Conformément à l’ordre de renvoi du mercredi 8 novembre 2017, le Comité étudie le projet de loi C-63, Loi no 2 portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 22 mars 2017 et mettant en œuvre d'autres mesures.
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins et je les remercie de s’être déplacés.
Avant de leur céder la parole, je tiens à vous informer d’une petite modification apportée à l’ordre du jour.
Nous débattrons à 18 h 15 la motion de M. Dusseault qui a été présentée mardi dernier, donc dans un délai suffisant, après quoi nous nous réunirons à huis clos pour discuter de certains travaux du Comité et des coûts liés à la tenue des audiences. Si un deuxième groupe de témoins arrive ici avant 16 h 50, nous passerons alors au nouveau groupe.
J’invite M. Ian Lee, professeur associé à l’Université Carleton, à faire son exposé.
Je demanderai à tous de limiter, autant que possible, leur intervention à environ cinq minutes. Monsieur Lee, la parole est à vous.
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Je remercie le Comité de m’avoir invité à discuter des enjeux qui se posent à nous aujourd’hui. Je tiens tout d’abord à mettre cartes sur table: je ne suis consultant auprès de personne, pour quoi que ce soit, où que ce soit, auprès d’aucun gouvernement, aucun syndicat, aucune société, ce qui signifie que je ne suis pas un lobbyiste, inscrit ou non inscrit. Je n’adhère, ni ne contribue à aucun parti politique. Non sans rapport avec ce que je dirai dans les trois prochaines minutes et demie, je deviendrai membre, bien malgré moi, d’un club appelé les « aînés du Canada » dans environ 70 jours.
Je voudrais parler brièvement de toute la question des déficits, mais seulement comme prélude à mes propos sur la plus grande crise à laquelle seront confrontés le Canada et tous les pays occidentaux, le tsunami gris qui déferlera au cours des 20 prochaines années. Elle aura des effets profonds sur chacun des pays membres de l’OCDE.
Avant et après la grande réduction des dépenses et du déficit imposée par le budget fédéral de 1995, il y a eu, et il y a toujours, un vaste débat au Canada sur ce qui, à mes yeux, sont deux fausses prémisses entourant la réduction du déficit. Selon le premier argument, Canada étant un pays très riche, les déficits n’auront pas pour effet de le ruiner ou de l’acculer à la faillite et qu’il ne faut donc pas s’en inquiéter. Le deuxième argument, que je pense également faux, veut que si telle ou telle politique, disons celle des Prestations du Canada, est une excellente politique, les déficits se justifient.
Je voudrais juste réfuter sommairement ces arguments avant de passer à la grande question.
Le Canada, bien sûr, est un pays riche. J’ai voyagé un peu partout au monde, dans beaucoup de pays en développement et développés, et je n’ai pas manqué de constater que nous étions extraordinairement riches, par habitant l’un des pays les plus riches au monde, à peu près à égalité avec Allemagne, qui est le plus riche pays d’Europe. Cependant, cela ne justifie aucunement le gaspillage de ressources publiques limitées. En deuxième lieu, il existe, effectivement, d’excellentes politiques, mais cela ne justifie pas les déficits, mais appelle plutôt un examen judicieux des programmes et un élagage, pour paraphraser le gouverneur Carney, des « programmes morts ».
Dans le peu de temps dont je dispose, je veux aborder cette question parce que je suis convaincu qu’il s’agit de la plus grande crise à laquelle nous sommes confrontés. Le FMI l’affirme également. On dit que cette crise dépassera, et de loin, dans ses effets la crise financière de 2008-2009.
Je me suis d’abord intéressé à ce sujet en 1999 après avoir lu un livre intitulé Gray Dawn: How the Coming Age Wave Will Transform America—and the World. Son auteur, Pete Peterson, était secrétaire au Commerce sous la présidence de Ronald Reagan et a fondé par la suite le très prestigieux Peterson Institute, à Washington.
Dans les années qui ont suivi, il y a eu une pléthore de solides études empiriques publiées par l’OCDE, la Banque mondiale, le FMI et des centres de recherches réputés, tels que le Brookings Institution, le Peterson Institute, l’Institut C.D. Howe et l’Institut Macdonald-Laurier, portant sur le vieillissement, sur l’activité macroéconomique, sur les recettes fiscales et sur la croissance économique et la productivité.
Tant le FMI que l’OCDE ont produit des études sans cesse plus alarmantes et lancé des avertissements au sujet du resserrement de plus en plus grave de la conjoncture budgétaire causé par le déclin relatif de la population active, de la proportion de ceux qui travaillent et paient des impôts, en concomitante avec la très forte hausse des coûts des soins de santé pour les aînés, dont le nombre augmente de façon vertigineuse.
Comme un démographe américain l’a fait remarquer, dans une vingtaine d’années, toute l’Amérique du Nord ressemblera à la Floride, mais sans la douceur de son climat. Dit autrement, une personne sur quatre aura plus de 65 ans. Comme je l’ai déjà mentionné, le FMI a signalé que la crise du vieillissement imposera à la société, au cours des 10, 20 ou 30 prochaines années, des coûts bien supérieurs à ceux de la crise de 2008-2009.
Plus près de chez nous, l’ancien gouverneur et sous-ministre de la Santé David Dodge a publié en 2011 un superbe rapport intitulé « Chronic Healthcare Spending Disease », qui fait état de la somme colossale, par habitant, des dépenses en soins de santé prodigués aux personnes âgées de plus de 75 ans, groupe en très forte croissance.
Tout récemment, le DPB a fait paraître un rapport montrant que la situation budgétaire des provinces deviendra de plus en plus pénible du fait que la plupart des coûts associés au vieillissement incombent aux provinces.
Ayant lu et assimilé bon nombre de ces excellentes études, j’en suis venu à la conclusion que le coût des pensions ne sera pas le problème que l’OCDE prédit qu’il deviendra en Europe, précisément en raison du système canadien de pensions à quatre piliers, prudent, responsable, diversifié quant aux risques, système qui, malheureusement, soulève les critiques de certains de mes collègues du milieu universitaire. Je ne dis pas cela pour minimiser l’importance du freinage et de la perte de productivité et de croissance économique causés par l’énorme diminution du nombre de travailleurs, mais toutes les études économiques sérieuses, y compris celle de Finances Canada, font état de déclins à long terme du PIB de l’ordre de 1 à 2 % par année.
J’en suis venu à la conclusion que ce sont les soins de santé qui constituent le point vulnérable du Canada, et sans doute d’autres pays. Comme David Dodge l’a montré dans son rapport au moyen de données de l’ICIS, plus une personne vieillit au-delà de 65 ans, plus elle nécessite des soins de santé.
Lorsque nous devenons octogénaires — et cela est établi dans son rapport basé sur les données de l’ICIS —, nous dépensons en soins de santé environ 25 000 $ en moyenne par personne pas année, soit l’équivalent d’une nouvelle Honda Civic. Vous imaginez-vous que les jeunes dans cette salle ou ailleurs au pays s’exclameront: « Oh joie! J’aurai à payer beaucoup plus d’impôt dans les années à venir pour soutenir Ian Lee et tous les autres vieux de sa génération »? C’est pourquoi l’objet primordial de la politique gouvernementale visant les personnes âgées devrait être de faire en sorte que celles-ci, dont le nombre ne cesse de croître, puissent demeurer chez elles aussi longtemps que possible.
Avant de terminer, je veux soulever brièvement quelques points qui me tiennent à cœur.
Premièrement, en matière de réforme des pensions, nous devons discuter de façon beaucoup plus poussée des mesures que nous pouvons prendre, comme l’élimination générale de la retraite anticipée avant 60 ans et la pénalisation de la retraite entre 60 et 65 ans. Il nous faut réformer le système de pensions pour éliminer les incohérences dans nos politiques cadres, par exemple, la PV permettant la retraite à 65 ans, le RPC entre 65 et 70 ans et les régimes de pension d'employeur aussi tôt qu’à 65 ans. Une uniformisation s’impose. Nous devons supprimer la règle qui interdit les cotisations aux RÉR et aux régimes de pension après 71 ans, en d’autres mots qui oblige à les encaisser.
Deuxièmement, et je terminerai là-dessus, monsieur le président, nous devons inverser complètement le paradigme des soins de santé en adoptant un modèle qui suppose que ces soins seront assurés à domicile. À l’heure actuelle, nous supposons que ces soins sont administrés dans ce que j’appelle les hôpitaux d’ancienne génération — des hôpitaux gigantesques et coûteux —, plutôt que dans des hôpitaux locaux ou régionaux décentralisés et, en second lieu, dans des cliniques communautaires dans le but, de nouveau, d’encourager les ainés à demeurer chez eux.
En conclusion, notre politique pourra atténuer la situation, mais elle ne pourra pas éviter le grand tsunami qui frappera immanquablement le Canada et les autres pays de l’OCDE.
Merci de votre attention.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je salue mes collègues et les membres du Comité. Je vous remercie de m’avoir donné cette occasion de témoigner ici aujourd’hui. Je discuterai de la position du CTC sur deux des initiatives contenues dans le projet de loi, le congé pour les victimes de violence familiale et les modifications de la partie III du Code canadien du travail.
Depuis des années, le Congrès du travail du Canada et le mouvement syndical insistent pour que la violence familiale soit reconnue comme un problème en milieu de travail. Le CTC a défendu fermement la nécessité d’assurer en milieu de travail la protection et le soutien des victimes de violence familiale. Le projet de loi C-63 crée un nouveau congé permettant aux personnes en situation de violence familiale de s’absenter du travail pour composer avec les répercussions de telles situations et prendre des mesures pour en venir à bout. Malheureusement, les mesures envisagées n’assurent pas la protection de l’emploi des personnes aux prises avec la violence familiale. Un congé payé à cette fin serait un élément essentiel pour aider les survivants à conserver leur emploi et à maintenir leur sécurité économique.
L’emploi est un moyen clé pour sortir d’une relation violente. Un congé payé à cette fin donnerait aux travailleurs, tout en protégeant leur emploi, du temps pour faire les choses qu’ils doivent faire, pour prendre des mesures afin d’assurer leur sécurité ainsi que celle de leurs enfants et des autres membres de leur famille. Qu’il s’agisse d’obtenir du counseling, d’ouvrir un compte bancaire, de rencontrer des avocats ou des agents de police, les gens ont besoin de temps libre durant la journée normale de travail. Un Ce congé, s’il était payé, apporterait également aux employés la sécurité financière dont ils ont besoin pour entreprendre les démarches pour sortir d’une relation violente, démarches qui peuvent s’avérer coûteuses.
Le congé payé serait également important sur le plan de la dynamique du pouvoir et du contrôle dans les relations de violence. Les études montrent que 90 % des survivants de violence familiale avaient aussi subi un contrôle sur leurs finances. Si le recours à un congé non payé a pour résultat de réduire le montant du chèque de paie auquel s’attend l’agresseur, il pourrait s’ensuivre de graves conséquences pour la victime. La non-disponibilité d’un congé payé pourrait accroître les risques pour les travailleurs et créer des obstacles pour les victimes.
Nous voulons aussi signaler notre préoccupation quant à la disposition d’exception. Nous comprenons que le but de cette disposition est de faire en sorte que seules les victimes, et non les agresseurs, aient droit à ce congé. Cependant, elle pourrait constituer un obstacle pour les victimes qui finissent elles-mêmes par être mises en accusation. Cela pourrait arriver si elles usent de représailles ou résistent à leur agresseur ou si la police porte de doubles accusations dans une situation de violence familiale.
À notre avis, si la disposition était libellée de façon à s’appliquer à la victime, cela suffirait à restreindre le droit de l’agresseur à un congé. Personne ne devrait être mis dans l’alternative de cesser d’être victime ou de recevoir un chèque de paie. Nous exhortons le Comité à faire du congé de 10 jours pour les victimes de violence familiale un congé payé. Nous lui recommandons également de porter une attention particulière aux barrières que les modalités d’application de cette disposition pourraient éventuellement créer.
Pour ce qui est des modifications de la partie III du Code canadien du travail, le projet de loi C-63 apporte plusieurs modifications importantes aux normes fédérales du travail. Parmi les mesures prévues, il renverse l’approbation donnée par le gouvernement précédent aux stages d’études non payés faits à l’extérieur d’un programme d’études approuvé, il exige un avis préalable aux changements des horaires de travail, il permet des congés compensatoires pour le travail fait en heures supplémentaires et établit un droit limité de refus de travailler en heures supplémentaires. Ce sont des pas importants et positifs dans la bonne direction.
Je dirai cependant quelques mots sur le processus. Au printemps dernier, le programme du travail a amorcé une vaste consultation sur les recommandations du rapport Arthurs de 2006. Celui-ci proposait le renforcement des mesures de conformité et d’application des droits reconnus dans la partie III. Nous maintenons notre préférence pour une discussion intégrée et exhaustive sur le renforcement des normes fédérales et la mise en place d’un régime efficace de conformité et d’application en vertu du Code.
Je tiens à remercier le Comité de l’occasion d’exposer notre position aujourd’hui et je serai heureux de répondre aux questions que ses membres pourraient avoir.
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Merci et bon après-midi à tous.
Elizabeth et moi-même sommes heureuses d’être ici cet après-midi pour vous parler au nom des 651 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique.
D’entrée de jeu, je veux faire écho à ce que vient de dire le représentant du Congrès du travail du Canada au sujet de la consultation et du processus. Le SCFP est déçu que ces modifications du Code canadien du travail soient faites par le truchement d’un projet de loi omnibus sur le budget parce que cela signifie qu’elles ne seront pas examinées à fond et débattues comme elles devraient l’être. Nous recommandons que la section 8 soit disjointe du projet de loi C-63 et fasse l’objet d’un examen et d’un vote distincts.
Nous nous préoccupons aussi du fait que les modifications prévues dans le projet de loi C-63 ne vont pas assez loin en ce qui concerne les importantes protections et un accès raisonnable aux congés qui sont accordés aux travailleurs sous régime fédéral. Nous croyons que le gouvernement fédéral devrait établir des normes au moins aussi élevées, sinon plus élevées, que les meilleures normes provinciales. Malheureusement, certaines des normes proposées dans le projet de loi C-63 sont bien en deçà des normes provinciales les plus élevées. Par exemple, l’obligation d’aviser les employés seulement 24 heures à l’avance des changements d’horaire ou de poste de travail est bien inférieure à la norme d’une semaine d’avis établie par la Saskatchewan.
Nous nous préoccupons également de ce que l’étendue de l’exception légale pourrait faire que cette exigence soit sans objet. Il importe que les travailleurs connaissent bien à l’avance leurs heures de travail afin de pouvoir se livrer à d’autres activités, comme la garde et l’éducation des enfants. Nous savons également que l’incertitude quant aux horaires de travail contribue à la précarité, au stress et aux conflits entre travail et vie personnelle.
Cela étant dit, pourquoi la bonne marche des opérations dans l’établissement de l’employeur devrait-elle avoir préséance et bénéficier du même genre de priorité qu’une menace grave pour la santé et la sécurité au travail? Nous recommandons que l’avis préalable exigé soit porté de 24 heures à une semaine et que la troisième exception visant le fonctionnement normal de l’établissement de l’employeur soit supprimée.
Nous avons la même préoccupation au sujet du droit de refuser le travail en heures supplémentaires pour cause d’obligations familiales. L’exception fondée sur le fonctionnement normal de l’établissement de l’employeur est trop large et signifie que les droits de l’employeur auront priorité sur le bien-être des familles et des enfants.
Dans quelle sorte de société vivons-vous pour permettre qu’un enfant soit obligé d’attendre à la garderie jusqu’à que son père ou sa mère vienne le prendre pour aucune autre raison que la bonne marche des activités d’un établissement industriel risquerait d’être perturbée par l’absence d’un employé? Nous recommandons que cette exception soit supprimée, ce qui rendrait d’ailleurs la disposition proposée conforme aux meilleures normes provinciales.
Pour ce qui est du droit reconnu aux employés de demander un assouplissement de leurs conditions d’emploi, nous estimons qu’il ne s’agit pas d’un nouveau droit réel. La disposition proposée n’oblige pas les employeurs à examiner les demandes en ce sens plus sérieusement qu’ils ne le faisaient auparavant. Elle exige simplement qu’ils y répondent par écrit.
Le SCFP est d’avis que le gouvernement, plutôt que de poser un geste symbolique sans réelle portée, devrait apporter de véritables changements pour soutenir les travailleurs les plus vulnérables, ceux qui occupent un emploi précaire qui les oblige de se montrer souples malgré eux.
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Bon après-midi et merci de m’avoir invité ici aujourd’hui.
Je suis ici au nom de tous les Canadiens qui sont atteints de la sclérose en plaques, ou SP, afin de discuter des dispositions mises de l’avant dans cette loi d’exécution du budget.
La SP est une maladie chronique souvent—mais pas toujours—invalidante qui cible le système nerveux central, qui comprend le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques. Les symptômes et les conséquences sont différents pour chaque personne, car il n’existe pas qu’un seul type de SP.
La SP est l’une des affections neurologiques les plus répandues parmi les jeunes adultes du Canada. Elle se manifeste généralement chez les personnes âgées de 15 à 40 ans, au moment où bon nombre d’entre elles font partie de la population active.
En ce qui a trait à la section 8 de la partie 5 du projet de loi , nous appuyons l’amendement visant à optimiser le milieu de travail en assouplissant les politiques relatives à l’emploi afin de permettre aux personnes atteintes de la SP et d’autres invalidités épisodiques de demeurer au sein de la population active. Ne serait-ce que par compassion ou pour des raisons sociales ou économiques, il s’agirait d’une bonne politique. Cela consisterait à apporter des améliorations aux mesures de soutien du revenu et de soutien des personnes handicapées pour les personnes qui ne peuvent travailler ou qui ne peuvent le faire que de façon intermittente, afin de leur fournir un milieu de travail plus souple qui leur permet de travailler.
Nous appuyons les dispositions de la partie 1 qui accorderaient, en premier lieu, davantage de pouvoirs aux infirmières praticiennes à des fins fiscales, en leur permettant de signer les bulletins médicaux d’une personne et qui, en deuxième lieu, introduisent des changements qui amélioreraient la précision et la cohérence des lois et des règlements de l’impôt sur le revenu, en permettant par exemple aux personnes qui vivent avec une invalidité épisodique comme la SP de recevoir le crédit d’impôt pour personnes handicapées.
Je pourrais m’engager dans une discussion technique, mais au moment où vous délibérez au sujet des diverses dispositions, je vous invite à réfléchir aux récits suivants de vraies personnes qui vivent avec la SP.
Penny travaillait à temps plein jusqu’à ce que ses symptômes de SP ne prennent le dessus. Elle avait besoin d’un nouveau poste. Elle pouvait encore travailler, mais elle devait pouvoir le faire à temps partiel afin de pouvoir s’occuper de sa santé. Elle a donc quitté son emploi et elle essaie de trouver un milieu de travail plus souple, mais elle doit entre-temps recevoir des paiements de l’aide sociale. Si un programme de travail partagé avait été mis en place, Penny aurait pu réduire ses heures de travail tout en recevant une aide partielle de l’assurance-emploi, ou AE, ce qui lui aurait permis de poursuivre la carrière qu’elle adorait et aurait coûté moins cher au filet de sécurité sociale.
Dave se remettait d’une grave rechute de SP et avait besoin de l’aide d’une infirmière à temps plein pendant une certaine période. Cependant, puisqu’il n’était pas gravement malade et qu’il ne risquait pas de mourir, son épouse ne pouvait pas obtenir son congé de compassion. Puisqu’aucune souplesse ne lui permettait de prendre ce congé, elle a dû quitter son emploi pour s’occuper de Dave, si bien que la famille n’a eu aucun revenu pendant plusieurs mois. Tout le monde y perd dans une telle situation: la famille, les personnes et le marché du travail. Cela ne tient tout simplement pas debout.
Sharon est incapable de travailler à temps plein depuis quelques années en raison de la SP. Elle pourrait parfois travailler quand elle se sent bien, mais un emploi de courte durée ne lui permet pas de gagner un revenu assez élevé. Comme sa situation ne correspond pas à la définition actuelle d’une invalidité, elle n’a pas droit au crédit d’impôt pour personnes handicapées, et comme son revenu est peu élevé, le crédit ne ferait pas une grande différence de toute façon. Sharon passe beaucoup de temps à naviguer dans les méandres des nombreuses formes d’aide à temps partiel. Un assouplissement de ses conditions de travail lui permettrait de travailler de façon continue, mais à l’intérieur des paramètres de ses symptômes de SP, ce qui lui assurerait une certaine sécurité financière.
Nous entendons toujours les gens nous dire qu’ils aimeraient travailler. Ils le peuvent. Ils en sont capables mentalement et physiquement, mais pas toujours dans le cadre d’un quart de travail régulier ou de neuf à cinq. Il doit exister une façon d’assouplir les conditions de travail des employés. L’actuel système de soutien du revenu et de sécurité sociale crée un environnement qui force les personnes ayant des invalidités épisodiques à faire un choix entre faire partie de la population active ou la quitter. La maladie épisodique est un peu comme la quadrature du cercle, et elle n’offre aucune marge de manœuvre.
La moitié des Canadiens handicapés en âge de travailler ont une maladie épisodique. Elle repart aussi vite qu’elle apparaît. Il peut s’agir de la SP, d’un trouble de santé mentale, de l’arthrite ou de bien d’autres maladies. La mise en œuvre de petits changements atténuerait une partie du fardeau pour les ressources financières et humaines du système actuel. Parmi ces changements, mentionnons une plus grande souplesse pour les employés qui vivent avec une affection ou une maladie épisodique, de façon qu’ils puissent demeurer au sein de la population active, et ainsi contribuer à notre économie; assurer la cohérence des lois et des règlements de l’impôt sur le revenu; et améliorer les paramètres entourant la définition d’invalidité. Ces changements permettraient de mieux appuyer les personnes ayant des maladies épisodiques, en leur permettant de travailler dans un cadre assoupli dans lequel elles pourraient contribuer à l’économie et à la population active, réduire les coûts des systèmes de soutien, et atténuer le stress économique, affectif et social. Ils réduiraient aussi l’obligation pour les employeurs d’embaucher de nouveaux employés et d’assurer leur formation.
Ces amendements constituent la réponse aux besoins des personnes, des familles, de la société, de la main d’œuvre et de l’économie.
Je vous remercie et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Monsieur le président, je vous remercie de nous accueillir ici aujourd’hui.
L’Association des gestionnaires de portefeuille du Canada représente plus de 240 sociétés de gestion de placement au Canada, soit un actif sous gestion total qui dépasse 1,6 billion de dollars pour les Canadiens, principalement pour le compte de régimes de retraite et de REER individuels et collectifs.
Nous avons souvent témoigné devant ce comité au fil des ans et nos recommandations se concentrent habituellement sur l’épargne-retraite et sur l’équité du régime fiscal pour cette épargne, qui est habituellement exempte d’impôt, suivant le principe selon lequel les Canadiens méritent d’avoir accès aux meilleures occasions de placement à des coûts abordables afin de pouvoir faire croître leur régime de retraite et leurs REER.
Les fonds distincts sont des produits d’assurance qui ressemblent beaucoup à des fonds communs de placement, mais qui sont vendus par des compagnies d’assurance et offrent des rendements basés sur un fonds distinct d’actifs. Selon un rapport de 2017 de Strategic Insight, les Canadiens ont investi 117 milliards de dollars dans des fonds distincts. Nous sommes très heureux de constater que le budget fédéral de 2017 a étendu les règles de fusion à imposition différée aux fonds distincts, permettant à ces derniers une efficacité accrue, le cas échéant, sans incidence fiscale négative pour les Canadiens détenant ces instruments hybrides d’assurance et d’épargne-retraite.
Nous sommes ici aujourd’hui en raison d’un oubli dans le budget, selon nous, et nous aimerions demander que ces règles soient étendues aux fonds en gestion commune dispensés de prospectus. Comme vous le savez, la plupart des Canadiens qui travaillent pour des compagnies ont habituellement le choix entre trois types de régimes d’épargne-retraite. Il y a bien sûr le régime à prestations déterminées, qui est en voie de disparition. Les types d’épargne les plus courants de nos jours sont les régimes à cotisations déterminées et les REER collectifs.
Les régimes à cotisations déterminées et les REER collectifs investissent souvent dans des fonds en gestion commune, lesquels s’avèrent moins coûteux que les fonds communs de placement traditionnels offerts aux particuliers et fournissent une diversité suffisante en matière de répartition de l’actif pour permettre aux Canadiens d’épargner en prévision de leur retraite. Les instruments de placement en gestion commune offrent aux Canadiens, particulièrement à la classe moyenne, un accès à diverses catégories d’actifs à un coût abordable étant donné la possibilité de bénéficier d’économies d’échelle en regroupant les placements et en partageant les coûts.
À moins que les règles de fusion de placements soient étendues au-delà des fonds distincts et concernent également les fonds en gestion commune dispensés de prospectus dans lesquels ceux-ci investissent, toute fusion au niveau des fonds distincts sera affectée par les incidences fiscales des fusions de ces fonds sous-jacents. Cela entraînerait une baisse des rendements des placements pour le Canadien moyen avec un régime de retraite à cotisations déterminées d’employeur.
Mon collègue Eric Adelson vous présentera maintenant plus de détails et vous donnera aussi un exemple bien précis.
Les entreprises de fonds d’investissement gèrent de nombreux fonds pour les compagnies d’assurance, dans lesquels les Canadiens investissent par l’intermédiaire de régimes à cotisations déterminées ou de programmes d’épargne-retraite collectifs. Selon un rapport de 2017 de Strategic Insight, les Canadiens ont investi dans des fonds en gestion commune pour un montant de 65 milliards de dollars, les régimes de retraite à cotisations déterminées de l’employeur étant la principale source de ce placement.
Les fonds augmentent et diminuent en fonction de la population des salariés; afin de les gérer sur une base rentable pour optimiser les rendements, les entreprises doivent être en mesure de fusionner les fonds, à l’occasion, sans affecter l’investisseur final. L’extension des règles de fusion à imposition différée aux fonds en gestion commune dispensés de prospectus offrirait un traitement fiscal cohérent aux fonds communs de placement et aux fonds distincts au bénéfice des épargnants canadiens. Les fonds dits à « horizon de retraite » en constituent l’exemple le plus courant.
Dans la plupart des régimes de retraite à cotisations déterminées, puisque les fonds à horizon de retraite constituent l’option de placement implicite, un très grand nombre de Canadiens de la classe moyenne détiennent ce genre de fonds. Ces fonds ont une date d’échéance qui est incluse dans le nom du fonds, et suivent une stratégie de répartition de l’actif de plus en plus prudente à l’approche de la date d’échéance. Si une personne prévoit partir à la retraite en 2030, elle investirait dans un fonds dont le nom renferme l’année 2030.
À l’échéance, l’épargnant qui part à la retraite ne veut pas nécessairement obtenir immédiatement un montant forfaitaire. Il peut le prendre, mais habituellement, nous fusionnerions le fonds en un fonds élargi et plus diversifié dans lequel l’épargnant peut puiser au fil du temps. Cela procure aux épargnants un choix facile à exercer au titre de leur épargne retraite.
Si le fonds à horizon de retraite est constitué d’actions et d’obligations détenues directement, nous pouvons le fusionner et différer le paiement de l’impôt jusqu’au moment où l’épargnant en retire de l’argent, mais s’il est constitué de fonds en gestion commune qui détiennent à leur tour des actions et des obligations, la fusion du fonds à horizon de retraite donnerait lieu à des incidences fiscales immédiates, à la différence des fonds communs de placement ordinaires et des fonds distincts des compagnies d’assurance.
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J'en ai déjà parlé, je vais simplement faire un rappel. Des institutions très prestigieuses faisant autorité ont produit une pléthore d'études depuis 10 ou 15 ans. La Banque mondiale, le FMI et l'OCDE, notamment.
D'abord et avant tout, le départ d'un si grand nombre de travailleurs va ralentir le PIB. Cela ralentira l'acheminement de fonds du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux. On a déjà modélisé ce processus. Ces divers centres de prévision l'ont illustré. Je crois savoir que Finances Canada a également fait des études internes à ce sujet. L'impact se fera sentir sous la forme d'une croissance économique plus lente et d'une baisse de revenus. C'est le premier problème.
Le deuxième problème est que le taux de dépendance s'écroule — et je dis bien s'écroule — depuis la fin des années 1960. À l'époque le taux était d'environ sept travailleurs pour un retraité ou une personne à charge. Le taux va baisser à 2,4. Je crois que l'arithmétique de base ne m'échappe pas, et l'idée qu'il n'y aura que 2,4 jeunes gens pour soutenir l'un des miens me fait peur. Nous vivons beaucoup plus longtemps, et quand nous dépasseront ce seuil de 75 — et le point de rupture se trouve quelque part entre 75 et 80 quand les coûts des soins de santé commencent à grimper vertigineusement —, quelque chose va céder. C'est pour cette raison que l'OCDE emploie un vocabulaire tout à fait apocalyptique dans ses prévisions. Le FMI aussi.
Je me suis entretenu avec des collègues universitaires, et ils disent que oui, oui, d'accord, les revenus seront un peu moins élevés. Je ne crois pas qu'il en sera ainsi. Toutes les prévisions que j'ai consultées indiquent que ce sera bien pire. Il y a des choses que nous pouvons faire pour atténuer le contrecoup, par exemple en essayant de garder les personnes âgées chez elles et de les garder actives plus longtemps.
Très rapidement, j'ai rencontré Fred Vettese, économiste en chef chez Morneau Shepell, dans le cadre de plusieurs conférences sur les pensions de retraite. C'est un monsieur très intelligent, qui fait autorité dans ce domaine. Il estime que nos politiques en matière de pension de retraite sont incohérentes. Les régimes de pension privés permettent aux travailleurs de prendre leur retraite à 55 ans, les prestations de la SV sont versées à partir de 65 ans, et les prestations du RPC peuvent être demandées entre l'âge de 60 et de 70 ans. On pourrait commencer par normaliser le tout en adoptant, disons, le modèle du RPC et en modifiant la SV et la réglementation fiscale applicable aux régimes de pension. Il y a des mesures que nous pouvons prendre pour atténuer les effets du tsunami à venir.
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Je m'inquiète parce que, si on examine la situation au Japon, c'est un pays où la population vieillit et où l'économie est ralentie. Et je crois que leurs résultats économiques sont sous la barre depuis déjà longtemps, et cela soulève toutes sortes de problèmes pour le gouvernement.
On m'a déjà posé la question, et je crois que le Bureau du directeur parlementaire du budget essaie d'obtenir de meilleures données permettant de ventiler, par exemple, notre dette nationale, et pas seulement à l'échelle du gouvernement fédéral, mais par province, puis en fonction des données démographiques, afin que nous puissions commencer à repérer les seuils critiques réels.
Je sais que, à la dernière session parlementaire, certains députés, et certains sénateurs des Maritimes également, ont discuté de l'éventualité de changements structurels. Est-ce que cela a un sens d'avoir toutes sortes d'autorités sanitaires au lieu d'essayer d'harmoniser nos systèmes et de collaborer?
Est-ce que ce sont certaines des stratégies qu'il faudrait élaborer? Encore une fois, si on examine la situation du Japon, il est très difficile de pousser la croissance à ce que les gens se sont habitués à trouver normal, c'est-à-dire les niveaux atteints après la Deuxième Guerre mondiale. Quelles mesures pourrait-on prendre?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être parmi nous aujourd'hui.
Je vais surtout m'attarder aux changements prévus au Code canadien du travail. Je suis content de pouvoir connaître votre point de vue. De leur côté, les fonctionnaires qui nous ont présenté les dispositions liées au Code canadien du travail semblaient dire que tout était parfait, que tout était rose, que les consultations avaient été idéales et que tout le monde s'entendait très bien.
Or on nous fait part aujourd'hui de pistes de solution pouvant améliorer concrètement certains articles du projet de loi, et j'en suis heureux. Lors de l'étude article par article, nous pourrons donc tenter d'apporter certaines modifications. Par contre, personne n'a parlé des documents demandés au paragraphe 206.7(5), qui traite des congés destinés aux victimes de violence familiale. On peut y lire ce qui suit:
206.7(5) L’employeur peut, par écrit et au plus tard quinze jours après le retour au travail de l’employé, demander à celui-ci qu’il fournisse des documents justificatifs concernant les raisons du congé.
Autrement dit, l'employeur peut demander à l'employé de prouver que ce congé était justifié.
J'aimerais savoir si cette disposition vous inquiète ou si, au contraire, vous n'y voyez aucun problème. Ma question s'adresse à M. Yussuff, à Mme Pasma, à Mme Dandy ou à quiconque voudrait y répondre.
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Je vais répondre en anglais si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
Évidemment, il est parfois difficile pour les personnes qui subissent de la violence familiale de fournir les documents habituels, et nous ne voulons pas que ces exigences créent des obstacles pour les personnes qui affrontent déjà des situations très difficiles. On ne veut pas prendre de mesures comme une ordonnance de non-communication parce qu'il y a toutes sortes de versions de la violence familiale, et les victimes la vivent de toutes sortes de façons et ont des besoins différents. Donc il n'y a pas de solution unique.
Dans l'idéal, les employeurs ne devraient pas exiger ce genre de preuve, certainement pas avant en tout cas. Après le fait, ils pourraient fournir une lettre d'avocat ou la déclaration d'une travailleuse du refuge où se trouve la femme, par exemple, ou d'un autre service de soutien, à condition qu'il y ait une certaine souplesse dans le type de documents demandés, mais nous préférerions qu'il n'y ait pas d'exigence.
Mais c'est le genre de choses, à mon avis, qu'on pourrait régler par le biais de la réglementation plutôt que de la loi proprement dite.
Je vous donne une réponse un peu mitigée, mais, s'il faut que ce soit prévu, dans ce cas, il vaut mieux le demander après le fait plutôt que d'emblée.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins qui se sont présentés devant nous aujourd'hui.
Chaque témoin a parlé de l'importance d'avoir une cohésion sociale au Canada. Il y a plusieurs manières d'atteindre cet objectif, non seulement sur le plan de la prospérité, mais aussi quant à la façon dont on traite les personnes moins fortunées. Je ne parle pas seulement de gens moins fortunés sur le plan du revenu, mais aussi de ceux qui sont moins fortunés que nous tous autour de la table aujourd'hui.
Monsieur Davis, j'aimerais commencer par m'adresser à vous.
Dans vos anecdotes et votre analyse, vous avez mentionné l'importance de s'assurer d'une certaine flexibilité dans le Code canadien du travail, pour que les gens qui souffrent de maladies chroniques, comme la sclérose en plaque, se sentent inclus par les modifications apportées au Code du travail.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur l'importance de permettre aux personnes atteintes de maladies chroniques, comme la sclérose en plaque, de travailler dans la dignité? À quel point ces changements sont-ils importants? Y a-t-il d'autres pistes que nous devrions suivre lors des prochaines modifications?
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Il est certain, à mon avis, que la possibilité de travailler et d'affronter la réalité, dont nous profitons tous, est d'une importance primordiale dans nos vies. Lorsque des personnes vivent des situations comme la violence familiale, il est crucial que le milieu de travail les soutiennent le plus possible, mais il faut aussi qu'elles puissent trouver un refuge pour échapper à la violence.
Il arrive trop souvent que l'agresseur vise directement le milieu de travail. Si l'employeur n'est pas conscient de ce fait et ne filtre pas les appels éventuels, la situation est la même qu'à la maison, et la victime est perturbée dans son travail. Il faut que ce problème soit reconnu et réglé dans le milieu de travail.
Il doit évidemment y avoir d'autres choses dans la réglementation. Il faudra faire en sorte que l'employeur offre vraiment un environnement de travail sûr aux personnes qui vivent dans une situation de violence familiale chez elles, afin que le milieu de travail ne devienne pas un autre lieu où elles doivent affronter cette situation.
Nous collaborons avec nos différences sections au pays pour essayer de sensibiliser les Canadiens, nos propres membres et les employeurs présents à la table de négociation. Je pense que la situation est en train de changer et qu'il y a une prise de conscience, mais, comme vous le savez, les statistiques relatives à la violence familiale sont bien tristes .. Malgré tout ce que nous avons fait, nos efforts n'ont pas été suffisants. Et je le dis sans détour: pour l'essentiel, cette violence vient des hommes.
Nous devons faire mieux. Notre société doit trouver le moyen de rehausser le niveau de cette discussion, parce que, en 2017, compte tenu du nombre de femmes victimes de violence familiale, je crois que cela veut dire que nous n'avons pas fait du bon travail.
Il ne s'agit pas seulement du gouvernement fédéral. Cela concerne aussi les gouvernements provinciaux et territoriaux, qui devraient collaborer pour approfondir cette question et trouver des moyens de transformer les attitudes et les comportements de sorte que cette réalité ne fasse pas partie de l'évolution de notre société. C'est une mesure modeste, mais elle compte.
Nous devons aussi, et c'est encore plus important, veiller à faire les choses comme il faut, parce que cela pourra inspirer les provinces et territoires qui n'ont pas encore abordé cette question.
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Ma question s'adresse à M. Lee. Il parlait des défis économiques et financiers associés à une vague massive de départs à la retraite — le «tsunami gris », comme il l'a appelé. Je voudrais savoir ce qu'il pense de ce que je crois être un problème comptable, dont je ne vois pas la solution, mais qui, je crois, incite les gouvernements à prendre des décisions financières à court terme qui coûteront cher à long terme.
Je vous donne un exemple. L'une des règles des régimes enregistrés d'épargne-retraite prévoit que les personnes qui prennent leur retraite convertissent leur REER en FEER — des fonds de revenu — et qu'elles commencent à retirer des fonds de ces FERR à un rythme assez rapide pour que cela devienne des revenus et que ces revenus soient imposables. Le gouvernement n'a plus intérêt à exiger ces retraits, parce que l'argent sera imposé plus tard de toute façon. Si une personne décide, à l'âge de 85 ans, de retirer tout cet argent, ce revenu sera imposé cette année-là. En les forçant à retirer leur argent à l'âge de 71 ans, ces revenus sont imposés plus tôt, mais ils ne sont pas imposés plus.
Alors, pourquoi les gouvernements font-ils cela? La réponse est que, si un gouvernement décidait aujourd'hui de supprimer cette règle du retrait obligatoire, il devrait assumer cette perte de revenu. Et ce sont des gouvernements à venir qui profiteraient du gain de revenu. Dix ans plus tard, des gens commenceront à retirer leur argent, qui sera imposé par un autre gouvernement. Aucun gouvernement actuel ne serait prêt à accepter cette perte de revenus en permettant le report des retraits. Même si l'État n'y perd pas à long terme, il y a un coût politique à court terme pour le gouvernement du jour.
Au sujet des dépenses et obligations que les gouvernements acceptent, supposons que le gouvernement doive régler une poursuite et verser des millions de dollars sur trois décennies. Selon le système comptable actuel, le coût de cette décision est en réalité assumé l'année même de la décision et non pas durant la période de versement de l'argent. Cela permet de veiller à ce que le gouvernement du jour rende compte des coûts financiers des obligations à venir qu'il décide d'accepter.
Est-ce que ce principe, qui s'applique aux dépenses et aux obligations, pourrait de quelque façon être intégré à la comptabilité des recettes fiscales?
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Merci. Cette clarification est importante.
Le CTC et le SCFP en ont parlé, donc si quelqu'un veut intervenir, pas de problème.
Concernant la documentation, disons, applicable à une situation de violence familiale, les questions de Mr. Dusseault concernaient la documentation après les faits. J'apprécie le fait que vous ayez dit tous les deux qu'il vaut certainement mieux après qu'avant.
Les mêmes questions ont été soulevées en la présence des fonctionnaires. Leur réponse a été que l'objet de ces changements— je paraphrase ici — était de veiller à ce que les victimes ou les membres de leur famille immédiate puissent avoir rapidement accès à un aménagement des heures de travail. Pour le reste, s'il y avait des difficultés à plus long terme ou plus importantes, l'employeur pourrait s'en charger. Mais ces changements, eux, visaient à faciliter l'accès rapide à un congé, pour obtenir des soins médicaux, des soins en santé mentale ou pour d'autres raisons de ce genre. C'est vraiment l'intention qui anime cette mesure.
Cela dit, et compte tenu du fait que la documentation est fournie après les faits — je comprends bien le souci concernant la documentation ici —, voyez-vous pourquoi l'accès rapide à l'aménagement de l'horaire de travail est un aspect important dans ce cas?
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Je prendrais un recul et je dirais que, dans le cas des fonds mutuels exemptés de prospectus, on peut faire cela et que le code fiscal le permet depuis longtemps. Je retournerais la question et demanderais pourquoi il faudrait distinguer les véhicules l'un de l'autre. Si c'est bon pour l'un, c'est bon pour l'autre.
Cette question soulève beaucoup d'autres enjeux sur lesquels l'AGPC a des opinions, que nous exprimerons en temps et lieu.
Premièrement, le fonds commun proprement dit est plus économique pour les compagnies d'assurances, de sorte qu'elles peuvent facturer moins à l'investisseur final, ce qui est évidemment souhaitable pour les épargnes de retraite. Cela augmente la somme qui vous revient en définitive.
Lorsqu'il y a fusion, elle doit être approuvée par un vote des porteurs de parts, surtout quand il y a de grandes différences entre les fonds. Donc, si vous avez un fond axé sur une date d'échéance, dont l'objectif d'investissement est très précis, et que vous voulez le fusionner avec, disons, un fonds d'actions canadien, si c'est un fonds mutuel, il y aurait à coup sûr un vote des investisseurs, parce que les objectifs d'investissement sont radicalement différents.
Les fonds distincts font l'objet de règles différentes, mais il y a ce qu'on appelle une « libre sortie » dans ce cas, de sorte que, si les investisseurs n'aiment pas la proposition de fusion, ils peuvent toujours vendre leurs parts.
L'une des raisons pour lesquelles nous proposons souvent des fusions de fonds, plutôt que liquider un fonds, est que, lorsqu'on liquide un fond pour qu'on récupère son argent, les conséquences fiscales sont les mêmes. Le seul moyen de reporter l'impôt est de fusionner le fonds.
Une fusion de fonds est une possibilité qui permet aux investisseurs de contrôler leur destinée. Ils ont un éventail de choix. S'ils décident de déclencher le processus fiscal tout de suite, ils voteront contre la fusion ou récupéreront simplement leur argent. Ils peuvent aussi reporter la décision et voir comment fonctionne le nouvel investissement.
Selon les changements apportés récemment, qui sont prudents, il est possible de commencer à recevoir des prestations du RPC entre 60 et 70 ans. Si on le fait avant l'âge de 65 ans, on est pénalisé. Si on le fait entre 65 et 70 ans — et beaucoup de Canadiens ne le savent pas toujours pas —, on peut augmenter la rente d'environ 42 % en reportant l'échéance de retrait.
Pour ce qui est de la SV, elle est versée à l'âge de 65 ans, et c'est tout. Quant aux régimes de pension d'entreprises, on peut, selon la Loi de l'impôt sur le revenu, commencer à toucher des prestations dès l'âge de 55 ans.
Ce que je disais, c'est que nous devrions peut-être — en fait, je devrais dire: vous devriez, vous les membres du Parlement, le Comité des finances — recommander un modèle normalisé, le modèle du RPC, qui permet de choisir entre 60 et 70 ans. Ce régime offre une certaine souplesse. On peut recevoir des prestations avant l'âge de 65 ans, mais on est pénalisé. Si on reporte les prestations, on peut améliorer sa rente. Cela me semble être une politique plus raisonnable et plus prudente que l'âge arbitraire de la SV ou que les régimes de pension privés souvent insolvables.
Bonsoir, monsieur le président, distingués membres du Comité, mesdames et messieurs les témoins et personnes à la tribune.
Je m'appelle Michael McDonald et je suis le directeur exécutif de l'Alliance canadienne des associations étudiantes, l'ACAE. Je vous remercie de l'invitation de parler du projet de loi .
De façon générale, l'ACAE était heureuse de voir que le budget de 2017 continuait d'investir dans les étudiants. Nous sommes particulièrement encouragés par les nouveaux appuis à l'égard des apprenants des Premières Nations et des Inuits, de l'accès élargi aux subventions aux étudiants qui ont des personnes à charge et aux étudiants à temps partiel, ainsi que des nouvelles règles concernant les stages non rémunérés.
Je vais prendre le reste du temps qui m'est imparti pour parler des modifications proposées aux stages non rémunérés, qui font partie du projet de loi. Ce geste s'intègre aux efforts plus généraux visant à faire des lieux de travail canadiens des endroits plus modernes, inclusifs et efficaces. Par exemple, nous saluons le cadre annoncé il y a quelques jours pour lutter contre le harcèlement et la violence sexuelle dans la fonction publique et les lieux de travail sous compétence fédérale.
Des dizaines de milliers d'étudiants occupent des emplois au gouvernement fédéral et dans les secteurs de compétence fédérale chaque année. En compagnie de tous leurs collègues, ils méritent un lieu de travail sécuritaire et respectueux qui leur permet de s'épanouir. Pour la même raison, nous appuyons les modifications proposées dans le projet de loi d'interdire les stages non rémunérés.
À l'ACEA, nous sommes d'ardents partisans d'une expérience de travail de qualité pour les étudiants. Des recherches récentes font un lien entre la participation à des programmes coopératifs et une rémunération plus élevée ainsi que de meilleurs emplois après l'obtention du diplôme. Les étudiants interrogés qui ont suivi des programmes coopératifs dans le cadre de leurs études donnent à leur expérience globale de niveau postsecondaire de meilleures notes que ceux qui ne l'ont pas fait et les employeurs sont aussi très élogieux des compétences et de l'employabilité des diplômés de programmes coopératifs.
Bien que nous sachions que la qualité de l'expérience de travail rapporte des dividendes pour les étudiants et les employeurs, ce n'est pas le cas des expériences non rémunérées. Une étude américaine a révélé qu'un nombre beaucoup plus grand de diplômés qui ont fait des stages non rémunérés n'ont pas obtenu d'emploi, comparativement à ceux qui ont eu des stages rémunérés. En effet, une expérience non rémunérée ne fait pratiquement rien pour améliorer les perspectives d'emploi, selon une récente étude de la Canadian Intern Association.
L'explication vraisemblable est simple: lorsqu'un employeur investit dans l'expérience, il accorde à l'étudiant plus d'attention, plus de responsabilités et plus de possibilités.
En fin de compte, nous aimerions que toutes les expériences de stage soient rémunérées. Cependant, nous reconnaissons que la rémunération sous la forme d'un crédit est mieux qu'aucune rémunération et le projet de loi propose de mettre fin aux stages non rémunérés dans les secteurs de compétence fédérale, sauf lorsque ces stages font partie de programmes formels d'études. Nous appuyons cette décision étant donné qu'il s'agit d'une mesure importante pour promouvoir des expériences de travail de grande qualité de même que la sécurité et pour rémunérer équitablement les jeunes travailleurs.
Nous reconnaissons qu'à l'instar des stages rémunérés, la qualité est généralement aussi plus élevée pour les expériences de travail qui sont intégrées dans les programmes d'études postsecondaires formels et nous appuyons les promesses du budget de 2017 visant à s'assurer que tous les stagiaires, y compris ceux qui travaillent pour l'obtention de crédits dans le cadre de programmes formels, sont visés par des mesures de protection prévues dans les normes de travail. En outre, nous pensons qu'il est important de mettre en évidence le fait que des stagiaires non rémunérés ont tendance à être beaucoup plus nombreux dans des domaines à prédominance féminine. Nous pensons que cela pose particulièrement un problème et nous espérons que c'est un aspect auquel le projet de loi s'attaque.
Un autre facteur important est que les étudiants provenant de milieux à faible revenu ont moins de souplesse lorsque vient le temps de choisir entre l'expérience qui pourrait les aider maintenant et payer leurs factures.
Nous sommes heureux des mesures prises par le budget pour protéger les stagiaires; par conséquent, nous continuerons de préconiser un investissement fédéral dans de nouvelles perspectives de travail rémunéré pour les étudiants. Voilà les raisons pour lesquelles nous appuyons fermement quelques-unes des possibilités d'apprentissage intégré au travail qui ont été présentées tout récemment.
Nous continuerons d'appuyer les expériences de travail étudiant rémunéré de grande qualité. Nous sommes heureux de voir les modifications présentées dans le projet de loi et nous pensons qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction.
Merci.
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Bonsoir. Je m'appelle Kate McInturff et je suis une chargée de recherche au Centre canadien de politiques alternatives. J'aimerais remercier le Comité de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui.
La décision du gouvernement d'inclure une analyse sexospécifique dans le budget fédéral est un pas important en avant pour l'égalité des sexes et, comme je l'ai souligné dans mon mémoire prébudgétaire, pour notre économie. Les projets de loi de mise en œuvre du budget constituent un moment important pour le gouvernement qui lui permet de donner suite à cette analyse.
Jusqu'à maintenant, l'analyse présentée dans le budget de 2017 et dans la mise à jour économique de l'automne indique de quelle façon les hommes et les femmes sont touchés différemment par la politique fiscale, par exemple. J'ai été très heureuse de constater que la mise à jour de l'automne prend note de l'incidence négative sur les femmes du partage du revenu et de la répartition du revenu. Cependant, il est important de s'assurer que l'analyse forme effectivement la base d'action et une meilleure politique. Autrement dit, nos politiques gouvernementales doivent être conçues en tenant compte de l'analyse.
Naturellement, la portée du projet de loi est étroite. Par contre, j'aimerais saisir cette occasion pour démontrer comment l'analyse sexospécifique peut rendre les politiques du gouvernement plus efficaces et les faire aller plus loin en nous mettant sur la voie de l'égalité des sexes. Je vais parler précisément de la question des congés pour les victimes de violence familiale.
Dans l'énoncé relatif aux sexes du budget de 2017, le gouvernement a reconnu que les « femmes et les filles sont plus susceptibles que les hommes de connaître la pauvreté, la violence et le harcèlement », soulignant que les « femmes sont plus susceptibles que les hommes de connaître les formes les plus graves de victimisation conjugale autodéclarée ».
La décision du gouvernement de mettre en œuvre des congés pour les victimes de violence familiale est très bien accueillie pour aborder la question du lien entre l'insécurité économique et la susceptibilité à la violence familiale. Cependant, une analyse plus approfondie laisse entendre qu'il y a deux autres pas à franchir pour s'assurer que cette politique atteint son objectif. Le projet de loi offre une excellente occasion pour faire ces pas.
Premièrement, le congé pour les victimes de violence familiale doit être rémunéré. Il est clairement établi que lorsque les femmes restent dans un cadre violent et retournent dans un tel cadre, c'est qu'elles ne peuvent pas se permettre de s'absenter. Une étude réalisée par l'Université de la Colombie-Britannique a révélé que les victimes de violence entre partenaires intimes connaissaient des difficultés financières en raison de cette violence, peu importe leur revenu avant de quitter leur partenaire violent. Autrement dit, cela a une incidence sur les femmes de tous les groupes économiques. Ces difficultés financières se sont poursuivies pendant des années après leur départ du milieu violent.
À court terme, lorsqu'une femme quitte un milieu violent, elle est confrontée immédiatement à des difficultés financières. L'une des principales raisons données par les femmes dans des abris pour retourner dans un ménage violent est qu'elles ne peuvent pas se permettre de logement. En outre, les femmes qui ont de jeunes enfants craignent que si elles ne sont pas en mesure de subvenir financièrement à leurs besoins et à ceux de leurs enfants, ces derniers peuvent être pris en charge par les services à l'enfance et à la famille. Cela ne signifie pas seulement la tragédie d'une victime de violence qui est séparée de ses enfants, mais dans les petites collectivités, cela peut aussi entraîner le placement des enfants, par exemple, chez un parent du partenaire violent, les mettant éventuellement à risque.
Les coûts liés au travail perdu, aux salaires perdus et à la productivité perdue sont importants. Justice Canada estime que le coût attribuable à la perte de salaire en raison de la violence familiale s'élève à 33,7 millions de dollars par année. Le coût attribuable à la perte de productivité pour les employeurs serait de l'ordre de 68,5 millions de dollars par année.
À quoi est-ce que cela ressemble dans la vie d'une victime de violence familiale? Lorsque vous quittez un conjoint violent, vous partez avec pratiquement rien — vos enfants et quelques valises tout au plus, pas une fourchette, pas une marmite, pas un fauteuil, pas un lit. Lorsque vient le temps de trouver un logement, la victime de violence familiale repart à zéro. Si elle a des enfants, elle a la pression additionnelle de devoir démontrer aux services à l'enfance et à la famille qu'elle peut subvenir aux besoins fondamentaux de ses enfants.
Trois jours de salaire, trois jours de congé payé, pour une femme qui gagne 25 $ de l'heure, cela correspondant à 600 $, ce qui suffit pour acheter un matelas, quelques assiettes et une fourchette. Cela peut faire toute une différence dans la vie d'une femme qui essaie de se refaire une vie plus sécuritaire, pour elle-même et sa famille.
Ma deuxième recommandation serait de s'assurer que le congé pour les victimes de violence familiale permet d'éliminer l'exclusion des personnes qui font face à des accusations. Bien que je comprenne le souhait de ne pas accorder ce congé à une personne qui est accusée d'un crime violent, l'exclusion des personnes qui ont été accusées de violence familiale a le potentiel d'exclure également les victimes de la violence. Cette situation est attribuable au fait que dans certaines instances au Canada, la police pratique la politique de mises en accusation automatiques ou doubles. La mise en accusation automatique signifie que lorsque la police répond à un appel pour violence familiale, elle est tenue de mettre en accusation les personnes en cause. Il peut s'ensuivre — et il s'ensuit effectivement à l'occasion — que tant la victime que l'abuseur sont accusés.
La mise en accusation automatique vise à s'assurer que l'accusation est faite et que l'intervention de la police dans les cas de violence familiale est robuste. Cependant, il s'ensuit que dans certains cas les victimes sont mises en accusation. En vertu de l'actuelle proposition, en vertu de la loi proposée, ces victimes seraient exclues de l'admissibilité.
Le gouvernement ouvre la voie en reconnaissant le rôle des difficultés financières et de la perte de travail dans la vie des personnes victimes de violence familiale. Grâce à ces modifications additionnelles, la politique fixera une nouvelle norme en appuyant les victimes de cette violence. En outre, c'est précisément en mettant en œuvre ses politiques que le gouvernement a la possibilité de mettre à profit l'analyse sexospécifique et de s'assurer que cette analyse donne lieu à des mesures.
Merci.
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Merci de nous donner l'occasion de vous adresser la parole aujourd'hui. Vous devriez avoir un diaporama sur votre tablette que j'espérais vous présenter au cours des prochaines minutes.
La FCEI est un organisme sans but lucratif, non partisan qui représente plus de 109 000 petites et moyennes entreprises dans tout le Canada. Nos membres représentent tous les secteurs de l'économie et toutes les régions du pays.
Aujourd'hui, j'aimerais aborder trois aspects du projet de loi : introduction des conditions de travail souples, impact des modifications à la multiplication de la déduction accordée aux petites entreprises et l'Accord de libre-échange canadien.
Le fait d'accorder aux employés le droit de demander des mesures de souplesse du travail est sans précédent au Canada. Bien que seulement un petit nombre de petites entreprises relèvent de la compétence fédérale, les gouvernements provinciaux mettent souvent en œuvre des changements semblables, qui alors touchent un bien plus grand nombre d'entreprises.
Nous dirions qu'une telle loi n'est en réalité pas nécessaire parmi les petites entreprises, parce que comme vous pouvez le constater à la diapositive 4, la FCEI a constaté que de nombreux propriétaires de petites entreprises offrent une forme de souplesse afin d'aider leurs employés à concilier travail et responsabilités personnelles. De fait, la plupart le font.
En outre, un sondage Ipsos mené plus tôt cette auprès des personnes qui travaillent dans des entreprises comptant moins de cinq employés a révélé que les employés ont tendance à être davantage satisfaits de la flexibilité accordée pour concilier la vie personnelle, comme vous pouvez le constater à la diapositive 5.
En outre, les mêmes employés sont plus susceptibles d'être très satisfaits de leur travail en général, comparativement aux travailleurs dans les entreprises de plus grande taille.
En effet, la plupart des petits employeurs comprennent déjà qu'il est crucial d'offrir des conditions de travail souples pour maintenir leur effectif, pour attirer de nouveaux employés et pour soutenir le moral dans les lieux de travail.
À notre avis, ce projet de loi risque de créer quelques difficultés aux petites entreprises, comme vous pouvez le voir à la diapo 6.
D'abord, il ajouterait à leur fardeau administratif. Il leur faudra réorganiser les tâches pour accéder aux demandes des employés et pour respecter les exigences de la loi. Il leur manque aussi les ressources nécessaires pour répondre à des plaintes ou à des processus d'appel auxquels elles risquent de faire face.
Deuxièmement, certaines entreprises auront de la peine à offrir des arrangements comme du travail à domicile qui nécessiterait l'installation coûteuse d'équipement spécial chez les travailleurs.
Troisièmement, la perturbation des horaires réguliers risque de réduire la productivité, ce qui pourra coûter cher à l'entreprise. Certains propriétaires s'inquiéteront aussi de ne pas traiter leurs autres employés équitablement en les entendant se plaindre de devoir effectuer des tâches supplémentaires.
Enfin, les dispositions de ce projet de loi risquent d'exercer de la pression sur les petits employeurs, comme ceux du secteur des transports, qui ne seront pas en mesure d'offrir des conditions de travail souples.
Chaque entreprise fait face à des difficultés particulières. Voilà pourquoi il est important de laisser les employeurs déterminer avec leurs employés les arrangements qui leur conviennent le mieux. En répondant à la consultation du gouvernement, nous lui avons recommandé de ne pas adopter ce projet de loi. Nous avons ajouté que s'il l'adoptait, qu'il en exempte les petites entreprises. De plus, si le gouvernement décidait quand même de les assujettir à cette loi, nous lui avons recommandé plusieurs raisons de permettre aux petits employeurs de refuser certains arrangements. Nous avons eu le plaisir de constater que le gouvernement avait inséré quelques-unes de ces raisons dans le projet de loi. Nous demanderions cependant qu'il accorde aux employeurs plus de 30 jours plus accéder à une demande. Nous suggérions trois mois, qui est le délai accordé au Royaume-Uni, en ajoutant quelques détails sur l'application de ce projet de loi et sur la possibilité d'un recours en appel. Ces aspects nous inquiètent encore.
Je vais maintenant parler de la multiplication de la déduction accordée aux petites entreprises.
Le projet de loi modifie les dispositions régissant les agriculteurs et les pêcheurs qui vendent aux coopératives pour qu'ils demeurent admissibles à la déduction accordée aux petites entreprises, ou DPE. Bien que nous soyons heureux d'avoir obtenu, au début de cette année, cet éclaircissement sur les changements apportés à la multiplication de cette déduction, nous voudrions que le gouvernement aille plus loin. Dans son budget de 2016, il annonçait des changements ciblant les personnes qui avaient créé des structures leur permettant d’accéder à la DPE plus d’une fois, mais cela semble maintenant toucher un plus grand nombre d'entreprises que nous ne l'avions pensé. En vertu des nouvelles règles, le revenu actif d’une société n’est pas admissible à la DPE lorsqu’elle l'obtient en fournissant des services ou des produits à une entreprise qui détient un intérêt direct ou indirect dans cette société. Toutefois, nous ne comprenons pas exactement en quoi consiste cet « intérêt indirect ».
Qu'entendons-nous par-là? Eh bien, il semblerait que ces nouvelles règles aient de plus graves répercussions sur les petites entreprises, surtout dans les régions rurales. Par exemple, une de nos membres est propriétaire d'un restaurant dans un village de l'Alberta. Elle achète des fruits et légumes frais de la ferme de son père. Elle n'a pas vraiment le choix, car il n'y a que très peu de fournisseurs dans sa région. Mais d'après ces nouvelles règles, le revenu qu'elle génère avec les produits qu'elle obtient dans le cadre de sa relation familiale ne lui permet plus d'obtenir la DPE, même si elle et son père gèrent des entreprises totalement indépendantes l'une de l'autre.
Ces règles ajoutent également aux frais administratifs, car les entrepreneurs doivent déterminer si et dans quelle mesure elles s'appliquent aux revenus de leur exploitation. On a recommandé aux propriétaires assujettis à ces règles de tenir deux registres comptables: un sur leurs revenus non admissibles à la DPE, et l'autre pour les revenus admissibles. À notre avis, il sera bon de mieux expliquer ces changements et les répercussions qu'ils auront sur les entreprises.
Enfin, je tenais à mentionner l'importance de l'Accord de libre-échange canadien. Nous sommes vraiment heureux de constater que ce budget confirme que le gouvernement fédéral maintient cet accord important et historique. Il est crucial pour les petites entreprises. Cependant, nous allons tous devoir travailler très fort. Il est important pour nous que le gouvernement continue à veiller aux progrès que cet accord produira. Il devra veiller à ce que la Table de conciliation et de coopération en matière de réglementation règle activement les graves problèmes auxquels les petites entreprises font face.
Vous voyez à la diapo 11 la liste des aspects réglementaires que la Table devra harmoniser dans tout le Canada aussitôt que possible. Nous y voyons par exemple l'enregistrement et la production de rapports des sociétés, les règlements sur l'agriculture et sur les transports, les permis professionnels et commerciaux, l'indemnisation des accidentés du travail et la sécurité en milieu de travail. Nous encourageons le gouvernement fédéral à pousser le progrès des discussions et la résolution des problèmes.
Merci.
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Merci, monsieur le président, de nous avoir invités à présenter nos commentaires sur le projet de loi .
Je m'appelle Cory Mulvihill, et je suis directeur des politiques et des affaires publiques de MaRS Discovery District. Notre organisme est le plus grand centre d'innovation en Amérique du Nord. Nous sommes au coeur de la plus grande grappe d'établissements de recherche au Canada. Nous rassemblons des entrepreneurs, des éducateurs, des chercheurs, des spécialistes en sciences sociales, des investisseurs et des experts en gestion d'entreprise afin de fournir aux innovateurs un centre de réseautage où ils trouvent les compétences, les clients et les capitaux dont ils ont le plus grand besoin.
MaRS fournit des conseils et des programmes de soutien à plus de 1 100 entreprises en démarrage par l'entremise de nos partenaires situés partout au Canada. Depuis 2008, les entreprises que nous avons aidées à démarrer ont généré 3,5 milliards de dollars en capitaux et 1,8 milliards de dollars en revenus. À l'heure actuelle, notre organisme compte plus de 6 100 employés spécialistes en économie du savoir.
Je tiens aujourd'hui à souligner l'importance de soutenir fortement l'écosystème de petits capitaux pour les entreprises canadiennes émergentes, notamment dans les quatre domaines sur lesquels nous nous concentrons: la santé, l'énergie et l'environnement, la finance et le commerce ainsi que le travail et l'apprentissage. Pour vraiment réussir, ces entreprises doivent accéder aux justes montants et aux types de capitaux qui conviennent à leur phase de croissance. Il leur faut aussi des conseils judicieux.
Poursuivant le Plan d'action sur le capital de risque instauré par son prédécesseur, le gouvernement ajoutera à son budget de 2017 400 millions de dollars pour stimuler la croissance de l'écosystème de capital de risque. Comme au Canada, la création de sociétés à forte croissance bat son plein, cette somme, investie par l'intermédiaire de la Banque de développement du Canada, poursuivra la lancée amorcée par le Plan d'action afin de renforcer l'écosystème du capital de risque et d'assurer à ces entreprises l'accès aux fonds qu'il leur faudra pendant les phases critiques de leur croissance.
Bien que cette année, selon la Canadian Venture Capital Association, le flux des transactions au Canada est plus fort que ce qu'il ne l'était l'année dernière, l'économie du pays continue à faire face au problème systémique de la sous-capitalisation, qui affaiblit la capacité concurrentielle des sociétés canadiennes sur les marchés mondiaux. La société MaRS a offert son centre de rassemblement de l'écosystème de l'innovation pour renforcer la croissance des capitaux dans les domaines où elle percevait des lacunes. Cela comprend le Fonds d'accélération des investissements qui est le fonds de démarrage le plus actif de l'Ontario et qui a investi, en 115 placements, la somme de 52 millions de dollars. Citons aussi la société ArcTern, qui répond aux besoins en financement des entreprises de haute technologie.
Nous nous réjouissons du lancement de l'Initiative de catalyse du capital de risque, qui promet de soutenir la lancée de l'écosystème du capital de risque canadien.
Merci.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je m'appelle Theresa Agnew, et je suis chef de la direction de la Nurse Practitioners' Association of Ontario, ou NPAO. Je suis ici avec ma collègue, Mme Dawn Tymianski, qui siège au Conseil d'administration de la NPAO. Dawn sera très bientôt nommée PDG par intérim de la NPAO dès que mon mandat de cinq ans prendra fin.
Nous remercions le Comité permanent des finances d'avoir offert à la NPAO l'occasion de présenter ses commentaires sur le projet de loi . Je vais commencer par vous parler du rôle des infirmières praticiennes, ou IP, et de notre association.
Fondée en 1973, la NPAO est une association indépendante qui représente plus de 3 100 infirmiers, infirmières praticiennes et étudiantes infirmières praticiennes en Ontario. Elle compte le plus grand pourcentage de membres volontaires de toutes les associations professionnelles d'infirmières en Ontario.
Les infirmières praticiennes sont des infirmières autorisées qui, grâce à leurs études universitaires avancées et à leur expérience, fournissent toute une gamme de soins de santé à des millions de patients dans toute la province et partout au Canada. En Ontario, les IP sont autorisées à ordonner et à interpréter tous les tests de laboratoire et la plupart des tests d'imagerie diagnostique. Elles peuvent aussi renvoyer des patients à des spécialistes. Elles peuvent hospitaliser des patients, les traiter et leur donner leur congé. Les infirmières praticiennes ont également l'autorisation d'effectuer des procédures chirurgicales mineures.
Les IP peuvent prescrire des drogues et des substances contrôlées. Cette modification de la portée de l'exercice de la profession qu'elles attendent depuis très longtemps leur permet maintenant de prodiguer, tout comme les fournisseurs de soins primaires, tous les aspects des soins palliatifs et des soins de fin de vie, ce qui comprend l'aide médicale à mourir aux patients admissibles qui le demandent. Vous serez peut-être surpris d'apprendre qu'en Ontario, plus de la moitié des praticiens qui figurent au registre de l'aide médicale à mourir sont des infirmières praticiennes.
Les IP travaillent dans des milieux très divers du système de santé, dont des hôpitaux, des équipes de santé familiale, des centres de santé communautaire, des cliniques dirigées par des IP et des centres de soins de longue durée. Les IP travaillent avec les particuliers et avec les familles. Elles s'occupent des nouveau-nés comme des aînés et servent de nombreuses populations vulnérables et marginalisées.
Je vais maintenant passer aux raisons pour lesquelles nous appuyons le projet de loi .
Comme vous le savez, il s'agit d'un projet de loi omnibus sur le budget. Nous n'en avons pas lu les 275 pages et nous n'avons pas examiné les nombreux documents législatifs corollaires qu'il faudra modifier s'il était adopté, alors nos observations demeureront très générales.
Premièrement, la NPAO est très heureuse de voir que l'on propose de modifier le Code canadien du travail afin d'offrir aux Canadiens une plus grande souplesse pour choisir leurs périodes de vacances. On y ajouterait aussi les congés de deuil et des périodes de pratique de guérison traditionnelle. Nous appuyons aussi fortement la période réglementaire offerte aux victimes de violence familiale. Cette proposition est empreinte de compassion, car nous savons que toutes les victimes de violence familiale sont traumatisées et ont besoin d'une période de guérison. La NPAO recommande cependant que cette période de congé soit rémunérée. De cette façon, on ne pénaliserait pas financièrement des familles qui souffrent déjà terriblement.
Ce projet de loi pourrait aider mieux encore les victimes de violence familiale. En suggérant cela, je pense à notre chère Zahra Abdille, une infirmière praticienne que j'ai eu l'honneur de connaître pendant mes années d'études. Elle se passionnait pour les soins aux aînés. Malheureusement, elle n'a jamais osé confier à ses collègues et à ses amis qu'elle était elle-même victime de violence familiale.
En juillet 2014, Zahra avait quitté son mari pour se réfugier avec ses fils dans un foyer pour femmes battues. Elle a ensuite intenté un recours en justice pour quitter ce mari qui la maltraitait. Elle prenait soin de ses enfants en exerçant sa profession d'infirmière praticienne. Mais comme son revenu était trop élevé, elle n'a pas eu accès à l'aide juridique, malgré le fait que son mari avait tous pouvoirs sur le compte en banque familial. Ne sachant plus comment se retourner, ses fils et elle sont retournés vivre avec le mari. Le 29 novembre 2014, celui-ci a tué Zhara et ses deux enfants, Faris et Zain, puis il s'est suicidé.
Au nom des femmes comme Zahra Abdille, la NPAO supplie le gouvernement de veiller à ce que les femmes victimes de violence familiale aient accès à l'aide juridique. Si l'on ne peut pas insérer cet amendement dans le projet de loi , nous implorons le gouvernement de trouver moyen de légiférer cet accès.
La NPAO appuie aussi les mesures proposées pour rendre notre système fiscal plus transparent et équitable. Les Canadiens paient des impôts pour soutenir des programmes qui nous sont très chers comme les soins de santé universels, le logement abordable et les garderies d'enfants subventionnées. Les gens qui gagnent plus devraient payer plus. Nous appuyons tous les changements qui élimineront les échappatoires fiscales dont profitent injustement ceux qui ont les revenus les plus élevés. Les recettes fiscales équitables pourront alors servir à améliorer les déterminants sociaux de la santé, ce qui améliorera la santé de tous les Canadiens.
Nous appuyons aussi les modifications proposées dans ce projet de loi pour offrir plus d'incitatifs à ceux qui utilisent l'énergie géothermale.
Enfin, nous tenons à remercier le Comité et le gouvernement fédéral d'avoir proposé dans le projet de loi des modifications permettant aux infirmières praticiennes de signer de nombreux formulaires fédéraux. Bien que les IP soient autorisées à évaluer indépendamment leurs patients, à diagnostiquer, à traiter et à gérer des troubles de santé, de nombreux formulaires fédéraux n'acceptent pas la signature d'une IP. Les patients sont donc obligés de retourner dans une clinique ou dans un centre de soins de santé pour les faire signer par un médecin qui ne les connaît même pas. Cela crée des frais supplémentaires pour les patients et pour le système.
Nous sommes extrêmement heureux des modifications omnibus proposées dans le projet de loi C-63 pour permettre à toutes les infirmières praticiennes du Canada de servir leurs clients plus rapidement et plus efficacement. Nous tenons à remercier l'Association des infirmières et infirmiers du Canada et l'Association des infirmières et infirmiers praticiens du Canada pour leurs efforts ardus et pour la défense active qu'elles ont menée pour assurer la mise en oeuvre de ces changements.
Nous vous remercions encore de nous avoir invités à vous parler, et nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci monsieur le président et merci aux intervenants qui ont pris la parole aujourd'hui.
J'ai quelques questions à poser, la première au Centre canadien de politiques alternatives. J'ai écouté avec grand intérêt ce que vous avez dit à propos du problème du logement et de l'effet qu'il avait sur les employeurs. Vous avez associé la violence conjugale à une conséquence de l'insalubrité des logements.
Je viens tout juste de siéger à un comité qui a étudié la question du suicide dans les communautés autochtones d'un bout à l'autre du pays et les chiffres qui nous ont été présentés et le désespoir auquel les Autochtones sont exposés sont terribles. Le désespoir chez les jeunes est attribuable à bien des problèmes, mais celui du logement a été signalé comme un problème qu'on pourrait régler.
Il a été mentionné, à maintes reprises, que si nous pouvions régler le problème du logement, qui a empiré avec les années, nous réglerions 50 % des problèmes sociaux qui nous posent des défis. Le logement est un facteur dans l'équation de la violence conjugale, mais dans nos communautés autochtones, c'est aussi un grand facteur dans les abus sexuels qui intervient également lorsqu'il est question de suicide. Ce problème limite nos peuples dans leur capacité de se trouver un emploi rémunérateur. Les étudiants ont de la difficulté à étudier et leurs notes sont inférieures.
Je présume que vous pourriez partager avec nous le fruit de certains travaux de recherche.
Monsieur le président, elle pourrait peut-être nous fournir ces renseignements.
Ma prochaine question s'adresse à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je représente les Territoires du Nord-Ouest. Pratiquement toutes nos collectivités sont autochtones. Nous avons tout un défi à relever, car notre façon de vivre a évolué. Bien des choses y contribuent et notre culture est diluée. Plusieurs de nos aînés affirment que nos jeunes doivent aujourd'hui vivre dans deux cultures: ils doivent avoir un pied dans chacun des deux mondes. Pour certains des aînés de la nation tlicho, il faut être fort comme deux personnes, car il faut savoir chasser, pêcher, cueillir les petits fruits, piéger et toutes ces activités traditionnelles que nous faisons depuis toujours, mais il faut en même temps avoir un emploi à temps plein pour subvenir aux besoins de la famille.
Nous étions passablement heureux de constater les mesures d'assouplissement prévues dans les changements au Code canadien du travail. Nous savons que les gouvernements et les peuples autochtones ont été amplement consultés. Je m'interroge sur la raison pour laquelle vous recommandez de ne pas aller de l'avant. Avez-vous discuté avec les peuples autochtones? Avez-vous rencontré et consulté les gouvernements autochtones, des Premières Nations, des Métis et des Inuits? Beaucoup de travail a été fait dans ce dossier et je ne suis pas certain de la provenance de vos directives. Je présume...
Je vais vous laisser y répondre.
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Merci, monsieur le président. Vous me permettrez de remercier les témoins qui quittent à l'instant.
Je vous remercie de votre présence.
Monsieur le président, je vous remercie d'avoir réservé du temps pour que nous puissions discuter de la motion dont j'ai donné avis, mardi dernier. Elle est très à propos compte tenu de l'actualité. Je vais la relire, pour que nous sachions bien sur quoi nous prenons une décision aujourd'hui.
[Traduction]
Que, compte tenu de révélations en cours dans les médias selon lesquelles des Canadiens pourraient être impliqués dans des situations d’évitement fiscal abusif ou d’évasion fiscale, le Comité invite Stephen Bronfman, président du financement du Parti libéral du Canada, et Leo Kolber, ancien sénateur et ancien responsable du financement du Parti libéral du Canada, à comparaître devant le Comité permanent des Finances d’ici le 30 novembre 2017, afin de répondre à des questions relativement à leurs actifs à l’étranger dans des juridictions considérées comme des paradis fiscaux.
[Français]
Le but de cette motion est assez simple. J'ai pu l'expliquer rapidement, mardi, lorsque j'en ai déposé l'avis.
Elle vise à éclairer le Comité sur les stratagèmes fiscaux qui ont été utilisés par ces deux individus. Le but n'est pas de faire leur procès ici ni de déterminer si c'était légal ou illégal, mais plutôt de se faire expliquer les faits et le stratagème utilisé.
Bien sûr, tous les Canadiens qui ont vu ces informations ont été choqués d'apprendre que certaines stratégies, comme celles qu'ont utilisées ces deux individus, c'est-à-dire les fiducies dans des pays étrangers, leur permettent de cacher certains de leurs biens et de leurs actifs et de faire des profits grâce à ces actifs. Ces investissements fructifient et sont placés à toutes sortes d'endroits sur la planète, tandis que ces actifs génèrent des revenus dans des pays étrangers dont les taux d'imposition sont pratiquement inexistants.
Cela nous permettrait des les entendre pour qu'ils puissent expliquer la façon dont, légalement, comme ils le disent, ils peuvent déplacer leurs actifs à l'étranger pour qu'ils génèrent des revenus à l'abri de l'impôt. Le but ultime est de connaître leur stratégie. Cela permettra ensuite au Comité de s'attaquer aux lacunes de la Loi de l'impôt sur le revenu et au problème fondamental qui fait que ces individus peuvent utiliser de tels stratagèmes et éviter de payer leur juste part dans notre société.
Ces individus profitent de notre système de santé. Je ne connais personnellement ni M. Bronfman ni M. Kolber, mais je ne serais pas surpris d'apprendre qu'ils sont déjà allés à l'hôpital au Canada. Ils profitent de notre système de santé. Comme ces gens sont au Canada, ils voyagent sur nos routes et sur nos autoroutes et ils profitent de nos infrastructures, mais ils ne paient pas ou à peu près pas d'impôt. Ils réussissent donc à s'en sortir tout en profitant de notre société et des services offerts par nos gouvernements.
Or nos gouvernements ont de la difficulté à offrir des services de qualité à leurs citoyens à cause d'un système fiscal en pleine érosion. Ce n'est pas moi qui le dis. Beaucoup de travail se fait à l'échelle internationale sur la question de l'érosion de la base fiscale et du transfert des profits dans des pays étrangers. C'est donc, pour le Comité, l'occasion d'en apprendre davantage. Il n'y a pas de date de fin prévue pour cette étude, mais j'aimerais qu'ils puissent comparaître avant le 30 novembre. Toutefois, la motion n'indique aucune finalité. À mon avis, la finalité serait de trouver des pistes de solution pour rectifier cette situation.
Je crois que les Canadiens seraient heureux de voir le Comité permanent des finances de la Chambre des communes s'attaquer à cette situation, qui est d'actualité. Ils seraient surtout contents de voir le Comité repérer les pistes de solution qui sont à sa portée pour mettre un terme à ces scandales, qui reviennent ponctuellement dans l'actualité canadienne, voire dans l'actualité mondiale.
J'espère donc obtenir l'appui de mes collègues afin de pouvoir répondre à une inquiétude que partagent les Canadiens, ce qui inclut les concitoyens de mes collègues. Pour ce faire, j'espère recueillir l'appui de tous mes amis autour de la table, afin que des solutions puissent être trouvées.
Je vous remercie.
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Voilà la raison. Vous m'avez posé une question et j'y réponds. Je propose:
Que, compte tenu de révélations en cours dans les médias selon lesquelles des Canadiens pourraient être impliqués dans des situations d’évitement fiscal abusif ou d’évasion fiscale, le Comité invite Stephen Bronfman, président du financement du Parti libéral du Canada, et Leo Kolber, ancien sénateur et ancien responsable du financement du Parti libéral du Canada, à comparaître devant le Comité permanent des Finances
— et voici le changement —
d'ici le 25 novembre 2017, afin de répondre à des questions relativement à leurs actifs à l’étranger dans des juridictions considérées comme des paradis fiscaux.
Monsieur le président, je comprends que des membres souhaitent clore ce débat, comme ils l'ont fait la dernière fois. Je veux simplement avoir l'occasion d'expliquer brièvement pourquoi ce débat est important.
Dans l'intérêt public et dans la mesure où le comité des finances est concerné, le gouvernement prétend être favorable à l'équité fiscale, mais il réserve un traitement de faveur aux gens riches qui ont des amis influents en leur permettant d'éviter de payer leur juste part d'impôts et en alourdissant le fardeau fiscal des Canadiens ordinaires. La lutte féroce que le gouvernement mène pour éviter la tenue de ce débat, pour le clore avant même qu'on puisse intervenir, démontre qu'il ne veut pas de transparence dans ce domaine. Si leur parti et leur gouvernement n'ont rien à se reprocher dans cette affaire, pourquoi les députés du gouvernement n'ont-ils pas avancé le moindre argument pour expliquer pourquoi ils ne souhaitent pas que ce débat ait lieu?
Ils ont dit que l'équité était leur principale priorité. M. Dusseault a ensuite proposé une motion qui leur aurait donné l'occasion de le démontrer. Je sais que la date du 30 novembre leur posait un problème, contrairement à la date du 25 que j'ai proposée.
Comme le gouvernement attache une si haute importance à cette question, pourquoi ne pas devancer la date du débat au lieu de le reporter au 30? Les membres de l'autre côté avaient peut-être tellement hâte de commencer cet examen qu'ils ne pouvaient attendre jusqu'au 30 novembre. Je leur propose donc une autre date.
Merci.