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Ce serait formidable. Je n'ai pas d'autres questions.
Merci infiniment. Je ne compte plus les fois où vous avez comparu devant le Comité, quelque chose comme cinq ou six, avant de pouvoir parler de la section 21. Merci énormément à vous deux pour vos commentaires et vos réponses.
Nous passons maintenant à la partie 4 de la section 18, avec des représentants du Bureau de l'Infrastructure du Canada. Je tiens à informer mes collègues qu'à midi, nous nous entretiendrons avec le représentant des Anciens Combattants, qui comparaîtra par vidéoconférence depuis Charlottetown. Nous devrons peut-être interrompre momentanément notre échange avec le Bureau de l'Infrastructure à midi pour discuter de la section 12.
Du Bureau de transition pour la banque de l'infrastructure du Canada au sein Bureau de l'Infrastructure du Canada, nous recevons M. Kuhn, directeur; M. Grover, analyste, et M. Campbell, sous-ministre adjoint. Nous accueillons également M. Fleming, chef des politiques en matière d'infrastructures au ministère des Finances.
Monsieur Campbell, la parole est à vous.
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Merci, monsieur le président, et merci également aux membres du Comité.
La section 18 de la partie 4 du projet de loi créerait la Banque de l'infrastructure du Canada, annoncée dans l'Énoncé économique de l'automne 2016 et le budget de 2017. À des fins de référence, je précise que les modifications proposées figurent aux articles 403 à 406, aux pages 236 à 248 du projet de loi.
Je vais commencer par expliquer un peu l'historique et le contexte du projet de Banque de l'infrastructure. Je poursuivrai avec un aperçu global de la teneur des mesures législatives proposées. Je répondrai volontiers à vos questions ensuite.
La Banque de l'infrastructure du Canada a pour objectif de fournir des solutions de financement novatrices pour la réalisation de nouveaux projets d'infrastructure et la multiplication des mises en chantier, notamment de projets transformateurs qui n'auraient pas vu le jour autrement au Canada, grâce à des investissements privés et institutionnels. La banque serait financée à même les investissements de 186 milliards de dollars annoncés dans le plan d'infrastructure canadien.
L'appui du fédéral aux infrastructures continuera d'être versé en grande partie par l'entremise des modèles de financement traditionnels. La Banque représenterait moins de 10 % des engagements financiers prévus. Elle ferait partie de plusieurs nouvelles options offertes aux partenaires du gouvernement, et notamment ses partenaires municipaux, provinciaux, territoriaux et autochtones, pour stimuler les projets de construction d'infrastructures.
La Banque offrirait un nouveau modèle de partenariat qui transformerait les modes de planification, de financement et de mise en place des infrastructures au Canada. La mise à profit de l'expertise et des capitaux du secteur privé permettrait à la Banque de l'infrastructure du Canada d'optimiser et d'utiliser plus stratégiquement les deniers publics, avec un accent sur les grands projets transformateurs tels que les plans régionaux de transport en commun, les réseaux de transport, les réseaux électriques et les interconnexions.
Le projet de loi sur la Banque de l'infrastructure du Canada se divise en six grands volets: la constitution; mandat; les attributions; la gouvernance; le financement et la responsabilité. Je vais expliquer chaque volet très brièvement, monsieur le président.
Premièrement, la loi constituerait la Banque en société d'État, avec effet à compter de la date de sanction.
Deuxièmement, la loi énoncerait le mandat et l'objet de la Banque, qui investirait dans des projets d'infrastructure générateurs de revenus dans l'intérêt public, et chercherait à attirer des investissements des secteurs privé et institutionnel pour ce type de projets.
Troisièmement, la loi énoncerait les attributions de la Banque aux fins de la réalisation de son objectif. Notamment, la Banque pourrait faire des investissements au moyen d'une brochette très variée de véhicules financiers tels que les investissements en titres de créance et en actions. Elle investirait directement dans les projets d'infrastructure, de concert avec des investisseurs privés et institutionnels, de même que d'autres investisseurs du gouvernement. Il s'agirait donc d'un modèle d'investissements et de prêts conjoints dans les projets. La structure des projets soutenus par la Banque serait régie par de solides ententes juridiques conventionnelles entre les partenaires, qui assureraient la protection des intérêts de la population canadienne. La Banque pourrait aussi, à titre exceptionnel, consentir des garanties d'emprunt, avec l'approbation du ministre des Finances, dans la mesure où l'approbation distincte serait conforme aux obligations générales des sociétés d'État. Parmi ses fonctions importantes autres que celles qui sont liées aux investissements, la Banque deviendrait un centre d'expertise et de conseil auprès des autres gouvernements sur la mise sur pied de projets générateurs de revenus, en plus de collaborer au renforcement des capacités de tous les ordres de gouvernement en matière de collecte et d'échange de données de qualité qui guideront les investissements dans l'infrastructure à long terme.
Quatrièmement, la loi établirait le cadre de gouvernance global de la Banque. Les dispositions visées garantiraient un équilibre entre l'indépendance et la responsabilité. Les obligations en matière de gouvernance que la Loi sur la gestion sur les finances publiques attribue normalement aux sociétés d'État s'appliqueraient de manière générale. Le projet de loi prévoit la désignation des membres du conseil d'administration et du premier dirigeant par le gouverneur en conseil, et la participation du conseil d'administration à la sélection du premier dirigeant. Le 8 mai, le gouvernement a lancé un processus anticipé de sélection ouvert, transparent et axé sur le mérite en vue de trouver des candidats pour les postes de haute direction de la Banque. Le gouvernement utiliserait un tel processus pour choisir un président du conseil d'administration, les autres directeurs et le premier dirigeant. Toutes les nominations prendraient effet seulement si la loi constituant la Banque est adoptée par le Parlement et reçoit la sanction royale.
Le cinquième volet du projet de loi autorise le ministre des Finances à verser jusqu'à 35 milliards de dollars à la Banque.
Les actifs, passifs, revenus et dépenses de la Banque devraient être entièrement consolidés dans les livres comptables du gouvernement du Canada. Le capital, c'est-à-dire les apports en argent à l'institution, devrait être transféré à la Banque au besoin pour effectuer une opération ou réduire les coûts et les frais généraux.
Bien que l'octroi prévu totalise 35 milliards de dollars, le gouvernement a annoncé que la Banque pourrait comptabiliser jusqu'à concurrence de 15 milliards de dollars sur 11 ans en dépenses budgétaires selon la méthode de la comptabilité d'exercice. Ces sommes correspondraient à l'aide effective du fédéral.
Le sixième volet du projet de loi autoriserait le gouverneur en conseil à désigner l'emplacement de la Banque et un ministre responsable.
La société d'État rendrait des comptes au Parlement à divers égards très importants. Notamment, elle devrait lui soumettre un résumé de son plan d'entreprise annuel ainsi qu'un rapport annuel. Selon les procédures normales, la Banque serait assujettie à la Loi sur la protection des renseignements personnels et à la Loi sur l'accès à l'information — quoique seulement les renseignements commerciaux de nature délicate sur des tierces parties seraient tenus confidentiels — pour ce qui concerne les partenaires commerciaux, mais non les projets eux-mêmes. La Banque serait tenue aux normes les plus strictes de vérification conjointe des livres par le vérificateur général du Canada et un vérificateur du secteur privé, et sa loi constitutive ferait l'objet d'un examen quinquennal dont le rapport devrait être soumis au Parlement.
En conclusion, monsieur le président, la Banque devrait être opérationnelle à la fin de 2017, soit une année environ après l'annonce de sa création dans la mise à jour économique de l'automne et le dépôt du projet au Parlement. Le gouvernement a discuté longuement du projet de Banque avec les intervenants et sur les tribunes publiques, et j'ai personnellement présidé à une bonne partie de cette consultation.
Au chapitre des investissements globaux dans le plan du Canada, les provinces, les territoires et les municipalités sont à planifier la manière dont ils subventionneront, financeront et réaliseront les projets d'infrastructure. Même si les investissements de la Banque compteront pour 10 % à peine des investissements globaux du plan du Canada, elle offrira aux partenaires du gouvernement un nouveau modèle de partenariat pour optimiser l'utilisation des deniers publics.
Les partenaires du gouvernement ont très rapidement vu la Banque comme un catalyseur qui leur permettra de mettre à l'avant-plan leurs priorités en matière d'infrastructures et de réaliser plus de projets d'infrastructure dans leurs communautés. Ce modèle favorise la prise de décisions à l'échelon local. Beaucoup de nos partenaires ont déjà adopté ou s'apprêtent à adopter d'autres options et modèles de génération de revenus pour optimiser leurs investissements et soulager la pression sur les finances publiques. La Banque deviendrait un outil de choix pour assurer la bonne marche de leur planification à court, à moyen et à long terme.
Par ailleurs, les fonctions de gestion de données et de centre d'expertise de la Banque, qui gagneront en envergure au fil du temps, rehausseront rapidement la capacité des gouvernements à planifier judicieusement leurs investissements dans les infrastructures à partir de données probantes.
Je termine en vous rappelant que la Banque de l'infrastructure ferait partie de toute une brochette de nouveaux outils mis à la disposition de nos partenaires pour améliorer les infrastructures de toutes les communautés du pays.
Nous répondrons à vos questions avec grand plaisir.
Merci.
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Si je comprends bien, il y a là deux questions.
En ce qui concerne la première, je suis contre l'idée que dans les modèles de l'utilisateur-payeur, le particulier paie deux fois. Si vous regardez un peu ce qui se passe avec un élément d'infrastructure, quand on adopte un modèle de production de recettes, on construit un élément d'infrastructure qui n'aurait pas été construit autrement, ou s'il avait été construit, le gouvernement aurait investi dans la construction de cette infrastructure moins d'argent qu'il ne l'aurait fait autrement. Par conséquent, c'est faux de déclarer qu'une personne paie deux fois la même infrastructure.
Il s'agit ici d'attirer un financement du secteur privé dans ce modèle particulier et, si aucun financement public n'est attribué à ce modèle, il pourrait y avoir une formule d'utilisateur-payeur, et c'est le secteur privé qui assume le risque. Il est essentiellement motivé à s'assurer que l'élément d'infrastructure est construit et utilisé, et que les recettes à percevoir constituent un bon rendement de l'investissement dans le projet.
Vraiment, nous ne sommes pas du tout d'accord avec l'idée qu'ils paient deux fois et, en réalité, que ce soit le péage, les tarifs ou d'autres frais, plusieurs de nos provinces, territoires et municipalités, avec qui je collabore personnellement, ont adopté ces modalités et en envisagent déjà d'autres. Cette formule représente l'occasion de construire encore plus d'éléments d'infrastructure qu'on l'aurait fait autrement, et je crois que c'est un concept attrayant, mais une chose qui doit être décidée à l'échelle locale.
Quant au deuxième point, loin de moi l'idée de développer davantage les sages paroles du ministre des Finances ou du ministre de l'Infrastructure et des Collectivités, mais je peux reprendre ses paroles affirmant que la Couronne exercerait une surveillance appropriée des divers projets, et qu'une société d'État indépendante aurait la latitude d'exploiter ses capacités commerciales pour structurer un arrangement entre de nombreux partenaires.
Nous qualifions cela de modèle de partenariat qui ne comprend pas seulement la Banque, ou le gouvernement du Canada, par le truchement de la Banque, mais aussi un autre ordre de gouvernement ainsi que des investisseurs éventuels. L'objectif est très clair: la Banque ne tenterait même pas de trouver des sources de financement d'un projet qui n'aurait pas déjà été approuvé par un ordre de gouvernement. On vise à ce que les discussions soient des discussions bilatérales entre la province et le gouvernement fédéral. Ceux-ci détermineraient une liste de projets prioritaires. La majorité de ces projets seraient financés par le truchement d'Investir au Canada ou d'autres enveloppes.
La mesure dans laquelle un partenaire estimerait qu'il y a un modèle de recettes qui pourrait convenir à ce projet et si celui-ci pourrait être un candidat pour la Banque de l'infrastructure ... Le projet n'a pas obligatoirement à être financé par la Banque; on l'inscrit sur une liste, puis la Banque traite avec des investisseurs pour un projet que tous les gouvernements savent déjà être sur la liste — il est déjà là — puis, à un moment donné, toutes les parties se rencontrent pour commencer à négocier une entente. Les investisseurs obligataires doivent étudier le dossier avec leur comité de crédit. Les investisseurs en actions doivent étudier le dossier avant de prendre une décision. Quelle que soit la municipalité ou la province concernée, celle-ci devra étudier le dossier à un moment donné. Et la Banque devra consulter son actionnaire principal et lui dire: « Nous pensons avoir un accord financier pour cet actif; sommes-nous disposés à aller de l'avant? » Ensuite, la Banque, en sa qualité d'organisme indépendant, entreprendra, avec toutes ces parties, la construction d'un arrangement très valide sur le plan commercial pour le projet.
Selon le modèle du partenariat, ce sont les partenaires qui prendront les décisions, et les projets auxquels la Banque travaillera ne seront une surprise pour personne. Ils seront visibles dans le plan d'entreprise déposé au Parlement, et ils seront annoncés publiquement par les provinces qui diront: « Voici les candidats », parce qu'elles tenteront de vendre l'idée à des investisseurs qui pourraient être intéressés au projet. Ce sera un processus très transparent.
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J'ai une autre question se rapportant à cette réponse.
[Français]
Je comprends de votre réponse que le Cabinet n'a rien à dire au sujet des décisions prises par la Banque, cette dernière étant une organisation indépendante qui prend ses propres décisions.
Cela étant dit, vous demandez au Parlement de remettre 35 milliards de dollars à cette banque. Il s'agit de l'argent des contribuables, celui des gens qui paient leurs impôts et diverses taxes. Puis, on nous dit que les investisseurs privés injecteront jusqu'à quatre fois le montant que le gouvernement a investi. Nous parlons donc de fonds potentiels de 140 milliards de dollars, dont 35 milliards de dollars provenant du public. Mon inquiétude vient du fait que les contribuables ayant payé 35 milliards de dollars n'auront pas une voix très forte au chapitre des décisions par rapport aux investisseurs ayant consenti quatre fois plus d'argent. Actuellement, nous parlons de dépenser l'argent du public.
Cela m'amène à ma question. Quel est le degré de représentation du public, du gouvernement, au conseil d'administration de la Banque? Dans le projet de loi qui nous occupe, aucune place n'est prévue au sein du conseil d'administration pour le gouvernement ou un représentant du public qui défendrait les intérêts de celui-ci. Pouvez-vous me dire si ma compréhension est bonne? Serait-ce une bonne idée d'inclure dans la loi une disposition qui exigerait la participation d'un représentant du public au conseil?
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Je vois dans tout cela plusieurs points qui méritent d'être débattus.
Premièrement, j'espère que j'ai été clair. Les choses ont peut-être été un peu faussées. Le cabinet exercera une surveillance appropriée sur tant la Banque que les projets dans lesquels elle investira. Comme je l'ai dit plus tôt, grâce à des discussions fédérales-provinciales sur l'établissement des priorités, les cabinets des deux parties seront en mesure de déterminer les projets prioritaires, et le gouvernement du Canada aura l'obligation, par le truchement du Cabinet, de décider si les projets qui se trouvent sur la liste méritent d'être financés, que ce soit par un financement bilatéral ou par la Banque.
Ce processus de détermination de la politique publique aura été exécuté. Comme je l'ai dit, chaque projet dans l'horizon de la Banque aura déjà été examiné par les deux ordres de gouvernement. Ce ne sera pas une surprise. Cela signifie que le gouvernement, au Cabinet, aura son mot à dire pour s'assurer que ces projets sur la liste s'inscrivent dans ses priorités.
En ce qui concerne l'aspect indépendance de l'institution sur le plan de ses fonctions, une fois un projet jugé comme étant quelque chose que la Banque pourrait appuyer, celle-ci pourrait commencer à chercher des investisseurs. L'objectif serait aussi peu de soutien que possible par la Banque et un arrangement de transfert des risques qui conviendrait aux deux parties pour attirer autant d'investissement que possible. C'est la Banque qui sera aux commandes de la structuration de l'accord entre les partenaires, avec le parrain public de cet actif, et elle lancera des appels de financement auprès du secteur privé, que ce soit en obligations ou en actions, afin d'assurer une bonne dynamique.
Le rôle de l'entité indépendante se résume à veiller à ce qu'il y ait une bonne dynamique dans la structure des projets. On ne lui demandera pas de procéder à une détermination de politique publique, parce qu'un projet qui est dans l'intérêt du public aura déjà été prédéterminé, soit par le gouvernement qui le propose, soit par le gouvernement fédéral déclarant que c'est un projet que les contribuables assumeront à 100 %, dont ils assumeront les risques selon les modèles traditionnels. C'est le cas de tous les projets qui ne suivent pas un modèle de production de recettes.
Cependant, dans les cas exceptionnels où les gouvernements déclarent qu'un modèle de production de recettes pourrait permettre qu'un projet soit construit sans le degré de soutien que le gouvernement aurait à consacrer autrement, ce projet serait alors adopté et la Banque utiliserait ses outils.
La loi tiendra compte de l'intérêt public, comme elle le fait présentement. Le plan d'entreprise en tiendra compte.
L'objectif est d'avoir un conseil d'administration indépendant, représentatif du Canada, sans aucune ingérence gouvernementale à ce conseil, de sorte que celui-ci puisse prendre de saines décisions sur les plans risque financier, modélisation financière, d'infrastructure et diligence raisonnable. C'est ça que nous voulons voir le conseil faire. Le conseil chapeaute l'institution et oriente le PDG, de sorte que celui-ci puisse diriger la société d'État sans lien de dépendance dans l'exécution de son mandat, qui est la structuration d'ententes robustes et une gestion en conséquence.
En conclusion, nous réduirons une certaine proportion de frais généraux et de coûts financiers de l'institution en ne fournissant des fonds à cette banque qu'à mesure de ses besoins et au gré de l'évolution des projets. Vous avez mentionné 35 milliards de dollars. Le gouvernement déclare de façon très transparente qu'il s'agit de 15 milliards de dollars, somme qu'il aurait autrement transférée simplement à d'autres projets. Il souhaite maintenant l'utiliser de façon stratégique pour absorber certains des risques très stratégiques d'un projet et veiller à ce que plus de projets encore soient réalisés qu'il n'en aurait été autrement. Nous estimons, collectivement, que c'est dans l'intérêt du public.
Monsieur le président et mesdames et messieurs, c'est certainement un privilège de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui. J'ai quelques remarques très brèves à faire, simplement pour mettre en contexte les changements mentionnés dans la section 12 de la Loi d'exécution du budget. Je serai brève, parce que je sais que nous avons des contraintes de temps aujourd'hui.
Nous sommes ici pour parler de la Loi d'exécution du budget qui comprend trois des huit initiatives du budget de 2017 que nous avons présentées pour Anciens Combattants Canada. Il s'agit de l'allocation pour études et formation des vétérans; d'un programme remanié des services de réorientation professionnelle et de la nouvelle allocation de reconnaissance pour aidant. Il s'agit aussi du changement du nom de la loi et d'améliorations visant à simplifier l'administration, toutes ces choses devant entrer en vigueur le 1er avril 2018, et représentant un investissement de 624 millions de dollars sur cinq ans.
Nous proposons de changer le nom de la loi, de Loi sur les mesures de réinsertion et d'indemnisation des militaires et vétérans des Forces canadiennes à Loi sur le bien-être des vétérans. Ce changement met en relief le lien important vers notre but ultime, soit le bien-être des vétérans.
Aussi, l'allocation pour relève d'un aidant familial sera remplacée par l'allocation de reconnaissance pour aidant, un paiement mensuel de 1 000 $ libre d'impôt et indexé annuellement, qui sera versé directement à l'aidant. Cette allocation est accordée en reconnaissance du rôle précieux que les aidants tiennent dans le soutien des vétérans aux prises avec une invalidité grave.
En plus du soutien pour les familles et les aidants, nous en faisons davantage pour les vétérans qui font la transition vers une vie post-militaire. Nous inaugurons l'allocation pour études et formation, qui couvrira jusqu'à 40 000 $ de frais de scolarité et d'autres coûts pour les vétérans qui ont servi au moins six ans, et jusqu'à 80 000 $ pour les vétérans qui ont servi au moins 12 ans. De ces montants, 5 000 $ peuvent être utilisés pour des cours de développement personnel et de perfectionnement professionnel comme l'obtention d'un certificat d'agent immobilier.
[Français]
Nous remanions aussi les services de transition de carrière que nous proposons afin qu'un nombre accru de personnes puissent les utiliser, y compris les membres actuels des Forces armées, les survivants, les époux et les conjoints de fait des vétérans.
Les services liés à l'information sur le marché du travail, à l'orientation professionnelle et à l'aide à la recherche d'emploi seront fournis en fonction des besoins. Les prestataires de services auront accès à l'aide à la recherche d'emploi et au counseling pour travailler avec les vétérans et les employeurs afin d'assurer la réussite de la démarche. Les vétérans seront accompagnés de conseillers qui comprennent la culture et la vie militaires.
[Traduction]
Nous prévoyons aussi d'autres moyens par lesquels simplifier la prestation des programmes. Cette loi prévoit la simplification de la dispense de l'obligation de présenter une demande qui permettra au ministère de dispenser une personne de l'obligation de présenter une demande, et lui permettra de prendre des décisions s'il dispose déjà des renseignements nécessaires en dossier. Ce changement est ajouté aux dispositions générales, et donc, il s'applique à tous les programmes.
Pour terminer, les mesures comprises dans le budget de 2017 et la Loi d'exécution du budget contribueront grandement à appuyer les vétérans et leurs familles dans leur transition de la vie militaire à la vie civile. Cependant, le travail n'est pas encore fini. Nous travaillons à d'autres mesures encore qui seront annoncées au cours des prochains mois; par exemple, la pension à vie. Le ministère est déterminé à poursuivre la recherche et les travaux requis pour comprendre les besoins des vétérans et de leurs familles.
Merci de cette occasion de vous parler brièvement aujourd'hui, et je suis à votre disposition pour les questions.
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Bon, merci de cet éclaircissement.
Les cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel sont, effectivement, exploitées sous l'autorité d'Anciens Combattants Canada, et elles sont donc destinées à notre groupe de clients. Nous incluons, cependant, la GRC qui, comme vous le savez, est couverte par nos services également par le truchement d'un protocole d'entente. Je ne suis pas sûre de comprendre de quels types de programmes ces personnes parlaient.
Aussi, nous avons une clinique de traitement en résidence, exploitée par le Québec, à partir de l'hôpital de Sainte-Anne, où seuls les vétérans et d'autres clients peut-être de la GRC, selon les besoins, peuvent aller rester pour quelques semaines de traitement sur place. Cette clinique est réservée à notre groupe de clients.
Le centre d'excellence, avec 17,5 millions de dollars répartis sur quatre ans, a pour objectif de contribuer à faire avancer les pratiques de traitement, la recherche et l'analyse avec des partenaires clés et des parties prenantes de sorte que nous puissions améliorer les services que nous prodiguons déjà, par exemple, dans les cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel.
Je ferais volontiers un peu plus de recherche là-dessus. Je n'ai pas eu l'occasion de lire les témoignages d'hier, monsieur, mais je peux certainement vous revenir là-dessus.
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Merci beaucoup de cette question. C'est une question très importante.
Je reconnais que le système est complexe et pas forcément le système le plus facile dans lequel manoeuvrer, que ce soit du point de vue du client ou, parfois, du point de vue du personnel.
Vous n'êtes pas sans ignorer que nous avons fait un important investissement dans le recrutement d'environ 400 nouveaux employés directement sur le terrain et dans le secteur de la prestation des services. Nous avons mis au point un programme national de cours d'orientation très robuste que tous les membres de notre personnel sur le terrain doivent avoir suivi, ou suivront, si ce sont de nouvelles recrues. Le programme comporte assurément l'explication des politiques et des avantages, ainsi qu'une explication des systèmes.
Nous avons aussi l'intention de faire suivre ce programme d'orientation à tout notre personnel existant pour faire en sorte que tout le monde soit au même niveau de compréhension. Et encore plus, par exemple, dans mon secteur de la politique, la formation et l'orientation seront offertes également au personnel dans les autres secteurs de l'organisation.
Plus précisément, pour répondre à votre question, nous venons justement de terminer un examen de la prestation des services. Un des résultats de cet examen de la prestation des services signale qu'il y aurait lieu d'améliorer la communication, la façon dont nous communiquons, du point de vue de la direction fonctionnelle, avec le personnel sur le terrain. Aussi, il y a lieu de réduire la complexité en ce qui concerne le nombre de politiques et de processus fonctionnels; cela remonte même aux autorités législatives que nous avons.
Comment pouvons-nous mieux simplifier ce travail à partir de maintenant? Nous avons déjà réduit de plus de 200 nos politiques au cours des quelques dernières années. Nous envisageons aussi, par exemple, par le truchement de ce que nous faisons sur le plan de la Loi d'exécution du budget, de mettre en oeuvre la dispense selon laquelle, si nous avons déjà tous les renseignements au dossier, nous serions en mesure de prendre une décision sans avoir à communiquer directement avec le vétéran pour obtenir de plus amples renseignements. Nous pourrions aussi alors déterminer à quels autres avantages il serait admissible et prendre des décisions à ce sujet. Cela réduirait, comme vous le dites, la triste obligation pour le vétéran de revenir constamment à la charge et peut-être même de demander des examens et d'interjeter appel.
C'est certainement une chose dont nous sommes conscients dans notre plan d'action concernant la formation, l'orientation et même l'examen de la prestation des services. Nous cherchons activement à avancer dans cette voie.
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Merci, monsieur le président.
Je vais revenir sur les propos tenus hier par les membres d'un groupe représentant des vétérans au sujet de sommes importantes qui seront affectées au programme de formation visant à permettre aux personnes ayant quitté les Forces armées canadiennes de retourner aux études.
J'ai demandé à combien on évaluait le nombre de personnes qui pourraient se prévaloir de ce programme et on m'a répondu que les détails, soit les règlements, pourraient être sources d'ennuis. Même s'il y a de nouvelles dispositions, l'article 5.93 du dit notamment ce qui suit:
5.93 Le gouverneur en conseil peut prendre des règlements :
ç
a) prévoyant, pour l’application de l’alinéa 5.2(1)a), la manière d’établir la durée du service dans la force de réserve;
b) régissant ce qui constitue une libération honorable pour l’application de l’alinéa 5.2(1)b);
c) prévoyant le rajustement périodique de la somme cumulative maximale prévue au paragraphe 5.2(2);
d) définissant « établissement d’enseignement » pour l’application de l’alinéa 5.3(1)a);
e) prévoyant les cours ou la formation qui peuvent ou ne peuvent pas être approuvés par le ministre au titre de l’article 5.5;
Tout cela sera donc prévu par voie de règlement. Comme on nous l'a dit hier, ce sont pourtant les règlements qui pourraient causer des difficultés en ce qui a trait, par exemple, à la question de savoir si les anciens combattants pourront ou non se prévaloir de ce programme.
Pourriez-vous nous dire quand ces règlements seront pris et quand les détails sur l'admissibilité seront publiés afin que les anciens combattants sachent s'ils sont admissibles à ce programme?
Nous pourrons aussi, en tant que parlementaires, juger de l'efficacité du programme.
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Je vous remercie de la question.
Vous avez soulevé trois points, je crois.
D'abord, nous sommes en train de revoir les règlements. Nous le faisons dans une perspective d'ouverture pour ce qui est de l'admissibilité. Nous voulons que tout se fasse d'une façon qui soit juste envers les anciens combattants qui seront admissibles au programme. Nous prévoyons que, d'ici la fin de juin, en fonction de l'approbation du Conseil du Trésor, les règlements seront publiés. Comme vous le savez, un processus sera suivi à cet égard.
Pour revenir aux trois points, en matière d'établissements, nous avons l'intention de recourir à la liste déjà existante à Emploi et Développement social Canada. En effet, ce ministère a déjà une liste d'établissements reconnus et nous avons l'intention de l'utiliser. D'autres ministères fédéraux qui font de la recherche et de l'analyse y ont recours également. Nous n'avons pas l'intention de procéder différemment.
En ce qui concerne ce qui constitue une libération honorable des membres des Forces armées canadiennes, nous avons l'intention de considérer la définition utilisée par les Forces armées elles-mêmes. Nous n'allons pas créer une définition différente de celle qui existe déjà. Cependant, comme le prévoit la loi, nous accorderons un pouvoir au ministre en ce qui concerne certains cas exceptionnels. Dans le cas de personnes dont la libération n'est pas considérée comme honorable, mais qui ont peut-être une bonne raison d'avoir agi comme ils l'ont fait, on accordera au ministre la souplesse nécessaire.
Pour ce qui est de la somme maximale, elle sera établie en fonction des années de service que la personne aura cumulées. On parle de 40 000 $ ou de 80 000 $. Par exemple, si une personne veut suivre un cours pour devenir pilote d'hélicoptère, mais que ce cours ne se donne pas par trimestre, comme c'est le cas dans un établissement comme l'Université d'Ottawa, nous disposerons de la souplesse nécessaire pour accorder à cette personne le plein montant — soit 40 000 $ — afin qu'elle suive un programme de six mois, par exemple, plutôt que de verser la somme par trimestre. De cette façon, les conditions seront plus souples pour le vétéran.
Bref, l'objectif est d'être le plus souple et le plus respectueux possible envers les vétérans.
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Oui, c'est une question importante.
Je commencerai en disant que tout ceci a été fait en partenariat avec les Forces armées canadiennes; dans toutes nos discussions concernant les durées, l'admissibilité — ce dont on parlait, il y a un moment aussi —, nous avons mené ces discussions pour nous assurer que nous étions sur la même longueur d'onde que nos collègues. Nous voulions que l'allocation pour études et formation ne soit pas seulement un outil de recrutement, mais aussi un outil de rétention, car nous ne voulions pas que les personnes quittent forcément les Forces plus tôt qu'elles n'avaient à le faire. La motivation est là aussi, au jalon de 12 ans, donc si la personne a 10 ans de service et pense quitter, elle pourrait aussi rester les deux autres années pour pouvoir bénéficier de l'allocation de 80 000 $.
Quant à la période de six ans, là encore, il y a un lien avec la rétention. Les membres des Forces armées canadiennes, à l'encontre de nos homologues américains, tendent à avoir de plus longues carrières. Ils s'engagent pour de plus longues périodes. Aux États-Unis, ils entrent dans les forces, font peut-être une période de service, puis quittent. Ici, au Canada, nous savons déjà qu'ils restent. Vraiment, après un investissement dans le temps dans la formation de base, la formation professionnelle requise et peut-être une formation linguistique, la durée de six années a semblé très raisonnable sur le plan de la rentabilité pour la tranche initiale de 40 000 $ de l'allocation pour études et formation. Ensuite, on double ça... 12 ans. Là encore, nous voyons ça, vraiment, comme un moyen de motiver les gens à rester. Cela concorde aussi avec la période à laquelle ils pourraient devenir admissibles à la Pension de retraite des Forces canadiennes.
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Je vais le faire avec plaisir.
Lors des longues consultations que nous avons organisées auprès des responsables d’Infrastructure Canada et de Finances Canada, ainsi que lorsque nous avons voulu avoir une vision d’ensemble, il nous est apparu qu’il existe un grand nombre d’autres formes de structures, qui reposent sur des garanties de prêts, qui permettent de financer des infrastructures. Comme, au Canada, nous ne sommes pas exposés au même niveau de risque politique que c’est habituellement le cas quand on fait appel aux garanties de prêt dans d’autres pays, nous n’avons pas besoin de recourir à des instruments préférentiels ou primaires pour les opérations relevant du mandat de la Banque de l’infrastructure du Canada.
Toutefois, comme celle-ci dispose de toute une série d’outils novateurs, le gouvernement est d’avis que les garanties de prêt pourraient, dans des conditions très restreintes, convenir pour atteindre un résultat donné. Or, ces garanties de prêts impliquent des éléments du passif éventuels très spécifiques dont les exigences en matière de vérification et de comptabilité obligent à déterminer le prix et le niveau maximum d’exposition aux risques, le ministère des Finances devra procéder à une vérification additionnelle pour s’assurer que ces exigences sont satisfaites. La Banque de l’infrastructure ne va donc pas publiciser qu’elle peut concevoir un projet articulé autour d’une structure de garanties de prêt à moins qu’elle n’en ait obtenu explicitement l’accord d’Infrastructure Canada et de Finances Canada. Ce sont d’ailleurs là les mêmes paramètres qui s’appliquent aux autres sociétés d’État désireuses d’accorder des garanties de prêt.
Le gouvernement propose donc de doter la Banque de l’infrastructure des capitaux propres et des outils de gestion de la dette dont elle aura besoin, ainsi que d’un bilan ne l’obligeant pas à privilégier les garanties de prêt pour mener à bien sa mission. Cependant, comme ces garanties sont conçues pour fournir des services aux autres paliers de gouvernement, si la banque devait, dans des conditions très particulières, envisager l’utilisation prioritaire de ces garanties de prêt, elle devrait travailler dans le cadre de cette structure et justifier le recours à cette garantie de prêt pour le projet en question. La banque devra alors s’assurer que le coût d’utilisation de cet outil et l’exposition maximale aux risques sont comptabilisés. Dans de tels cas, la banque fera d’ailleurs appel aux services du vérificateur général et d’un vérificateur du secteur privé.
J’espère que cela répond à votre question.
C’est là une question très intéressante et je vais faire de mon mieux pour y répondre.
Les partenariats public-privé sont, à l’évidence, des outils très utiles quand on les utilise avec soin pour un type de projet convenant à leurs caractéristiques. Ils peuvent faire appel à des mesures incitatives du secteur privé pour construire des projets en en respectant les délais et le budget, ce qui offre bien évidemment des avantages.
En ce qui concerne la structure du capital des projets, au Canada, on a surtout eu recours aux 3P pour financer au moyen de prêts une partie des coûts d’un projet. Au bout du compte, ces prêts devront être remboursés par les gouvernements, le plus souvent des municipalités, au moyen de paiements de disponibilité, afin d’acquitter les coûts de l’infrastructure en question.
Je pense que je dirais que le message que le gouvernement a retenu de ces consultations est que les besoins en infrastructures dépassent ce qu’il est possible de faire à même les fonds publics et que tout particulièrement les capacités d’emprunt des municipalités pour payer des infrastructures sont limitées, sans parler de leur volonté de s’engager sur cette voie. L’apparition de la Banque de l’infrastructure du Canada permettrait d’avoir un autre intervenant à la table pour financer les projets, afin que leur charge ne repose pas uniquement sur les trois paliers de gouvernement. Cela libérerait des fonds publics pour réaliser d’autres projets, y compris des infrastructures, qui ne généreraient pas les flux de revenus nécessaires comme, par exemple, le logement social.
Il est alors apparu nécessaire, pour attirer les investissements du secteur privé ainsi que pour se doter d’un moyen de protéger comme il convient les contribuables, de mettre sur pied un nouvel établissement qui disposerait du niveau voulu de compétences et qui pourrait servir de contrepartie pour les négociations avec des investisseurs sophistiqués du secteur privé. L’avenue de la Banque de l’infrastructure fait intervenir un ensemble différent de compétences que celles dont dispose PPP Canada, dont l’objectif est avant tout de dispenser des conseils sur la structure des contrats et les marchés d’acquisition, comme vous l’a déjà indiqué M. Campbell.