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Bonjour. Je m'appelle John Ossowski et jusqu'au 24 juin 2022, j'étais président de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Comme je me présente devant vous aujourd'hui en tant que simple citoyen, je rappelle aux membres du Comité que je n'ai plus accès aux renseignements ministériels sur les contrats ou les finances de l'application ArriveCAN. Je remarque d'ailleurs que vous avez déjà rencontré des responsables du ministère qui ont fourni cette information.
Je pense qu'il est important que le Comité se souvienne de l'environnement opérationnel d'avril 2020, lorsque nous avons reçu un appel de nos collègues de l'Agence de la santé publique du Canada pour produire une application leur permettant de recueillir des renseignements sur les voyages et la santé. Rappelons qu'à la fin du mois d'avril 2020, 100 000 personnes dans le monde étaient déjà décédées des suites de la COVID‑19 et que les infections au Canada touchaient environ 30 000 personnes. C'était une période de grande incertitude et le besoin était urgent.
Malgré les restrictions à l'entrée en vigueur à ce moment‑là, environ 70 000 voyageurs exemptés sont arrivés par avion en avril 2020, comparativement à près de 3,2 millions en avril 2019. Jusqu'à ce moment‑là, les voyageurs devaient répondre verbalement aux agents de l'ASFC pour démontrer qu'ils se conformaient à la myriade de règles établies par divers décrets. Cette situation, combinée à la nécessité de la distanciation sociale, a transformé les aéroports en endroits chaotiques. Des documents étaient distribués aux voyageurs pour saisir les renseignements relatifs à la recherche des contacts et aux plans de quarantaine. Il s'agissait de données essentielles pour les responsables de la santé publique, tant à l'échelle fédérale qu'à l'échelle provinciale, qui cherchaient désespérément à savoir qui entrait au pays et où chaque personne allait.
Au début, l'ASFC recueillait d'énormes volumes de documents et le gouvernement devait relever le défi de convertir les renseignements en données électroniques utilisables et communicables, un processus qui prenait plus de sept jours. Il était essentiel, pour ralentir la propagation du virus, que les représentants fédéraux et provinciaux de la santé aient accès à ces données en temps opportun. Je me rappelle par ailleurs que le temps de passage moyen par voyageur pouvait atteindre sept minutes. Vous vous souvenez peut-être aussi qu'au cours des premiers mois de la pandémie, on craignait que le virus survive sur le papier pendant de longues périodes.
Ainsi, il était clair pour tout le monde que nous avions besoin de toute urgence d'une solution numérique évolutive qui aiderait les voyageurs ainsi que les autorités sanitaires.
Heureusement, l'ASFC disposait de cette expérience initiale en matière d'applications mobiles dans un contexte frontalier. Nous envisagions en effet depuis un certain temps déjà des approches similaires avec nos collègues du Groupe des cinq sur la frontière afin d'accélérer le traitement des voyageurs à la frontière. L'ASFC avait néanmoins besoin d'un soutien extérieur pour faire progresser l'application rapidement. Ainsi, les mesures sanitaires ont été continuellement ajustées, et ce fut également le cas de l'application, pour laquelle plus de 70 versions ont été produites et déployées pour les systèmes d'exploitation iOS d'Apple et Android ainsi que les plateformes Web. Beaucoup d'entre elles représentaient des changements fondamentaux qui nécessitaient un recodage important.
Comme l'Agence de la santé publique du Canada était propriétaire d'ArriveCAN, nous avons suivi ses directives en ce qui concerne les exigences et l'ASFC a transmis toutes les données recueillies pour qu'elles soient communiquées aux provinces, qui avaient désespérément besoin de cette information. Au fil du temps, l'ASFC a intégré de nouveaux éléments, notamment l'intelligence artificielle ainsi que la capacité de valider en temps réel les codes QR provinciaux, pour aider à valider les certificats prouvant la vaccination des ressortissants étrangers, mais également pour faciliter la tâche des citoyens canadiens. Concernant ces derniers, notre confiance envers leurs certificats était élevée.
Comme l'application était liée aux passeports, aux certificats de vaccination provinciaux et aux systèmes de l'ASFC en temps réel, de nombreux voyageurs n'ont jamais eu à répondre à des questions sur ArriveCAN ou sur leur état de santé. Ce que les agents des services frontaliers ont plutôt vu, pour les quelque 30 millions de demandes soumises par 60 millions de voyageurs, c'est un crochet vert affiché à l'écran les informant que toutes les exigences sanitaires à la frontière avaient été respectées parce que l'application avait fourni et validé l'information à l'avance. Les agents ont ainsi pu se concentrer sur la centaine de textes législatifs et réglementaires qu'ils administrent au nom d'autres ministères.
Par la suite, la même approche a été appliquée du côté commercial. Nous avons intégré une fonction permettant aux personnes qui traversent fréquemment la frontière de sauvegarder leur profil. De cette façon, ces dernières n'avaient pas à répondre à nouveau à l'ensemble des questions à chaque passage. Chaque version de l'application a nécessité l'examen minutieux de centaines de scénarios, de tests de régression, d'accessibilité, de sécurité, d'approbations par les boutiques d'applications, de liens avec les nombreux systèmes ministériels.
Comme je l'ai mentionné précédemment, nous avons étudié, avec nos collègues du Groupe des cinq sur la frontière, des technologies comme ArriveCAN pour mieux gérer les risques et améliorer le débit dans les aéroports. C'est quelque chose que l'industrie aérienne réclamait depuis un certain temps déjà. D'ailleurs, même si l'application est facultative, elle est utilisée tous les jours pour remplir la déclaration préalable, ce qui permet encore aujourd'hui d'accélérer le traitement des passagers à l'aéroport.
Le budget de 2021 prévoyait un financement destiné à l'ASFC pour la modernisation des programmes pour les voyageurs. J'encourage d'ailleurs les membres du Comité à visionner une courte vidéo à ce sujet sur le site Web de l'ASFC. J'ai donné le lien au greffier du Comité.
En terminant, j'aimerais dire que je suis incroyablement fier de la façon dont l'Agence a répondu à l'appel à l'aide des collègues de l'Agence de la santé publique du Canada. Je suis également fier de la façon dont l'Agence a aidé les provinces et les territoires, ainsi que l'industrie aérienne. Finalement, je me réjouis que des technologies comme celle‑ci soient utilisées pour continuer d'améliorer l'expérience des voyageurs tout en assurant la sécurité de nos frontières.
Monsieur le président, je serai ravi de répondre aux questions des membres du Comité.
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Bonjour et merci de me recevoir ici aujourd'hui.
Je m'appelle Zain Manji et je suis l'un des cofondateurs de Lazer Technologies.
Lazer Technologies est un studio d'ingénierie et de conception qui aide de jeunes entreprises connaissant une croissance rapide ainsi que de grandes organisations bien établies à concevoir et à lancer d'incroyables expériences et produits numériques. Parmi les entreprises que nous avons aidées, mentionnons Shopify, la RBC Banque Royale, Météomédia, Canadian Tire et Loyalty One. Nous avons travaillé à des projets dans divers secteurs, notamment les soins de santé, le commerce électronique, les finances, la cryptographie et le jeu.
Lorsque nous travaillons avec des entreprises, nous nous concentrons surtout sur les volets ingénierie et conception, ce qui englobe, entre autres, la découverte des produits, l'établissement des spécifications IU/EU, le maquettage conceptuel, des conceptions haute-fidélité, la conception de l'architecture, la planification de feuilles de route, l'étape de l'exécution, par exemple, l'infrastructure d'arrière-plan, l'ingénierie préliminaire et le processus de développement et d'exploitation et des stratégies de mise en marché.
En plus d'aider ces grandes entreprises, nous concevons nos propres produits. Nous avons notamment mis au point un robot conversationnel qui permettait de texter un code postal à un numéro de téléphone, qui renvoyait les trois à cinq endroits les plus proches où obtenir le vaccin contre la COVID‑19. Grâce à ce produit, nous avons aidé plus de 150 000 Canadiens à trouver des centres de vaccination partout au Canada.
Je travaille dans le milieu de la technologie depuis plus de 10 ans en tant qu'ingénieur en logiciels et chef de produit. Avant de cofonder Lazer, j'ai travaillé chez Google, Yelp et Instagram. Je suis titulaire d'un baccalauréat en sciences informatiques et en économie de l'Université de Toronto.
À mon avis, si j'ai été invité ici aujourd'hui, c'est parce que nous avons recréé en deux jours l'application ArriveCAN après avoir lu dans le Globe and Mail que sa mise au point avait coûté environ 54 millions de dollars. Nous voulions en effet montrer avec quelle rapidité la partie frontale d'une application de ce genre peut être créée et avec quelle efficacité les capitaux peuvent être utilisés si les bonnes personnes participent au processus.
Nous croyions que nous pouvions ainsi lancer une discussion sur les moyens d'améliorer la façon dont le Canada crée de nouvelles technologies. Comme nous faisons partie intégrante du milieu technologique du Canada, nous souhaitions aussi montrer qu'il s'y trouve des talents exceptionnels enthousiastes à l'idée d'aider leur pays au besoin.
Nous avons notamment pu le constater il y a deux ans, lorsque des ingénieurs de Spotify ont créé gratuitement une application de recherche de contacts, puis, il y a un an, lorsque nous avons mis au point gratuitement l'application qui a aidé à trouver des centres de vaccination contre la COVID‑19.
Je suis heureux que le gouvernement accorde une plus grande priorité au numérique. J'espère que nous pouvons accroître la transparence et l'efficacité des projets numériques du Canada. J'espère aussi que nous pouvons travailler en vue d'avoir la structure, les équipes, les ressources, les outils et les cadres nécessaires pour mettre au point les meilleures technologies pour les Canadiens.
En définitive, nous aimerions que le Canada devienne le pays le plus compétent sur le plan technologique en plus de devenir un exemple à suivre en matière de conception de technologies efficaces.
Merci.
Au début de la pandémie, notre pays ne disposait pas d'une quantité suffisante d'équipement de protection individuelle et nous avons eu du mal à nous en procurer à une époque où la demande mondiale était élevée. Le gouvernement a encouragé les industries canadiennes à contribuer à combler la demande de ces produits et de nombreuses petites et moyennes entreprises ont commencé à produire des EPI.
Ces entreprises ont investi pour aménager leurs installations, créer des produits innovants comme des masques et des respirateurs plus respirants et durables, et employer des Canadiens. Malheureusement, un grand nombre de ces entreprises ont depuis fermé leurs portes ou risquent de le faire parce que le gouvernement a attribué des marchés à des multinationales au lieu de soutenir cette industrie nationale émergente.
Je vais vous donner un exemple. Dave Brimacombe, qui possède la distillerie Wayward à Courtenay dans ma circonscription, est un vétéran à la retraite qui travaille très fort. Il a fait don de 75 000 $ de désinfectant pour les mains aux travailleurs de la santé locaux et aux premiers intervenants. Il a fait ce don. Plus tard, un sous-traitant de Loblaws a retenu ses services pour fournir ce produit. Puis, le Canada a commencé à faire venir un approvisionnement étranger de désinfectant pour les mains, ce qui a inondé le marché et fait baisser les prix. Puis, le fournisseur de Loblaws a soudainement annulé le contrat après lui avoir demandé d'augmenter la production. Dave a fini par supporter tout seul les 400 000 $ après être venu au secours des Canadiens.
Je pense qu'il est dans notre intérêt national de veiller à ce que nous ayons une industrie des EPI résiliente au Canada. Nous savons que les nouveaux variants de la COVID‑19 demeurent une menace et nous devons nous préparer aux futures pandémies. Si le Canada ne prépare pas sa propre industrie des EPI, il y a un risque qu'elle disparaisse. Nous devons nous assurer d'être prêts pour la sécurité nationale.
Je crois qu'il serait bon d'utiliser le temps dont notre comité dispose pour entendre des fabricants nationaux d'EPI parler de l'état de l'industrie et des obstacles auxquels ils ont été confrontés dans le processus d'approvisionnement fédéral. Je crois que ce comité pourrait faire un travail précieux et opportun en formulant des recommandations sur la façon dont les pratiques d'approvisionnement peuvent mieux soutenir cette importante industrie nationale.
Je vais lire la motion:
Que, conformément à l’article 108(2) du Règlement, le Comité entreprenne une étude sur le rôle joué par les activités d’approvisionnement du gouvernement fédéral pour favoriser la résilience de l’industrie nationale de l’équipement de protection individuelle; que le Comité tienne au moins trois réunions pour entendre des témoins; que le Comité demande à entendre le témoignage de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, de tout fonctionnaire concerné et de représentants de l’industrie; que le Comité fasse rapport de ses recommandations à la Chambre et que, conformément à l’article 109 du Règlement, il demande au gouvernement de déposer une réponse détaillée au rapport.
Merci.
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Merci beaucoup, mesdames et messieurs. Je vous en suis vraiment reconnaissant, chers collègues.
Monsieur Ossowski, je tiens d'abord à vous remercier pour les services que vous avez rendus au Canada. Je pense qu'on n'accorde pas suffisamment aux fonctionnaires le mérite qui leur est dû, notamment dans le cadre de la COVID et du nombre d'heures que vous avez consacrées à la protection des Canadiens.
Vous avez entendu parler de GC Strategies et de la commission et du fait que ces gens gagnaient de 1,3 à 2,7 millions de dollars. Comme fonctionnaire, vous êtes loin d'avoir gagné autant. Ce sont des entrepreneurs qui ne sont même pas spécialisés en technologie.
Pouvez-vous nous décrire vos impressions, comment vous voyez, sentez et comprenez l'indignation des Canadiens lorsqu'ils apprennent que des sous-traitants réalisent ce genre de volume d'affaires avec ces marges grotesques?
Si l'on prend le coût total de 41 millions de dollars — qui est à ce jour, pas 54 millions de dollars — et que l'on ne tient compte que des coûts de développement d'environ 10 millions de dollars, on arrive à moins de 60 cents par jour.
Disons que, pour 20 cents par transaction, nous avons fait en sorte, pendant la pandémie, au fur et à mesure des changements, de sauver un grand nombre de vies. Sans ces mesures, les vaccins et les autres mesures, nous aurions pu mettre plus de Canadiens en danger.
Je vous remercie de cela.
J'aimerais maintenant parler de l'évolution du perfectionnement de l'application au cours de ces 18 mois. Pouvez-vous nous donner une idée du point de départ et du point d'arrivée, d'après ces 70 exigences? Quel a été le degré de perfectionnement?
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Je pense que c'est une excellente question.
Comme je l'ai mentionné, au début, il s'agissait simplement de la recherche de contacts et de la capacité de transmettre aux provinces des renseignements élémentaires sur les voyageurs. Par la suite, nous avons ajouté la possibilité d'inclure les tests avant l'arrivée — PCR, tests rapides ou tout ce que c'était à l'époque. Nous les avons intégrés, puis, finalement, les certificats de vaccination.
Chaque pays a procédé à sa façon. Pour certains pays, le système s'articulait sur une reconnaissance optique de caractères très élémentaire. Les données étaient téléchargées et nous pouvions saisir l'information nous disant, par exemple, qu'il s'agissait d'un vaccin Moderna. Nous disposions ainsi de quelques données de base. D'autres étaient beaucoup plus perfectionnés.
Comme je l'ai dit plus tôt, grâce au code QR que nous avions avec les autorités sanitaires provinciales au Canada, nous avions un très haut degré de confiance dans cette information, et de nombreux Canadiens traversaient la frontière sans qu'on leur demande...
J'aimerais commencer par remercier le Comité de m'avoir invité pour discuter de l'application ArriveCAN.
La création d’ArriveCAN a coûté bien trop cher. Les Canadiens devraient être en colère, non pas à cause du coût, mais à cause de ce que notre incapacité à fournir rapidement une bonne technologie signifie pour l’avenir de notre société.
À l’Action de grâce, quelques entreprises technologiques ont copié l’interface frontale d’ArriveCAN pour montrer que sa conception avait coûté trop cher. Leur coup de publicité n’a pas démontré grand-chose relativement au coût de l’application, car il ne suffit pas de copier quelques écrans pour gérer une frontière.
L’application ArriveCAN a d’abord dû être inventée, puis déployée, hébergée et sauvegardée. Comme nous l'avons entendu, à eux seuls, les frais d’hébergement pour la faire fonctionner pendant un an et demi ont coûté plus de 4 millions de dollars. De plus, l’application devait être continuellement mise à jour pendant cette période. Elle devait aussi être connectée aux bases de données des passeports, de la santé et des voyages. Des milliers de personnes de partout au Canada ont dû être formées. Tout cela s’est produit au beau milieu d’une crise mondiale de santé publique.
Les équipes d’ArriveCAN ont été confrontées à tellement d’obstacles bureaucratiques, de règles désuètes et de systèmes obsolètes — in both languages — qu’il est tout à fait incroyable que l’application ait vu le jour, encore plus en à peine un mois. Et peu de gens font la comparaison avec le coût d’autres solutions — les processus manuels en personne pendant une pandémie ou la fermeture complète de la frontière —, mais c'était tout de même beaucoup trop cher.
Si ArriveCAN a coûté si cher, c’est parce que nous n’avons pas un gouvernement numérique. Certaines des critiques envers ArriveCAN sont sans doute une protestation à peine voilée contre la vaccination obligatoire et les mesures de santé publique. Toutefois, la plupart sont justifiées, car notre secteur public tarde à fournir une technologie fiable et accessible à temps et dans les limites du budget.
Chaque année, les Nations unies publient une évaluation des gouvernements numériques de ses 193 pays membres. En 2010, le Canada occupait le 3e rang mondial. Cette année, il occupe le 32e rang. Nous devrions être en colère, car notre gouvernement est incapable de fournir une technologie de l’information de pointe rapidement et à moindre coût.
Les Canadiens passent déjà près de huit heures par jour en ligne. Nous utilisons couramment les applications, nous vivons sur le Web, nous sommes connectés dans nos salles de cours et dans nos voitures. Nous nous endormons et nous réveillons avec nos téléphones. Nous sommes toujours connectés: nous avons un écran dans chaque poche, et ce, 15 ans seulement après le lancement de l'iPhone. Nous sommes en train de devenir rapidement, du moins en partie, une espèce numérique. Durant le prochain siècle, nous repenserons de fond en comble tout ce qui concerne notre gouvernement, de la façon dont les citoyens interagissent avec les services publics à celle dont nous choisissons nos dirigeants. Dans 100 ans, notre gouvernement sera aussi méconnaissable pour nous que la démocratie moderne l’est pour la monarchie. Nous changeons, mais notre gouvernement ne s’adapte pas au même rythme que nous.
De l’extérieur, le gouvernement apparaît comme l’instance qui construit les routes, teste les cultures, dote en personnel les bureaux de service, protège les côtes et préside les comités, mais, ce qu’il fait, c’est avant tout gérer de l’information. Le gouvernement a introduit l’ordinateur central, le réseau Internet et les satellites. Le gouvernement est la technologie de l’information.
En tant que président de la plus grande conférence mondiale sur les gouvernements numériques et la modernisation du secteur public, j’ai eu la chance de discuter avec des responsables des technologies de l’information de douzaines de pays, dont plusieurs sont mieux classés que nous dans l’évaluation des gouvernements numériques des Nations unies. Dans ces pays, les gens se vantent des incroyables applications qu’ils créent pour leurs concitoyens. L’innovation et l’expérimentation sont saluées. Les nouveaux diplômés veulent travailler dans la technologie gouvernementale. Mais, au Canada, nous traînons de la patte
La solution n’est pas de sous-traiter davantage. Il y a suffisamment de place pour que le secteur public et le secteur privé travaillent ensemble sur les éléments utilitaires de la technologie, comme l’infonuagique, la large bande ou les logiciels standard. Par contre, je ne veux pas que mon gouvernement soit une coquille vide de décideurs et de fonctionnaires, totalement dépendant du secteur privé pour ses activités. Nous ne pouvons pas passer les rênes de la transformation de notre société aux autres. Le gouvernement doit coder.
Pour résoudre ce problème, il faudra apporter des changements concrets et importants en matière de rémunération, de culture et de formation, et, oui, remplacer ceux qui ne peuvent pas, ou qui ne veulent pas, s’adapter. Un grand nombre de ces changements sont peu attrayants sur le plan politique, mais ils sont aussi nécessaires.
La dure vérité est que nous vivons dans une société numérique, et que nous méritons un gouvernement numérique. ArriveCAN est un canari dans la mine de charbon numérique, qui nous avertit que nous ne sommes pas prêts ou disposés à nous adapter à cette nouvelle réalité, ou que nous en sommes incapables.
Monsieur le président, mes commentaires ne visent pas à vous expliquer de façon exhaustive les raisons pour lesquelles ArriveCAN a coûté si cher, mais plutôt de définir le cadre de cette conversation dans un contexte plus large.
Vous m’avez invité parce que j’ai de l’expérience avec les jeunes entreprises technologiques et que je suis le fondateur d’une conférence sur les gouvernements numériques.
C’est avec plaisir que je répondrai maintenant aux questions des membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie.
Je m’appelle David Hutton et je suis agrégé supérieur au Centre pour la libre expression de l’Université métropolitaine de Toronto. Je me suis proposé comme témoin, car j’estime que mon expérience particulière pourrait me permettre d’offrir un point de vue utile.
En tant que jeune ingénieur, j’ai dirigé l’assurance de la qualité de systèmes informatiques complexes de grande envergure, en surveillant le processus de mise au point, en effectuant des essais indépendants et en approuvant la version définitive. Par la suite, à titre d’expert-conseil en gestion, j’ai dirigé mon propre cabinet d’experts-conseils pendant 20 ans, en réalisant des audits approfondis des systèmes de gestion de plus de 100 organisations dans le monde entier. En outre, depuis les 17 dernières années, j’aide les dénonciateurs d’intérêt public et je plaide en faveur d’une meilleure protection de ces derniers. En général, il s’agit d’employés honnêtes qui dénoncent des actes répréhensibles et qui sont punis pour cette raison.
Ces trois carrières apparemment très différentes ont quelque chose en commun, soit la recherche de la vérité et de l’intégrité, afin que les organisations puissent composer avec les faits et la réalité, ce qui les rend plus efficaces et sert également l’intérêt public.
Je pense que la question fondamentale à laquelle est confronté le Comité est de savoir ce qui s’est passé en ce qui concerne ArriveCAN, sur un spectre allant d’un résultat raisonnable et d’une optimisation des ressources, compte tenu de l’évolution rapide de la situation d’urgence, en passant par des entrepreneurs profitant de la situation, de façon opportuniste, mais peut-être tout à fait légale, jusqu’à la corruption ou la collusion, lorsqu’il y a eu violation des lois ou codes de conduite.
Tout cela est difficile à déterminer! Surtout si des malfaiteurs s’y livrent et mettent tout en œuvre pour cacher leurs méfaits. Toutefois, d’après mon expérience et mes recherches, si nous disposions d’une protection des dénonciateurs qui ne serait‑ce qu’à moitié décente dans ce pays, le Comité aurait très probablement bientôt des réponses.
Permettez-moi de vous expliquer.
Compte tenu du coût de ce projet, il a sans doute impliqué des centaines de personnes — des fonctionnaires et des entrepreneurs —, et si des actes répréhensibles ont été commis, certains d’entre eux le savent certainement. Cependant, ils n’ont aucun moyen sûr de fournir ces renseignements au Comité ou au public, car il n’existe aucune protection contre les représailles qui pourraient compromettre leur carrière pour avoir osé dénoncer les faits.
C’est parce que le Canada a littéralement la pire loi de protection des dénonciateurs au monde. Elle est censée protéger environ 400 000 fonctionnaires, mais en 15 ans d’existence, au coût de plus de 100 millions de dollars, pas un seul dénonciateur n’a été protégé.
Ce système n'a pas non plus réussi à détecter le désastre imminent des salaires de Phoenix, alors que des centaines de personnes étaient au courant des problèmes. Permettez-moi de partager quelques informations pertinentes sur Phoenix à titre d'exemple instructif.
Vu mon bagage professionnel, vous comprendrez que j’avais été absolument fasciné par ce projet. Comment était‑il possible qu’un logiciel aussi mauvais puisse être conçu et mis en place, sans avoir été testé et sans aucune solution de rechange, pour remplir le rôle critique de distribuer des milliards de dollars, ayant ainsi un impact direct sur la vie de centaines de milliers d’employés?
J’ai lu les rapports détaillés offerts par de nombreuses sources, et je me suis retrouvé avec davantage de questions que de réponses. J’ai donc décidé de mener ma propre enquête, avec l’aide du Centre pour la libre expression.
Nous avons établi des canaux de communication sécurisés et demandé aux initiés de partager leurs expériences en toute confidentialité. Quelques-uns ont répondu et j’ai maintenant mes conclusions, que j’espère publier en temps opportun, bien que j’aie besoin de plus de sources pour corroborer ce que j’ai appris. C’est difficile, car les gens sont terrifiés à l’idée de dire quoi que ce soit, même ceux qui sont à la retraite et même si des années se sont écoulées depuis.
Mon histoire illustre deux choses. Premièrement, les dénonciateurs sont de loin la meilleure source d’information pour mettre au jour tout acte répréhensible pouvant exister dans une organisation — des décennies de recherche le confirment —, et deuxièmement, sans protection, très peu de personnes oseront fournir les renseignements indispensables. Et c’est la situation dans laquelle se trouve le Comité aujourd’hui.
Il s’agit d’un problème de longue date qui touche directement le travail de votre comité et de tous les organismes de surveillance. La solution évidente consiste à mettre en oeuvre une protection fédérale adéquate des dénonciateurs, comme l’a recommandé à l’unanimité le Comité en 2017.
Votre comité est particulièrement bien placé pour contribuer à une solution, en raison de ses antécédents et de son mandat. Si vous réussissez, cela permettra de préciser le véritable état de nombreux projets comme Phénix et ArriveCAN.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Hutton et monsieur Croll, pour le temps que vous nous avez consacré cet après-midi.
Monsieur Croll, j'aime vraiment la façon que vous proposez pour pousser notre gouvernement davantage dans l'ère numérique et l'amener à être un chef de file en matière de gouvernement numérique.
Avant de parler de cela, j'ai vraiment aimé l'article que vous avez publié il y a quelques semaines, intitulé « ArriveCAN hot takes miss the point ». Je l'ai trouvé révélateur. Une certaine partie de l'article parlait de ce qu'il faut pour créer une application au gouvernement. Je pense que beaucoup de gens chez eux ne comprennent pas la différence entre une application créée par une entreprise du secteur privé pour le secteur privé et les responsabilités qui incombent à un gouvernement lorsqu'il crée une application. Il y a des obligations et des choses dont une application gouvernementale doit s'assurer du bon fonctionnement et des références croisées. Les applications ne sont pas les mêmes. Il y a une application pour le secteur privé et une autre pour le gouvernement.
Pouvez-vous parler de la différence sur le plan des obligations et des responsabilités qu'une application gouvernementale doit respecter?
Il faut d'abord concevoir l'application.
En 2020, il n'y avait pas d'application frontalière COVID à copier, il a donc fallu inventer ArriveCAN. Le processus de conception en lui-même est difficile, car les parties prenantes sont nombreuses. Il faut comprendre comment elles vont utiliser l'application et s'assurer d'avoir répondu à leurs besoins.
Il y a la gouvernance. Il faut respecter les droits des utilisateurs. Ironiquement, bon nombre des critiques les plus virulents à l'égard d'ArriveCAN sont également des critiques virulents à l'égard de l'ingérence du gouvernement et des atteintes à la vie privée. Ils devraient être heureux que nous consacrions autant de temps à la protection de leurs droits, notamment en ce qui concerne les données médicales, les données de passeport et les données de voyage, qui sont parmi les données les plus précieuses qui soient.
Il faut former les gens à l'utilisation des logiciels. Ce n'est pas de la magie. Tout le monde ici a dû apprendre à utiliser Teams en six semaines. L'apprentissage d'ArriveCAN a dû se faire auprès de milliers d'employés en temps réel, pendant une pandémie mondiale. Il a fallu les former à chaque nouvelle version de ce logiciel.
Les entreprises privées ne sont pas nécessairement tenues de le faire. Elles n'essaient pas non plus d'utiliser ces applications dans des conditions dégradées. Par définition, chaque utilisateur d'ArriveCAN allait utiliser l'application, puis activer le mode avion. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle « mode avion », donc votre application va naturellement se déconnecter. Les tests et les cas limites sont très difficiles, et jusqu'à présent, c'est vrai pour les entreprises publiques et privées, mais lorsqu'il s'agit du gouvernement, la gouvernance est beaucoup plus importante, en partie à cause des exigences d'accessibilité. Si vous appelez TribalScale ou Lazer et que vous dites que vous voulez une application et que, par ailleurs, vous aimeriez qu'elle soit accessible, ils vont ajouter un poste de dépense. Voulez-vous qu'elle fonctionne avec des lecteurs d'écran? Cela va vous coûter plus cher. Voulez-vous qu'elle fonctionne avec d'autres téléphones et toutes ces différentes plateformes d'accessibilité?
Le gouvernement n'a pas le luxe de cibler le milieu lucratif. Les applications gouvernementales visent tout le monde. L'étendue de la création, des essais et de la couverture est donc beaucoup plus large.
Il y a aussi les problèmes d'interopérabilité entre les différentes administrations. Il y a même la langue. Je ne parle pas seulement de la traduction; si un pronom mal placé met quelqu'un en colère, un député se fera gronder et un fonctionnaire deviendra le bouc émissaire. Chaque mot doit être passé au crible, alors qu'il suffirait de le corriger dans la version subséquente.
Le gouvernement est soumis à ce genre d'examen. La perfection est peut-être l'ennemi de l'assez bien, mais le gouvernement n'a pas le luxe de pouvoir se contenter de l'assez bien.
Évidemment, nous avons beaucoup parlé de l'approvisionnement, c'est‑à‑dire de l'externalisation, des majorations, etc. Ce sont des problèmes légitimes. La leçon à en tirer n'est pas que le gouvernement devrait externaliser plus efficacement, mais qu'il devrait savoir comment créer des applications. Nous devrions être responsables de notre propre avenir. Il suffit de regarder simplement les majorations que nous payons en n'ayant pas un secteur public robuste et intelligent sur le plan technologique pour expliquer une partie importante de ces coûts.
Enfin, je pense qu'il y a les déploiements et les sauvegardes. Lorsque l'on crée une application logicielle, il faut créer le terrain sur lequel bâtir la version subséquente. Il faut construire un système qui peut être reproduit. Vous avez besoin d'un plan de sauvegarde. Si cela ne fonctionne plus, des milliers de personnes en transit ne pourront pas arriver dans le pays. Une entreprise privée qui fournit une application n'a pas à faire face à 10 000 personnes qui font la queue à l'aéroport de Dorval et qui se demandent comment entrer dans le pays.
Je pense qu'il est malhonnête de tenter de comparer les deux.
Je vous rappelle que 2,4 milliards de dollars ont été engloutis dans le système Phénix jusqu'ici, et qu'il ne fonctionne toujours pas. La situation était connue de centaines de personnes, ou de presque tout le monde qui a pris part au projet. On entendait à tout bout de champ que tout allait bien avec Phénix. C'était ironique, bien entendu, et très courant. Je crois… En fait, j'ai la preuve que même si le commissariat à l'intégrité a reçu des mises en garde crédibles concernant la gestion du projet, il n'y a pas eu d'enquête.
On parle de 2,4 milliards de dollars.
Actuellement, il se dépense à peu près 1 milliard de dollars par jour ouvrable dans la fonction publique. Je ne sais pas à combien se chiffre le gaspillage ou le vol, mais c'est probablement une somme considérable. Quiconque travaille comme examinateur de fraude vous dira qu'il y a de la corruption partout. Aucun organisme n'y échappe. Ce qui compte, c'est à quelle vitesse la fraude est détectée. Nous n'avons pas de système pour faire cette détection.
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D'accord. Je vais donc vous interroger sur un autre sujet.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé de l'évaluation des gouvernements numériques par les Nations unies et du fait qu'en 12 ans, nous sommes passés du 3e au 32e rang. De toute évidence, nous faisons fausse route pour ce qui est de la transition vers un gouvernement numérique.
Je suis d'accord avec vous, surtout après avoir entendu les témoignages précédents sur le processus d'approvisionnement de l'application ArriveCAN et le choix de trois fournisseurs parce qu'il a été établi qu'ils pourraient faire le travail. J'ai été surprise d'apprendre qu'une entreprise comme GC Strategies, qui sous-traite tout le travail lié à une application, a empoché une commission de 15 à 30 %, mais qu'il est impossible d'avoir de l'information concernant les sous-traitants. C'est quelque chose qui m'inquiète énormément, parce que les gouvernements doivent être transparents et rendre des comptes quand ils dépensent l'argent des Canadiens.
J'ajouterais que c'est sûrement un facteur qui fait augmenter le prix des contrats du gouvernement. Non seulement nous n'avons pas accès à l'information sur ces entrepreneurs, mais nous savons maintenant que les coûts sont plus élevés.
Pensez-vous que le gouvernement pourrait créer une capacité efficace en interne ou, à tout le moins, qu'il devrait faire affaire avec des entreprises de TI qui peuvent faire le travail elles-mêmes pour économiser l'argent des contribuables?
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Le Service numérique canadien est ce qui se rapproche le plus actuellement de ce genre d'atelier.
Je pourrais illustrer cela par le jeu de blocs Lego. Avec des blocs Lego, on peut construire une maison relativement rapidement en assemblant différentes pièces. Notre gouvernement a déjà des applications comme GC Notification, un outil très simple de transmission de notifications. Les participants au rassemblement FWD50 de cette année ont développé un système de notification en une heure.
Nous avons une autre application pour les formulaires. Pour remplir un formulaire, il suffit d'utiliser l'outil que nous avons conçu. L'accès et la traduction sont automatiques, et il est très facile à utiliser. Il est conforme à toutes les lois. Nous avons un autre outil pour la traduction. Il s'agit de concevoir les blocs qui deviennent la base à partir de laquelle d'autres outils technologiques peuvent être créés rapidement.
Nous avons accueilli une conférencière ukrainienne dont le travail est d'assurer la liaison avec l'Union européenne pour le gouvernement numérique. L'Ukraine a gravi plusieurs échelons dans le classement des gouvernements numériques, malgré la guerre. L'Ukraine a mis en place un outil technologique qui permet aux citoyens de s'identifier en regardant leur téléphone. Le Canada n'a pas d'identité numérique unique. Comme vous vous en doutez, la connexion au système est la première étape pour pouvoir l'utiliser. En Ukraine, cet outil a été rapidement converti pour permettre les signalements de crimes de guerre ou d'attaques.
Il suffit d'avoir des blocs pour construire quelque chose de nouveau. Malheureusement, nous n'investissons pas dans la conception de blocs de construction uniformes et réutilisables. Dans le modèle de Westminster, chaque ministère met au point ses propres outils qui seront applicables dans son petit royaume. Il serait plus efficace de définir des éléments communs, comme une notification ou un formulaire, qui seront utilisés partout et par tout le monde. C'est ce qui est le plus utile et qui permet ensuite de faire des expériences et de construire autre chose. Si ces expériences ne fonctionnent pas, on recommence au lieu de s'exposer à la critique.
Taïwan a un portail gouvernemental numérique en parallèle. Sur chaque page du site Web de Taïwan, il suffit de remplacer « GOV » par « G0V » pour voir la version bêta du site Web actuel. Tout le monde peut faire des expériences et, si le résultat est concluant, il sera offert au grand public. C'est très différent de notre approche.
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Je vais faire mon possible pour répondre en français.
Je dirais d'abord que c'est à cause de l'avancement d'autres pays par rapport au Canada. Beaucoup d'autres pays ont progressé, comme l'Angleterre et l'Ukraine, par exemple. Les notes que j'ai fournies contiennent beaucoup d'informations à ce sujet. Il y a aussi des résultats de recherche assez étonnants.
Par ailleurs, il y a des problèmes au Canada liés aux compétences provinciales. En effet, comme la plupart des identifications se font à partir du régime d'assurance maladie ou des permis de conduire, il est difficile d'avoir un système d'identification fédéral unique. C'est étonnant.
On fait confiance à Google, à Twitter, à Facebook ou à LinkedIn pour ouvrir des sessions, mais ce n'est pas possible avec notre pays. En fait, le gouvernement est le seul qui nous doit quelque chose et qui a un processus juridique. Je ne peux pas parler à Mark Zuckerberg et lui dire qu'il m'a donné de l'information de connexion et qu'il ne devait pas le faire.
Nous devons vraiment en arriver à la conclusion que le monde est à l'ère numérique et que notre pays est à l'ère numérique. Nos services doivent d'abord être numériques. Cela ne veut pas dire qu'on va laisser derrière les personnes qui n'adhèrent pas à l'environnement numérique, mais les systèmes numériques sont plus efficaces. On peut faire plus de recherches sur une plateforme numérique. Les informations de connexion sont là, et c'est plus facile d'aller voir ce qui s'est passé au cours d'une session plutôt qu'au cours d'une conversation entre deux humains.
Je crois qu'il y a beaucoup de raisons d'investir là-dedans, mais certains employés du gouvernement ne veulent pas que leur service soit forcé de suivre l'évolution de la technologie et des dépenses liées à une application commune.
Il est temps que le Canada accélère le processus et reprenne sa place.
Ma mère était fonctionnaire. J'ai été un témoin privilégié de ses sacrifices et de son incroyable volonté de servir ses compatriotes. C'était franchement impressionnant.
Le 12 juin 2022, à l'occasion de la Semaine nationale de la fonction publique, le premier ministre a déclaré que « le gouvernement agit pour que la fonction publique soit plus inclusive ». Quand je réfléchis à tout ce que nous entendons, je n'ai pas l'impression que c'est un milieu de travail sûr et inclusif. Il semble plutôt que les gens ont peur et ne savent pas à qui en parler.
Monsieur Hutton, comment décririez-vous un milieu de travail où, si on se fie aux résultats, les gens ne savent pas vers qui se tourner? Pour plus de la moitié des fonctionnaires en arrêt de travail, la santé mentale est en cause. Pensez-vous que ce facteur contribue à la situation?
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Je crois qu'il y a de multiples facteurs en cause.
La recherche montre que dans certains organismes, le climat d'ouverture et la compétence des gestionnaires font en sorte qu'il n'y a pas de dénonciations. En cas d'acte répréhensible, le témoin en parle au patron, qui prend les mesures nécessaires sans qu'il y ait de répercussions. Il n'est jamais question de dénonciation.
Dans un environnement très hiérarchisé, où les employés ont peur de rapporter une mauvaise nouvelle aux échelons supérieurs et où il y a de sérieux problèmes de harcèlement, il faut des mécanismes de dénonciation. Ces mécanismes ne règlent pas les problèmes, mais ils peuvent éviter certains préjudices. La dénonciation peut servir d'alerte précoce et assurer que les problèmes restent sous contrôle.
Absolument rien ne pourrait justifier que le système Phénix ait survécu à une première année d'exploitation. Pourtant, la saga a duré des années et il a finalement été mis en place. C'est ahurissant.
Pour ce qui est du climat général dans la fonction publique, j'ai des opinions, mais je n'ai pas une expérience directe. Je vais donc…