Bonjour à tous. Bienvenue à la vingtième réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes. Nous avons le plaisir de recevoir le directeur parlementaire du budget, le DPB, qui vient discuter avec nous du Budget principal des dépenses 2022-2023. Le Comité poursuivra ensuite son étude des projets d'approvisionnement en défense aérienne.
La réunion se déroulera selon une formule hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 novembre 2021. Certains députés siègent dans la salle et d'autres siègent à distance, par la voie de l'application Zoom. Pour ce qui concerne la liste d'intervention, nous allons tâcher, avec le greffier du Comité, de respecter l'ordre dans lequel les députés ont demandé la parole, qu'ils siègent à distance ou en personne.
Je profite de l'occasion pour rappeler qu'il est interdit de faire des captures ou des photos de vos écrans.
Comme la pandémie perdure et que les recommandations des autorités sanitaires et la directive du Bureau de régie interne du 19 octobre 2021 continuent de s'appliquer, les personnes présentes dans la salle sont priées de suivre certaines règles de santé et de sécurité.
Si vous présentez des symptômes d'infection, il vous est demandé de ne pas assister à la réunion dans la salle et d'utiliser plutôt l'application Zoom. Dans la salle, maintenez une distance sanitaire de deux mètres entre vous, que vous soyez assis ou debout. De plus, portez un masque non médical dès que vous circulez dans la salle. Cela dit, il est très fortement recommandé de porter un masque en tout temps, y compris si vous êtes assis. Des masques non médicaux, qui étouffent moins le son de la voix que les masques en tissu, sont mis à votre disposition dans la salle.
Les personnes dans la salle sont aussi priées de se désinfecter les mains aussi souvent que nécessaire en utilisant le produit fourni à l'entrée. Les salles des comités sont nettoyées avant et après chaque réunion. En complément, vous êtes invités à utiliser les lingettes désinfectantes fournies pour nettoyer les surfaces de vos bureaux, de vos fauteuils et de vos microphones à votre arrivée et avant de quitter votre place.
En ma qualité de président, je vais m'assurer que les mesures que je viens de vous exposer sont respectées pendant toute la réunion. Je vous remercie à l'avance de votre coopération.
Veuillez nous excuser, mais nous avons un petit pépin informatique. Nous allons suspendre brièvement la séance.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Nous avons le plaisir d'être ici aujourd'hui pour discuter de l'analyse du plan des dépenses du gouvernement et du Budget principal des dépenses 2022‑2023, que nous avons publiée le 1er mars 2022.
Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Kaitlyn Vanderwees, notre analyste principale du budget des dépenses, ainsi que de M. Christopher Penney, notre analyste principal en matière de défense.
Le Budget principal des dépenses 2022‑2023 prévoit des autorisations de dépenses budgétaires de 397,6 milliards de dollars, dont 190,3 milliards de dollars doivent être approuvés par le Parlement. La première partie de cette somme, soit environ 75 milliards de dollars, a été approuvée au moyen du projet de loi à la fin de mars.
Il est à noter que les dépenses proposées pour le portefeuille des Affaires autochtones totalisent 45,4 milliards de dollars dans ce budget principal des dépenses, ce qui correspond à une augmentation de 214 % par rapport aux dépenses budgétaires liées aux Autochtones en 2017‑2018. Cette hausse importante est attribuable surtout à l'indemnisation d'environ 20 milliards de dollars versée aux enfants des Premières Nations et à leurs familles.
D'autre part, une augmentation prévue de 6,7 milliards de dollars, ou environ 10,9 %, des prestations fédérales aux aînés en porterait le total à 68,3 milliards de dollars en 2022‑2023, et le Transfert canadien en matière de santé augmentera de 2,1 milliards de dollars, ou 4,8 %, pour s'établir à 45,2 milliards de dollars en 2022‑2023.
[Traduction]
Je tiens à attirer votre attention sur le fait que le gouvernement désigne le budget principal des dépenses sous le nom de « Plan des dépenses du gouvernement ». Toutefois, il ne présente généralement aucune mesure dans le budget correspondant ou les plans ministériels, ce qui brosse donc un portrait incomplet des dépenses du gouvernement.
Cela nuit à votre capacité de comprendre et d’examiner la demande de fonds du gouvernement, de faire un suivi des nouvelles mesures annoncées dans le budget fédéral ou de déterminer les résultats attendus des nouvelles mesures budgétaires. Ce comité a publié des recommandations en 2012 et en 2019 pour remédier à ces lacunes. Il a notamment recommandé de déposer le budget fédéral et le budget principal des dépenses en même temps, et de faire concorder l’information qu’ils contiennent. Il a aussi recommandé que les détails des nouvelles dépenses présentées dans le budget principal et les budgets supplémentaires des dépenses figurent dès que possible dans les plans ministériels.
Je ne vois absolument pas pourquoi ces recommandations ne pourraient pas être mises en œuvre. Ces changements instaureraient un processus de décision cohérent, intuitif et, surtout, transparent en matière financière pour les législateurs.
Nous répondrons volontiers aux questions que vous pourriez avoir au sujet de notre analyse du plan des dépenses et du budget principal des dépenses pour 2022-2023 ou d’autres travaux de mon bureau.
Merci, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Giroux.
Je vous remercie d'être parmi nous, et je remercie vos collègues également. C'est toujours un plaisir de vous recevoir.
À la fin de votre déclaration, vous avez parlé d'un problème majeur, que le Comité avait relevé en 2012 et en 2019. Il s'agit du fait que les dépenses du gouvernement et le budget ne concordent pas.
Est-ce ce qui explique l'autre problème apparu récemment, sur lequel vous avez fait un rapport et en raison duquel vous êtes ici aujourd'hui?
Je parle de la différence de 15 milliards de dollars dans le budget de la Défense nationale, que la n'a pas été en mesure d'expliquer. Même l'explication de la sous-ministre, qui était à ses côtés, n'était pas claire. C'est pourquoi nous vous avons demandé de comparaître aujourd'hui pour nous expliquer la raison d'être de ce montant de 15 milliards de dollars, qui n'apparaît pas dans ce qui a été présenté aux parlementaires initialement.
On nous demande d'approuver des dépenses qui ne concordent pas. Ce dont vous faites mention aujourd'hui, est-ce ce qui explique cette différence de 15 milliards de dollars dans le budget?
Je passe à un autre sujet.
Cette semaine, nous avons reçu au Comité le président des Chantiers maritimes Irving, M. Kevin Mooney. Nous avons parlé du fameux contrat des navires de combat de surface, les 15 futures frégates.
Nous disposons au Comité de plusieurs chiffres pour notre étude sur les opérations navales, mais nous avons de la difficulté à nous y retrouver.
Mardi dernier, M. Mooney a mentionné que, selon les données présentées, le coût estimatif lié à la construction des quinze frégates est actuellement inférieur à 60 milliards de dollars. Il nous a aussi dit que notre gouvernement avait estimé le coût du projet à environ 60 milliards de dollars. De votre côté, dans le rapport que vous avez publié l'an dernier ou il y a deux ans, votre estimation était de 77 milliards de dollars.
Par ailleurs, M. Mooney a déclaré au Comité qu'il envoyait des rapports trimestriels de mise à jour de façon régulière. Par contre, vous nous mentionnez souvent que, de votre côté, vous avez de la difficulté à obtenir de l'information pour faire votre travail avec votre équipe.
Dans le cas des frégates, existe-t-il une mise à jour vraiment plus précise?
Nous recevons différents chiffres: moins de 60 milliards de dollars, environ 60 milliards de dollars et 77 milliards de dollars. Quel est le bon montant?
Pouvez-vous répondre à cette question?
Votre collègue qui s'occupe de la défense serait peut-être en mesure de le faire.
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Le grand défi pour notre bureau, et c'est toujours d'actualité, a été d'absorber la charge de travail apportée par les dépenses que le gouvernement a dû engager.
Au début de la pandémie, comme les Canadiens recevait très peu d'information à la situation budgétaire, nous avons dû mettre les bouchées doubles pour leur fournir cette information. Pour les employés et tout le personnel du Bureau, la production d'une estimation indépendante du coût des multiples mesures adoptées représentait un travail énorme. C'est une des répercussions que nous avons vécues.
De plus, comme des millions de Canadiens, nos employés ont dû travailler à distance pendant une assez longue période au cours des deux dernières années. Certains continuent de le faire, à temps partiel du moins. Là aussi, il a fallu s'adapter et relever des défis, mais nous sommes loin d'avoir été les seuls dans cette situation.
Pour ce qui concerne la situation fiscale, comme nous l'avons vu, il est clair que les dépenses et le déficit du gouvernement ont fait un bond spectaculaire. La situation n'est pas encore revenue à la normale, et il essaie d'abaisser les dépenses extraordinaires liées à la COVID-19 et de revenir à des niveaux de déficit plus normaux et plus près de ce qu'ils étaient avant la pandémie.
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Merci, monsieur Giroux.
Sur ce, nous en sommes à la fin de nos questions. Je tiens à remercier MM. Giroux et Penney et Mme Vanderwees d'être venus et de nous avoir attendus au début. Je vous remercie de vos réponses. Nous serions heureux de vous revoir.
Cela dit, comme les membres du Comité le savent, l'ordre de renvoi relatif à l'étude en comité du Budget principal des dépenses expire le mardi 31 mai 2022. Si le Comité estime avoir terminé cette étude, nous pouvons passer à la prise de décision sur les crédits qui lui ont été renvoyés.
En tout, 21 crédits du Budget principal des dépenses 2022-2023 ont été renvoyés au Comité. À moins que quelqu'un ne s'y oppose, je vais demander le consentement unanime du Comité pour regrouper les crédits afin de prendre une décision.
Y a-t-il consentement unanime pour procéder ainsi?
Des voix: D'accord.
Le président: Merci beaucoup.
Est-ce que tous les crédits prévus dans le Budget principal des dépenses 2022-2023, moins les montants attribués dans les crédits provisoires, qui ont été renvoyés au Comité sont adoptés?
SOCIÉTÉ CANADIENNE DES POSTES
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Crédit 1 — Paiements à la Société à des fins déterminées..........22 210 000 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
ÉCOLE DE LA FONCTION PUBLIQUE DU CANADA
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Crédit 1 — Dépenses de programmes..........62 991 464 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
SECRÉTARIAT DES CONFÉRENCES INTERGOUVERNEMENTALES CANADIENNES
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Crédit 1 — Dépenses de programmes..........5 613 899 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
BUREAU CANADIEN D'ENQUÊTE SUR LES ACCIDENTS DE TRANSPORT ET DE LA SÉCURITÉ DES TRANSPORTS
ç
Crédit 1— Dépenses de programmes..........31 924 200 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
COMMISSION DE LA CAPITALE NATIONALE
ç
Crédit 1 — Paiements à la Commission pour les dépenses de fonctionnement..........75 875 420 $
ç
Crédit 5 — Paiements à la Commission pour les dépenses en capital..........78 341 049 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence)
BUREAU DU SECRÉTAIRE DE LA GOUVERNEURE GÉNÉRALE
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........20 510 231 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
BUREAU DU DIRECTEUR PARLEMENTAIRE DU BUDGET
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........6 650 891 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
COMMISSARIAT À L'INTÉGRITÉ DU SECTEUR PUBLIC
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........5 121 624 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........171 938 081 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
COMMISSION DE LA FONCTION PUBLIQUE
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........80 875 554 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........84 536 860 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence)
ç
Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement..........2 161 889 344 $
ç
Crédit 5 — Dépenses en capital..........339 296 808 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence)
SECRÉTARIAT DU CONSEIL DU TRÉSOR
ç
Crédit 1 — Dépenses de programmes..........320 060 709 $
ç
Crédit 5 — Éventualités du gouvernement..........750 000 000 $
ç
Crédit 10 — Initiatives pangouvernementales..........152 305 896 $
ç
Crédit 20 — Assurance de la fonction publique..........3 195 856 257 $
ç
Crédit 25 — Report du budget de fonctionnement.2 100 000 000 $
ç
Crédit 30 — Besoins en matière de rémunération..........600 000 000 $
ç
Crédit 35 — Report du budget des dépenses en capital..........700 000 000 $
(Les crédits 1, 5, 10, 20, 25, 30 et 35 sont adoptés avec dissidence)
Le président: Je vous remercie.
Dois-je faire rapport des votes à la Chambre?
Des voix: D'accord.
Le président: Je vous remercie.
Sur ce, nous allons suspendre brièvement la séance pour accueillir le prochain groupe de témoins et poursuivre ensuite notre étude.
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Je vous remercie, monsieur le président. Mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner. Je vais me présenter et expliquer les raisons de ma présence.
Je suis un architecte naval ayant émigré au Canada en 1981. Depuis, j'ai travaillé sur tous les grands projets maritimes du gouvernement du Canada et sur des chantiers de construction navale gouvernementaux et commerciaux un peu partout dans le monde. J'ai pris ma retraite d'un emploi à temps plein à la fin de 2020 et je tiens à préciser que je témoigne aujourd'hui à titre de citoyen canadien concerné et non de représentant d'un quelconque groupe ou d'un ancien employeur.
Beaucoup de témoins vous ont dit que la SNCN éprouvait des difficultés et qu'elle a subi des revers. Je serai beaucoup plus catégorique: la SNCN est un échec et il faut la corriger ou la mettre aux rebuts.
Elle ne livre pas les navires dont la Marine canadienne et la Garde côtière ont besoin et le coût des quelques navires qu'elle a livrés est indécent. À l'échelle internationale, le Canada est la risée de tous. De façon générale, le Canada paie pour ses navires de trois à cinq fois que le prix payé ailleurs dans le monde et il faut de deux à quatre fois plus de temps pour les obtenir.
Nous ne pouvons pas attendre indéfiniment nos nouveaux navires. Les navires de notre Marine et de la Garde côtière se détériorent. Dans les dernières années, le Canada a acquis plus de navires provisoires que de nouveaux navires pour combler les lacunes.
Permettez-moi de passer en revue quelques projets internationaux pouvant servir de comparaison.
Je commencerai par le navire de soutien interarmées, le NSI. J'ai travaillé sur ce projet de 1998 jusqu'à ma retraite. En 2011, le chantier a été octroyé à Seespan dans le cadre de la SNCN. En 2013, le modèle allemand de classe Berlin a été retenu comme base. Les travaux de conception ont commencé en 2014 et la construction, en 2018. En mai 2022, l'assemblage des principaux blocs de construction n'est toujours pas terminé. Selon la vitesse de progression du projet, j'estime que le premier navire sera peut-être prêt à la fin de 2025, ou en 2026, puis accepté par la Marine plus tard. Les coûts du projet sont actuellement estimés à 4,1 milliards de dollars pour deux navires et il est probable qu'ils continuent de grimper. Le premier navire aura coûté au moins 2,5 milliards de dollars.
L'Aotearoa, le navire de soutien maritime de la Nouvelle-Zélande, est de conception entièrement nouvelle. De classe polaire, il permet des opérations dans l'Antarctique. Sur le plan technologique, il est bien plus avancé que le NSI et à peu près de la même taille et de la même vitesse. La conception et la construction ont demandé presque exactement quatre ans. Le contrat du chantier naval s'est élevé à 500 millions de dollars canadiens. Le projet canadien a donc coûté environ cinq fois plus cher et a pris largement plus que trois fois plus de temps.
Un témoin précédent a évoqué le nouveau navire de la marine italienne, le Vulcano. Le contrat de conception a été octroyé en 2015 et il a été mis en service en 2021, malgré un grave incendie pendant la construction. Il a aussi coûté environ 500 millions de dollars canadiens.
La plupart des navires prévus dans le cadre de la SNCN sont des navires très spécialisés. Il est donc souvent difficile de trouver des projets directement comparables. La conception du navire hauturier de science océanographique canadien et celle de son équivalent sud-africain ont été réalisées par mon ancien employeur, mais le coût du navire canadien beaucoup plus petit s'établit actuellement à cinq fois le coût du navire sud-africain.
Le développement d'un grand patrouilleur hauturier pour la Garde côtière de Taïwan est un autre projet récent intéressant. Il s'agit d'un navire de 5 000 tonnes ayant une vitesse de 24 noeuds. De la conception à la livraison, le projet a pris moins de quatre ans et le programme de quatre navires a coûté un peu moins de 500 millions de dollars canadiens. Le concept du navire taïwanais diffère passablement de celui du navire de patrouille extracôtier pour l'Arctique, mais leur complexité est comparable.
J'ai été le gestionnaire de programme pour la conception du NPEA de 2007 à 2010. Le NPEA est un cousin du Svalbard de la Garde côtière norvégienne et mon équipe a eu un accès complet aux coûts du Svalbard pour étayer nos propres estimations, en particulier pour les heures de chantier nécessaires. Nous avons globalement présumé que le triple de la main-d'oeuvre européenne serait nécessaire. Or, selon les coûts réels du NPEA, il semble que les vrais chiffres sont effroyablement plus élevés encore. Comme les coûts des septième et huitième navires de la classe dépasseront probablement 1,5 milliard de dollars, il semble que la situation empire au lieu de s'améliorer. La Garde côtière norvégienne est en train de construire trois nouveaux navires, beaucoup plus gros et plus puissants, pour un total d'environ 700 millions de dollars.
Il convient de souligner que ni la Marine canadienne ni la Garde côtière ne veulent ou n'ont besoin de ces autres NPEA. Ceux-ci sont uniquement construits pour occuper le chantier naval en attendant que le projet des navires de combat de surface canadiens aille de l'avant.
Réglez les problèmes de la SNCN ou mettez-la à la poubelle. Sincèrement, je ne pense pas qu'il soit possible de régler les problèmes, puisque des vices fondamentaux font partie intégrante de sa conception. Le gouvernement a sous-traité une grande partie du processus décisionnel à ce que je décrirais comme des oligarques à la recherche de profits dont les intérêts ne semblent pas correspondre à ceux de la Marine, de la Garde côtière ou du pays.
Le Canada a déjà englouti des milliards de dollars dans la SNCN et il risque de gaspiller des dizaines de milliards de plus dans les décennies à venir. Nous ne procurerons pas à la Marine, à la Garde côtière ou au Canada lui-même les navires dont ils ont besoin.
Il ne devrait pas s'agir d'un enjeu partisan puisque les gouvernements conservateurs et libéraux qui se sont succédé ont chacun une part de responsabilité dans la situation actuelle. J'implore le Comité d'examiner les décisions difficiles qui doivent être prises pour préserver nos capacités en matière de sécurité et de sûreté maritimes.
Je vous remercie.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je représente Unifor, la Fédération des travailleurs de construction navale, section locale 1. Nous apprécions l'occasion de nous adresser à vous aujourd'hui afin de souligner l'importance du contrat de construction navale pour nos membres.
Je m'appelle Shannon Sampson et je suis la présidente de la section locale 1. Je suis accompagnée aujourd'hui de notre agent d'affaires, Adam Slaunwhite.
Je crois savoir que Kevin Mooney et Kevin Young vous ont invités à venir visiter le chantier naval d'Halifax. Nous serions honorés d'avoir l'occasion de vous présenter à vos fiers constructeurs de navires.
Les trois principaux sujets que j'aimerais aborder sont les suivants: premièrement, nos membres et la Stratégie nationale de construction navale; deuxièmement, les défis de la COVID-19; et troisièmement, la transition des NPEA au projet des navires de combat de surface canadiens.
La section locale 1 de la Fédération des travailleurs de construction navale a été créée en 1937. Nous avons eu jusqu'à trois générations de constructeurs de navires travaillant ensemble à un moment donné. Nos membres ont traversé les périodes d'expansion et de ralentissement de la construction navale nationale… et nous sommes toujours là. Nous savons ce que cela signifie de voir nos membres perdre leurs moyens de subsistance. La période de ralentissement, avant cette grande annonce en octobre 2011, a vu le plus grand chantier naval du pays fermer. Saint John Shipbuilding comptait autrefois plus de 3 200 ouvriers qualifiés qui construisaient les frégates. C'est une chose à laquelle nous ne voudrions jamais que nos membres soient confrontés.
Aujourd'hui, nous construisons des navires pour soutenir les générations futures. Le Canada a rendu cela possible, et nous ne le tenons pas pour acquis. La Stratégie nationale de construction navale permet de former une toute nouvelle génération de constructeurs de navires, et nous sommes déterminés à fournir les meilleurs navires qui soient à la Marine royale canadienne et à la Garde côtière canadienne.
Ma génération est engagée envers la Stratégie nationale de construction navale. Nous gardons les métiers chez nous et nous les ramenons chez nous. Notre section locale compte plus de 229 apprentis, ce qui est le plus grand nombre pour un seul employeur, au Canada atlantique. La section locale 1 s'engage à soutenir nos apprentis tout au long de leur parcours, afin d'obtenir leur certification Sceau rouge. Nous avons battu des records en 2021 et nous sommes en passe de les battre de nouveau en 2022.
La SNCN a ajouté plus de 700 constructeurs de navires qualifiés à notre section locale. Ces possibilités de construction navale changent la vie de nos membres. Notre main-d'oeuvre est en pleine croissance et se diversifie, et nous pensons que les métiers spécialisés doivent inclure les personnes sous-représentées. Je suis la première femme présidente de la section locale 1, et je suis fière du nombre de femmes, dans les métiers, sur notre chantier naval. Il dépasse la moyenne provinciale et nationale.
Le chantier naval d'Halifax et nos membres ont ressenti l'incidence de la COVID-19, car il s'agit d'une main-d'oeuvre essentielle. Les règlements de la Régie de la santé de la Nouvelle-Écosse ont imposé la fermeture des écoles et des garderies pendant des mois, ce qui a réduit notre main-d'oeuvre en raison de la nécessité de s'occuper des jeunes enfants. Irving Shipbuilding a travaillé en étroite collaboration avec la Régie de la santé pour créer des protocoles de sécurité et de distanciation propres au site, afin de protéger tous nos membres. Le maintien de ces protocoles a eu des répercussions sur l'efficacité de la production, mais nous avons quand même persévéré pour livrer deux navires de patrouille extracôtiers pour l'Arctique, et nous nous serrons les coudes pour livrer le troisième navire cet automne.
Nos membres du secteur de la réparation navale, qui soutient des centaines d'emplois, ont également remis en service le NCSM Charlottetown et ont accueilli le NCSM Ville de Québec dans la cale sèche.
Nous travaillons d'arrache-pied pour conserver le vote de confiance que le Canada nous a accordé à juste titre en 2011. En tant qu'équipe, la section locale 1 croit fermement que la protection du Canada, contre les menaces à notre souveraineté et à notre sécurité, commence au pays et devrait être construite au pays. La SNCN, ce sont des Canadiens qui travaillent pour assurer la sécurité des Canadiens.
Les NPEA nous ont donné l'occasion d'agrandir notre équipe et d'élargir nos compétences, alors que nous nous préparons pour les navires de combat de surface canadiens. Afin de soutenir notre main-d'oeuvre, nous devons nous assurer qu'il n'y a pas d'écart entre la fin des NPEA et le début des NCSC. Les membres qualifiés d'Irving Shipbuilding ont gagné le contrat de construction de ces navires de combat, et nous nous sommes engagés à tous les construire. Il s'agit d'une occasion générationnelle, et nous nous concentrons à 100 % sur le fait de voir cette génération, et la suivante, employée dans ce parcours historique pour la Marine.
Merci.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de m'avoir invité à vous parler aujourd'hui de la Stratégie nationale de construction navale.
Je suis ici en tant que président de l'Association canadienne des industries marines et de la construction navale, l'ACIMCN, dont l'objectif est de représenter et de défendre l'avancement de l'industrie marine et de la construction navale au Canada. Nous représentons 80 % de la capacité de production de la construction navale canadienne. Nos membres reflètent un groupe diversifié d'entreprises prospères de toutes tailles dans une gamme de secteurs de l'industrie marine à travers le Canada. Notre conseil d'administration est donc composé d'administrateurs issus de tous les grands secteurs du Canada, y compris de partenaires de notre SNCN.
Dans un esprit de transparence, je signale que tous nos administrateurs ont un emploi dans le secteur. Dans mon travail quotidien, je suis vice-président principal des programmes commerciaux et gouvernementaux chez Chantier Davie.
Personnellement, j'ai plus de 45 ans d'expérience dans la construction navale canadienne. Ayant occupé des postes de direction dans les secteurs privé et public, j'ai travaillé dans le cadre de nombreux contrats pour le gouvernement, puis pour des constructeurs de navires. J'ai participé de près à la première SNACN, la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale, puisque j'ai joué un rôle dans la proposition d'Irving qui a été retenue. J'espère pouvoir offrir des perspectives uniques au nom de nos membres de l'ACIMCN.
Permettez-moi de commencer par féliciter le Canada pour la prévoyance et la volonté politique dont il a fait preuve en créant notre Stratégie nationale de construction navale. La clé de toute stratégie fructueuse est de planifier, d'exécuter, de surveiller et d'ajuster. J'insiste sur le mot « ajuster ». L'examen en cours devrait être applaudi pour chercher à améliorer notre SNCN.
Les projets de la SNCN terminés ou en cours, avec l'appui de nombreux membres de l'ACIMCN, profiteront aux Canadiens pour des décennies à venir. Toutefois, notre SNCN n'est pas parfaite. Son principal objectif est de remplacer notre flotte fédérale vieillissante, mais près de 12 ans après le début des programmes des grands navires, nous n'avons livré que cinq grands bâtiments. Dans les années 1980, sur une période similaire, le Canada a livré 15 grands bâtiments.
La différence est facile à définir. Nous sommes passés d'un modèle soumis à l'influence de normes commerciales, mettant l'accent sur la livraison à temps, à une approche qui privilégie le processus, la gouvernance et le contrôle sur la livraison des navires. Dans les années 1980, nous estimons que le coût gouvernemental interne de la gestion de la construction de nouveaux navires se situait entre 4 et 6 % de la valeur du contrat. Aujourd'hui, il est d'environ 14 à 16 %. Pour remplacer environ 36 grands navires, le Canada doit maintenant prévoir un budget pour 40.
Les Canadiens vivent dans une période instable et inquiétante et pourtant, nous avons beaucoup de mal à fournir à nos forces armées et à notre Garde côtière des capacités et des outils essentiels. Nous avons désespérément besoin d'accélérer la construction de navires pour faire face aux menaces croissantes à la souveraineté du Canada et à ses autres intérêts vitaux. Notre SNCN devrait être une solution singulière, faite au Canada, au défi croissant auquel nous sommes confrontés. Elle devrait aussi contribuer à créer une industrie nationale stable et durable, avec un potentiel d'exportation.
En ces temps de grands besoins, le processus d'approvisionnement du Canada nuit à l'agilité, à l'innovation et à l'exécution. Cela a contribué à des dépassements de coûts et à des retards de livraison bien documentés. L'arriéré signifie que nous prolongeons la durée de vie de navires qui ont jusqu'à 50 ans.
Nous pouvons remédier à cette situation au moyen de solutions pragmatiques et éprouvées qui combinent le meilleur des pratiques gouvernementales et commerciales. La nouvelle stratégie nationale de construction navale actualisée du Royaume-Uni en est un exemple concret. Elle vise à construire aujourd'hui des navires à des prix compétitifs pour créer de futures exportations. Une approche plus commerciale porte ses fruits. Le Royaume-Uni a développé un navire de guerre pour un prix fixe de 336 millions de dollars américains. Cinq ont déjà été vendus à des gouvernements étrangers.
Le Canada peut, et je dirais même devrait, faire de même. Il est en mesure de construire de façon concurrentielle et la demande de produits de haute qualité est croissante, y compris pour des navires complets que les constructeurs navals canadiens et notre chaîne d'approvisionnement peuvent produire. Le renouvellement majeur de la flotte mondiale est une occasion d'exportation pour le Canada. D'autres nations donnent à l'industrie les moyens d'assurer leur réussite commune et nous devrions envisager de faire de même.
Une étape clé consiste à rationaliser la surveillance que le gouvernement exerce sur les projets en déléguant plus de contrôle, de pouvoir et de responsabilité à l'entrepreneur qui est, après tout, l'expert en construction navale et le responsable de la livraison des navires.
Par exemple, l'un de nos membres a récemment réalisé un grand projet en utilisant une stratégie d'approvisionnement et une approche de gestion de projet fondées sur des critères commerciaux tandis que le Canada n'a eu recours qu'à la société de classification et un seul surveillant pour contrôler le rendement du chantier naval. Le projet a été achevé dans les délais et le budget prévu en respectant toutes les exigences contractuelles. Bien qu'il ne s'agisse que d'un seul élément, cela en dit long sur ce qu'il est possible de faire avec une approche plus commerciale qui utilise les normes de l'industrie plutôt que celles du gouvernement.
Prenons l'étape de la construction des navires. Le Canada dispose d'une capacité de conception de haute qualité et la capacité nationale est amplement suffisante pour les premières étapes du cycle de conception. Ces premières étapes constituent un apport important à l'innovation dans la construction navale canadienne. Il ne faut pas laisser cette capacité stagner à cause des retards dans les projets. Le renforcement de la capacité du Canada pour les premières étapes de la conception permettra de réduire les capacités et les coûts dans les étapes ultérieures du processus de conception.
Dans le même ordre d'idées, l'établissement et le gel des exigences relatives aux navires et des devis de construction le plus tôt possible empêcheront les changements de conception qui, nous le savons tous, engendrent des retards et des augmentations de coûts.
En ce qui concerne la définition des spécifications et le processus de modification de la conception, le résultat optimal sera toujours un compromis entre les exigences opérationnelles, réglementaires et de rendement du gouvernement et la capacité du chantier naval à s'approvisionner en fonction du concept et à le construire à un prix compétitif et dans les délais. Il est essentiel de passer des contrats de manière à réaliser ces objectifs. La conception d'un navire abordable sera toujours un compromis. Tout comme lorsque nous nous rendons chez un concessionnaire automobile pour demander toutes les options et obtenir exactement ce que nous voulons, il en va de même pour les navires.
Le chantier naval qui construira le navire devrait être retenu pour exécuter le processus de conception complet. Faire moins que cela ajoute des retards, puisque le chantier naval prendra toujours n'importe quel concept et procédera à un deuxième exercice, souvent long, coûteux et évitable, pour s'assurer que le navire ainsi obtenu est constructible.
Comme je l'ai dit, l'ACIMCN préconise aussi le gel des exigences pour le navire à un stade précoce. Après quoi, il s'agit de déléguer le projet au constructeur naval et de limiter les approbations du client à celles qui sont strictement nécessaires, comme celles liées à la sécurité et au respect des exigences de la société de classification.
Pour en revenir à ce que nous disions sur l'adoption des pratiques commerciales, nous devons envisager des mécanismes incitatifs à des prix fixes ou à des prix cibles efficaces au lieu de nous contenter de contrats à prix coûtant majoré, lorsque la chose est possible. Avec des prix incitatifs fixes ou cibles, le constructeur naval est tenu de rendre des comptes ou est encouragé à livrer des projets dans le respect des coûts et des délais, sur la base de spécifications et de critères de rendement qui n'ont pas été modifiés inutilement. Cette vision est conforme aux contrats commerciaux et a eu un effet positif sur l'efficacité des chantiers navals et sur leur capacité à satisfaire aux besoins des clients dans les cas où elle a été appliquée.
Les contrats incitatifs à prix fixes ou effectifs peuvent être réalisés dans le cadre existant de SPAC. Cela nécessite toutefois une modification des normes et des critères en vigueur. En fait, pour que notre secteur réussisse, il faut réinitialiser certaines pratiques normalisées propres à la passation de contrats de construction navale que le Canada utilise. Par « réussite », j'entends la livraison de bâtiments performants dans le respect du calendrier et du budget initiaux convenus par le constructeur naval.
Nos membres souhaitent aussi participer davantage au processus de construction. À cette fin, le Canada devra envisager d'adopter d'autres innovations, comme la méthode d'assemblage par blocs distribués. Cette méthode a fait ses preuves dans d'autres pays et les membres de l'ACIMCN sont disposés à participer plus directement à la production de navires et à des stratégies de construction qui créent plusieurs chantiers de construction…
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame et messieurs, je vous remercie d'être avec nous.
Monsieur Kendrick, j'aimerais d'abord vous dire que j'ai trouvé votre témoignage très percutant.
Notre étude sur la Stratégie nationale de construction navale révèle que la situation est problématique. L'objectif de cette étude était de voir où allait notre argent. Or, depuis le début de cette étude, tous les témoignages que nous entendons donnent à penser que le Canada est vraiment aux prises avec un énorme problème de gestion.
Dans votre témoignage, vous fournissez des exemples concrets, surtout en lien avec votre participation au développement du navire de patrouille extracôtier et de l’Arctique, ou NPEA, ainsi qu'avec les coûts qui y sont associés.
La stratégie navale mise en place par les conservateurs, qui se voulait efficace et qui visait à établir des contrats précis avec des chantiers afin que nous puissions progresser en fonction des budgets établis et de l'échéancier, ne fonctionne pas. Elle est très problématique. Vous l'avez d'ailleurs dit dans votre témoignage.
À partir d'aujourd'hui, comment pourrions-nous régler la situation? Il s'agit à mon avis d'une catastrophe financière, de l'un des pires scandales du Canada, d'un gaspillage de milliards de dollars, surtout que nous n'avons pas les capacités nécessaires pour assurer notre défense comme il se devrait.
Quelle serait la solution la plus facile pour venir à bout du problème rapidement? Comme vous le dites dans votre dernière phrase, il faut prendre une décision rapidement.
Que devrions-nous faire?
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C'est la question du siècle. Malheureusement, je n'ai pas de réponse simple, en partie parce que ni moi ni aucun membre de ce comité ni personne d'autre ne semble savoir ce qui se passe vraiment. Le processus du projet devait être juste, ouvert et transparent. Il ne l'est pas. Il est complètement opaque.
Lorsque j'ai participé à la réévaluation des coûts du brise-glace polaire il y a quelques années, mon équipe a demandé des données sur la productivité aux chantiers de la Stratégie nationale de construction navale, qui y travaillaient déjà depuis un certain temps. On nous les a refusées. Comment peut-on estimer les coûts si l'on ne sait pas quels sont les paramètres de productivité? J'en sais davantage sur les paramètres de productivité des chantiers navals américains, britanniques et sud-africains que ceux des chantiers navals canadiens.
Je ne sais pas quels sont les contrats. Les contrats n'ont pas été rendus publics. La valeur des contrats n'a pas été rendue publique. Nous ne pouvons pas trouver ces renseignements, et tant que le système ne sera pas plus transparent, il sera malheureusement difficile de voir quelles seront les solutions.
Je suis tout à fait en accord avec certaines des suggestions faites par M. Schmidt, que je connais depuis de nombreuses années, concernant les mesures que le gouvernement pourrait prendre. L'industrie aussi pourrait prendre des mesures. Je pense que nous devons nous orienter, comme il l'a dit, vers des contrats à prix fixe et à échéancier fixe et vers la responsabilisation pour les choses qui n'atteignent pas ces objectifs.
C'est ma réponse rapide pour l'instant.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Pour commencer, je dois répéter que je ne suis absolument pas d'accord pour dire que la Stratégie nationale de construction navale est un échec cuisant. Elle a notamment permis de créer environ 20 000 emplois bien rémunérés au Canada. Elle fait en sorte que nous ayons la capacité au Canada de construire les navires dont nous avons besoin, surtout à une époque où nous constatons que, parfois, d'autres pays ne font pas passer nos besoins avant les leurs et nous livrent des navires. C'est un peu frustrant d'entendre des critiques qui, dans certains cas, sont injustifiées.
Nous sommes partis de rien. Cela faisait très longtemps que nous n'avions pas construit de navires pour le gouvernement, la marine ou la Garde côtière. Nous travaillons à nous mettre au rythme d'autres chantiers navals qui sont actifs depuis des décennies — dans le cas du Royaume-Uni, des centaines d'années.
J'aimerais demander à Mme Sampson si elle croit que les chantiers navals canadiens, au fur et à mesure que nous passons à la vitesse supérieure, peuvent être aussi productifs et avoir des travailleurs qui respectent les échéances et les budgets tout aussi bien que les chantiers navals d'autres pays.
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Merci beaucoup, madame Vignola.
Oui, j'aimerais insister sur le fait que je ne suis contre aucun secteur de l'industrie maritime canadienne, que ce soit les concepteurs, les constructeurs ou les fournisseurs d'équipement. J'en ai été un fervent partisan tout au long de ma carrière au Canada, et j'ai participé à de nombreuses activités non rémunérées — au grand regret de ma femme — qui m'ont amené à assister à des réunions un peu partout.
Nous avons une capacité de production au Canada, une capacité supérieure à celle que nous avons aujourd'hui, mais nous devons nous y prendre de la bonne façon. Il y a des problèmes qui viennent du côté du gouvernement. D'autres proviennent de la gestion des chantiers navals. À mon avis, ces derniers sont plus importants.
Pour ne donner qu'un exemple, la conception initiale du NPEA était purement commerciale. Elle prévoyait l'utilisation de matériel commercial, le moins cher possibles. Il s'agissait d'un projet de conception en fonction du coût, afin de maintenir ceux-ci à leur plus simple expression. Dès que le projet a été attribué dans le cadre de la SNCN, le bureau de programme du MDN a appris que le chantier naval allait en faire un projet ITAR, les règlements américains sur le commerce international des armes, en raison des personnes américaines dont il voulait avoir le soutien.
Cela a immédiatement entraîné une énorme augmentation des coûts et une augmentation de la complexité. Nous avons dû rechercher les dessins qui avaient été donnés à des entreprises du monde entier et les récupérer parce qu'elles n'étaient plus autorisées à les avoir. Il s'agissait là d'une décision purement liée au chantier naval, et je pourrais citer de nombreuses autres décisions prises par les chantiers navals qui ont eu pour effet de faire augmenter le prix.
Ce qui me préoccupe ici, c'est que le gouvernement avait perdu le contrôle.
J'ai dit au gestionnaire du programme de l'époque: « Pourquoi laissez-vous cela se produire? » Il a répondu: « Oh, le chantier naval nous dit qu'il le faut. »
Le chantier naval n'a pas le contrôle. Ce sont des navires du gouvernement.
C'est le genre de message que j'ai entendu à plusieurs reprises au sujet de la SNCN, ce qui indique pour moi que le système tel qu'il a été conçu, le système tel qu'il a été mis en oeuvre, n'est pas un bon système.
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C'est un autre aspect intéressant.
Si vous êtes forcés de rivaliser sur les prix, si vous êtes forcés de respecter un prix, alors vous acceptez le risque. Une autre chose que les chantiers navals ont faite a été de transférer autant de risques que possible à leurs fournisseurs et entrepreneurs. Ils ne prennent pas une décision équilibrée sur la répartition des risques.
Dès que vous transférez un risque à un fournisseur d'équipement ou à toute autre partie concernée, son prix augmente. Vous avez évité le risque, mais vous êtes toujours en mesure de facturer le même montant de profit sur le projet. Vous augmentez le prix et vous gagnez du profit sans risque particulier pour vous.
Il doit y avoir une certaine forme de discipline des prix. Cette discipline des prix, en partie, doit s'appuyer sur le fait que le gouvernement est informé de ce que devrait être le prix de ces navires. De nombreux autres gouvernements dans le monde confient leurs projets aux chantiers navals de leur pays. Ils le font tout le temps, que ce soit les Hollandais, les Français, les Italiens ou autres. Ils savent comment contrôler les coûts.
Un bon exemple est celui des Pays-Bas. Lorsque le gouvernement néerlandais a reçu un devis pour la construction d'un nouveau navire, il a repris certains éléments au chantier naval pour les confier à des tiers, car il estimait que le coût de ces éléments était déraisonnable.
C'est le genre de mesures que vous pouvez prendre: contrôler les coûts, vous assurer que cela est fait avec intelligence.
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La marine a besoin de navires. Elle a besoin de navires qui soient des navires de combat de première classe. Elle doit être en mesure de s'en procurer suffisamment pour disposer d'une flotte significative.
Le Type 26, qui est le fondement du NCSC, est peut-être un excellent navire; je n'en suis pas sûr. Certains aspects de ce navire ont suscité des inquiétudes. Tous les navires ont des problèmes, mais s'ils doivent coûter aussi cher, alors nous ne pourrons pas nous les offrir. Les Britanniques ont renoncé à acheter le nombre de navires de leur flotte initiale.
Disons que nous pouvons imiter les chantiers américains sur les plans de la productivité et de la qualité. J'aimerais croire que nous pouvons faire mieux, parce que nous sommes Canadiens, alors bien sûr que nous pouvons faire mieux, sauf lorsqu'il s'agit d'équipes de hockey.
L'équivalent américain en ce moment, la nouvelle frégate de classe Constellation, coûte environ 1,4 milliard de dollars l'exemplaire. Vous pouvez en obtenir 15 pour 20 milliards de dollars. Notre directeur parlementaire du budget dit 80 milliards de dollars; notre marine dit environ 60 milliards de dollars, peut-être. C'est trois fois plus cher. Pourquoi? Nous devons en dégager les raisons. Sinon, notre marine ne sera pas une marine. Elle sera composée de six NPEA et de quelques autres vieux navires.
Nous devons faire mieux que ça. Nous devons donner à la marine les outils dont elle a besoin. Nous vivons dans un monde dangereux et dans un voisinage dangereux. C'est le défi que nous devons relever.
Comment passer d'une flotte de 60 et 80 milliards de dollars à une flotte de 20 milliards de dollars? Qu'allons-nous faire pour y parvenir? Le Canada peut-il se permettre une flotte de 60 milliards de dollars?
Pensez à ce que 40 milliards de dollars peuvent faire en logements abordables, infrastructures, garderies et toutes les autres choses qui sont importantes pour les gens, comme l'assurance-médicaments et les soins dentaires. Qu'est-ce que 40 milliards de dollars nous procureraient? Beaucoup de choses.
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Si nous ne parlons que de navires, monsieur, nous disons, je crois, que c'est le processus de passation de marchés. Si nous parlons de grands navires, nous avons sélectionné des chantiers navals pour construire ces navires. Nous avons attribué ces navires.
Le problème, c'est lorsque nous passons des contrats, ou comment nous passons des contrats et comment nous gérons les projets. Les exigences nous poussent à mettre un peu plus de frais généraux dans la façon dont nous gérons. Comme nous aimons le dire, nous devrions dépenser l'argent dans l'acier, pas dans le papier. Je ne veux pas dire du mal de l'industrie du papier, mais nous devons trouver des moyens de rationaliser la façon dont nous passons les contrats. Si nous y parvenons, nous pourrons livrer les navires plus rapidement. Une phase de conception ne devrait pas nous prendre 24 ou 36 mois. Nous devrions réduire ce délai de moitié et trouver des moyens de réduire ces coûts.
C'est le message clé que l'Association essaye de transmettre. Si nous faisons cela, nous construirons des navires plus rapidement. Nous générerons également plus de capacités au sein de nos membres. Nous livrerons plus de produits et, au bout du compte, la flotte fédérale sera renouvelée.
Pour répondre au point précédent de Mme Sampson, nous pouvons tenir le rythme. Nous croyons que nous pouvons répondre aux exigences à la fois avec la main-d'oeuvre ... Tous nos membres ont des programmes de formation internes, et certains d'entre eux sont affiliés à des partenaires américains ou européens. Ils peuvent faire venir ou aider à faire venir ces personnes formées au Canada afin que nous puissions renforcer nos propres capacités à l'interne.