Genuis, qui nécessite des éclaircissements de votre part, car on a déformé l'information que j'ai fournie.
Je veux laisser à Mme O'Gorman l'occasion d'achever la réponse à la question de M. Jowhari.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous de témoigner aujourd'hui.
Je vais donner suite à certaines questions qu'ont posées M. Jowhari et peut-être d'autres membres sur le contrat qui a été annulé. Je pense que l'affaire n'est pas aussi simple que votre réponse le laisse croire.
En réponse à la motion de notre comité, une lettre de Mme O'Gorman datée du 22 février informait le Comité qu'un quatrième contrat avait été annulé. Je crois comprendre que pendant le processus d'adjudication de contrat, vous devez justifier l'externalisation au ministère et pouvoir démontrer que le travail ne peut être effectué à l'interne. Vous serez donc passés par tout ce processus.
Ce contrat a été accordé à McKinsey. Les travaux devaient commencer le 21 octobre 2022, mais le contrat a été annulé moins de deux mois plus tard, le 19 décembre, pour être précis. Qu'est‑ce qui a changé? Vous avez accordé le contrat, puis en l'espace de deux mois à peine, vous n'en aviez subitement plus besoin. L'intérêt croissant des médias et de l'opposition officielle dans les questions qu'elle a inscrites au Feuilleton y est peut-être pour quelque chose, mais qu'est‑ce qui a changé?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Mendicino, de comparaître devant le Comité aujourd'hui. Nous vous remercions pour votre témoignage.
Je tiens aussi à vous remercier de vous rendre régulièrement à Windsor. Je crois que vous vous y êtes rendu quatre fois au cours des six derniers mois. Nous vous sommes très reconnaissants pour l'attention que vous accordez au pont Ambassador et aux gens de l'ASFC qui y travaillent. Je sais que vous avez visité les locaux de l'ASFC à maintes reprises. Je vous remercie, donc, de mettre en lumière notre communauté et cet important poste frontalier. Je veux aussi vous remercier d'avoir demandé de l'aide pour couvrir les coûts associés au maintien de l'ordre lors des manifestations sur le pont. Merci d'être un champion pour notre communauté.
J'aimerais discuter d'un contrat en particulier: celui associé au projet de GCRA, le système de gestion des cotisations et des recettes de l'ASFC. L'Agence est le deuxième plus important agent de recouvrement du Canada, derrière l'ARC. Je crois qu'elle génère des recettes de 31 milliards de dollars environ — ce qui est une somme importante — par l'entremise des droits de douane et des importations.
Est‑ce que vous ou un autre témoin pourriez nous expliquer l'objectif du contrat de McKinsey en ce qui a trait au projet de GCRA?
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Je crois que dans le cadre de la conception de ce nouveau système, nous voulons faciliter le processus, de sorte que les petits importateurs, les importateurs occasionnels ou les personnes qui importent qu'une seule fois, par exemple, puissent le faire facilement. En même temps, nous voulons avoir des données qui peuvent nous aider à détecter les erreurs et à y remédier. Nous voulons aussi avoir les données nécessaires pour effectuer des vérifications auprès des personnes qui créent des conditions de concurrence inégales en contrevenant délibérément aux règles et en ne payant pas leur juste part.
Pour trouver l'équilibre, la consultation avec une société comme McKinsey, qui conseille des dizaines de multinationales et d'autres gouvernements — et qui connaît bien ce genre de situation — sur la façon de définir les objectifs et de faire des concessions...
Si nous avions un système qui fermait la frontière et ne laissait personne passer, mais qui maximisait les revenus, cela ne serait pas bon pour les autres. Il n'y aurait aucun revenu à faire, parce que ce serait trop coûteux.
Je crois qu'il fallait établir des jalons, examiner nos plans et trouver le point d'équilibre pour laisser les personnes admissibles passer rapidement et pour s'occuper des personnes non admissibles le plus rapidement possible.
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Tout à l'heure, madame O'Gorman, vous parliez du caviardage qui avait été fait selon les normes.
Je vous invite à comparer la version française et la version anglaise, parce que la version française comporte du caviardage qui n'est pas présent dans la version anglaise. De plus, il y a plusieurs pages des documents de McKinsey qui sont purement et simplement illisibles, mal orthographiées. Je ne parle même pas de la traduction: au lieu de traduire « deep dive » par « analyse profonde », on l'a traduit par « plongée profonde »; je ne sais pas à quel scaphandrier ils ont fait appel. Il faudrait vraiment examiner cela, car cela manque tellement de professionnalisme que c'est à la limite de l'atteinte au privilège parlementaire. Je suis vraiment désolée. J'ai l'impression que c'est une machine qui a fait la traduction, un type de service comme Google Translate. Même mes élèves n'avaient pas la permission de l'utiliser.
Je vais continuer sur le sujet du français. J'ai eu une surprise en lisant l'annexe A de l'Énoncé des travaux. À la disposition 10, on dit que la principale langue de travail est l'anglais, avec une possibilité d'anglais et de français. J'accepte cela. Cependant, j'ai été surprise par le fait que les produits livrables devaient l'être en anglais seulement, et que la présentation en personne serait faite en anglais, ou en français, si nécessaire. Je pensais que le Canada était un pays bilingue. Même dans les contrats, on dirait que ce n'est pas le cas.
Va-t-il y avoir une modification à cela? Je pense que la compagnie McKinsey travaille aussi en France. Elle est donc capable de traduire ses documents dans les deux langues officielles.
Monsieur le ministre, vous avez parlé des meilleures pratiques dont on pouvait profiter lorsqu'on avait recours aux services de sociétés mondiales comme McKinsey. Certaines leçons tirées sont terribles. Nous avons entendu quelques détails à leur sujet, et bien que je comprenne qu'il s'agit de données empiriques, elles sont bien documentées et font l'objet d'affaires judiciaires. Nous avons entendu parler du Département de la sécurité intérieure et du Bureau de l’immigration et de l’exécution des douanes des États-Unis, et des pratiques de la société à l'étranger: en Chine, en Afrique du Sud ou en France. Est‑ce que c'est le genre de pratiques exemplaires que nous voulons importer au Canada?
Il y a de bonnes et de mauvaises leçons à tirer. Je dirais que la société semble avoir tiré plusieurs mauvaises leçons. Pour revenir à la question de M. Genuis, nous ne savons pas si les personnes qui ont travaillé à ces projets à l'étranger — dont on parle aujourd'hui — travaillent aussi à des projets ici, au Canada.
Vous avez dit que vous avez profité des pratiques exemplaires de la société. Je dirais qu'il y a un risque associé à cela. Il y a un risque pour la réputation du Canada et aussi un risque stratégique de voir des gens recommander les mesures dont nous avons discuté aujourd'hui pour ensuite nous conseiller sur d'autres sujets au Canada.
Vous dites que vous avez des systèmes en place. Est‑ce qu'ils permettent de faire une présélection afin d'éviter que des personnes qui ont de mauvais comportements ou s'adonnent à de mauvaises pratiques puissent être embauchées et déployées ici, au Canada?
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Votre temps est écoulé.
Nous allons suspendre la séance dans quelques instants pour passer à huis clos, mais, avant de ce faire, j'aimerais remercier M. Gallivan et Mme O'Gorman d'avoir comparu à nouveau devant nous.
Monsieur le ministre, avant que vous ne partiez, j'aimerais prendre quelques secondes de la réunion pour formuler un commentaire. Dans ma circonscription se trouve un vétéran, Jeremy Pruegger, qui travaille pour le Service correctionnel. Il a créé le programme Incarcerated Veterans Support Resources afin d'aider les vétérans incarcérés.
Je crois, monsieur le ministre, que vous demanderez à votre personnel de communiquer avec lui afin de l'aider pour que nous puissions servir nos vétérans, même ceux qui sont derrière les barreaux. Je vous remercie sincèrement de faire un suivi sur cette aide. Je vous en suis vraiment reconnaissant, au nom de M. Pruegger, qui fait de l'excellent travail.