Je vous remercie infiniment de m'avoir invité.
J'aimerais dire d'emblée que je me réjouissais de la promesse électorale du gouvernement, confirmée dans les lettres de mandat des ministres, de mettre en place la Banque de l'infrastructure du Canada qui fournira du financement à faible taux aux projets de construction de nouvelles infrastructures municipales.
Je me réjouissais aussi beaucoup de la promesse d'un gouvernement plus ouvert et plus transparent et de celle de renforcer la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie.
J'étais très heureux d'entendre le dire qu'il mettrait fin à l'utilisation antidémocratique des projets de loi omnibus pour empêcher les parlementaires d'étudier les propositions et d'en débattre convenablement. C'est la raison pour laquelle, comme bien d'autres, je suis si déçu des plans contenus dans le projet de loi pour la Banque de l'infrastructure. Les promesses sont rompues l'une après l'autre.
Déjà, cette banque n'offrira pas de financement à faible taux aux municipalités. C'était la promesse électorale et celle qui se retrouvait dans les lettres de mandat des ministres. Or, la priorité est désormais d'attirer des capitaux à intérêt élevé du secteur privé. J'ai récemment rédigé un rapport dans lequel j'expose pourquoi ces projets pourraient coûter deux fois plus cher s'ils dépendent d'emprunts privés à intérêts élevés. Personne ne remet ces chiffres en question. En fait, il y en a même qui estiment que le retour sur l'investissement sera encore plus grand pour le secteur privé. Cela signifie que nous en aurons pour la moitié de notre argent en infrastructure: nous en retirerons donc moins d'infrastructure, pas plus.
Cette banque ne sera ni ouverte, ni transparente, ni imputable aux Canadiens. Le vérificateur général du Canada est bien plus limité lorsqu'il se penche sur les activités des sociétés d'État que sur des projets directement publics. De plus, selon ce projet de loi, quiconque divulguerait des renseignements sur les promoteurs de projets d'infrastructure serait passible d'une amende de 10 000 $ et de six mois d'emprisonnement. Ces investissements doivent être faits dans l'intérêt du public, alors que le projet de loi interdit aux fonctionnaires de siéger à son conseil d'administration.
Cela n'aidera pas à renforcer la classe moyenne ni ceux qui travaillent fort pour en faire partie. Certes, les investissements en infrastructure créeront de l'emploi, mais on pourrait en créer beaucoup plus si l'argent était investi dans la construction et l'emploi plutôt que dans le remboursement d'intérêts élevés. Ce sont les classes moyennes et ouvrières qui seront les plus durement touchées par les frais d'utilisation élevés associés à ces projets. Ce sera néfaste pour l'économie que de gaspiller ainsi de l'argent qui pourrait servir à autre chose.
Cette banque a été conçue, comme nous le découvrirons bientôt, par un petit groupe de financiers privilégiés qui en seront les principaux bénéficiaires. Ce groupe comprend BlackRock Inc., le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, qui vient tout juste d'embaucher d'anciens hauts fonctionnaires. Comme d'autres l'ont déjà dit, s'il ne s'agit pas là d'un conflit d'intérêts, je ne sais bien pas de quoi il s'agit. Le et le prétendent avoir consulté les syndicats et d'autres acteurs, alors que nous savons que cette structure a été pensée par le Conseil consultatif en matière de croissance économique du , qui se compose à la majorité de grands PDG.
Je rappelle en passant que cette mesure fait partie du projet de loi budgétaire omnibus.
Par ailleurs, cette banque ne favorisera pas le genre de planification nationale détaillée de l'infrastructure dont nous avons besoin. Au contraire, les intérêts privés dominants feront pencher la balance du côté de tout ce qui permettra d'optimiser leurs profits privés. Si la banque est autorisée à recevoir des propositions spontanées, elle pourra trier sur le volet les actifs publics à privatiser par soif de profit. Il en résultera un amalgame de projets privatisés disparates ayant pour seule logique la quête de profits privés sur l'infrastructure publique. Le financement public initial de 35 milliards de dollars pavera simplement la voie à cette mascarade.
Je dois cependant dire que j'ai été très étonné, hier, d'entendre le dire que c'est le Cabinet qui approuverait les projets, parce que d'après mon interprétation du projet de loi et celle de la plupart des observateurs, ce n'est pas ce qui en ressort.
Le gouvernement devrait plutôt s'efforcer de respecter les promesses pour lesquelles les Canadiens l'ont élu et mettre en place une Banque de l'infrastructure qui fournirait du financement à faible taux aux projets de construction de nouvelles infrastructures municipales, et j'entends par là du financement public. Le gouvernement du Canada ne manque pas d'outils pour emprunter à faibles taux d'intérêts. De même, s'il avait recours à une banque publique ou à un créancier comme la Banque de développement du Canada, la SCHL ou DEC, ses investissements et ses emprunts n'alourdiraient pas le déficit ou la dette autant que la proposition actuelle.
Ensuite, il devrait assortir la banque et ses projets d'une imputabilité et d'une transparence bien plus grande et les assujettir à la surveillance du vérificateur général. Il devrait assurer la pleine divulgation publique de toutes les analyses de rentabilisation, des évaluations de l'optimisation des ressources et des contrats. Des fonctionnaires devraient siéger à son conseil d'administration pour veiller à ce que la banque agisse dans l'intérêt du public. Il faut veiller à ce que les projets d'infrastructure publique demeurent publics et non qu'ils fassent l'objet d'ententes secrètes.
Vous devriez également établir un processus public et transparent, fondé sur une analyse des faits, afin d'assurer une planification véritablement objective des projets d'infrastructure publique auxquels accorder la priorité au Canada. Ce type de proposition est essentiel pour assurer une planification vraiment rigoureuse de l'infrastructure nationale.
Merci beaucoup.
Je remercie le président, les vice-présidents et les autres membres du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. C'est pour moi un honneur d'être parmi vous aujourd'hui.
[Français]
Je formulerai de brefs commentaires sur le projet de loi , notamment en ce qui concerne les infrastructures essentielles du Canada.
[Traduction]
L'Institut des finances publiques et de la démocratie, dont je suis directeur de la Gestion des résultats et mon collègue Randall Bartlett, économiste en chef, a récemment publié un article sur l'évaluation des risques et des occasions que présente la Banque de l'infrastructure du Canada. La prémisse de base de cet article, c'est que nous devons nous doter d'une stratégie nationale en matière d'infrastructure fondée sur des données probantes. Ce devrait être notre priorité.
[Français]
Notre travail à cet égard nous a permis de cerner trois éléments clés qui forment la base des étapes nécessaires en vue de façonner un plan de travail et une stratégie nationale pour les infrastructures essentielles.
[Traduction]
Premièrement, il convient d'évaluer exhaustivement notre stock d'infrastructure. Plus précisément, nous devons nous demander si ces infrastructures nous procurent ou sont en voie de nous procurer les avantages escomptés au moment de l'approbation des projets. Un rapport publié par le National Audit Office du Royaume-Uni met en lumière les coûts et les défis associés à la mise en oeuvre des grands projets gouvernementaux, notamment quelques problèmes récurrents qui nuisent au rendement de ces projets.
Les auteurs se sont penchés sur 149 grands projets entrepris au Royaume-Uni en date de juin 2015, dont le coût total atteignait 511 milliards de livres pendant le cycle de vie. Or, ils estiment que, pour 34 % de ces projets, il est douteux ou impossible qu’ils soient réalisés avec succès à moins que des mesures soient prises. Les investissements en infrastructure ne garantissent pas à eux seuls des résultats.
[Français]
La deuxième étape est de mener une analyse stratégique des futurs besoins en infrastructures au Canada.
[Traduction]
Cette analyse permettrait de décrire les avantages économiques, sociaux et environnementaux attendus des investissements en infrastructure. Elle tiendrait compte de facteurs comme les tendances démographiques, la croissance de la population, l'activité économique actuelle et prévue, les corridors commerciaux et les futurs stimuli de la croissance économique, l'environnement et toute autre particularité ou besoin régional important.
Enfin, en comprenant bien l'état de nos infrastructures actuelles et nos besoins futurs, nous pourrons voir l'écart entre le statu quo et nos besoins en matière d'infrastructure. Ce serait le strict minimum, à notre avis, pour nous doter d'une stratégie nationale en matière d'infrastructure fondée sur des données probantes.
À l'heure actuelle, on estime l'écart entre le stock national et nos besoins entre 0 et 1 000 milliards de dollars. Bien que les estimations comportent toujours une part d'incertitude, c'est une très vaste fourchette, qui ne nous permettra pas de jeter les assises d'une stratégie nationale en matière d'infrastructure.
[Français]
Il est impératif de comprendre où nous en sommes et où nous allons. Ce n'est qu'à ce moment qu'une feuille de route peut être tracée, afin de nous amener à destination.
[Traduction]
En toute honnêteté, le budget de 2017 prévoit un projet ambitieux de collecte de données sur l'infrastructure canadienne afin de dresser un état des lieux pour mieux orienter les investissements en infrastructure. Ainsi, le projet de loi d'exécution du budget prévoit la collecte et la diffusion de données pour suivre et évaluer l'état de l'infrastructure au Canada parmi les fonctions de la Banque de l'infrastructure du Canada.
À notre avis, la collecte de données prévue dans le budget de 2017 et la fonction qu'il confère à la Banque de l'infrastructure du Canada sont précisément ce dont nous avons besoin avant tout pour jeter les bases scientifiques d'une stratégie nationale en matière d'infrastructure. Les détails de ce projet seront annoncés au cours des prochains mois, et nous avons très hâte de connaître les tenants et aboutissants de ce projet, ainsi que son calendrier. Commençons par nous doter d'un plan, après quoi nous pourrons mettre en place les bonnes stratégies et les bons outils, comme la Banque de l'infrastructure, pour mettre ce plan en oeuvre.
[Français]
Ces initiatives ne sont malheureusement pas dans le bon ordre: nous mettons la charrue avant les boeufs.
[Traduction]
Je vous remercie de nous accorder un peu de votre temps et de nous permettre de nous entretenir avec vous aujourd'hui. Je suis tout disposé à répondre à vos questions.
Je m'appelle Benjamin Dachis. Je suis directeur associé de recherche à l'Institut C.D. Howe. Nous sommes un groupe de réflexion national non partisan sur la politique publique.
Je vous résumerai aujourd'hui des travaux de recherche que j'ai publiés récemment sur le site Web de l'Institut C.D. Howe. J'en ai apporté quelques copies pour ceux que cela intéresse. Je présenterai également des travaux de Steve Robins, chercheur à l'Université Harvard, que nous publierons le mois prochain.
Le principal constat qui se dégage de nos travaux, c'est que la décision du gouvernement de créer la Banque de l'infrastructure est vraiment un pas dans la bonne direction, mais qu'il faut maintenant en peaufiner les détails. Nous croyons que la banque doit bénéficier d'un modèle de gouvernance indépendant, s'engager fermement à prendre des décisions fondées sur des données probantes et réduire au minimum l'influence politique dans ses négociations avec des partenaires potentiels du secteur privé ou d'administrations locales et provinciales.
Premièrement, il importe de rappeler les avantages à recourir à des investissements privés plutôt qu'à une dette absorbée par le contribuable. Le financement gouvernemental de l'infrastructure comporte deux formes de coûts cachés pour l'économie. Il y a d'abord le risque accru pour les contribuables, puis le préjudice économique de l'imposition.
L'un des arguments les plus souvent évoqués en faveur de l'investissement gouvernemental en infrastructure, c'est la faiblesse du taux d'intérêt comparativement à celui applicable à pratiquement toute autre forme d'emprunt. On serait porté à en déduire que le gouvernement devrait emprunter lui-même, n'est-ce pas? Eh bien, ne sautons pas aux conclusions: si le taux d'intérêt est plus bas, c'est parce que le créancier voit les contribuables comme garants de tout dépassement de coût ou retard de livraison. Il peut être préférable pour tous de partager le risque avec des investisseurs institutionnels.
Deuxièmement, tous les deniers publics que le gouvernement investit en infrastructure viennent nécessairement de taxes, et ces taxes signifient moins d'investissements de la part des entreprises et moins d'emplois pour la population. Le gouvernement peut alléger ce préjudice économique en faisant payer les utilisateurs plutôt que les contribuables pour l'infrastructure et en demandant à des investisseurs institutionnels de trouver du financement à sa place. C'est ce qui se passe dans les projets d'infrastructure avec investissement privé.
Il faut toutefois nous demander comment procéder pour bien faire les choses. Premièrement, au besoin, Ottawa et les provinces devraient créer des organismes de réglementation indépendants qui seraient chargés de surveiller les actifs en infrastructure pour veiller à ce que leurs propriétaires, qu'il s'agisse de gouvernements ou d'investisseurs institutionnels privés, agissent dans l'intérêt du public et dans une perspective de viabilité à long terme. Fait à noter: ce ne devrait pas être le rôle de la banque.
Analysons maintenant certaines des principales caractéristiques de la Banque de l'infrastructure telle qu'elle est proposée. Premièrement: la gouvernance. La banque devrait être investie d'un objectif unique qui définirait clairement le type de projets qu'elle vise à soutenir. Son indépendance devrait être garantie par la loi, de manière à la mettre à l'abri d'une influence politique constante, et les membres de son conseil d'administration devraient être indépendants et bénéficier d'un mandat à durée fixe.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral doit effectuer la planification normalisée des projets et se doter d'indicateurs rigoureux pour mesurer les coûts, les avantages et les risques. Il doit également s'engager à financer la collecte de données, à hauteur de plus de 100 millions de dollars en frais d'investissement, par exemple. À ce titre, la volonté exprimée dans le budget de 2017 d'améliorer la collecte de données sur l'infrastructure est clairement un pas dans la bonne direction.
Enfin, pour que l'analyse de la banque soit jugée crédible, rigoureuse et factuelle, celle-ci doit être affranchie des visées politiques du gouvernement au pouvoir. Il y a fort à apprendre de l'expérience d'Infrastructure Australia. Quand cette institution a été créée, elle était administrée par un conseil à l'indépendance limitée, qui comptait même des représentants de ministères parmi ses membres. Les États et les municipalités n'avaient donc pas envie d'y participer, puisqu'ils ne considéraient pas la banque assez indépendante. En 2014, le gouvernement fédéral de l'Australie a modifié son mandat afin de la doter d'un conseil d'administration véritablement indépendant pour répondre aux doléances des États et des municipalités. Dorénavant, les administrateurs ne peuvent être remplacés qu'en présence de motifs valables, et le quart d'entre eux est nommé sur la recommandation d'autres ordres de gouvernement.
Cette indépendance garantie par la loi signifie que le ministre en poste ne peut pas donner de directives à la banque sur le contenu de ses analyses ni l'obliger à réaliser des projets sans avantages nets. Tout octroi initial de ressources publiques doit recevoir l'approbation du ministre de l'Infrastructure et des Communautés, avec l'assentiment du Cabinet. C'est absolument nécessaire pour assurer la surveillance démocratique voulue, mais cette approbation ministérielle ne doit survenir qu'au tout début du processus. Lorsque la banque commence à lancer des appels d'offres de concert avec des partenaires privés ou gouvernementaux, elle devrait être en mesure de mener ses transactions à bien sans avoir à obtenir d'autres approbations ministérielles afin de convaincre les marchés de l'indépendance du processus d'approvisionnement.
Bref, la proposition du gouvernement de mettre en place une banque de l'infrastructure est une excellente idée si les choses sont faites correctement, et le projet de loi contient les principaux éléments d'une bonne proposition. Nous avons toutefois besoin de meilleures garanties institutionnelles, c'est donc là une question importante à laquelle le Comité doit réfléchir dans son étude du projet de loi.
Sur ce, je suis tout disposé à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président Easter, les vice-présidents et les membres du Comité.
Je m'appelle Andy Manahan. Je suis directeur exécutif de la Residential and Civil Construction Alliance of Ontario, un poste que j'occupe depuis environ 11 ans.
Évidemment, comme nous sommes une association provinciale, j'ai rarement l'occasion de prendre la parole à Ottawa, et je l'apprécie beaucoup.
Notre organisation a pour caractéristique unique d'être une association syndicale et patronale. Il n'y a aucune autre organisation au Canada, à ma connaissance, qui regroupe à la fois des associations d'entrepreneurs et des syndicats du domaine de la construction, donc ce sont nos membres qui bâtiront une partie des projets financés grâce à l'agence d'investissement dans l'infrastructure du Canada ou à tout autre programme de financement des infrastructures existant ou future.
Je dois préciser d'emblée que nous avons commandé un rapport indépendant, en 2009 environ, qui recommandait la création d'une banque de l'infrastructure, sans toutefois en prescrire toutes les composantes. Donc, quand nous avons entendu, en 2015, que le gouvernement à Ottawa envisageait de mettre en place une banque de l'infrastructure, nous avons décidé de commander un autre rapport et d'utiliser le terme « banque de l'infrastructure ». Ce rapport a donné lieu à une table ronde, qui rassemblait le sous-ministre, le sous-ministre adjoint de l'infrastructure de l'Ontario et bien d'autres éminences grises, dont Ben, pour réfléchir aux menus détails de cette proposition.
Je dois dire que cette idée est loin de faire l'unanimité, mais en général, nous avons conclu que cette banque ou cette agence peut avoir bien du mérite si elle est constituée convenablement.
À l'issue de cette table ronde, nous avons confié un mandat à Matti Siemiatycki, qui sera ici un peu plus tard, cet après-midi, pour vous faire des recommandations détaillées sur le fonctionnement possible de cette organisation. Je laisserai Matti vous en parler plus en détail.
Je veux vous présenter très simplement les principaux rôles que cette organisation devrait jouer selon notre organisation. Comme Ben nous l'a dit, je crois que l'évaluation des projets est une fonction fondamentale.
J'ai reçu hier à peine le rapport de KPMG sur divers éléments, dont le manque de financement des infrastructures et le déficit au Canada, et à mon avis... Vous savez, certaines personnes citent toujours le chiffre de 123 milliards de dollars pour décrire le déficit, alors qu'il date de 10 ans. Notre propre modélisation en matière d'infrastructure se fonde sur le modèle multi-agents, qui donne une perspective différente à l'analyse. Plutôt que de nous demander à combien se chiffre le manque à gagner, nous nous demandons ce que nous dépensons en infrastructures par rapport au PIB. Actuellement, nos dépenses se situent à 3,1 % du PIB canadien. D'un point de vue macroéconomique, l'idéal serait de 5 %, donc c'est un objectif.
Je trouve utile de faire des estimations précises lorsque vient le temps d'établir les budgets locaux ou régionaux, mais que ce genre d'hypothèses ne sert pas à grand-chose lorsqu'il s'agit d'ingénierie, de remplacement complet ou d'autres choses du genre. Je pense que les grands cabinets de consultants en gestion font fausse route en insistant autant sur l'ampleur réelle du déficit, parce que cela ne nous aide pas vraiment.
Bien qu'il y ait de grandes pénuries en infrastructures, la liste des projets qui répondraient aux critères, notamment d'importance sociale et environnementale, serait sûrement longue, mais comment déterminer l'ordre de priorité des projets parmi tant de projets pertinents? Je pense que nous pourrions probablement dresser la liste des très bons projets dans toutes vos circonscriptions, mais qu'il faut absolument chercher les projets rentables, de divers points de vue.
Parlons aussi de revenus. Matti abordera sans doute la question à son tour, mais il est très important que ces projets génèrent des revenus. Je sais qu'il peut être politiquement toxique de parler de péage routier, par exemple, mais les revenus fiscaux tirés de la taxe sur l'essence sont en baisse. Nous voyons ce qui se passe aux États-Unis, avec la création de fonds en fiducie fédéraux et locaux pour financer des autoroutes. La situation n'est probablement pas aussi grave au Canada, mais elle suit la même tangente, parce que les voitures consomment de moins en moins de carburant et qu'il y a un plus grand nombre de véhicules électriques, donc il doit y avoir une transition.
Je pense que c'est en mai 2016 que j'ai entendu le lancer quelques idées et parler des différentes stratégies possibles. Je crois que nous sommes à l'aube de l'ère des véhicules connectés, des voitures autonomes et des véhicules électriques et que cela se mariera très bien au modèle de la tarification routière.
J'ai appris lors d'une conférence à laquelle j'assistais vendredi dernier qu'il y a, aux États-Unis, 14 États de l'Ouest qui se demandent comment effectuer la transition de la taxe sur l'essence à la tarification routière. Ils sont en train de mener une expérience sans véritable incidence financière — c'est comme un jeu avec de l'argent Monopoly —, mais plus de 5 000 personnes participent à ce programme volontaire et essaient d'imaginer l'avenir. Nous ne savons pas encore ce qui en ressortira, mais je pense que nous aurions intérêt à garder un oeil sur ce genre d'initiatives de villes intelligentes, aux États-Unis et de plus en plus au Canada.
Si Ben a parlé d'indépendance dans son allocution, c'est notamment parce qu'il arrive que certains politiciens prennent des décisions qui envoient des messages vraiment négatifs.
Ainsi, lorsqu'il a été convenu pendant la campagne de 2015 qu'il n'y aurait pas de péage pour le pont Champlain, il fallait comprendre qu'il y avait tout lieu de s'inquiéter de l'accès à venir à des sources de revenus. Je pourrais vous donner bien des exemples, mais je tiens à souligner celui du prolongement du métro à Scarborough. L'agence qui a effectué l'analyse de rentabilisation pour ce projet en est arrivée à la conclusion qu'il fallait opter pour le train léger. Étant donné la popularité de l'ancien maire Ford à Toronto, l'approche adoptée par la première ministre et les liens entre Ford et l'ancien premier ministre Harper et l'ancien ministre des Finances Flaherty, c'est une décision politique qui a été prise, malgré tous les éléments qui pointaient dans le sens contraire. On a alors déterminé que l'on avait besoin d'un métro, le projet étant maintenant limité à une seule station. Nous allons certes en bénéficier, car ce sont sans doute nos membres qui vont construire ce métro mais, pour dire les choses comme elles sont, il aurait été préférable d'avoir un train léger avec plusieurs arrêts, chacun d'eux donnant lieu à des projets de construction résidentielle. Comment adopter un modèle de financement novateur dans ce contexte? Il faut récupérer la plus-value. Il y a bien des efforts créatifs qui sont entravés lorsqu'une ingérence politique semblable bouleverse les choses. Je ne suis pas en train de dire que c'est généralisé; je voulais seulement vous donner ces quelques exemples.
La gouvernance est sans doute l'enjeu le plus important en la matière. J'estime que le PDG de Metrolinx s'est retrouvé dans une situation de conflit d'intérêts, car il devait rendre des comptes à la fois au conseil d'administration de Metrolinx et à ses maîtres politiques à Queen's Park. S'il avait joui de l'indépendance voulue, il aurait probablement été plus persuasif en affirmant que le train léger était la meilleure solution.
Je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet, car je crois que vous avez compris où je voulais en venir. Est-ce l'exemple d'un cas extrême? Non. Même avec les nouveaux éléments dont vous avez sans doute pris connaissance à l'effet que l'achalandage n'est pas aussi élevé qu'il le devrait alors que les coûts continuent de grimper pour atteindre des niveaux exorbitants, personne ne semble vouloir rectifier le tir dans ce projet.
Au fil de l'évolution de l'agence, je ne préconise pas une approche au ralenti, mais plutôt une progression prudente ciblant des secteurs particuliers. Est-ce que cela devrait être le commerce, le transport ou le transport en commun? Devrions-nous considérer la tarification en fonction du coût total ou la tarification axée sur la conservation pour l'avenir de l'approvisionnement en eau dans ces collectivités? Oui. Devrions-nous examiner la question du transport d'énergie verte? Oui.
Il y a de nombreux concepts possibles, mais nous devrons veiller à prendre des mesures évolutives de la sorte pour que ce programme puisse être déployé efficacement.
Je vais en rester là. Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Nous vous prions d'excuser notre retard. J'ai deux ou trois observations à faire avant de poser une brève question.
J'ai entendu différents points de vue concernant les infrastructures. Je connais très bien le modèle des partenariats public-privé (PPP) en Ontario. Je m'occupais de négocier des obligations pour une des grandes banques, et je comprends bien le fonctionnement du financement pour les PPP et les différents modèles utilisés pour la construction, l'entretien et l'exploitation, notamment. Nous avons le projet de prolongement de la ligne de métro York Spadina jusqu'à Vaughan et nous aurons accès d'ici quelques semaines à un hôpital flambant neuf construit à Vaughan dans le cadre d'un PPP. En outre, notre gouvernement a mis de l'avant un plan sans précédent prévoyant des investissements dans les infrastructures qui totaliseront plus de 180 milliards de dollars au cours des 12 prochaines années.
Je suis d'accord avec ceux qui disent que le progrès doit avoir préséance sur le processus. Nous voulons que les projets puissent aller de l'avant. Nous ne voulons pas en discuter pendant une éternité. Je pense que c'est l'une des raisons qui expliquent notre déficit actuel en matière d'infrastructures, peu importe la manière dont on s'y prend pour en évaluer l'ampleur. Il s'agit de veiller à ce que le travail sur le terrain puisse être entrepris dès que possible.
À mon humble avis, la banque de l'infrastructure est l'un des moyens à notre disposition pour accélérer les choses en favorisant la construction d'un plus large éventail d'infrastructures grâce à la mobilisation des capitaux nécessaires. Je suis conscient de l'importance de la gouvernance et de la prise de décisions en fonction des données probantes pour les projets réalisés, mais reste quand même que l'idée est très inspirante. Je félicite notre gouvernement de l'avoir lancée. Je salue également la souplesse d'esprit dont notre gouvernement a fait montre pour envisager un mécanisme semblable parallèlement aux autres modèles qui existent au Canada. Je me réjouis en outre que nous intéressions non seulement au processus mais, chose plus importante, aux progrès à réaliser.
J'ai une brève question pour le représentant de l'Institut C.D. Howe.
J'aimerais savoir ce que vous pensez du rôle très important que les investissements privés jouent dans le développement des infrastructures.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins de leur présence.
Chose intéressante, il y a dans la région que je représente le projet de la promenade Herb Gray, un partenariat public-privé se chiffrant à 1,4 milliard de dollars. On s'apprête d'ailleurs à relier cette promenade à un pont où il y aura un poste frontalier dans le cadre d'un PPP, une première pour une telle installation.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de l'évaluation des risques relativement à ce projet de la promenade Herb Gray. Il s'agissait essentiellement de ce que l'on appelle une structure sur poutres. Cinq cent poutres ont dû être détruites dont 200 qui ont été retirées du sol et remplacées à cause d'un entrepreneur privé participant au PPP qui a pris des raccourcis au niveau des travaux de soudure nécessaires. Il est intéressant de noter que toute cette histoire a été rendue publique simplement parce que l'un des travailleurs et moi fréquentons le même centre de conditionnement physique.
Il y a également eu des problèmes de paiements non effectués. L'entrepreneur principal dans le cadre du PPP ne voulait pas payer ses sous-contractants locaux qui l'ont traîné devant les tribunaux. Des entreprises locales qui devaient avoir des contrats garantis ou tout au moins effectuer certains travaux dans le cadre du projet dans un régime concurrentiel, n'ont pas été payées pour certains de ces travaux. Il y a également certains frais juridiques qui font eux-mêmes l'objet d'un litige. Il semble que tout cela ne soit pas inhabituel dans le cas d'un PPP.
J'aimerais savoir ce que M. Sanger, et je vous invite tous à répondre, pense de cette réalité des PPP. Je crains que nous ne permettions ainsi que des déficiences et des coûts supplémentaires viennent contrecarrer l'avantage que procure une formule de conception, construction et recouvrement au moyen d'un système de cautionnement, par rapport à la marge de profit supplémentaire pouvant découler d'un PPP.
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Merci à tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais commencer par formuler quelques commentaires. Je crois que quelqu'un a mentionné la conversation sur l'infrastructure et la Banque de l'infrastructure.
Je crois que le problème, c'est que lorsque nous parlons de la Banque de l'infrastructure et des types de projets, nous parlons de projets uniques. Nous ne parlons pas des trottoirs, d'un parc ou des types d'infrastructure dont les petites collectivités ont besoin et auxquels pensent la plupart des Canadiens. Donc, cette confusion — ou parfois ces propos alarmistes — liée à la privatisation de toute infrastructure dans nos collectivités n'est pas ce dont il est question. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement s'est également engagé à fournir du financement pour l'infrastructure dans des tribunes traditionnelles.
Ensuite, la conversation a été lancée, et on a donné des exemples de projets liés à des P3 qui n'ont probablement pas très bien réussi.
J'ai des antécédents dans le milieu municipal, et je peux vous parler de projets complètement financés par le gouvernement qui ont aussi déraillé, car les propositions dépassaient le budget, il y a eu des retards liés à la construction, des employés n'ont pas été payés, une municipalité a été facturée deux fois, on a utilisé de l'acier illégal chinois, ou on a fait appel à des travailleurs non qualifiés. Des exemples de ce type sont en cours, et les contribuables finissent par payer d'une façon ou d'une autre. Des cas se retrouvent également devant les tribunaux. Dans ma municipalité, par exemple, nous avons dû poursuivre des gens qui n'avaient pas terminé des projets comme ils étaient censés le faire.
Voici donc mon problème. En effet, j'aimerais comprendre la corrélation selon laquelle les mauvais projets ou les mauvais entrepreneurs existent seulement dans le cadre d'un système de type P3. Malheureusement, nous pouvons avoir affaire à de mauvais entrepreneurs dans le cadre d'un projet complètement financé par le gouvernement ou dans des partenariats avec le secteur privé.
C'est le commentaire que je tenais à formuler. Je suis sûre que certains d'entre vous souhaitent répondre à cela. Étant donné que mon temps est limité, je voulais formuler ce commentaire et ensuite poser une question liée aux lacunes en matière d'infrastructure, car cela m'intéresse.
Nous ne parlons pas de chaque trottoir, de chaque parc ou de chaque besoin municipal. Comment déterminez-vous ces lacunes lorsque parfois, ces projets...? Nous avons beaucoup entendu parler du transport en commun, par exemple. Parfois, les municipalités ne connaissent pas nécessairement leurs besoins, car ils sont trop gros pour envisager de les combler dans les budgets de 5, 10 ou 15 ans que nous établissons. Il s'agit, par exemple, d'une chose qu'on aimerait acquérir, mais il faut d'abord réparer la piscine locale, le trottoir ou une route. Comment pouvons-nous parler de ces lacunes, lorsque ces types de projets de transformation...? Certaines municipalités ne savent peut-être même pas quels sont leurs besoins ou comment les identifier.
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Si vous me permettez d'intervenir, je pense que vous avez absolument raison. Tous les types de projets ont eu des problèmes, et il y a eu un problème lié à ce qu'on a appelé le biais optimiste à l'égard du secteur public, et ce n'est donc pas une situation unique.
Ce qui est préoccupant dans ces grandes ententes conclues avec le secteur privé, c'est qu'on n'a pas de transparence et que la possibilité qu'il y ait des délits d'initié est plus élevée, comme nous l'avons vu dans le cas de l'hôpital de McGill, à Montréal. En effet, il y avait beaucoup de corruption et de fraude dans ce projet. Ces cas n'offrent pas une transparence suffisante.
J'ai discuté des lacunes en matière d'infrastructure avec la FCM. Ben a raison. Je crois que c'est la raison pour laquelle il est important d'améliorer la planification nationale à cet égard, et pas seulement pour tenter d'obtenir une valeur pour l'argent investi, mais aussi pour tenter de déterminer les coûts et les avantages de ces différents projets de cette façon, afin que ce ne soit pas seulement axé sur cela ou sur les soumissions non sollicitées. Les gens voudront réaliser un profit dans le cadre de ces projets.
Nous avons l'exemple du REM à Montréal, qu'on considère comme étant l'exemple parfait de cette situation, mais il présente de gros problèmes. Ce n'est pas intégré, car les intervenants jugent qu'ils feront davantage d'argent avec le système existant. Les gens devront payer davantage.
Je suis très préoccupé au sujet de l'augmentation des frais d'utilisation dans ce cas. Certaines personnes pensent que c'est une chose positive, mais je crois qu'il faut vraiment examiner ce qui s'est produit en Ontario et ailleurs pour comprendre comment ces frais d'utilisation ont réellement nui à des membres de la classe moyenne, car ils ont fait augmenter leurs coûts et maintenant, ces gens se rebellent. C'est un avertissement important pour l'avenir, et vous devriez en tenir compte.
:
Merci beaucoup, monsieur Easter. Je remercie votre comité de m'avoir invité à venir discuter du projet de loi .
Tout projet de loi d'exécution du budget suscite toujours des propos intéressants et fait toujours beaucoup parler de lui. Bref, je vous félicite d'avoir mis fin à plusieurs réductions d'impôts coûteuses et peu utiles qui ont été consenties au cours des années antérieures. J'espère que votre comité continuera sur sa lancée et qu'il s'occupera de plusieurs des échappatoires fiscales plus importantes et plus régressives, comme la déduction pour options d'achat d'actions et le taux d'inclusion des gains de capital.
Aujourd'hui, je voudrais concentrer mes observations sur le projet de banque de l'infrastructure. Faisons d'abord observer que quelle qu'en soit la structure, les prêts n'arrivent pas à la cheville du financement fédéral et, au cours du siècle qui vient de s'écouler, une évolution notable est survenue dans les investissements dans les infrastructures et dans la part des autorités qui en étaient responsables. En 1955, 35 % de chaque dollar consacré aux infrastructures provenait de l'État fédéral. Aujourd'hui, c'est 15 %, le relais ayant été pris par les municipalités. En 1955, 25 % de chaque dollar consacré aux infrastructures provenait d'elles. Aujourd'hui, c'est près de 50 %. Quant à la part des provinces, elle est restée tout ce temps à peu près la même.
L'État fédéral continue de payer le taux d'intérêt le plus faible tout en profitant de la plus grande assiette fiscale. Par ailleurs, les municipalités doivent payer les taux d'intérêt les plus élevés, mais leur assiette fiscale est la plus réduite. Cette différence entre les coûts est dissuasive pour les dépenses consacrées aux infrastructures, et les coûts dont on charge ce palier inférieur frappent celui qui est le moins en mesure de les payer.
D'après moi, les principales fonctions d'une banque bien conçue d'investissement dans les infrastructures sont d'abord d'abaisser les taux d'intérêt pour les municipalités et d'ensuite faciliter les emprunts. Elles profiteraient particulièrement aux petites municipalités ou à celles qui connaissent mal les projets d'envergure. Cependant, aucune de ces fonctions simples n'est proposée dans le projet de loi .
Les municipalités sont exposées à des taux d'intérêt supérieurs à ceux que doit payer l'État fédéral. Ce matin, j'ai consulté les taux des obligations pour la ville d'Ottawa qui paie 2,25 % sur les obligations de cinq ans. La région de Halton, en périphérie immédiate de Toronto, paie 2,54 % pour les obligations du même terme. Le taux payé par l'État fédéral, pour ses obligations du même terme serait de 0,82 %, soit, en gros, 1,5 % de moins que ce que paient les grandes villes. À l'instar des hypothèques, des taux d'intérêt supérieurs signifient des coûts plus élevés pour les villes et des droits plus élevés pour les usagers canadiens.
Une banque d'investissement dans les infrastructures pourrait emprunter à des coûts moindres, près du taux fédéral. Pour sa part, le taux d'emprunt que paie l'État fédéral est près d'un minimum sans précédent, vu la demande incroyable dont ses obligations font l'objet. Autrement dit, les investisseurs se les arrachent, ce qui en élève le prix et en abaisse le rendement. La banque pourrait en profiter et refiler les économies aux villes.
Cependant, je crains que, à cause de sa structure actuelle, cette banque n'atteigne pas l'objectif de réduire des coûts d'emprunts pour les villes, et que, en fait, il n'obtienne le résultat exactement contraire. L'organisme proposé semble répondre aux besoins des investisseurs et non à ceux des villes. En fait, l'apport d'aucun gouvernement, comme on le dit explicitement et bizarrement, n'est nécessaire pour accéder aux fonds par le truchement de la banque, dont il semble que l'objectif privilégié sera les partenariats public-privé, les PPP, et non le financement à moindre coût. La conséquence prévisible sera que les taux d'intérêt imposés aux villes sur les projets de la banque seront de 7 % à 9 % plutôt que de 0,08 %, le taux d'emprunt fédéral en vigueur. Autrement dit, la structure qu'on propose multipliera les taux d'intérêt par 10.
Comme pour les hypothèques, des taux d'intérêt sensiblement plus élevés entraînent le paiement de taux supérieurs pendant la vie du projet, et ces coûts supérieurs sont supportés par les gouvernements, les usagers ou les deux.
Les municipalités ne sont pas aveugles, préférant souvent le financement public, en raison de ses coûts inférieurs à ceux des PPP. Ce n'est pas un problème hypothétique. En 2014, la vérificatrice générale de l'Ontario a examiné pour 28 milliards de dollars de projets de PPP entrepris par le gouvernement de cette province, un montant, entre parenthèses, semblable à celui qu'envisage la banque fédérale. La vérificatrice avait conclu que les PPP ajoutaient 8 milliards aux 26 milliards des projets, un surcoût presque entièrement attribuable aux coûts supérieurs d'intérêt et supporté par le gouvernement de la province et, en fin de compte, par les Ontariens pour augmenter les profits des consortiums des PPP.
J'encourage votre comité à recentrer la mission de la banque de l'infrastructure sur l'abaissement des taux d'intérêt pour les municipalités tout en accélérant leur accès à des prêts pour infrastructures.
La réorientation des priorités de la banque sur les besoins des villes plutôt que des investisseurs servira au mieux les intérêts des Canadiens en maintenant les coûts et les frais d'utilisation peu élevés, tout en encourageant les villes à faire appel à la banque en raison de ses taux concurrentiels.
Je vous remercie infiniment de votre attention, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
Monsieur le président, coprésidents et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je suis heureux de m'adresser à vous au nom du Conseil, une organisation sans but lucratif, non partisane et composée de membres qui représente l'ensemble des instances gouvernementales du Canada ainsi que le secteur privé. Sa mission consiste à faire valoir des méthodes judicieuses, novatrices et modernes pour le développement des infrastructures et la prestation de services, au moyen de partenariats public-privé, ou PPP. Le Conseil préconise les politiques gouvernementales fondées sur des données probantes, sensibilise les intervenants et les collectivités sur les avantages économiques et sociaux des PPP, et favorise l'adoption des pratiques exemplaires d'ailleurs dans le monde pour continuer d'être les meilleurs dans notre domaine.
Je tiens à souligner que le Conseil n'est pas un groupe de pression. Au contraire, il travaille en partenariat avec les gouvernements pour leur permettre d'obtenir les meilleurs résultats et d'offrir la meilleure valeur aux contribuables, grâce à leurs investissements respectifs dans l'infrastructure.
Le Conseil est ravi d'appuyer aujourd'hui le projet de loi , et plus particulièrement les dispositions sur la création de la Banque de l'infrastructure du Canada.
Je sais que les membres du Comité sont bien conscients que, indépendamment de la taille du déficit canadien en matière d'infrastructure — que certains estiment à environ 1 000 milliards de dollars — et des défis budgétaires que tous les gouvernements du pays doivent relever, un investissement continu dans les infrastructures est absolument indispensable puisqu'il stimule la création d'emplois, la productivité, la croissance économique et la prospérité, de même que la compétitivité à l'échelle mondiale. C'est pour cette raison que le Conseil a appuyé les programmes d'infrastructure à long terme des gouvernements successifs visant à combler le déficit du pays en matière d'infrastructure. On notera bien sûr à cet égard l'investissement fédéral sans précédent et ambitieux de 186 milliards de dollars pour les 12 prochaines années.
Nous serons les premiers à dire que le gouvernement ne peut pas y arriver seul. Aucune instance gouvernementale n'a l'argent ou l'expertise nécessaire pour créer l'infrastructure de calibre mondial requise pour faire croître l'économie canadienne et améliorer le bien-être social de nos citoyens. C'est pourquoi la création de la Banque de l'infrastructure du Canada est une initiative aussi intéressante et novatrice qui arrive à point nommé.
Comme vous le savez, la banque a pour mission de réaliser des projets d'infrastructure générant des revenus en attirant des investisseurs privés. L'injection de fonds privés permet au gouvernement de mieux utiliser les deniers publics afin de réaliser un vaste éventail de projets d'infrastructure, comme de nouveaux systèmes d'aqueduc, des logements sociaux, des installations récréatives et culturelles et des infrastructures dans les réserves.
Le Canada est reconnu pour la réussite de ses partenariats avec le secteur privé. L'idée de faire participer le secteur privé à la conception, à la construction, au financement, à l'entretien et même à l'exploitation d'infrastructures publiques essentielles ne date pas d'hier au Canada. Nous avons une longue tradition de PPP fructueux au pays. Le modèle canadien a donné lieu à des infrastructures de qualité, qui ont été construites dans le respect des délais et du budget, et qui offrent une valeur exceptionnelle aux contribuables. Ce résultat est surtout attribuable à la rigueur et à la discipline que le secteur privé apporte au processus d'approvisionnement.
Il y a actuellement 258 PPP au Canada. La valeur des installations déjà en activité ou en construction dépasse les 122 milliards de dollars, ce qui comprend toutes sortes de projets, comme des hôpitaux et des établissements de soins longue durée, des routes, des ponts, des transports en commun et des installations de traitement de l'eau et des eaux usées. Il est important de souligner que, dans tous les cas, ces projets demeurent de propriété publique et restent sous le contrôle de l'État. Il ne s'agit en aucun cas de privatiser les actifs du gouvernement.
D'après l'estimation indépendante du Canadian Centre for Economic Analysis, les PPP auraient permis aux Canadiens d'économiser jusqu'à 27 milliards de dollars depuis leurs 25 années d'existence. Il a été démontré que ces projets sont construits 13 % plus vite que ceux qui sont réalisés de la façon traditionnelle, ce qui a apporté 11 milliards de dollars de plus à l'économie canadienne.
Surtout, les PPP créent 115 000 emplois et génèrent en moyenne 5 milliards de dollars chaque année en salaires additionnels. Grâce à cette excellente feuille de route, les PPP canadiens sont reconnus comme étant les meilleurs au monde.
Au fil des ans, Nanos Research a démontré que 7 Canadiens sur 10 sont toujours en faveur des PPP et reconnaissent que le secteur privé est mieux outillé que le gouvernement pour réaliser des projets de grande qualité dans le respect des délais et du budget.
L'expérience canadienne en matière de PPP prouve qu'il ne manque pas de capital privé à investir dans l'infrastructure canadienne, et que le secteur privé est prêt à assumer un risque considérable pour appuyer ces projets. Nous avons un problème de fonds au Canada, mais pas de financement. Si elle est structurée adéquatement, la Banque de l'infrastructure du Canada pourra selon nous mettre davantage à contribution les deniers publics en transférant le risque lié aux revenus et en réduisant les dépenses publiques, tout en s'assurant que les projets sont livrés à temps et dans le respect du budget, puis qu'ils sont bien entretenus tout au long du cycle de vie de l'actif.
Lorsque je parle d'une structure adéquate, je veux dire que chaque projet qui fait appel à la Banque de l'infrastructure doit d'abord et avant tout avoir fait l'objet d'une analyse commerciale solide. Aussi, le processus d'approvisionnement qui en découle doit être concurrentiel, efficace, transparent et équitable. Il faut aussi reconnaître que tous les gouvernements n'ont pas la capacité ou l'expertise nécessaire pour réussir des projets importants, complexes et générateurs de revenus qui relèveront de la Banque.
Dans ces circonstances, nous demandons instamment au gouvernement de créer un fonds pour la préparation au projet qui serait à la disposition des instances provinciales, territoriales, municipales et autochtones qui sont moins expérimentées. L'argent leur permettrait de faire appel aux services de consultation et aux conseillers dont ils ont besoin pour réussir la mise en marché de leurs projets.
Aux yeux du Conseil, la Banque de l'infrastructure du Canada est un autre outil dans la trousse du gouvernement qui lui permet de réaliser des infrastructures de qualité supérieure pour les Canadiens, et d'assurer une meilleure stabilité économique aux collectivités d'un bout à l'autre du pays. Nous croyons que la Banque peut attirer des capitaux privés et s'inspirer du modèle canadien de PPP réussis. Nous sommes les premiers à affirmer que les PPP ne sont pas une panacée, mais lorsqu'ils sont créés pour les bonnes raisons et les bons projets, ils produisent des résultats tangibles dans l'intérêt des Canadiens.
Maintenant que l'emplacement de la Banque a été décidé, les prochaines grandes étapes consistent à recruter un président compétent et expérimenté, un conseil d'administration et un PDG qui, ensemble, viendront étoffer cette nouvelle institution. Mon Conseil est convaincu que sous une direction forte et déterminée, la Banque de l'infrastructure du Canada sera bien placée pour continuer à mener le pays sur la voie du succès, et nous sommes heureux d'appuyer la loi dont le Comité est saisi.
Je vous remercie infiniment. Je serai ravi de répondre aux questions.
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Je m'appelle Matti Siemiatycki, et je suis professeur agrégé en géographie et en planification à l'Université de Toronto. J'ai passé les 15 dernières années à étudier l'infrastructure, et plus particulièrement les partenariats public-privé, ou PPP. Au cours de la dernière année, je me suis surtout intéressé à la Banque de l'infrastructure.
J'ai d'ailleurs rédigé deux rapports à ce sujet, qui donnent des détails sur le rôle et la structure de cette entité. Depuis que j'étudie la Banque de l'infrastructure, son rôle a changé. Il est passé d'un rôle de financement à faible coût des municipalités à un rôle visant à attirer du capital privé et à investir dans des infrastructures génératrices de revenus.
Dans le cadre de mes études, je me demande sans cesse quelle est la valeur de cette banque. À la lecture des commentaires et des discussions publiques sur la Banque, il est question de déterminer sa valeur publique et d'évaluant l'avantage de se doter d'un établissement semblable. Nous souhaitons notamment savoir quels types de projets feront l'objet d'un investissement. Permettez-moi donc de prendre quelques minutes pour vous parler de ces idées, c'est-à-dire la valeur publique de la Banque, et le type de projets qui seront réalisés.
Je pense qu'il faut d'abord comprendre quelques éléments fondamentaux relatifs au secteur de l'infrastructure au Canada. Premièrement, la plupart des biens d'infrastructure dans les secteurs qui préoccupent les Canadiens, et que le gouvernement a priorisés, ne couvrent pas leurs coûts d'exploitation, et encore moins leurs coûts d'immobilisations à l'aide de frais d'utilisation. Cela comprend le transport en commun, la plupart des routes sans péage, bon nombre de nos systèmes d'approvisionnement en eau et notre parc immobilier abordable. La plupart de ces actifs ne recouvrent pas leurs coûts au moyen de frais d'utilisation, y compris VIA Rail.
Cela signifie que la Banque ne versera pas de sommes supplémentaires à ces secteurs. Il ne s'agit pas de fonds additionnels. Tout argent investi grâce à la Banque devra être remboursé d'une façon ou d'une autre. L'argent proviendra soit de frais d'utilisation qui n'existent pas sur ces classes d'immobilisations, soit d'une autre source gouvernementale. À l'exception des projets qui perçoivent des frais d'utilisation, il ne s'agit pas de fonds nouveaux permettant d'accroître les ressources. C'est une technique de financement, et non pas de nouveaux fonds. Nous devons l'établir clairement.
Si la Banque se concentre sur les projets qui génèrent des revenus, cela réduira la portée des projets qui seront vraiment rentables et intéressants. N'oubliez pas que nous avons beaucoup parlé des investisseurs institutionnels. La raison pour laquelle ces entités n'ont pas beaucoup investi au Canada jusqu'à présent, c'est par manque de flux des occasions d'investir. Ils ne s'intéressent pas à ce genre d'actifs, mais plutôt aux projets de très grande envergure, qui ont généralement une valeur minimale de 500 millions de dollars, pouvant aller jusqu'à un milliard de dollars. Ils veulent des projets astronomiques dans lesquels ils peuvent obtenir une participation. Jusqu'à maintenant, ces types de projets n'ont pas souvent été réalisés au Canada.
Le troisième point à soulever, c'est que les provinces et les municipalités fournissent la plupart des infrastructures au Canada. La Banque de l'infrastructure fédérale devra donc favoriser la collaboration. Elle ne proposera pas de projets, et elle devra collaborer tant avec des investisseurs privés qu'avec des instances provinciales et municipales, qui sont bien souvent responsables des approbations, de l'exploitation et de l'entretien des actifs.
En quatrième lieu, il existe déjà des institutions au pays qui fournissent plusieurs de ces services. Les organismes de financement des provinces et des Premières Nations offrent déjà un financement peu coûteux aux municipalités. Il existe également des organismes de PPP dans tout le pays qui apportent une expertise et un soutien. N'oublions pas que la plupart des projets de PPP au Canada sont provinciaux, et non pas fédéraux. Nous devons comprendre ces chevauchements organisationnels et nous assurer de bien collaborer avec cette institution.
Enfin, comme Mark l'a mentionné, nous avons beaucoup utilisé les modèles de PPP d'un bout à l'autre du pays, de sorte qu'il y a déjà des capitaux privés du côté des infrastructures.
Après cette mise en contexte, la question qui se pose est la suivante: quel rôle la Banque de l'infrastructure peut-elle jouer? Je suis d'avis que la véritable occasion à saisir consiste à opter pour des projets non conventionnels, novateurs et d'importance nationale. Je parle de vrais gros projets qui changent la donne, de projets ambitieux qui amèneront le Canada dans une autre direction, de projets au financement non conventionnel qui sont payés au moyen de frais d'utilisation.
À mon avis, ce ne sera pas pour les projets typiques de construction routière ou de transport en commun, mais plutôt pour de très grands projets à long terme, des projets qui nécessitent souvent de nombreux partenaires, et qui s'accompagnent donc d'un risque et de la nécessité de rassembler ces partenaires. Les revenus proviendront de nombreuses sources, pas seulement des frais d'utilisation, mais peut-être aussi d'une combinaison de sources qui permettront alors de payer les capitaux et l'exploitation de l'infrastructure. Enfin, il s'agira de projets hautement risqués pour tous les partenaires, tant dans le secteur privé que dans le secteur public, à savoir le gouvernement, mais en revanche, ils pourraient être grandement profitables à toutes les parties.
Je peux vous donner quelques exemples de projets auxquels je pense afin de vraiment bien les cerner. Il y a entre autres le réaménagement d'un secteur riverain. Nous pouvons penser à un projet comme le réaménagement des terrains portuaires à Toronto. En investissant dans la protection contre les inondations dans cette zone de la partie est du centre-ville de Toronto, nous exploitons un potentiel de réaménagement de terrains se chiffrant à des milliards de dollars. Un seul investisseur ne sera pas en mesure de prendre les devants et d'investir dans la protection contre les inondations, mais il pourra participer aux projets d'immobilier et de transport une fois que les terrains seront prêts. La banque pourrait jouer un rôle en catalysant ce genre de développement.
Les projets de transport en commun sont un autre domaine où le transport et l'utilisation des terres pourraient être regroupés dans le même genre d'entente. Habituellement, le transport et l'utilisation des terres sont deux entités distinctes. Nous avons l'occasion de les regrouper pour générer des revenus, non seulement au moyen des tarifs du transport en commun, mais aussi grâce au potentiel de réaménagement autour des stations. Ces projets permettraient également de percevoir des loyers. Ce sont des projets innovateurs de transport en commun.
Les carrefours communautaires nous offrent une autre occasion de recourir à une utilisation multiple des terrains en jumelant des écoles publiques avec des centres de loisirs, et en essayant de financer cela en partie grâce au développement. Dans nos collectivités en forte croissance, nous avons de réelles occasions de mettre à profit le développement pour payer une partie de l'infrastructure et bâtir des collectivités fortes et intelligentes.
L'énergie verte offre des débouchés en matière de déchets et d'eau. Il y a la possibilité de créer des réseaux énergétiques de quartier dans certaines de ces régions en forte croissance. Dans un quartier de Toronto, un projet de centrale de production d'énergie n'a pas pu aller de l'avant tout simplement à défaut d'avoir les capitaux nécessaires. Le projet aurait été payé au fil du temps par le réaménagement du terrain et les logements en copropriété, mais on n'a pas réussi à rassembler la somme nécessaire pour payer les coûts initiaux.
Enfin, il y a l'infrastructure sociale. Il existe des exemples incroyables de projets qui regroupent des utilisations très créatives auxquelles vous ne penseriez pas. Il existe entre autres un projet de logements en copropriété et de refuge pour sans-abri se trouvant dans le même immeuble. Les revenus générés par les copropriétés servent à payer une partie du coût du terrain pour le projet.
Je pense que c'est le genre de possibilités pour lesquelles la banque peut jouer un rôle. Je veux reprendre ce que les autres témoins ont dit, à savoir que la planification fondée sur des données probantes doit être au coeur de ces démarches. Comment pouvons-nous établir l'ordre de priorité des différentes options et des différents projets et choisir entre eux? Je pose la question parce que la banque recevra beaucoup de demandes de financement. Comment payerons-nous pour ces projets?
Par ailleurs, la banque doit jouer le rôle de centre d'excellence qui est prévu dans la loi. Cela pourrait être une occasion en or.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous de vos témoignages.
Je veux donner suite aux propos du dernier intervenant concernant la valeur. Ma circonscription comprend deux municipalités: une municipalité de banlieue à côté de Toronto et une municipalité rurale plus au nord. Les services à large bande, par exemple, représentent une autre question importante en matière d'infrastructure. Nous avons beaucoup parlé du transport en commun. À propos de la valeur, monsieur Macdonald, vous avez dit quelque chose d'intéressant concernant l'augmentation possible des coûts.
Lorsqu'on ne tient compte que des taux d'intérêt ou des taux d'emprunt, par exemple, ma municipalité régionale a une cote de crédit AAA, ce qui signifie que nous pourrions contracter un prêt relativement bon. J'y pense, et je trouve que c'est intéressant compte tenu de mon expérience dans le milieu municipal, mais les administrations municipales ne pensent pas ainsi. Elles ont tendance à se dire que c'est un projet et une initiative dont elles ont besoin.
Les services à large bande sont un exemple parfait, car nous savons que les possibilités de croissance seraient illimitées. De plus, si l'une de nos municipalités devait les financer — et la personne qui me représentait au conseil municipal avait l'habitude de dire que c'était avec des « centaines de dollars » —, ce serait hors de question. En revanche, ce serait beaucoup plus réaliste si nous avions des partenaires, même si le taux d'intérêt est plus élevé et que nous devons assumer 25 ou 50 ¢ par dollar. Tout compte fait, le taux d'intérêt du projet serait peut-être plus élevé, mais nous ne serions pas les seuls à le financer.
De plus, parce qu'il n'y a qu'un seul contribuable, si je m'adressais aux contribuables de ma collectivité, il pourrait me dire que si je veux donner suite au projet sans banque de l'infrastructure, le taux d'intérêt serait moins élevé, mais nous paierions le coût total du projet. Par contre, s'il y avait des investissements privés, ils me diraient que même si le projet dans son ensemble est assorti d'un taux d'intérêt plus élevé, les contribuables paieraient moins et n'assumeraient pas tout le risque.
Cela fait partie selon moi de la valeur de la facture dans une perspective d'ensemble. Il est question d'ajouter des partenaires et de partager le risque et les coûts pour pouvoir transformer l'infrastructure. Ce n'est pas un projet de trottoir, de parc ou autre.
Comme mon temps est limité, je vais m'arrêter ici et voir si vous avez des réflexions ou des divergences d'opinions à ce sujet.
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Vous avez parlé des services à large bande, qui sont un excellent exemple selon moi. Vous savez peut-être que dans les Territoires du Nord-Ouest, la fibre est mise en place jusqu'à la vallée du Mackenzie dans le cadre d'un projet PPP. C'est un projet qui a été mis de l'avant en tant que partenariat public-privé, et l'objectif, bien entendu, est de connecter toutes les collectivités éloignées.
Au Manitoba, un autre projet en cours a pour but de réunir 57 communautés des Premières Nations. Une fois de plus, l'objectif est de connecter ces communautés au moyen de la bande passante.
Ce sont des projets distincts qui vont de l'avant dans le cadre de partenariats publics-privés. Le secteur privé est grandement intéressé par le financement de ces initiatives pour les mener à terme.
Ce qui serait intéressant dans le cas de la banque de l'infrastructure du Canada, c'est que si on donnait suite à la stratégie d'accès à Internet à large bande et qu'on réalisait à grande échelle le potentiel de ces petits projets, car le Canada, comme vous le savez peut-être, a déjà été un chef de file en matière de services à large bande, et il a maintenant pris pas mal de recul... Je pense que si nous voulons sérieusement appliquer une norme mondiale en offrant une technologie de cinquième génération ou une technologie supérieure, nous devons mettre en place l'infrastructure nécessaire.
Vous avez mentionné ce qui est selon moi un projet très intéressant.
Je vais juste souligner un autre point. Au Conseil, nous faisons la promotion de l'approche qui consiste à ne creuser qu'une seule fois, ce qui signifie que chaque fois que le gouvernement soulève une pelletée de terre, surtout lorsqu'il s'agit de grands projets, il doit profiter de l'occasion pour installer la fibre afin d'accroître notre capacité à transmettre des gigaoctets. C'est une erreur d'arrondissement du coût, par rapport au principal projet en cours.