Bienvenue à la 140e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes.
Comme toujours, chers collègues, je vous rappelle à tous de garder vos écouteurs loin de votre microphone en tout temps, de façon à protéger l'ouïe de nos précieux interprètes.
Nous avons deux témoins aujourd'hui.
Merci de vous joindre à nous.
Nous allons donner la parole à la cheffe Bernard, pour cinq minutes, pour une déclaration préliminaire, puis à M. Ducharme.
Cheffe Bernard, vous avez la parole. Allez‑y. Je vous en prie.
Bonjour tout le monde. Je m'appelle Joanna Bernard et je suis la cheffe régionale de l'Assemblée des Premières Nations pour le Nouveau‑Brunswick.
L'Assemblée des Premières Nations est une organisation nationale qui, comme son nom l'indique, représente les Premières Nations et leurs chefs élus partout au Canada. Le mandat de l'APN émane des titulaires de droits des Premières Nations par voie de résolutions. Il est important de bien comprendre qui sont les titulaires de droits dans le contexte des travaux concernant les politiques, les cadres et les stratégies.
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de vous parler de l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones.
Je tiens à souligner que les Premières Nations doivent être consultées directement sur cette question. Les politiques d'approvisionnement de tous les ordres de gouvernement doivent être inclusives, afin de tenir compte des principes de diversité et d'égalité. Une approche fondée sur les distinctions est nécessaire pour transformer le paysage de l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Le gouvernement fédéral doit s'acquitter de son obligation de consulter les Premières Nations sur les questions d'approvisionnement et de tenir compte de leurs demandes pour assurer un examen et une progression efficaces des politiques. Cela contribuera à éliminer le gaspillage et la corruption dans les procédures d'approvisionnement.
Des politiques d'approvisionnement équitables jouent un rôle important dans le soutien du développement économique des Premières Nations et d'un effort significatif de réconciliation. Les politiques d'approvisionnement de tous les ordres de gouvernement doivent être inclusives et fondées sur les distinctions et elles doivent éviter une approche « universelle ».
L'objectif de 5 % du gouvernement fédéral se reflète dans le plan d'action de la Loi sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, que nous soutenons. Cependant, cette proportion de 5 % est une cible minimale. La population du Canada est constituée à 5 % de membres des Premières Nations. Si le gouvernement veut combler l'écart avec les Premières Nations et sortir les collectivités de la pauvreté, la proportion des contrats d'approvisionnement doit dépasser l'objectif minimal. Le minimum de 5 % ne fait que maintenir le statu quo économique actuel. Lorsque les entreprises des Premières Nations ont la capacité et le soutien nécessaires pour participer à des appels d'offres et obtenir des contrats, la prospérité économique que cela engendre peut donner lieu à des réinvestissements dans les collectivités et aider ces dernières à prospérer.
En octobre 2019, l'APN a préparé un rapport évolutif sur les mises à jour et les révisions nécessaires pour mieux appuyer l'accès des entreprises des Premières Nations à l'approvisionnement au Canada, en mettant l'accent sur le portefeuille d'approvisionnement du gouvernement fédéral.
En 2016, le gouvernement du Canada a attribué plus de 340 000 contrats de biens, de services et de travaux de construction d'une valeur de plus de 18 milliards de dollars. Cependant, les achats ciblés dans le cadre de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones — comme on l'appelait à l'époque — n'ont totalisé que 93,5 millions de dollars en 2015, soit moins de 1 % de tous les marchés publics fédéraux. Aujourd'hui, le gouvernement fédéral dépense environ 22 milliards de dollars chaque année pour l'achat de biens et de services auprès d'entreprises partout au Canada, mais moins de 1 % de cette somme va aux entreprises autochtones.
Pour protéger les intérêts des Premières Nations, les politiques d'approvisionnement doivent éliminer le risque que des acteurs frauduleux cherchent à réaliser des gains financiers. En 2022 et 2023, le gouvernement fédéral a publié un rapport d'étape concernant son objectif minimal de 5 %. L'APN s'inquiétait du manque de transparence dans les définitions des entreprises et les critères d'admissibilité s'appliquant aux types d'entreprises qui pourraient être considérées comme autochtones. La transparence doit être une priorité pour maintenir la confiance et soutenir les entreprises autochtones légitimes.
Un accès équitable, transparent et ouvert aux possibilités d'approvisionnement avec le gouvernement du Canada, les gouvernements provinciaux et le secteur privé est une priorité clé pour les Premières Nations et est essentiel à la croissance économique, à l'autodétermination et au bien-être des collectivités.
L'APN a collaboré avec des organisations partenaires pour établir l'Organisation pour l'approvisionnement auprès des Premières Nations, ou OAPN, dont l'objectif est d'aider les peuples et les entreprises des Premières Nations à surmonter les obstacles systémiques à l'accès aux marchés publics fédéraux.
Depuis sa première réunion, en décembre 2023, l'OAPN a formé un comité directeur composé de six organisations autochtones, dont l'APN.
L'APN a également appuyé l'élaboration de définitions d'entreprises autochtones, sous l'égide de l'Association nationale des sociétés autochtones de financement. Ces définitions ont vu le jour en mars 2024 et fournissent un ensemble de critères qui déterminent ce qui constitue une entreprise ou une organisation autochtone aux fins de l'approvisionnement.
Une entreprise autochtone est une entreprise dans laquelle une personne autochtone a la responsabilité exclusive de prendre des décisions, reçoit tous les bénéfices, subit toutes les pertes et assume tous les risques, paie l'impôt sur le revenu des particuliers en tant que propriétaire unique autochtone, et est détenue à 100 % par une personne autochtone.
Dans le cas des coopératives, des partenariats, des organismes sans but lucratif et à but non lucratif, des organismes de bienfaisance et des coentreprises, au moins 51 % de la structure d'entreprise est détenue ou contrôlée par des Autochtones. À l'heure actuelle, il n'existe aucune méthode uniforme pour vérifier la légitimité des entreprises autochtones, ce qui crée un risque de fausses déclarations, de tokénisme et d'exploitation par des acteurs malveillants.
Les définitions relatives aux entreprises autochtones visent à clarifier et à structurer les processus d'approvisionnement et à prévenir l'érosion de la confiance et du respect entre les partenaires autochtones et non autochtones.
L'APN réclame une plus grande transparence, une reddition de comptes et un soutien accrus dans les processus d'approvisionnement du gouvernement, particulièrement ceux qui touchent les entreprises des Premières Nations. Elle continuera de préconiser les changements nécessaires aux politiques et aux pratiques d'approvisionnement, tout en faisant la promotion des programmes et des initiatives conçus pour renforcer la capacité des entreprises des Premières Nations.
Accroître les possibilités des Premières Nations au chapitre des marchés publics...
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... et de l'obtention de contrats fédéraux ne devrait pas être entravée par l'absence de programmes adéquats concernant l'appartenance à une Première Nation ou de mesures de protection contre les imposteurs.
Le processus de reconnaissance de l'identité des Premières Nations, qu'il s'agisse de personnes, d'entreprises ou d'organisations qui revendiquent ou cherchent à affirmer l'identité des Premières Nations, doit être dirigé par celles‑ci pour assurer sa légitimité.
Je tiens à remercier tout le monde de m'avoir accordé ce temps. Je n'en suis pas à mes premières armes dans ce domaine. Je travaille sur ce dossier depuis 1999, je crois, au moment du premier marché public. Selon le comité permanent, les problèmes remontent à 2006, alors que mon frère John Bernard est intervenu à ce sujet au nom de Donna Cona. Je ne sais pas si toutes les personnes présentes autour de la table ont accès à l'information de ce comité permanent, mais celle‑ci pourrait les aider à aller de l'avant et à prendre la meilleure décision possible.
J'ai un dernier commentaire avant de terminer. Je tiens à insister, encore une fois, pour que vous cessiez de préparer des documents et des politiques derrière des portes closes, de nous les imposer et de nous dire que c'est ainsi que les choses devraient se passer. Cela est une perte de temps, pour nous et pour vous, et un gaspillage d'argent.
Dans le contexte de ces occasions d'approvisionnement pour les Premières Nations, il est important que nous commencions à travailler ensemble, afin de pouvoir économiser du temps et de l'argent et progresser. La situation dure depuis beaucoup trop longtemps.
Merci. Woliwon.
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Merci. Bonjour tout le monde.
Je m'appelle Philip Ducharme et je suis membre de la Fédération des Métis du Manitoba. Je suis heureux d'être ici sur le territoire non cédé ni concédé de la nation algonquine anishinabe.
En tant que vice-président, Entrepreneuriat et approvisionnement, au Conseil canadien pour l'entreprise autochtone, ou CCEA, je tiens à vous remercier, monsieur le président, ainsi que tous les distingués membres du Comité, de me donner l'occasion de vous parler de l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones.
Plus tôt cette année, le CCEA a célébré le 40e anniversaire de l'établissement de ponts entre les entreprises autochtones et non autochtones et le reste du Canada, à l'appui de la croissance et des possibilités réciproques, ainsi que de la réconciliation économique, grâce à un certain nombre de programmes et d'initiatives, y compris la recherche que nous menons et qui a récemment été citée par l'OCDE à notre présidente et cheffe de la direction, Tabatha Bull, comme étant l'une des meilleures au chapitre de l'économie autochtone.
L'une de nos principales priorités au cours des huit dernières années a été l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. En janvier 2018, le CCEA a officiellement lancé Supply Change, notre programme déposé d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, qui comporte des piliers clés, y compris la certification des entreprises autochtones, le marché d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones et des champions de cet approvisionnement.
Le marché d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones est une plateforme en ligne qui favorise la participation et l'établissement de relations pour nos entreprises autochtones certifiées et nos entreprises acheteuses, ainsi que la mise en commun des occasions pertinentes. Ce marché comprend actuellement plus de 1 300 entreprises autochtones certifiées et 155 champions et défenseurs de l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones.
Les entreprises autochtones certifiées par le CCEA en sont membres et font l'objet d'un processus de vérification interne pour confirmer au moins 51 % de propriété et de contrôle autochtones. Nous exigeons une preuve d'appartenance autochtone. L'auto-identification n'est pas acceptée. En plus de la preuve d'appartenance autochtone, nous exigeons des documents commerciaux prouvant que la propriété et le contrôle autochtones des actions atteignent le seuil de 51 %.
Au moment du renouvellement annuel, toutes les entreprises autochtones certifiées doivent attester que la propriété et le contrôle n'ont pas changé. Cependant, si la légitimité de l'une de nos entreprises autochtones certifiées est remise en question à un moment donné, nous utilisons les données que nous avons au dossier pour confirmer l'appartenance à la collectivité. Si nous constatons qu'une entreprise ne répond plus à la définition, sa certification est révoquée.
Le CCEA préconise depuis longtemps des cibles et des rapports sur l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, et nous étions heureux de joindre nos voix à celle de l'ancienne ministre chargée de l'approvisionnement, Mme Anand, le 6 août 2021, lorsqu'elle a réaffirmé l'obligation de 5 % d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones et qu'elle a exigé des rapports selon un échéancier établi. De plus, d'autres ordres de gouvernement et de nombreuses sociétés ont divulgué publiquement leurs cibles d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, y compris le Territoire du Yukon, avec une cible de 15 %, et la Ville de Regina, avec une cible de 20 %. Ces politiques d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones jouent un rôle de premier plan et sont nécessaires pour corriger les injustices historiques et donner du pouvoir à des collectivités qui sont depuis longtemps marginalisées et intentionnellement exclues de l'économie, au profit des autres entreprises et citoyens au Canada. Les politiques ne visent pas seulement l'atteinte de quotas, mais elles sont nécessaires pour favoriser les possibilités économiques pour les peuples et les collectivités autochtones.
Il est toujours possible que des gens profitent d'une politique. Récemment, l'attention s'est trop portée sur ces personnes et sur les effets négatifs qu'elles ont eus. En présentant systématiquement l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones sous un angle négatif ou en soulignant de façon disproportionnée les cas présumés d'utilisation abusive ou d'échec, on crée une situation où la compétence et la légitimité des entreprises autochtones sont remises en question. Ce discours influe sur la perception du public et, je le crains, sur les décisions stratégiques. Nous ne pouvons pas permettre à quelques acteurs malveillants de nous faire reculer sur des mécanismes de soutien cruciaux conçus pour aider les collectivités autochtones.
J'aimerais préciser que la réussite des entreprises autochtones grâce à l'approvisionnement, qui appuie la prospérité et l'autodétermination des Autochtones, l'emporte largement sur les aspects négatifs. Un approvisionnement auprès des entreprises autochtones respectant l'objectif de 5 % permettrait d'injecter 1,2 milliard de dollars directement dans l'économie autochtone. Prenons l'exemple de Pro Metal, un fabricant d'acier appartenant à Pasqua First Nation Group of Companies, qui fournit à l'Armée canadienne des pièces pour les véhicules blindés, y compris les véhicules blindés légers. Le succès du processus d'approvisionnement de PFN Group a permis la construction de 46 nouvelles maisons, l'agrandissement de l'école secondaire et l'ouverture d'un établissement de soins de longue durée de 12 unités. Ce n'est qu'un exemple des répercussions que peut avoir un approvisionnement autochtone réussi.
En conclusion, nous ne fermons pas les yeux sur les cas de fraude d'identité, et nous reconnaissons que certaines entreprises ont profité des politiques, ce qui a fait en sorte que les avantages ne se sont pas rendus à ceux à qui ils étaient destinés. Cependant, comme dans toute politique, il y aura des gens qui manipuleront le système pour qu'il fonctionne à leur avantage. Les actes répréhensibles commis par quelques-uns ne devraient pas remettre en question la nécessité ou la valeur des marchés publics autochtones. La solution consiste à renforcer la politique et non pas à punir ceux pour qui elle a été élaborée.
Je remercie le Comité de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer sur ce sujet important et il me fera plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos deux témoins de leurs témoignages.
Je tiens aussi à vous dire que les gens de la circonscription que je représente sont conscients de l'importance de faire progresser la vérité et la réconciliation et, dans ce contexte, de promouvoir et d'appuyer le développement économique dans les collectivités autochtones. Nous voulons améliorer le système. Nous voulons en faire plus pour favoriser le développement économique. C'est dans cet esprit que nous avons insisté pour que cette étude ait lieu.
Je tiens également à souligner que le Comité a étudié les abus en matière d'approvisionnement en général. Nous avons constaté de graves problèmes au chapitre de l'approvisionnement sous ce gouvernement. Notre objectif est de renforcer le processus d'approvisionnement, afin d'offrir plus d'avantages aux peuples autochtones, à tous les Canadiens et aux contribuables.
En mars, devant le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord, la disait que le programme de contrats avec les Autochtones du gouvernement fédéral a un objectif, celui de vérifier l'identité autochtone. Elle affirmait ce qui suit: « Le répertoire des entreprises autochtones permet aux autres ministères, dont Services publics et Approvisionnement Canada, d'avoir l'assurance que les gens sur la liste sont bel et bien autochtones. C'est le seul but de la liste. »
Pendant qu'elle affirmait cela, selon des révélations de Global News, ses fonctionnaires disaient aux demandeurs que tout ce qu'ils avaient à faire pour confirmer leur identité autochtone était de télécharger une photo de lapin.
Nous avons tous entendu l'expression « vous n'aviez qu'une seule tâche », cette tâche étant, selon la , de vérifier l'identité autochtone et se résumant en fait à vérifier si une photo de lapin avait été téléchargée.
Le Comité a commandé des documents sur la sous-traitance, parce que lorsque vous obtenez un marché réservé aux Autochtones et que vous sous-traitez du travail, un certain pourcentage de ces marchés de sous-traitance est censé être attribué à des entreprises autochtones — pas l'ensemble, évidemment, mais un certain pourcentage —, mais dans les divers ministères, nous avons constaté qu'il n'y avait aucun suivi des contrats de sous-traitance.
Selon la , le but de ce programme est de vérifier l'identité autochtone, mais la mise en place de systèmes pour le faire a lamentablement échoué. Dans ce contexte, je remarque que la certification d'une entreprise autochtone par le gouvernement ne semble pas respecter les mêmes critères que ceux utilisés par les organisations d'affaires et les collectivités autochtones pour définir les organisations autochtones.
J'aimerais que les témoins nous disent ce qu'ils pensent de ces révélations au sujet de l'absence de vérification de l'identité des entreprises autochtones et de ce qui peut être fait pour s'assurer que l'approvisionnement qui est censé être destiné aux entreprises autochtones va réellement à ces entreprises.
Nous pourrions peut-être commencer par la cheffe sur Zoom, puis passer à M. Ducharme.
Oui, c'est une question très importante. Depuis le tout début, cette stratégie d'utilisation d'Indiens de service pose un problème. Je suis désolée de vous dire que vous pouvez prendre n'importe quel Autochtone sur le bord de la rue, et vous en servir comme Indien de service, sans que cette personne ait à fournir de qualifications. Il y a donc du travail à faire pour vérifier que les Autochtones en question sont en mesure d'être propriétaires de ces prétendues entreprises, s'il s'agit de sociétés-écrans, et s'assurer qu'ils sont là au jour le jour et qu'on ne leur donne pas seulement quelques dollars pour utiliser leur nom. C'est un problème énorme.
En ce qui concerne notre statut, nous avons une carte qui en atteste. Je pense que tous les membres des Premières Nations ont une carte de statut. Pour ce qui est des Métis, je ne sais pas si des règlements ont été mis en place, comme c'est le cas pour les Premières Nations, pour la reconnaissance de notre statut au Canada. Je veux être certaine que, pour tous les membres de toutes les organisations, des mesures sont en place pour vérifier leur statut de Métis, d'Inuit ou de membre des Premières Nations, et qu'il ne suffit pas à quelqu'un de se présenter quelque part en disant: « Je suis Métis parce que mon arrière-grand-père l'était, et qu'il a une descendance. »
C'est important pour nous, surtout lorsqu'il est question de 5 % de l'approvisionnement, et pour s'assurer que l'organisation de la Première Nation reçoit un pourcentage adéquat de ces 5 % et qu'on ne donne pas seulement 5 % à une personne d'une autre organisation dont les membres n'ont pas fait l'objet d'une vérification par Affaires autochtones et du Nord Canada ou ne respectent pas les règles déterminées à ce chapitre. C'est une question très importante, et cela pose un problème depuis le tout début.
Je vais vous donner un exemple parfait. J'étais propriétaire du magasin de meubles The Brick à l'époque où Bernard Valcourt était ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord. Je lui avais dit à ce moment‑là que je voulais vendre mes matelas à l'entreprise de construction navale ici à Halifax. Je lui ai parlé à ce sujet, parce qu'à l'époque, le pourcentage d'approvisionnement était de 10 %. Il m'a répondu que oui et que c'était la loi, mais personne n'est intervenu. Cela démontre à quel point il y a un problème depuis le tout début. Des mesures étaient en place, mais personne n'en assurait la direction ni la gestion pour faire en sorte que nous recevions les 10 % qui nous étaient destinés.
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Cela vient du fait qu'il n'y a pas de vérification. Au bout du compte, ils semblent penser que si vous le dites, on ne peut pas vous demander de prouver que vous êtes autochtone, et c'est là que réside le problème. N'importe qui peut se présenter comme Inuit, Métis ou membre des Premières Nations sans vérification. Comme vous le savez, le statut des collectivités des Premières Nations et des membres des bandes leur vient d'Ottawa.
Pour ce qui est de l'appartenance aux autres organisations autochtones, je ne sais pas comment les choses se passent, mais je me pose des questions en tant que membre des Premières Nations. Je veux simplement m'assurer que nous faisons les choses correctement et que nous cessons de produire des documents derrière des portes closes, de dire que c'est la politique, puis de la modifier. Cela nous fait perdre du temps et de l'argent.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous devons être au premier plan de cette discussion parce que nous savons où se situent les besoins à l'intérieur de ces politiques. Je vous demande de prendre cela en considération avant de faire quoi que ce soit et, je le répète, de prendre des décisions derrière des portes closes en disant que vous avez entendu ce que les gens avaient à dire, et que c'est ce qu'ils souhaitent. Cela doit cesser. Cette situation dure depuis des années, et il faut que cela cesse. C'est un gaspillage de l'argent public et une perte de temps pour vous et pour moi.
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Oui. Je vais essayer de faire cela en une minute.
Essentiellement, le statut de Première Nation disparaît après la deuxième génération. Le problème avec les Métis, c'est que l'on englobe 10 générations. Pour devenir membres, ils n'ont qu'à dire que leur grand-père, leur arrière-grand-père ou leur arrière-grand-mère était autochtone. Il y a là un problème très particulier, à savoir que pour nous, les Premières Nations, il y a exclusion après la deuxième génération, ce qui n'est pas le cas pour les Métis et les Inuits.
Comme je l'ai dit, je ne suis pas certaine des détails, mais c'est très préoccupant pour les collectivités des Premières Nations [difficultés techniques]...
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Je crois qu'il y a là un problème, puisque la cible de la stratégie d'approvisionnement n'a été fixée qu'à 5 %.
Il y a près d'un million de membres des Premières Nations au Canada, mais connaît-on le chiffre de la population des autres organisations nationales? À mon avis, leur liste de population ou de membres n'est pas vraiment représentative du fait que le statut nous est retiré après la deuxième génération, alors que d'autres le conservent.
À mon avis, la validité de l'appartenance au groupe des Métis est discutable. Il devrait y avoir un critère général pour la vérifier. On ne devrait pas pouvoir se contenter de dire que notre arrière-arrière-grand-père ou notre grand-mère était autochtone, et ainsi obtenir le statut de Métis, et devenir ensuite membres.
Ce qui me préoccupe au sujet des 5 %, c'est que si l'on compare l'énorme population de l'Assemblée des Premières Nations avec celle des deux autres plus petites organisations, comment peut‑on affirmer que la stratégie d'approvisionnement est juste pour les Premières Nations, si elles n'obtiennent qu'une partie de ces 5 %?
Je crains que la stratégie d'approvisionnement permette à une communauté métisse ou à une Première Nation de décrocher tous les contrats, ou d'en obtenir la majorité. C'est là que nous devons veiller à ce qu'il n'y ait pas de coupure lorsque les 5 % sont atteints, de sorte que les communautés ou les entreprises des Premières Nations... En fait, il ne s'agit pas ici des communautés, mais bien des entreprises. Cela n'a rien à voir avec la communauté. Nous pourrons en parler à un autre moment, car il devrait aussi y avoir des avantages pour la communauté.
Comme je l'ai dit, cela ne fonctionne tout simplement pas, monsieur Battiste.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Ducharme et madame Bernard, je vous remercie beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Il s'agit d'un sujet fort important. Comme vous l'avez dit, 5 % des contrats, ce n'est qu'une infime partie de l'ensemble des contrats gouvernementaux. Malheureusement, il semble que des entreprises sont utilisées comme paravents. Autrement dit, une entreprise non autochtone s'associe à une entreprise autochtone et, au bout du compte, le travail est fait par des gens qui ne sont pas des Autochtones. Certes, la personne qui dirige l'entreprise autochtone va recevoir un dédommagement, mais, finalement, la communauté est peu favorisée. Cela a pour effet de détourner l'effet réel que cette politique pourrait avoir. À mon humble avis, le but de cette politique est d'assurer une meilleure autonomie des communautés et une meilleure croissance de celles-ci.
Ma première question porte sur ce sujet, mais, par la suite, je vais parler des moyens de se préparer à l'autonomie. Je vais demander à M. Ducharme d'y répondre en premier, mais Mme Bernard va pouvoir y répondre par la suite.
Comment peut-on s'assurer qu'une entreprise autochtone n'est pas utilisée comme paravent pour qu'une entreprise non autochtone puisse avoir accès à un contrat qui était réservé à une entreprise autochtone?
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Je pense que cela peut se faire au moyen d'audits des contrats proprement dits.
Lorsque vous examinez les contrats, s'il s'agit d'une coentreprise et que vous passez en revue tous les contrats de sous-traitance et voyez où vont les paiements, il faut regarder combien d'argent reste en fait à la communauté autochtone. C'est ce dernier montant qui devrait être déclaré.
Certains de ces gros contrats pourraient atteindre 100 millions de dollars, et il s'agit de coentreprises. La totalité de ces 100 millions de dollars est créditée en tant que dépenses autochtones, mais en réalité, les dépenses réelles sont loin des 100 millions de dollars.
Dans le meilleur des cas, si le partenaire autochtone détient 51 % de l'entreprise, il pourrait obtenir 51 millions de dollars de la valeur du contrat. Cela devrait être déclaré pour les entreprises qui en tirent un avantage lorsqu'elles disent qu'un contrat de 100 millions de dollars est comptabilisé dans le calcul de la cible des 5 %, alors qu'en réalité, seulement 5 % de ces 100 millions de dollars iront à une entreprise autochtone. Seuls ces 5 % des 100 millions de dollars devraient être déclarés comme des dépenses autochtones, ce qui ramènerait les chiffres à un niveau plus réaliste. Cela montrerait le véritable avantage de ce qui est dépensé pour les communautés, les entreprises ou les personnes autochtones.
Je pense qu'il doit y avoir des audits après l'attribution du contrat.
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Il semble certainement qu'il y ait beaucoup de travail à faire pour veiller à ce que le processus se déroule dans les règles de l'art et éviter de donner l'impression que, depuis des temps immémoriaux, le gouvernement continue de nous donner tout cet argent dans le dossier autochtone. Or, si l'on regarde ce que nous donne le gouvernement, l'on constate qu'un pourcentage de cet argent ne va pas aux communautés, mais plutôt aux organisations qui administrent les travaux à effectuer dans le domaine des affaires autochtones.
Les chiffres doivent refléter les véritables sommes d'argent qui vont aux communautés, et non pas le montant que le gouvernement verse à des non-Autochtones pour effectuer une grande partie de ces travaux et donner l'impression que tout cet argent est donné aux peuples autochtones.
Qu'il s'agisse d'approvisionnement ou quoi que ce soit d'autre, il faut s'assurer... Comme je l'ai dit, seulement 1 % de l'approvisionnement a été accordé à des entreprises autochtones en 2015. Si vous consultez vos dossiers, vous aurez l'impression d'avoir donné beaucoup plus que cela. Les chiffres totalisaient 93,5 millions de dollars en 2015, mais vous dites que des milliards de dollars ont été accordés, ce qui est préoccupant. Il y a beaucoup de travail à faire, non seulement à ce sujet, mais sur d'autres aspects liés à l'approvisionnement.
Monsieur Ducharme, je vais m'adresser à vous, et je vais utiliser, pour imager la situation, votre propre histoire, et la mienne, par le fait même, parce que je ne viens pas d'une communauté urbaine. Lorsqu'on est dans une communauté éloignée, avec des classes qui, parfois, sont de moins d'une dizaine de personnes, et qu'on doit aller étudier à l'extérieur, cela peut être compliqué. L'accès à l'éducation n'est pas simple, lorsqu'on vit dans une communauté éloignée.
Cette difficulté d'accès à l'éducation peut-elle être un frein à l'acquisition de l'autonomie et de la croissance économique pour une communauté? Devrait-on faciliter l'accès et le soutien à l'éducation, ce qui favoriserait la création ou l'idée de création d'entreprises chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits?
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Je pense qu'il faut mettre en place des outils qui aideront les gens qui viennent de l'extérieur des communautés à mieux s'équiper pour réussir.
Lorsque nous examinons l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, nous constatons que bon nombre des statistiques de nos entreprises en milieu urbain montrent que nous embauchons des Autochtones. Nous les amenons là où ils sont à l'aise. Nous leur offrons des conditions de travail différentes. En Saskatchewan, lorsqu'un Autochtone est embauché, certaines entreprises lui permettent de prendre congé à l'automne pour aller chasser l'oie ou de s'absenter pendant la saison de chasse.
Je pense qu'en augmentant les possibilités pour nos entreprises autochtones, nous embauchons à notre tour nos propres gens. Cela ressemble à ce dont vous parlez, c'est-à-dire la création d'un environnement sûr, un environnement propice à la croissance.
Encore une fois, nos entreprises autochtones sont fières. Quand elles embauchent quelqu'un, elles le forment, et celui‑ci obtient son certificat ou son Sceau rouge. Il peut ensuite partir pour profiter d'une autre occasion, mais cela permet à un cousin, à un membre de la famille, d'améliorer sa situation. Je nous considère tous comme des membres d'une même famille, nous les Autochtones.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie la cheffe Bernard et M. Ducharme de s'être joints au Comité aujourd'hui pour discuter de cet important sujet.
J'aimerais pouvoir être avec les membres du Comité en personne aujourd'hui. Je suis à Terrace, en Colombie-Britannique, dans le Nord-Ouest de la province, où je me trouve pour honorer la mémoire du chef Don Roberts, de Kitsumkalum. Le chef Roberts n'était pas seulement le chef héréditaire de Kitsumkalum; il a aussi été le chef de bande élu pendant près de 20 ans. Si j'en parle, c'est parce que, parmi ses nombreuses forces, le chef Roberts a été un ardent défenseur des entreprises autochtones et du développement économique dans sa communauté. Aujourd'hui, alors que sa famille se prépare au dévoilement de son monument commémoratif cet après-midi, mes pensées accompagnent tous ceux à qui le chef Roberts manque.
C'est un sujet vraiment important et intéressant. Je pense que c'est aussi, comme on l'a dit, un sujet un peu difficile à cause, comme l'a dit M. Ducharme, de l'accent mis sur les cas de fraude et, je suppose que l'on pourrait dire, des risques d'usurpation de l'identité autochtone qui éclipsent les succès des entreprises autochtones. Je tiens d'abord à souligner ce point important et à l'appuyer.
Je m'interroge sur l'établissement d'objectifs par le gouvernement et je me demande si le fait d'établir un objectif d'approvisionnement de 5 % et de demander à la fonction publique d'atteindre cet objectif risque de ne pas tenir compte de certains cas d'approvisionnement qui posent problème. Autrement dit, est‑ce que cela incite à ne pas tenir compte de ces cas pour faciliter l'atteinte de l'objectif?
M. Ducharme nous a dit que si l'on soustrayait la valeur des contrats qui sont confiés en sous-traitance à des entreprises non autochtones, la valeur réelle des contrats octroyés à des entreprises autochtones légitimes serait sensiblement inférieure. Par conséquent, le gouvernement raterait sa cible et il en paierait probablement un certain prix politique.
Ma question s'adresse à la cheffe Bernard et à M. Ducharme. La cible en soi crée-t-elle un problème lorsqu'il s'agit d'assurer la transparence et l'intégrité du processus d'approvisionnement auprès des Autochtones?
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Je crois que la cible de 5 % était nécessaire. Ce n'est qu'une fois que les 5 % ont été imposés qu'une grande partie des travaux ont été réalisés.
Encore une fois, la cible de 5 % n'est qu'un plancher. Ces 5 % sont un minimum. Encore une fois, aucun succès n'est possible sans fixer des cibles, les mesurer et en faire rapport. La Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, la SAEA, ou peu importe le sigle — elle a été rebaptisée plusieurs fois au fil des ans — existe depuis si longtemps, mais elle n'a jamais comporté de cible fixe, si bien qu'il n'y a eu aucune progression.
Je sais qu'il y a des problèmes, en raison de la façon dont les choses sont structurées à l'heure actuelle, je pense que le gouvernement est sur le point d'atteindre cette cible de 5 %, mais nous devons tout de même examiner l'audit des contrats pour en déterminer la valeur. La cible de 5 % est très importante, parce que si nous ne fixons pas d'objectif à atteindre, nous ne progresserons jamais. Cela dit, la cible peut aussi causer des problèmes, parce qu'on a presque l'impression que 95 % des gens qui ont des contrats gouvernementaux veulent une partie de notre 5 %, ce qui nous complique vraiment la tâche.
Je pense que la cible de 5 % est très importante. C'est un début.
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D'accord. Le secteur privé utilise votre liste. Je vous entends dire qu'il n'y a pas d'obstacle. J'ajouterais simplement que c'est tout à fait typique de la façon dont le gouvernement fédéral fonctionne souvent, c'est‑à‑dire essayer de reproduire le travail qui se fait déjà, mais le faire moins bien.
J'aimerais revenir directement aux questions de M. Battiste.
En ce qui concerne l'identité autochtone, nous comprenons tous qu'il y aura des cas complexes ou marginaux, mais il y a aussi des cas très clairs. Dans le cadre de l'une de ces enquêtes, un journaliste a pu obtenir ce qu'on appelle une « certification » au moyen d'une attestation en ligne.
Je crois que l'identité autochtone est un trait bien concret; ce n'est pas un attribut que l'on ressent. Ce n'est pas une particularité qu'une personne comme moi peut décider de vouloir et de réclamer ensuite. C'est une caractéristique concrète et objective.
Dans ce contexte, je remarque que quelques députés, tous deux autochtones, ont parlé de pseudo-Autochtones, ou « pretendian » en anglais, pour décrire le phénomène des gens qui prétendent carrément être autochtones pour en tirer profit. J'aimerais vous poser une question en plusieurs volets à ce sujet.
La première concerne l'expression utilisée. Pensez-vous que cette terminologie est appropriée? Devrions-nous utiliser cette terminologie ou non?
Deuxièmement, je crois comprendre que les préoccupations au sujet de l'usurpation de l'identité autochtone vont au‑delà de l'approvisionnement et que nous voyons d'autres cas où le fait de prétendre être autochtone cause des problèmes. Que pouvons-nous faire à ce sujet?
Troisièmement, seriez-vous d'accord avec ce que j'ai dit au début, à savoir que l'identité autochtone est une particularité objective? Ce n'est pas un trait subjectif que l'on ressent; c'est une réalité objective et vérifiable.
Nous pourrions peut-être commencer par la cheffe Bernard, puis, nous l'espérons, M. Ducharme.
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Le secteur privé a été un chef de file en matière d'approvisionnement auprès des Autochtones au Canada. Je connais mieux ce qui se passe dans l'Ouest. Je viens de la Saskatchewan. Si vous regardez le secteur des ressources, vous verrez qu'il a ouvert la voie. Pensons seulement à la région de Wood Buffalo et tout ce qui s'y fait.
Les entreprises canadiennes sont également un peu plus souples. Lorsqu'elles examinent leurs possibilités d'approvisionnement, si le premier dirigeant décide de faire appel à une personne en particulier, il le fera. C'est un peu différent. Je pense que les entreprises canadiennes se rendent compte qu'en faisant appel à des entreprises autochtones, elles font croître l'économie autochtone. Au bout du compte, cela revient toujours à une analyse de rentabilisation. Lorsque vous faites croître l'économie autochtone, vous espérez que les Autochtones, à leur tour, achèteront vos produits ou services. Les entreprises canadiennes font vraiment un bon effort en ce sens.
Cota Aviation, dont vous avez parlé, a été l'une des premières entreprises autochtones à décrocher un contrat de niveau un avec la marine pour la modernisation des sous-marins. Elle connaît du succès. Je pense que les entreprises canadiennes ont fait un excellent travail.
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Je ne connais pas le processus qu'utilise le gouvernement.
Lorsque vous allez en ligne et que vous examinez le processus gouvernemental pour être inscrit en tant qu'entreprise autochtone, vous devez inclure la preuve de l'indigénéité et présenter les documents pour la démontrer. C'est très semblable à ce que nous exigeons.
Nous avons suivi certaines lignes directrices à cet égard. Nous avons également examiné ce qui se fait aux États-Unis, où la diversité des fournisseurs est un élément de la stratégie. Les documents à l'appui de ce seuil de propriété de 51 % existent depuis 1968.
Pour ce qui est de la liste du gouvernement, comme je ne suis pas au gouvernement, je ne fais pas leur certification. J'ai confiance dans le processus que nous appliquons aux fins de la certification. C'est un aspect dont nos sociétés membres voulaient aussi s'assurer. Nous avons mené un sondage en 2016, et 72 % des répondants voulaient s'assurer, s'ils travaillaient avec une entreprise autochtone, qu'il s'agissait bel et bien d'une entreprise autochtone, et non d'une personne qui usurpait l'identité autochtone simplement pour profiter des programmes.
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Merci, monsieur le président.
Cheffe Bernard, vous avez dit quelque chose que j'ai trouvé très intéressant lors d'une des séries de questions précédentes. Il était question des avantages pour la communauté. C'est une mesure que notre parti appuie de tout cœur, non seulement pour l'approvisionnement auprès des Autochtones, mais aussi pour l'approvisionnement en général. Lorsque les gouvernements dépensent des millions ou des milliards de dollars pour des projets d'infrastructure, par exemple, il devrait y avoir des retombées pour les communautés. Il devrait y avoir des apprentis, il devrait y avoir des femmes employées, il devrait y avoir un héritage et il devrait y avoir des emplois locaux.
Je pense que c'est très pertinent, et pourtant j'ai vu des représentants du gouvernement fédéral déclarer à la Chambre que l'approvisionnement auprès des Autochtones ne concerne que les personnes qui reçoivent les contrats, et non la communauté.
S'agit‑il d'une lacune? Est‑ce une lacune que votre organisation a signalée au gouvernement? J'ai remarqué un contraste frappant entre les observations du gouvernement et celles que vous avez faites devant le Comité il y a un instant.
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Les Premières Nations sont des gouvernements. Leur vocation n'est pas de participer à des activités commerciales et ce ne sont pas des entrepreneurs; elles sont des gouvernements. Elles ont besoin de toute l'aide et de toutes les ressources internes qu'elles peuvent obtenir.
Nous ne sommes pas le seul secteur qui n'est pas suffisamment financé. L'éducation en général n'est pas suffisamment financée, comme tout le reste. La seule façon de nous en sortir, c'est d'avoir des ressources et des revenus internes.
Une façon d'y arriver est d'examiner l'économie locale, de créer une bourse pour aider nos étudiants à faire des études ou de contribuer à la construction d'un parc ou d'un centre de santé. Ce sont là des avantages dont la communauté pourrait profiter.
Il y a une différence entre les entrepreneurs autochtones, qui ne sont pas des gouvernements et... Vous ne voulez pas que le gouvernement intervienne là‑dedans. Si, pour une raison quelconque, je suis une entrepreneure et que je n'aime pas le chef et que le chef ne m'aime pas, je n'obtiens rien. C'est pour cette raison qu'ils n'ont jamais travaillé pour les pêches et qu'ils n'ont jamais travaillé pour les forêts. Ils ont donné les affectations à la communauté, puis le chef et le conseil, qui n'avaient aucune expérience dans les pêches ou la foresterie, ont pris ces décisions. La boucle est bouclée. Voilà où nous en sommes aujourd'hui, et nous devons trouver des façons d'aider les communautés par des avantages pour les Autochtones, à savoir un pourcentage pour aider au niveau des bourses ou tout ce qu'il y a dans la région où ce travail est effectué.
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Je pense que si vous regardez les chiffres, vous verrez qu'ils sont passablement plus bas. Ils n'étaient pas à ce niveau. Je pense que cela représentait environ 1 %. Je crois que l'annonce a été faite pour la première fois en 2019, lorsque la lettre de mandat prévoyait l'établissement d'une cible de 5 %. C'est à ce moment‑là que nous avons commencé à parler de l'objectif de 5 % en matière d'approvisionnement auprès des Autochtones.
C'est encore difficile pour beaucoup d'entreprises avec le gouvernement fédéral et les marchés publics fédéraux. Je pense qu'il faut simplifier les choses. Je pense que nous devrions peut-être examiner certains des niveaux d'exigences concernant leurs contrats. Un contrat de 100 000 ou 150 000 $ exige la même quantité de travail qu'un contrat de 10 ou 20 millions de dollars. Les petites entreprises autochtones, et toutes les petites entreprises au Canada, n'ont pas les ressources pour le faire. Je pense qu'il y a encore des difficultés.
De plus, pour ce qui est de certaines de ces autres grandes entreprises, lorsque nous examinons les rapports de 2023, nous constatons que, sur papier, 6,27 % de la valeur est allée à des entreprises autochtones. En réalité, nous n'avons pas obtenu cela.
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Merci beaucoup. Voilà qui m'amène à ma prochaine question.
Comme vous l'avez mentionné, on a indiqué que la valeur des contrats gouvernementaux attribués dans le cadre du programme a augmenté considérablement, passant de 170 millions de dollars au cours des cinq années précédentes à 862 millions de dollars au cours de l'exercice 2022. Selon le rapport de 2022‑2023 de Services aux Autochtones Canada sur la cible minimale obligatoire de 5 %, 6,27 % de tous les contrats ont été attribués à des entreprises autochtones. À première vue, il semble que le gouvernement ait déjà dépassé les cibles qu'il s'était fixées pour 2024‑2025. Cependant, comme nous le savons tous, ce sont souvent les détails qui posent problème, et c'est pourquoi notre comité a entrepris la présente étude.
D'après les rapports qui ont eu l'effet d'une bombe au cours de l'été, nous savons que le gouvernement a fait très peu, voire rien du tout, pour s'assurer que les entreprises sont admissibles à titre d'entreprises autochtones, et mon collègue a fait de l'excellent travail à cet égard. Lorsque nous avons adopté la motion pour étudier le programme, les députés du parti ministériel nous ont dit que nous ne comprenions pas le but du programme, qu'il fonctionnait très bien et qu'il atteignait le but pour lequel il avait été créé.
Êtes-vous préoccupée par le fait que le gouvernement actuel ne voit aucun problème avec les abus qui ont été mis au jour, en particulier les soi-disant stratagèmes visant à s'associer sur papier à des Autochtones uniquement pour obtenir des contrats, ce que l'on appelle Rent‑a‑Feather, ou l'absence de préoccupations quant à la vérification de l'identité autochtone des entreprises avant de leur donner accès au programme?
Je vais céder la parole au chef Ducharme... Je suis désolée; je veux dire la cheffe Bernard.
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Je tiens à souligner que ces chiffres n'ont pas été vérifiés. La recherche que vous avez faite indique que l'argent est allé à une entreprise autochtone, mais si vous creusez un peu plus, vous constaterez que ce n'est pas vrai quand vous examinez chaque contrat et qui en faisait partie. Était‑ce une coquille vide? Même si vos rapports indiquent que l'entreprise est autochtone, ce n'était peut-être pas le cas. En réalité, ce qu'on appelle 6 % correspond probablement plutôt à 1 %.
Je ne comprends tout simplement pas. Lorsque la première stratégie d'approvisionnement auprès des Autochtones a été publiée, c'était 10 %. Il n'y avait pas de gouvernance et rien n'a été fait pour la mettre en application, comme on l'a mentionné. En 2019, d'après ce que je viens d'entendre, on a commencé à essayer de la mettre en application, mais comme nous le savons, ce sont les détails qui posent problème, et on n'a pas examiné les détails pour vérifier combien cette entreprise, cette personne ou cet entrepreneur autochtone a réellement reçu, parce que la plupart — je déteste le dire — sont des sociétés fictives. Il est important d'aller plus loin pour connaître ce pourcentage.
À mon avis, ce serait probablement plus près de 1 %. Je ne comprends pas comment le gouvernement veut maintenant donner 5 %, mais ne pouvait même pas gérer les 10 %, alors qu'est‑ce qui sera différent maintenant?
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Ducharme et cheffe Bernard, d'être parmi nous aujourd'hui.
J'aimerais, monsieur Ducharme, revenir à un ancien témoignage, datant de 2018, avant l'annonce du 6 août 2021, pour bien mesurer ce que vous avez dit — ou laissé entendre, devrais‑je dire —, au sujet de ce que le gouvernement a produit.
En 2018, lorsque le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires avait étudié cette question, votre organisation avait envoyé un mémoire indiquant que le gouvernement fédéral devrait attribuer des points aux soumissionnaires en fonction de leurs relations avec les entreprises et les collectivités autochtones, et ce, afin de garantir la participation des Autochtones tout au long de leur chaîne d'approvisionnement.
À votre avis, le gouvernement a‑t‑il accepté cette recommandation et y a‑t‑il donné suite?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Ducharme, d'être ici aujourd'hui.
Avant de devenir député, j'ai travaillé pour un centre d'innovation régional, la WEtech Alliance, et nous avons contribué à la création d'un programme. Nous avons travaillé de concert avec des partenaires autochtones des Premières Nations pour établir un programme appelé Supporting Aboriginal Youth Entrepreneurs, SAYEWE, à Windsor et à Essex.
C'était un programme fantastique, et c'est grâce à ce programme que j'ai eu l'occasion de me familiariser avec le travail incroyable du Canadian Council for Indigenous Business, le CCIB, une organisation formidable qui fait de l'excellent travail. J'ai aussi appris que les entreprises autochtones constituent le segment entrepreneurial dont la croissance est la plus rapide au Canada.
Un jeune entrepreneur a lancé une entreprise appelée Culture Shock, qui vendait des bijoux et des vêtements. Je peux vous dire l'immense fierté que nous avons tous ressentie lorsque cet entrepreneur a ouvert un magasin d'articles traditionnels à Windsor il y a plusieurs années. C'est devenu un grand succès et c'est merveilleux d'y avoir participé.
À quel point est‑ce important? Dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné une entreprise qui a connu beaucoup de succès grâce au processus d'approvisionnement fédéral. À votre avis, dans quelle mesure est‑il important de faire connaître les réussites des entreprises autochtones dans le cadre du programme d'approvisionnement fédéral? Dans quelle mesure est‑il important de raconter ces histoires réjouissantes?
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Je vous remercie, et merci pour les compliments que vous avez faits au Conseil canadien pour l'entreprise autochtone, ou CCIB. J'aimerais également saluer notre présidente et cheffe de la direction, Tabatha Bull, qui est assise juste derrière moi. Elle aurait dû être à cette table. Je pense qu'une grande partie de notre succès est attribuable au leadership remarquable dont elle a fait preuve au CCIB.
En tant qu'Autochtones, bien souvent, nous ne voulons pas nous vanter. Il nous est difficile de nous faire valoir et de nous vanter. C'est, je pense, ce que nous devons faire au CCIB. Nous devons mettre en valeur ce que les entreprises autochtones ont accompli, car vous pouvez constater leur succès et leur croissance. C'est parfois un peu frustrant quand les gens disent: « J'ai travaillé avec une entreprise autochtone, et j'ai fait cela. » Eh bien, pourquoi pensez-vous que nous ne pouvons pas faire cela? Malheureusement, c'est un peu l'impression qu'on a.
Lorsque des Autochtones sont impliqués, l'attention des médias est souvent négative, comme dans le cas de l'approvisionnement auprès des Autochtones. Les occasions où des gens en ont profité indûment sont très souvent mises en avant. C'est ce qui retient l'attention. C'est ce que les gens regardent. Je pense que nous devrions toujours célébrer les réussites. Nous le faisons par l'entremise de nos systèmes de récompenses au CCIB.
J'ai eu de bons amis. La cheffe Bernard a parlé de John Bernard. J'ai travaillé avec John dans les années 1990. Il a été l'un de nos dirigeants autochtones. Il a d'ailleurs remporté un prix d'excellence pour l'ensemble de ses réalisations, par l'entremise du CCIB, pour l'entrepreneuriat.
C'est tellement réconfortant pour nos jeunes de voir quelqu'un qui leur ressemble réussir, avoir une belle voiture, avoir une belle maison, partager et leur offrir des possibilités. En tout temps, nous devrions nous concentrer davantage sur la réussite que sur l'échec, et je crois que l'approvisionnement auprès des Autochtones est un moyen de réussite.
Prenons l'exemple du Bouchier Group. C'est une entreprise privée. Cette année, il a donné un million de dollars à des organismes de bienfaisance. Il emploie 40 % d'Autochtones provenant de 80 collectivités partout au pays.
Nous pouvons prendre soin de nous-mêmes, vous savez. Si, tout à coup, vous décidez de laisser tomber cela, eh bien, tant pis pour vous, mais nous allons quand même réussir. En tant qu'Autochtones, nous avons été mis à mal et des opportunités nous ont été enlevées si souvent, mais nous sommes résilients et nous continuerons à avancer.
Je pense que nous devons mettre en valeur nos réussites. Il y a des entreprises incroyables. J'en suis tellement fier. Je pense que je suis l'une des personnes les plus chanceuses. Je voyage partout au pays pour travailler avec des entreprises autochtones. Nous organisons des tables rondes à ce sujet et sur l'innovation. Si vous prenez le secteur de la défense, il y a tellement de nouvelles innovations à venir... qui offrent tellement de choses formidables.
Nous allons tenir une manifestation sur les marchés publics autochtones, à Edmonton, le 16 octobre. Nous avons quatre entreprises autochtones certifiées qui vont présenter l'innovation qu'elles apportent. Certaines des choses qu'elles apportent vont effectivement aider l'industrie canadienne. Elles peuvent vendre des points de captage du carbone. Je ne sais pas de quoi il s'agit, mais l'innovation des entreprises autochtones est incroyable. Nous allons montrer cela.
Nous allons également présenter nos champions de l'approvisionnement auprès des Autochtones, qui font beaucoup pour aider les entreprises autochtones. Nous allons aussi parler des marchés publics.
Nous invitons tout le monde à se joindre à nous. Ce sera un événement formidable. Nous devons simplement faire valoir et montrer que nous avons du succès et que nous pouvons être fiers de beaucoup de choses.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Ducharme, je suis d'accord avec vous, il faut également souligner les bons coups, les belles réussites et ce qui va bien. Lorsqu'on souligne ce qui va moins bien, c'est justement pour atteindre une meilleure réussite. C'est mon point de vue. Je suis une grognonne positive, c'est-à-dire que j'essaie de trouver ce qui ne va pas pour faire en sorte que cela aille mieux. C'est donc constructif.
Parmi les difficultés que vos membres rencontrent, je crois qu'il y en a une — vous pouvez m'arrêter si je me trompe — qui est causée par la Loi sur les Indiens. Je trouve difficile de dire le nom de cette loi, car je ne l'aime pas. Si une personne veut obtenir un prêt alors qu'elle demeure sur une réserve, va avoir toute la difficulté du monde à recevoir un financement, parce qu'elle ne peut offrir aucune garantie.
Est-ce que je me trompe en disant que c'est un fardeau et un obstacle importants pour l'entrepreneuriat autochtone?
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C'est une question très importante.
Encore une fois, je pense que lorsqu'il a fallu recourir à une coentreprise, c'est parce que l'entreprise ou la communauté autochtone n'a pas été en mesure d'obtenir le cautionnement de soumission ou l'assurance. Elle a dû l'obtenir par l'entremise de son partenaire de coentreprise.
Encore une fois, c'est vraiment difficile pour les entreprises autochtones. J'ai une bonne amie qui a une entreprise, mais elle a dû entreposer son équipement à l'extérieur de la réserve afin d'obtenir le financement nécessaire pour son acquisition.
C'est quelque chose que la Loi sur les Indiens... Pour tout vous dire, je ne connais pas très bien la Loi sur les Indiens. Mon travail porte sur l'approvisionnement. Beaucoup de ces choses sont différentes à cause de cette loi. C'est un véritable défi pour nos entreprises autochtones.
Pour ce qui est des défis, nous voulons qu'on en parle. Nous avons eu de la chance, car nous avons fait beaucoup de lobbying auprès du gouvernement fédéral afin d'obtenir certains changements, et des changements ont été apportés.
Les entreprises autochtones ont toujours été tenues de respecter des normes plus élevées que tout autre groupe. Si vous examinez l'approvisionnement social ou la diversité des fournisseurs, vous pouvez voir qu'en tant qu'entreprises autochtones, nous avons été assujettis à plus de règlements et de règles que les autres groupes.
Nous voulons nous pencher sur ces défis, par exemple sur l'élimination de l'exigence de 33 % en matière d'emplois. Le frère de la cheffe Bernard, John Bernard, était l'un des plus grands défenseurs de cette idée, parce que dans le cadre de la croissance de son entreprise, il n'a pas été en mesure de maintenir une main-d'œuvre de 33 % dans le domaine de la technologie, qui est très spécialisé. Je pense que l'élimination de cet obstacle aidera nos entreprises autochtones.
Il est bon de connaître les obstacles et les défis, mais il faut aussi souligner les réussites.
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Depuis la première réunion, en décembre 2023, la FNPO, qui est l'Organisation d'approvisionnement des Premières Nations, a formé un comité directeur composé de six organisations autochtones, dont l'APN.
Je cherche à obtenir du financement pour m'assurer que le travail qui se fait là de concert avec le gouvernement canadien pour participer à... C'est pour qu'il puisse obtenir des renseignements complets des organisations sur la façon d'améliorer le processus.
Puis‑je ajouter quelque chose?
Être Autochtone n'est pas une compétence, et pourtant, pour les marchés publics autochtones avec des coentreprises, c'est pratiquement le cas. Si vous êtes Autochtone, cela constitue aussitôt une compétence que vous apportez à une coentreprise.
Nous ne sommes pas d'accord sur ce point. Évidemment, il faut commencer quelque part. Ce ne devrait être qu'un petit élément. Nous croyons que le volet autochtone de la coentreprise devrait progresser, mais cela ne semble pas se faire. Nous avons des coentreprises, mais il n'y a pas d'initiative pour permettre à la partie autochtone de la coentreprise de prendre de l'expansion. Il y a du travail à faire sur ce plan‑là, ainsi que sur tout ce dont on a parlé aujourd'hui.
J'essaie vraiment de voir si nous pouvons obtenir le financement nécessaire pour aller de l'avant et travailler avec le gouvernement canadien à cette stratégie.
Merci.
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On a mentionné que les entrepreneurs et les entreprises autochtones doivent embaucher un grand nombre d'Autochtones. Cela pourrait entraîner la disparition de toute organisation ou entreprise. John Bernard, de Donna Cona, a soulevé la question en 2006 lorsqu'il a témoigné devant le comité permanent.
Le problème, c'est que s'il n'y a pas d'Autochtones qualifiés pour faire le travail, nous sommes exclus. Aucune entreprise autochtone, ou non autochtone, n'embaucherait des employés simplement parce qu'ils sont autochtones ou non. Cela pourrait entraîner la disparition de cette entreprise.
Je ne pense pas que l'obligation d'embaucher un certain pourcentage d'Autochtones devrait vraiment s'appliquer ici. Nous faisons toujours de notre mieux, en tant qu'entreprises autochtones, pour embaucher des Autochtones, mais si nous ne le pouvons pas, nous sommes exclus du processus d'appel d'offres, et ce n'est tout simplement pas acceptable.
Il y a certainement plus de travail à faire à cet égard. Je suis d'accord avec l'autre témoin pour dire que cela ne devrait pas poser un problème, mais la propriété à plus de 51 % devrait certainement être obligatoire, en plus de la preuve qu'on est propriétaire pour obtenir ces avantages. C'est important.
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Merci, monsieur le président.
Comme c'est notre dernier tour de questions, je tiens à souligner qu'à notre avis, les peuples autochtones du Canada ont lutté de façon héroïque contre des obstacles incroyables, et que de nombreux entrepreneurs autochtones font un travail formidable pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, et pour faire avancer leurs communautés.
Du point de vue de l'Alberta, je peux dire que nous voyons, en particulier dans le secteur pétrolier et gazier, combien d'Autochtones, d'entreprises, d'entrepreneurs et de collectivités participent à l'exploitation de nos ressources énergétiques et en bénéficient, mais cela s'étend à tous les secteurs, bien sûr.
Pendant ce temps, au cours des neuf dernières années, le gouvernement fédéral a saboté le système d'approvisionnement. Nous sommes ici pour célébrer les réussites des Autochtones et pour tenir le gouvernement fédéral responsable des échecs en matière de mobilisation, de consultation, de réactivité et de vérification dont nous avons parlé et dont les témoins nous ont parlé.
J'ai une question pour chacun d'entre vous.
Monsieur Ducharme, une chose que je constate dans le système d'approvisionnement en général, c'est un favoritisme pour les initiés, pour les acteurs déjà en place. L'ombudsman de l'approvisionnement a écrit à ce sujet, par exemple, dans le contexte d'ArriveCAN, où il y a toute une série de critères disant que vous devez avoir réalisé un certain nombre de contrats ou de travaux pour le gouvernement fédéral. Un effet évident de ces règles, me semble‑t‑il, c'est qu'elles excluent les nouvelles entreprises et les personnes issues de milieux historiquement défavorisés qui démarrent des entreprises et qui n'ont peut-être pas ce genre d'antécédents. D'une part, il y a les politiques qui sont censées promouvoir l'approvisionnement auprès des Autochtones, mais d'autre part, il y a d'autres politiques qui, en fait, font en sorte qu'il est plus difficile, surtout pour les nouvelles entreprises autochtones, ainsi que, probablement, pour d'autres entreprises appartenant à des minorités, de se prévaloir de ces opportunités. Un des moyens d'améliorer ce système ne serait‑il pas de simplement supprimer un grand nombre des préférences qui existent dans le système pour les initiés afin que les nouveaux venus aient plus de facilité à soumissionner les marchés du gouvernement fédéral?
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À l'heure actuelle, oui, je pense que la situation des communautés devrait s'améliorer par l'entremise de ses membres qui sont les entrepreneurs. Si vous êtes Métis, vous n'êtes peut-être pas associé à une Première Nation, et donc ce potentiel n'existe pas, selon l'endroit où vous vivez, parce que beaucoup de Métis ne sont pas associés à une Première Nation, et ne sont donc pas associés à ces communautés. Ils en sont seulement des descendants, et c'est là que réside le problème.
Toutefois, si l'entrepreneur vient d'une Première Nation, cela devrait améliorer la situation de sa communauté dans une certaine mesure, et éventuellement celle de l'entrepreneur aussi.
La validation de la base de données sur le nombre de communautés autochtones au Canada est facile pour l'APN, parce que nous sommes associés aux Premières Nations, et que notre liste de membres, qui a été approuvée, se trouve à Ottawa. Par contre, si vous cherchez le statut des Métis... Ils sont simplement entrés dans le bureau en disant qu'ils étaient Métis, et ils ont présenté quelque chose pour montrer qu'ils étaient de la 10e génération, et sont ainsi devenus Métis. Ils sont maintenant considérés comme des entrepreneurs autochtones. C'est là que je vois un problème...
Cheffe Bernard, je trouve que vous nous avez vraiment bien démontré la complexité et le manque de cohérence des critères de détermination de l'identité autochtone. Le Comité doit essayer de déterminer comment améliorer l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, mais en fin de compte, tout dépend des entreprises qui présentent une demande.
Les conservateurs pensent que ce processus est simple et que la solution sera tout aussi simple. Cependant, partout au Canada, autant dans le milieu universitaire que dans les milieux de l'entreprise et de la musique, des gens en ont profité à tort, justement parce que nous ne réussissons pas à déterminer qui est autochtone et que nous n'avons pas désigné les personnes chargées d'en décider.
Vous nous avez dit que l'un de vos comités, la First Nations Procurement Organization, la FNPO, se penche sur cette question. Avez-vous des pratiques exemplaires ou un document de travail sur la façon de déterminer l'autochtonité de façon équitable. Dans l'affirmative, pourriez-vous les remettre au Comité?
De plus, si vous ne l'avez pas fait vous-même, connaissez-vous quelqu'un au pays qui a fait cela d'une façon qui aiderait le gouvernement, en sa qualité d'entité principalement non autochtone, à déterminer qui fait partie des peuples autochtones et qui n'en fait pas partie?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Ducharme, vous parliez tout à l'heure du fait qu'on exige des entreprises autochtones d'avoir des employés autochtones, mais qu'on n'exige pas la même chose pour les entreprises féminines et les entreprises des communautés visibles. Je suis d'accord avec vous. Il y a une forme de racisme ou de discrimination. Il s'agit d'ajouter des bâtons dans les roues des entreprises autochtones. Cela revient à leur ajouter une difficulté supplémentaire.
Je vais revenir un peu en arrière. Vous disiez que, si personne n'a la formation nécessaire au sein de la communauté, c'est normal qu'on aille à l'extérieur de la communauté.
Y a-t-il quelque chose qui nuit à l'accès à la formation au sein de certaines communautés? Si oui, comment pourrait-on y remédier?
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Cette question touche un peu le domaine de l'emploi, ce qui ne fait pas partie de mon travail quotidien. Il n'y a pas suffisamment de financement pour que les Autochtones aient accès à ces différents programmes. En regardant combien de financement les groupes d'éducation reçoivent pour aider les entreprises autochtones, vous verrez qu'ils éprouvent des difficultés dans ce domaine.
Encore une fois, nos entreprises autochtones, et même les entreprises non autochtones, sont toujours à la recherche d'Autochtones dans certains secteurs. Il y en a très peu dans le domaine du génie. Je crois qu'il n'y a que 17 architectes autochtones certifiés au Canada. Ce chiffre date d'il y a deux ou trois ans. On constate cependant une pénurie dans certains domaines.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, certaines entreprises autochtones forment ces gens, les aident à obtenir un certificat et espèrent qu'ils continueront à travailler pour elles, mais elles sont heureuses même quand ils s'en vont ailleurs.
À mon avis, il faut collaborer avec les détenteurs d'actifs pour offrir des occasions et des possibilités. Il ne faut pas envoyer les gens suivre des cours juste pour les faire étudier... Ces occasions devraient servir à combler la pénurie d'Autochtones dans certains domaines.
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Merci, monsieur Bachrach.
Je vous passerai la parole dans un instant, monsieur Genuis.
Monsieur Ducharme et cheffe Bernard, merci beaucoup de vous être joints à nous. Vous nous avez tous deux présenté d'excellents témoignages. Nous avons effectué une partie de cette étude en 2018, et j'en apprends encore sur la question. Vous nous avez laissé de la matière à réflexion sur des points très importants. J'espère que notre comité pourra bientôt vous inviter à célébrer l'amélioration de ce système.
Il me faudra environ 30 secondes pour présenter des questions administratives.
Vous pouvez continuer à assister à cette réunion ou alors vous en aller. Merci encore de vous être joints à nous.
Chers collègues, je serai bref. Le 30 septembre, nous ne serons pas ici. Le 1er octobre, nous entamerons notre vérification environnementale. J'ai l'intention d'inviter le sous-ministre et le dirigeant principal des finances pour commencer. Je vous demanderai de désigner des témoins d'ici à demain pour remplir les deux autres réunions. Pouvez-vous le faire d'ici à 15 heures demain?
L'étude de Postes Canada a été publiée. Pourriez-vous nous présenter des recommandations d'ici une semaine, dans un délai de sept jours, s'il vous plaît? Il serait préférable qu'elles soient traduites.
Au sujet de Postes Canada, Mme Vignola avait une motion sur les langues officielles. Le Secrétariat du Conseil du Trésor désire se joindre à nous. Comme il ne figure pas à la liste des témoins, je demande le consentement unanime pour qu'un témoin du Secrétariat du Conseil du Trésor se joigne à ceux des langues officielles et de Postes Canada pendant cette réunion. Êtes-vous d'accord? Merveilleux.
Au sujet de la vérification environnementale, et ensuite M. Genuis...
Allez‑y, monsieur Jowhari.