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Bonjour. La séance est ouverte.
Soyez, toutes et tous, les bienvenus à la 81e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 octobre 2022, le Comité se réunit au sujet de l'étude de l'application ArriveCan.
Je rappelle aux membres du Comité et aux témoins de garder leur microphone à bonne distance des écouteurs, car leur proximité cause un effet Larsen qui risque d'être préjudiciable à nos précieux interprètes.
Je vous rappelle également, chers collègues, qu'aujourd'hui, nous devons impérativement avoir terminé à 17 h 45, et pas une seconde après.
Nous allons commencer par les observations préliminaires des témoins, Mme Dutt et M. Morv.
Madame Dutt, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Monsieur le président et honorables députés, je vous remercie d'avoir invité Botler à témoigner devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, qu'on surnomme le comité tout-puissant.
[Traduction]
J'ai pensé que cela vous plairait.
Botler est une entreprise canadienne spécialisée dans la sécurité publique qui se concentre sur la détection des actes d'inconduite et des violations de la loi en utilisant l'intelligence artificielle. Nous estimons que la loi est un bien public et nous avons pour vision de donner aux citoyens un accès égal au système juridique, pour parler simplement. Quant à notre mission, elle est de combattre l'inconduite un incident à la fois.
La technologie originale de Botler se présentait sous forme de robot conversationnel, ou chatbot. Aujourd'hui, la technologie de Botler repose sur GPT‑4 et ChatGPT, que vous connaissez, je crois.
Toute personne témoin ou victime d'inconduite peut consulter notre site Web à botler.com pour obtenir une évaluation impartiale effectuée sans frais par notre IA. Botler éduque l'utilisateur sur les lois et les concepts juridiques qui s'appliquent à sa situation afin de lui permettre de prendre les mesures suivantes pour faire respecter ses droits.
En 2017, avant que l'IA ne devienne la norme, Botler a été la première entreprise au monde à appliquer l'IA à la détection de l'inconduite sexuelle, décision inspirée de ma propre expérience pénible et traumatisante de harcèlement en milieu de travail. Les médias nationaux et internationaux, dont le Globe and Mail, le New York Times, le Washington Post, la BBC et Vice, pour n'en nommer que quelques-uns, ont beaucoup parlé de notre histoire qui nous a valu plus de trois milliards d'impressions.
Le travail de Botler n'a pas échappé à l'attention du gouvernement du Canada. En 2018, le ministre Navdeep Bains m'a invitée à prendre la parole au G7 afin d'expliquer le travail novateur de Botler et d'exposer notre approche de l'IA et du droit. J'ai profité de cette rencontre avec les ministres du G7 pour présenter le manifeste de Botler pour un avenir où nous pourrions offrir notre IA à tout le monde, afin que tout citoyen ait le même accès au système de justice.
En 2019, Botler a remporté la demande de propositions concurrentielle lancée par la Direction de l'aide juridique de Justice Canada. Nous sommes ainsi devenus la première IA réglementée du monde à fournir directement aux citoyens des moyens de détecter la violation de lois. Cet exploit m'a valu de figurer en 2020 sur la liste de Forbes des 30 jeunes de moins de 30 ans à suivre dans le domaine du droit et de la politique. J'étais le seul Canadien sur la liste.
Arrivés ici comme étudiants étrangers nourrissant de grandes ambitions, M. Morv et moi nous sommes attachés à faire de Botler une entreprise qui peut avoir une véritable incidence positive sur la vie de nos concitoyens et dont le Canada peut être fier.
La Direction de l'aide juridique de Justice Canada nous donnait voix au chapitre et Botler allait de succès en succès, mais une autre faction au sein du gouvernement du Canada nous avait aussi remarqués, pour de tout autres raisons, cependant. Cette petite faction toutefois puissante, dirigée par l'Agence des services frontaliers du Canada, avait trouvé dans Botler la rationalisation, l'incitation et l'occasion parfaites. Si vous êtes familiers avec le sujet, vous reconnaissez peut-être là les trois éléments du triangle de la fraude.
Avec le rapport de l'automne 2019 du vérificateur général sur une culture de harcèlement au travail profondément enracinée à l'ASFC, les innombrables cas de harcèlement sexuel à l'Agence et les obstacles à la mise en œuvre du projet de loi visant à prévenir le harcèlement sur les lieux de travail fédéraux, l'ASFC avait trouvé la parfaite rationalisation pour faire d'une pierre trois coups.
Avec plus de 300 000 fonctionnaires fédéraux visés par le projet de loi et la technologie existante de Botler comme seule solution sur le marché disponible pour assurer la pleine conformité avec le projet de loi, l'ASFC avait la parfaite motivation pour vendre à tout le gouvernement du Canada des licences d'entreprise de Botler, en utilisant ses propres mécanismes d'approvisionnement, ce qui — je cite — lui permettrait de gonfler le prix, en passant par ses suspects habituels.
Mon profil personnel de femme entrepreneure immigrée qui a refusé d'être victime d'inconduite sexuelle et qui a transformé un traumatisme dévastateur en quelque chose qui a attiré beaucoup de bonne volonté de la part de Justice Canada, comme du public et des médias, offrait la parfaite occasion de mener une opération autour de l'image qui pourrait drainer des dizaines de millions de dollars du contribuable. Nous avons appris par la suite que l'on avait utilisé pour cela un marché réservé pour des contrats avec des entreprises autochtones, ce qui est encore un exemple de monétisation et de vol utilisant le traumatisme de communautés marginalisées.
Pour sceller l'accord au Conseil privé, cette faction m'a utilisée et a utilisé notre initiative sacrée de citoyens avec Justice Canada pour faire diversion. Cependant, il y avait une erreur fatale dans son grand stratagème. Botler s'était donné une mission qui était de prévenir, détecter et combattre l'inconduite — et c'est exactement ce que nous avons fait. Nous avons commencé à soumettre des rapports contre cette même faction.
En réponse, au lieu de protéger les contribuables canadiens et leur argent durement gagné, l'appareil gouvernemental, y compris l'ASFC, Services publics et Approvisionnement Canada et le Secrétariat du Conseil du Trésor ainsi que d'autres entités, dont des services juridiques, s'est mobilisé pour enterrer nos rapports et essayer de faire entrave à la justice — le tout au nom du Canada.
En décembre 2022, au moment même où la présidente O'Gorman déclarait que l'Agence se demandait s'il fallait envoyer nos rapports à la GRC, mon courriel a été piraté et toute trace d'un message électronique que Kristian Firth m'avait envoyé a mystérieusement disparu.
Nous avons observé et attendu patiemment que quelqu'un fasse ce qu'il fallait et donne suite à nos rapports. Au lieu de cela, leurs mensonges nous ont brisé le cœur. Ils ont menti au Comité. Ils ont menti au Parlement et ils ont menti aux contribuables canadiens.
Je peux vous assurer d'une chose aujourd'hui: la corruption systémique existait au gouvernement avant Botler. Cette corruption gouvernementale systémique a essayé de se manifester en passant par Botler. Cependant, grâce à Botler, elle a été annihilée.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je suis programmeur et architecte logiciel et je me concentre sur la sécurité. Dans le cadre de mes compétences, j'étudie des systèmes pour repérer des vulnérabilités afin d'en atténuer l'exploitation potentielle.
En novembre 2019, l'ASFC nous a contactés par l'intermédiaire de son agent, Kristian Firth de GC Strategies. Depuis, j'étudie de près et je documente soigneusement de nombreuses vulnérabilités que nous avons découvertes dans le régime d'approvisionnement du Canada. Nous avons également été témoins de l'exploitation systématique de ces vulnérabilités par des fonctionnaires aux échelons les plus élevés de la fonction publique. D'après notre expérience, cette exploitation vise principalement à distribuer des fonds publics à des entités qui ne relèvent pas de la sphère publique. Les contrats de services professionnels, qui font actuellement l'objet de plusieurs études de comités et qui coûteront aux contribuables près de 20 milliards de dollars cette année, sont les cibles privilégiées de cette exploitation.
Je qualifie une de ces magouilles de « passation de contrat avec des entreprises fantômes », ce que nous avons observé avec Botler et ArriveCAN, qui fait l'objet de l'étude actuelle du Comité. Dans le cas d'ArriveCAN, GC Strategies était un entrepreneur principal qui a reçu des commissions importantes pour ensuite sous-traiter le travail à des entreprises tierces, qui étaient les entrepreneurs fantômes. D'après des documents déposés au Comité, GC Strategies a déclaré que les employés de ces entrepreneurs fantômes étaient les personnes nommées dans les autorisations de tâches, les AT, déposées. Ces AT ont été utilisées pour facturer le gouvernement. Comme ces entrepreneurs fantômes ne relèvent pas de la compétence directe du gouvernement, il est impossible de confirmer que les personnes nommées ont bien effectué le travail ou même qu'elles aient su qu'elles étaient nommées dans ces autorisations de tâches.
De plus, c'est à supposer qu'il s'agit bien de vraies personnes titulaires de cotes de sécurité valides, et pas de faux profils créés pour ces AT. Dans le cas de Botler, il y avait trois niveaux de contrat. GC Strategies était l'entrepreneur fantôme, et Mme Dutt et moi étions personnellement identifiés comme sous-traitants. Coradix et Dalian, entités dont nous n'avons jamais entendu parler, ont utilisé nos identités à notre insu ou sans notre consentement.
J'aimerais attirer votre attention sur une autre vulnérabilité essentielle, à savoir que Botler a travaillé sur le projet de l'ASFC sans qu'aucune entente contractuelle ou juridique soit en place avec l'Agence ou avec aucun des sous-traitants ou des entrepreneurs qui y participaient. Malgré cela, l'ASFC nous a donné libre accès à des renseignements confidentiels, et Botler a tous les droits légaux sur toute information que nous avons recueillie relativement à ce cas d'inconduite. Imaginez un instant à quoi le Canada s'exposerait si un acteur malveillant avait de la même façon légalement accès à des renseignements confidentiels. Imaginez les dangers que cela ferait courir à notre pays.
Si les règles en matière d'approvisionnement sont respectées, toute ressource nommée dans un projet devrait le savoir. Elle devrait donner son consentement par écrit ou signer une entente contractuelle, et elle devrait signer une entente de confidentialité. Cependant, la plus grande vulnérabilité sur laquelle j'aimerais attirer votre attention est le fait que ces entrepreneurs se livrent ouvertement à différentes activités criminelles. Ils commettent ouvertement des fraudes à l'égard du gouvernement en promettant d'exercer une influence et en demandant en échange un avantage matériel. Ce que nous avons notamment observé dans notre travail avec Justice Canada et nos interactions avec Sécurité publique, c'est qu'un acte d'inconduite est rarement isolé. Il est presque toujours symptomatique de l'existence d'un plus grand nombre d'inconduites et de la tolérance dont elles font l'objet. Les personnes qui commettent des actes répréhensibles sont également des cibles privilégiées en matière d'exploitation et d'extorsion.
Dans nos interactions avec GC Strategies, M. Firth se vantait régulièrement que lui et ses amis, de hauts fonctionnaires habilités à conclure des marchés, savaient des choses compromettantes les uns sur les autres, ce qui garantissait le silence, le risque étant autrement une destruction mutuelle assurée. Des entrepreneurs extérieurs commettent certes des fautes et font le sale travail, mais je tiens à souligner que leur conduite ne serait pas possible sans l'appui de factions au sein du gouvernement. Dans notre cas au moins, leur conduite était entièrement dirigée par la faction au sein du gouvernement que nous avons rencontrée.
Malheureusement, une fois que nous avons commencé à rendre compte de nos constatations, l'appareil gouvernemental s'est mobilisé pour enterrer les rapports de Botler et protéger cette corruption. La réponse la plus choquante que nous avons reçue venait de SPAC et de ses services juridiques. SPAC déclarait que le Canada avait établi qu'aucune règle n'avait été enfreinte, et ce alors que la GRC enquêtait sur les mêmes allégations. Quand l'entité gouvernementale qui est chargée de surveiller et de dépenser les fonds publics décide d'appliquer de manière sélective ses propres règles, que ce soit délibérément ou par simple négligence, il y a danger.
La grande question à présent est de savoir sur quoi d'autre SPAC a fermé les yeux dans les dizaines de milliards de dollars de fonds publics dépensés.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie infiniment, madame Dutt et monsieur Morv, tout d'abord d'avoir créé l'IA de Botler et d'appliquer la technologie et l'IA pour aider à éliminer le harcèlement et l'inconduite en milieu de travail. Merci infiniment de donner cet outil au Canada.
Ensuite, je tiens à vous remercier du travail et de la diligence que vous avez mis à porter ce grave problème à notre attention. Merci beaucoup d'avoir eu ce courage.
Il y a quelques jours, nous avons reçu une note de la Gendarmerie royale du Canada nous informant que la GRC n'enquête pas sur ArriveCAN. La note précisait que l'enquête de la GRC ne concerne pas ArriveCAN. Je sais que beaucoup de choses ont été dites. Je veux donc simplement éclaircir un ou deux points.
Cette affaire concerne‑t‑elle ArriveCAN?
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Il y avait des allégations de facturation frauduleuse et d'infractions aux conditions et aux règles d'approvisionnement de base.
J'aimerais replacer les choses en contexte. Nous n'avons aucune documentation sur les instruments contractuels qui ont été utilisés en ce qui concerne Botler. Le seul document que nous avons vu était le contrat entre GC Strategies et Dalian.
Fin août 2021, après des mois d'allers et retours avec différentes équipes au sein de l'ASFC, tout le monde était perplexe à propos de ce projet parce que les échéances étaient complètement aléatoires et arbitraires. Après des mois d'allers et retours, j'ai eu une conversation téléphonique avec un employé de l'ASFC. Pendant cette conversation, cet employé m'a confié qu'il avait examiné l'autorisation de tâches et qu'il avait exprimé de sérieux doutes. À ce moment‑là, nous n'avions pas vu l'autorisation de tâches. Nous ne savions pas ce qu'elle contenait.
Cet employé a exprimé de sérieux doutes et nous a dit qu'il y avait un risque si le projet était réalisé dans la structure actuelle, sans expliquer en détail ce qui s'y trouvait. Nous avons officiellement dit à l'ASFC qu'il y avait des allégations de facturation frauduleuse parce que des parties étaient payées pour le travail que nous faisions, mais qu'elles ne payaient pas Botler.
Nous avons également prévenu qu'il n'y avait pas de relation contractuelle entre Botler et les autres parties, et que nous ne faisions vraiment partie d'aucun des contrats qui pouvaient lier l'ASFC ou d'autres parties.
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Nous avons effectivement été menacés.
[Traduction]
Quand nous avons signalé l'inconduite, il n'y avait pas seulement le rapport d'inconduite de septembre 2021. Nous avons également fait un signalement en décembre 2021, auquel l'ASFC a ensuite réagi en annulant le projet. L'Agence nous a demandé de lui fournir le reste du travail, ce que nous avons fait. Nous avons fourni l'intégralité du travail en février, mais l'Agence nous a recontactés en mars 2022 pour nous dire qu'en plus du travail même que nous avions fait, nous allions devoir remettre tous les documents, les notes et les dossiers que nous avions qui concernaient le projet — c'est‑à‑dire, essentiellement, les dossiers et les preuves de l'inconduite que nous avions découverte — et que ces dossiers devaient être remis à l'entrepreneur, autrement dit Coradix et Dalian, même si l'Agence savait parfaitement que nous avions signalé de nombreuses fois que nous n'avions aucune relation avec Coradix et Dalian. Même si nous avions hypothétiquement eu cette relation, pourquoi irions-nous remettre des rapports contenant des preuves aux personnes dont nous avions signalé l'inconduite?
Dans ce cas, Diane Daly, qui était chargée du dossier à l'ASFC, a commencé à nous menacer au nom du Canada et à exiger que nous remettions ces dossiers. Elle nous a donné 24 heures, je crois, pour le faire. Nous avons été menacés au nom du Canada.
En décembre 2021, nous avons de nouveau signalé l'inconduite et l'ASFC a réagi par des représailles en mettant fin au projet. L'Agence avait dit... À ce moment‑là ou avant, Mme Daly a dit que l'Agence devait faire confiance à ses entrepreneurs. Ensuite, au sujet du rapport d'inconduite de novembre 2022, où nous déclarions n'avoir toujours pas été payés, Pierre Lessard, de l'ASFC, qui est, me semble‑t‑il, maintenant chargé de l'enquête... Il est le dirigeant principal de la sécurité et le directeur de quelque chose... Je vais devoir clarifier cela. Il nous a dit que c'était entre nous et nos partenaires commerciaux. Je trouve très déroutant que, lorsque nous avons porté pour la première fois des allégations d'inconduite, c'était des entrepreneurs de l'Agence à qui elle devait continuer de faire confiance, mais qu'ensuite, ils sont devenus nos partenaires commerciaux.
Monsieur le président, je suis choqué par ce que j'entends aujourd'hui. Je ne me serais jamais attendu à entendre ce genre de témoignage à un comité parlementaire au Canada.
Vous, nos témoins, décrivez ce qui est une terrible corruption systémique dans le système d'approvisionnement. Nous parlons de corruption gouvernementale systémique. Vous présentez une chronologie et des preuves claires à l'appui de ces allégations extrêmement graves.
Les députés ministériels disent que cela ne concerne pas ArriveCAN. À mon avis, cela concerne ArriveCAN, mais cela dépasse aussi largement cette application.
Je vais reprendre votre description et je veux que vous confirmiez que j'ai bien compris.
Vous décrivez un système où les marchés publics vont à des entrepreneurs préférés. Ils prétendent sous-traiter à d’autres qui, affirment-ils, font le travail. Ils fournissent des rapports à ce sujet, mais il se peut que les sous-traitants ne fassent pas le travail. Il se peut qu'ils ne sachent pas que leur nom est mentionné et il se peut même qu'ils n'existent pas dans certains cas. Ce système permet à ces entrepreneurs initiaux de surfacturer les services aux contribuables et de s'en mettre plein les poches. Est‑ce que c'est ce qui se passe en l'occurrence?
Comme vous le savez sans doute, mais je le préciserai pour le bénéfice du public, les comités parlementaires disposent d’importants pouvoirs lorsqu’il s’agit de demander de l’information. Je pense que la population canadienne compte sur nous, le Comité des opérations gouvernementales, ou le tout-puissant OGGO comme le président aime l’appeler, pour faire le maximum afin d’aller au fond des choses. Dans un instant, je vais vous demander quels documents le Comité devrait demander pour mieux comprendre et approfondir cet enjeu.
Tout d’abord, vous avez mentionné l’ampleur du problème.
J’aimerais que le Comité demande tous les contrats passés depuis huit ans entre un ministère, un organisme gouvernemental ou une société d’État et GC Strategies, Dalian ou Coradix. J’aimerais que ces contrats soient produits d’ici mardi prochain. Y a‑t‑il un accord sur cette demande?
Nous appuyons cette motion, avec deux amendements.
Tout d’abord, nous aimerions remonter au moins 12 années en arrière. Deuxièmement, nous aimerions obtenir une prolongation. Comme il y a beaucoup de documents, nous souhaiterions qu’au lieu de mardi prochain le délai soit reporté au mardi suivant, dans deux semaines. Je signale également que tous ces documents sont déjà disponibles en source libre. Si vous cherchez quelque chose d’autre, il nous faut des éclaircissements.
En général, nous sommes d’accord avec la motion, avec ces trois réserves.
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Merci, monsieur le président.
Il est très évident que tout le monde ici présent, y compris du gouvernement, devrait s'inquiéter, car il est tout à fait évident qu'il semble y avoir un problème systémique ici, et c'est absolument le point que nous devons approfondir dans le cadre de nos travaux.
Outre les montants importants que mes collègues ont mentionnés, je constate que GC Strategies a des contrats, en fait, avec plus de 20 ministères dans l'ensemble du gouvernement. Il est impossible qu'il ne s'agisse pas d'un problème systémique. Nous devons absolument aller au fond de ce qui s'est passé, non seulement dans ce cas‑ci, mais aussi ailleurs au sein du gouvernement. C'est très certainement l'objectif que nous poursuivons ici.
Avant de passer à ma prochaine série de questions, je voudrais clarifier une dernière fois votre communication avec M. Ossowski. Il a dit d'abord qu'il ne vous avait jamais rencontrés. Puis, au cours de la dernière réunion, il s'est rétracté. Il a déclaré qu'il n'avait eu que la réunion sur Teams avec vous. Est‑ce exact?
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Merci beaucoup pour votre présence.
Je pense que nous essayons tous de comprendre ce qui s'est produit et les mesures à prendre.
J'examine l'un des signalements d'inconduite soumis par Botler AI. Il est allégué que Kristian Firth, de GC Strategies, vous a approché au nom de Cameron MacDonald, qui était à l'époque directeur général de l'ASFC, pour obtenir ce contrat. Selon une déclaration, M. Firth a organisé des réunions entre Botler et M. MacDonald, qui les a conseillés sur la manière de mousser leur logiciel auprès de John Ossowski, alors président de l'ASFC.
Pouvez-vous nous parler de la nature de ces conversations? S'agissait‑il de savoir comment mousser votre logiciel? Quels trucs du métier ou quels conseils vous a‑t‑on donnés?
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Nous avons reçu un courriel retransmis par Kristian Firth. Il renfermait des instructions sur la procédure relative à l'autorisation de sécurité. Au bas du courriel, une phrase très brève, d'une ligne, disait que pour tout renseignement, il suffisait de s'adresser à security@coradix.com. C'est la première fois que nous avons vu le nom de Coradix.
Nous avons suivi ces instructions. Le courriel renfermait un lien. Nous avons suivi le lien et nous avons immédiatement reçu un courriel du responsable du recrutement, Antonio Utano.
À ce stade, nous avons pensé que la sécurité était probablement assurée par Coradix. Nous avons été induits en erreur parce que nous n'avions jamais reçu d'information sur le processus d'autorisation de sécurité. Même à la fin, lorsque nous avons signé les certificats de profils de sécurité... On y trouve une disposition selon laquelle l'organisation qui détient les autorisations de sécurité doit nous informer de la signification de ces autorisations. Je crois qu'ils ont signé cette disposition, mais nous n'avons jamais été informés. Nous n'avons jamais reçu d'information sur le fonctionnement du système ou de l'enquête de sécurité en général.
On ne nous a même pas fourni de lettre de référence ou de demande pour les autorisations de sécurité. On nous a donné des instructions verbales pour que nous allions nous soumettre aux enquêtes de sécurité dans un bureau de prise d'empreintes digitales.
Nous avons communiqué avec ce bureau. Nous nous y sommes rendus et la personne chargée de l'autorisation de sécurité était étonnée et nous a dit qu'elle n'avait jamais vu une telle chose, où quelqu'un vient avec un contrat verbal pour obtenir les autorisations de sécurité. Au début, on nous a dit qu'ils ne pouvaient pas vraiment traiter la demande parce que nous n'avions pas de document officiel. Nous leur avons montré le courriel d'Antonio Utano, le responsable du recrutement. Nous avons fini par faire l'enquête de sécurité et la demande a été approuvée.
Pendant tout ce temps, nous pensions que Coradix était une entité qui se chargeait de la vérification de nos antécédents, ce qui est courant. Nous utilisons aussi les mêmes entités pour nos propres employés.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela m'épate encore de voir que, pour s'être occupé de l'aspect esthétique de l'application, on a facturé 8 190 jours de travail. Je n'en reviens pas, cela me jette par terre.
À une certaine époque, au temps du langage HTML écrit à la main, j'ai fait un site Web de A à Z et cela a dû me prendre environ 80 heures. C'était en 1999, alors ce n'était pas très compliqué. De ces 80 heures, j'en ai facturé 40, mais c'est une autre paire de manches.
Quoi qu'il en soit, la situation me renverse.
Après avoir commencé les démarches de dénonciation, avez-vous remarqué qu'il se passait des choses étranges? Après que vous avez déposé votre document auprès de Mme Erin O'Gorman, par exemple, vous est-il arrivé des choses vraiment étranges ou tout a-t-il continué normalement?
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Merci, monsieur le président.
J'aurais dû le dire au début de mon tour précédent. Merci beaucoup pour votre présence et pour votre témoignage courageux et important.
Vous avez trouvé, confirmé et fourni des preuves de la corruption systémique du gouvernement en matière d'approvisionnement. Cela comprend ArriveCAN, mais cela dépasse ArriveCAN. Il s'agit d'un phénomène profondément troublant que notre comité se doit d'élucider.
Je voudrais vous poser la question suivante: à votre connaissance, qui, parmi les élus ou le personnel politique du gouvernement, était au courant de vos préoccupations, et quand et comment ont-ils été mis au courant?
Monsieur Morv, il me semble que c'est vous qui avez fait le gros du travail pendant la configuration pilote, car vous étiez absent pour des raisons personnelles. Je vais résumer, puis je vais passer à autre chose, car il faut que je mette les choses au point pour notre équipe lorsque nous reviendrons.
Il y avait une bonne relation avec l'ASFC et un partenariat qui remonte à bien avant le lancement comme tel, quelque part en février 2020. Vous avez bien travaillé ensemble pour configurer le système, et pendant tout ce temps, il était entendu qu'un contrat serait conclu avec l'ASFC. C'est ce que vous pensiez.
Puis, une autorité contractante de l'ASFC vous a informé que, pour votre contrat, vous deviez désormais passer par Dalian. Est‑ce exact?
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Merci, monsieur le président.
Je vais essentiellement faire des commentaires.
Merci beaucoup à vous, chers témoins. Ce que vous nous dites aujourd'hui demande beaucoup de réflexion et de courage. Je parle de courage parce que vous avez fait ce qui devait être fait, c'est-à-dire relever les irrégularités dans certaines situations. Comme conséquence, vous avez fait l'objet de menaces financières, qui se sont concrétisées, puisque vous n'avez effectivement pas été payés pour l'entièreté de votre travail. On a volé votre identité, qu'on a utilisée sans votre consentement. Vous avez subi des choses pour le moins étranges. Vous avez remarqué qu'on suivait certains de vos courriels en raison du sujet qu'ils abordaient. C'est vraiment étrange. Si nous étions dans un pays moins démocratique, je comprendrais, mais nous sommes au Canada, et non dans un de ces pays, que je ne nommerai pas.
Je salue votre détermination, qui devrait habiter chaque fonctionnaire. Je parle ici de la détermination à faire en sorte que l'argent des contribuables soit dépensé adéquatement, de façon responsable. C'est ce que vous avez fait, alors que vous êtes à l'extérieur de l'appareil gouvernemental. Je vous en remercie. Je vous remercie d'avoir gardé la tête haute et le dos droit. Il faut que les choses se poursuivent de cette façon.
Ce sera tout pour moi, monsieur le président.
Il devrait être évident pour toutes les personnes présentes, ainsi que pour les Canadiens qu'une corruption systématique règne au sein de ce gouvernement. Cela devrait être absolument évident après cette réunion et votre témoignage d'aujourd'hui.
Avant aujourd'hui, nous avions répertorié des vols d'identité, de faux CV frauduleux, des vols de contrats, des facturations frauduleuses, des fixations de prix et des collusions. Vous avez apporté la preuve de tout cela aujourd'hui, et vous allez apporter d'autres preuves en fournissant les documents demandés, ce dont je vous remercie.
Nous avons vu que ces trois sociétés, auxquelles nous avons fait référence, ont reçu 80,3 millions de dollars rien que l'an dernier. Si nous prenons uniquement les « entrepreneurs fantômes » auxquels vous avez fait référence au cours de la première série de questions, dont nous avons établi la définition, laquelle s'applique à GC Strategies, nous constatons que cette entreprise a touché 43,6 millions de dollars au cours des trois dernières années. Les contribuables ont potentiellement été escroqués de 43,6 millions de dollars. Ils ont été escroqués de cette énorme somme d'argent.
À mon avis, il ne fait aucun doute qu'il existe une corruption systématique. Ma question est la suivante: après tout ce que vous avez vécu, pourquoi pensez-vous que cela se produit?