:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de me donner la chance de participer aux délibérations d'aujourd'hui. Je suis très heureux d'avoir été invité. J'espère être utile à votre étude, que j'aborderai sous trois angles.
Premièrement, je travaille actuellement à temps partiel à l'Université d'Ottawa. Je m'intéresse à des enjeux de gestion dans le secteur public, non pas sur « ce que » le gouvernement fait, mais bien sur « comment » il le fait. Si vous êtes curieux, vous trouverez une série d'articles, de podcasts et d'interviews sur mon fil LinkedIn.
Deuxièmement, il faut savoir que, contrairement à mes collègues universitaires, j'ai été cadre dans la fonction publique pendant 28 ans, sous-ministre pendant 17 ans et chef de la fonction publique pendant 3 ans. J'ai une certaine expérience de la façon de faire en sorte que le travail se fasse et des questions liées à l'utilisation de fournisseurs externes et, bien sûr, de la gestion des fonctionnaires.
Troisièmement, j'ai effectué une poignée de petites missions de prestation de conseils au cours des trois dernières années, c'est‑à‑dire depuis que j'ai quitté le gouvernement. Je connais un peu le monde des firmes de consultants et du milieu des fournisseurs.
Il y a quelque temps, j'ai envoyé à la greffière du Comité deux articles que j'ai rédigés au début de l'année. J'espère que vous les avez lus. Un de ces articles porte sur les entrepreneurs externes et il a été publié le 7 février dans Policy Options. L'autre a été publié le 11 février dans le Globe and Mail. Il contenait des suggestions sur la façon de renforcer les capacités du secteur public. Pour gagner du temps, je ne reviendrai pas en détail sur l'article paru dans Policy Options. Je répondrai volontiers à vos questions. En bref, la question n'est pas de savoir s'il faut faire appel à des entrepreneurs externes, mais bien de déterminer la façon de les utiliser de manière optimale.
Pour les besoins du compte rendu, je tiens à préciser que vous n'êtes pas des spectateurs de cette situation. Une partie de cette demande pour des consultants émane des élus, et il en sera toujours ainsi. Au fil des ans, j'ai travaillé avec plusieurs ministres des deux côtés qui étaient instinctivement sceptiques à l'égard des conseils émanant de la fonction publique ou qui se questionnaient sur ses compétences en matière d'exécution, et qui cherchaient une validation d'un point de vue externe. Je ne pense pas que cela est appelé à changer un jour, et il n'y a rien de mal à cela. Aucun élu ne voudra jamais être complètement dépendant de la fonction publique, et il ne devrait pas l'être. De temps en temps, ils auront toujours besoin d'un point de vue externe.
Dans le débat qui a éclaté au début de cette année, des préoccupations ont été exprimées quant à la dépendance potentielle du secteur public à l'égard d'une aide extérieure. C'est une préoccupation légitime. Les préoccupations concernant l'optimisation des ressources pour les contribuables sont valables. Les préoccupations concernant la capacité actuelle du secteur public sont valables, et j'aimerais qu'on leur accorde une attention plus soutenue et plus homogène.
Personnellement, je n'adhère pas au diagnostic pessimiste de ces derniers mois — du moins pas dans son intégralité —, mais si vous décidez d'adhérer à ce diagnostic, une question se pose: qu'allez-vous faire à ce sujet? En tant que membres du gouvernement et membres du gouvernement en attente, vous êtes des personnes qui ont de l'influence.
Dans l'article que j'ai écrit pour le Globe and Mail, j'ai formulé un certain nombre de suggestions, et j'en ai d'autres si cela vous intéresse. Premièrement, nous n'avons pas besoin d'une commission royale ponctuelle sur le service public. Nous avons besoin d'une chaîne d'approvisionnement plus solide et d'une variété de sources d'idées et d'innovation, non seulement sur le plan des politiques, mais aussi — et surtout — en matière de gestion.
Le Comité pourrait, et je vous encourage à le faire, approuver l'une ou l'autre des cinq mesures que j'ai proposées dans mon article du Globe and Mail. Créer un nouveau comité mixte de la Chambre et du Sénat sur la fonction publique. Recréer le comité consultatif du premier ministre qui existait par le passé. Augmenter les effectifs présidant aux échanges entre la fonction publique et les autres secteurs pour qu'ils atteignent au moins 100 personnes dans chaque direction chaque année. Créer un fonds dédié à l'amélioration du gouvernement, doté d'environ 20 millions de dollars par an, afin de générer des idées et de créer un espace propice pour discuter de ces questions dans les universités, les groupes de réflexion et les fondations. Enfin, utiliser le Conseil de la Fédération et d'autres forums pour réunir les gouvernements fédéral, provinciaux, municipaux et autochtones autour de plans de travail et de programmes communs visant à rendre la fonction publique plus efficace pour le Canada.
En voici une autre, qui témoigne de ma réaction à l'égard du dernier budget. Il ne suffit pas de fixer un objectif de réduction des dépenses en matière de consultants. C'est une demi-mesure classique. L'autre demi-mesure qui manque est un engagement à doubler les sommes investies annuellement dans la formation et le développement du leadership au sein de la fonction publique. J'aimerais voir un engagement qui viserait à protéger les budgets de formation et de développement du leadership lorsque les budgets de fonctionnement seront réduits de 3 % dans les années à venir. Vous devriez demander cet engagement au gouvernement. Vous pourriez demander au Bureau du directeur parlementaire du budget de vous fournir une étude de base approfondie sur ce que le gouvernement dépense pour la formation et le développement du leadership, à la fois à l'interne et auprès de fournisseurs externes. Que dépense‑t‑il pour réinvestir et refinancer son atout le plus important, c'est‑à‑dire sa main-d'œuvre?
Je recommande au Comité d'axer sa prochaine grande étude sur la capacité de la fonction publique, sur les façons de la maintenir et de l'améliorer. Au lieu de toujours regarder en arrière, regardez en avant. Pensez à préparer l'avenir. Faites appel à des témoins, formulez des recommandations applicables et demandez au gouvernement d'y répondre.
J'aimerais que tous les partis politiques inscrivent dans leur programme électoral au moins trois engagements précis et réalisables sur la manière dont ils entendent améliorer les capacités du secteur public — pas des généralités, mais des engagements précis.
Vous pouvez croire à un grand gouvernement, à un gouvernement limité, à un rôle plus étendu pour le gouvernement fédéral dans la fédération ou à un rôle plus limité pour le gouvernement fédéral dans la fédération, mais j'espère que vous serez tous d'accord pour dire que les Canadiens veulent un bon gouvernement.
Merci, monsieur le président.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à contribuer à vos travaux.
[Traduction]
Je suis conseillère accréditée en gestion et ingénieure professionnelle. De 2018 à la mi‑2022, j'ai été cheffe du secteur social, des soins de santé, du secteur public et de l'éducation chez McKinsey Canada. J'ai récemment rejoint le Boston Consulting Group en tant que directrice générale et partenaire, et j'en suis à ma première année d'orientation au sein de cette firme.
[Français]
Cela me fait plaisir de vous présenter des faits contextuels concernant mon travail pour le gouvernement du Canada durant le temps que j'ai passé chez McKinsey .
En premier, cependant, je voudrais faire part au Comité de mon cheminement professionnel et de mon histoire.
:
J'aurais dû vous prévenir que j'allais intervenir en français, monsieur le président.
[Traduction]
Avant d'entrer dans le milieu des experts-conseils, j'étais membre des Forces armées canadiennes. J'ai commencé mon service à 16 ans, en 1988.
J'ai fait mes études au Collège militaire royal du Canada, où j'ai obtenu un baccalauréat en génie chimique et en génie des matériaux, et j'ai suivi une formation d'officier du génie maritime et j'ai participé en cette qualité à de nombreux déploiements de formation en mer. J'ai été l'une des premières femmes à servir en tant qu'officière dans un rôle de combat sur nos navires canadiens. J'ai également été formée au Royal Naval Engineering College de la marine britannique, à une époque où aucune femme ne servait en tant qu'officière mécanicienne.
Le service que j'ai rendu à mon pays reste à ce jour l'une des réalisations dont je suis la plus fière. Lors de mon passage dans les Forces armées canadiennes, j'ai pu constater les sacrifices auxquels nos militaires et leurs familles doivent consentir pour le bien de tous les Canadiens. Je pense en particulier à beaucoup d'autres femmes incroyables qui, au fil de longues et admirables carrières, n'ont pas ménagé leurs efforts pour créer un milieu égalitaire pour tous les sexes au sein des Forces armées canadiennes. Je suis très fière d'avoir joué un petit rôle à cet égard alors que je commençais ma vie professionnelle.
Après avoir quitté l'armée, j'ai poursuivi mon service public de différentes manières, et je siège actuellement aux conseils d'administration de la Fondation La Patrie gravée sur le cœur, des Jeux Invictus 2025 et de l'Institut de recherche en santé mentale de l'Hôpital royal d'Ottawa.
J'ai toujours considéré mon rôle de consultante comme une extension de mon désir de servir. Les défis modernes auxquels notre société est confrontée sont complexes et ils nécessitent parfois une expertise et des capacités qui n'existent pas forcément dans la fonction publique. C'est pourquoi il est important d'avoir des organismes d'experts-conseils capables d'intervenir et d'aider les services publics en cas de besoin.
Il est du devoir de chaque consultant de savoir quand il est possible de créer de la valeur. Il est tout aussi important pour nous, en tant que consultants, de mettre nos compétences et nos capacités à la disposition du secteur public pour que ce dernier puisse se suffire à lui-même. Cela a été une priorité absolue pour toutes les missions d'expert-conseil auxquelles j'ai participé, et c'est encore le cas.
McKinsey m'a engagée en 2018 pour que j'apporte une attention particulière au secteur public. Je travaillais déjà dans le conseil auprès du secteur public depuis plus de 22 ans et je m'étais imposée comme experte en matière de diversité, d'équité et d'inclusion. McKinsey avait déjà des clients du secteur public, et le cabinet a pensé que le gouvernement canadien allait pouvoir bénéficier de son expertise de portée internationale dans certains domaines sectoriels.
Par exemple, lorsqu'une intervention rapide est devenue nécessaire pour résoudre les problèmes liés à la culture interne de l'armée, McKinsey a été en mesure de fournir les outils appropriés pour prêter main-forte. En tant que femme ayant travaillé dans les forces armées, j'avais une expérience directe de la culture interne de la Défense. Les experts mondiaux qualifiés de McKinsey et moi-même avons suivi une formation et avons acquis de l'expérience dans la conduite d'enquêtes et d'entretiens tenant compte des traumatismes.
Nous avons mené ou participé à une série de consultations avec un certain nombre de personnes issues d'un large éventail de personnels de la défense et des forces armées. Beaucoup de ces personnes avaient été victimes de discrimination et de harcèlement fondés sur le sexe ou la race. Il était donc important de recueillir leurs points de vue de manière indépendante, externe et en tenant compte des traumatismes. Grâce à cette collecte de données et à l'analyse d'experts, des recommandations concrètes sur la façon d'améliorer la culture ont été formulées dans l'intérêt non seulement de nos militaires, mais aussi de tous les Canadiens.
Je suis fermement convaincue que le travail que j'ai effectué en tant qu'associée de McKinsey auprès du gouvernement du Canada a été une contribution précieuse et éthique.
Je serai heureuse de répondre à vos questions et j'espère de pouvoir aider le Comité dans son travail.
[Français]
Merci, monsieur le président. Je suis prête à répondre aux questions du Comité.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos témoins d'être des nôtres.
Monsieur Wernick, je vais d'abord m'adresser à vous, si vous le voulez bien.
Comme nous avons dévié de ce qui, je crois, était une étude fort importante sur l'impartition et sur les endroits où nous pourrions la limiter pour mieux utiliser notre fonction publique au profit d'une étude sur McKinsey et les allégations d'ingérence politique, qui continuent d'être réfutées, j'aimerais vous demander ceci, monsieur, puisque vous étiez le greffier du Conseil privé quand les contrats avec McKinsey ont augmenté. En 2017, 2018 et 2019, avez-vous obtenu la moindre directive politique d'augmenter le nombre de contrats accordés à McKinsey?
:
J'ai été sous-ministre pendant 17 ans et jamais je n'ai vu de société d'experts-conseils en gestion intervenir dans l'élaboration de politiques. Jamais. Cela ne fait pas partie de leur rôle, du moins, ce ne l'était pas avant que je quitte le gouvernement. C'est mon expérience.
Les sociétés d'experts-conseils aident les ministères et les organismes gouvernementaux sur le plan de la gestion et de la prestation de services. Ils bénéficient d'un bassin de clients internationaux et d'une expertise diversifiée et internationale, ou alors ce sont de petits cabinets ayant une expertise très pointue. Ils tendent donc à intervenir pour offrir un point de vue externe sur les processus, la gouvernance, la maturité organisationnelle, les coûts et la gestion du risque. Il ne manque pas de problèmes en matière de service, de gestion des dossiers en attente, de relations avec la clientèle, de la conception de sites Web et d'applications, de sécurité et de cybersécurité. Je pourrais continuer d'en énumérer, mais le rôle des sociétés d'experts-conseils concerne essentiellement les problèmes de services et de gestion. Voilà où se situe majoritairement leur activité.
Si j'ai lu correctement les articles, le tiers du recours à des entrepreneurs externes concerne le domaine de la gestion de l'information et des technologies de l'information, lequel a complètement changé, comme vous le savez. Le iPhone n'existait pas en 2007. Le gouvernement a donc fait du rattrapage et se tient à jour sur le plan de la technologie.
Vous savez que GPT et l'intelligence artificielle font l'objet d'un débat. L'un des principaux défis du secteur public consiste à suivre l'évolution de la technologie.
Je vais poursuivre dans la même veine, car je pense que le sujet soulève des questions très importantes.
Vous pouvez peut-être nous aider, madame Bonin, concernant l'évolution que vous observez au chapitre des conseils en gestion. Évidemment, comme les chiffres augmentent, les entreprises de consultation établissent l'infrastructure pour répondre à la demande. La valeur des contrats accordés à Deloitte est passée de 11 à 206 millions de dollars et est maintenant vingt fois plus élevée. C'est une tâche titanesque de répondre à la demande, même pour une société d'experts-conseils.
Pouvez-vous me dire ce que vous constatez qui change dans le domaine de la consultation afin de combler les besoins du gouvernement? Revenons aussi au transfert de connaissances, car si ce transfert s'effectue, pourquoi le gouvernement emploie‑t‑il encore les grandes entreprises d'experts-conseils?
Monsieur Wernick, vous pouvez peut-être traiter de la question, car vous êtes dans le secret des dieux et savez comment les choses se passent. Nous observons une croissance exponentielle. Quelle est la solution au problème?
Je comprends que nous ayons besoin des entreprises d'experts-conseils, mais ce genre de croissance est fort préoccupant pour tout le monde, je pense. Je suppose que ce qui me préoccupe le plus, c'est que des fonctionnaires peinent à payer leurs factures avec le salaire qu'ils reçoivent. De toute évidence, ils se battent pour obtenir une entente équitable, pendant que les têtes dirigeantes des grandes entreprises font des millions de dollars en profits.
Vous pouvez peut-être traiter de la question, car la situation préoccupe la plupart des Canadiens, je pense.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Wernick — et à vous également, madame Bonin — pour votre excellent service à notre pays le Canada et pour votre travail exceptionnel.
Monsieur Wernick, je tiens à vous dire que je possède un exemplaire de votre livre, Governing Canada, dont j'ai dévoré les trois quarts. Je vous remercie de l'avoir écrit. C'est un excellent guide, particulièrement pour ceux qui arrivent sur la Colline. Mon seul reproche est le trop peu de place accordée aux secrétaires parlementaires, ce que la prochaine édition corrigera, je l'espère.
Nous sommes aujourd'hui à la 11e réunion consacrée à McKinsey. Tout ça me rappelle les films Ishtar et Green Lantern, en raison de la foule de personnages — avec de nombreuses vedettes — beaucoup de bruit et l'attente soulevée par cette étude, son éventuelle valeur et l'éventuel divertissement qu'elle procurera. Mais, elle n'aura réussi qu'à provoquer un long bâillement collectif. Ces 11 réunions ne nous ont pas sensiblement éclairés. Nous avons appris beaucoup de choses sur la sous-traitance. Nous disposons déjà d'une étude sur la question. Dommage que nous n'ayons pas simplement pu la poursuivre, mais c'est comme ça.
Monsieur Wernick, pourriez-vous reprendre le fil de certaines des conversations sur le secteur public et la fonction publique ainsi que le travail formidable de nos fonctionnaires ici, au Canada, et sur la façon, pour nous, de les aider? Vous avez notamment déclaré, dans l'un de vos articles écrits cette année:
Pour améliorer les méthodes de travail de la fonction publique, les gouvernements devraient toujours investir dans les moyens d'obtenir des points de vue et des avis moins rebattus, plus objectifs, contester le gradualisme et l'orthodoxie et aider la fonction publique à imaginer des options applicables, à soumettre à l'examen du gouvernement.
Peut‑on, sans exagérer, affirmer que faire appel à des consultants ayant l'expérience du travail dans la fonction publique et connaissant les pratiques exemplaires de partout dans le monde, c'est un moyen parmi les nombreux autres qui permettent d'atteindre le résultat que vous décrivez dans ce passage?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Wernick, je tiens à m'inscrire en faux contre votre observation sur le plan d'action pour la réduction du déficit et ses répercussions sur la fonction publique. Ce plan d'action comportait deux scénarios: un à 5 % et l'autre à 10. Il entraînerait par voie de conséquences que c'est le financement qui, en fait, a entraîné la régression de la fonction publique. Mais, en fait, si nous regardons la situation actuelle, avec une augmentation de 5,3 % de notre bureaucratie, les services sont déficients. Les retards de traitement des dossiers des demandes d'immigration sont importants. Les voyageurs sont incapables d'obtenir des passeports et, visiblement, le gouvernement actuel est incapable de négocier une grève.
Je ne crois absolument pas que l'insuffisance d'argent ou de financement soit au cœur des problèmes de la fonction publique. Notre situation actuelle le reflète parfaitement et en toute évidence. Moi‑même, j'ai été une victime du plan d'action. À l'époque, j'étais la consule de la mission à Dallas, au Texas, et moi aussi, j'ai dû produire des scénarios à 5 et à 10 %. Je ne parviens pas à corréler le plan d'action et la situation actuelle de la fonction publique.
Sur ce, monsieur le président, je cède le temps qui me reste à M. Barrett.
Merci.
:
Alors qu'il ne reste que quelques minutes et que la sonnerie se fait entendre, si une autre occasion se présente, j'ai quelques questions pour vous, monsieur Wernick. Merci d'être avec nous.
Chers collègues, en prévision de la réunion d'aujourd'hui, je vous ai prévenus le mercredi 19 avril d'un avis de motion dont j'ai communiqué le texte à la greffière. Il est dans les deux langues officielles. Il a été communiqué à tous les membres. J'en fais la lecture, simplement pour communiquer le contexte à ceux qui écoutent.
a) Invite les administrateurs généraux des entités suivantes en ce qui concerne le caviardage et la traduction inacceptable des documents demandés par le Comité le 18 janvier 2023: Énergie atomique du Canada limitée; Banque de développement du Canada; Agence des services frontaliers du Canada; Corporation de développement des investissements du Canada; Postes Canada; Office d'investissement du régime de pensions du Canada; ministère des Finances du Canada; Emploi et développement social Canada; Exportation et développement Canada; Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada; Innovation, sciences et développement économique Canada; Défense nationale; Ressources naturelles Canada; Bureau de l'ombudsman des vétérans (Anciens Combattants Canada); Bureau du Conseil privé; Office d'investissement des régimes de pension du secteur public; TransMountain Corporation;
b) Invite le bureau du légiste à informer le Comité, en public, de l'importance des pouvoirs du Comité en matière de demande de documents.
c) Charge le président d'envoyer une lettre à chacune des entités énumérées dans la section a) de la présente motion pour les informer que le Comité considère actuellement de renvoyer cette question à la Chambre des communes en raison d'une éventuelle violation du privilège parlementaire.
Monsieur le président, comme trois minutes et quart se sont écoulées depuis le début de ce tour, je ne veux pas retarder les questions des autres membres.
Simplement pour en préciser le contexte, cette motion découle de nos discussions étalées sur deux réunions et ayant porté sur les demandes faites par les parties présentes à la table. J'espère qu'elle satisfait à ces demandes. Je demande l'appui de tous les membres et que, s'il n'y a pas de questions, nous la mettions aux voix.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, je vous remercie, monsieur Wernick, pour vos nombreuses années de service.
Nous avons entendu dire à maintes reprises qu'on avait fait appel à des sociétés-conseils en gestion dans différents domaines. Leur travail consistait à effectuer des analyses comparatives et à aider différents ministères à recueillir des données sur les pratiques exemplaires fondées sur leur mandat.
Par ailleurs, dans votre déclaration liminaire, et à quelques reprises ensuite, vous avez parlé précisément de la formation des fonctionnaires, notamment en leadership. Vous avez parlé des cours que vous avez suivis en tant que greffier du Conseil privé pour vous assurer de bien comprendre la gestion de projets et les autres activités.
Pouvez-vous nous dire quel type de formation destinée aux fonctionnaires vous recommanderiez afin de réduire notre dépendance à l'égard des consultants? Il s'agit davantage de déterminer comment et quand recourir à leurs services, plutôt que d'y avoir recours de façon régulière.
:
J'ai suivi un cours sur les technologies de l'information il y a environ 20 ans, lorsque j'occupais un poste de gestionnaire intermédiaire.
Je pense que le recours aux consultants est plus judicieux lorsqu'il est question des activités qui incombent aux gestionnaires intermédiaires, à savoir la gestion de projets, l'établissement des coûts, la gestion des risques et un grand nombre de ces domaines d'expertise.
Dans le domaine des technologies de l'information, je pense que les nouveautés vont toujours provenir de l'extérieur, du secteur privé. Vous allez devoir faire appel à un spécialiste de l'extérieur et lui demander comment appliquer la nouvelle technologie dans la prestation des services ou dans les processus internes au sein de la fonction publique.
J'estime que les programmes de leadership sont essentiels. Ce sont les cadres intermédiaires et supérieurs qui dirigent et guident les organisations.
Je pense que la cessation des deux grands programmes de leadership, en 2012, a été une erreur et que ces programmes devraient être rétablis. Je ne suis pas en train de dire que le budget d'il y a 12 ans explique ce qui se passe maintenant, mais c'est un très bon exemple qui montre à quel point la formation et le développement du leadership sont les premiers domaines à écoper. J'espère que nous ne répéterons pas cette erreur.
:
Merci. J'ai une autre petite question à poser.
On a souligné, surtout après 2019, en raison de la pandémie et du nombre de difficultés et de lacunes, la nécessité d'obtenir rapidement des conseils de l'extérieur.
Le coût des services-conseils a augmenté. Est‑ce que vous attribuez cette hausse à l'occasion qu'offrait la pandémie et le mandat ambitieux du gouvernement?
Je sais que vous n'agissez plus à titre de consultant depuis 2019, mais en tant qu'observateur externe, quel est votre point de vue?
Merci. C'était ma dernière question.
:
Merci, monsieur Jowhari.
Monsieur Wernick, je vous remercie pour le temps que vous nous avez consacré.
J'ai seulement deux petites questions à poser. La première concerne l'approvisionnement, et je vous serais reconnaissant de fournir une réponse écrite ou d'écrire un livre à ce sujet. De toute évidence, le Canada éprouve des problèmes en ce qui a trait à l'approvisionnement militaire. L'un des problèmes que nous avons, c'est qu'une personne qui occupe aujourd'hui un poste de sous-ministre de l'Immigration occupera peut-être demain un poste au ministère de la Défense, et on lui donnera le mandat de faire l'acquisition d'appareils F‑35. Les titulaires des postes ne demeurent pas en fonction suffisamment longtemps pour acquérir les connaissances nécessaires, comme c'est le cas notamment en Angleterre ou aux États-Unis. J'aimerais beaucoup entendre votre opinion au sujet de la formation et de la façon de mettre sur pied un effectif adéquat dans le domaine de l'approvisionnement militaire.
J'aimerais revenir à un sujet qui relève un peu plus de l'anecdote. Il y a quelques années, j'ai demandé, par le biais du Feuilleton, tous les contrats conclus avec des consultants externes, ce qui représente des centaines de pages. Je les ai parcourus, et j'en ai sélectionné quelques-uns, qui allaient d'une vérification visant le festival de la fraise à des vérifications répétées du caractère équitable d'une demande de propositions. J'ai comparé ces exemples au contrat concernant Nuctech. Notre comité a effectué une étude sur Nuctech. Il était question d'octroyer un contrat ou une offre à commandes à une entreprise de sécurité chinoise pour qu'elle fournisse des détecteurs à balayage à nos ambassades, et le gouvernement a fait marche arrière. C'est très bien. Il voulait enquêter là‑dessus, alors il s'est adressé à mon cabinet-conseil préféré, Deloitte, à qui il a versé 250 000 $ pour produire un rapport soulignant essentiellement qu'il ne fallait pas acheter de l'équipement de sécurité auprès de régimes despotiques.
Pour m'amuser, je me suis rendu au West Edmonton Mall et j'ai filmé une vidéo dans laquelle je demande à des gens au hasard s'ils seraient prêts à acheter de l'équipement de sécurité auprès de régimes despotiques. Toutes les personnes interrogées ont répondu non. Pourquoi avons-nous versé 250 000 $?
Vous avez parlé de la généralisation, et je dois dire qu'il est vrai que ces consultants ont une expertise qui n'existe pas au sein de la fonction publique, mais comment pouvons-nous accepter que le gouvernement conclue ce genre de contrats dans le but pratiquement de protéger ses arrières. La fonction publique peut se charger d'effectuer des vérifications de l'équité. Pourquoi devons-nous faire affaire avec des sous-traitants à cet égard? La fonction publique est en mesure de juger qu'il ne faut pas acheter de l'équipement...
Le temps est presque écoulé. Je serais ravi de vous accueillir à nouveau. Je vous serais reconnaissant de répondre ultérieurement par écrit, mais si vous pouvez donner maintenant une réponse rapide, en une minute, ce serait bien.