:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport sur les contrats de services professionnels, qui a été déposé au Parlement la semaine dernière.
Je tiens tout d'abord à reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Nicholas Swales, le directeur principal qui était responsable de l'audit, de Steven Mariani, le directeur qui a dirigé l'équipe d'audit, et d'Andrew Hayes, le sous-vérificateur général.
Cet audit visait à déterminer si les contrats fédéraux accordés à McKinsey & Company entre 2011 et 2023 avaient respecté les politiques d'approvisionnement applicables, et si ces contrats avaient représenté une utilisation optimale des ressources publiques.
Il s'agit de contrats passés par 20 organisations fédérales, dont 10 sociétés d'État. La valeur totale des contrats accordés à McKinsey & Company pendant cette période s'élève à 209 millions de dollars, dont environ 200 millions ont été dépensés.
Nous avons constaté que les organisations contractantes n'avaient fréquemment pas respecté les politiques et directives fédérales de passation de marchés et d'approvisionnement. Nous avons aussi constaté que les pratiques propres à chaque organisation n'avaient souvent pas permis d'optimiser l'utilisation des fonds publics.
L'ampleur de ce non-respect et des risques pour l'optimisation des ressources variaient d'une organisation à l'autre. Par exemple, pour 10 des 28 contrats accordés à l'issue d'un processus concurrentiel, la documentation de l'évaluation des soumissions n'était pas suffisante pour appuyer le choix de McKinsey & Company comme fournisseur.
[Français]
Nous avons aussi constaté que la justification qui est exigée pour attribuer un contrat sans processus concurrentiel était souvent manquante. Environ 70 % des 97 contrats attribués à la firme McKinsey que nous avons examinés étaient des marchés non concurrentiels, et leur valeur était d'environ 118 millions de dollars.
Nous avons également prélevé un échantillon de 33 contrats, que nous avons examinés pour évaluer l'optimisation des ressources. Nous avons constaté que près de la moitié des contrats ne décrivaient pas le besoin ou la lacune que le contrat visait à combler. Pour 15 % des contrats, l'énoncé des produits livrables prévus au contrat n'était pas clair. Pour 18 % des contrats, il n'y avait pas de confirmation que le gouvernement avait obtenu tous les produits livrables prévus.
Services publics et Approvisionnement Canada, en tant qu'organisme central responsable des achats et des marchés ainsi qu'expert en la matière pour le gouvernement du Canada, n'avait pas mis en doute les décisions des organisations fédérales lorsque le ministère avait attribué certains contrats en leur nom. Le ministère n'a pas remis en question le caractère approprié de la stratégie d'approvisionnement lorsque les organisations fédérales ont demandé de multiples contrats à la firme McKinsey, à des fins similaires et sur une période rapprochée.
Notre seule recommandation portait sur la nécessité de gérer de manière proactive les conflits d'intérêts dans le processus d'approvisionnement des organisations fédérales. Tous les autres éléments de nos constatations avaient été traités dans des recommandations formulées récemment par d'autres organisations, comme le Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement et les fonctions d'audit interne.
[Traduction]
Si cet audit se penche sur les contrats attribués à la firme McKinsey & Company, il fait néanmoins aussi ressortir les exigences de base et les bonnes pratiques que toute organisation fédérale devrait suivre lorsqu'elle achète des services professionnels pour le gouvernement du Canada.
Les politiques fédérales en matière de passation de marchés et d'approvisionnement existent pour garantir un processus équitable et transparent, qui optimise l'utilisation des fonds publics au nom de la population canadienne, toutefois, ces politiques ne sont efficaces que si elles sont appliquées. La solution ne passe pas nécessairement par la création de nouveaux processus ou de nouvelles règles; il faut plutôt comprendre la méthode d'application de ceux‑ci, et la raison pour laquelle ils ne sont, souvent, pas appliqués.
[Français]
Monsieur le président, c'est ainsi que je termine ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la vérificatrice générale, nous sommes ici pour examiner la relation privilégiée du gouvernement avec McKinsey. Je vous remercie encore une fois de l'excellent travail que vous avez fait en exposant des problèmes importants et en faisant état des contrats de 200 millions de dollars qui ont été accordés à McKinsey sous le gouvernement actuel, dont la plupart ne respectaient pas les règles d'une façon quelconque.
Vous venez de mentionner le rôle important que Services publics et Approvisionnement Canada, le ministère responsable des contrats du gouvernement, est censé jouer et aurait pu jouer en remettant en question certains de ces approvisionnements. Dans cette optique, je pense qu'il est intéressant de noter que le directeur des politiques du ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, M. Boyan Gerasimov, jouait le rôle essentiel de directeur des politiques au cabinet de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement pendant la période critique de la pandémie, de mars 2020 à décembre 2021. Il est un « ancien » de McKinsey. Il a travaillé pour McKinsey pendant plus de cinq ans à titre de directeur de projet. Après avoir travaillé chez McKinsey, il est devenu un important haut fonctionnaire du gouvernement libéral. Son compte LinkedIn cite précisément le travail qu'il a fait dans le cadre d'importants achats d'équipement de défense.
Donc, dans ce rôle essentiel pour ce qui est de l'approvisionnement du gouvernement au cabinet de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement de l'époque, , vous avez un ancien employé de McKinsey. Vous avez souligné que le service de passation de marchés du gouvernement pour lequel il travaillait aurait pu assurer une fonction de remise en question plus importante, mais ne l'a pas fait. Nous avons également constaté que le ministère de la Défense, en particulier, entretenait une relation très étroite et de longue date avec McKinsey. Cela m'inquiète beaucoup, car cela fait ressortir les liens étroits qui existent entre McKinsey et le gouvernement libéral.
Je me demande si vous pourriez nous en dire un peu plus sur le rôle que le cabinet de la ministre a joué, ou aurait pu jouer, dans la remise en question de cette vaste relation d'approvisionnement qui émergeait, et les conclusions que nous pourrions tirer du rôle que le directeur des politiques du cabinet de la ministre aurait dû jouer, aurait pu jouer et a joué relativement à ces approvisionnements.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous, madame la vérificatrice générale, et à votre équipe, pour cet important projet.
Nous avons eu l'occasion, au sein de ce comité et d'autres comités, d'examiner un certain nombre de contrats, de même que la vaste gamme de contrats qui existent, ainsi que la façon dont ils sont examinés et dont ils sont exécutés. Nous avons eu l'occasion de remonter jusqu'à 20 ans en arrière. Certains témoins ont indiqué que le processus d'acquisition n'a pas vraiment beaucoup changé.
Il y a aussi la question, je crois, dans certaines de vos constatations, des entrepreneurs et des sous-traitants qui se connaissent très bien, ce qui est peut-être devenu une pratique et la raison pour laquelle des choses sont négligées. C'est quelque chose que nous avons vu. Vous avez mentionné qu'il y a un mépris fréquent des règles appliquées, et c'est peut-être en partie à cause de cela.
Vous avez aussi parlé des gens qui bougent. Les rôles changent très souvent, et il peut y avoir des lacunes. Est‑ce que le travail passe dans les mains d'autres personnes, qui ne font que reprendre un dossier, sans savoir quels processus ont été suivis et comment vérifier cela? Je vois tous les défis qui peuvent survenir dans un ministère aussi vaste où ces responsabilités sont exercées.
Pour ce qui est de la question concernant la suspension par SPAC des pouvoirs délégués aux ministères et organismes pour les contrats de services professionnels en novembre de l'an dernier, des nouvelles procédures et de la formation ayant été mises en place, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'évaluer ces mesures.
Quand pensez-vous que nous saurons si ces nouvelles mesures fonctionnent?
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Merci, monsieur le président.
Madame la vérificatrice générale, pour résumer votre rapport sur les contrats de McKinsey avec le gouvernement libéral-néo-démocrate actuel, je dirais que votre frustration semble filtrer à chaque page.
Je remarque, par exemple, que, du côté des recommandations, vous dites que, en fait, beaucoup de celles que vous aviez formulées dans des rapports antérieurs seraient applicables à ce rapport‑ci et que vous ne les répéterez pas. Il suffirait, pour régler le problème, de respecter les règles. Et vous ajoutez que ce n'est pas compliqué: il existe des règles, et elles ne sont tout simplement pas respectées.
Cela fait ressortir le fait que la dénonciation des problèmes est une chose, mais que le gouvernement doit prendre les solutions au sérieux.
Les réponses données à vos rapports me déçoivent. Le gouvernement se montre toujours très respectueux publiquement, affirmant qu'il a écouté et qu'il remercie la vérificatrice générale de son travail, etc. Ensuite, il y a échec de la mise en œuvre des solutions fondamentales, et on se retrouve dans une situation où le rapport suivant dit essentiellement qu'il n'est pas nécessaire de se répéter, qu'il faut se rapporter aux recommandations des rapports précédents pour régler beaucoup de ces problèmes.
Que peut‑on faire pour s'attaquer au problème fondamental, à savoir que des gouvernements se contentent de belles paroles en réponse à vos recommandations, mais qu'ils ne prennent pas leur mise en œuvre au sérieux?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame la vérificatrice générale.
Compte tenu de ce rapport accablant, monsieur le président, je vais présenter une motion que j'ai soumise au greffier.
[Français]
Cette motion a été rédigée dans les deux langues officielles.
[Traduction]
Il faut manifestement approfondir l'enquête après ce rapport, qui révèle un déni fréquent des règles de passation des marchés. Nous constatons, une fois de plus, que les mêmes intervenants sont complices, puisque 70 % des contrats — 118 millions de dollars — ne sont pas concurrentiels, que quatre contrats sur 28 ont été conçus pour répondre aux besoins de McKinsey, que 10 des 28 contrats ne sont pas suffisamment documentés, que 17 ministères sur 20 ne respectent pas ces exigences, que 18 contrats sur 19 ne figurent pas sur la liste principale des offres à commandes, que 76 % des contrats ne sont pas suffisamment justifiés, que 13 entrepreneurs sur 17 n'ont pas la bonne cote de sécurité, que 6 ministères sur 23 — soit 22 % — ne reçoivent pas tous les produits livrables, et que seulement 29 % des contrats sont attribués dans le cadre d'un processus concurrentiel.
En plus de la motion que je propose, monsieur le président, on est devant des montants incroyables. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a dépensé près de 25 millions de dollars pour deux contrats. La Défense nationale a dépensé près de 26 millions de dollars pour 15 contrats. Le ministère des Services publics et de l'Approvisionnement a dépensé plus de 26 millions de dollars pour trois contrats — et j'ajoute, monsieur le président, que tout cela porte l'empreinte de mon homologue la présidente du Conseil du Trésor. La Banque de développement du Canada... Les sociétés d'État dont on vient de parler ont accordé 11 contrats de près de 22 millions de dollars. Postes Canada, dont un représentant a comparu récemment devant le Comité, a dépensé près de 27 millions de dollars pour 14 contrats. L'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public a accordé plus de 18 contrats d'une valeur de plus de 14 millions de dollars. Monsieur le président, un seul contrat a été attribué à la Trans Mountain Corporation. Comme Albertaine, je ne suis pas du tout surprise.
Sur ce, je vais parler du libellé de la motion. Monsieur le président, je vais la lire pour le compte rendu.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Tout le monde autour de cette table prend cette question très au sérieux. Nous avons convoqué la vérificatrice générale pour qu'elle vienne nous parler de son travail exceptionnel. Nous lui sommes très reconnaissants pour le travail qu'elle et son équipe ont accompli. Il s'agit évidemment d'un sérieux problème.
Nous sommes déterminés à améliorer la reddition de comptes au sein de notre fonction publique et chez nos fonctionnaires dans leur travail quotidien, à accroître la conformité aux règles en matière d'approvisionnement et à améliorer le contrôle de la qualité du travail que nos fonctionnaires accomplissent. Nous voulons surtout, et il s'agit d'un thème récurrent... Le fil conducteur de toutes les enquêtes et analyses menées par la vérificatrice générale ou l'ombud de l'approvisionnement, c'est que nous devons améliorer considérablement le processus de documentation. La documentation est le thème qui revient sans cesse dans les analyses.
Aujourd'hui, cependant, la vérificatrice générale nous a clairement dit que dans 99 % des contrats analysés, il n'y a pas eu d'ingérence politique. Elle a examiné 97 contrats. Nous lui avons demandé sans détour dans combien de contrats, parmi ces 97, il y avait eu ingérence politique. Elle a clairement répondu qu'il y avait eu un seul cas d'ingérence ministérielle, parce que le contrat en question respectait un certain seuil requis. Dans 99 % des cas, il n'y avait pas eu d'ingérence politique, ce qui signifie qu'aucun ministre, aucun député ou aucun représentant élu n'était intervenu. C'est un problème qui touche la fonction publique non élue et le secteur public.
Je le répète, la conformité aux règles en matière d'approvisionnement, le contrôle de la qualité et la documentation sont des tâches immuables de la fonction publique. Ce sont des tâches immuables qui incombent à chaque fonctionnaire du Canada, mais c'est aussi un défi et une bataille que connaissent toutes les fonctions publiques du monde.
La question dont nous sommes saisis est la suivante: que pouvons-nous faire? Comment pouvons-nous aider nos fonctionnaires à donner le meilleur d'eux-mêmes et à offrir le meilleur service possible? Comment les aider à maintenir la rigueur qu'exige leur travail? Comment les aider à faire preuve d'un professionnalisme exemplaire? C'est la question fondamentale. Ce n'est pas une question de politique, mais de professionnalisme, celui dont doit faire preuve la fonction publique. Comment pouvons-nous aider nos fonctionnaires à atteindre et à dépasser le plus haut niveau de professionnalisme dans le cadre de leur service public? Voilà de quoi il s'agit, voilà de quoi nous parlons.
Durant mon expérience de travail auprès de fonctionnaires, j'ai constaté que ce sont des gens incroyablement dévoués qui font preuve du plus grand professionnalisme. Ils sont dévoués. Ils sont professionnels. Ils prennent leur travail très au sérieux. Ils accordent une très grande importance à l'intégrité de leur travail et de leur rôle. Nous l'avons constaté particulièrement durant la difficile période de la pandémie de COVID. Ce sont des héros méconnus qui ont souvent travaillé en coulisse, loin des feux de la rampe, pendant de longues heures et de longues fins de semaine pour aider le pays à traverser la pandémie de COVID. Ce sont des professionnels exceptionnels, et la question que nous devons nous poser, c'est que pouvons-nous faire pour les aider?
Comment pouvons-nous aider nos fonctionnaires, nos représentants publics non élus, à faire preuve d'une vigueur exemplaire et à respecter les normes de professionnalisme les plus rigoureuses? C'est de cela qu'il s'agit. C'est ce que la vérificatrice générale n'a cessé de nous répéter: il n'y a pas eu de malfaisance. Il n'y a eu aucune intention répréhensible, mais il y a eu des lacunes. Il y a eu des failles dans les systèmes et elles doivent absolument être corrigées, parce que, comme nous l'avons entendu aujourd'hui, le gouvernement fédéral acquiert chaque année des biens et des services pour des milliards — des dizaines de milliards — de dollars, dans le cadre de centaines de milliers de contrats... Si j'ai bien entendu, il s'agit de 400 000 contrats par année.
Il est important, voire essentiel, que nous mettions en place les mécanismes étanches nécessaires pour nous assurer que l'argent des Canadiens est utilisé de manière optimale, que chaque dollar est dépensé judicieusement. Parallèlement, nous avons besoin de fournir des documents pertinents attestant le travail que nous avons accompli ou, devrais‑je dire, que nos fonctionnaires ont accompli, afin que nous puissions, quand des erreurs sont commises, en tirer des leçons et adopter des pratiques exemplaires. C'est de la plus haute importance.
Il est primordial d'optimiser les ressources, mais nous sommes également convaincus que, si des fonctionnaires font quelque chose de répréhensible, nous pourrons les tenir responsables. C'est absolument essentiel de pouvoir le faire. Mais aujourd'hui, la vérificatrice nous a clairement dit... cela ne pouvait être plus clair. Elle nous a dit qu'après avoir examiné 97 contrats conclus dans 10 ministères et 10 sociétés l'État, elle a constaté que, sur ces 97 contrats, il n'y avait pas eu d'intervention de la part de représentants élus, de ministres, députés, de représentants élus... sauf dans un cas. Elle a dit que dans 99 % des contrats examinés, il n'y avait pas eu d'ingérence ministérielle ou politique. Le problème se pose donc au sein même de notre fonction publique et nous devons trouver un moyen d'aider notre fonction publique à être la meilleure version d'elle-même possible.
Ce que nous avons également entendu aujourd'hui — et la vérificatrice générale a été très claire sur ce point —, c'est que les règles existent déjà. Elles sont déjà en place. Le cadre de responsabilité et le cadre des règles et des systèmes existent déjà. C'est ce qu'elle nous a dit, mais ce qui doit changer, c'est que les ministères, c'est‑à‑dire les sous-ministres et les représentants non élus, doivent s'assurer que ces règles sont respectées. Nous avons appris aujourd'hui qu'elles le sont à des degrés variables. Certains ministères sont meilleurs que d'autres. Nous devons nous assurer de prendre exemple sur les chefs de file et non sur les cancres. Comment pouvons-nous nous assurer que tous les fonctionnaires et tous les ministères respectent les pratiques exemplaires?
La vérificatrice générale nous a dit que le ministère des Ressources naturelles avait un excellent bilan à cet égard. Qu'est‑ce qui distingue ce ministère? Comment inciter les autres ministères et les sociétés d'État à s'en inspirer pour être irréprochables? C'est important, mais ce changement, ce changement de culture, est la responsabilité de la fonction publique non élue. Il est important que nous, les élus, nous veillons à ce qu'il y ait un mécanisme de reddition de comptes au sein de ce système, mais, comme l'a fait remarquer la vérificatrice générale, les règles existent déjà. Le cadre de responsabilisation existe. Il faut que les ministères et les sociétés d'État respectent ces règles. Voilà ce qui importe.
Au cours de ces échanges, nous avons aussi appris que les fonctionnaires doivent composer avec la complexité des règles et qu'il est nécessaire de trouver un équilibre... Là encore, le but n'est pas d'alourdir les formalités administratives. Notre étude vise plutôt à les réduire. Le but n'est pas de créer davantage de règles ou de formalités administratives. Il s'agit de trouver un équilibre entre l'obligation de rendre des comptes et l'obligation d'efficacité, c'est‑à‑dire de faire en sorte que les décisions puissent être prises de façon responsable et efficiente, tout en permettant au gouvernement de continuer à s'acquitter de son travail et à offrir aux Canadiens les services dont ils ont besoin.
C'est la prochaine étape dans laquelle le Comité doit s'engager. C'est ce que nous avons entendu haut et fort. La vérificatrice générale nous a dit que nous étions sur la bonne voie. Nous devons discuter avec les représentants élus et les fonctionnaires pour trouver un moyen de les aider à s'acquitter de leur travail. C'est important.
Nous avons demandé à la vérificatrice générale ce qui motivait ce comportement. Pourquoi des fonctionnaires non élus prennent-ils des raccourcis, en omettant de fournir les documents requis, de faire des contrôles de qualité rigoureux et de suivre les règles en matière d'approvisionnement? La vérificatrice générale a dit que c'est probablement parce que les fonctionnaires ne comprennent pas bien les règles, ou qu'ils sont peut-être dépassés par la complexité et le nombre de règles, ou encore parce que ces règles doivent simplement être renforcées, répétées et enracinées dans la culture de ces fonctionnaires.
Voilà ce que nous avons entendu au cours des témoignages d'aujourd'hui. Nous avons posé des questions très pertinentes. Je serais curieux de savoir comment la technologie pourrait nous être utile pour aider la fonction publique. Je pense notamment à l'intelligence artificielle qui est en mesure de gérer des systèmes et des situations complexes, par exemple, en établissant à l'intention des fonctionnaires une liste des tâches à effectuer pour chaque contrat d'approvisionnement, qu'il soit gros ou petit. Nous avons demandé pourquoi certains fonctionnaires avaient tendance à toujours faire appel à la même source, aux mêmes entreprises. À quels risques nous exposons-nous en octroyant ces chaînes de contrats non concurrentiels? Cette pratique augmente évidemment l'élément de risque lié à ce genre de décisions.
Il semble que les fonctionnaires adoptent parfois un rythme — ce n'est peut-être pas le mot exact — ou une habitude. Ils font toujours appel aux mêmes entreprises. Comment changer cela? Comment Services publics et Approvisionnement Canada s'acquitte‑t‑il de sa difficile responsabilité de surveillance du processus d'approvisionnement? Il a également été question de cela aujourd'hui.
Nous savons que les ministères sont les responsables ultimes. Nous savons que les fonctionnaires sont les ultimes responsables des décisions qui sont prises au sein de leurs ministères. Comment Services publics et Approvisionnement Canada s'acquitte‑t‑il de cette difficile fonction de mettre un frein à un marché d'approvisionnement qu'il juge préoccupant et d'ordonner aux fonctionnaires d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada ou de l'Agence des services frontaliers du Canada de retourner à leur planche à dessin et de faire ceci ou cela, parce qu'ils ont omis de s'acquitter de certaines tâches. C'est une autre question qu'il faut se poser. Comment pouvons-nous renforcer le rôle de surveillance de Services publics et Approvisionnement Canada sans paralyser le travail du gouvernement? Je pense que c'est l'élément essentiel.
Nous essayons de trouver un équilibre entre l'obligation de rendre des comptes, la nécessité d'avoir des freins et contrepoids et l'obligation d'efficacité, sans ralentir le processus gouvernemental, parce que, je le répète, les décisions qui sont prises ici ont une incidence sur les Canadiens, que ce soit pour l'achat d'équipement de protection individuelle ou de vaccins pendant la pandémie de COVID‑19, ou pour les investissements dans les infrastructures ou la modernisation du processus de versement des prestations afin que les Canadiens et les aînés puissent recevoir leurs chèques de la Sécurité de la vieillesse et leur Supplément de revenu garanti et que les étudiants puissent obtenir leurs prêts d'études. Les Canadiens comptent sur un gouvernement qui fonctionne bien.
Comment concilier cette nécessité de rendre des comptes, tout en évitant d'alourdir inutilement le fardeau administratif? La vérificatrice générale a répondu à cette question: nous n'avons pas besoin d'imposer de nouvelles règles. Les responsables non élus, les fonctionnaires doivent suivre les règles déjà en vigueur. C'est absolument essentiel.
J'ai lu attentivement la motion dont nous sommes saisis. La députée qui l'a présentée veut convoquer des personnes qui, selon la vérificatrice générale, n'ont absolument rien à voir avec le problème des contrats, dont Dominic Barton. C'est incroyable! La vérificatrice générale, l'ombud de l'approvisionnement et tous les autres organismes qui se sont penchés sur le problème ont tout affirmé que ce n'est pas un problème politique. Ce n'est pas un problème de partisanerie. Ce n'est pas un problème de copinage. Le problème, c'est tout simplement que des fonctionnaires non élus n'ont pas respecté pleinement les règles. C'est tout.
Nous parlons ici de convoquer le président du Conseil du Trésor, un ministre, ainsi que le ministre des Services publics alors que nous avons entendu dire à maintes reprises aujourd'hui qu'il n'y avait eu aucune ingérence politique dans 96 des 97 contrats.
Il serait préférable, à mon avis, qu'en tant que comité, nous prenions les mesures qui s'imposent, que nous soyons logiques à cet égard et que nous évitions de faire tout un cirque à ce sujet. Le Comité doit faire son travail et les prochaines étapes de nos travaux doivent être plus ciblées et plus précises. C'est important et c'est ce que je souhaite faire.
Notre objectif, c'est de renforcer les processus de nos fonctionnaires non élus, de renforcer le respect des règles d'approvisionnement et d'améliorer le contrôle de la qualité. Nous voulons améliorer le mécanisme de documentation. C'est vraiment là où le bât blesse. Dans tous leurs rapports, l'ombud de l'approvisionnement et la vérificatrice générale recommandent d'améliorer les mécanismes de documentation, la culture de la documentation, et faire état du travail que nous faisons. C'est ce que nous faisons. Comme je l'ai dit, c'est quelque chose qu'il faut améliorer.
C'est ce que le travail de la vérificatrice générale et de son équipe confirme. Nous l'applaudissons pour cela, elle nous a vraiment rendu un énorme service en braquant les projecteurs sur ce problème. Elle a mis le doigt sur le problème et nous a indiqué la route vers l'amélioration de la reddition de comptes au sein de notre fonction publique.
Je vais maintenant céder le micro et je reviendrai volontiers pour poursuivre le débat sur cette importante question.
:
Merci, monsieur le président.
Je comprends que nous tenions tous à favoriser des solutions, des améliorations et l'optimisation des ressources dans le travail réalisé par appel à l'impartition dans tout le système.
Malgré les insultes puériles auxquelles s'abaissent certains députés au sujet des activités en cause, il est important que nous prenions les mesures voulues pour que des correctifs soient apportés. Nous avons constaté qu'il y avait des lacunes dans le système. L'ombudsman et la vérificatrice générale en ont déjà parlé et des recommandations ont été préconisées et adoptées. Nous continuons d'aller de l'avant pour trouver ces améliorations et les faciliter.
L'audit d'optimisation des ressources nous préoccupe tous. La vérificatrice générale n'a pas manqué d'expliquer que, loin de pouvoir affirmer qu'il n'y avait eu aucune optimisation des ressources, elle ne pouvait pas non plus évaluer cette optimisation. Inquiétant, n'est‑ce pas? L'idée, c'est qu'il faut mettre l'accent sur les besoins quand on envisage des acquisitions, comprendre en quoi consistent les produits livrables attendus, s'assurer que les résultats sont là, de sorte que, au bout du compte, on sache ce qui était attendu des contrats, comme résultats satisfaisants, et de la mesure d'approvisionnement pour pouvoir évaluer le degré d'optimisation. La vérificatrice générale l'a souligné dans ses observations. Certaines opérations et certains contrats qui ont été exécutés et d'autres qui sont toujours en cours répondaient à des besoins, et on se demande pourquoi nous avons besoin de ces partenariats.
Certains, ici présents, ont avancé l'idée que la fonction publique pourrait engager ces personnes au lieu de retenir leurs services par contrat. Autrement dit, il faut embaucher plus de personnel et alourdir la bureaucratie pour faire une partie de ce travail, mais la vérificatrice générale a également fait remarquer que ce n'était pas possible non plus. Elle a dit très clairement qu'il n'y avait pas eu d'ingérence, d'interventions des élus ou d'activités antérieures comme cela s'était produit sous le gouvernement précédent. Ce genre de chose ne s'est pas passé et c'est important, car il faut maintenir la rigueur du système.
La vérificatrice générale a également dit que le cas de McKinsey n'avait rien de particulier, car la situation avait déjà été réglée. Un certain nombre d'engagements simultanés faisaient l'objet d'un examen, et j'aime sa recommandation d'une divulgation normalisée des conflits d'intérêts qui serait largement adoptée dans tous les ministères pour assurer une certaine uniformité à cet égard, mais il n'y a pas eu d'effort coordonné. Des entreprises de bonne réputation ont eu des contrats avec le gouvernement du Canada, autant le gouvernement actuel que celui qui a précédé. D'autres ordres de gouvernement de tout le Canada et des instances du monde entier ont fait appel à McKinsey.
Le but est donc de s'assurer que les procédures correctes ont été suivies. C'est ce que recommande la vérificatrice générale. La politisation de la question explique en partie la motivation de l'opposition, qui veut faire davantage de publications sur YouTube et ainsi de suite. Après la séance d'aujourd'hui, elle fera de nouvelles publications, mais ce qu'il faut faire, c'est garantir une plus grande intégrité et une plus grande transparence dans le système dans l'intérêt des Canadiens, non pas accentuer l'esprit de parti ou se répandre en formules accrocheuses.
Ce sont de vrais enjeux, monsieur le président, et ils importent aux Canadiens et aux membres du Comité, et nous tenons à les aborder dans une perspective d'ensemble. Nous avons examiné... Ceux qui ont été invités à comparaître devant le Comité l'ont déjà fait à maintes reprises. Nous avons déjà discuté du processus d'approvisionnement. Nous avons déjà adopté certaines des mesures que l'ombudsman et d'autres nous ont proposées.
Nous avons déjà établi clairement — et ceux qui font enquête l'ont confirmé — qu'il n'y a eu aucune ingérence. Il n'y a rien eu de criminel. Il n'y a pas eu de démarches auprès des élus, des ministres ou d'autres personnes, mais il y a une pénurie de compétences. Il y a eu un manque au plan de la formation nécessaire pour accomplir une partie du travail, et c'est ce qui a été signalé.
L'ampleur et la portée de certaines activités sont également préoccupantes, n'est‑ce pas? Les contrats sont très nombreux. Bien plus que ce pour quoi McKinsey a fait l'objet d'un examen, et il y en a beaucoup d'autres. Ces initiatives et ces systèmes de surveillance doivent être appliqués dans tout le système. C'est ce qui est le plus préoccupant pour nous tous: il faut que les procédures prévues soient suivies. Nous essayons d'être proactifs. Nous l'avons été en demandant certains examens et certaines enquêtes.
Nous avons pris des mesures correctives à l'égard de ceux qui n'ont pas été à la hauteur. Il y a même eu des mesures disciplinaires dans certains cas. Dans le cas de McKinsey, ce n'était pas évident pour la vérificatrice générale.
Il est important de donner suite à ces recommandations, de faire des progrès sur les plans nécessaires pour mieux gérer le système, mais pour ce qui est de revenir en arrière, de se prononcer sur certains engagements et exiger des comptes, je dirai qu'il faut toujours rendre des comptes. Chaque ministre doit rendre des comptes. C'est son rôle à l'égard des opérations gouvernementales.
Certains ministres de gouvernements précédents n'ont peut-être pas fait un travail efficace, mais nous devons nous assurer de continuer de faire preuve d'efficacité et de tirer des leçons des erreurs antérieures des gouvernements. Néanmoins, nous prendrons les mesures nécessaires, que nous avons d'ailleurs définies.
J'ai maintenant hâte d'agir de façon positive: nous doter des ensembles de compétences voulus, mettre les procédures nécessaires en place, exercer une surveillance efficace, nous assurer d'obtenir de bons résultats afin de pouvoir évaluer adéquatement l'optimisation des ressources.
La vérificatrice générale a dit qu'il y avait peut-être une certaine optimisation, mais que nous ne pouvions tout simplement pas l'évaluer correctement. C'est là le nœud du problème. Il faut pouvoir le faire.
Je cède la parole, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
On ne peut pas être contre la tarte aux pommes, c'est-à-dire de vouloir aller jusqu'au fond des choses, de vouloir cerner tout ce qui ne va pas et de trouver des solutions viables et durables.
Plusieurs des personnes qui sont mentionnées dans la motion ont déjà comparu devant le Comité. On leur a posé des questions très pointues, parfois à la limite de l'agressivité. Je ne suis pas contre la motion pour ce qui est du fond, mais je me demande si nous allons réussir à aller chercher autre chose que ce qui se trouve déjà dans les quelques dizaines de milliers de pages que nous avons à propos de la firme McKinsey ainsi que dans les comptes rendus du hansard.
Cela étant dit, si les membres du Comité ressentent le besoin de rencontrer ces gens, parce que le dossier les rend émotifs et qu'ils croient que c'est important, nous pourrions le faire. À mon avis, ce qui pose un problème dans cette motion, c'est sa formulation et son manque de précision. On parle, par exemple, des fonctionnaires de la Défense nationale et de plusieurs organismes et ministères.
Avons-nous l'intention de rencontrer chacun des fonctionnaires dont le nom figure sur un contrat? Est-ce là l'intention? Combien y a-t-il de fonctionnaires affectés à un contrat? Combien y a-t-il de contrats?
On parle de 97 contrats. Voulons-nous vraiment rencontrer chacun des fonctionnaires dont le nom apparaît sur un contrat pour essayer de trouver où est le problème et voir si ces fonctionnaires sont, au bout du compte, impliqués de près ou de loin, en diagonale ou de travers avec la firme McKinsey?
La motion manque de précision. Que voulons-nous? Quel est l'objectif?
Il faudrait justement éviter de faire l'erreur qui a été faite dans l'attribution des contrats que nous étudions, soit de ne pas savoir ce que nous voulons exactement. Je comprends que nous voulons la vérité. Nous voulons trouver des pistes de solution. Nous voulons aller au fond des choses. Je comprends tout cela, et c'est essentiel.
Est-ce que le moyen utilisé est le bon, soit d'y aller de façon aussi large, aussi imprécise? À la limite, cela pourrait même nous nuire. Quand on ratisse large, de manière aussi imprécise, on risque davantage de se perdre dans des dédales d'informations plus ou moins pertinentes. Il y a le risque que des fonctionnaires craignent d'être punis pour avoir oublié des étapes, même inconsciemment, ce qui pourrait les rendre méfiants à l'égard du Comité. Personne ne veut cela. Nous voulons la vérité, mais comment la voulons-nous? Quelles conséquences serions-nous prêts à assumer comme comité?
Nous devons répondre à tout cela. Comme je le disais, il faut certainement étudier les contrats attribués à la firme McKinsey. C'est absolument aberrant et anormal de voir qu'il manquait des justifications dans 58 % des contrats. Je le répète, c'est sidérant. En bon franglais, c'est « flabbergastant ».
Néanmoins, comment allons-nous faire cela? Devons-nous inviter chacun des fonctionnaires travaillant dans les ministères? Il n'y aurait plus de fin.
Voici mes dernières questions. Combien de rencontres faudra-t-il planifier pour les rencontrer tous? Devrions-nous rencontrer les témoins tous en même temps ou un par un? Quand pourrions-nous trouver le temps pour faire cela? Allons-nous épuiser nos interprètes et nos techniciens en les forçant à venir pendant l'été, au mois de juillet et au mois d'août? Est-ce cela que nous cherchons?
Je suis convaincue que non, ce n'est pas ce que nous cherchons. En tout cas, ce n'est pas mon cas. Je n'ai pas envie de causer du stress, de l'épuisement professionnel pour cela. J'ai envie d'entendre la vérité, pas de détruire les gens avec qui nous travaillons et qui travaillent pour nous.
Oui, il faut étudier le cas de la firme McKinsey, aller au fond des choses et trouver la vérité. Par contre, la motion a besoin d'être améliorée et précisée. Je suggère à mes collègues de rechercher un consensus et de préciser la motion de manière à répondre, à tout le moins, à quelques-unes des nombreuses questions que j'ai formulées dans les dernières minutes.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je m'apprête à commenter ce que j'ai observé pendant la première heure de séance. Après y avoir assisté, je suis parti pour participer, pendant la deuxième heure, à une fête organisée conjointement avec un collègue. Il s'agit d'une activité organisée sur la Colline avec à l'occasion de la fête des Pères. En passant, bonne fête à tous les pères. Pourquoi cette précision? Je préviens mes auditeurs que je vais parler de ce que j'ai entendu au cours de la première heure.
En partant, j'ai demandé à la vérificatrice générale si elle avait vu ce genre de situation au cours des 12 années sur lesquelles son étude a porté. Il semble que les incohérences ou le non-respect du processus aient été très constants pendant toute la période, au cours de laquelle le gouvernement a été dirigé tantôt par les conservateurs, tantôt par les libéraux. Je ne pense pas que le fait que la période étudiée débute en 2012 change quoi que ce soit. Si elle avait débuté en 2010, il est probable que les constatations auraient été les mêmes.
Nous avons ensuite examiné les ministères, les organismes et les sociétés d'État. Nous avons remarqué les mêmes incohérences, même si les sociétés d'État sont des entités indépendantes dont les processus et systèmes diffèrent de ceux du gouvernement.
Nous avons ensuite demandé à la vérificatrice ce qu'elle concluait. Une de ses conclusions est que le processus est très compliqué. Long et lourd. De plus, malgré le fait que la délégation de pouvoirs a été accordée au sous-ministre, les pouvoirs ont été transmis au niveau inférieur, dont le personnel n'avait probablement pas la formation voulue, surtout si on tient compte du moment où les contrats ont été attribués.
De plus, je me souviens qu'il y a eu des cas où le ministère ou le ministre chargé de la société d'État attendait l'entente-cadre sur les niveaux de service, qui, à mon avis, leur donne la souplesse nécessaire pour contourner certaines complexités.
Logiquement, la question que j'aurais posée ensuite, si j'avais été présent et avais eu mon tour, aurait porté sur le pic observé en 2021 et 2022. Que s'est‑il passé pendant cette période et pourquoi y a‑t‑il une augmentation des dépenses? Jetons un coup d'œil. Je ne sais trop si certains de mes collègues l'ont souligné, mais le gouvernement a hérité d'un ensemble de services et de technologies dorsales, etc., qui nécessitaient vraiment une grande attention. Il avait un programme très progressiste et dynamique. Pour que nous puissions y arriver, il nous fallait connaître les pratiques exemplaires qui avaient cours dans le monde. McKinsey est l'une des organisations qui ont ce qu'il faut. Elle n'est pas la seule, mais elle est du nombre.
Quand on voit le montant qui a été dépensé... Et je n'essaie aucunement de défendre les consultants ni McKinsey. Que ce soit bien clair. Considérez les 200 millions de dollars qui ont été versés à McKinsey. Ce montant ne représente qu'environ 0,27 % de tout l'argent dépensé pour tous les services de consultants externes en gestion.
C'est ainsi que j'ai perçu les propos de la vérificatrice générale — et je crois qu'elle y a fait allusion également —, mais ce qui est en cause, ce n'est pas vraiment McKinsey, ni le favoritisme, par exemple. C'est que, simultanément, les processus n'ont pas été suivis, qu'ils étaient trop compliqués et que le personnel était probablement... Voyez certaines exigences en matière de rendement. Je vais chercher très loin... Si l'évaluation du rendement et les primes dépendent de telle ou telle réalisation et que le fonctionnaire est aux prises avec un processus long et compliqué, il va trouver de nouvelles façons de faire son travail.
L'idée d'un accord-cadre sur les niveaux de service pourrait être l'une des façons originales d'obtenir des services. On pourrait se servir de l'entente-cadre, qui est générale, puis donner aux fonctionnaires, aux décideurs la souplesse nécessaire pour offrir les services voulus.
Est‑ce vraiment à cela que sert l'entente-cadre sur les services? Je l'ignore. C'est là‑dessus que nous devrions nous concentrer.
Pourquoi est‑ce que je m'appuie là‑dessus? Pourquoi je me reporte à tout cela? Parce que je ne pense pas que nous devions nous concentrer sur McKinsey, dont la part n'a été que d'environ 0,27 %. Il faudrait mettre l'accent sur la grande complication des processus, la formation du personnel et la compréhension de la délégation des pouvoirs. Il faudrait ensuite mettre en place, comme l'a proposé la vérificatrice générale, les mesures de surveillance nécessaires. C'est là‑dessus que nous devrions nous concentrer. Si l'attention accordée à l'affaire McKinsey va en ce sens...
Soit dit en passant, nous réalisons une étude sur l'allégement des formalités administratives. Pourquoi ne pas intégrer à cette étude la question qui nous occupe maintenant? Nous pourrions dire: « Examinons l'entente-cadre sur les niveaux de service. Y a‑t‑il eu des cas où elle a servi à accélérer le traitement? Pourquoi n'avons-nous pas un traitement accéléré? Pourquoi y a‑t‑il 600 petites entreprises comme GC Strategies qui ont en quelque sorte maîtrisé ce lourd processus? Quelqu'un, dans une petite entreprise en démarrage — une entreprise individuelle — essaie de s'engager dans le développement et le soutien au gouvernement. Le contrat doit aller à une entreprise comme GC Strategies. » Ce sont celles auxquelles il faut s'intéresser.
J'ai eu l'occasion de jeter un coup d'œil rapide à la liste des témoins proposés... que nous avons. Dominic Barton est déjà comparu et est parti. Il a été accueilli par le Comité. Il a fait sa déclaration. Il a quitté la Banque de l'infrastructure du Canada.
Soit dit en passant, la Banque de l'infrastructure du Canada a donné un contrat de 1,7 million de dollars. Je comprends que vous vouliez faire comparaître, disons, Trans Mountain Corporation. Dans ce cas, le montant s'élève à 32 millions de dollars. Mais faire comparaître McKinsey, dans le cas de la Banque de l'infrastructure du Canada, pour un contrat de 1,7 million de dollars... Je ne suis pas convaincu.
Le partenaire mondial actuel de McKinsey a comparu. Je lui ai posé la question expressément: « Pourquoi, tout à coup, s'intéresse-t‑on au gouvernement du Canada? » Il a répondu: « Nous avons décidé, dans le cadre de notre stratégie, d'accroître notre présence au Canada. » Comparée à celle d'autres entités, cette présence n'est pas considérable.
D'accord. Il y a aussi Boyan Gerasimov, l'ancien gestionnaire de l'engagement de McKinsey et ancien directeur des politiques de Services publics et Approvisionnement Canada. L'approvisionnement était l'un des ministères. Nous n'avons pas besoin de faire comparaître cette personne. La présidente du Conseil du Trésor... date prévue. Le président des services publics... date prévue. Le ministère de la Défense nationale et les fonctionnaires... Que vont-ils nous dire? Ils vont expliquer: « Vous savez quoi? Nous devions faire le boulot. On nous a demandé de suivre les procédures. Nous avons constaté que l'entente-cadre sur les services était probablement la meilleure solution. »
Chose curieuse, je n'ai pas vu comparaître l'organisation exceptionnelle qui a suivi le processus. Je n'ai pas vu ce ministère d'exception parmi une dizaine. Il y a eu force compliments. Je n'ai pas vu son nom ici. S'il est un témoin qu'il faudrait inviter, c'est bien lui. Le ministère des Ressources naturelles s'est conformé à presque toutes les procédures. Sur cinq, il en a respecté quatre. Pourquoi ne pas l'inviter? Parce qu'il va dire qu'il a respecté la procédure. Il n'a été soumis à aucune influence. Le problème, c'est que les autres ministères n'ont pas suivi la procédure. Pourquoi pas? Ce n'est pas qu'ils veulent enfreindre les règles. C'est parce que la procédure est probablement très compliquée, comme l'a dit la vérificatrice générale. Quand c'est compliqué, on essaie de faire preuve de créativité. S'il y a des occasions dans le cadre qui est là de faire preuve de créativité pour parvenir à faire son travail, on saisira l'occasion.
Nous avons accueilli l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public. Nous lui avons demandé des documents. Allez-vous l'inviter? Il ne va pas comparaître pour discuter de ces choses‑là. Il dira que cela relève de la sécurité nationale.
Trans Mountain Corporation et la Banque de l'infrastructure du Canada... J'en ai déjà parlé.
Je le répète, pourquoi ne pas inviter le ministère des Ressources naturelles, qui pourrait venir nous dire: « Vous savez quoi? Nous comprenons la procédure à suivre et la délégation de pouvoirs. Voici comment nous documentons ce que nous faisons, etc. » Ensuite, nous pourrions dire: « Pourquoi les autres ne font-ils pas la même chose? »
C'est ce que la vérificatrice générale a essayé de comprendre également, et c'est la responsabilité des ministères, des sous-ministres et des fonctionnaires.
Je pense avoir expliqué sur quoi devrait porter l'étude. Sur le processus. Il s'agit de savoir pourquoi on ne le suit pas, pourquoi on utilise certains outils pour contourner la complexité et se donner la souplesse nécessaire pour faire le travail, et c'est là‑dessus que nous devrions nous concentrer.
Nous avons une étude en cours sur l'allégement des formalités administratives. Il est probable qu'elle devrait également aborder la question qui nous occupe.
Là‑dessus, monsieur le président, je propose de suspendre la séance.