Bonjour. Je dois admettre que j'ai l'impression de vivre une séance de rencontres éclair, et il y avait longtemps que je n'avais pas vécu cela.
Je dois également vous dire que je trouve très surprenant de me trouver devant un panel de députés composé entièrement d'hommes. En tant que Canadienne, je suis outrée de cette situation et je le ferai savoir au premier ministre.
Je suis ici à titre de représentante de la Coalition of Child Care Advocates de Colombie-Britannique. Comme vous le savez probablement, le gouvernement fédéral est à conclure des ententes multilatérales et bilatérales avec les provinces en matière de garde d'enfants. La contribution de la Colombie-Britannique au cours des trois prochaines années sera de 50 millions de dollars par année. Je suis bien contente de voir le gouvernement fédéral reconnaître son rôle en matière de garde d'enfants et enfin s'impliquer dans ce secteur après 16 années d'absence, mais les montants investis sont terriblement insuffisants et ils ne font que perpétuer la couverture actuelle, qui est remplie de trous, plutôt que d'amener les changements complets dont les familles ont besoin.
Les recommandations que je peux vous faire rapidement sont de veiller à ce que 1,2 milliard de dollars soient consacrés en 2018 à l'apprentissage et à la garde des jeunes enfants, et à ce que des augmentations annuelles soient prévues; de garantir que le financement serve à la mise en place d'un système, plutôt qu'à des remises individuelles aux familles, qui ne permettent pas de bâtir un système; de verser le financement à des organismes sans but lucratif et publics, car, après tout, les enfants ne sont pas une marchandise et les services de garde privés sont un échec; d'investir cet argent dans la main d'oeuvre de l'éducation de la petite enfance; de tenir des consultations véritables avec les intervenants.
En Colombie-Britannique, il y a un mouvement appelé $10aDay, qui prône la mise en place d'un régime de garde d'enfants à 10 $ par jour. Nous avons besoin de l'appui du gouvernement fédéral pour que ce régime voie le jour en Colombie-Britannique.
Je vous demande de penser au rôle que jouent l'éducation et l'apprentissage à la petite enfance pour l'avenir du Canada.
Merci.
:
Membres distingués du Comité, je voudrais d'abord vous remercier, de la part du British Columbia Council for International Cooperation, de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Le British Columbia Council for International Cooperation (BCCIC) est un réseau formé de 150 organismes de la société civile, établissements d'enseignement, membres affiliés et particuliers qui ont un objectif commun: rendre le monde meilleur.
Nous vous remercions de bien vouloir tenir compte de notre point de vue d'organisme sans but lucratif. Le secteur canadien des organismes sans but lucratif est le deuxième en importance au monde. Il est plus grand que le secteur de l'automobile et il représente 8,1 % du PIB. Il ne faut pas oublier que ce secteur génère de réels emplois et fait travailler 13 % des Canadiens détenant un emploi rémunéré.
Les statistiques en matière de bénévolat sont tout aussi impressionnantes: 13 millions de Canadiens font don de leur temps et de leurs compétences.
Nous souhaitons également vous remercier de prendre en compte le développement international dans l'élaboration du budget national. C'est donc que vous réalisez que ce qui se produit à l'autre bout du monde peut avoir des conséquences partout sur la planète. Les Canadiens ont compris ce que signifie l'interdépendance il y a 10 ans lorsque la croissance des pays en développement d'Asie et d'Afrique a empêché le monde de basculer dans une grave dépression économique.
En reconnaissance de cette interdépendance, le Canada et 193 autres pays ont signé, en 2015, le Programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations unies et ils ont accepté de viser l'atteinte de 17 objectifs et cibles de développement durable d'ici 2030. Un de ces objectifs, l'objectif 8, intéresse particulièrement les personnes présentes aujourd'hui. Il concerne le travail décent et la croissance économique. Voici un autre des objectifs envers lesquels le Canada et les autres signataires se sont engagés: « D’ici à 2030, assurer progressivement et durablement une croissance des revenus des 40 % de la population les plus pauvres à un rythme plus rapide que celle du revenu moyen national. »
Le BCCIC a participé au sommet des Nations unies lors duquel les pays se sont engagés envers ces objectifs de développement durable. À notre retour, nous étions curieux de savoir si les habitants de la Colombie-Britannique appuyaient ces objectifs. Au cours des deux dernières années, le BCCIC a parcouru la province pour rencontrer plus de 700 dirigeants de 32 collectivités dans le cadre de 50 tables rondes. Nous avons mobilisé des équipes de jeunes qui ont communiqué avec des milliers de gens par téléphone. Ensemble, nous avons cherché à comprendre ce que signifie l'équilibre entre les priorités locales et les priorités de la communauté internationale. En Colombie-Britannique, au Yukon, aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut seulement, nous avons recensé plus de 2 500 groupes oeuvrant à l'atteinte d'objectifs de développement durable. Nous vous invitons à consulter notre carte numérique à l'adresse bccic.ca/ afin de constater à quel point cette mosaïque est dynamique.
Dans le contexte des objectifs de développement durable, vous nous avez questionnés au sujet de l'objectif 8, du travail décent et de la croissance économique au Canada. Il est impossible d'atteindre l'objectif 8 isolément sans tenir compte des autres objectifs, tout comme il est impossible de régler les enjeux nationaux isolément sans tenir des enjeux internationaux. Nous avons été inspirés par certains énoncés politiques récents du Canada qui reconnaissaient ces faits, notamment la Politique d’aide internationale féministe du Canada.
Les priorités de la communauté internationale se résument à notre engagement à ne laisser personne de côté, ce qui m'amène au coeur de ma présentation. Partout dans la province et dans les territoires, on nous parle de façon unanime de l'intérêt à atteindre les objectifs de développement durable et ce, peu importe les opinions politiques ou les croyances des gens quant aux théories du changement. Tout le monde reconnaît les avantages des programmes municipaux, provinciaux ou nationaux pour l'atteinte des objectifs de développement durable au sein du Programme 2030.
Chacun sait que nous vivons dans une économie mondiale sur une planète aux ressources limitées. Chacun comprend que la sécurité, la prospérité et le bien-être des Canadiens dépendent de la sécurité, de la prospérité et du bien-être ailleurs dans le monde.
Maintenant, comment tenir compte de ces faits pour le Canada et les Canadiens dans le cadre d'un budget fédéral? Le budget de 2018 doit, à notre avis, permettre au Canada d'intervenir davantage au pays et à l'étranger en ce qui concerne l'ensemble des 17 objectifs de développement durable. D'autres viendront vous présenter la façon de soutenir l'atteinte de ces objectifs au Canada dans le cadre du budget de 2018; je vous parlerai de ce que le budget devrait comprendre pour mieux représenter les intérêts des Canadiens dans l'atteinte de ces objectifs à l'échelle internationale.
Les Canadiens donnent en moyenne 530 $ par année. Cela représente un peu plus de 1 % du revenu annuel moyen. À l'échelle internationale, on s'attend des gouvernements qu'ils versent seulement 0,7 % de leur revenu national brut en aide publique au développement. De nombreux pays atteignent ou dépassent cet objectif, mais qu'en est-il du Canada? Contribuons-nous aux efforts?
Vous serez attristés d'apprendre que le Canada est dans un creux historique. Pendant de nombreuses années, l'aide publique au développement était en croissance, mais, aujourd'hui, nous y consacrons seulement 0,26 % du revenu national brut. Je vais le répéter: 0,26 %, soit un quart de cent pour chaque dollar que gagne le Canada.
Le BCCIC s'inquiète de la sous-estimation par le gouvernement fédéral de l'intérêt des Canadiens quant aux objectifs de développement durable. Les Canadiens sont plus généreux que leur gouvernement quand vient le temps de donner de l'argent et ils sont très nombreux à donner de leur temps. Les priorités budgétaires récentes du gouvernement fédéral ne sont pas alignées sur les volontés des Canadiens, alors qu'elles devraient l'être. En raison des préoccupations changeantes en matière de sécurité, des défis liés au climat, du vieillissement de la population et des ressources limitées de la planète, voir notre économie nationale isolément hors du contexte international est insensé.
Le budget de 2018 est l'occasion de s'engager envers la cible de 0,7 %. Nous recommandons l'atteinte de la cible de 0,7 % du revenu national brut d'ici 5 ans au plus tard. Le Canada ne doit pas se contenter de belles paroles quant aux objectifs de développement durable.
Je vous remercie de votre attention.
Le Burnaby Board of Trade représente environ 1 100 membres: des entreprises, des entrepreneurs et des organismes de Burnaby et de partout dans les basses-terres continentales. Nous travaillons à améliorer les entreprises en offrant à nos membres un leadership, des conseils et de la formation pertinents, ainsi qu'une plateforme de collaboration.
Notre façon de faire est unique, car nous examinons toutes les questions à travers trois facettes: économique, sociale et environnementale.
Lors de consultations répétées auprès des nos membres, dont celles visant à formuler notre présentation prébudgétaire et d'autres qui n'y sont pas liées, comme nos programmes novateurs d'itinéraires d'affaires, nos membres ciblaient constamment quelques priorités clés ayant trait à la productivité. Ces priorités sont le transport et la mobilité, le recrutement et le maintien en poste des employés, le logement et les coûts immobiliers, et l'investissement commercial. Ce sont les secteurs sur lesquels nous croyons que le gouvernement devrait axer ses efforts dans le cadre du budget de 2018 s'il veut améliorer la productivité des travailleurs et des entreprises au Canada.
En matière de transport et de mobilité, comme Burnaby est une ville urbaine à haute densité comptant plus de 220 000 habitants, le transport et le déplacement efficaces des marchandises, des fournisseurs de services et des employés sont très importants pour la communauté d'affaires. La circulation et la congestion routières font perdre temps et argent aux entreprises en allongeant les temps de déplacement des travailleurs et en retardant la livraison des marchandises.
Si les gens qui font la navette pour le travail et les automobilistes peuvent choisir différents moyens de transport et l'heure de leurs déplacements, les entreprises n'ont souvent pas le choix. Les fabricants ne peuvent livrer leurs produits par autobus. La poursuite des investissements du gouvernement dans les infrastructures de transport en commun rapide et les grandes infrastructures de transport représente la façon la plus directe d'obtenir, dans le cadre du budget de 2018, des améliorations tangibles de l'efficience et de la productivité dans le déplacement des marchandises, des gens et des fournisseurs de services. Quand les employés sont pris dans des bouchons de circulation et que la congestion routière ralentit les déplacements des marchandises et des fournisseurs de services dans l'ensemble de la région, c'est la productivité qui écope. Une étude récente de l'Association canadienne des automobilistes révélait que la congestion routière à Toronto, Vancouver et Montréal ajoutait près de 88 millions d'heures aux déplacements annuels des Canadiens. Cela représente plus de 10 000 années que les automobilistes de ces régions doivent consacrer en plus par an à leurs déplacements.
En matière de recrutement et de maintien en poste des employés, les entreprises nous disent qu'elles ont de graves problèmes et que les postes vacants et le roulement de personnel nuisent à la productivité. Nos membres affirment également que le gouvernement peut aider les entreprises en veillant à ce que les gens aient accès à de la formation sur les compétences requises dans le marché du travail et en faisant en sorte que le système d'immigration attire les employés qualifiés dont notre économie a besoin.
Cela dit, bon nombre des programmes de formation existants nécessitent un investissement considérable de la part des entreprises, ce qui complique la tâche des entreprises dont le capital ou les mouvements de trésorerie sont limités et qui veulent profiter de ces programmes. Notamment, dans de nombreux secteurs à niveau élevé de compétences, la concurrence est rude pour trouver des employés qualifiés, ce qui fait que les employeurs ne sont pas enclins à investir dans la formation d'employés qui peuvent facilement trouver du travail chez un compétiteur. Une plus grande collaboration avec les provinces et territoires pour la prestation de programmes de formation novateurs et efficaces pourrait permettre de surmonter ces obstacles, comme le fait la composante de la subvention canadienne pour l’emploi visant les chômeurs en Colombie-Britannique, et serait souhaitable dans le budget de 2018.
En ce qui a trait à l'immigration, nous prônons depuis longtemps l'immigration de travailleurs qualifiés et nous suggérons que les initiatives comme le Programme des travailleurs étrangers temporaires ciblent les lacunes en matière de compétences auxquelles les entreprises sont confrontées.
En ce qui concerne le logement et les coûts immobiliers, la forte croissance de ces derniers dans les centres urbains et, de plus en plus, dans les banlieues et les zones urbaines, représentent maintenant un problème pour les entreprises. L'année dernière, pour la première fois, un nombre important d'entreprises ont dit être préoccupées par cette situation et ont mentionné qu'elle faisait croître leurs dépenses, les coûts liés au loyer et à la location et la difficulté d'attirer des travailleurs de l'extérieur de la région. Le gouvernement fédéral doit agir au moyen du budget de 2018 pour collaborer avec les provinces et les municipalités afin de contrer la croissance rapide du prix des maisons et la diminution de l'abordabilité en visant autant l'offre que la demande.
Les investissements commerciaux sont essentiels à l'innovation et à la croissance économique. Les investissements des entreprises dans les outils, le matériel et l'infrastructure dont se servent leurs employés font croître la productivité, favorisent l'innovation et alimentent l'activité économique. Cependant, de nombreuses entreprises ne peuvent justifier ou se permettre un investissement initial important. Il serait bon qu'il y ait des programmes permettant d'atténuer les impacts de l'investissement initial ou d'accélérer le retour d'un tel investissement au moyen d'économies ou d'un amortissement.
Dans nos efforts visant à encourager les entreprises à investir pour accroître la durabilité environnementale, nous avons constaté que plusieurs d'entre elles hésitaient à faire un investissement initial lorsque les retombées prennent trop d'années avant d'arriver. Les petites entreprises n'ont souvent pas le capital ou les flux de trésorerie qui leur permettraient de justifier ou de se permettre des dépenses initiales importantes, même si ces dépenses amèneront éventuellement des avantages et qu'elles seront rentabilisées à long terme.
Le budget de 2018 devrait se servir des actions actuelles du gouvernement comme tremplin pour favoriser l'investissement dans le matériel, la technologie, la machinerie et les logiciels qui stimulent la compétitivité et la productivité des entreprises locales. Le budget de 2018 doit également chercher des façons créatives d'aider les entreprises à surmonter les obstacles liés aux investissements initiaux pour ce genre de dépenses d'investissement.
Nous croyons que des approches proactives qui encouragent les investissements commerciaux sont plus efficaces que les approches punitives comme les changements proposés à la fiscalité des sociétés privées, et, dans ce contexte précis, les changements proposés aux investissements passifs au sein des entreprises. Il serait préférable de chercher des façons d'inciter les entreprises à investir en innovation et en productivité plutôt que de créer des obstacles réels ou potentiels à ce type d'investissement.
Merci de m'avoir donné l'occasion de présenter au Comité notre point de vue et celui de nos membres.
:
Bonjour à tous les membres du Comité. Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui pour que nous puissions partager certaines de nos réflexions.
Clean Energy Canada est un centre d’études et de recherches situé au Centre pour le dialogue de l’Université Simon Fraser. Nous nous efforçons de lutter contre les changements climatiques en accélérant la transition du Canada vers un système d'énergie propre. Ce matin, mes observations porteront sur les recommandations qui appuient la mise en oeuvre du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques par le gouvernement fédéral, plus particulièrement la future stratégie en matière de véhicule sans émission.
La transition du Canada vers les véhicules électriques entraînera une diminution importante des émissions. Les transports représentent près du quart des émissions de carbone du Canada; les voitures électriques pourraient diminuer considérablement ce bilan. C’est particulièrement vrai lorsque ces voitures sont rechargées avec de l’énergie propre, et les Canadiens ont la chance d’avoir accès à une électricité dont 80 % proviennent déjà de sources non polluantes.
Une stratégie efficace en matière de véhicule sans émission contribuerait à faire du Canada un concurrent féroce dans la transition mondiale vers des voitures propres, et le budget de 2018 devrait fournir le financement nécessaire pour assurer la réussite de cette stratégie. Pour ce faire, il faudrait utiliser le budget en vue de poursuivre trois objectifs: primo, permettre aux Canadiens d'opter plus facilement pour un véhicule électrique; secundo, permettre aux Canadiens de recharger plus facilement un véhicule électrique; tertio, veiller à ce que les entreprises canadiennes puissent saisir les possibilités économiques que constitue le virage mondial vers les véhicules électriques.
Afin que les Canadiens optent plus facilement pour un véhicule électrique, il faut qu'ils aient facilement accès à des renseignements de haute qualité et qu'ils aient la possibilité de faire l'essai des différents véhicules et de les comparer. À l'heure actuelle, la réalité au Canada, c'est qu'il est difficile, chez la plupart des concessionnaires automobiles, de trouver un véhicule électrique qu'on peut essayer, voire acheter. Toute ma vie, j'ai conduit des voitures Volkswagen et j'ai été emballé lorsque, plus tôt cette année, l'entreprise a commercialisé la Golf électrique. J'ai communiqué avec le concessionnaire automobile de ma région pour aller y jeter un oeil et peut-être même en faire l'essai, mais on m'a répondu que les véhicules avaient déjà tous été vendus, qu'il n'y en avait plus sur place et qu'il n'y en aurait pas avant l'année prochaine.
Une telle situation n'est pas rare. Une étude menée en 2015 a révélé que plus de la moitié des concessionnaires de véhicules électriques certifiés au Canada n'avaient aucun véhicule électrique en stock. Compte tenu de ces stocks, l'étude a conclu qu'il était cinq fois plus difficile d'acheter un véhicule électrique au Canada qu'aux États-Unis. Il n'est donc pas surprenant qu'une étude de suivi menée en 2017 ait conclu que, statistiquement, un stock épuisé fait baisser l'intérêt des consommateurs à l'égard de l'achat d'une voiture électrique.
Pour remédier à ce problème, le gouvernement fédéral devrait appuyer un réseau national de centres de découverte sur les voitures électriques, inspiré des installations de Plug'n Drive, à Toronto, où les consommateurs intéressés peuvent s’informer sur les voitures électriques et faire des essais routiers sans subir de pression pour acheter un modèle en particulier.
La semaine dernière, j'ai eu la chance de visiter le centre de découverte sur les voitures électriques, à Toronto, et non seulement j'ai pu faire l'essai de l'une des e-Golf de Volkswagen, mais j'ai aussi fait l'essai de la Chevrolet Bolt et de la Nissan LEAF, et j'en ai appris beaucoup sur ces différents modèles et sur ce qu'ils ont à offrir, sans subir de pression pour acheter un modèle en particulier. Si j'avais voulu me procurer un véhicule, on m'aurait simplement suggéré de me rendre chez l'un des concessionnaires de la région.
Il s'agit d'un modèle éprouvé, et nous croyons qu'il devrait être exporté dans d'autres régions du pays à titre d'effort public-privé semblable au modèle de Toronto, qui obtient du financement des services publics, des constructeurs automobiles, du gouvernement de l'Ontario ainsi que de la Banque TD.
Lorsqu'un consommateur décide qu'il souhaite acheter un véhicule électrique, il doit encore trouver une façon de payer son prix d'achat plus élevé. L’influence des remises ne fait pas de doute: les trois provinces au Canada qui offrent des remises à l'achat d'un véhicule sans émission représentent 95 % des ventes canadiennes. Au cours de la période de transition, c’est-à-dire avant que le prix des voitures électriques n’atteigne la parité avec celui des véhicules à moteur à combustion interne, des remises adéquates offertes au point de vente seront un outil crucial que le gouvernement fédéral devrait offrir partout au pays aux acheteurs d'un véhicule sans émission. Dans le cadre du budget de 2018, le fait de s'engager à offrir une remise nationale pour les véhicules électriques enverrait un signal fort.
Afin de permettre aux Canadiens de recharger plus facilement un véhicule électrique, vous avez entendu les recommandations de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles, de Plug'n Drive, de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules et de Mobilité électrique Canada. Alors, je ne ferai pas d'autres observations, outre pour appuyer leurs recommandations visant un investissement soutenu dans les infrastructures de recharge des véhicules électriques dans l'ensemble du pays.
Pour terminer, ce qui est peut-être tout aussi important, les possibilités économiques du virage national et mondial vers les véhicules électriques sont primordiales. Le Canada possède de larges capacités techniques dans le secteur des pièces automobiles, dans le secteur manufacturier et dans le domaine de l’innovation. De plus, les voitures électriques et leurs infrastructures de recharge requièrent une expertise importante en matière de logiciels et de technologies, une autre force canadienne.
Le Canada possède plusieurs des ressources naturelles indispensables à la construction de voitures électriques, comme le cuivre. Par exemple, les voitures électriques ont besoin de quatre fois plus de cuivre que les véhicules à moteur à combustion interne.
Pour veiller à ce que les entreprises canadiennes profitent de ces possibilités économiques, le gouvernement fédéral devrait soutenir une feuille de route élargie et mise à jour des technologies en matière de véhicule sans émission, un outil que le gouvernement fédéral a utilisé avec succès dans d’autres secteurs pour évaluer les forces du Canada et déterminer comment les maximiser pour en tirer profit le plus possible.
Je vous remercie de m'avoir donné la chance de formuler ces recommandations. Il me tarde de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie le Comité de m'avoir invité à participer aux consultations prébudgétaires. J'espère que vous trouverez mes observations utiles pour l'élaboration du budget fédéral de l'année prochaine.
Je suis le directeur des études fiscales à l'Institut Fraser, qui est un centre d'études et de recherches indépendant et non partisan dans le domaine des politiques économiques. La mission de l'Institut est d'aider les Canadiens moyens à mieux comprendre les répercussions des politiques gouvernementales sur leur propre vie et celle des générations futures.
Je comprends que l'examen du budget est en fait un regard vers l'avenir, mais je tiens à prendre quelques instants au cours de ma déclaration liminaire pour présenter le contexte dans lequel on se trouve actuellement, soit en se tournant vers le passé.
En dépit des récentes manchettes à propos d'une croissance économique positive, la réalité, selon moi, c'est que la situation n'est pas aussi rose que le laissent croire les manchettes. Il est important de se rappeler que 2015 et 2016 ont été deux années de très faible croissance économique, alors la reprise économique à laquelle on a assisté jusqu'à présent, cette année, est naturelle. Lorsqu'on examine le dernier trimestre de croissance, soit le deuxième trimestre de 2017, on remarque que c'est le secteur de l'énergie qui a généré directement 40 % de cette croissance, donc, au fur et à mesure que ce secteur poursuit sa reprise, il continuera à stimuler une partie de la croissance.
Si on examine les projections de croissance, tant celles de la Banque du Canada que celles des prévisionnistes du secteur privé, on remarque qu'on prévoit que la croissance économique du Canada ralentira considérablement dans les prochaines années malgré le léger sursaut de 2017.
L'une de mes principales préoccupations concerne les facteurs économiques fondamentaux du pays, particulièrement le ralentissement des investissements des entreprises, qui reçoivent très peu d'attention, mais qui constituent l'un des principaux moteurs de la croissance et de la prospérité à long terme du Canada.
Lorsque les entreprises investissent dans les technologies et les techniques de production les plus récentes et qu'elles développent leurs activités, elles stimulent l'économie et augmentent le niveau de vie des travailleurs parce que ces derniers deviennent plus productifs, ce qui, du même coup, leur permet d'obtenir un revenu supérieur. Or, les investissements des entreprises au Canada sont en baisse. En fait, le niveau d'investissement des entreprises au cours du dernier trimestre pour lequel les données sont disponibles a chuté de 20 %, en tenant compte de l'inflation, par rapport au sommet atteint en 2014. Selon les normes internationales, le niveau d'investissement des entreprises du Canada en proportion de l'économie et par travailleur est parmi les plus faibles comparativement à d'autres pays où il y a des données comparables. En fait, il occupe l'avant-dernier rang sur 17 pays.
Pour ce qui est des tendances à long terme, on observe, depuis l'année 2000, une tendance à la baisse dans les investissements des entreprises, particulièrement dans les machines et l'équipement, qui est le type d'investissement qui offre aux travailleurs les outils dont ils ont besoin pour améliorer leur productivité.
De nombreuses raisons peuvent expliquer la chute des dernières années. Il est évident que la baisse des cours des produits de base est en partie responsable de la situation. Or, certains facteurs touchant la croissance et les investissements sont imputables aux décisions en matière de politiques, et, à cet égard, le gouvernement fédéral n'a rien fait. Les politiques ont été des signaux qu'on a émis et qui ont découragé les investissements et qui ont freiné la croissance économique au cours des dernières années.
Par exemple, on a constaté une augmentation des taux marginaux d'imposition, particulièrement les taux qui touchent les entrepreneurs et les travailleurs hautement qualifiés. On a constaté, par extension, une augmentation du taux d'impôt applicable aux gains de capital, qui est imposé à la moitié du taux marginal d'imposition d'une personne. On se demande si le taux d'inclusion des gains en capital augmentera. L'année dernière, le gouvernement a effectivement envisagé cette mesure, mais il n'a pas encore pris de décision définitive à ce sujet. Cette situation plonge les investisseurs et les entrepreneurs dans une grande incertitude.
De plus, une augmentation des charges sociales se pointe à l'horizon, qui est imputable tant au régime d'assurance-emploi qu'à la bonification du Régime de pensions du Canada, sans compter l'arrivée d'une nouvelle tarification du carbone, qui aura assurément des répercussions sur les investissements des entreprises au pays, surtout dans un contexte où d'autres pays, comme l'Australie, délaissent la tarification du carbone. Bien entendu, le cadre financier est instable, au Canada et dans de nombreuses provinces. Inutile de rappeler au comité l'engagement du gouvernement de ne pas enregistrer de déficit de plus de 10 milliards de dollars pendant trois ans avant de retrouver l'équilibre budgétaire. Jusqu'à maintenant, les libéraux ont fait doubler, voire tripler ce montant, sans aucun plan pour retrouver l'équilibre budgétaire. Cette situation importe pour les investissements pour un certain nombre de raisons.
Notamment, elle suscite de l'incertitude au sujet de futures hausses du fardeau fiscal imposées pour le remboursement et le service de la dette accrue qui s'accumule. Le gouvernement fédéral a commis des bévues pour remédier à ces difficultés, qui, je le soutiens, favorisent la baisse des niveaux d'investissement des entreprises. Plusieurs politiques provinciales aggravent ces difficultés. Il est inutile de les aborder, mais elles comprennent notamment des taux marginaux d'imposition plus élevés ainsi que des taux d'imposition du revenu des sociétés plus élevés, ce qui a mené à une augmentation du taux d'imposition réel sur les nouveaux investissements au Canada, à des cadres financiers instables, à une augmentation considérable du salaire minimum dans certaines provinces, à de nouveaux règlements sur le travail et à une hausse vertigineuse des prix de l'énergie en Ontario.
C'est pourquoi le Canada est devenu moins compétitif au cours des dernières années comme endroit où faire des affaires et où travailler. Par exemple, selon le classement de la Banque mondiale en ce qui a trait à la facilité de faire des affaires, le Canada est passé du 14e au 22e rang par rapport à l'année dernière. De plus, un récent sondage mené par le Conseil canadien des affaires auprès de grandes entreprises a révélé que 64 % des PDG estiment que le climat de placement du Canada s'envenime depuis les cinq dernières années, surtout en ce qui a trait à l'alourdissement du fardeau fiscal et réglementaire. On trouve des résultats semblables chez les petites entreprises dans les sondages menés par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Donc, on remarque une détérioration globale du climat de placement au fil des ans.
De plus, je tiens à souligner que, même s'il y a quelques enjeux à court terme en matière d'investissement et de croissance économique, il y a également des enjeux à long terme qui découlent du vieillissement de la population. Il s'agit d'un problème dont on discute souvent, mais qui, à mon avis, ne reçoit pas assez d'attention. On craint que les personnes âgées soient moins entrepreneuriales et qu'elles s'intègrent moins au marché du travail que leurs homologues plus jeunes. En raison de ce changement démographique, les projections de croissance à très long terme chutent à moins de 2 % sur les 35 prochaines années. À cet égard, le gouvernement a aussi dissuadé les personnes âgées à s'intégrer au marché du travail en raison d'une politique qui réduit l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse.
Il existe de nombreuses idées de politiques qui pourraient être adoptées pour lutter contre ces forces. Je serais heureux de donner des détails sur certaines d'entre elles au cours de la période des questions. Je tiens à souligner deux questions générales. L'une de ces questions, qui est importante afin de favoriser la prospérité, porte sur la nécessité de dissiper l'incertitude qui règne dans l'environnement d'affaires et le climat de placement. On peut établir un meilleur climat de certitude grâce à un cadre financier adéquat. À l'heure actuelle, le gouvernement effectue un examen du régime d'impôt sur le revenu des particuliers, ce qui est une bonne mesure à la lumière de l'accroissement de la complexité et de la perte de compétitivité du pays au cours des dernières années. Tandis que cet examen est en cours, le gouvernement devrait veiller à réformer le régime de façon approfondie plutôt que d'adopter une approche fragmentée, ce qui est ce qu'il a fait jusqu'à maintenant.
Voilà mes observations liminaires. Je vous remercie de la chance que vous m'avez offerte. Je me ferai un plaisir de vous répondre au cours de la période de questions.
:
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vais m'en tenir à ma langue maternelle. Bien que mes enfants soient parfaitement bilingues, mes études en langue seconde remontent au secondaire, si bien que, malheureusement, je ne peux faire mieux que de m'attirer des ennuis dans les bars avec ma deuxième langue officielle. Sauf votre respect, je vais m'en tenir à ma langue maternelle.
Mesdames et messieurs, ce qui est difficile d'être le cinquième à témoigner après une foule de personnes très intelligentes, c'est que tous les bons points ont déjà été mentionnés. Je formulerai donc mes observations un peu plus librement et j'espère que nous adopterons un peu plus le ton de la conversation.
Permettez-moi de commencer en remerciant chacun de vous de servir notre pays et de siéger à ce comité. Je sais très bien ce que vous vivez. J'ai été député de l'Assemblée législative et ministre du Cabinet de la province de la Colombie-Britannique pendant deux mandats et j'ai siégé au pendant provincial de ce comité. Je sais à quel point c'est un privilège de découvrir les petits coins cachés du pays où vous ne pensiez jamais aller, mais je sais aussi qu'il ne s'agit pas d'un travail prestigieux. C'est une corvée. Vous accomplissez également un travail crucial, et je vous en remercie infiniment.
Je vous remercie tout particulièrement, député Sorbara. Lorsque j'ai été élu pour la première fois, j'avais trois enfants de moins de cinq ans. Je sais très bien ce que c'est de s'ennuyer d'eux, alors je vous remercie du sacrifice supplémentaire que vous faites.
Messieurs, je prends la parole à titre de président et chef de la direction d'un organisme sans but lucratif âgé de 130 ans, qui est légèrement différent de beaucoup d'autres types de chambres de commerce du pays. L'histoire de la chambre est unique, à l'instar de son approche face au monde grâce à sa diversité, d'abord et avant tout, en ce qui concerne les industries et la taille des entreprises qu'elle représente.
Au sein des membres de l'organisme, aucune industrie n'est dominante. Par l'entremise de ses membres, l'organisme représente près d'un tiers des travailleurs de la Colombie-Britannique. Quatre-vingts pour cent des membres sont des petites et moyennes entreprises, dont un bon nombre sont des entreprises familiales. Telle est la nature du commerce en Colombie-Britannique; c'est un endroit de succursales. Une grande partie de la richesse est générée par des petites entreprises familiales multigénérationnelles d'assez bonne taille, dans de nombreux cas, comptant quelques centaines d'employés. Vancouver n'est pas le genre de ville où il y a des sièges sociaux, comme Toronto.
L'organisme est aussi très progressiste. Il ne s'agit pas du type d'organisme traditionnel axé uniquement sur la libre entreprise dont le but est de « couper, brûler et paver », même s'il s'agit manifestement d'un organisme de libre entreprise. Il bâtit des collectivités. Une partie de son histoire, c'est qu'il s'est concentré sur certaines questions et qu'il a joué un rôle de chef de file dans des dossiers comme l'itinérance dans le quartier est du centre-ville, qui est le quartier le plus pauvre de tout le Canada. Il y a sept ou huit ans, la chambre de commerce a agi de point de bascule dans ce dossier précis, tout comme dans les dossiers de la santé mentale et des toxicomanies, de l'abordabilité du logement, etc. La façon de mener les affaires de l'organisme repose sur une vision beaucoup plus large, ce dont j'aborderai dans la dernière partie de mes observations.
Je suis très reconnaissant de votre invitation à prendre la parole devant vous aujourd'hui et je vous en remercie. Vous m'avez demandé de mettre l'accent sur deux éléments: la productivité des gens de la région et la productivité et la compétitivité des entreprises.
En ce qui a trait aux gens, je vous prie de consulter le document relatif au budget présenté en décembre qui traite de certains éléments clés tirés directement d'un document produit par la chambre de commerce il y a quelques années, que nous appelons le bilan économique du Grand Vancouver. Je vais en distribuer des exemplaires au Comité.
Essentiellement, il s'agit d'une étude sans précédent qui a duré deux ans. Elle a été menée en collaboration avec le Conference Board du Canada. L'étude a porté sur la région dans son ensemble et non sur les 22 municipalités qui la composent. La chambre de commerce s'est comparée à 19 autres administrations dans le monde afin de déterminer où elle se situait. L'un des domaines où on a découvert qu'il fallait concentrer des efforts est celui du capital humain. Je vais mettre l'accent sur ce domaine parce que le bilan économique en soi est un document assez complet. L'étude a révélé qu'il fallait attirer, développer et retenir du capital humain.
En ce qui concerne le fait d'attirer du capital humain, la chambre a recommandé, dans sa lettre de décembre dernier, de mettre l'accent sur les titres de compétences étrangers, sur la reconnaissance de ces titres et sur la rationalisation et la révision du Programme des travailleurs étrangers temporaires et particulièrement sur les personnes qui en abusent pour veiller à limiter les abus afin qu'on respecte le véritable objectif du programme et le rôle crucial qu'il joue dans l'économie de la Colombie-Britannique. En ce qui a trait au développement du capital humain, la chambre s'est concentrée principalement sur les études postsecondaires et les investissements stratégiques qu'on doit faire dans ce secteur, ainsi que sur le recyclage professionnel, au besoin, dans le cadre des changements économiques et industriels qui ont lieu en Colombie-Britannique — qui ont été remarquables depuis les quelque 25 années au cours desquelles j'ai eu le privilège d'y vivre.
En ce qui concerne le fait de retenir le capital humain, l'organisme a consacré beaucoup d'efforts à l'abordabilité du logement. Malheureusement, Vancouver est au 15e rang sur 17. La ville a une très mauvaise note dans le bilan que j'ai mentionné. Pour être franc, la capacité de la ville d'attirer et de retenir des personnes de moins de 35 ans dans la vallée du bas Fraser est l'une des pires au monde. Elle se situe au 15e rang des 17 administrations que la chambre a étudiées.
L'organisme a aussi lié inextricablement l'abordabilité du logement aux investissements dans le transport en commun. À partir de maintenant, l'organisme procédera toujours ainsi. Il ne traitera pas de l'abordabilité du logement sans traiter des investissements dans le transport en commun parce que, dans une région métropolitaine moderne comme celle de Vancouver, il est impossible de dissocier les deux concepts. J'y reviendrai brièvement dans un instant.
Le seul autre commentaire que je ferais au sujet du logement, c'est que la chambre de commerce exhorte le gouvernement fédéral à reprendre le temps perdu. À une certaine époque, il y a une trentaine d'années, le gouvernement fédéral jouait un rôle important dans le cadre d'une stratégie sur le logement à l'échelle fédérale et il coordonnait les efforts avec les municipalités et les provinces en vue de régler certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Franchement, il aurait pu aussi corriger certains de ces problèmes, particulièrement lorsqu'il s'agit de problèmes concernant le parc locatif.
Passons brièvement aux entreprises. Je sais que je suis rendu au moment où je dois céder la parole au Comité. La chambre a formulé diverses recommandations au sujet de la compétitivité des entreprises axées principalement sur la géographie de la région et sur l'endroit où se situe cette dernière: la porte d'entrée du Pacifique. Il s'agit d'un endroit unique. C'est la Voie maritime du Saint-Laurent du XXIe siècle. Je peux y revenir au cours de la période des questions si vous le souhaitez.
La chambre a déployé beaucoup d'efforts afin d'optimiser la chaîne d'approvisionnement, le commerce interprovincial, la compétitivité dans le secteur du transport aérien, particulièrement avec l'aéroport international de Vancouver, la capitalisation partagée des aéroports et des ports, que la chambre vous exhorte de laisser tranquille et, enfin, les investissements dans le transport en commun — encore une fois —, particulièrement au sud du fleuve Fraser, mais aussi le prolongement dans le couloir Broadway.
Cependant, je ne pourrais pas me trouver devant vous sans mentionner les modifications proposées à l'imposition des petites entreprises. Je vais terminer mes observations en parlant de cette question.
Dans cette optique, je dois vous rappeler — ou vous sensibiliser si vous l'ignorez — qu'en Colombie-Britannique, le milieu des petites entreprises est unique en son genre. En Colombie-Britannique, le milieu des petites entreprises génère plus de 6 emplois sur 10. C'est le taux le plus élevé au Canada. Plus d'un tiers du produit intérieur brut de la province provient du secteur des petites entreprises. Il s'agit aussi du taux le plus élevé au Canada. La province compte également le plus haut nombre d'entreprises commerciales appartenant à des femmes ou exploitées par des femmes de tout le Canada. La Colombie-Britannique entretient une relation spéciale avec le milieu des petites entreprises.
Dans le cadre de cette conversation, il est peut-être pertinent de mentionner que, pendant deux ans, j'ai eu le plaisir de servir en tant que ministre de la Petite Entreprise pour cette province, donc je connais assez bien le sujet et je serai ravi de poursuivre toute conversation à ce sujet au cours de la période des questions.
Au cours des trois ou quatre dernières semaines, il s'est produit quelque chose d'assez unique au sein de l'organisme. C'est sans précédent. La chambre de commerce n'est pas un organisme radical et théâtral qui vise à épater la galerie. Il s'agit d'une équipe assez polie. L'organisme s'entend avec tous les ordres de gouvernement, et il en est ainsi depuis plus de 125 ans, mais on n'a jamais vu ses membres réagir comme ils ont réagi à l'égard des modifications proposées qui sont actuellement à l'étude.
Au cours des trois dernières semaines, on a demandé le point de vue des membres et on prévoit qu'environ 5 000 courriels seront envoyés. En date d'hier, plus de 25 620 courriels ont été envoyés aux députés du Parlement de la Colombie-Britannique parce que la chambre de commerce a invité les petites entreprises membres de l'organisme à faire connaître leur opinion. Parmi les deux ou trois dizaines d'enjeux qui existent au sujet de ce dossier précis — il est assez complexe, j'en conviens —, je tiens à mettre l'accent sur deux d'entre eux. Je terminerai donc par ceci, monsieur le président.
D'abord, je tiens à mettre l'accent sur le fossé fondamental et persistant qui existe entre le discours du gouvernement fédéral, particulièrement celui du et celui du , et les conseils et les analyses des experts: les comptables, les conseillers et les planificateurs financiers de centaines de milliers de propriétaires de petite entreprise du Canada. Ces spécialistes de confiance ont déclaré à maintes reprises et avec insistance que les allégations et les évaluations du gouvernement fédéral concernant les personnes qui seront touchées et les répercussions qu'elles subiront sont mathématiquement inexactes. Il ne s'agit pas de politique, mais de mathématique. Dans les faits, ce que le gouvernement affirme est inexact, et il a tout simplement tort.
Le deuxième point ne porte pas sur les taux d'imposition ni sur aucune question financière, mais sur la philosophie et la culture de l'entrepreneuriat au Canada. Ce qui est remis en question, ce sont les mécanismes acceptés, légitimes et légaux, et non les échappatoires. Soyons très clairs. Ces mécanismes ont été délibérément élaborés pour inciter le comportement humain à créer des emplois au sein des petites entreprises, mais, pendant des décennies, ils ont défini la relation sacro-sainte entre le gouvernement et les petites entreprises. Ils sont inutiles, et ce n'est pas au gouvernement d'imposer aux propriétaires de petite entreprise la façon, le montant et le moment qui conviennent pour payer les gens ou pour mettre de l'argent dans leur entreprise ou en retirer.
Si le gouvernement poursuit dans cette veine, il risque de nuire à la capacité des petites entreprises de faire ce que la chambre de commerce fait, c'est-à-dire financer une équipe de soccer locale, une équipe de hockey, les clubs Rotary, les hôpitaux, les centres de soins palliatifs, les soupes populaires et les banques alimentaires. Par conséquent et pour terminer, non seulement ces modifications menacent la poule aux oeufs d'or de l'économie du Canada, mais elles s'apprêtent aussi à miner le rôle des petites entreprises en tant que pierre angulaire des collectivités du Canada.
Je vous remercie de m'avoir permis d'être ici aujourd'hui.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais, encore une fois, remercier tous nos témoins de leur présence. C'est la première année que je siège au Comité permanent des finances, et je n'ai jamais vu un groupe de gens d'affaires aussi préoccupés par d'autres questions que simplement celle de la rentabilité. Je vous en félicite!
Monsieur Schemmer, avant de poser des questions aux gens d'affaires, j'aimerais souligner le fait que je suis très au courant du travail effectué depuis des années par votre organisation nationale, le British Columbia Council for International Cooperation. Je suis très heureux de connaître vos préoccupations en ce qui a trait au développement international et au fait que le Canada doive jouer un rôle de plus grande importance à cet égard.
Monsieur Holden, pour ce qui est du Triple Bilan, c'est très encourageant de constater qu'une chambre de commerce est préoccupée par ce sujet.
Plusieurs d'entre vous ont mentionné la question des transports et souligné à quel point il est important que le gouvernement fédéral continue à investir dans les transports en commun. Je suis entièrement d'accord sur cette déclaration.
J'aimerais aussi remercier M. Albas de son point de vue sur les voitures électriques. En tant que propriétaire d'une voiture hybride depuis 10 ans, je le comprends très bien. Cependant, le transport en commun est un dossier qui me tient à coeur et j'accomplis beaucoup de travail dans ma circonscription pour assurer des investissements du gouvernement fédéral dans le transport en commun. Je comprends l'importance de ce sujet.
Cela dit, les deux questions que j'ai à poser vont s'adresser à MM. Lammam et Black.
Monsieur Lammam, je lis depuis un bon moment vos publications de l'Institut Fraser, un organisme très respecté. J'apprécie également vos préoccupations. J'aimerais vous poser quelques questions concernant la tarification du carbone. Vous avez mentionné que cela allait poser un défi aux entreprises canadiennes. Vous avez dit aussi que le gouvernement de l'Australie annulait la tarification du carbone qu'un gouvernement précédent avait instauré. Y aurait-il une façon d'associer économie et environnement? À mon avis, il semble y avoir un mouvement général au sein du monde industrialisé en vue d'imposer un prix sur le carbone. On dit que, si quelqu'un veut faire des profits, qu'il en fasse autant qu'il le peut, mais il me semble qu'il faudrait plutôt trouver comment nous pourrions utiliser l'économie pour assurer le développement d'une économie durable.
Monsieur Black, encore une fois, vous ayez mentionné le transport public, le logement abordable et l'importance des investissements dans l'éducation postsecondaire. Je suis certain que vous êtes au courant du fait que le gouvernement fédéral a pris des engagements, tout récemment, vers la fin de 2016 et le début de 2017, en vue d'investir dans le logement abordable. J'aimerais entendre vos commentaires à cet égard et savoir comment cette question joue un rôle clé ici, en Colombie-Britannique.
:
Je vous remercie de votre question et de suivre les travaux de l'Institut Fraser. J'en suis heureux. J'ai quelques remarques à faire.
D'abord, je ne suis pas un expert en politique environnementale, mais je vous renvoie aux travaux que nous avons faits pour mesurer la qualité de l'environnement au Canada sur de longues périodes. Contre toute attente, nous constatons que nous nous en tirons plutôt bien pour ce qui est du maintien d'un environnement sain. Je pense que les Canadiens devraient en être fiers. Il s'agit d'une importante toile de fond qui permet de comprendre le type de mesures de politique environnementale que nous prenons. C'est toutefois différent pour le carbone, évidemment, étant donné les enjeux qui y sont associés.
Je vais dire quelques mots à propos de la mise en oeuvre concrète de la tarification du carbone par rapport au principe qui la sous-tend. Il y a souvent un écart entre les deux. En théorie, une taxe sur le carbone qui est plus inoffensive sur le plan économique a des caractéristiques que nous ne voyons pas en pratique. Par exemple, la mise en oeuvre d'une forme de tarification du carbone doit se faire en même temps que le retrait de tout règlement qui vise le même objectif, soit de réglementer les émissions. Autrement, nous pourrions avoir deux fois le même type d'activité. Nous ne voyons pas ce type de mise en oeuvre où l'on retire les règlements existants qui visent le même objectif que la tarification du carbone.
De plus — et c'est un aspect très important de la façon dont la taxe sur le carbone est mise en oeuvre concrètement —, il n'y a nulle part au monde, certainement pas au Canada et certainement pas dans le cadre d'un mandat fédéral en matière de tarification du carbone, de provinces qui sont tenues de compenser les nouvelles recettes générées par la tarification du carbone, peu importe comment elle est mise en oeuvre, par des réductions d'autres formes d'impôt. C'est important pour bien des raisons. Encore une fois, cela permet d'atténuer certains des effets néfastes de la taxe sur le carbone sur le plan économique. Le gouvernement fédéral n'a pas précisé comment les provinces doivent utiliser les nouvelles recettes découlant du mandat, et il n'y a aucun intérêt à cet égard, pas même en Colombie-Britannique, où à un moment donné, il y avait une taxe sur le carbone sans incidence sur les recettes. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Même en Colombie-Britannique, le gouvernement actuel veut augmenter le prix par tonne sans accorder de réductions compensatoires pour d'autres impôts, comme l'impôt sur le revenu des particuliers ou des sociétés, qui pourraient atténuer une partie des effets néfastes d'une taxe sur le carbone.
Il est évident que la tarification du carbone désavantagera les entreprises canadiennes dont le niveau d'émissions est élevé. La question est de savoir quelle sera l'ampleur de ce désavantage, mais il y en aura bel et bien un, et ce, alors que l'investissement des entreprises ralentit et que notre compétitivité est à la baisse. C'est donc une autre politique avec laquelle devront composer les entreprises, les investisseurs et les entrepreneurs du pays, alors qu'il nous faut des politiques qui favorisent la croissance et la productivité.
Il est très important de comprendre notre situation en Amérique du Nord. Nous avons un voisin au sud qui a essentiellement mis de côté toute intention de mettre en oeuvre une politique comparable. Par conséquent, les entreprises qui veulent investir des fonds pour ouvrir des installations de production au Canada près de la frontière pourraient vraisemblablement s'installer au sud de la frontière, où elles n'auraient pas à assumer les mêmes coûts de production découlant d'une taxe sur le carbone. Cela a un effet encore plus pervers, en ce sens que nous ne voyons aucun avantage environnemental, puisque l'activité de production passe du Canada aux États-Unis.
Il est donc important de comprendre dans quelle région du monde nous sommes. Notre voisin du sud ne manifestant aucun intérêt pour la tarification du carbone, je pense qu'il est d'autant plus préoccupant pour le Canada d'agir seul dans un contexte nord-américain.
:
Je témoigne devant vous sans pouvoir me permettre de défendre une position politique. De par son mandat, notre organisme est non partisan, et nous démontrons depuis longtemps que nous pouvons travailler avec n'importe qui. Nous ne sommes pas là pour choisir un camp, mais pour promouvoir les bonnes décisions.
Dans la lettre que nous avons écrite au ministre des Finances à propos des consultations prébudgétaires, nous avons fait allusion au budget de 2016, dans lequel le gouvernement a dit vouloir éliminer — je cite notre lettre — « les mesures fiscales inefficaces ». En toute franchise, je dois dire que nous trouvions cela fort encourageant. Nous avons réagi en conséquence en faisant deux recommandations précises, en décembre. Nous avons d'abord recommandé de maintenir « un niveau d'imposition des particuliers et des entreprises compétitif afin que notre pays puisse soutenir efficacement la concurrence pour le capital financier et humain ». Par ailleurs, nous avons salué la proposition de simplifier ou de réviser le régime fiscal, et nous avons recommandé « que l'examen du régime fiscal du Canada par le gouvernement ait comme objectif principal de simplifier le régime fiscal ».
À vrai dire, les modifications proposées ne correspondent pas vraiment à nos attentes. Je n'essaie pas du tout d'être alarmiste. Je sais que vous avez eu énormément de rétroaction, et que cette consultation n'a probablement pas été de tout repos pour nombre d'entre vous. En fait, nous croyons sincèrement qu'il est très important d'entamer une conversion réfléchie sur le régime fiscal du pays et de reconnaître que les politiques fiscales doivent amener les gens à adopter ou éviter certains comportements. Cet exercice n'a pas été mené de façon approfondie depuis environ 25 ou 30 ans, alors qu'on devrait le faire tous les 10 ou 15 ans. Nous sommes très favorables à la tenue d'une telle conversation, et nous serions ravis d'y participer. Ce qui nous pose problème, c'est que, la dernière fois que des modifications comme celles que nous étudions actuellement ont été proposées, c'était il y a quelque 40 ans, et le processus de consultation a duré deux ans au lieu de se limiter à une période de 75 jours en plein été.
Nous sommes conscients que le gouvernement a signalé son intention d'apporter de telles modifications dans le cadre de sa campagne électorale et à d'autres occasions. Cependant, soyons bien clairs: ce qui a eu lieu, ce n'est pas une consultation, et un gouvernement ne devrait jamais considérer qu'il s'agit là d'un délai approprié pour mener une consultation respectueuse en bonne et due forme. Nous avons lancé notre campagne en exhortant le gouvernement à marquer un temps d'arrêt. Nous ne sommes pas contre certains principes entourant la réforme du régime fiscal, mais nous sommes d'avis que le processus a été terriblement précipité. Au départ, l'approche était très prescriptive. Je sens que le discours a changé et qu'il y a un peu plus d'ouverture quant à la façon d'entreprendre cette réforme. En fait nous croyons que la meilleure approche serait de prendre du recul et de reprendre le processus à zéro. Si le gouvernement décidait de suivre cette voie, nous serions ravis de prendre part à cette conversation.
:
En ce qui concerne l'économie, c'est une époque fascinante. Je vis ici depuis maintenant 25 ans. À mon arrivée, j'étais ce que je qualifierais de jeune vendeur pour IBM. Je me suis ensuite lancé en affaires pendant 20 ans jusqu'à ce que je réalise un de mes souhaits dans la vie: une excursion dans le monde politique. J'ai donc été un témoin privilégié du virage économique. Je m'appuierai sur mes observations personnelles en plus de notre travail sur les résultats.
Pour répondre à votre question, nous remettrons le rapport à tous les membres du Comité. Nous enverrons le document au secrétaire du Comité dès notre retour au bureau aujourd'hui. Le cahier sommaire est en fait une lecture idéale pendant un vol, et tout le monde sait que vous passez beaucoup de temps en avion. On y résume parfaitement les défis et les autres questions connexes.
Au cours des 25 dernières années en Colombie-Britannique, le contexte économique a beaucoup changé. Nous demeurons extrêmement dépendants du secteur des ressources naturelles, mais à mon arrivée ici, l'industrie forestière était le grand joueur dans la région. En 1994, de nombreux sièges sociaux avaient choisi Vancouver, mais ils sont tous partis. Pour une raison que j'ignore, ils ont quitté la ville. Ce sont maintenant des succursales, même si les activités forestières sont évidemment maintenues sur la côte et dans le centre de la Colombie-Britannique. Pour la gouverne du Comité, il s'agit en fait de deux industries bien différentes et distinctes, en ce qui concerne leur structure.
Je crois que les obstacles touchent surtout... enfin, l'investissement insuffisant dans les transports est un énorme frein. À la porte d'entrée du Pacifique, 75 % de tous les produits qui quittent le Canada par voie maritime à l'ouest de Thunder Bay, en Ontario, transitent par le port de Vancouver, et 50 % des exportations expédiées par avion à l'ouest de Thunder Bay, en Ontario, passent par l'aéroport international de Vancouver. Les produits ne sont pas envoyés de ma ville natale, Winnipeg; ils ne le sont pas de Regina, Saskatoon, Edmonton, Calgary ou Abbotsford, soit de tous les autres aéroports internationaux situés entre Thunder Bay et Vancouver. Les produits sont acheminés jusqu'ici par train ou par camion pour être expédiés par l'aéroport international de Vancouver. Il y a donc eu un changement important: la région joue un rôle plus prépondérant que jamais dans l'économie du Canada par ses exportations. Le port a connu une croissance phénoménale. L'aéroport prévoyait d'atteindre 21 ou 22 millions de passagers d'ici 2025, mais il a déjà franchi ce cap l'an dernier, ou probablement cette année. Ils vivent une croissance exponentielle. Je m'en remettrai à ces organismes pour obtenir les chiffres précis, mais le point central n'en est pas moins vrai.
Ainsi, les investissements dans la porte du Pacifique sont essentiels. Lors du lancement du rapport sur les résultats, j'ai pris la parole devant les députés de la Colombie-Britannique du caucus ministériel et des caucus des conservateurs et des néo-démocrates. Nous en avons alors discuté très brièvement. Il est crucial de comprendre que des gouvernements fédéraux de différents horizons politiques ont versé les investissements nécessaires dans nos infrastructures portuaires, dans nos terminaux ferroviaires, dans l'aéroport international de Vancouver et même dans le système routier de la région. Nous avons reçu un soutien formidable au fil de cette vingtaine d'années. En ce moment, il n'est plus aussi évident que le gouvernement fédéral y accorde autant d'importance. Je souligne, très brièvement, que l'ancien premier ministre Paul Martin était l'un des plus ardents défenseurs de la région. L'approche allait au-delà des allégeances politiques, et je vous incite à poursuivre sur cette voie. Voilà donc l'un des obstacles.
Nous avons déjà parlé du lien entre les investissements dans les transports et l'accès à des logements abordables. C'est aussi un grand obstacle économique dans la région. Il n'est pas simple de trouver des personnes qui veulent venir s'installer dans la province, que ce soit de jeunes professionnels en devenir ou des professionnels chevronnés. Je parle des personnes responsables de l'embauche, de celles qui versent des salaires. La situation est difficile lorsque le coût de la vie est aussi élevé qu'ici. Je fais partie des quelques chanceux. J'ai accédé à la propriété il y a longtemps. C'est donc avec étonnement que j'ai vu les conditions se transformer. Je ne pourrais absolument pas devenir propriétaire aujourd'hui.
Ces questions demeurent de grands obstacles économiques à la croissance future de la province. C'est difficile parce que les gens du Nord, qui se trouvent à la tête du secteur des ressources naturelles et, à vrai dire, de la majeure partie de l'économie ici, franchement...
:
Je vous remercie de la question. Toutes mes excuses à M. Sorbara si ma réponse précédente a été trop longue.
C'est une combinaison de facteurs. Je crois qu'ils ont été surpris par le moment choisi et décontenancés par une partie des discours et des messages initiaux. Le fait de qualifier d'échappatoires des mécanismes de longue date qui sont légaux, acceptés et légitimes, ce qui insinue que nos membres sont de petits malins qui contournent le système, était très insultant. Que l'attaque ait été délibérée ou qu'elle découle d'une maladresse momentanée, là n'est pas la question. Malheureusement, un tel message a bien été envoyé. J'ai l'impression qu'on fait marche arrière depuis quelque temps, comme il convient de le faire.
Le processus est problématique en soi. Il est tout aussi difficile pour nos membres de voir le gouvernement s'engager sur le terrain dangereusement glissant qui mène à des accusations de « lutte des classes ». Cette approche oppose les gens qui réussissent à ceux qui n'y arrivent pas, peu importe que leurs difficultés découlent de circonstances personnelles, d'un manque de chance et d'instruction ou d'un milieu culturel. C'est une question très importante dont il faut discuter. Cela dit, il est périlleux de s'y attaquer au moment d'apporter des modifications nécessaires aux politiques, et c'est ce qui a fait réagir nos membres.
Tous les points essentiels ont été soulevés à maintes reprises dans l'ensemble du pays. En ce moment, nous sommes surtout préoccupés par le fait que les élus, particulièrement le , ne cessent de changer d'avis sur le sujet. Même si dernièrement on nous dit que rien n'est encore coulé dans le béton, le changement d'attitude est tout récent. Cela ne représente qu'une petite partie des nombreux commentaires formulés jusqu'à maintenant.
Nous encourageons le gouvernement à prendre du recul et à bien réfléchir afin de vraiment s'attaquer à la situation. Récemment, les réunions avec quelques personnes triées sur le volet ont été beaucoup plus ouvertes, transparentes et axées sur les collectivités. C'est un travail extrêmement difficile, je le reconnais. Ce n'est pas très agréable d'entrer dans une pièce remplie de personnes fâchées, et je respecte vraiment le qui le fait depuis quelques semaines. C'est absolument nécessaire pour l'application de modifications de cette ampleur. Selon nous, les intervenants n'ont pas été suffisamment consultés. De plus, l'idée, qui ne semblait pas mauvaise à un bureaucrate qui n'a jamais versé de chèques de paie, entraînait une série de conséquences imprévues.
:
Je remercie tous ceux qui ont pris la parole aujourd'hui.
J'ai trouvé la présentation sur les énergies propres très intéressante. Je l'ai écoutée très attentivement. Cette question touche particulièrement le Nord. Elle est importante pour nous. Nous sommes témoins des effets des changements climatiques comme nulle part ailleurs au Canada, et cela est très préoccupant. Ils endommagent nos structures et nos réseaux de transport. Ils entraînent également de nombreux problèmes au sein des communautés autochtones parce que leurs membres doivent modifier leurs pratiques ancestrales. Nos aînés et nos chefs ne sont plus considérés comme les experts sur les meilleurs terrains de chasse, sur la migration des animaux ou sur l'endroit indiqué pour traverser les cours d'eau. Étant donné que la situation s'est métamorphosée, les jeunes ne consultent plus autant les aînés. Le moteur de recherche Google a évidemment aussi contribué à ce bouleversement. La relation s'est transformée, ce qui a entraîné une détérioration de la langue. Il est vrai que la technologie a également joué un rôle, mais c'est une question cruciale pour nous. Nous cherchons des façons de réduire notre empreinte parce que toutes nos communautés dépendent du diésel pour s'alimenter en électricité et un grand nombre de nos foyers utilisent des systèmes de chauffage au diésel.
Nous avons tenté d'adopter l'énergie solaire, et nous poursuivons nos efforts en ce sens. Cette technologie a été présentée comme la voie à suivre partout au Canada. Toutefois, étant donné que nous avons plusieurs mois d'obscurité, c'est un défi chez nous. Il faut la conjuguer avec autre chose pour qu'elle fonctionne.
Nous avons considéré l'énergie éolienne. Jusqu'à maintenant, cette option est difficile parce que les produits proviennent en général de pays étrangers. Il est complexe d'obtenir des pièces et encore plus difficile de trouver quelqu'un pour les installer. La livraison des pièces peut prendre jusqu'à six mois, et une année peut être nécessaire avant de trouver quelqu'un qui se déplacera dans le Nord. On peut difficilement affirmer que cette avenue sera la bonne. Nous effectuons des tests. Il y a un gros projet en ce moment à Inuvik, et nous passons à la biomasse dans certaines régions au sud des territoires. Les résultats semblent prometteurs.
L'énergie géothermique recèle un bon potentiel. L'expertise est toutefois très limitée dans ce domaine. La mention de l'énergie nucléaire est reçue comme un juron dans le Nord. Les gens ne veulent même pas en parler. Même si ce type d'énergie pouvait répondre à nos besoins, il est impossible d'aller au-delà du tollé provoqué par sa simple suggestion. Il existe aussi toutes sortes de possibilités pour l'hydroélectricité si nous trouvons les ressources nécessaires.
J'ai eu la chance d'essayer les véhicules hybrides, qui fonctionnent à l'électricité et à l'essence, dans le Nord, jusqu'à Inuvik. Ils présentaient de très bons résultats. J'ai été très surpris que le véhicule démarre à -45 °C. Leur rendement était plutôt bon, jusqu'à ce que les véhicules hybrides mis à l'essai passent moins de temps à rouler qu'à être remorqués vers le sud pour être réparés.
Nous avons aussi essayé la voiture Smart. Le ministère des Transports a fourni la voiture à son personnel, mais nous avons remarqué qu'il était difficile de la retrouver. Nous avons découvert que les employés la cachaient dans des ateliers et des garages parce qu'ils ne l'aimaient pas. La voiture n'offrait pas une bonne conduite sur les routes enneigées. Elle n'était pas conçue à cette fin.
Pendant votre présentation, vous avez parlé d'un océan à l'autre, mais il ne faut pas oublier que nous avons trois côtes. Vous n'avez rien dit sur le Nord. J'aimerais savoir quel est le potentiel des véhicules électriques dans cette région. En ce moment, nous ne disposons d'aucun moyen pour recharger une voiture électrique, et les installations nécessaires seraient très coûteuses. Cette avenue sera-t-elle possible? A-t-elle été mise à l'essai pour affronter les conditions dans le Nord?
:
C'est un problème qui n'est pas propre au Canada. D'autres pays ont encore davantage de localités reculées, ce qui, conjugué à des conditions climatiques particulièrement rigoureuses, complique d'autant l'adoption des nouvelles technologies.
Ni les moteurs hybrides ni les voitures électriques ne sont encore assez perfectionnés pour bien fonctionner dans de telles conditions. De même, en ce qui concerne l'alimentation en électricité, il n'y a pas de solution miracle qui répondrait à tous les besoins d'une région. Le diésel n'a pas que des avantages, notamment sur le plan des coûts et de la pollution et, bien sûr, le soleil ne brille pas toujours.
Pour ce qui est de l'alimentation, la solution réside sans doute dans les options hybrides, diverses options adaptées précisément en fonction des besoins de chaque localité, qu'il s'agisse de puiser dans une ressource géothermique ou d'envisager de construire une centrale hydroélectrique à proximité, de manière à ne pas payer une fortune en frais de transmission.
Je crois que le Canada pourrait devenir un véritable pionnier à ce sujet. Le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques relève d'ailleurs la nécessité d'aider les régions éloignées à se sevrer du diesel pour se tourner plutôt vers les sources d'électricité de rechange à la fois fiables et abordables. Il y a des efforts à faire à ce chapitre, à tous les ordres de gouvernement.
En ce qui concerne les véhicules électriques, il faut miser davantage sur la conception et la mise à l'essai de véhicules adaptés au climat plutôt particulier du Canada. Je pense par exemple à Havelaar, une entreprise canadienne en démarrage qui met au point une camionnette entièrement électrique. Le véhicule est conçu et mis à l'essai au Canada, en fonction des besoins des Canadiens et des conditions routières qu'ils connaissent.
Il faut continuer à encourager tout cela. Non seulement on pourra tirer profit du fruit de ces travaux ici même, au Canada, mais il sera possible d'exporter les percées technologiques ainsi réalisées dans des pays qui connaissent des problèmes similaires.
:
Un rapport publié plus tôt cette année traite des mesures fiscales et des dépenses qui visent à soutenir l'innovation et le perfectionnement des compétences. Pour le gouvernement fédéral, les dépenses totalisent 23 milliards de dollars. Le problème, par contre, c'est que presque 90 % de cette enveloppe n'a fait l'objet d'aucune analyse de la part du gouvernement fédéral pour déterminer si les sommes, qu'elles prennent la forme de mesures fiscales ou d'argent, produisent les résultats escomptés.
Pour ma part, je pense que, avant d'envisager de dépenser davantage, il faut d'abord mieux comprendre à quoi sont employés les fonds actuellement réservés à la fois à l'innovation — qui favorise la productivité — et au perfectionnement des compétences. C'est avec plaisir que je fournirai le rapport en question ou son hyperlien.
Cela dit, j'avoue que je ne suis pas d'accord avec mon collègue en ce qui concerne les conditions. Si les programmes publics de formation donnent de bons résultats au Canada, notamment en comparaison avec les États-Unis, c'est entre autres parce que les transferts ne sont soumis à aucune condition. La décentralisation permet aux provinces et aux administrations locales de déterminer la manière la plus judicieuse de dépenser les fonds alloués afin de maximiser les résultats.
S'il y a un problème en santé, c'est parce que le gouvernement fédéral transfère l'argent aux provinces, mais que les provinces ne sont pas entièrement libres de trouver ce qui fonctionne le mieux pour leurs résidants.
Il ne m'apparaît pas judicieux d'augmenter les transferts actuels, surtout ceux qui sont assortis de conditions, et ce, pour deux raisons. Primo, les administrations locales seraient moins à même de tenter des expériences, comme beaucoup l'ont fait — avec succès — ici même, au Canada. Secundo, cela nuirait à la reddition de comptes et à la transparence par rapport à la source des fonds, car un ordre de gouvernement amasserait les fonds tandis qu'un autre les dépenserait. Les contribuables auront du mal à déterminer qui doit rendre des comptes par rapport à telle ou à telle initiative. Il ne m'apparaît pas du tout judicieux de miser sur une approche fédérale encore plus centralisée dans ce domaine, car cela...
:
Merci. C'est un honneur et un privilège pour moi que de pouvoir faire une présentation au Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Je suis ici en ma qualité de vice-président à la recherche de la Vancouver Coastal Health, un organisme de la région où nous nous trouvons actuellement. Je suis également doyen associé exécutif pour la recherche à la Faculté de médecine de l'Université de la Colombie-Britannique. C'est mon emploi principal. Je suis également membre du conseil d'administration de SoinsSantéCAN, le porte-parole national des organismes de santé et des hôpitaux de recherche et d'enseignement. SoinsSantéCAN a son siège à Ottawa.
Si je le précise, c'est parce que ce que je vais dire ne concerne pas strictement Vancouver, mais bien le pays entier. Il s'agit véritablement de propulser l'innovation en santé.
Je vais traiter de trois sujets interdépendants, sur le plan tant de la recherche que des soins: primo, la recherche et l'innovation en santé; secundo, les infrastructures en santé; tertio, la résistance aux antimicrobiens et la gérance des antimicrobiens.
La recherche et l'innovation en santé: voilà un sujet dont l'importance n'a pas échappé au gouvernement actuel. Nous nous réjouissons vivement des initiatives qui ont été lancées en matière d'innovation. Leur effet nous semble bénéfique, et elles ouvrent des perspectives hors pair pour la participation à la recherche en santé.
Les sciences de la vie, y compris la biotechnologie et la recherche, doivent représenter une force dominante au sein de l'économie canadienne. Pourtant, selon le rapport issu de l'Examen du soutien fédéral aux sciences, le Canada accuse un retard au sein du G20 au chapitre des sciences et de l'innovation. Selon divers critères de mesure, la position générale du pays dans le domaine scientifique se détériore relativement à celle de ses pairs, une situation dont l'effet est particulièrement marqué dans le secteur de la santé, qui représente plus de 10 % du PIB du Canada et qui favorise la longévité, l'amélioration de la qualité du travail et une productivité accrue dans l'ensemble de l'économie.
En tant que pays, le Canada n'arrive pas à fournir un milieu propice à ce que les scientifiques et les innovateurs stimulent la productivité. À vrai dire, le pays ne peut plus continuer à diminuer le financement. Parmi les personnes les plus touchées, mentionnons les chercheurs en début de carrière, que les options de financement limitées en matière de recherche empêchent de plus en plus de cheminer dans leur parcours professionnel. Or, ces chercheurs sont notre avenir; c'est eux qui propulseront l'innovation au XXIe siècle.
Le secteur de la santé et les instituts de recherche sont de gros employeurs qui font tourner l'économie de leur région. Le Canada compte 777 hôpitaux généraux, 304 hôpitaux spécialisés, 115 hôpitaux psychiatriques ainsi que 19 hôpitaux pédiatriques. Ces établissements sont à la fine pointe de la recherche. Selon les estimations, chaque dollar injecté dans la recherche fondamentale engendre des retombées de deux à cinq fois supérieures au Canada, en plus de produire un autofinancement de 20 % à 60 %, ce qui se traduit par des économies dans le budget de la santé dans un délai de cinq ans. Il s'agit donc d'un aspect crucial de la recherche qui apporte des résultats positifs et durables pour le patient.
Cela dit, SoinsSantéCAN appuie pleinement les recommandations qui figurent dans le rapport issu de l'Examen du soutien fédéral aux sciences, publié l'an dernier. Comme le propose le rapport, nous recommandons au gouvernement fédéral d'investir 485 millions de dollars, sur quatre ans, dans la recherche entreprise à l'initiative des chercheurs, afin de rétablir la capacité concurrentielle du Canada sur la scène internationale.
En parallèle, il y a la question des infrastructures en santé. Les organismes de santé entretiennent, exploitent et utilisent des éléments névralgiques des infrastructures essentielles du pays. Des accidents et des dangers, au Canada comme à l'étranger, influent sur la capacité de réaction du secteur pendant une crise. Pensons par exemple à l'épidémie de SRAS, il y a des années: le Canada a alors pris les choses en main pour endiguer la crise au pays.
Le vieillissement physique et technologique des infrastructures apparaît comme un risque majeur au chapitre de la résilience générale du Canada dans le domaine de la santé. Les hôpitaux canadiens ont accumulé des frais d'entretien différé de quelque 28 milliards de dollars. Selon une étude récente, les installations de santé comptent parmi les bâtiments les plus âgés encore utilisés, 40 % de leur stock ayant dépassé 50 ans. Si vous vous trouviez dans un établissement de santé, vous vous attendriez à ce que les installations aient été modernisées et à ce qu'elles soient à la fine pointe de la technologie.
Pour ce qui est de la recherche, pendant 10 ans, les hôpitaux de recherche, où se mène l'essentiel des travaux de recherche, n'ont pas été admis à accéder directement aux fonds d'infrastructure financés par l'État fédéral. Or, et c'est heureux, le Fonds d'investissement stratégique pour les établissements postsecondaires de 2016 a renversé la tendance. Nous nous réjouissons vivement de ce changement de cap de la part du gouvernement actuel.
Cela ne veut pas dire pour autant que le gouvernement n'appuie pas la recherche au moyen d'infrastructures hospitalières. Nous sommes ainsi extrêmement reconnaissants à l'État fédéral de soutenir la Fondation canadienne pour l'innovation, qui est une solide partisane de la recherche en milieu hospitalier en collaboration avec des universités. Cependant, les propositions des hôpitaux universitaires doivent encore être soumises par l'intermédiaire de l'université affiliée correspondante.
Je pense que ce modèle dénote une incompréhension quant à l'endroit où sont réalisés les travaux de recherche. À la Vancouver Coastal Health, dans la région du Grand Vancouver, nous disposons d'une enveloppe de 300 millions de dollars pour la recherche en santé. Il s'agit surtout de travaux financés par le fédéral et menés au sein du réseau hospitalier, dans des infrastructures qui appartiennent aux hôpitaux plutôt qu'aux universités. Ainsi, un peu plus loin sur la même rue, à Richmond, nous avons un petit hôpital communautaire. Nous y faisons de la recherche. C'est la même chose un peu partout au Canada. Les grands instituts de recherche en santé sont des hôpitaux de recherche affiliés à une université.
Nous demandons au gouvernement de reconnaître que les hôpitaux de recherche devraient être en mesure de livrer une concurrence directe, à chances égales, pour obtenir une partie des fonds d'infrastructure gouvernementaux. Nous ne réclamons aucun privilège particulier. Nous voulons simplement que les hôpitaux de recherche soient admis à soumettre une demande directement au programme gouvernemental approprié. Il s'agirait normalement de la Fondation canadienne pour l'innovation et de certains des programmes en matière d'innovation et d'infrastructures en vigueur.
Nous réclamons également 250 millions de dollars pour la deuxième année du Fonds d'investissement stratégique pour les établissements postsecondaires afin de pallier la pénurie de financement des hôpitaux au Canada.
Le troisième point n'a pas grand-chose à voir avec les infrastructures, mais il se rapporte indéniablement à l'innovation: je parle de la résistance aux antimicrobiens et de la gérance des antimicrobiens. La question concerne les bactéries, les virus et les autres pathogènes qui en viennent à résister aux médicaments actuels. Il s'agit d'un énorme problème à l'échelle planétaire et il prend de l'ampleur. Je tiens à y sensibiliser le Comité.
Fondamentalement, les infections résistent de plus en plus aux traitements. Au rythme actuel, aucune sphère de la médecine moderne ne sera épargnée, puisque l'infection ou l'inflammation sont en cause dans de nombreux domaines. Nous nous retrouverons dans une situation semblable à ce que l'on connaissait avant les années 1940, avant la découverte des antibiotiques; autrement dit, de nombreuses maladies courantes ne pourront pas être traitées.
L'étude menée au Royaume-Uni sur la résistance aux antimicrobiens a révélé que, d'ici 2050, 10 millions de personnes dans le monde mourront d'une infection chaque année parce que l'on ne sera plus à même de les soigner au moyen des médicaments actuels. Cette estimation surpasse le taux de mortalité par cancer, tous cancers confondus. À défaut de s'attaquer aujourd'hui à la résistance aux antimicrobiens, le prix à payer se comptera demain en vies humaines.
Je me dois de préciser que le Canada est un chef de file en recherche sur les antimicrobiens. Il y a de quoi en être fiers.
Chaque année, plus de 23 millions d'ordonnances d'antimicrobiens sont délivrées, mais près de la moitié d'entre elles ne seraient pas nécessaires; les pathogènes acquièrent ainsi une résistance. Mieux gérer les antibiotiques serait avantageux et pour l'économie, et pour la santé. Par exemple, en Colombie-Britannique, une réduction de 15 % des ordonnances d'antimicrobiens a permis de réaliser des économies de 50 millions de dollars par année pour la société et de 25 millions de dollars pour le gouvernement.
Le programme de gérance des antimicrobiens est actuellement sous-financé. SoinsSantéCAN a joué un rôle structurant dans ce dossier en convoquant divers réseaux nationaux d'acteurs, en collaboration avec l'Agence de la santé publique du Canada.
Dans ce contexte, nous recommandons à l'État fédéral d'allouer 25 millions de dollars sur cinq ans à l'Agence de la santé publique du Canada pour subventionner des projets sur la résistance aux antimicrobiens et la gérance des antimicrobiens en collaboration avec le Réseau Gérance des antimicrobiens Canada.
C'est ainsi que se conclut ma présentation. Je tiens à vous remercier de m'avoir donné la chance de m'exprimer aujourd'hui.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, de nous avoir invités à faire une présentation devant le Comité.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis Ian Moore, ancien président de l'Association des commerçants de véhicules récréatifs du Canada. J'ai le grand plaisir d'être parmi vous aujourd'hui pour discuter de recommandations qui appuient le gouvernement dans ses efforts en vue d'augmenter la productivité et la compétitivité de l'économie canadienne.
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas l'Association, en voici une présentation générale. Il s'agit d'une fédération nationale d’associations provinciales et régionales, qui se sont unies pour former une association professionnelle regroupant les entreprises de l’industrie des véhicules récréatifs. Constituée de bénévoles, l'Association des commerçants de véhicules récréatifs du Canada compte 640 membres d'un océan à l'autre et défend les intérêts de l'industrie depuis plus de 30 ans.
Le caravaning constitue une forme emblématique du tourisme canadien. En 2016, en Amérique du Nord, un campeur sur cinq a cité le VR en tant que moyen d'hébergement principal en camping, et la popularité du camping en VR chez les nouveaux campeurs est passée de 18 % à 26 % au cours de la dernière année. Non seulement le caravaning est une composante importante du tourisme canadien, il a également des retombées considérables sur l'économie. La fabrication, l'achat, l'entretien et l'usage des VR injectent des milliards de dollars — à la fois directement et indirectement — dans à l'économie du Canada chaque année. En 2011, l'ensemble de l'activité économique liée à cette industrie s'est élevée à 14,5 milliards de dollars. Les commerçants de VR sont des propriétaires de petites entreprises qui contribuent à l'industrie du tourisme au Canada et stimulent la croissance économique, particulièrement dans les collectivités rurales et du Nord. Dans toutes les régions du pays, le tourisme crée de l'emploi et ouvre des perspectives pour la classe moyenne du Canada.
Je suis ici aujourd'hui pour demander au gouvernement fédéral d'envisager trois de nos recommandations, qui, en plus d'aider l'industrie du tourisme, aideraient aussi le gouvernement fédéral à augmenter la productivité des entreprises et fourniraient un soutien aux propriétaires de petites entreprises, qui constituent l'épine dorsale de notre économie.
D'abord, afin d'augmenter la productivité, les Canadiens ont besoin d'avoir accès au marché du travail ainsi qu'à des possibilités de perfectionnement des compétences et de formation. Nous recommandons un soutien accru pour les travailleurs qualifiés de l'industrie du VR. Actuellement, il existe seulement deux programmes au Canada qui offrent une formation de technicien d'entretien de VR avec apprentissage, un à Kelowna, en Colombie-Britannique, et l'autre à Calgary, en Alberta. Chacun de ces programmes mène à l'obtention de la certification « Sceau rouge », reconnue partout au Canada. Chaque année les programmes existants sont remplis au maximum de leur capacité et tiennent souvent des listes d'attente comptant plusieurs dizaines d'étudiants potentiels.
En raison des contraintes géographiques des programmes existants, nous recommandons que le gouvernement du Canada crée une subvention de déplacement pour les apprentis qui doivent voyager afin de suivre un programme de formation en apprentissage. Cette subvention devrait cibler ceux qui sont inscrits dans des programmes qui ne sont pas offerts dans leur localité ou leur province. Il devrait s'agir d'une subvention en espèces imposable de 2 000 $ à 4 000 $ par personne, par année, afin de couvrir des dépenses telles que le déplacement, le logement et le soutien aux familles.
Ensuite, le gouvernement du Canada devrait réserver une enveloppe ciblée aux infrastructures de camping et de VR dans les parcs nationaux du Canada. Un investissement dans les infrastructures de camping et de VR jouerait un rôle essentiel dans l'ensemble des contributions de l'industrie du tourisme au développement économique et à la prospérité future du pays. Il existe plus de 4 231 terrains de camping en activité au Canada, chacun offrant une expérience unique aux Canadiens et aux touristes étrangers. Alors que la demande pour les services de terrains de camping continue d'augmenter, les besoins critiques en infrastructures — tels que les exigences en matière de grandeur pour accommoder les grands VR et un accès aux prises électriques et aux installations de rejet des déchets — demeurent sans financement.
Il est essentiel d'actualiser les infrastructures si l'on souhaite pérenniser cette industrie et la rendre plus accessible à tous les Canadiens. Nous recommandons que le gouvernement fédéral réserve une enveloppe ciblée aux infrastructures de camping et de VR dans les parcs nationaux du Canada. Investir dans les infrastructures de camping et de VR jouerait un rôle essentiel dans l'ensemble des contributions de l'industrie du tourisme au développement économique et à la prospérité future du pays.
Enfin, nous souhaitons nous exprimer dans le cadre de la consultation sur la planification fiscale au moyen de sociétés privées au Canada. L'Association des commerçants de véhicules récréatifs est en désaccord avec la proposition actuelle. Les commerçants de VR sont des propriétaires de petites entreprises familiales qui arrivent à gagner leur vie en travaillant un nombre d'heures qui dépasse largement celui du salarié moyen. Si les changements proposés sont adoptés, ces entreprises familiales n'auront plus les moyens d'assurer la continuité de leurs activités et encore moins de contribuer à l'essor de leur collectivité.
En tant que propriétaires de petites entreprises, les commerçants de VR doivent pouvoir conserver une portion de leurs bénéfices annuels et les garder à l'intérieur de la société en prévision de futures dépenses en immobilisations et mettre de l'argent de côté en prévision des variations saisonnières et des années plus maigres. Dans l'industrie du VR, les variations saisonnières de revenus peuvent en effet mettre les entreprises à mal plusieurs mois par année.
Les commerçants de VR doivent également préparer leur propre retraite, qu'ils financent eux-mêmes, dans sa totalité, sans avoir accès à la même aide qu'un employé dans une grande société. Quand l'argent finira par être retiré, il sera sujet à des taux d'imposition des particuliers très élevés. Par contre, une application de ces mêmes taux très élevés, bien au-delà de 50 %, au rendement de leur épargne personnelle pendant qu'ils sont toujours actifs dans la société nuira considérablement à leur capacité d'épargner et d'investir dans l'avenir de leur entreprise.
Nous espérons que vous tiendrez compte de nos arguments, et je vous suis reconnaissant d'avoir pris le temps de m'écouter aujourd'hui. C’est avec plaisir que je répondrai à toutes vos questions.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de même que les membres du Comité, de me permettre de prendre part aux consultations prébudgétaires de cette année chez moi, à Vancouver. Je vous suis très reconnaissant d'être venus tenir cette réunion en Colombie-Britannique. À vrai dire, c'est la deuxième fois que je témoigne devant le présent comité, et je vous suis reconnaissant de ce que vous faites au nom du gouvernement et de tous les Canadiens.
Je vais m'arrêter au thème sous lequel s'inscrivent les consultations prébudgétaires de cette année, c'est-à-dire la productivité et la compétitivité. Je soulèverai deux points: les changements proposés à la fiscalité des petites entreprises et les soins de longue durée destinés à la population vieillissante.
Parlons d'abord des changements proposés à la fiscalité des petites entreprises. En tant que conseiller, je traite avec beaucoup de petits entrepreneurs et je tiens à vous faire part de ce qu'ils pensent des modifications envisagées. Les petits entrepreneurs sont généralement des personnes très pragmatiques. Pour eux, les propositions se résument à une augmentation de leurs coûts d'exploitation. Par conséquent, pour maintenir leur niveau de vie actuel, ils devront apporter des changements structurels à leur entreprise.
Deux de mes clients m'ont rapporté qu'ils n'embaucheront personne avant un bon moment afin de laisser le temps à leur entreprise d'absorber — du moins, ils l'espèrent — les coûts additionnels qu'entraînera la proposition. Un autre petit entrepreneur estime qu'il serait éventuellement plus simple pour lui de recommencer à travailler pour quelqu'un d'autre que de diriger son entreprise. En l'occurrence, il devra licencier cinq employés.
Je suggère fortement au gouvernement d'étudier plus en profondeur les conséquences imprévues qu'entraîneront les modifications. Je sais bien que mes exemples sont anecdotiques, mais les documents qui ont été diffusés à propos des changements proposés ne traitent pas du tout des répercussions sur la gestion d'une petite entreprise. À vrai dire, beaucoup de petits entrepreneurs ne sont pas nécessairement en désaccord avec toutes les propositions, sauf qu'ils sont vexés que l'on donne l'impression qu'ils ne paient pas leur juste part d'impôts et qu'ils gèrent leurs affaires en profitant d'échappatoires.
Parlons maintenant des soins de longue durée. À titre de président sortant de Conference for Advanced Life Underwriting, une association professionnelle nationale qui regroupe des conseillers financiers et des actuaires reconnus, il m'apparaît absolument essentiel de miser sur une perspective à long terme.
C'est surtout nécessaire à la lumière des possibilités et des problèmes que le vieillissement de la population commence à engendrer pour les divers ordres de gouvernement. Selon Statistique Canada, environ 11 millions de Canadiens auront au moins 65 ans en 2036; c'est 23 % de la population.
Dans ce contexte, pour maintenir la productivité et la capacité concurrentielle, il faut jeter un regard critique sur les restrictions additionnelles que les mesures proposées imposeront à la main-d'oeuvre et aux gouvernements. Sur le plan des politiques publiques, il m'apparaît donc particulièrement judicieux de miser en priorité sur la prestation de soins de longue durée de qualité. Au fur et à mesure que leur longévité augmentera, les Canadiens risqueront de plus en plus d'avoir à composer avec une maladie chronique, que ce soit la leur ou celle d'un proche; il leur faudra un certain soutien au chapitre des soins de longue durée.
Hélas, beaucoup de Canadiens croient à tort que les programmes et les services financés par les provinces répondront à leurs besoins. Or, les soins de longue durée ne figurent pas dans la Loi canadienne sur la santé et ne sont donc pas couverts par le régime universel. À mon avis, l'allégement de la pression financière qui s'exercera sur les personnes, les familles et les États passe par un recours accru aux assurances de soins de longue durée.
Ce genre d'assurance vise à couvrir le coût des soins des personnes qui ne sont plus en mesure de s'occuper d'elles-mêmes. Bien qu'un nombre croissant d'études montrent que les Canadiens redoutent de ne pas avoir les moyens de veiller à leurs soins de longue durée, peu de personnes détiennent une police d'assurance de soins de longue durée, car elles ne prennent généralement pas la mesure des coûts associés aux soins de longue durée et ne savent pas précisément à qui il incombe de les payer.
Je vous soumets donc deux propositions.
Premièrement, le gouvernement fédéral devrait se concerter avec les provinces et les territoires afin de mettre au point un cadre national d'information des Canadiens sur la nécessité d'anticiper le paiement des soins de longue durée ainsi qu'une approche mieux harmonisée pour déterminer l'accès à des services de soins de longue durée subventionnés.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral devrait autoriser les rentiers d'un REER à retirer jusqu'à 2 000 $ par année de leur REER ou de leur FERR, en franchise d'impôt, pour financer l'achat d'une police d'assurance de longue durée admissible. Le programme s'apparenterait au Régime d'encouragement à l'éducation permanente et au Régime d'accession à la propriété, qui figurent actuellement dans la Loi de l'impôt sur le revenu. Ces deux propositions allégeraient le fardeau des obligations de soutien familial pour les travailleurs canadiens et, en réduisant le recours aux institutions et aux programmes publics, elles contribueraient à préserver les ressources de l'État. Surtout, elles assureraient une équité fiscale entre les diverses générations de Canadiens.
Je vous remercie de m'avoir accordé du temps aujourd'hui.
:
Merci, monsieur le président, et bonjour.
Je m'appelle Michelle Travis. Je suis ici au nom de Unite Here Canada, un syndicat qui représente des travailleurs de l'industrie du tourisme d'accueil partout au pays. Je vous remercie de me donner la chance de prendre la parole ce matin. Nous vous en savons gré. Bienvenue à Vancouver, également.
Pour être ici aujourd'hui, vous êtes probablement tous passés par l'aéroport de Vancouver, où travaillent de près de 1 000 des membres de notre syndicat. Unite Here représente plus de 25 000 travailleurs au Canada et plus de 275 000 en Amérique du Nord. Les membres de Unite Here sont la pierre angulaire de l'industrie touristique. Il s'agit de préposés aux chambres ou à la réception et de chasseurs dans les hôtels ou encore de serveurs, de cuisiniers et de plongeurs dans les restaurants, y compris ceux de l'aéroport international de Vancouver.
Les membres de Unite Here comptent parmi les visages sympathiques qui vous accueillent à l'atterrissage et ils forment l'armée invisible qui se charge de préparer et de livrer des milliers de repas en vol tous les jours. Diversifiés, ils comprennent de nombreux immigrants et une forte proportion de femmes. De milliers de postes traditionnellement peu rémunérés, ils font de bons emplois de la classe moyenne qui permettent de subvenir aux besoins d'une famille. J'y reviendrai dans un instant.
Le Comité veut savoir comment le gouvernement fédéral peut aider les Canadiens à gagner en productivité au travail et dans leur milieu. Nous tenons donc à faire ressortir un volet de l'industrie touristique où le gouvernement fédéral peut vraiment changer les choses, j'ai nommé les autorités aéroportuaires. Les aéroports, c'est indéniable, jouent un rôle charnière au sein de l'économie en plus d'être une source majeure d'emplois. Certains aéroports canadiens sont réputés parmi les meilleurs en Amérique du Nord. Or, il existe également un autre côté à la médaille, un côté que l'on oublie trop souvent malgré son effet préjudiciable: je parle de la reddition de compte inadéquate et du manque de transparence des autorités aéroportuaires, qui se répercutent sur les membres de Unite Here, les Canadiens en général et les administrations municipales. Depuis des années, divers acteurs critiquent d'ailleurs les autorités aéroportuaires canadiennes à ce sujet.
Le rapport Emerson, qui porte sur les secteurs des transports au Canada, signale que les aéroports pourraient abuser de leur situation de monopole pour déterminer le montant des frais et livrer concurrence à leurs locataires. La Fédération canadienne des municipalités a déjà exhorté le gouvernement à revoir les privilèges particuliers dont jouissent les administrations aéroportuaires, qui peuvent se répercuter sur les finances municipales, et à obliger ces administrations à se conformer aux règlements municipaux. À deux reprises, on a voulu définir un cadre législatif pour améliorer la gouvernance et la reddition de comptes relativement aux aéroports, mais les deux tentatives se sont soldées par un échec, et le sujet a été mis en veilleuse.
Lorsque le gouvernement du Canada a confié l'exploitation des aéroports à des sociétés sans but lucratif, dans les années 1990, il a omis de prévoir un cadre de surveillance adéquat de la gestion des aéroports. Les autorités aéroportuaires peuvent ainsi, à leur guise, hausser les frais imposés aux voyageurs, mener des projets d'aménagement sans l'approbation des autorités locales, faire en sorte que les administrateurs leur rendent des comptes plutôt qu'aux administrations municipales et aux élus qui les ont nommés, et se lancer sans règles ni balises dans des projets d'affaires.
De même, les travailleurs engagés en sous-traitance des autorités aéroportuaires constatent des lacunes au chapitre de la reddition de comptes. Les autorités aéroportuaires ne s'assurent aucunement que les emplois sous-traités dans leurs installations sont décents. Voici un exemple. Vous vous êtes peut-être acheté un café à l'aéroport. L'employé typique d'une concession dans un aéroport, comme la personne qui vous a vendu votre café, est une femme, sans doute d'âge mûr, qui a immigré au Canada pour se bâtir un avenir meilleur. Or, beaucoup des personnes qui travaillent dans une telle concession occupent deux emplois, travaillent de longues heures en composant avec de longs trajets en transport en commun pour boucler les fins de mois.
Les syndiqués s'en sortent généralement mieux. Cependant, qu'ils soient ou non syndiqués, les travailleurs des concessions dans les aéroports occupent un emploi précaire, car les autorités aéroportuaires peuvent opter pour un autre soumissionnaire, moins gourmand, ce qui se traduit potentiellement par des pertes d'emploi. Très peu de recours s'offrent aux travailleurs lorsqu'ils doivent faire valoir leur cause auprès d'un organisme de réglementation autoréglementé. En effet, au Canada, les autorités aéroportuaires, qui gèrent des installations publiques au nom des citoyens canadiens, se réglementent essentiellement elles-mêmes.
Le gouvernement fédéral se penche actuellement le modèle de propriété des aéroports dans la perspective d'une éventuelle privatisation, comme l'a recommandé le rapport Emerson. Selon nous, un point a toutefois été passé sous silence: il s'agit de la gouvernance des aéroports, dont il est également question dans le rapport Emerson. Nous recommandons au gouvernement fédéral de faire en sorte que les autorités aéroportuaires fassent une contribution plus productive a la société en les obligeant à se conformer aux exigences des organismes d'urbanisme municipaux, à verser des impôts fonciers équitables aux administrations municipales, à créer une fonction consultative pour qu'un organisme local ou régional ait son mot à dire au moment de fixer les droits d'amélioration aéroportuaire, à lever le voile sur les délibérations des conseils d'administration, à rendre mieux compte de divers projets d'affaires et à adopter des politiques responsables relativement aux contrats octroyés, de manière à stabiliser les emplois sous-traités et à mettre un terme au nivellement par le bas.
Nous estimons qu'il faut s'attaquer dès maintenant à la question de la reddition de comptes afin de corriger certaines erreurs du passé et d'améliorer les pratiques dans les grands aéroports du Canada.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est un plaisir de rencontrer le Comité tandis qu'il fait le tour du pays. Je vous remercie des efforts que vous déployez pour ouvrir le dialogue avec des gens de partout au Canada.
En tant que recteur de l'Université de Victoria, je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler du projet de programme de droit autochtone de notre université, qui cadrerait directement avec les objectifs de votre comité. Ce matin, dans mon exposé, je décrirai les mesures nécessaires pour offrir un programme révolutionnaire à l'Université de Victoria et les retombées que ce programme aurait partout au pays et à l'étranger.
L'Université de Victoria, qui accueille plus de 22 000 étudiants par année, est l'un des meilleurs établissements d'enseignement et de recherche du Canada. Elle est une chef de file nationale en ce qui est de combler l'écart de scolarisation qui existe entre les étudiants autochtones et non autochtones. Au cours des 10 dernières années, le nombre d'étudiants autochtones inscrits à notre université a plus que triplé, et continue de croître. L'université abrite aussi une dynamique communauté d'universitaires autochtones.
Le Canada et les peuples autochtones collaborent actuellement pour établir les fondements d’une relation de nation à nation et entreprendre une nouvelle ère fondée sur le respect et la réconciliation. En rétablissant les liens et en créant des institutions solides, le gouvernement du Canada et les peuples autochtones souhaitent favoriser la croissance économique et une gouvernance efficace. Le mois dernier, l'Université de Victoria a lancé le plan le plus complet qu'elle a jamais établi pour les Autochtones. Ce plan décrit la façon dont l'Université de Victoria s'efforce d'intégrer et d'honorer les cultures, les histoires et les processus de connaissance autochtones dans son programme d'études, son enseignement et ses activités de recherche. Nous croyons que les Autochtones doivent pouvoir participer à la création d'un avenir viable sur les plans sociaux, culturels et économiques, comme tous les autres Canadiens. Les programmes d'études et de recherche de l'Université de Victoria sont axés sur des enjeux comme la revitalisation des langues autochtones, la culture, et le renforcement des capacités sociales et économiques avec les peuples autochtones d'un bout à l'autre du pays.
Aujourd'hui, j'aimerais principalement parler du projet de programme de droit autochtone de l'Université de Victoria. Comme les autres formes de droit, le droit autochtone traite de questions concernant la citoyenneté, la gouvernance, la gestion des conflits et l'interaction des individus avec les gens à l'extérieur de leur propre société. Les peuples autochtones exercent de plus en plus de compétence sur leur territoire, leurs ressources et leurs affaires, et pour ce faire ils utilisent leurs propres traditions juridiques et principes de justice sociale.
Le programme de droit autochtone compterait deux composantes majeures qui répondent aux besoins que cela crée. La première serait un programme de doubles diplômes sur quatre ans pendant lequel les étudiants acquerraient un diplôme en common law et un en systèmes juridiques autochtones. Les étudiants feraient des stages pratiques sur des territoires autochtones partout au pays afin d'apprendre directement des détenteurs de connaissances et de contribuer au fonctionnement des institutions autochtones. Ils acquerraient des compétences pour établir des processus qui s'inspirent des traditions autochtones pour faire le pont entre les structures juridiques, sociales et économiques autochtones et non autochtones.
La deuxième composante est l'« Indigenous Legal Lodge », un lieu national d’engagement critique, de débat, d’apprentissage, de sensibilisation et de partenariat sur les traditions juridiques autochtones et leur utilisation, leur amélioration et leur reconstitution dans le monde d’aujourd’hui. L'Indigenous Legal Lodge accueillerait les programmes d'études que j'ai mentionnés et offrirait un lieu de rassemblement pour l'éducation communautaire et professionnelle en matière de traditions juridiques autochtones. Il comprendrait aussi un institut de recherche chargé de favoriser un engagement ferme partout au Canada et dans le monde entier.
Comme je l'ai dit, il s'agira d'une institution d'importance nationale et même internationale, car partout dans le monde des pays doivent faire face à des défis semblables et travailler avec les ordres juridiques autochtones. Elle servira de centre mondial d’excellence pour comprendre, développer et déployer les institutions juridiques autochtones, y compris les structures pouvant être utilisées pour établir et entretenir des rapports harmonieux entre les peuples autochtones et les États.
Les programmes seront dirigés par quelques-uns des meilleurs universitaires et dirigeants autochtones du Canada, y compris Mme Val Napoleon, qui m'accompagne aujourd'hui. Mme Napoleon dirige l’unité de recherche en droit autochtone de l'Université de Victoria, qui a collaboré avec plus de 40 communautés autochtones canadiennes afin de créer des outils, des procédures, des pratiques et des institutions solides qui se fondent sur les traditions juridiques autochtones.
L'Université de Victoria demande au gouvernement fédéral du soutien financier pour créer l'Indigenous Legal Lodge et concrétiser cette vision d'un établissement iconique et culturellement approprié qui répondra aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.
Le projet de programme et l’Indigenous Legal Lodge répondent tous deux directement à l’appel à l’action 50 de la Commission de vérité et réconciliation, qui demande la création d’instituts du droit autochtone. Ils appuient l'engagement du gouvernement du Canada à entretenir une relation de nation à nation, font avancer les 10 principes concernant la relation du gouvernement du Canada avec les peuples autochtones, et soutiennent la mise en oeuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
En appuyant ce programme, le gouvernement répondrait aussi à la demande des peuples autochtones de partout au pays qui se sont prononcés en faveur de celui-ci. Leur soutien a mené à l'adoption d'une résolution, sans opposition, par un consensus de l’Assemblée générale des chefs. Lors de l’assemblée générale annuelle 2017 de l'Assemblée des Premières Nations, la résolution a été prise de presser le gouvernement du Canada à financer la création de l’Indigenous Legal Lodge de l’Université de Victoria comme point de départ pour la compréhension, la recherche et la discussion sur la nature des systèmes juridiques autochtones et leur utilisation actuelle.
La réconciliation est intrinsèquement liée à la reconnaissance des droits et des traditions des peuples autochtones. Ce programme favorise la réconciliation en reconnaissant et en appuyant les ordres juridiques dont dépend l'autonomie gouvernementale et qui forment l'essence même du statut de nation autochtone. Ce faisant, il jette les bases d'une nouvelle ère de partenariat économique et d'exploitation des ressources en contribuant à la création de structures de gouvernance solides ancrées dans les lois propres aux communautés. Il pose les fondements d'un respect mutuel et d'une prospérité partagée pour les peuples autochtones et tous les Canadiens.
Merci beaucoup de nous avoir donné l'occasion de rencontrer le comité. Mme Napoleon et moi serons maintenant heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins qui ont fait des exposés aujourd'hui.
Je suis très heureux que des représentants de l'Université de Victoria soient ici. J'avais déjà entendu votre exposé auparavant, et vous parlez d'un sujet très important auquel nous devons nous intéresser davantage.
Je crois que je suis le seul député libéral qui a vécu les pensionnats indiens. Parmi tous les députés à la Chambre des communes, je pense qu'il n'y a que deux d'entre nous à être passés par là. Je ne suis pas absolument certain, mais je crois aussi être le seul député qui habite dans une communauté autochtone, et il s'agit d'une petite collectivité.
Si je travaille en politique à ce niveau, c'est notamment parce que je suis préoccupé par les enjeux qui concernent la jeunesse et l'avenir des jeunes dans le Nord, en particulier dans les populations autochtones. Beaucoup d'entre nous reconnaissent que l'avenir passe par l'éducation. Des occasions et des possibilités se présentent tout au long de la vie des personnes, mais celles-ci ne peuvent pas en profiter quand leur niveau de scolarité n'est pas aussi élevé qu'il devrait être.
On constate cela dans beaucoup de collectivités du Nord. Un conseil tribal, le gouvernement tlicho, a embauché des personnes à temps plein pour appuyer les étudiants qui poursuivent des études postsecondaires. Ils les appellent chaque mois, établissent s'ils ont besoin de mentors et déterminent les mécanismes nécessaires pour rendre leur éducation possible. Ces efforts portent des fruits. Cela crée des docteurs et des avocats. Des gens émergent du réseau de l’éducation avec des diplômes jamais vu auparavant, alors nous savons que c'est possible. Ces personnes obtiennent toutes de bons emplois.
Le besoin de commencer plus tôt et de ne pas réserver ces initiatives uniquement aux programmes d'études postsecondaires a également été reconnu. Des programmes comme le programme d’aide préscolaire aux Autochtones sont donc envisagés pour faire davantage et favoriser la participation dès un plus jeune âge. Nous avons vu que le programme de droit du Nunavut forme des personnes extraordinaires qui contribuent à changer les choses. Les personnes qui sortent de ce programme occupent ensuite toutes sortes de postes — que ce soit en politique ou dans le domaine des affaires — et ont une incidence très positive sur la société.
J'aimerais poser quelques questions. Tout d'abord, je reconnais que pendant trop longtemps les établissements du Sud du pays ne permettaient pas aux Autochtones d'être autochtones. Si vous alliez dans le Sud, vous deviez mettre de côté votre culture et tout le reste pour vous concentrer sur votre éducation. Votre programme permet-il aux participants de rester fiers de leur culture et de leurs traditions?
:
Merci, monsieur le président.
J'avais encore quelques questions à poser, et je remercie Francesco de m'avoir donné une partie de son temps.
Je veux m'adresser de nouveau aux représentants de l'Université de Victoria et souligner encore une fois leur bon travail. Je salue leurs efforts. J'ai vu les résultats du programme de revitalisation linguistique . J'ai appris que l'Université avait doublé son nombre d'étudiants autochtones. C'est tout à fait merveilleux. Je pense toutefois que nous pourrions en faire encore plus.
Je tiens réellement à savoir si votre plan tient compte des défis que nous devons relever. À cause de ce qui s'est passé dans les pensionnats indiens, il y a encore beaucoup de parents qui n'encouragent pas l'éducation. Je ne devrais pas utiliser le mot « beaucoup », mais il y a encore quelques parents qui n'assistent pas à la cérémonie de remise de diplômes de leurs enfants parce qu'ils ne veulent pas mettre les pieds dans de tels établissements.
Ce sont là certains des problèmes avec lesquels nous sommes aux prises. Toutefois, il faut reconnaître que l'éducation dans le Nord est de piètre qualité. Nous n'avons pas tous les cours obligatoires et tous les cours préalables requis pour aller directement à l'université. La réalité est que les personnes venant de petites localités ne peuvent pas aller directement à l'université. Ils doivent suivre d'abord des cours d'appoint ou d'autres cours, ce qui est très décourageant pour nos jeunes.
Premièrement, est-ce que votre système pourrait permettre à ces étudiants de suivre des cours préparatoires dans votre université afin qu'ils puissent s'inscrire au programme de droit ou au programme de langues?
Deuxièmement, est-ce que vous avez prévu dans votre plan un objectif visant à augmenter le nombre d'instructeurs autochtones? Sans eux, la dimension culturelle n'a souvent pas autant de poids et n'est pas aussi bien acceptée par les étudiants. De plus, on constate, dans ces cas, une érosion de l'intérêt pour les langues autochtones. Nous savons que la connaissance de ces langues est bénéfique. C'est un autre domaine auquel nous pourrions encourager les étudiants à s'intéresser.
Voilà mes deux questions.