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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner aujourd’hui. C'est avec plaisir que je vous présente le contexte factuel et le point de vue de McKinsey sur le travail effectué pour le gouvernement du Canada.
J'occupe depuis septembre 2022 les fonctions d'associé directeur chez McKinsey Canada. Je travaille chez McKinsey depuis 28 ans, en collaboration avec des chefs d’entreprise et des dirigeants locaux canadiens de nombreux secteurs. Nous sommes présents au Canada depuis plus de 50 ans et nous y sommes profondément enracinés. Nous servons les deux tiers des plus importantes entreprises du pays dans tous les secteurs, nous travaillons en étroite collaboration avec de grandes organisations communautaires et à but non lucratif, et nous employons plus de 1 000 personnes talentueuses, dont 90 % sont de fiers citoyens canadiens qui prennent au sérieux la responsabilité de servir leur pays et leurs collectivités avec le plus grand soin.
Le Comité s'intéresse principalement à nos contrats avec le secteur public. Il est donc essentiel de mentionner qu'ils résultent, dans leur immense majorité, de processus publics concurrentiels de demandes de propositions. Les propositions que nous avons présentées en réponse à ces demandes ont été évaluées par des fonctionnaires, puis ont fait l'objet de l'attribution de contrats, le tout de façon indépendante et en fonction de critères objectifs de nature technique et concernant les prix. La plupart des autres contrats nous ont été attribués dans le cadre d’une offre à commandes principale et nationale, et un petit nombre de contrats nous ont été attribués par la fonction publique à titre de fournisseur unique. Dans tous les cas, la fonction publique pouvait de se procurer des services de ces façons, conformément aux exigences des marchés publics fédéraux.
Les contrats attribués à McKinsey l’ont été selon des critères fondés sur le mérite utilisés par la fonction publique et non grâce à des relations politiques, et ce, à quelque niveau que ce soit.
Au cours de l’exercice qui se termine dans deux jours, le gouvernement du Canada aura dépensé environ 25 milliards de dollars en services de consultants externes. Les contrats de McKinsey représentent moins de 1 % de ces dépenses totales. Je le répète, les contrats de McKinsey représentent moins de 1 % des dépenses totales du gouvernement en services de consultants externes.
Le Comité a souligné à juste titre que le volume de nos mandats, tout comme celui des mandats d’autres cabinets de services-conseils, a augmenté ces dernières années. Comme l’ont indiqué au Comité des représentants des ministères, cette augmentation tient au fait que le gouvernement fédéral fait face à des demandes en forte augmentation et à des défis d'une complexité elle aussi croissante. McKinsey possède des compétences et une expertise mondiales qui complètent celles de la fonction publique et produisent des résultats concrets pour les Canadiens.
Comme des ministres et de hauts fonctionnaires l’ont indiqué au Comité, notre expertise vient compléter utilement les talents et les efforts de la fonction publique. Par exemple, nous avons apporté des améliorations de tout premier ordre à la productivité et au centre d’appel à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, afin d’aider la fonction publique à nettement gagner en efficacité et en productivité de manière générale. La situation nécessitait la perspective d’un cabinet mondial, et McKinsey a les compétences à cet égard. Notre cabinet a énormément de respect pour les fonctionnaires canadiens et a toujours abordé ses mandats de manière à apporter une réelle valeur au gouvernement.
Le Comité s’intéresse également aux activités de notre cabinet à l’extérieur du Canada. Comme toute grande organisation, nous ne sommes pas parfaits. Lorsque nous commettons des erreurs, nous en tirons les enseignements et nous apportons des changements. Ces dernières années, notre cabinet a sensiblement modifié ses normes professionnelles, ses politiques en matière de service à la clientèle et sa gestion des risques. McKinsey s’attache à respecter les normes éthiques les plus élevées qui soient. Nous sommes transparents à propos de ces changements et l’information les concernant se trouve sur le site Web mondial de McKinsey depuis plusieurs années.
Nous attachons une grande importance au pays et, surtout, nous cherchons à travailler là où nous savons que nous pouvons aider à améliorer les choses dans les collectivités dans lesquelles nous avons des activités.
[Français]
En conclusion, nous avons obtenu ces contrats, car les services que nous offrons répondent aux besoins du secteur public. Nous avons suivi les règles et effectué un excellent travail. Ce travail a créé de la valeur pour les Canadiens et les Canadiennes.
[Traduction]
Je serai heureux de répondre aux questions du Comité.
[Français]
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Palter, de votre présence aujourd'hui.
Je suis certaine que vous avez vu dans le budget hier que le gouvernement a dépensé 21,4 milliards de dollars en services de consultants externes. Il s'agit donc d'un sujet qui préoccupe beaucoup non seulement l'opposition politique, mais aussi les Canadiens.
Je suis certaine que vous avez vu que, vendredi, le gouvernement a publié des rapports de vérification sur son travail avec McKinsey. En fait, le processus d'approvisionnement pose des problèmes en ce qui concerne les contrats attribués à votre entreprise au cours de cette période.
Je vais revenir à un de nos témoins précédents, M. Dominic Barton. Les documents fournis au Comité nous ont appris que M. Barton a participé à une séance de travail avec la Banque de l'infrastructure du Canada en juillet 2020. C'était après son départ de McKinsey. Il était alors ambassadeur du Canada en Chine.
Quand M. Barton a comparu devant le Comité en février, il a déclaré qu'il n'avait rien à voir avec les contrats de McKinsey avec le gouvernement du Canada.
Pouvez-vous dire au Comité dans quels contrats que McKinsey a conclus avec le gouvernement depuis 2015 Dominic Barton est intervenu d'une manière quelconque, y compris en qualité d'associé émérite des opérations mondiales de McKinsey ou en tant qu'employé de McKinsey? Vous êtes dans l'entreprise depuis plus de 20 ans, comme vous l'avez indiqué, et je suis certaine que ces renseignements sont consignés.
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Le travail de McKinsey pour le gouvernement fédéral est toujours en complément de ce que fait le gouvernement fédéral. Il répond toujours à un besoin cerné par la fonction publique ensuite mis sur le marché, où il fait l'objet d'une demande de propositions ou d'une offre à commandes principale et nationale.
Comme je l'ai déjà mentionné, nous avons, par exemple, un ensemble de données. Ce sont des données exclusives. Elles appartiennent à McKinsey et à personne d'autre. Le gouvernement fédéral et la fonction publique ont décidé qu'il s'agit d'un ensemble de données très utiles pour mettre en oeuvre des décisions qu'ils prennent.
Par ailleurs, nous avons ajouté de la valeur par notre travail sur la transformation numérique, et je vous en ai dit quelques mots. Nous avons aidé le gouvernement fédéral à embaucher des personnes qui possèdent des compétences numériques. Le gouvernement essaie de se transformer et de se moderniser, et il a besoin pour cela de capacités numériques. Dans tous les contrats que nous concluons avec le gouvernement fédéral, il y a un élément essentiel qui est de renforcer ces capacités afin qu'il n'ait pas à dépendre d'entreprises comme la nôtre par la suite.
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Nous avons vu augmenter considérablement le recours aux services de conseil. Les néo-démocrates ne s'intéressent pas seulement à McKinsey, mais à l'ensemble du club des consultants chers à 100 millions de dollars et plus dont le revenu a quadruplé sous le gouvernement actuel et doublé sous le gouvernement Harper. Il s'est multiplié par dix en 10 ans, rien que pour ces six entreprises. C'est une croissance considérable,
Mme Amanda Clarke, de l'Université Carleton, a témoigné devant le Comité. Je suis certain que vous avez entendu parler d'elle. Elle nous a dit que la perte de capacité et de connaissances institutionnelles de la fonction publique continue de s'aggraver à mesure que le recours aux services de conseil augmente. C'est un cercle vicieux. Apparemment, le besoin de sous-traiter fait qu'on ne constitue pas cette capacité et ce savoir internes, ce qui fait que la prochaine fois qu'un problème ou un besoin survient, ils n'existent pas. La fonction publique n'est pas là et n'a pas les outils ou la capacité pour y faire face. Évidemment, on sous-traitera encore ce problème ou ce besoin, ce qui alimentera le cercle vicieux.
Pouvez-vous expliquer ce que fait McKinsey pour réduire cette perte, pour ce qui est des emplois dans la fonction publique? Plus particulièrement, que fait McKinsey pour s'assurer du transfert de connaissances aux fonctionnaires dans l'exécution des contrats avec le gouvernement?
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Je vous remercie. Il s'agit d'une question importante.
En théorie, la sous-traitance est le déplacement de personnes et de processus d'une organisation à une autre, l'idée étant de laisser l'autre organisation se charger de ce travail. McKinsey n'offre pas de service de sous-traitance.
Notre travail vise à répondre à une demande de la fonction publique qui cherche une capacité particulière dont elle a besoin. Là encore, l'exemple que je donnerai concerne la numérisation. Voilà comment nous travaillons: la fonction publique a une demande de mise en œuvre d'une transformation numérique. Nous aidons à définir une stratégie, une feuille de route, les besoins technologiques, les besoins organisationnels et les besoins en matière de capacités; nous aidons à concevoir et à démarrer l'exécution; nous aidons à trouver les personnes, à les embaucher, à les mettre en poste, à les former et à les rendre autonomes, afin qu'elles puissent appliquer ces compétences à d'autres processus qui doivent être numérisés.
S'il vous plaît, aidez-moi à comprendre et à mettre une chose au clair: nous avons vu les conservateurs faire des coupes dans la fonction publique. Nous les avons vus faire des coupes au ministère des Anciens Combattants. Nous les avons vus faire des coupes dans les effectifs et mettre en place un système de paie qui s'est révélé être un fiasco, le système de paie Phénix. L'externalisation se poursuit. Elle a monté en flèche à l'époque des coupes dans la fonction publique.
Pouvez-vous me donner un aperçu des prochaines tendances? Nous assistons à une montée en flèche de l'externalisation. J'imagine que des entreprises comme la vôtre investissent massivement dans la recherche et le développement, en ayant l'oeil sur l'objectif de développer leurs relations avec le gouvernement fédéral, parce que vous ne pouvez pas avoir un tel volume d'activités sans construire une infrastructure.
Où va cette tendance? Quel est l'objectif ultime, en fait d'augmentation du montant?
Monsieur Palter, avec tout le respect que je vous dois, je pense que la société pour laquelle vous travaillez est dégoûtante. Je pense que vos efforts pour blanchir sa conduite dans le monde entier ne tromperont personne qui connaît le bilan de McKinsey.
Ce sont des enjeux que nous prenons très au sérieux en tant que comité.
Vous dites que McKinsey refuse parfois du travail, vraisemblablement sur la base de certains critères éthiques, mais vous êtes une société qui a littéralement organisé une retraite pour des dirigeants d'entreprise à deux pas d'un camp de concentration à Kashgar et qui a ensuite prétendu ne pas être au courant du génocide des Ouïghours, alors que des constats à ce sujet figuraient dans tous les rapports de l'ONU et que cela avait déjà fait les manchettes.
Plus précisément, je voudrais vous poser la question suivante: vous affirmez que votre travail est guidé par l'indice de démocratie de The Economist. Cette affirmation me laisse sceptique. Pouvez-vous nous dire précisément pour quelles sociétés d'État russes McKinsey a travaillé depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en 2014?
Allez‑y, je vous en prie.
Monsieur, vous avez dit dans votre déclaration liminaire que McKinsey avait respecté toutes les règles et qu'il s'agissait de contrats concurrentiels évalués par des fonctionnaires. Toutes les règles ont été respectées. Nous avons reçu un discours similaire de la part de ministres.
Le problème, c'est que vos points à faire valoir ne sont pas à jour, car le gouvernement a publié vendredi un communiqué de presse disant qu'il y a « des indications que certaines procédures et exigences administratives n'ont pas été suivies de manière cohérente ». Je ne pense pas que le gouvernement publierait un communiqué de presse dans lequel il reconnaît ne pas avoir respecté toutes les règles dans le cadre de son contrat avec McKinsey s'il n'était pas sûr de ne pas avoir respecté les règles. Le gouvernement ne publierait pas un tel communiqué de presse, disant qu'il n'a pas respecté les règles s'il avait respecté toutes les règles.
Voulez-vous reconnaître que certaines exigences et procédures administratives n'ont pas été respectées de manière cohérente, et voulez-vous nous expliquer pourquoi cela s'est produit?
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Je vous remercie de m'offrir l'occasion de le faire.
Comme je l'ai dit, McKinsey est une société éthique. Comme j'y ai fait allusion, une partie de cette éthique consiste à reconnaître que nous avons fait des erreurs et que nous en avons tiré des leçons. Je pense qu'en conséquence, nous avons procédé à des changements spectaculaires au sein de notre entreprise au cours des dix dernières années afin de garantir le respect de l'ensemble des politiques et des procédures pour tous nos clients, partout, dans le monde entier.
Comme je l'ai dit, nous avons investi 600 millions de dollars dans la mise en place de systèmes de premier ordre, dans la formation du personnel et dans la modification de nos processus de conformité, en vertu desquels les employés doivent suivre une formation sur la conformité avant de recevoir leurs primes. Tout cela fait partie intégrante de notre ADN.
La deuxième chose que je dirais, c'est qu'en tant qu'entreprise mondiale, nous prenons grand soin d'essayer d'améliorer les collectivités dans lesquelles nous opérons et d'ajouter de la valeur en retour dans ces collectivités. Par exemple, au Canada, McKinsey a effectué l'an dernier plus de 7 000 heures de travail pro bono pour différentes organisations. La plupart de nos associés siègent au conseil d'administration d'hôpitaux, de banques alimentaires et d'autres organismes du genre, dans le souci d'améliorer les collectivités dans lesquelles nous sommes présents.
Comme je l'ai dit, tous nos employés se réveillent chaque matin en sachant que nous sommes une société éthique, guidée par des valeurs et dotée d'une très grande intégrité.
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Je pense qu'il y a probablement deux défis importants parmi tant d'autres. La liste pourrait être longue, mais je vais me concentrer sur deux d'entre eux.
Le premier est l'évolution rapide de la technologie. Comme tout le monde le sait, le secteur privé, qu'il s'agisse de banques, de compagnies d'assurance, de détaillants, de sociétés de biens de consommation emballés ou de fournisseurs d'électricité, évolue rapidement sur le plan technologique. ChatGPT en est le plus récent exemple. Cela va bouleverser pratiquement toutes nos vies.
En lien avec cette évolution, il y a la numérisation. Comment prendre des services et les numériser dans un monde où les gens ont des besoins très variés? Nous avons des problèmes de langue. Nous avons des problèmes de handicap, de fuseaux horaires et d'accès à la large bande. Essayer de résoudre tous ces problèmes est au cœur de ce que McKinsey fait en tant qu'entreprise et au cœur des problèmes auxquels le gouvernement est confronté. C'est la première chose.
La deuxième consiste à essayer de trouver un moyen de faire plus avec moins. Toutes les organisations essaient de trouver le moyen de faire plus avec moins. La demande est toujours à la hausse.
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Merci, monsieur le président.
Bien sûr, nous savons que vous travaillez avec des gouvernements du monde entier. Vous travaillez avec le gouvernement de la Russie, le gouvernement de l'Arabie Saoudite, le gouvernement de la Chine et les entités qui leur sont affiliées.
Vous avez demandé à vos employés de ne pas participer à une manifestation en faveur de la démocratie à l'appui de M. Navalny en Russie. Encore une fois, vous n'êtes peut-être pas au courant de ces choses, monsieur, mais c'est évidemment de notoriété publique.
Je voudrais revenir sur la fin de la dernière série de questions que j'ai posées. Vous dites que toutes les règles ont été respectées. Le gouvernement a reconnu dans un communiqué de presse vendredi que les règles n'avaient pas toutes été respectées. Les règles ont-elles toutes été respectées ou pas, monsieur?
Comme je l'ai dit, chaque contrat que nous concluons avec le gouvernement fédéral comporte un volet de renforcement des compétences.
Par exemple, comme je l'ai mentionné, lorsque nous avons travaillé sur la numérisation pour IRCC, une partie de notre contrat consistait à aider à mettre sur pied ce qu'ils appellent un laboratoire numérique. Il s'agit d'un groupe au sein d'IRCC qui est composé d'experts du numérique, de maîtres de Scrum, de scientifiques de données, d'ingénieurs de données, de concepteurs d'interfaces utilisateurs graphiques et de concepteurs de flux de production qui pourraient travailler dans le reste du gouvernement à la numérisation d'autres processus sans l'aide de McKinsey.
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Il s'agit là encore d'une question cruciale.
Tout d'abord, McKinsey prend très au sérieux la confidentialité des clients et la gestion de leurs données. C'est l'essence même de ce que nous sommes. Comme je l'ai dit, le fait que nous soyons en activité depuis 100 ans en appliquant ce modèle, que les deux tiers de nos clients sont des clients fidèles de longue date, prouve que nous savons gérer ces données.
En outre, nous sommes tenus de respecter les exigences du gouvernement fédéral en matière de gestion, d'intégrité, de sécurité et de protection des données. Nous avons des équipes internes entièrement spécialisées, au Canada et dans le monde, dont la seule tâche est de veiller à ce que nous respections ces règles et à ce que ces données soient protégées et sécurisées.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Palter, j'ai ici le rapport Audit interne des marchés de services de consultation attribués à McKinsey & Company par le gouvernement fédéral. Comme il a été dit, il a été publié vendredi dernier, durant la visite du président Biden. C'est quand même une étrange coïncidence.
J'ai devant les yeux la section intitulée « Résultats de l'objectif 2: Équité, ouverture et transparence ». J'y lis que l'objectif a été partiellement atteint. Ce n'est pas très reluisant. Selon le rapport, « l'exactitude de l'énoncé des travaux a posé des problèmes », et « il existe un risque que les travaux aient commencé avant l'entrée en vigueur du contrat ».
Est‑il monnaie courante pour McKinsey de commencer les travaux avant la signature d'un contrat?
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Le rapport se poursuit ainsi: « Le chargé de projet doit effectuer un suivi efficace pour veiller à ce que la prestation de services soit conforme aux dispositions du contrat, y compris son énoncé des travaux en matière de qualité, de normes et de niveaux de service. »
Comme je l'ai dit au tour précédent, il nous manque manifestement de l'information, que ce soit de la part de l'une des deux ministres qui rendent des comptes au Comité ou de celle de votre organisation.
Toujours selon le rapport, le « fournisseur n'a pas fourni les livrables conformément à l'énoncé des travaux du contrat », comme je l'ai dit dans ma question précédente. Je poursuis: « d'abord, le dossier n'a pas abordé toutes les technologies décrites dans l'énoncé des travaux (il n'a pas abordé la réalité virtuelle et la biométrie); deuxièmement, le dossier ne contenait pas de preuve — je crois que c'est un élément important pour les Canadiens — que le fournisseur avait soumis la présentation en français et en anglais; troisièmement, une seule présentation a été livrée, et non quatre présentations, comme il était énoncé dans l'énoncé des travaux. »
Nous avons déjà parlé du fait que seulement 25 % des livrables ont été fournis. Par ailleurs, il n'existerait aucune preuve que le fournisseur a soumis une présentation en français et en anglais. Étiez-vous au courant? Est‑ce que cela vous pose problème étant donné que le travail a été fait pour le gouvernement du Canada, et qu'il doit donc être conforme à ses règles en matière de langues officielles?
Merci, monsieur le président.
Le bilan de McKinsey est désastreux du point de vue de l'éthique et vous, monsieur, êtes censé répondre à nos questions à ce sujet. Or, beaucoup de choses semblent vous échapper. Vous n'êtes pas au courant du travail qui se fait en Russie et en Chine. Vous n'êtes pas au courant du manquement à certaines règles dans l'exécution de ces contrats. Vous n'êtes pas au courant du rapport d'audit interne dont ma collègue a parlé. Vous êtes incapable de répondre aux questions concernant l'existence ou non d'un conflit d'intérêts quand Andrew Pickersgill, votre prédécesseur, faisait des analyses pour le compte du conseil en matière de croissance du en même temps qu'il faisait des démarches pour obtenir des contrats du gouvernement. Or, pendant toute cette période, McKinsey n'a jamais été inscrite au Registre des lobbyistes.
Avant de conclure, j'aimerais savoir si Andrew Pickersgill pourrait témoigner devant le Comité étant donné qu'il a assumé la direction pendant une bonne partie de la période qui nous intéresse. Il pourrait nous aider à tirer au clair certaines questions auxquelles vous n'avez pas été en mesure de répondre, ou auxquelles vous n'avez pas voulu de répondre.
Savez-vous si M. Pickersgill serait prêt à témoigner devant le Comité?
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Palter, d'être des nôtres. Merci d'avoir fourni autant d'informations au Comité.
Je trouve essentiel de préciser que McKinsey a accédé à toutes les demandes du Comité. Je tiens aussi à souligner que la convocation de M. Pickersgill n'a pas été appuyée par une majorité de membres du Comité. Une seule personne a sollicité sa comparution. Le Comité devra déterminer si son audition sera nécessaire.
Si je ne m'abuse, le Comité en est à sa neuvième réunion sur la société McKinsey. Nous nous sommes laissés distraire de la question plus vaste et plus centrale de savoir si le gouvernement fédéral recourt trop à l'externalisation et, le cas échéant, de quelle manière il pourrait y recourir moins. En fait, le budget présenté hier propose de réduire les dépenses d'externalisation de milliards de dollars. Nous devrons y arriver.
Certaines personnes ont essayé de nous faire croire que c'est à cause de l'amitié entre Dominic Barton et le que McKinsey a obtenu tous ces contrats. Comme il nous l'a dit lui-même lors de son passage ici, et vous avez dit vous-même qu'il était inutile d'en dire davantage, M. Barton n'est pas un ami du premier ministre. Il ne fait même pas partie du cercle de ses 50 amis les plus proches. Ils ne se sont jamais côtoyés socialement. Il ne connaît pas le numéro de téléphone du premier ministre. Nous avons même découvert que les contrats de McKinsey avec le gouvernement du Canada ont augmenté considérablement après que M. Barton a quitté la société et s'est départi de toutes ses actions. S'il a essayé de décrocher des contrats pour McKinsey, c'est complètement raté.
Vous avez fait l'objet de critiques sévères concernant votre société, qui à mon avis étaient très injustes et j'aurais quelques brèves questions à vous poser.
Pouvez-vous nous parler de vos activités bénévoles au profit de l'organisme United Jewish Appeal, notamment?
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Merci, monsieur le président.
Hier, les membres du Comité ont reçu de la part de la Bibliothèque du Parlement l'état des documents demandés dans une motion qu'il a adoptée le 18 janvier. La motion du Comité exigeait la production de documents par McKinsey et les organisations fédérales qui lui ont octroyé des marchés. Le rapport que vous avez reçu met l'accent sur le degré de caviardage dans ces documents.
Comme en fait foi le rapport, McKinsey nous a depuis transmis 91 000 pages de documents dans leur version non caviardée.
Le rapport mentionne également que 20 organisations fédérales ont transmis des documents au Comité, dans une version caviardée dans la majorité des cas. Je pense que 16 organisations ont envoyé des documents caviardés, que 4 autres ont envoyé des documents non caviardés, et qu'une dernière a refusé de communiquer de l'information. À la fin du rapport, un tableau donne un aperçu du degré de caviardage des documents fournis.
Je m'arrête ici. Si les députés ont des questions, ils peuvent nous les adresser, à moi ou à Mme Ambrozas.
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Merci infiniment de nous avoir soumis ce document.
C'est une bonne chose, mais je trouve important, au vu de ce que révèle ce rapport, que nous informions la Chambre de ce qui s'est passé. Autrement, elle ne sera jamais au courant.
J'aimerais faire une modification ou un ajout à la fin du rapport. Je vais vous lire deux courts paragraphes pour qu'ils soient inscrits au compte rendu:
Le droit de procéder à des enquêtes et d'ordonner la production de documents est l'un des privilèges de la Chambre des communes en tant qu'institution.
Par conséquent, le Comité souhaite attirer l'attention de la Chambre sur ce qui semble constituer une atteinte à ses privilèges ou un cas possible d'outrage au Parlement et lui recommande de prendre les mesures qu'elle juge appropriées.
C'est l'ajout que je propose au rapport.
Même si j'aimerais vous faire croire que j'ai pondu ce texte, je me suis inspiré de rapports que d'autres comités ont présentés à la Chambre concernant des atteintes similaires aux privilèges de demander ou d'exiger la production de documents. À mon avis, cet ajout est nécessaire.
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Oui, monsieur le président. Je vous remercie de me donner l'occasion d'intervenir.
Je ne suis pas un membre du Comité, mais je suis le porte-parole conservateur en matière de langues officielles.
On m'a signalé, et un des analystes l'a aussi mentionné, que la firme McKinsey a fourni 91 000 pages de documentation pour l'étude du rapport par le Comité. De plus, différents ministères et organismes gouvernementaux ont aussi fourni de la documentation.
La procédure et les usages de la Chambre des communes précise ce qui suit:
Les ministères et organismes fédéraux sont tenus de présenter leurs documents aux comités dans les deux langues officielles. Toute autre personne, y compris un député, peut présenter des documents écrits dans l'une ou l'autre des langues officielles.
Cela ne vise donc pas les 91 000 pages fournies par la firme McKinsey; cela vise plutôt les documents fournis par les ministères.
Mme la greffière a reçu une lettre, le 25 mars dernier, dans laquelle le ministère de l'Emploi et du Développement social indiquait au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires qu'il n'était pas en mesure de fournir les documents dans les deux langues officielles.
Je vais lire une partie de cette lettre, signée par le sous-ministre de l'Emploi et du développement social, M. Jean‑François Tremblay:
Nous tenons toutefois à vous informer qu'afin de respecter cet engagement, certaines concessions ont été faites en ce qui concerne l'ordre des documents contenus dans la série de documents en français [...]
Je rappelle que La procédure et les usages de la Chambre des communes précise que les documents présentés aux comités doivent être dans les deux langues officielles. L'ouvrage sur la procédure ne précise pas qu'il faut faire des concessions.
Comme vous le savez, le Comité permanent des langues officielles étudie présentement le projet de loi , en vue de moderniser la Loi sur les langues officielles. Au Canada, il y a deux langues officielles, mais la seule qui est en déclin, c'est le français. À mon avis, il faut que cette information figure dans le rapport.
Selon moi, c'est inacceptable de faire des concessions relativement à une des deux langues officielles, que ce soit l'anglais ou le français. Dans ce cas-ci, il s'agit du français. Ce sera une question délicate tant et aussi longtemps que le Canada sera un pays bilingue. J'insiste sur le mot « bilingue »; au Canada, cela inclut l'anglais et le français. Je rappelle que la gouverneure générale du Canada est bilingue, mais qu'elle ne parle pas français.
C'est important que la greffière et les membres du Comité réalisent que les droits des députés qui ne parlent que le français sont brimés. Il s'agit pourtant d'un droit parlementaire. En tant que député du Parlement, je pense que c'est la moindre des choses de respecter ce droit.
Je vais poursuivre la lecture de la lettre du sous-ministre. On explique pourquoi les documents français n'ont pas été fournis à temps en disant que c'est « en raison de limitations technologiques qui ne peuvent être résolues dans les délais actuels ».
Comment peut-on agir de la sorte? Comment les membres du Comité peuvent-ils accepter cette situation? Le droit des parlementaires est brimé, et cela touche indirectement le respect de l'une de nos deux langues officielles.
J'aimerais que ce soit noté dans le rapport ou que l'étude de ce rapport soit reportée, vu que les parlementaires qui travaillent en français n'ont pas tous eu accès à la même information, ce qui est inacceptable.
Je trouvais important de vous le communiquer, monsieur le président. En effet, tant et aussi longtemps que le Canada sera un pays bilingue, nous serons tenus, comme parlementaires, de faire en sorte que l'usage des deux langues officielles soit respecté et que les procédures de la Chambre des communes, qui obligent tous les ministères et les organismes fédéraux à fournir les documents en français et en anglais, soient respectées également. Il ne faut pas que cela se fasse en faisant des concessions ou en réduisant le texte.
Je vous donne l'exemple d'un document que vous avez reçu ici, qui contient 800 pages en français et 1 000 pages en anglais. Or une analyse des documents qui sont traduits nous permet de savoir que le nombre de mots d'un document traduit de l'anglais vers le français est plus élevé de 10 %. Dans ce cas-ci, il manquerait donc au minimum 300 pages au document.
Qu'est-ce qui, dans cette information, n'est pas accessible aux députés francophones?
Il est important, je crois, que cela soit porté à votre attention et pris en considération pour qu'une telle situation ne se reproduise pas. Selon moi, la rédaction du rapport devrait être reportée d'ici à ce que tous les membres de ce comité aient accès à la totalité des documents, en français comme en anglais. Ils devront être traduits d'une manière acceptable de façon à respecter la signification ou l'interprétation de chacun des mots.
Voilà, monsieur le président. Je m'excuse, je ne veux pas être...
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Je veux parler du moment où j'ai lu la lettre du sous-ministre Tremblay. Je sais que j'ai un certain caractère, qui peut être assez explosif. Je tiens néanmoins à exprimer calmement ma consternation et ma déception devant cette lettre, qui laisse entendre qu'il est plus acceptable d'être une personne unilingue anglophone qu'une personne unilingue francophone, au Canada. On semble se dire que, au fond, les francophones doivent être capables de lire l'anglais, car c'est la langue de la majorité. Qu'ils se débrouillent donc. S'ils ne comprennent pas toutes les métaphores, ce n'est pas grave.
J'aimerais qu'on arrête de nous prendre pour des citoyens de seconde zone.
Est-il jamais arrivé que des documents ne soient pas traduits en anglais, que des anglophones ne reçoivent pas des documents au même moment que les francophones ou qu'ils reçoivent moins de documents que les francophones parce qu'on a décidé de faire des concessions quant à la traduction en anglais? Je serais curieuse de savoir ce qu'on répondrait à cette question, puisque, de mémoire, ce n'est jamais arrivé au Parlement.
Je vois que certains de mes collègues sont attentifs, mais j'en vois aussi qui utilisent leur téléphone ou leur ordinateur et qui ne font que confirmer, par leur attitude, ce que je dis. Des termes non parlementaires me viennent à l'esprit, et je me retiens de les dire.
Je prends la peine de lire chacun des documents. Je suis même forcée de lire les documents dans les deux langues officielles, parce qu'il y a parfois plus de caviardage en français qu'en anglais, ou encore parce que la traduction fait parfois franchement pitié. Avez-vous une idée de la charge de travail que cela implique? Je fais tout cela parce que je tiens à ce que l'argent des contribuables soit bien investi et qu'il n'y ait pas de gaspillage. Si cela permet de constater, à la fin d'une étude, qu'il n'y a pas eu de gaspillage, je vais être contente et satisfaite de mon travail.
Toutefois, j'aimerais que vous réalisiez ce que cela implique pour un francophone d'avoir à travailler deux fois plus parce que la traduction n'est pas faite ou est incomplète. C'est une insulte. C'est inacceptable. C'est une gifle historique. Il faut que ce soit écrit dans le rapport, et ce rapport doit être envoyé à la Chambre. C'est assez.
Ce n'est pas seulement au Québec qu'il y a des francophones. Il y en a partout au Canada, et chacun et chacune de ces francophones ont le droit d'être respectés. Ces documents ne sont pas forcément publics, mais, même dans les documents publics, ces problèmes surviennent. Je ne parle même pas des fautes de grammaire ou de syntaxe. Je parle de grossières erreurs et de documents incomplets. C'est assez.
Je vais vous dire ce que je pense d'une lettre comme celle-là, et je vais vous le dire en anglais pour que ce soit très clair.
[Traduction]
It's a piece of crap.
[Français]
Je suis désolée, je sais que c'est un langage non parlementaire, mais c'est exactement cela, et il faut que ce soit dit.
Merci.
:
Monsieur le président, je veux intervenir, parce que je crois qu'il y a deux sujets, ici.
Le premier est celui soulevé par M. Godin et Mme Vignola. Il est inacceptable qu'il y ait plus de caviardage dans la version française, ou que la version française soit incomplète, ou qu'un sous-ministre utilise des mots comme cela. Il ne semble pas au courant du fait qu'il a une obligation de donner des documents dans les deux langues officielles au Comité. Il y a clairement un problème sur ce point. Nous devrions peut-être demander au signataire de la lettre de comparaître devant le Comité, pour qu'on le lui explique.
Le second sujet découle du fait que nous avons demandé des milliers de documents en même temps à des services de partout au gouvernement. Ces documents, selon les politiques contractuelles du gouvernement, ne sont pas nécessairement disponibles dans les deux langues officielles à l'instant où le Comité les demande. C'est évident. Selon une de nos politiques, nous faisons de la sous-traitance avec des compagnies dans la langue officielle de leur choix. En effet, il se pourrait qu'une compagnie ait toute une série de contrats en français ou en anglais et que, quand le Comité demande tous ces contrats et les documents afférents, il doive faire traduire tous ces documents. Dans le cas actuel, il s'agit de la traduction, je crois, d'une centaine de milliers de pages vers le français ou vers l'anglais.
Ce n'est donc pas quelque chose de facile, et le Comité doit en tenir compte. Si nous imposons des délais très courts, il est quasiment impossible de remettre une bonne traduction au Comité. Si nous insistons sur le respect des délais que nous imposons ou sur la fourniture d'une grande série de documents, au lieu de documents précis, cela peut aggraver la situation. C'est le cas ici, pour ce qui est de la traduction de tous ces documents.
Je crois que la responsabilité du problème est partagée entre les ministères, mais aussi avec le Comité, en raison des délais imposés et de la multitude de documents que nous avons demandés.
Cependant, en effet, pour ce qui est de la qualité de traduction et de l'intention de la lettre du sous-ministre, je crois que le Comité devrait demander à ce monsieur de comparaître devant lui pour qu'il puisse expliquer sa lettre. Nous pourrions transmettre la question de la traduction à la Chambre, car c'est un élément important.
[Traduction]
En ce qui concerne la question des documents eux-mêmes, monsieur le président, je tiens à éclaircir les choses. Je crois que c'est surtout vous que j'espère voir agir ici. Pour ma part, j'ai quelques questions.
McKinsey a d'abord fourni des documents expurgés. Nous avons répondu: « Non, ce n'est pas acceptable. Veuillez nous fournir des documents qui ne sont pas expurgés et nous vous accorderons la possibilité de justifier ce qui ne devrait pas être rendu public, d'après les documents que vous nous fournissez maintenant », ce que McKinsey a alors accepté.
Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais il ne me semble pas que nous ayons explicitement indiqué cela aux ministères. À mon avis, monsieur le président, la prochaine étape serait pour vous de revenir vers les ministères et de leur dire: « Nous vous avons demandé des documents non expurgés. Nous avons envoyé la même lettre à tout le monde et vous n'avez pas fourni de documents non expurgés. McKinsey a fourni tous les documents sous forme non expurgée. SPAC, le ministère principal, a fourni ses documents dans un format non expurgé. Nous attendons de vous que vous vous conformiez à cet ordre et que vous nous fournissiez des documents non expurgés. Si vous estimez que certaines dispositions ne devraient jamais être rendues publiques, veuillez fournir au Comité toutes les raisons pour lesquelles une partie ne devrait pas être rendue publique, et nous serons ravis d'examiner toutes vos demandes. Nous serions ravis d'examiner toutes vos demandes. Fournissez-nous cela avant la date X ».
S'ils n'obtempèrent pas à ce moment‑là, je serais heureux de dire que la question sera renvoyée, mais je voudrais donner une directive claire à la présidence pour qu'elle réponde aux ministères avec un message très explicite pour tous les ministères qui n'ont pas obtempéré, exactement comme vous l'avez fait dans le cas de McKinsey.
Pour moi, sur cette question, la question des documents, monsieur le président, j'aimerais que ce soit la prochaine étape plutôt que de simplement envoyer ce rapport à la Chambre.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Je vais répondre à cette question.
Nous avons eu beaucoup de problèmes avec les ministères. Je pense que dans le cas d'EDSC, c'est la cerise sur le sundae en plus du refus de se conformer au Parlement. Nous leur avons donné de multiples possibilités et écrit plusieurs fois à chacun des ministères qui ont refusé. Nous avons entendu en comité deux vice-ministres différents dire, en présence de leurs ministres, qu'à leur avis, ils n'étaient pas tenus de se conformer.
La correspondance venant des ministères est presque... Mme Vignola a dit qu'elle ne voulait pas utiliser de langage non parlementaire. J'en suis là, également. C'est presque de l'arrogance. Ils ont cité la loi, ils ont dit que c'était une violation de la Constitution que d'obéir à un ordre du Parlement et qu'ils suivaient une pratique passée consistant à ignorer le Parlement en refusant de remettre ces documents. L'un des ministères a déclaré sans ambages: « Non, nous ne vous donnerons rien ».
Je pense que ce comité s'est plié en quatre et s'est montré conciliant. Beaucoup de documents sont arrivés en retard. C'est comme si, bon, nous aimerions que vous respectiez une date exacte. Nous avons repoussé les dates. Dans l'ensemble, ces ministères...
Nous avons écrit plusieurs lettres, de moins en moins polies, à encore moins polies et de plus en plus directes, leur rappelant la motion, ainsi que les pouvoirs du Comité. Ils ont répondu: « Non, nous suivrons les règles de l'AIPRP » ou « Nous ne les fournirons pas ». Nous avons entendu, je crois, l'ASFC dire au sein de ce comité: « Nous prendrons la question en délibéré » et qu'elle devait trouver un équilibre.
Je suis désolé de monter sur mes grands chevaux. Nous avons donné à ces ministères toutes les chances de le faire. Puis, aujourd'hui, un d'eux revient avec une gifle.
Mon français est franchement très mauvais. En sept ans, j'ai parlé français deux fois à la Chambre. J'ai essayé, mais il n'est pas bon. Cependant, nos règles et nos lois stipulent que les deux langues doivent être parlées. Nos règles et nos lois précisent également, dans le livre vert, très clairement, les pouvoirs du Comité.
Ce n'est pas une fois. Il nous est arrivé d'envoyer trois ou quatre lettres pour demander cela. Nous recevons littéralement la réponse suivante: « Non, nous ne sommes pas intéressés. Nous ne pensons pas devoir le faire. »
Je veux bien que le Comité fasse une nouvelle tentative, mais nous leur avons signifié à plusieurs reprises, clairement et sans ambiguïté, ce qu'on attend d'eux. Si c'est la volonté du Comité, je le ferai.
C'est M. Godin, M. Barrett, Mme Vignola et ensuite M. Kusmierczyk.
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Merci, monsieur le président.
En fait, en réponse à mon collègue, je dirai qu'il ne faut pas faire dans la facilité. Le Canada est bilingue. On y parle le français et l'anglais. Ce n'est pas une question de niveau de facilité.
Dans la lettre du sous-ministre Tremblay, on demande de l'indulgence, comme si, pouvoir parler français et avoir le même accès à l'information, c'était demander la charité.
Je pense que la question va au-delà de la facilité. Il faut qu'elle soit prioritaire.
J'ai une suggestion à faire. N'étant pas un membre permanent de ce comité, j'aimerais faire une suggestion d'amendement afin qu'il y ait une mise à jour dans le rapport pour qu'il tienne compte de la question des langues officielles. Je trouve important que cela soit inscrit. On pourra citer l'exemple des documents fournis par Emploi et Développement social Canada.
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D'accord. Je serai heureux de proposer l'amendement approprié une fois que nous aurons éliminé l'amendement qui est actuellement à l'étude, mais je ne crois pas que je peux amender mon amendement.
Je ne demanderai qu'une seule chose, très vite.
Je vous remercie de votre intervention concernant l'équité qui a été offerte aux ministères. Elle est incluse dans la lettre. Elle parle de la motion adoptée par le Comité le 6 mars et de la lettre envoyée deux jours plus tard à tous les comités. C'est à ce moment‑là que les membres du Comité ont soulevé la question du privilège et que le président a proposé, si je me souviens bien, d'envoyer d'autres lettres. D'autres lettres ont été envoyées.
Nous ne devons demander qu'une seule fois ce que les ministères sont légalement tenus de nous fournir. Ils ont eu de multiples chances et beaucoup de temps. Ils ont manifesté, comme le prouvent de nombreuses lettres, un manque de volonté ou le refus d'obtempérer.
Si nous en sommes là, ce n'est pas parce que le Comité n'a pas offert suffisamment de possibilités de le faire, comme le prouve le rapport préparé par les analystes.
Monsieur le président, nous avons dépassé 18 h 30. J'aimerais savoir combien de temps il nous reste. Je crois que nous devons régler une bonne fois pour toutes cette question importante aujourd'hui, car nous n'aurons plus l'occasion d'en reparler avant plusieurs semaines. Je ne voudrais pas que nous perdions des ressources avant d'avoir réglé le problème.
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Je vais d'abord répondre à mon collègue concernant le fait que l'échéancier était serré et que les documents étaient longs à traduire. En fin de compte, c'est toujours le français qui écope. C'est continuellement le français. Vous vous insurgeriez autant si cette lettre demandait aux anglophones la même indulgence.
Comprenez-moi bien, je ne fais pas une guerre entre les anglophones et les francophones. On n'est plus en 1759 à la bataille des plaines d'Abraham. C'est terminé. On pourrait en reparler longtemps.
Personne n'accepterait ces mots si des documents en français n'avaient pas été traduits en anglais. On nous demande continuellement de l'indulgence et des concessions. Comme je le disais tout à l'heure, c'est toujours le français qui écope. Or nous existons, et nous avons l'intention de continuer d'exister. Nous comptons. Jusqu'à preuve du contraire, nous faisons partie de ce qui s'appelle le Canada actuellement. Nous avons droit au respect comme tout le monde.
La mise à jour, je vais la pousser parce que c'est en lien avec une demande formelle et officielle, les deux pieds bien sur terre et ancrés de respect.
Je demande donc que l'enjeu des langues officielles concernant la traduction des documents soit inscrit au rapport. Cette lettre de la part d'ESDC pourrait aussi être jointe à titre d'exemple.
Nous comptons. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens simplement à dire qu'à mon avis, nous sommes tous unis à ce Comité pour ce qui est de comprendre et de reconnaître la gravité de ces deux questions: la question du bilinguisme et la question de forcer les ministères à répondre aux demandes du Comité.
J'appuie le sous-amendement de Mme Vignola et demande que ce soit inclus dans le rapport.
Je propose une étape supplémentaire, si vous le permettez, ou une étape intermédiaire, avant que nous n'envoyions le rapport à la Chambre, afin de donner aux ministères concernés la possibilité de se conformer. Ce que je recommande, c'est que nous indiquions explicitement dans la communication... J'aimerais voir une lettre aux ministères, les informant de notre intention de présenter ce rapport à la Chambre, afin qu'ils comprennent que le Comité est prêt à prendre la mesure de présenter ce rapport directement à la Chambre des communes. Cela ferait état de la gravité de la situation et permettrait aux ministères de bien comprendre notre intention et ce que nous sommes prêts à faire. Cela leur donnerait également la possibilité de se conformer à nos demandes.
C'est une étape supplémentaire. C'est responsable, c'est pragmatique et, encore une fois, cela démontre aux ministères à quel point nous prenons cette question au sérieux. Cela signale sans équivoque que nous avons l'intention de soumettre cette question à la Chambre et leur donne une dernière chance de se conformer.
Je pense que c'est quelque chose de sensé, et je voulais donc soumettre cela à l'examen du Comité.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue d'avoir fait un compromis sur cette question et essayé de trouver un arrangement. Le 10 avril, nous ne serons évidemment pas ici. La Chambre ne siège pas, et nous ne serons pas ici en comité. Je me demande si mon collègue pourrait envisager la possibilité de nous permettre de nous réunir en comité le lundi de notre retour, c'est-à-dire le 17 avril. À ce moment‑là, nous verrons où en est notre dernière demande et nous prendrons alors une décision.
Cela nous permet simplement d'obtenir de l'information et de voir quelle est la situation finale. Si nous prenons cette décision, je ne me sens pas à l'aise avec une date butoir qui tombe pendant que nous ne siégeons pas et quand nous ne savons pas où en est cette demande.
Mon collègue accepterait‑il que nous prenions simplement cette décision le 17 avril? Je pense que vous obtiendriez un soutien unanime pour cette motion. Une fois de plus, cela souligne à quel point cette question est grave.
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En toute honnêteté, nous voulions que cela se fasse aujourd'hui. Nous avons donné plusieurs chances aux ministères. Nous leur avons accordé deux semaines de plus pour se conformer... Si tout le monde dit qu'il est inapproprié pour les ministères de ne pas se conformer à un ordre du Comité, ce sera vrai demain, et c'était vrai hier. Par conséquent, si nous ne donnons qu'une deuxième et une troisième chance, ils n'ont pas plus de renseignements à fournir. Ils doivent fournir les documents non expurgés. S'il s'agit simplement d'un malentendu et qu'ils ne savaient pas que nous allions renvoyer l'affaire à la Chambre, ils le savent maintenant. Si nous revenons et que nous passons plus de temps sur le sujet, rien n'aura changé entre aujourd'hui et ce moment‑là.
Pour être clair, je pense que le renvoi à la Chambre n'a que trop tardé. Je pense que nous encourageons ce que nous permettons. En n'ayant pas encore réglé ce problème, nous encourageons d'autres comportements malvenus. Je pense que le moment est venu.
Si cela peut réconforter d'autres membres du Comité qu'une semaine suffise... Le délai de deux semaines a perturbé certains de mes collègues, qui ont dit que c'était trop long. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de revenir sur le moment où nous siégeons. Le premier jour de la reprise des travaux de la Chambre, le président du Comité a la possibilité d'informer la Chambre.
Je pense que c'est raisonnable.
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Merci, monsieur le président.
Je voulais simplement répéter que nous soutenons absolument les deux piliers des motions qui ont été présentées ici. La gravité de la situation sur le plan de la traduction bilingue appropriée de tous les documents est absolument cruciale. C'est fondamental, non seulement pour le travail de ce comité, mais aussi pour tous les Canadiens, en tant que pays bilingue.
En même temps, je prends très au sérieux la nécessité d'envoyer un message pour faire en sorte que les ministères se conforment à nos demandes et que nous puissions voir tous les documents non expurgés. C'est la demande initiale que nous avons formulée. Nous sommes très sérieux sur ce point.
Je pense qu'il nous manque une étape, à savoir l'envoi d'une dernière lettre aux ministères pour qu'ils comprennent bien notre intention. L'intention de ce comité est d'envoyer un rapport à la Chambre des communes soulignant que certains droits fondamentaux du Comité ont été violés.
Ce que j'aimerais voir, et ce qui, je pense, donnerait plus de force et de sens à cette lettre, c'est un soutien unanime de cette lettre et que nous puissions dire qu'à chaque tournant, à chaque étape, les ministères et les départements ont été informés de notre intention, de notre plan, et qu'ils ont eu toutes les possibilités de se conformer à cette demande.
La raison pour laquelle je dis lundi... Je sais qu'il s'agit d'une différence de quelques jours, mais cela permet deux choses. Premièrement, les ministères disposent de dix jours ouvrables pour se conformer à la demande, ce qui signifie qu'à ce moment‑là, ils n'ont absolument aucune excuse. Ils savent parfaitement et en toute connaissance de cause qu'ils n'ont pas respecté la demande, qu'ils sont en contravention.
Cela donne également au Comité la possibilité de se réunir, de consulter la demande, de voir quels ministères ne l'ont pas respectée et de débattre du résultat de cette correspondance finale en séance publique, pour que tout le monde puisse en prendre connaissance.
Voilà ce que cela fait, à mon avis. Cela garantit une responsabilité maximale, offre une transparence maximale et nous permet de prendre cette décision en tant que comité, et je l'espère à l'unanimité, afin d'envoyer un message réel et fort à la Chambre, à savoir que de tels agissements sont inacceptables. Je pense qu'il y a ici un soutien unanime.
Je voudrais donner aux ministères, comme je l'ai dit, 10 jours ouvrables. La Chambre ne siège pas. Nous reviendrons lundi. Nous verrons quels sont les résultats de cette lettre. Ensuite, nous prendrons cette décision à l'unanimité en tant que comité. Je pense que cela ne ferait que souligner la gravité de la situation pour tous les députés, pour tous les comités et pour la Chambre des communes.
Encore une fois, je tiens à reconnaître la souplesse...
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Nous sommes tout à fait d'accord pour reconnaître la gravité de la situation, à la fois sur la question de la langue et sur la question de veiller à ce que lorsque le Comité demande aux ministères de fournir des documents non expurgés, ceux‑ci nous parviennent non expurgés.
Ce que nous proposons simplement, c'est d'envoyer une dernière lettre aux ministères et aux services concernés, ceux qui n'ont pas répondu à notre demande, pour leur faire part de notre intention: s'ils ne s'exécutent pas dans les 10 jours ouvrables, nous enverrons un rapport à la Chambre des communes.
C'est ce que nous demandons. Ce que nous demandons, c'est simplement de nous réunir en comité le lundi, à notre retour des vacances de Pâques, pour voir quels ministères ont répondu ou n'ont pas répondu. Nous pourrons en parler, puis voter, et voter à l'unanimité, pour soutenir cette motion — si c'est effectivement le cas, s'il y a des ministères ou des départements qui n'ont pas donné suite à notre demande.
Je pense qu'il s'agit d'une mesure pragmatique et sensée. Elle permet aux ministères de bien comprendre ce que nous attendons d'eux. Elle leur indique clairement quel est notre plan. À ce moment‑là, s'ils n'obtempèrent pas, nous ferons part de la gravité de la situation à la Chambre des communes, et il n'y aura pas l'ombre d'un doute qu'ils avaient bien compris notre intention et le sérieux avec lequel nous prenons cette situation.
Tout ce que je demande, c'est une différence de cinq jours pour que ce comité ait la possibilité de se réunir et de voir où en est notre dernière demande aux ministères et aux services qui ne sont pas en conformité. C'est tout ce que nous demandons, un délai de 10 jours ouvrables.
Encore une fois, je respecte et je remercie mon honorable collègue pour sa flexibilité. Je demande un peu de souplesse sur ce point. Je pense que cela ne fera que renforcer notre position à l'avenir en ce qui concerne le message que nous voulons envoyer et le rapport que nous voulons envoyer à la Chambre des communes. C'est ce que je demande à ce stade, un peu de souplesse, et nous sommes prêts à voter aujourd'hui.