Bienvenue à la 52e séance du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes, ou, comme j'aime l'appeler, le puissant OGGO.
Conformément à la motion qu'il a adoptée le mercredi 18 janvier 2022, le Comité se réunit pour étudier les contrats de consultation octroyés par le gouvernement fédéral à McKinsey & Company.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins qui comparaissent par vidéoconférence ont effectué les tests de connexion requis avant la séance.
Chacun des trois témoins fera une déclaration liminaire de cinq minutes. Nous allons commencer par un ami du Comité, M. Hutton.
Vous êtes une nouvelle fois le bienvenu. Vous avez cinq minutes.
:
Merci, monsieur McCauley.
Je m'appelle David Hutton. Je suis chercheur principal au Centre for Free Expression de l'Université métropolitaine de Toronto.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner.
J'espère vous donner, en m'appuyant sur mon expérience dans le monde de la consultation en gestion, un aperçu de ce qui se passe probablement dans l'affaire qui nous intéresse. J'ai également écouté tous les témoignages précédents et je peux en commenter certains éléments.
Quelles sont les compétences qui m'autorisent à parler de consultation en gestion?
En début de carrière, j'ai été engagé par la plus grande société d'experts-conseils en gestion du Royaume-Uni à titre de consultant à l'interne pour appliquer les principes de gestion de la qualité aux activités de la société. Ce fut une excellente occasion d'étudier le fonctionnement des grands cabinets et les facteurs qui contribuent à la réussite ou à l'échec de leurs engagements.
En 1990, arrivé au Canada, j'ai fondé mon propre cabinet de consultation en gestion et j'ai servi ce qui est devenu une clientèle internationale diversifiée pendant 20 ans. J'ai évalué différentes organisations. À un moment donné, la vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser, faisait partie de cette clientèle, tout comme Xerox Canada, le gouvernement de l'Ontario et les bases militaires américaines en Europe.
Au total, j'ai dirigé plus d'une centaine d'évaluations de systèmes de gestion. Elles m'ont permis de mener, du moins en partie, plus de 1 500 entrevues individuelles structurées avec des cadres supérieurs. J'ai beaucoup appris sur le comportement organisationnel et sur ce qui caractérise le mode de réflexion des cadres supérieurs.
Quant aux grandes firmes d'experts-conseils, je leur ai livré concurrence avec succès. J'ai collaboré à l'occasion à des projets conjoints que je dirigeais. Il m'est souvent arrivé de devoir examiner leur travail et d'aider à l'occasion à mettre de l'ordre dans le gâchis qu'elles avaient laissé derrière elles.
Le recours à des experts-conseils en gestion pose de grands défis. Il y a d'abord le déséquilibre inhérent des connaissances et de l'expertise. Il est donc difficile pour les clients de juger de la compétence des consultants afin d'éviter de retenir leurs services sans trop savoir à quoi s'en tenir.
Bien qu'il y ait de nombreux consultants éthiques et talentueux qui font un travail merveilleux, l'industrie de la consultation est un domaine très exposé aux méthodes douteuses. Certaines de ces pratiques sont courantes. Je me ferai un plaisir de vous en décrire quelques-unes si cela vous intéresse.
En ce qui concerne McKinsey et sa vigoureuse croissance subite au Canada au cours des dernières années, le Comité s'est demandé à juste titre si elle est attribuable à des amitiés personnelles, puisqu'il s'agit d'une stratégie de vente courante, mais il y a une autre possibilité, soit que, simplement, McKinsey ait tellement impressionné les décideurs de haut niveau que les portes lui ont été largement ouvertes. C'est exactement la façon dont McKinsey fonctionne.
Dans le monde de la consultation, il y a une hiérarchie du prestige perçu. À l'échelle mondiale, les trois plus grandes sociétés sont McKinsey, le Boston Consulting Group et Bain. Ils se classent à environ 8 sur 10 sur une échelle de 10. Les KPMG de ce monde sont plutôt cotés à 6 ou 7 sur 10.
Cette domination que McKinsey revendique se traduit directement par des taux d'honoraires très élevés, une interaction très étroite avec les clients — tant les gouvernements que les sociétés — aux échelons les plus élevés, et souvent un contournement des mesures de diligence raisonnable couramment appliquées aux entreprises moins bien branchées.
Cela se traduit‑il par des services de consultation suprêmement compétents? Absolument rien ne le garantit. En fait, il y a des exemples troublants de ce que je qualifierais de grave incompétence. U.S. Steel et Disney sont des cas assez récents et bien documentés.
Qu'en est‑il au Canada? Par le passé, il était peut-être risqué pour un haut fonctionnaire de retenir les services de McKinsey. Il risquait d'attirer l'attention et la critique à cause des coûts exorbitants et des antécédents de l'entreprise. Mais si la haute direction acquiert la conviction que McKinsey est tout simplement la meilleure solution, tout à coup, son embauche peut sembler une décision judicieuse qui sera probablement applaudie par le patron.
Ce que j'ai décrit jusqu'à présent, c'est ce qui peut se passer et ce qui peut mal tourner lorsque tout le monde travaille honnêtement dans le respect des règles, mais telle n'est pas toujours la réalité. Dans toute organisation d'une certaine importance, il peut arriver qu'il y ait des éléments indésirables. Au Canada, en raison de notre absence totale de protection des dénonciateurs, nous n'avons aucune protection contre le chaos dont ces gens, de façon prévisible, seront à l'origine. Nous sommes complètement démunis.
Le programme Phénix demeure l'exemple parfait d'une mauvaise gestion délibérée et d'une incroyable incompétence. Le logiciel n'est toujours pas corrigé et il ne le sera probablement jamais, mais le drame est que rien n'a changé dans le système de gestion. Nous avons encore l'environnement parfaitement propice à d'autres catastrophes comme Phénix.
J'ai quelques propositions à présenter au Comité, mais je crois être à court de temps. J'espère que la question sera soulevée plus tard.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que les députés, de m'avoir invité.
Je vais m'adresser à vous en français et en anglais alternativement, et je vais tenter de répondre aux questions dans la langue dans laquelle elles me sont posées.
Je ne lirai pas mes notes, car ce serait terriblement ennuyeux. Vous avez tout cela en main depuis un certain temps.
Pour me présenter, je dirai que je suis une sorte d'hybride. J'ai une formation hybride. J'ai une maîtrise en administration des affaires et un doctorat en communications. J'ai étudié la sociologie et le comportement humain, ce qui a été très utile dans ce cas‑ci, et la psychologie.
J'ai aussi de l'expérience sur le terrain, car j'ai passé la moitié de ma carrière dans la gestion d'entreprise et la consultation, y compris auprès du gouvernement, et je ne peux pas dire que, lorsque j'étais consultant, j'ai vu des choses comme ce qui se passe actuellement dans l'affaire McKinsey. C'est l'un des principaux problèmes que j'ai devant cette situation.
Voilà pour ma personne. Si vous voulez en savoir plus à mon sujet, rendez-vous sur mon site Web, duguay.org, et vous trouverez tout ce que vous voulez savoir à mon sujet.
[Français]
L'objectif du Comité, aujourd'hui, est d'étudier les contrats qui ont été octroyés par le gouvernement fédéral à McKinsey. Je connais le monde de la consultation et il y en a beaucoup, des firmes de consultation. Alors, pourquoi McKinsey est-elle sur la sellette, en ce moment, et pas d'autres?
Ce que je vais vous dire cherche à répondre à cette question.
Je me suis beaucoup documenté en lisant ce livre et plusieurs articles. J'ai été interviewé par de nombreux journalistes et cela a fait l'objet d'articles. J'ai même été interviewé à RDI par Kim Vermette. Sur mon site Web, vous trouverez tout cela.
[Traduction]
Allons‑y tout de suite. Je vais tâcher d'être bref.
Le plus important que j'aie remarqué au sujet de McKinsey, c'est sa culture du secret. C'est le plus troublant. Le problème ne se limite pas au Canada, ni au Québec, ni à l'Ontario; il se vérifie partout dans le monde, et je trouve cela extrêmement troublant. Je l'ai dit à maintes reprises dans les médias. Je suis inquiet. Cela me préoccupe. C'est suffisant pour poser des questions, mais les questions restent toujours sans réponses.
La firme travaille pour des entreprises concurrentes, dont les intérêts s'opposent parfois, et elle soutient que cela n'a pas d'importance parce qu'elle a un pare-feu et que les différents consultants de la firme ne se parlent pas. D'accord. Je vous crois, mais il arrive qu'il y ait des erreurs.
La firme travaille également aux États-Unis, par exemple, avec des sociétés du domaine des soins de santé et avec la FDA, qui exerce une supervision. Pour ma part, je trouve cela difficile à avaler.
La firme travaille également avec des pays concurrents. Par exemple, elle a aidé la Chine à construire les îles Spratly dans la mer de Chine méridionale et elle a fait volte-face et conclu un contrat avec le Pentagone pour contrer l'influence de la Chine dans cette mer. Je vais vous laisser tirer vos propres conclusions.
La firme propose ses conseils sur à peu près n'importe quoi. J'ai plaisanté quand j'ai été interviewé à la télévision en disant que bientôt, elle nous donnerait des recettes de gâteau. Bien sûr, je n'étais pas sérieux, mais ce n'est pas impossible, semble-t‑il.
[Français]
Cela dit, aucune loi n'empêche McKinsey de faire des affaires au Canada. Elle n'a enfreint aucune loi. Personne ne lui a dit qu'elle ne pouvait pas faire affaire avec une entreprise au Canada ou avec le gouvernement canadien. On ne peut pas dire cela, dans l'état actuel des choses. On nous dit même qu'elle respecte les règles d'éthique canadiennes.
Puisque la personne qui a dit cela est crédible, je dois supposer qu'elle a dit la vérité, mais il est aussi possible que nos règles d'éthique ne soient pas assez strictes ou qu'on tienne compte de l'éthique seulement au Canada, et non de façon plus large, à l'échelle mondiale. Si on tient compte du fait que McKinsey a aidé...
[Traduction]
Je suis désolé. On me dit que mon temps de parole est écoulé.
Merci, monsieur le président. Vous pouvez lire le reste.
:
Merci de me donner l'occasion de m'exprimer.
J'ai lu et écouté les témoignages présentés au Comité, mais je n'ai pas de connaissances spécialisées sur l'affaire McKinsey. Par conséquent, mes propos seront forcément de nature assez générale. J'encourage le Comité à étudier, dans ses travaux à venir, la question de la passation de marchés sous toutes ses formes.
Dans le peu de temps dont je dispose, je me propose de présenter une série de brèves observations sans trop donner de détails.
Je vais commencer par dire que le recours croissant aux consultants en gestion reflète la tendance générale à entremêler les rôles et les fonctions des secteurs public et privé. L'hypothèse qui sous-tend cette tendance est que les gouvernements obtiennent le meilleur des deux mondes. Ils tirent avantage de leur recours aux connaissances et aux compétences présumées supérieures des entreprises commerciales privées en particulier. Or, nous savons tous que ce n'est pas un résultat garanti, car le processus d'impartition peut donner lieu à des histoires d'horreur.
À mon avis, pour que les marchés soient couronnés de succès, les gouvernements doivent se comporter en acheteurs avisés afin de maximiser les avantages et de limiter les risques liés au recours au secteur privé.
Il faut éviter de généraliser à outrance les avantages, les inconvénients et les risques de la sous-traitance. Il y a tout simplement trop de types différents de contrats et de fonctions différentes qui peuvent être transférés en totalité ou en partie au secteur privé, que ce soit à des entreprises à but lucratif ou à des organismes sans but lucratif.
Ce ne sont pas toutes les fonctions du gouvernement ni toutes les activités de programme qui peuvent être confiées au secteur privé. Selon l'expérience et la recherche, certains principes généraux peuvent guider le processus de passation de marchés. Au bout du compte, il s'agit d'une activité particulière qu'il vaut mieux aborder au cas par cas.
Un élément fondamental du processus consiste à déterminer si une tâche particulière ou une activité connexe est, par nature, « gouvernementale ». Pour se prononcer, il faut, dans une plus ou moins grande mesure, porter un jugement normatif subjectif sur le rôle qui revient au gouvernement et une évaluation de la capacité de la fonction publique à livrer efficacement des résultats.
Aux États-Unis, on a surtout tenté de définir les fonctions qui sont, par nature, gouvernementales. Les fonctions qui servent « l'intérêt public » et celles qui supposent l'exercice de jugements de principe subjectifs...
:
D'accord. À mon avis, il y a des critères, mais ils sont généralement très vagues, et certaines activités ne devraient pas être confiées à des entreprises.
La diminution de la capacité de la fonction publique à élaborer des politiques et le manque de confiance à l'égard de la volonté des hauts fonctionnaires de dire la vérité aux autorités ont peut-être contribué à la tendance à se fier aux consultants comme conseillers en politiques. Je ne connais pourtant aucune étude empirique exhaustive sur les tendances historiques du recours à des consultants pour définir des politiques de haut niveau. Il faudrait étudier la question. Si on veut que le régime de responsabilité fonctionne comme prévu, il faut que la décision finale sur les orientations revienne aux ministres.
Je souligne que l'impartition — la sous-traitance — doit obéir à un processus qui comprend différentes étapes. Les organisations n'ont pas toutes la capacité, à toutes les étapes, de se comporter comme des acheteurs avisés. La gestion des relations avec les entrepreneurs est un élément crucial, et il est plus difficile de les gérer efficacement lorsque différentes organisations sont en cause.
Les consultants en gestion et les autres entrepreneurs devraient être tenus de signer une déclaration au sujet des conflits d'intérêts, tout comme les lobbyistes enregistrés doivent le faire en vertu du Code de déontologie des lobbyistes. Les consultants devraient également être visés par la Loi sur l'accès à l'information afin de renforcer le principe selon lequel l'information et les connaissances produites dans le cadre du processus de passation de marchés peuvent être rendues publiques, à quelques exceptions près.
J'ai lu bon nombre des guides et des documents de politique produits par le Secrétariat du Conseil du Trésor, y compris le document sur le régime d'intégrité pangouvernemental. La difficulté fondamentale, à mon avis, consiste à constituer un effectif professionnel de gestionnaires de contrats ayant une culture commune, reposant sur la prise de décisions fondée sur des données probantes et axée sur les résultats.
Ma conclusion est qu'il y a une place pour les consultants en gestion dans le processus de gouvernance moderne et que ces consultants devraient être gardés à leur place.
Merci.
:
Oui. Je suis évidemment là pour parler de la dénonciation. C'est toujours le cas.
Je considère que le Comité et d'autres instances ont beaucoup de mal à obtenir de l'information si ceux qui sont dans les tranchées — les employés — ne sont pas en mesure de divulguer en toute sécurité ce qu'ils savent. C'est la catastrophe absolue, et cela a mené à bon nombre des problèmes que nous avons vus par le passé.
À long terme, le Comité devrait poursuivre l'excellent travail qu'il a fait par le passé pour procurer une protection adéquate aux dénonciateurs, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, soit dit en passant. À court terme, le Comité pourrait mettre en place ses propres mécanismes pour qu'ils puissent se manifester en toute sécurité et donner de l'information.
Je ne dis pas qu'il y a un précédent au Canada. Je ne dis pas que ce serait banal, mais c'est faisable. On ouvrirait les vannes de l'information, et ce serait très révélateur.
Je vais poursuivre un peu. Une chose que j'ai apprise au cours de la centaine de missions que j'ai dirigées, c'est qu'on n'a pas vraiment une vue d'ensemble avant d'avoir parlé à ceux qui sont sur le terrain. Au fur et à mesure qu'on passe d'un niveau à l'autre dans les entrevues, on obtient un tableau différent. A priori, il y a des contradictions, mais en fait, c'est comme si on tournait autour d'un même objet pour le saisir dans ses trois dimensions. Une fois menées à bien les entrevues à tous les niveaux, on se retrouve avec une image complète, en trois dimensions, de ce qui se passe, ce qu'on n'obtient pas en s'en tenant à un seul point de vue.
Pour moi, c'est là un principe très fort: si on fait de la consultation en gestion ou si on dirige n'importe quel type d'organisation, il faut comprendre ce que les gens sur le terrain croient et voient et avoir accès à leurs connaissances et à leurs renseignements.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence.
[Français]
Je suis très heureux de vous voir.
[Traduction]
Je veux simplement signaler une question plus vaste au sujet de l'impartition, puisque c'est ce que nous étudions: il est vraiment important de voir si le gouvernement du Canada y a trop souvent recours. Néanmoins, nous n'en sommes pas là. Il ne s'agit pas d'une discussion générale sur la dénonciation ou la consultation. Je ne demanderais pas mieux que de vous entendre parler de la dénonciation — et il en a été question —, car vous avez beaucoup de choses très utiles à dire à ce sujet, mais nous sommes censés étudier les contrats accordés à McKinsey. Je dois poser quelques questions au sujet de McKinsey seulement, car c'est l'affaire que nous sommes censés étudier et c'est le motif de votre convocation à titre de témoin.
Monsieur Thomas, avez-vous des renseignements non publics que vous voudriez communiquer au Comité au sujet de la relation du gouvernement avec McKinsey?
:
Merci beaucoup. Je suis heureux d'être ici en l'absence de Mme Vignola, qui est aux Nations Unies.
Je remercie M. Housefather de me céder le reste de son temps de parole. C'est très gentil.
Monsieur Hutton, quand je pense à McKinsey, je pense à U.S. Steel, qu'on vient de présenter comme un cas isolé. Je pense aussi à Enron, aux papiers commerciaux, à la corruption en Afrique du Sud, à l'industrie du tabac aux États‑Unis, à la corruption en Arabie saoudite, à la crise des opioïdes aux États‑Unis, à ce qui s'est passé en France pendant la campagne électorale de M. Macron et à une compagnie qui travaillait à la fois pour les militaires chinois et les militaires américains.
Y a-t-il un signe quelconque que le degré d'éthique de McKinsey s'est amélioré avant que le gouvernement du Canada fasse affaire avec cette firme?
:
Je ne sais que ce qui est du domaine public au sujet de ces contrats. Je n'ai pas de connaissances d'initié particulières.
À propos de la Banque de développement du Canada, j'estime, avec l'expérience que j'ai dans ce domaine, qu'il y a des signaux d'alarme partout. La population est outrée, à juste titre. Je ne crois pas qu'il y ait de faits cachés que nous ignorons qui pourraient faire en sorte que tout cela semble acceptable. J'ai l'impression que c'est là l'état de l'opinion publique.
En ce qui concerne le Centre des services de paye, j'ai des renseignements privilégiés parce que j'ai suivi l'affaire de Phénix de très près et que j'ai mené ma propre enquête au moyen de dénonciateurs à un moment donné. Je suis tout simplement stupéfait qu'on ait consacré autant de temps, d'argent et d'efforts à examiner le Centre des services de paye alors que le problème fondamental de Phénix, c'est que le logiciel ne fonctionne pas et n'a jamais fonctionné.
Voici quelques statistiques. Pendant les cinq années qui ont suivi le déploiement, entre 40 et 51 % de tous les bulletins de paie des employés ont comporté des erreurs au cours d'une année donnée. Enfin, au cours de la sixième année, il y a eu une certaine amélioration. Toutefois, il n'y a eu aucune amélioration du logiciel pendant cinq ans. Il est donc clair que le gouvernement ne travaille pas à ce qu'il faudrait.
En mettant l'accent sur le Centre des services de paye... Ce centre a joué deux rôles dans toute cette saga. D'abord, c'est lui qui se retrouve avec tous les problèmes sur les bras. Quiconque a travaillé un certain temps au Centre des services de paye savait, bien des années avant le déploiement, que le projet était voué à l'échec. L'autre rôle du centre est celui de bouc émissaire. Nous voyons toute cette attention portée à l'arriéré, qui est en fait un énorme tas de problèmes à régler qui ont été occasionnés par un logiciel défectueux, et ces pauvres gens ont du mal à revoir tous ces dossiers.
Il est vraiment insensé d'investir des sommes énormes, et je peux vous garantir que la participation de McKinsey au centre de paie a grandement perturbé les opérations et a été difficile pour le personnel. Quant à savoir si cela a donné des résultats, je suis très sceptique.
:
Si j'ai bien compris, vous voulez savoir si le Canada est en retard par rapport aux autres pays.
Je dirais que le Canada fait à peu près la même chose que la France. Quant à tous les autres pays dont je suis au courant ou qui sont mentionnés dans le livre que j'ai montré plus tôt, le Canada fait exactement la même chose. Si c'est correct ou pas, je ne saurais vous dire, mais on fait exactement la même chose.
Les ingrédients de la recette McKinsey sont identiques en tout temps et partout dans le monde, y compris au Canada, depuis de nombreuses années. C'est pareil ici qu'ailleurs. Le Sénat français a dit qu'il peut y avoir un excès de consultations, et c'est aussi ce qui peut se passer au Canada.
Par exemple, un journaliste m'a dit l'autre jour qu'on avait demandé à McKinsey de mener des consultations dans le domaine du tourisme. Mon collègue sait que, dans son université, il y a une école de tourisme, tout comme dans la mienne, et Dieu sait combien il y a d'écoles de tourisme au Canada. Alors, pourquoi demander à McKinsey de mener des consultations dans le domaine du tourisme? On aurait pu consulter ces universités directement, ce qui aurait coûté une très petite fraction de ce qu'on a payé à McKinsey.
:
Oui, et j'ai déjà répondu en partie à cette question.
De toute évidence, la dénonciation n'est pas la solution à tous les maux, mais c'est un outil qui peut servir de dernier recours lorsque rien d'autre n'a permis de régler ce qui ne va pas. Il ne s'agit pas nécessairement d'actes répréhensibles délibérés — il peut simplement s'agir d'une question d'incompétence —, mais s'il y a préjudice public, les employés qui sont au courant sont souvent la dernière ressource à notre disposition, et la recherche indique également que c'est de loin le moyen le plus efficace de dévoiler ces situations.
Les autres mécanismes que nous avons — les vérifications, les examens externes, etc. — ne fonctionnent tout simplement pas aussi bien et sont en fait très inefficaces à moins qu'ils ne soient assortis de mesures de protection des dénonciateurs.
Je pense que c'est l'un des outils dont nous avons vraiment besoin au Canada, et nous traînons loin derrière le reste du monde.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par souligner que le territoire sur lequel nous nous réunissons est le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs, de m'accueillir de nouveau aujourd'hui.
[Français]
Bonjour à tous.
Je m'appelle Alexander Jeglic. Je suis l'ombudsman de l'approvisionnement.
[Traduction]
J'aimerais commencer par expliquer le rôle de mon bureau dans l'approvisionnement fédéral, car certains d'entre vous ne faisaient pas partie du Comité lors de ma dernière comparution, en février 2022.
Le Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement a été inauguré en 2008 afin de veiller à la disponibilité de recours, majoritairement pour les petites et moyennes entreprises, pour les problèmes d’approvisionnement et de contrats. Mon bureau est indépendant des autres organismes fédéraux, y compris Services publics et Approvisionnement Canada. Bien que je relève de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, elle ne s'implique aucunement dans les activités quotidiennes de mon bureau ni dans le contenu de mes rapports.
[Français]
Nous sommes une organisation fédérale neutre et indépendante, dont le mandat pangouvernemental, à l'exception des sociétés d'État, du Sénat, de la Chambre des communes et de certaines agences fédérales de sécurité.
[Traduction]
Plus précisément, mon mandat législatif consiste avant tout à examiner les plaintes des fournisseurs canadiens au sujet de l'attribution d'un contrat fédéral de moins de 30 300 $ pour des biens et de 121 200 $ pour des services. Deuxièmement, il s'agit d'examiner les plaintes concernant l'administration d'un contrat, peu importe la valeur monétaire. Troisièmement, il s'agit d'examiner les pratiques d'approvisionnement des ministères fédéraux afin d'évaluer l'équité, l'ouverture et la transparence et leur conformité aux lois, politiques et lignes directrices.
Contrairement aux plaintes, ces examens systémiques plus vastes examinent les pratiques d'approvisionnement des ministères fédéraux en examinant de multiples dossiers. Dans le cadre de notre examen quinquennal, nous avons traditionnellement examiné un échantillon de 40 dossiers en étudiant les documents et les renseignements fournis par le ministère examiné.
[Français]
Au chapitre des bonnes pratiques pour garantir l'équité, l'ouverture et la transparence de l'approvisionnement fédéral, mon bureau a identifié les trois éléments d'approvisionnements les plus à risque.
[Traduction]
Nous les utilisons comme secteurs d'intérêt pour évaluer les éléments d'approvisionnement à risque élevé.
Le premier est l'établissement de critères d'évaluation et de plans de sélection. Le deuxième est le processus d'appel d'offres. Le troisième est l'évaluation des soumissions et l'attribution des contrats.
Bien que ces examens systémiques illustrent les pratiques exemplaires que d'autres ministères peuvent imiter, ils cernent principalement les domaines où les ministères peuvent prendre des mesures concrètes pour améliorer l'équité, l'ouverture et la transparence globales de leurs pratiques d'approvisionnement. Toute recommandation formulée dans le cadre de ces examens vise à améliorer ces pratiques et ne met pas l'accent sur les plaignants individuels ni sur les soumissionnaires gagnants et perdants, comme le font les examens de plaintes concrètes.
Avant de lancer un examen, je dois déterminer s'il y a des motifs raisonnables de le faire, en tenant compte de plusieurs facteurs, comme la conformité à la Loi sur la gestion des finances publiques et aux règlements du gouvernement sur les marchés, les ressources dont le ministère a besoin pour répondre à l'examen, les observations de vérifications ou d'évaluations antérieures et le temps écoulé depuis l'examen précédent des pratiques de ce ministère.
Quatrièmement, nous offrons également des services de règlement des différends, dirigés par les médiateurs certifiés de notre bureau. Un fournisseur ou un ministère peut demander nos services de médiation; les deux parties doivent accepter volontairement de participer pour que la séance de médiation ait lieu. Il s'agit d'un service très efficace offert par mon bureau, mais il est malheureusement sous-utilisé par les ministères fédéraux. Il n’y a pas de seuils financiers associés à nos services de médiation. Nous pouvons médier des contrats évalués à 5 000 ou à 50 millions de dollars, et nous offrons une solution de rechange rapide, peu coûteuse et efficace aux litiges.
Cinquièmement, nous rédigeons également des études de recherche sur d'importantes problématiques dans l'approvisionnement fédéral.
Sixièmement, mon bureau est également très actif dans la diversification de la chaîne d'approvisionnement fédérale. Depuis les quatre dernières années, nous organisons un sommet au cours duquel nous aidons des entreprises diversifiées et autochtones à avoir accès aux outils et à l'information nécessaires pour obtenir des contrats fédéraux. L'an dernier, plus de 850 participants ont assisté au sommet en ligne, et nous espérons pouvoir continuer à faire croître cette importante initiative à l'avenir si notre financement le permet. Le prochain sommet se tiendra virtuellement les 4 et 5 avril de cette année, et j'invite tous ceux qui le souhaitent à s'inscrire auprès de mon bureau.
Maintenant que j'ai donné plus d'information sur la nature du travail de mon bureau, je vais vous expliquer pourquoi je suis ici aujourd'hui.
Le 3 février, j'ai reçu une lettre de la , Helena Jaczek, nous demandant d'effectuer un examen des pratiques d'approvisionnement utilisées par les ministères et organismes fédéraux pour acquérir des services au moyen de contrats attribués à McKinsey & Company. À l'heure actuelle, nous n'avons pas encore entamé d'examen, mais nous croyons avoir le mandat et les motifs raisonnables de le faire, en fonction de la demande de la ministre et des résultats de nos examens précédents.
Nous avons hâte de discuter de notre rôle dans cet examen avec le Comité. Je tiens également à remercier le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de son appui à mon bureau, qui a contribué à accroître la visibilité et la sensibilisation des fournisseurs canadiens et des acheteurs fédéraux.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. Mon bureau reste à votre disposition pour collaborer avec les membres du Comité autant que ce sera nécessaire.
[Traduction]
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Bien sûr. La réponse risque d'être assez longue, mais si vous me le permettez, je vais vous la fournir.
Nous établissons les critères de l'examen quinquennal en fonction des questions soulevées à mon bureau. L'un des membres du Comité a mis le doigt sur le principal problème. Nous nous sommes penchés sur ces questions, et elles semblaient de nature répétitive.
Lorsque j'ai assumé mes fonctions, j'ai dit qu'il ne suffisait pas de signaler ces problèmes. Que pouvons-nous faire de plus comme le Bureau que nous sommes? Par conséquent, nous avons tiré parti de notre mandat en convertissant ces enjeux en secteurs d'intérêt. Nous espérions examiner la valeur et le volume des 20 principaux ministères et organismes fédéraux en nous penchant sur les 10 principaux enjeux.
Malheureusement ou heureusement, la politique du Conseil du Trésor sur les marchés a pris fin au cours de cette période, de sorte que les règles ont changé et qu'il n'était plus logique de poursuivre les trois derniers. Nous avons effectué 17 examens de ces ministères et organismes.
Pour ce qui est de la méthodologie, notre champ d'application est relativement clair, alors ce sont des contrats concurrentiels que nous avons examinés. Il y a des exclusions, c'est‑à‑dire que tout contrat prescrit, toute activité liée aux cartes d'achat ou toute activité pour laquelle le ministère n'est pas l'autorité contractante seraient immédiatement exclus de notre champ d'application.
Nous avons examiné un échantillon de 40 dossiers en prenant les 10 premiers et les 10 derniers pour ce qui est de la valeur. Nous en avons pris certains qui utilisaient les méthodes d'approvisionnement de Services publics et Approvisionnement Canada, puis nous les avons randomisés, de sorte qu'il s'agissait d'un échantillon discrétionnaire. Une fois que nous avons terminé avec l'échantillon discrétionnaire, nous avons demandé à recevoir de la documentation du ministère. Ensuite, l'échantillon était identifié à partir de la documentation fournie.
L'étape suivante après avoir examiné chaque dossier méticuleusement consisterait à faire des observations préliminaires aux ministères. Le ministère aurait alors l'occasion d'expliquer certaines de ces observations préliminaires et de fournir des documents supplémentaires au besoin, puis nous continuerions l'examen.
L'étape suivante serait une période de 30 jours ouvrables au cours de laquelle le ministère pourrait commenter toute recommandation. Nous divisons souvent cette période en deux parties, avec une période d'examen de 20 jours et une autre de 10 jours pour que l'on dispose d'une première ébauche dans les 20 jours à des fins opérationnelles. Ensuite, au cours de la dernière période de 10 jours, le sous-ministre peut faire des commentaires.
Une fois ces commentaires reçus, nous mettons la dernière main au rapport avant de le présenter au ministre conformément à la loi et au règlement. Ensuite, nous publions le rapport sur notre site Web tout en affichant des informations sur son contenu dans les médias sociaux.
:
C'est une bonne question, et je l'avais prévue.
Évidemment, nous n'avons pas encore un champ d'application bien défini, mais nous avons prévu des méthodologies et certains critères. Certains aspects dont nous avons discuté à l'interne sont une méthodologie mixte d'examen des documents et de rencontre avec les fonctionnaires du ministère. Nous comptons examiner les marchés concurrentiels aussi bien que les marchés dirigés.
Pour ce qui est de la taille de l'échantillon, encore une fois, j'ai écouté les témoignages. La taille prévue correspond à ce que nous avons entendu, mais nous ne nous fierons pas à l'information présentée au bureau en cause, mais uniquement à l'information fournie à notre bureau. Si la taille de l'échantillon est plus grande, nous nous en occuperons. Si l'échantillon est trop petit, nous allons examiner tous les dossiers.
Pour ce qui est des années, je sais que le Bureau du vérificateur général a été chargé de la question à partir de 2011, mais comme ce laps de temps dépasserait la période de conservation de la documentation, nous pourrions envisager de remonter à 2011.
Il y a aussi des règles qui s'appliquent et elles ont changé au fil du temps. Par ailleurs, il y a probablement plusieurs ministères qui sont concernés.
Il y a aussi la question des ressources. C'est un problème important dont j'ai fait part à la ministre dans ma réponse à sa lettre du 3 février. J'ai répondu le 8 février en décrivant le cadre actuel des dossiers sur lesquels nous travaillons, y compris quatre examens systémiques, trois examens de plaintes et plusieurs examens de suivi. J'ai déterminé que nous ne serions pas en mesure d'effectuer un examen exhaustif à moins de disposer de ressources supplémentaires, et la ministre et d'autres fonctionnaires que nous avons rencontrés nous ont assuré que ces ressources seraient fournies.
Merci beaucoup de votre présence et de votre travail.
Je vous ai écrit le 10 novembre, juste après que le Comité ait appuyé ma motion, la motion du NPD, recommandant que la vérificatrice générale effectue en priorité un audit de gestion pour tous les aspects de l'application ArriveCAN.
Je vous ai écrit pour vous demander d'envisager de faire une analyse de tous les contrats concernant ArriveCAN et de vérifier s'ils ont été attribués sur une base non concurrentielle et s'ils ont été émis conformément à la Loi sur la gestion des finances publiques, à ses règlements et aux politiques et procédures connexes.
Examinez-vous tous ces éléments dans le cas de McKinsey? Vous avez parlé des ressources et vous vous êtes tourné vers le dirigeant principal des finances. Allez-vous examiner tous ces éléments dans le cadre de votre examen?
:
Excellente question. Je vais les préciser, parce qu'il est important de fournir une information exacte.
Le contrat, d'une valeur de 452 000 $, a été attribué le 3 juin 2020 par Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE). Si vous le permettez, je vais simplement vous lire ce que nous avons signalé dans notre rapport.
Sous la rubrique « Processus d'évaluation des soumissions », on peut lire ceci, qui, je le rappelle est de nature générale:
Un nombre important de dossiers avait des problèmes liés aux procédures d'évaluation des soumissions découlant d'une attribution incorrecte des contrats à des soumissionnaires jugés non conformes.
Et ensuite ceci:
Dans un dossier lié à des services d'analyse économique, la soumission comprenait cinq critères obligatoires et cinq critères cotés ainsi qu'une méthode de sélection du meilleur ratio combiné mérite technique-prix. Deux soumissions ont été reçues. Une équipe d'évaluation de trois personnes a effectué l'évaluation technique et a déterminé que les deux soumissions répondaient à tous les critères obligatoires et dépassaient l'exigence relative au nombre de points minimal des critères cotés. L'autorité contractante a ensuite réalisé le processus d'évaluation en effectuant une évaluation financière, laquelle a permis de déterminer que la soumission technique se classant au dernier rang était classée au 1er rang dans l'ensemble selon son prix le plus faible et sa note financière supérieure. Après que les résultats aient été communiqués à l'équipe d'évaluation des soumissions, l'autorité technique a indiqué qu'elle craignait avoir omis quelque chose dans les critères obligatoires et souhaitait réévaluer la soumission s'étant classée au 1er rang dans l'ensemble. Au départ, l'autorité contractante a fait savoir aux évaluateurs que « malheureusement, puisque l'évaluation financière a déjà été effectuée et que nous sommes déjà parvenus à un consensus sur l'évaluation technique, nous ne pouvons pas revenir en arrière maintenant ». La réponse d'un des évaluateurs indiquait qu'il serait « ravi de supprimer le courriel de l'évaluation financière ». Finalement, ISDE a révisé son évaluation du soumissionnaire s'étant classé au 1er rang et a jugé sa soumission non conforme, car elle ne répondait pas à tous les critères obligatoires. Bien que certains aspects du processus d'approvisionnement soient bien documentés, on a constaté des lacunes importantes relativement à la documentation de la décision de permettre aux évaluateurs de modifier leur évaluation de la soumission s'étant classée au 1er rang après avoir obtenu les résultats du processus. Les mesures prises et les résultats définitifs de ce processus d'évaluation laissent à ISDE la perception que ce contrat n'a pas été attribué de manière équitable et transparente.
Notre recommandation était la suivante:
ISDE devrait mettre à jour son orientation et sa formation en matière d'approvisionnement, mettre en œuvre un processus de surveillance et examiner les mécanismes pour s'assurer que les évaluations sont réalisées conformément à l'approche prévue précisée dans la demande de soumissions et que les marchés ne sont pas attribués à des soumissionnaires non conformes.
Comme vous pouvez l'imaginer, le contexte est légèrement différent. Nous ne nous sommes pas intéressés aux fournisseurs dans ces examens; notre attention portait exclusivement sur les pratiques du ministère.
Je peux vous donner le deuxième exemple, si vous voulez.
Le deuxième exemple concerne un contrat avec IRCC, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Ce contrat, d'une valeur de 1 593 000 $, a été attribué en vertu de l'arrangement en matière d'approvisionnement des SPTS. C'était pour une feuille de route de la stratégie de transformation des services. Le problème est le suivant:
Les critères obligatoires étaient mal définis et ne se limitaient pas aux qualifications essentielles.
Dans 1 dossier qui visait à obtenir des conseils d'experts sur une stratégie de transformation assujettie à l'Accord de libre-échange nord-américain [... ] et à l'Accord sur les marchés publics de l'Organisation mondiale du commerce [...] , un critère obligatoire exigeait des soumissionnaires qu'ils démontrent leur expérience dans quatre études de transformation « où le soumissionnaire n'a pas participé à la mise en œuvre de la solution ». L'ALENA et l'AMP-OMC exigent que les conditions de participation des fournisseurs aux procédures des demandes de soumissions « se limite[nt] aux conditions essentielles à l'exécution du marché concerné ». Dans ce cas, il n'est pas clair pourquoi la participation d'un soumissionnaire à la « mise en œuvre de la solution » serait considérée comme une exclusion nécessaire. IRCC a reçu de nombreux commentaires de fournisseurs intéressés au sujet de la nature restrictive des critères. Les critères n'ont pas été modifiés, et le processus de demande de soumissions n'a reçu qu'une soumission conforme, le soumissionnaire ayant obtenu une note parfaite à l'évaluation technique.
:
Je peux répondre à ces deux questions.
Concernant l'examen des pratiques, quand nous avons structuré l'examen quinquennal, nous nous sommes servi de l'information déjà fournie à notre bureau. Il se peut qu'une plainte soit hors mandat parce qu'un an ou 60 jours se sont écoulés ou parce que l'intéressé ne voulait pas déposer de plainte auprès du Tribunal du commerce extérieur. Mais nous examinons quand même la plainte et nous essayons de la régler de façon informelle.
Cependant, nous la classons également en fonction du problème. L'impression qu'on a injustement ignoré votre plainte, qu'on ne vous a pas informé ou que les questions n'étaient pas claires sont des exemples de problèmes qui ont été portés à notre attention. Nous les classons et, tous les ans, nous dressons une liste des 10 principaux enjeux. Une fois cette liste dressée, nous la portons à l'attention des parlementaires au moyen de notre rapport annuel.
Quand je suis devenu ombudsman, il m'a semblé très insatisfaisant de me contenter de circonscrire les problèmes. C'est pourquoi nous avons élaboré ces trois axes d'enquête pour nous intéresser au traitement et à la confirmation de certaines de ces préoccupations. Nous n'avons pas terminé les 17 examens, mais nous avons des données préliminaires que je pourrais communiquer au Comité sur la valeur et la validité de certaines des plaintes adressées à nos bureaux.
Nous allons vous laisser partir, monsieur. Merci encore pour tout votre travail. Je vous considère comme un ami du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires et je vous remercie du temps que vous nous avez consacré aujourd'hui.
Chers collègues, très rapidement, nous avons quelques questions à régler.
Au sujet du rapport sur les dépenses de voyage de la gouverneure générale, j'ai ici une motion qui se lit comme suit: « Que les membres du Comité soumettent à la greffière du Comité, d’ici 16 heures le mardi 28 février 2023, leurs projets de recommandations pour le rapport sur les dépenses de voyage liées au Bureau du secrétaire du gouverneur général depuis 2014. »
Si nous pouvons nous entendre là‑dessus, nous pourrons formuler nos recommandations et rédiger un rapport.
Quant à l'autre question, vous avez sans doute vu que McKinsey a envoyé plusieurs lettres pour s'opposer à notre motion. Récemment, l'entreprise a demandé à soumettre des documents caviardés à la demande du gouvernement.
Je voudrais suggérer d'y répondre, sous réserve de la volonté du Comité. Je crois que c'est la quatrième fois que l'entreprise écrit pour essayer d'empêcher l'adoption de la motion. Je demande au Comité l'autorisation de répondre par écrit pour faire savoir à McKinsey & Company que le président du Comité, de concert avec la greffière et les analystes, insiste pour obtenir les documents non caviardés demandés dans la motion adoptée par le Comité le 18 janvier 2023.
L'entreprise a écrit pour essayer de s'y opposer. Nous avons écrit que le Comité aimerait obtenir satisfaction. C'est la quatrième fois, et je propose donc que nous écrivions une dernière fois pour dire que nous aimerions que la motion soit respectée.
Allez‑y, monsieur Housefather.