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Bonjour et bonne année à tous.
Je déclare la séance ouverte. Bienvenue à cette 97e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes, aussi connu sous le nom d'OGGO.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 octobre 2022, nous nous réunissons aujourd'hui pour étudier l'application ArriveCAN.
Je vous rappelle de ne pas approcher votre oreillette de votre micro, car cela crée une réverbération susceptible de causer des blessures. J'informe également tout le monde que le témoin que nous allons entendre par vidéoconférence a effectué les tests de connexion d'usage avant la réunion.
M. Brennan est avec nous en mode virtuel.
Monsieur Brennan, je pense que vous êtes à Toronto. Je vous informe que vous disposez de cinq minutes pour nous livrer votre déclaration liminaire. La parole est à vous. Veuillez commencer.
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je m'appelle Vaughn Brennan. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui et d'avoir l'occasion de répondre aux affirmations et aux allégations qui ont été prononcées contre moi dans les médias et lors des témoignages d'autres personnes qui ont comparu devant vous.
L'incident a de quoi surprendre, mais les allégations portées contre moi sont fausses. On a dit que j'étais un initié des milieux politiques qui côtoyait les sous-ministres adjoints. On a dit de moi que j'étais l'homme qui a élaboré l'analyse de rentabilité de 500 millions de dollars qui a conduit à lacréation de Services partagés Canada et que j'étais un lobbyiste qui avait de nombreuses relations au sein du gouvernement, ici, à Ottawa. On a exprimé des préoccupations au sujet d'un commentaire que j'ai fait selon lequel des millions de dollars étaient « une goutte d'eau dans l'océan ».
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je ne suis pas un lobbyiste et je ne l'ai jamais été. Je travaille comme consultant professionnel à Ottawa depuis plus de 20 ans et j'ai noué quelques contacts au cours de cette période. Cependant, je ne côtoie pas de sous-ministres adjoints et je ne dispose pas de relations étendues au sein du gouvernement; je n'ai d'ailleurs jamais prétendu en avoir.
Il est faux de dire que je suis le mentor de M. Firth. Je ne suis pas le mentor de M. Firth et je ne l'ai jamais été. Je ne connais pas M. Firth personnellement, mais j'ai eu affaire à lui professionnellement à plusieurs reprises au fil des ans. Je ne peux pas parler des conversations entre témoins ni des témoins ou des rapports, car je n'en ai pas eu connaissance. Je réitère toutefois que les affirmations et les allégations formulées contre moi sont fausses.
Je suis un consultant professionnel, un mari et un père de famille. En tant que consultant professionnel, je travaille avec les secteurs public et privé dans la région de la capitale nationale. Dans le secteur public, mes services consistent notamment à démontrer comment les priorités et les orientations du gouvernement du Canada s'aligneront sur les normes et les meilleures pratiques de l'industrie, la consolidation de l'architecture des activités, la gestion du changement, la conception organisationnelle ainsi que sur la transformation organisationnelle au chapitre de la gestion de l'information et de la technologie de l'information.
J'ai rencontré M. Firth il y a plus de 10 ans et j'ai maintenu une relation professionnelle avec lui. M. Firth me contacte pour me faire part des possibilités de travail qui, selon lui, pourraient être dans mes cordes. Au cours des dix dernières années, j'ai réalisé deux projets distincts pour l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, et cela s'est fait par l'intermédiaire de GC Strategies.
Tout d'abord, j'ai dressé un inventaire des projets de transformation pour le Bureau de la transformation, en conformité avec les principes de gestion du changement en vigueur dans l'industrie. Deuxièmement, j'ai établi comment l'ASFC pouvait standardiser l'adoption de l'approche de gestion de projet Agile dans l'ensemble du ministère afin d'optimiser le fonctionnement de l'organisation.
C'est M. Firth qui m'a présenté à Botler — Mme Dutt et M. Morv — en novembre 2019. En septembre de cette année, M. Curry du Globe and Mail m'a informé d'allégations de factures et de CV frauduleux concernant le rôle que Mme Dutt et M. Morv avaient joué au sujet d'une autorisation de travaux associée à un contrat attribué à Dalian et Coradix.
Je ne figurais pas sur l'autorisation de travaux et je n'ai pas été engagé comme sous-traitant par Mme Dutt et M. Morv pour travailler sur l'étude de faisabilité. Mon contrat a été conclu directement avec Botler et il portait sur la prestation de services consultatifs, d'aide à la recherche, de compilation de documents et de rédaction de rapports.
Après notre réunion de 2019, j'ai parlé et interagi avec Mme Dutt et M. Morv à l'occasion. J'étais ravi de travailler avec Botler, une petite entreprise canadienne dont la stratégie pourrait aider le gouvernement fédéral à prévenir et à traiter les problèmes liés au harcèlement. On m'a demandé de rédiger une lettre de marketing adressée à la . La lettre a été modifiée par Botler et GC Strategies, et nous avons alors envisagé de l'envoyer également au chef de cabinet de la ministre Freeland. Les Services d’annuaires gouvernementaux électroniques, ou SAGE, auxquels tous les Canadiens peuvent accéder sur le site Web du gouvernement du Canada, ont été utilisés pour veiller à ce que l'approche marketing de Botler corresponde à la hiérarchie du cabinet de la vice-première ministre. La plupart de nos discussions en matière de marketing étaient basées sur des scénarios hypothétiques.
Au début de l'année 2021, j'ai signé un contrat avec Botler — du 1er février 2021 au 1er août 2021 — pour prêter main-forte aux stratégies de recherche et de marketing de la firme. Au total, j'ai facturé mes services à Botler pour un montant de 2 565,10 $.
On a dit que j'avais affirmé que les droits d'obtention d'une licence étaient « une goutte d'eau dans l'océan ». Bien que cela soit exact, ma déclaration a été mal interprétée. Ma remarque était conjecturale et se fondait sur les résultats d'un examen des données publiques concernant les problèmes de harcèlement à la Gendarmerie royale du Canada, au ministère de la Défense nationale, au Service correctionnel du Canada et à l'Agence des services frontaliers du Canada, ainsi que sur les conclusions énoncées dans le rapport de la vérificatrice générale. Par exemple, en septembre 2022, la Cour fédérale du Canada a autorisé un recours collectif de 1,1 milliard de dollars contre la GRC en raison d'allégations d'intimidation et de harcèlement.
J'ai été invité à témoigner devant le Comité au sujet de l'application ArriveCAN de l'ASFC le 31 octobre 2023. J'ai d'abord décliné l'invitation parce que cela devait porter sur l'application ArriveCAN proprement dite, application sur laquelle je n'ai jamais travaillé.
Ma vie personnelle et professionnelle a beaucoup souffert des attaques qui ont ciblé ma réputation et mon intégrité au cours des derniers mois. Cela a eu des effets négatifs sur la santé mentale et le bien-être de ma femme, de mes enfants et de moi-même.
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de répondre aux allégations faites à mon sujet et de vous faire part des faits de manière ouverte et franche.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, bonne année à vous, ainsi qu'à tous les membres du Comité qui sont ici aujourd'hui et à ceux qui en remplacent d'autres.
C'est un plaisir de voir le comité des opérations gouvernementales à nouveau réuni. Félicitations à tous les membres pour avoir fait en sorte que notre comité ait été nommé meilleur comité de la Chambre des communes. C'est une grande réussite pour nous tous.
Monsieur Brennan, je vous remercie d'avoir saisi cette occasion d'être là aujourd'hui.
ArriveCAN a été un dur coup pour notre pays. C'est la pierre de touche des scandales pour ce gouvernement qui est devenu un synonyme du mot « scandale ». Parlant de scandales, je pourrais en évoquer d'autres comme celui de la caisse noire environnementale et celui de l'organisme UNIS. À la suite de ces scandales, de nombreux membres du gouvernement, y compris des ministres en poste et d'autres qui ne le sont plus, ont été offerts en sacrifice. Cette semaine, dans le Globe and Mail, on apprenait que deux fonctionnaires ont aussi été livrés en pâture par le gouvernement libéral parce que les ministres libéraux ne veulent pas assumer la responsabilité de leur supervision dans l'affaire du scandale d'ArriveCAN. Dans ce cas particulier, cela a conduit à des enquêtes de l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, et de la GRC. Ces enquêtes continuent d'éreinter non seulement d'anciens employés de l'ASFC et du ministère de la Sécurité publique, mais aussi des personnes de l'ensemble de la fonction publique que l'on invite à s'avancer afin de parler de ce qu'elles ont vu, de leurs communications avec les cadres supérieurs et de leurs communications avec les ministres.
Malheureusement, lorsque nous avons découvert cette affaire au cours de l'automne, la plupart des observations que j'ai entendues personnellement ou qui ont été relayées sur les médias sociaux étaient liées à vous et à votre relation avec la et son cabinet. Je pense qu'il ne s'agit que d'une des nombreuses personnes impliquées dans ce scandale, sans parler de ces deux personnes qui ont été en mesure d'écrémer 11 millions de dollars en travaillant dans leur sous-sol et en faisant très peu de choses. Elles ont en outre commis des délits de modification frauduleuse de curriculum vitæ et peut-être même des délits de collusion.
Si nous vous avons convoqué ici aujourd'hui, c'est parce que nous voulons absolument savoir qui se trouve au sommet dans cette affaire.
Monsieur Brennan, vous avez commencé à parler de cela dans votre témoignage, et je vous en remercie. Combien de cadres diriez-vous connaître personnellement dans la fonction publique canadienne?
Un peu comme l'a dit mon collège M. Sousa, le cœur de cette étude n'est pas le contrat avec Botler AI ni même avec celui avec GC Strategies, mais bien ArriveCAN et ses coûts. La situation concernant Botler AI a révélé une pratique qui semble être acceptée par le Canada, mais qui soulève plusieurs interrogations sur divers sujets comme la surfacturation et les multiples intermédiaires. Elle soulève aussi des questions quant au mécanisme de contrôle de suivi des dépenses, mais surtout des résultats.
Vous êtes un expert en matière de processus. Que pourrait faire le Canada pour améliorer la procédure de passation de marchés concernant, notamment, les services informatiques et l'intelligence artificielle, et ce, de sorte à éviter les multiples intermédiaires et la surfacturation?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Brennan. Pour faire suite aux questions de mes collègues, j'aimerais aborder avec vous certains points laissés en suspens.
Dans l'ensemble, j'ai l'impression que vous cherchez à prendre vos distances par rapport à toute relation formelle ou informelle avec M. Firth. Je peux comprendre votre motivation, étant donné que M. Firth a comparu deux fois devant le Comité, et que sa crédibilité pose problème. En effet, je rappelle que M. Firth a été pris en flagrant délit de mensonge, et qu'il fait l'objet d'une enquête par la GRC.
Monsieur Brennan, je vais vous poser d'autres questions concernant M. Firth, et vous aurez l'occasion de réfléchir à mes commentaires. Pour le moment toutefois, j'aimerais revenir à l'article original de Bill Curry paru dans le Globe and Mail au début du mois d'octobre. La fin de cet article met en lumière votre implication dans la controverse entourant Botler, et dans le scandale lié au gouvernement.
Lorsque le journaliste du Globe and Mail vous a contacté, vous lui avez indiqué qu'en réalité, vous n'aviez jamais eu accès à de l'information privilégiée. Vous avez clarifié la situation en disant que vous aviez « raconté un “bobard” dans le but de faire pression sur Mme Dutt pour accroître votre influence par rapport à ce dossier. ».
Monsieur Brennan, nous sommes tous des adultes ici. La dernière fois que j'ai entendu le terme « bobard », c'était en rapport avec mes jumeaux de cinq ans. Ils ont 14 ans maintenant, et n'utilisent évidemment plus le terme « bobard ». Pour ma part, j'utilise le terme « mensonges ».
Monsieur Brennan, admettez-vous avoir délibérément menti à Mme Dutt pour accroître votre influence? Est‑ce bel et bien le cas? Ai‑je raison?
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Telle est donc votre définition du mot « bobard ». D'accord, je vais l'accepter pour les besoins du temps qui m'est imparti. J'ignore par contre si la population canadienne sera également prête à l'accepter.
Vous avez ensuite effectué un appel de suivi auprès de Bill Curry, et vous lui avez envoyé un courriel. Vous auriez déclaré ceci: « Je n'ai aucun contact au sein du gouvernement libéral ni au sein du BCP, et je n'en ai jamais eu. ».
Laissons de côté le BCP pour le moment. À la lumière de ce que je viens d'entendre depuis une demi-heure, cette dernière déclaration serait un énième mensonge, car vous avez déjà fait référence à un certain nombre de représentants du gouvernement. Vous avez prétendu « faire affaire directement avec des gestionnaires et des directeurs ». En réalité, vous avez discuté directement avec des sous-ministres adjoints, des sous-ministres, voire des ministres. Ma question est donc la suivante, monsieur Brennan: Pourquoi continuez-vous à mentir?
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Je vous remercie, monsieur.
J'ai sous les yeux un courriel émanant de votre entreprise. Vous êtes propriétaire et directeur de TEALAV Consulting Inc. Il s'agit d'un courriel daté du 25 janvier 2021, à 16 h 33, adressé à Kristian Firth. L'objet du courriel est le suivant: « Suivi de l'occasion liée au Conseil privé ». On ne mentionne pas que c'est une idée ou une réflexion de Botler AI. Il est seulement écrit « Suivi de l'occasion liée au Conseil privé ».
Dans ce courriel, vous dîtes à Kristian Firth, en référence à la conversation que vous avez eue avec lui cet après-midi‑là, ce qui suit: « Ces deux ou trois derniers jours, j'ai effectué des recherches et proposé une méthode pour compiler un courriel au niveau du sous-ministre qui illustre la valeur apportée, selon moi, par Botler AI ». Vous mentionnez l'honorable , vice-première ministre, gouvernement du Canada, et vous ajoutez une ébauche de lettre. La seule chose qui manquait dans cette ébauche était le numéro de téléphone de Ritika Dutt.
Cette initiative, monsieur, ne venait pas de Botler AI. Elle ne venait pas de Ritika Dutt. Elle ne venait pas non plus de M. Morv. Elle venait de vous. Vous avez effectué les recherches. Vous avez communiqué avec M. Firth. Vous avez travaillé sur ce dossier pendant trois ou quatre jours. J'ai aussi une série de courriels entre vous et les représentants de Botler AI. Dans ces courriels, l'entreprise suggère des modifications à apporter au courriel et vous fournissez l'adresse électronique de et celle de son chef de cabinet.
Voulez-vous revenir sur ce que vous avez dit au Comité tout à l'heure, monsieur? Êtes-vous maintenant prêt à admettre que c'était votre idée, que c'est vous qui avez pensé à cela? Vous avez précisé votre idée et fourni tous les détails nécessaires aux représentants de Botler AI pour leur permettre d'envoyer ce courriel directement à l'un de vos contacts gouvernementaux au Bureau du Conseil privé, n'est‑ce pas?
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Personnellement, je ne vois pas de preuves tangibles vous concernant.
Je voulais vous demander quelque chose, car vous avez dit que vous étiez un architecte opérationnel avec une expertise dans la gestion des ressources gouvernementales. D'après ce que je peux voir, l'une des accusations formulées par l'opposition dans toute cette affaire concerne la chaîne de commandement dans le cadre du contrat. L'ASFC a conclu un contrat avec GC Strategies, qui à son tour a conclu un contrat avec Botler AI, qui à son tour a conclu un contrat avec vous. L'une des accusations vise GC Strategies, c'est‑à‑dire l'organisme qui a conclu le contrat initial et qui a ensuite eu recours à la sous-traitance. L'organisme a reçu énormément d'argent pour faire quoi au juste? En gros, on accuse ce système d'être très inefficace et de recevoir de l'argent pour ne rien faire. Bien entendu, diverses personnes affirment que ce n'est pas le cas.
Vous avez vous-même affirmé qu'il est difficile de conclure des contrats avec les gouvernements, en soi, et que cela prend beaucoup de temps. Pouvez-vous expliquer au public canadien la valeur ajoutée, selon vous, qui est fournie par des sociétés comme GC Strategies qui, à leur tour, ont recours à la sous-traitance? S'agit‑il d'un pur gaspillage de l'argent des contribuables?
Monsieur, en ce qui concerne cette enquête en général, je dois dire que l'objectif du Comité est simplement de faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé. Nous voulons connaître la vérité. Les gens qui n'ont rien à cacher devraient pouvoir nous donner des réponses franches et claires. Ce qui me rend méfiant, ainsi que bon nombre de citoyens, sur ce qui s'est passé dans ce processus d'approvisionnement, c'est que des témoins donnent des réponses manifestement absurdes.
En réponse à la question de M. Brock, vous ne pouviez pas faire la distinction... Vous avez dit avoir menti sur une chose, puis vous avez affirmé que ce n'était pas un mensonge. Ensuite, vous me dites ici que vous avez bel et bien envoyé un texto. Le message laisse entendre que vous savez explicitement ce qui s'est passé au cabinet de la . Vous affirmez que vous n'aviez pas les connaissances que vous prétendiez avoir. Et vous prétendez maintenant que c'est parce que vous décriviez un scénario hypothétique.
Ce n'était pas une partie de costumade. Vous disiez à votre client ce qui se passait, et que vous prétendiez savoir, mais vous nous affirmez que vous l'ignoriez. Comment puis‑je comprendre?
J'aimerais revenir sur la citation du Globe and Mail à propos de votre « petit mensonge ». J'ai cru comprendre que cela concernait vos contacts au gouvernement et les réponses qu'ils vous ont données.
Il me semble vous avoir entendu dire, ici, que c'était une situation hypothétique ou que vous avez été mal cité, et que vous faisiez référence au SAGE. Je suis peut-être un peu obtus, mais je ne comprends pas très bien le contexte.
Avez-vous dit avoir menti? De quoi parliez-vous? Cela semble être l'un des principaux reproches que l'on vous fait. Vous avez dit avoir menti, et maintenant vous dites le contraire. J'aimerais simplement savoir ce qu'il en est exactement.
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Comprenez-vous, monsieur, que Botler a des heures et des heures d'enregistrements? Comprenez-vous cela, monsieur?
Il y a un enregistrement audio d'une discussion entre Botler et M. Firth dans laquelle M. Firth mentionne que c'est vous qui avez rédigé l'analyse de rentabilisation de Services partagés pour 5 milliards de dollars. M. Firth demande à Botler si l'entreprise aimerait que vous travailliez avec elle s'il lui offrait vos services gratuitement.
C'était le 26 octobre 2020. Au cours du même appel, M. Firth indique qu'il vous dira de facturer quelques jours ici et là, puis qu'il facturera le tout lui-même à l'ASFC.
Qu'est‑ce qui se passe ici, monsieur Brennan? Les contribuables ont le droit de savoir s'ils se font flouer par vous.
Avez-vous travaillé gratuitement?
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Bien sûr. Un cabinet d'avocats a communiqué avec moi l'année dernière, en février, et m'a demandé des renseignements importants. Nous avons discuté, si l'on veut, pour déterminer si ces renseignements étaient visés par le contrat que j'avais signé avec Botler.
J'ai dit que je ferais le travail si l'on me payait pour le temps passé aux réunions pour Botler... Ce n'était pas au nom du gouvernement fédéral, mais bien au nom de Botler. J'ai dit que si l'on me payait pour assister à ces réunions, je ferais le travail supplémentaire, d'où la facture en question.
Lorsque j'ai envoyé la facture au cabinet d'avocats, on me l'a renvoyée en me disait qu'elle était destinée à GC Strategies. J'ai cru comprendre que la société n'était plus active, alors j'ai transmis à nouveau la facture et je l'ai placée sur la pile en me disant que... Comme c'est le cas pour GC Strategies, que j'allais être payé pour le travail que l'on m'avait demandé de faire.
Je n'ai pas eu de nouvelles depuis.
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Merci, monsieur le président.
Je pense qu'à ce stade‑ci, il est important de faire le point et de résumer où nous en sommes dans ce scandale d'ArriveCAN et cette série d'audiences. Il y a certaines choses que nous savons.
Premièrement, nous savons que 54 millions de dollars ont été dépensés pour une application, par l'entremise d'une entreprise composée de deux personnes qui n'a fait aucun travail de TI, qui a obtenu le contrat et qui a tout donné en sous-traitance. De plus, nous savons que la GRC enquête sur les entrepreneurs qui ont un lien avec ce projet.
Nous savons que le système d'approvisionnement ne fonctionne pas. Des députés du gouvernement — des députés libéraux — en ont témoigné devant le Comité. Ils ont parlé de la lourdeur et de la complexité de notre système d'approvisionnement et de la croissance substantielle de la fonction publique, ainsi que des dépenses liées à la bureaucratie. On a rendu une décision bizarre en matière d'approvisionnement dans l'affaire ArriveCAN, et on a un système d'approvisionnement défectueux qui mène à une prolifération d'experts-conseils qui embauchent des experts-conseils, qui n'ont jamais mieux fait que ce qu'ils font maintenant.
Nous savons également que divers témoins ont menti au Comité à maintes reprises en réponse à divers types de questions.
Kristian Firth s'est terriblement contredit au cours de son propre témoignage de deux heures. Nous avons un témoin aujourd'hui, M. Brennan, qui nous a dit que ce qu'il avait écrit dans des messages textes n'était pas vrai: soit il disait des faussetés dans des messages textes, soit il disait des faussetés devant le Comité. Il y a également Cameron MacDonald et Minh Doan, deux hauts fonctionnaires, qui se sont accusés mutuellement de mentir au Comité au sujet de la personne responsable de la décision d'approvisionnement relative à ArriveCAN. Il y a eu de multiples cas de personnes qui ont menti ou qui se sont accusées de mentir. Dans certains cas, nous ne savons pas de qui il s'agit, mais dans le cas de M. MacDonald et de M. Doan, nous savons que l'un d'eux ment.
Maintenant, pas plus tard que cette semaine, un article a été publié au sujet de graves conséquences professionnelles pour des fonctionnaires qui ont témoigné devant le Comité. Nous savons maintenant que M. MacDonald et M. Utano ont été — et c'est incroyable — suspendus de la fonction publique sans salaire au milieu d'une enquête en cours.
De toute évidence, cette décision en matière d'approvisionnement — et l'approvisionnement en général — pose des problèmes importants, mais ce qui me frappe le plus, c'est le camouflage auquel nous assistons dans le contexte de ces audiences. Il devrait être assez facile, tant pour les fonctionnaires que pour les experts-conseils, de comparaître devant le Comité et de simplement nous dire la vérité. Il n'est pas stressant de comparaître devant un comité parlementaire si l'on a simplement l'intention de dire toute la vérité et rien que la vérité, mais lorsque des gens disent, par exemple, qu'un message texte qu'ils ont envoyé était « spéculatif et hypothétique » alors que tout indique une connaissance directe de ce qui se passe au sein du gouvernement, cela soulève d'autres questions, et l'on se demande pourquoi il y a ce camouflage multidimensionnel continu de la part des fonctionnaires et des experts-conseils.
Je me demande si les représailles dont nous avons été témoins ne sont pas l'une des raisons pour lesquelles les gens sont si réticents à répondre franchement et directement aux questions. Lorsque de hauts fonctionnaires qui sont un peu plus francs, dans le cas de M. MacDonald et d'autres, subissent des conséquences professionnelles négatives après avoir témoigné devant le Comité, cela explique peut-être pourquoi les gens ont été réticents à se manifester, mais cela soulève aussi une question: que se cache‑t‑il derrière tout cela? Qu'est‑ce que l'on camoufle? Que découvririons-nous si nous obtenions les réponses franches, honnêtes et claires que nous attendons des fonctionnaires et des experts-conseils?
Permettez-moi de proposer quelque chose qui, à mon avis, va au‑delà des spéculations et des hypothèses en ce qui concerne le témoignage de M. Brennan. Je pense qu'il a fort probablement un contact à l'intérieur du bureau de la , que ce qu'il a dit dans ses messages textes était exact, qu'il n'inventait pas des choses dans ses communications répétées avec d'autres personnes par messages textes, mais qu'il disait la vérité à ce moment‑là. Maintenant, pour une raison quelconque, il est gêné et il hésite à reconnaître qu'il avait en quelque sorte une connaissance intime des rouages du Cabinet de la , et il fuit toute suggestion voulant qu'il ait des contacts ou des relations au sein du gouvernement.
Je ne comprends tout simplement pas comment une personne pourrait dire des faussetés pour ensuite faire valoir que ce n'était que des messages textes ou des scénarios hypothétiques.
Dans ces textes envoyés à des gens avec qui il travaillait, il faisait précisément référence à des conversations qui avaient eu lieu à l'intérieur du bureau de la . La seule explication logique pour ces références répétées à sa connaissance approfondie de ce qui se passe au sein du bureau de la vice-première ministre, c'est qu'il avait bel et bien cette connaissance.
Il va sans dire que cette affaire d'ArriveCAN sent mauvais. Elle démontre que le système d'approvisionnement du gouvernement est défaillant et elle pique grandement ma curiosité — et celle du public — au sujet de ce qui est camouflé. Qu'allons-nous découvrir lorsque aurons fait toute la lumière sur cette affaire?
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Wow! Cela fera un excellent extrait.
Monsieur Brennan, à plusieurs reprises, vous avez parlé des scénarios hypothétiques et spéculatifs auxquels vous travailliez avec Botler, pour aider la société. Vous avez dit que vous aviez obtenu 2 565,10 $ pour votre travail, et que votre objectif était d'aider cette entreprise. Vous avez travaillé à plusieurs scénarios hypothétiques et spéculatifs avec elle et à la rédaction d'une lettre à l'intention de la — que ce soit par l'entremise de Botler ou selon la directive de Botler — et à l'intention de M. Firth.
Est‑ce que, dans le cadre de ce travail et advenant le cas où la solution proposée par Botler AI obtiendrait un permis et serait déployée, vous vous attendiez à être rémunéré d'une quelconque façon? Est‑ce pour cette raison qu'une facture de 12 000 $ a été envoyée aux avocats, comme vous l'avez dit?
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Je suis désolé de vous interrompre.
Vous compreniez les stratégies du Conseil du Trésor relatives à l'intelligence artificielle et à l'ingénierie du processus de la structure organisationnelle, parce que ces personnes sont celles qui établissent les lignes directrices.
Vous avez rencontré les représentants de Botler AI et ils vous ont parlé d'une application qui vous a motivé à faire partie de ce projet. Ils vous ont dit « non, mais aidez-nous et nous vous paierons », et vous avez dit oui. Par la suite, vous leur avez dit que, dans le cadre de leur présentation, ils devaient songer à certaines fonctionnalités de l'application qui correspondaient à ce que le gouvernement cherchait.
Si je n'ai pas bien compris, dites‑le-moi. Je n'ai pas de problème avec cela.
Vous avez dit aux représentants de Botler que s'ils modifiaient ou amélioraient leur solution d'une telle façon, cela correspondrait davantage aux besoins du gouvernement; que s'ils intégraient certains éléments à leur processus d'intelligence artificielle associé aux ressources humaines, cela conviendrait mieux.
Ce sont les situations hypothétiques et spéculatives auxquelles vous faites référence. Est‑ce que j'ai bien compris?