:
Merci, monsieur le président. Il fait bon apprendre que les membres du comité des finances s'entendent bien.
Je vous remercie, madame et messieurs le président, les vice-présidents et les membres du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. C'est un honneur de comparaître devant vous aujourd'hui.
[Français]
Je vais formuler de brefs commentaires sur le projet de loi , notamment en ce qui concerne le poste de directeur parlementaire du budget.
[Traduction]
Ces commentaires découlent de l'analyse que l'Institut des finances publiques et de la démocratie, l'IFPD, a publiée. On y trouve des observations positives et d'autres un peu moins favorables. Il s'ensuit que certains amendements s'avéreront nécessaires. Je suis heureux de savoir que le gouvernement est prêt à envisager des changements.
Mon point de vue repose sur le besoin fondamental de fournir aux sénateurs et aux députés les résultats d'une analyse financière avant qu'ils votent sur les autorisations législatives de dépenser et sur les lois fiscales. Comme les prévisions et les analyses des coûts dégagent une certaine incertitude, les parlementaires ont besoin d'autres données reposant sur les résultats d'analyses. Le Parlement du Canada a besoin d'un Bureau parlementaire du budget solide et indépendant.
[Français]
Je félicite le gouvernement du Canada d'avoir proposé un projet de loi qui renforcera le Bureau du directeur parlementaire du budget.
[Traduction]
De ce point de vue, plusieurs changements proposés seront souhaitables. Le directeur parlementaire du budget deviendra un agent du Parlement, le Parlement participera à sa sélection et qui pourra le congédier pour des motifs valables et non le maintenir à son poste selon le bon plaisir du premier ministre.
Ce projet de loi étend le mandat de ce poste à l'évaluation des coûts des programmes que les partis politiques proposent pendant leurs campagnes électorales. Qui sera mieux placé pour le faire de manière non partisane que le directeur parlementaire du budget, le DPB? Il ne sera pas facile d'établir les protocoles sur l'échange de renseignements avec la fonction publique ainsi que les protocoles de divulgation et d'utilisation des résultats des analyses du Bureau avec les partis politiques. Mais bien administré, ce processus sera extrêmement utile aux partis et aux électeurs. Nous avons là une tâche complexe que les parlementaires devront examiner consciencieusement.
Quand j'ai accepté la nomination au poste de directeur parlementaire du budget, peu de personnes dotées de l'expérience et des compétences nécessaires désiraient assumer ce rôle. Pendant mon mandat, la définition des responsabilités et la reddition de comptes créaient beaucoup de confusion et de tension. Comme ce poste relevait de la Bibliothèque du Parlement, le titulaire avait de nombreuses responsabilités administratives face à la bibliothécaire parlementaire et de comptes à rendre au Parlement dans le cadre de son mandat.
[Français]
Les amendements proposés par le gouvernement assureront l'obligation du directeur parlementaire du budget de rendre compte au Parlement, et pourront aussi encourager un plus grand nombre de personnes à poser leur candidature à ce poste.
[Traduction]
J'ai quelques observations moins favorables — voire défavorables — à présenter au sujet du projet de loi proposé. À mon avis, il est essentiel d'amender quatre dispositions de ce projet de loi pour mieux servir les parlementaires. Il s'agit de l'objectif, du mandat, de l'indépendance et de l'accès à l'information.
[Français]
Sans ces amendements, nous risquerons que le Bureau du directeur parlementaire du budget soit affaibli et moins indépendant qu'il ne l'est actuellement.
[Traduction]
L'objectif du DBP doit correspondre exactement au mandat fondamental du Parlement. Selon Robert Marleau et Camille Monpetit, deux experts canadiens de la procédure parlementaire, le contrôle direct des finances nationales est « la grande tâche du gouvernement parlementaire moderne ». La Chambre des communes tient les cordons de la bourse. Le DPB joue le rôle indispensable d'éclairer la prise de décisions en fournissant des analyses économiques et financières. Il améliore ainsi la qualité des débats et des résultats produits pour les Canadiens. Cet objectif fondamental renforcerait considérablement le projet de loi.
Le mandat du projet de loi proposé est moins clair et moins restrictif que la loi actuelle. Il serait bon de le préciser. Les sénateurs et les députés désirent-ils recevoir des prévisions économiques et financières indépendantes et les analyses qui s'y rapportent? Les députés ont-ils besoin d'aide pour surveiller les coûts et pour déterminer les autorisations législatives de dépenser et les lois fiscales? La loi devrait définir très clairement ce que le DPB doit faire pour bien servir le Parlement.
Par exemple, le projet de loi proposé ne permet plus à un député de demander une analyse des coûts des projets de loi et des achats du gouvernement. Il ne pourrait demander ces renseignements que pour les projets de loi émanant de députés. Quand j'occupais le poste de DPB — de directeur parlementaire du budget —, nous recevions des demandes importantes de députés qui désiraient connaître les coûts de guerres, d'avions de chasse, de projets de loi sur la lutte contre le crime, et sur bien d'autres choses. Je ne vois pas de raison valable de restreindre cette fonction cruciale du directeur parlementaire du budget.
Parlons maintenant d'indépendance. Le Bureau du directeur parlementaire du budget devrait pouvoir accomplir son travail et produire ses rapports sans subir l'influence de politiciens et d'administrateurs. Il devrait jouir de l'indépendance nécessaire pour établir son plan de travail et mener ses analyses dans le cadre du mandat qu'il a reçu ou en fonction de ce qu'il juge important. Il en est de même pour le vérificateur général qui audite les comptes publics. Ses plans de travail ne devraient pas être assujettis à l'approbation des Présidents du Sénat et de la Chambre des communes. Le vérificateur général ne subit pas ce type de surveillance.
Vu le roulement rapide et la volatilité des renseignements économiques, il est crucial que le directeur parlementaire du budget produise ses rapports en temps opportun même quand le Parlement ne siège pas. Le projet de loi proposé limite sa production de rapports aux semaines de séance du Parlement.
Quant à l'accès à l'information, je sais d'expérience que les gouvernements et la fonction publique n'aiment pas fournir de renseignements qui serviront à améliorer la reddition de comptes. Il serait peut-être bon de renforcer les clauses sur l'accès à l'information dont jouit le directeur parlementaire du budget. Que fera-t-on si le gouvernement et la fonction publique refusent de fournir les renseignements cruciaux qu'il faut au directeur parlementaire du budget pour vous aider à accomplir avec diligence raisonnable votre surveillance financière? Faudra-t-il appliquer des sanctions? Devrait-on autoriser le DPB à déposer un recours devant un tribunal fédéral?
En conclusion, je voudrais exhorter cette législature à considérer le renforcement du poste de directeur parlementaire du budget comme un début, et non comme une fin. Notre système d'établissement du Budget des dépenses est vraiment défectueux.
[Français]
Il y a trop peu d'analyses au sujet des milliers de dollars en dépenses approuvées par l'entremise de lois et à la suite de votes. Notre système financier nécessite un meilleur alignement entre les dépenses et le budget.
[Traduction]
Il nous faut de meilleurs contrôles pour surveiller les dépenses et le rendement.
Je suis très heureux d'être ici, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, monsieur Page, de votre présence ici.
[Traduction]
Je voudrais parler un peu de la reddition de comptes. La reddition de comptes occupe une place très importante dans le modèle de Westminster. À mon avis, le Bureau du directeur parlementaire du budget devrait servir non seulement le Parlement — et donc les parlementaires —, mais également les Canadiens.
Vous venez de dire que la loi devrait décrire avec précision les tâches du DPB. Si vous dépendez d'une loi, comment pourrez-vous rendre compte aux parlementaires? Comment pourrez-vous répondre aux besoins des parlementaires? À mon avis, vous servez avant tout les parlementaires, et non le gouvernement. Comment pourrez-vous effectuer les analyses qu'il me faut pour veiller à ce que le gouvernement agisse de manière responsable?
Je ne crois pas que le DPB doive assumer le rôle des parlementaires. Vous devez m'aider — ou, dans ce cas-ci, aider l'opposition — à veiller à ce que le gouvernement assume ses responsabilités.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je tiens à dire qu'il me semble extrêmement dommage de devoir étudier des changements au mandat du directeur parlementaire du budget dans le cadre de l'étude du projet de loi sur la mise en oeuvre du budget. À part le mot « budget », il n'y a pas de rapport entre les deux.
Cela étant dit, je tiens à vous remercier, monsieur Page, de tout le travail que vous avez accompli, en tant que directeur parlementaire du budget, par le passé. Je crois que cela a été extrêmement apprécié par l'ensemble des citoyens et citoyennes canadiens.
Il y a du jamais-vu dans les changements proposés par le gouvernement actuel. Il y a, entre autres, le fait que le directeur parlementaire du budget serait tenu de soumettre un plan annuel. Je comprends qu'il est normal de planifier et de prévoir ses travaux et ses recherches. Toutefois, selon vous, ce plan vient-il restreindre les capacités du Bureau du directeur parlementaire du budget de lancer, en cours d'année, des enquêtes qui pourraient surgir, des enquêtes qui n'avaient pas été prévues initialement?
:
C'est une excellente question.
À mon avis, c'est une excellente pratique. Il me semble évident qu'un agent indépendant prépare des plans de travail. Mais comme nous l'avons dit, je ne pense pas qu'il faille assujettir ces plans à l'approbation des Présidents de la Chambre et du Sénat. Même dans les circonstances actuelles, le DPB doit parfois entamer une enquête sur des enjeux délicats qui risquent de prendre de l'importance pendant une campagne électorale. Il est bien possible que le Président d'une des chambres — il est évident que le Président de la Chambre des communes est un politicien — décide de ne pas approuver le plan en pensant que cet enjeu ne devrait pas s'y trouver.
Je sais aussi que certains de mes collègues du ministère des Finances n'apprécient pas le fait que le directeur parlementaire du budget produise des prévisions économiques et financières indépendantes. Ils exhortent alors le Président de la Chambre ou du Sénat à les retirer des plans de travail. On sent déjà dans ce projet de loi une certaine réticence à permettre au directeur parlementaire du budget d'anticiper les analyses nécessaires. Il me semble plus utile de permettre au directeur parlementaire du budget d'agir avec prévoyance que d'attendre que les députés demandent certaines analyses. Il servira ainsi beaucoup mieux les députés et les Canadiens.
Je trouve donc qu'en assujettissant les plans de travail du DPB à l'approbation des Présidents de la Chambre et du Sénat, nous limiterions considérablement son mandat.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Page, j'aimerais tout d'abord vous remercier de témoigner devant notre comité. Je dois vous avouer, ainsi qu'à tous mes collègues, que cela fait plus de 30 ans que je suis un grand amateur de toutes les questions qui concernent le Parlement.
Je salue le travail que vous avez fait et je salue aussi l'ancien gouvernement qui a créé le Bureau du directeur parlementaire du budget. Il était très important de le faire. C'est un outil incroyable.
En tant que premier directeur du Bureau, vous avez vraiment créé quelque chose avec les outils qui vous avaient été fournis. Je sais que cela n'a pas toujours fait le bonheur du gouvernement de l'époque. Toutefois, en tant que citoyen canadien, je suis d'avis que le travail que vous avez accompli est très important, et cela se poursuit avec votre successeur.
Ma question a trait aux rapports entre le Bureau du directeur parlementaire du budget et les parlementaires. D'après ce que j'ai lu dans les journaux, lorsqu'un parlementaire demande au Bureau de porter une attention à un sujet en particulier, vous jugez important que les fruits de ce travail soient rendus publics 24 heures ou un jour ouvrable après que les informations ont été remises au député.
Quel est mon recours, en tant que député, si je veux contrôler ces informations? Cela pourrait être parce que je ne veux pas qu'elles soient publiées, car le moment n'est pas opportun, et que je préfère remettre à plus tard la transmission des résultats de l'étude. En pareil cas cas, au lieu de m'adresser au Bureau, devrais-je plutôt confier le travail à la Bibliothèque du Parlement?
Je vous laisse la parole.
:
Voilà une autre excellente question.
Il est très important que le directeur parlementaire du budget et son bureau entretiennent d'excellentes relations avec chaque député. Ils devraient s'efforcer dans la mesure du possible de comprendre les besoins des députés et les raisons qui motivent leurs questions.
Dès le début de mon mandat, nous avons décidé que quand un député s'adresserait à nous, nous discuterions en profondeur du travail proposé avant de faire quoi que ce soit. Nous avons souvent remarqué que nous nous trouvions dans l'impossibilité de répondre à toutes les questions que les députés nous posaient. En effet, notre boîte à outils se limitait aux enjeux économiques et financiers ainsi qu'à la détermination des coûts.
Nous expliquions très clairement qu'il nous faudrait parfois jusqu'à deux ou trois mois pour déterminer des coûts. Je parle par exemple des coûts d'une guerre, car c'est le tout premier projet que M. Dewar nous avait confié. Il a fallu déterminer les coûts de l'envoi et du maintien des soldats en Afghanistan, le coût des immobilisations, la dépréciation de l'actif, les coûts d'invalidité et de décès et les frais d'expansion. Nous collaborions avec nos homologues d'un peu partout dans le monde ainsi qu'avec des collègues canadiens.
En outre, si nous préparions un rapport que nous remettions à un député très reconnaissant qui omettrait de le divulguer, notre bureau perdrait de son indépendance. Un tel incident perturberait beaucoup notre travail. Il faut que le directeur parlementaire du budget et son bureau soient aussi indépendants que possible. De plus, l'OCDE souligne beaucoup l'importance de la transparence lorsqu'elle divulgue ses documents.
Il est également crucial de maintenir un service de recherche solide à la Bibliothèque du Parlement afin de fournir les notes d'information et les services confidentiels quotidiens. À mon avis, il nous faut ces deux aspects.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier MM Khan et Page d'être venus aujourd'hui afin de stimuler des intellects sur les deux rives du canal Rideau. C'est très important pour l'Institut des finances publiques et de la démocratie.
Monsieur Page, en répondant à mon collègue M. Liepert tout à l'heure, vous avez dit que vous pourriez inviter différents témoins. Nous parlons ici du Bureau du directeur parlementaire du budget, et non d'un bureau du budget du gouvernement. Ce projet de loi est omnibus, donc il contient un grand nombre de mesures. Sans presque tenir de consultations — je dirais même qu'il n'a consulté personne —, le gouvernement y a ajouté toute une mosaïque de mesures.
On ne nous a donné que très peu d'explications. Maintenant que ce projet se heurte à une certaine résistance — même du Bureau du directeur parlementaire du budget lui-même, qui affirme que les amendements proposés ne servent pas ses intérêts supérieurs ni ceux du Parlement —, ne devrions-nous pas établir un processus différent? N'aurions-nous pas intérêt à retirer ce sujet du projet de loi et à peut-être réunir les comités des deux chambres ou créer un comité spécial représentant les deux chambres pour en discuter?
Cela concerne le Parlement. Monsieur, il s'agit d'un organisme qui deviendrait un bureau parlementaire. Pensez-vous que les deux heures d'étude que nous venons de passer et le débat que vous avez entendu jusqu'à présent rendront justice à votre bureau et au futur directeur parlementaire du budget?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être resté avec nous, monsieur Page. Je vous remercie des observations que vous venez de faire sur l'engagement de notre gouvernement et sur le fait qu'il reconnaît qu'il faudra apporter des amendements.
Je pense qu'aujourd'hui, mon rôle de membre du Comité est d'écouter les témoignages et de déterminer si nous devrions, ou non, recommander des amendements. C'est donc là-dessus que porteront mes questions.
Dans votre allocution, vous avez dit — et vous venez de le réitérer — que nous devrons discuter d'autres enjeux présentés dans ce projet de loi. Je vais donc traiter d'une question que vous avez mentionnée rapidement, mais dont nous n'avons pas encore discuté. Il s'agit de l'accès à l'information et des recours disponibles pour l'obtenir.
Vous avez très brièvement parlé de l'occasion qu'aurait le DPB de déposer un recours devant un tribunal fédéral. Si nous incluions cela dans la loi, quel en serait le processus? Avez-vous envisagé un processus, ou pensez-vous que le DPB devrait simplement se présenter au tribunal fédéral s'il pense ne pas avoir reçu les renseignements dont il a besoin?
:
Non, je ne pense pas que le directeur parlementaire du budget devrait s'adresser directement à un tribunal fédéral s'il n'obtient pas l'information. Pendant que j'occupais ce poste, nous avons eu beaucoup de difficultés à obtenir de fonctionnaires des renseignements qu'il était très important de présenter aux membres de comités comme celui-ci.
Nous appliquions une procédure. Il fallait envoyer des avis. Quand nous avions besoin d'information à votre intention, nous avions pour pratique — et cela se fait toujours — d'expliquer dans une lettre que l'information était réclamée par un député, et de l'acheminer au bureau responsable du ministère concerné. Souvent, on nous répondait que nous n'obtiendrions pas cette information.
Après le budget 2012, par exemple, pratiquement tous les ministères nous ont avisés qu'ils ne nous transmettraient pas leurs plans financiers, les plans de dépenses des ministères, pour l'année budgétaire en question. Après avoir réitéré la demande à maintes reprises, après nous être présentés devant le Comité et avoir soulevé la question — des députés du gouvernement de l'époque soutenaient d'ailleurs que nous allions au-delà de notre mandat —, nous avons adressé un renvoi à la Cour fédérale. Toutefois, si vous consultez ce qui est dit à propos de la Cour fédérale dans le projet de loi actuel, vous remarquerez que ce privilège ne serait pas accordé au directeur parlementaire du budget, même pas en dernier ressort.
Il faut établir une procédure prévoyant une série de notifications adressées à des paliers de plus en plus élevés dans la hiérarchie, ainsi que la participation des députés et la possibilité de se pourvoir en Cour fédérale...
Vous pourriez même envisager des sanctions. Si le responsable au sein du ministère devait affirmer qu'il ne transmettra pas l'information, ce qui vous empêcherait de faire votre travail, un travail indispensable pour le pays, celui-ci devrait pouvoir faire l'objet de sanctions — comme une retenue à la source, son retrait du poste —, parce qu'il est important d'obtenir cette information.
:
Je vous remercie de cette explication.
En outre, il se peut même, bien franchement, que cette démarche soit parfois inévitable, qu'il s'agisse de confidentialité des documents du Cabinet ou de sécurité nationale. À mon avis, il importe, à tout le moins, d'expliquer la raison de la non-divulgation de cette information.
Ce qui m'amène, en quelque sorte, à la prochaine question au sujet de la formulation des renseignements que le directeur parlementaire du budget pourrait recevoir dans l'exécution de ses tâches, des réserves relatives à ces renseignements — je parle des informations en tant que telles et pas de tout le rapport — et de la possibilité pour lui de les publier.
Avez-vous des craintes à ce sujet? Avez-vous l'impression qu'il faudrait apporter des modifications ou le libellé vous convient-il?
:
Je veux simplement faire écho aux remarques de M. Page. Il nous est déjà arrivé de recevoir des renseignements classifiés, du point de vue de la sécurité. Nous savions comment les traiter et heureusement, nous pouvons dire qu'il n'y a eu aucune fuite d'informations de cette nature en cinq ans.
Tout est question d'établir les protocoles qui conviennent. Pendant toute la durée de notre mandat au bureau du directeur parlementaire du budget, je pense que nous n'avons jamais sollicité d'informations classifiées. On pouvait toujours discuter de ce qui constitue un document confidentiel du Cabinet et établir des protocoles à cette fin. Vous pourriez demander au greffier d'attester qu'il s'agit bel et bien d'un document confidentiel du Cabinet. Puis, il y a des façons de transmettre la question aux échelons supérieurs.
Pour en revenir à votre question au sujet de la Cour fédérale, il est à espérer que cela ne se produira jamais, mais s'il doit y avoir un recours, le fait d'inciter les acteurs à partager l'information sera probablement considéré comme une mesure un peu plus positive que si tout le monde sait, en fin de compte, que le directeur parlementaire du budget est privé de tout recours. C'est peut-être une façon d'envisager la question du recours devant la Cour fédérale, ce qui, nous l'espérons, serait rare. Si nous en sommes rendus là, c'est que le problème est assez sérieux et j'imagine qu'à ce moment-là, les parlementaires en ont probablement l'habitude de toute manière.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Page, monsieur Khan, bienvenue au comité de la Chambre des communes.
[Français]
Monsieur Page, c'est un grand plaisir et un honneur pour moi de pouvoir discuter directement avec vous.
Vous avez exercé vos fonctions au Bureau avec honneur et dignité, nous le reconnaissons tous.
Ma question est toute simple. Quels sont les problèmes que vous avez dû affronter qui méritaient d'être résolus par un changement de procédure au Bureau du directeur parlementaire du budget?
:
Je décrirais plus clairement l'objet. Je préciserais le mandat. J'expliquerais dans les moindres détails les qualifications souhaitées du directeur parlementaire du budget.
Quant aux dispositions sur l'information, nous venons d'entendre les questions. Vous devez savoir maintenant comment vous agirez quand le gouvernement au pouvoir, un an ou deux avant une élection, vous dira qu'il ne vous donnera pas l'information requise. Voilà le genre de scénarios auxquels je m'attarderais.
J'intégrerais à ce bureau une fonction d'examen externe, de sorte qu'après cinq à sept ans, le bureau puisse être assujetti à un examen externe pour déterminer s'il s'acquitte bien de sa tâche et s'il est à la hauteur de vos besoins.
Ce sont des points précis. Nous avons écrit au sujet de la . Le directeur parlementaire du budget en poste l'a aussi fait. Nous avons donc un bon point de départ.
:
Je suis tout à fait d'accord avec vous. La démocratie est à son meilleur quand les parlementaires se font les porte-parole des citoyens.
Je veux connaître les coûts établis pour les propositions des plateformes des partis politiques. C'est une façon utile de présenter aux Canadiens une vérification indépendante des thèmes de campagne d'un parti. Un parti ne peut faire la promesse de donner 100 $ par jour à tout le monde tout en équilibrant les livres. Je pense que cet outil est extrêmement important. D'autres pays, l'Australie et les Pays-Bas notamment, l'ont mis en place.
Quand la question a été soulevée par mon collègue, vous avez dit, monsieur Page, que cela exigerait beaucoup de main-d'oeuvre. De quelle façon, à votre avis, le bureau du directeur parlementaire du budget serait-il en mesure de remplir cette fonction? Il faut un certain cadre, en vertu duquel, par exemple, la plateforme doit être soumise au bureau du directeur parlementaire du budget x jours avant le début de la période électorale, pour veiller à ce que toute l'information soit diffusée le même jour. Cela permettrait d'éviter un scénario comme celui-ci: le parti A a soumis sa plateforme et elle a été publiée, celle du parti B a été déposée et celle du parti C a été diffusée deux jours avant le début de la campagne. À mon humble avis, les coûts des propositions devraient être évalués avant le début de la période électorale afin que ces renseignements n'influent pas sur les décisions ou ne suscitent la surprise qu'ils ont suscitée en octobre pendant l'élection canadienne.
:
Selon le modèle australien, le directeur parlementaire du budget exécute beaucoup de travaux confidentiels pour les partis politiques pendant l'année. Au déclenchement des élections, il a déjà confidentiellement budgété les promesses de campagne à l'intention des députés. C'est une manière de le faire, une modalité.
Toutefois, cette approche va aussi à l'encontre des lignes directrices de l'OCDE visant les institutions financières indépendantes auxquelles le Canada adhère. Ces lignes directrices précisent que les travaux ne doivent pas être confidentiels, qu'il faut en diffuser les résultats en même temps à toutes les parties. Comme M. Page l'a dit, les modalités sont importantes et ce comité a probablement un rôle à jouer dans la manière dont le bureau du directeur parlementaire du budget s'acquitte de cette nouvelle obligation.
J'ajouterai qu'il y a toujours une part de risque. Il faut des mois pour préparer les rapports sur l'évaluation des coûts à l'intention des parlementaires, comme celui que nous avons produit sur l'avion de chasse F-35, et cela, quand on a accès aux données nécessaires. Pour ce rapport, nous n'avions pas l'information requise et nous y avons mis un peu plus de temps, mais nous y sommes parvenus. Le problème, c'est qu'il n'y a pas toujours concordance avec les processus électoraux.
:
Monsieur Grewal, je dois interrompre la séance et remercier M. Page et M. Khan.
Je prie les membres du Comité de rester à leur place. Le directeur parlementaire du budget va faire un exposé avant que nous passions au vote.
Merci encore, messieurs. Si le groupe peut se présenter le plus rapidement possible, nous ferons l'exposé avant de passer au vote.
Monsieur Fréchette, je ne ferai pas les présentations. Si vous voulez présenter les membres de votre équipe, allez-y. Vous disposez environ de six minutes pour l'exposé. Si vous n'avez pas terminé, nous devrons revenir, mais je m'en remets à vous.
:
Merci. Je ferai rapidement part de mes observations.
[Français]
Merci, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et membres du Comité, de m'avoir invité à discuter des modifications au mandat et aux activités du directeur parlementaire du budget, tel que proposé dans le projet de loi .
Vous avez entre les mains le document de discussion, qui passe en revue les principales répercussions que pourraient avoir ces changements sur la capacité et l'efficacité du Bureau du directeur parlementaire du budget à offrir des services aux sénateurs et aux députés.
[Traduction]
Il y a un paradoxe dans la rédaction de ce projet de loi: en introduction, le nouveau mandat est bien formulé et respecte l'esprit de la fonction du directeur parlementaire du budget, comme en fait foi l'article 79.01:
Les articles 79.1 à 79.5 établissent le poste de directeur parlementaire du budget dont le titulaire doit être indépendant et non-partisan et appuyer le Parlement en fournissant des analyses — notamment des analyses portant sur la macroéconomique et la politique fiscale — dans le but d’améliorer la qualité des débats parlementaires et de promouvoir une plus grande transparence et responsabilité en matière budgétaire.
Le paradoxe apparaît plus loin, là où le projet de loi impose des restrictions à cette indépendance, en plus de miner la capacité du directeur parlementaire du budget à répondre adéquatement et efficacement aux demandes du Parlement. Parmi les restrictions les plus limitatives, on retrouve les suivantes: le degré d'autorité que le Président du Sénat et le Président de la Chambre des communes exerceront en matière d'approbation des activités du bureau du directeur parlementaire du budget; la limitation de la capacité du directeur parlementaire du budget à produire des rapports ainsi que du droit des sénateurs et des députés à demander une évaluation du coût de certaines mesures proposées; les risques découlant de la participation du directeur parlementaire du budget à la préparation de l'évaluation du coût des mesures proposées en période électorale et les restrictions à l'accès aux renseignements et — c'est important — à la communication des renseignements par le directeur parlementaire du budget, et l'absence de recours efficace si on lui refuse l'accès aux renseignements.
Je ne vois aucun problème à soumettre un plan de travail aux Présidents des deux chambres, mais le directeur parlementaire du budget deviendrait le seul agent du Parlement à devoir obtenir l'approbation des deux Présidents pour son plan de travail annuel. Il m'apparaît évident que cette caractéristique va mettre une pression importante sur les deux Présidents, notamment sur le plan de leur neutralité, davantage lors d'une année électorale, surtout en l'absence d'un comité mixte qui reste à être créé.
Si on ajoute à cette obligation le fait que le bureau du directeur parlementaire du budget et son personnel sont placés sous l'autorité des Présidents, on peut facilement imaginer comment cette procédure pourrait être fastidieuse pour eux et leur propre administration. C'est pourquoi je suis relativement confiant que cet élément du projet de loi sera revu et corrigé par le gouvernement.
[Français]
Le libellé actuel de l'alinéa 79.2(1)f), qui porte sur la liberté de tout sénateur ou député à demander une évaluation du coût financier de toute mesure, laisse place à plus d'une interprétation et mériterait d'être clarifié.
Finalement, concernant l'accès à l'information, l'absence de toute mention d'un quelconque recours en cas de refus me laisse penser qu'il reviendra à nouveau aux deux Présidents d'intervenir chaque fois qu'un ministère ou une agence refusera de fournir l'information demandée par le DPB, ou refusera que ce dernier rende publique l'information. À nouveau, cela sera susceptible d'exercer une pression additionnelle sur les deux Présidents et représentera un défi pour leur entourage, qui aura à gérer ces situations de privilège parlementaire.
Merci, monsieur le président.
:
Merci de votre patience, monsieur le président, messieurs. Je vous en suis reconnaissant.
J'ai d'abord une remarque générale à faire. Comme nouveau député — je crois que je suis ici depuis environ 18 mois —, les services offerts par le DPB sont pour moi un instrument indispensable dans mon travail de parlementaire. Je sais bien que le Bureau du DPB a été mis en place sous un gouvernement précédent et qu'on lui a alors — dans mes propres termes — rogné les ailes quelques fois et qu'on l'a entravé, mais voilà une nouvelle loi qui devrait à mon avis améliorer la situation. Notre a déclaré à la Chambre que des modifications seront bien accueillies, etc.
J'utilise souvent les services offerts par le DPB. J'ai hâte de lire vos rapports et je les lis. Ils me permettent de faire mon travail plus efficacement, c'est un fait. Je vous en remercie.
Ma question porte sur le projet de loi et sur l'idée de faire du DPB un haut fonctionnaire du Parlement indépendant. Dans quelle mesure est-ce que ce principe est important?
:
Monsieur, comme votre prédécesseur, vous avez fait beaucoup pour mettre en place une institution qui s'est méritée une réputation ici. Nous la prenons très au sérieux. Les personnes ici présentes et moi-même vous diraient que les deux chambres la prennent très au sérieux. Je vous pose donc cette question avec la plus grande sincérité.
Est-ce que vous avez le sentiment que le processus entamé ici — sans concertation avec les autres partis politiques, avec des changements massifs, dont certains peuvent obtenir notre approbation, mais dont beaucoup soulèvent des questions quant aux motivations du gouvernement...? Il s'agit ici du bureau du budget parlementaire, pas du bureau du budget gouvernemental. Cela dit, si le gouvernement procède à des changements de façon unilatérale...
On nous a dit que des modifications seraient bien accueillies. J'ai déjà vu des projets de loi d'exécution du budget passer par ce comité et j'ai vu comment des modifications proposées à tous égards pour le bien des Canadiens ont été écartées et balayées. Craignez-vous qu'un processus établi essentiellement par un seul parti politique, le gouvernement, risque de compromettre la perception de l'indépendance de votre bureau parmi les autres partis politiques?
:
D'accord, je comprends ce que vous dites.
Je vais changer de sujet, rapidement, si j'en ai le temps, pour revenir sur les remarques de M. Grewal, tout à l'heure, au sujet de l'évaluation des coûts des partis politiques. Est-ce qu'on a discuté de ce que cela signifie effectivement? Est-ce qu'on va demander au Parti marxiste-léniniste, au Parti Libertarien et à tous ceux-là de faire des présentations? Est-ce qu'il y aura des critères un peu plus étroits pour qu'il ne soit question que de politique financière ou est-ce qu'on va vous demander de faire plus que cela?
Enfin, il faut rappeler qu'on vous demandera de présenter des documents qui intéresseront les élections lorsque le Parlement sera dissout. Avez-vous le sentiment que cela expose votre bureau et sa réputation au risque d'une éventuelle politisation, si vous détenez des documents et faites du travail pendant que les chambres sont fermées et qu'il y a une élection? Avez-vous le sentiment que cela pourrait compromettre la façon dont la population vous perçoit?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je tiens à souligner que le fait que des changements concernant le Bureau du directeur parlementaire du budget soient inclus dans une loi de mise en oeuvre du budget me semble problématique, même si le mot « budget » se trouve dans les deux appellations. Ces changements auraient dû être présentés dans un projet de loi distinct.
Messieurs Fréchette, Askari et Mahabir, merci d'être avec nous aujourd'hui. Si vous me le permettez, j'aimerais poursuivre sur les propos de mon collègue conservateur.
Je trouve assez intéressant que le gouvernement libéral vous demande d'étudier les coûts associés aux propositions des partis politiques pendant une campagne électorale. On s'entend que que cela commence à être un peu délicat. Il peut paraître intéressant, aux yeux du public, qu'on demande des comptes aux partis politiques — les journalistes vont adorer cela —, mais comment allez-vous pouvoir évaluer ces propositions?
Je vais prêcher pour ma paroisse ici. On veut apporter un changement au mode de scrutin pour avoir un mode de scrutin proportionnel. Comment allez-vous évaluer le coût de cette proposition?
:
... qui a très peur que ce genre de demande soit faite pendant une campagne électorale, je peux vous le confirmer.
Ce que vous avez dit est tout à fait vrai. C'est d'autant plus vrai que, si vous avez lu le texte, vous avez vu que c'est plutôt tordu et extrêmement alambiqué. En effet, n'importe quel parti politique ou représentant d'un parti politique pourra faire une demande jusqu'à la dernière journée avant le scrutin. Tout cela commencerait 120 jours avant la date de l'élection. Ensuite, lorsque le rapport sera fourni sur une base confidentielle aux différents partis politiques, ceux-ci pourront le rendre public, mais ils devront signaler par écrit au directeur parlementaire du budget qu'ils l'ont rendu public. Je pourrai savoir qu'ils l'ont rendu public sur Facebook, Twitter ou ailleurs, mais s'ils ne me le disent pas par écrit, je ne pourrai pas rendre les résultat publics. Vous pouvez voir qu'il pourra y avoir un certain jeu sur ce plan.
Vous avez tout à fait raison. Il y a encore un risque de mettre le DPB dans une position où il devient presque un agent politique.
À ce sujet, j'ai bien compris les préoccupations concernant le plan de travail assujetti à l'approbation des Présidents des deux chambres, mais j'ai l'impression qu'un plan de travail est une chose normale et serait acceptable. Cela pourrait aussi garantir une mesure de transparence et de responsabilisation.... Évidemment, si votre plan de travail doit dévier, et vous avez donné des exemples de choses que personne n'aurait pu prédire...
Cependant, du point de vue parlementaire, mon collègue a posé des questions, au cours de la première série, pour savoir si les demandes des parlementaires étaient effectivement traitées. On pourrait se faire une idée du plan de travail à l'origine et de son évolution. Est-ce que c'est quelque chose qui vous convient encore? Comme je l'ai dit, j'ai bien compris vos préoccupations au sujet de la procédure d'approbation, mais, tout de même, l'idée d'avoir un plan de travail pour que tout le monde puisse savoir ce sur quoi vous allez travailler en général, et ensuite, si cela évolue, les raisons pour lesquelles...
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Premièrement, je tiens à dire que votre remarque est très pertinente, parce que, quand nous dressons notre propre plan de travail... Mais oui, nous avons un plan de travail. Nous avons un plan de travail annuel, comme vous savez, parce que nous participons aux travaux de ce comité régulièrement, deux fois par an, parfois plus dans certaines circonstances.
Nous en tenons compte. Nous tenons compte du temps et des ressources que nous devons réserver aux comités sénatoriaux, parce que nous faisons également du travail pour eux, et aux demandes individuelles des parlementaires, qu'il s'agisse de sénateurs ou de députés de la Chambre des communes. Nous essayons implicitement de dresser un plan de travail équilibré. Et nous continuerons de le faire, et même si d'autres personnes expriment leur avis, et c'est le cas... je veux dire, nous écoutons les gens. Au cours de l'automne, nous avons eu des groupes de sondage Nanos au Parlement pour savoir exactement cela. Nous avons interrogé toutes les parties intéressées: les parlementaires, les membres du personnel, d'autres agents indépendants du Parlement, et de hauts fonctionnaires.
Nous avons tiré les leçons de cette expérience et nous les avons appliquées. Par exemple, les fonctionnaires nous ont fait remarquer que nous n'annonçons pas ce que nous faisons, etc. Depuis janvier de cette année, tous nos rapports sont annoncés sur notre site trois mois à l'avance. Tout le monde sait donc que, trois mois plus tard, à une date fixée provisoirement, ces rapports seront rendus publics.
Nous sommes attentifs à ce que nous disent les parlementaires. C'est notre travail. Nous les écoutons tous. Nous écoutons aussi les membres de la fonction publique.
Du moment qu'on a un plan de travail équilibré... Comme je l'ai dit, je ne vois pas d'inconvénient à déposer un plan de travail et à en discuter avec les présidents des deux chambres. Je préférerais qu'il n'y ait pas de procédure d'approbation, parce que cela crée une entrave importante, et encore plus, je dirais, en période électorale. Imaginez un peu que les deux présidents doivent, au cours d'une année électorale, approuver le plan de travail du DPB. Je peux vous garantir que, cette année-là, 50 % des ressources seront consacrées à l'évaluation des coûts des programmes électoraux, et je ne suis pas sûr que le président du Sénat sera vraiment disposé à... je ne sais pas comment on dit, mais il examinera cela et dira: « Vous avez consacré beaucoup de temps à l'autre parti. »
Au cas où nous aurions à nous presser, je tiens à faire remarquer que, dans les exemplaires des remarques du DPB distribués aux membres, vous allez trouver une feuille, au centre, qui ne devrait pas y être. Elle était déjà dans la photocopieuse et a été jointe au reste. Pour vous expliquer, cela s'intitule: « Extraction of all the tweets from the Tweet Manual - Chamber account ». Cela ne vient pas du bureau du DPB.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Cela concerne une question sur les nouvelles communications des comités, dans les bureaux de la Chambre, je crois.
Quoi qu'il en soit, juste pour que vous soyez au courant, cela ne vient pas du bureau du DPB. Il s'agit simplement de tweets d'essai sur une autre procédure en cours.
À vous, monsieur Deltell.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs Fréchette, Mahabir et Askari, je suis bien heureux de vous revoir et soyez toujours les bienvenus au Comité.
D'entrée de jeu, ce que le gouvernement propose est tout à fait inacceptable, pour ne pas dire autre chose.
Nous ne pouvons pas nous attaquer à une institution neutre et objective, comme le Bureau du directeur parlementaire du budget, en glissant à travers un projet de loi omnibus quelques articles qui changent fondamentalement la façon de procéder de cette institution.
Si le gouvernement veut faire preuve de sérieux pour ce qui est de rafraîchir le mandat et la façon de fonctionner du Bureau du directeur parlementaire du budget, il doit mettre ce projet de côté et présenter un projet de loi distinct; nous verrons alors où cela conduira. À l'évidence, cela n'a pas de bon sens.
Je me base sur les qualificatifs, sur les verbes employés il y a quelques minutes à peine par l'actuel directeur parlementaire du budget en réponse aux questions de mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie.
Il a dit que c'était tordu, alambiqué et risqué, que cela le mettait dans une position d'agent politique et que ce n'était pas clair.
Je n'ai jamais entendu des propos semblables de la part d'un officier neutre et objectif pour parler d'un projet de loi, ou plutôt, pour parler d'articles glissés subrepticement dans un projet de loi de plus de 308 pages. Rappelons-le, il s'agit d'un projet de loi omnibus.
Pourtant, l'auteur de ce document s'était gargarisé, pendant la campagne électorale, en disant qu'il n'y aurait plus jamais de projet de loi omnibus. C'est bien dommage de voir qu'un homme aussi prestigieux et honorable que le député de s'abaisse à de tels actes.
Cela dit, monsieur Fréchette, vous avez soulevé, dans différentes entrevues, le péril que pouvait représenter le fait que votre plan de travail devra être soumis au veto de la personne nommée par le premier ministre du Canada, c'est-à-dire le Président du Sénat, ainsi que par le Président de la Chambre des communes.
À votre point de vue, quels sont les risques encourus dans votre liberté d'action devant une situation où une personne nommée par le premier ministre a le droit de veto sur votre travail?
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Tout d'abord, il est important de retenir que les deux Présidents sont techniquement neutres. Vous le savez très bien. La différence, c'est que l'un est élu par ses pairs, donc par vous, les députés, tandis que l'autre est nommé par le Bureau du premier ministre.
Cela étant dit, lorsque j'ai fait mes commentaires, je disais que cela représentait un défi à leur neutralité que de leur donner ce genre de mission à accomplir.
Il faut bien comprendre que je ne les blâme pas; ce n'est pas un reproche.
Pour ce qui est du fond de ma pensée, dans le projet de loi, on dirait qu'on a traité les deux Présidents comme s'ils étaient des ministres. Vous savez très bien qu'un ministre est là pour juger, filtrer et établir le plan de travail d'un ministère.
Je trouve malheureux qu'on ait pris les deux Présidents pour cible, comme s'ils étaient des ministres qui pourraient faire cette tâche, alors que ce n'est pas leur rôle. Leur rôle, c'est d'être des gens neutres pour diriger une chambre, un Sénat et une Chambre des communes. Là, on leur demande de relever un défi énorme, et ce défi l'est tout autant pour leur administration. Tout mon point est là.
Y a-t-il un risque plus grand pour l'un ou l'autres des Présidents? Je ne m'avancerais pas jusque là. Ce que je dis, c'est que l'un et l'autre ne sont pas exactement pareils au chapitre de la structure administrative.
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Je vous avoue que, personnellement, je n'étais pas fermé à l'idée que vous examiniez les promesses ou le cadre financier des partis politiques. Nous aurions eu une même personne à qui nous référer pour toutes les plateformes financières.
Pour stimuler ma réflexion, j'ai eu des conversations avec les collègues. L'échange que vous avez eu avec mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie me montre jusqu'à quel point cette proposition est tout à fait grotesque et dangereuse, même pour votre propre indépendance, puisque vous devez justement rester à l'abri de toute intervention politique.
Étant professionnel du métier de politicien depuis maintenant bientôt neuf ans, je peux vous dire une chose: en campagne électorale, nous sommes tout sauf objectifs. Je me plais souvent à me souvenir, et je m'en félicite même, des débats formidables, voire épiques, que j'ai eus avec le député de Rosemont—La Petite-Patrie.
Une fois que nous sommes élus, le ton baisse, ce qui n'est pas une mauvaise chose. Je suis persuadé que le ton va monter dans deux ans et demi, ce qui fait aussi partie de notre ADN, dans notre métier.
Ma question est la suivante. Comment percevez-vous le fait qu'un parti politique puisse vous demander une telle chose?
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Je vais vous répondre d'une autre façon. M. Page en a parlé un peu tout à l'heure.
Dans le monde, il y a seulement deux bureaux de directeur parlementaire du budget qui font ce genre de choses. Il y a seulement un directeur, celui de l'Australie, qui a un véritable mandat législatif. Celui des Pays-Bas le fait depuis plusieurs années, mais n'a pas de mandat législatif. C'est un très mauvais exemple. Il y a environ 12 partis politiques aux Pays-Bas. Vous comprenez que cela devient un melting pot pas très fluide.
En Australie, le directeur parlementaire du budget doit, parmi ses responsabilités, faire le calcul des cadres financiers des plateformes électorales. Il donne son rapport 30 jours après l'élection. Tout ce qu'il fait avant les élections et pendant la période électorale est gardé confidentiel. Trente jours après l'élection, il fait son rapport sur tous les cadres financiers de tous les partis politiques représentés à la Chambre qui le lui ont demandé.
En 2016, il a répondu à quelque 2 000 demandes de calcul de propositions de partis politiques. Pour ce faire, Il a recruté à son bureau 50 employés permanents venant des ministères du Trésor et des Finances de l'Australie.
Si les gens de la fonction publique veulent me donner 50 employés de plus, je vais faire avec plaisir ce genre de calcul de façon permanente.
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Si le processus était moins axé sur l'élaboration et le choix des politiques, je pourrais être un peu plus ouvert. Or, comme vous le savez — la dernière campagne électorale s'est terminée il n'y a pas si longtemps — des idées sont lancées régulièrement, au quotidien, d'où la difficulté de faire ce calcul concernant les plateformes électorales. Le faire à la toute fin, comme le veut le modèle australien, est tout autre chose, bien que dans ce cas, la confidentialité entre aussi en ligne de compte.
Vous avez entre les mains un sondage que nous avons publié. Nous avons demandé à la firme Nanos de tenir des groupes de discussion. Les invitations ont été faites de façon anonyme. Je n'étais pas là. C'est Nanos qui assumait ces responsabilités. Or aucun groupe politique, que ce soit les fonctionnaires, les députés, les sénateurs ou leurs représentants, n'a trouvé qu'il était avisé que nous participions à l'élaboration des politiques. Je m'appuie beaucoup là-dessus, étant donné que ce groupe de sondage a donné des résultats.
Cela étant dit, je suis à la merci d'une mesure législative. Je serais heureux de devenir un agent indépendant du Parlement. C'est à souhaiter. C'est fait, comme je l'ai dit, c'est bien rédigé au départ. S'il faut le faire, nous le ferons. Nous verrons. Dans sa sagesse, mon collègue M. Askari a suggéré que nous observions ce qui se passe pendant un cycle électoral et que, si tout le monde se casse les dents, nous fassions quelque chose de plus précis.
Quoi qu'il en soit, le risque sera présent dès le départ.
Je voudrais simplement revenir sur ce qui se passe pendant une élection. Durant la séance d'information technique à laquelle j'ai assisté, on a expliqué que, en fait, on peut demander l'aide des ministères pour faire l'évaluation des coûts. Ils peuvent aider. Il y a aussi la question de la confidentialité. On « ne doit pas communiquer au ministre les renseignements visant une demande d’évaluation obtenus en vertu du paragraphe (3) ». Donc, en fait, il y a une garantie permettant de veiller à ce que l'opposition ou le gouvernement puisse protéger l'information qu'ils demandent.
L'une des questions que j'ai liées à cela, pour obtenir des précisions, concernait l'idée d'une proposition par opposition à un programme électoral. Par exemple, il arrive que quelqu'un fasse une proposition et qu'on veuille savoir combien cela va coûter en réalité. Excellent. Nous avons tous des idées, mais, si nous découvrons tout à coup que cette idée n'est pas rentable ou qu'elle coûtera très cher, peut-être décidera-t-on alors de ne pas y donner suite, et peut-être qu'on ne veut pas débattre d'une proposition de politique au cours d'une élection. Je pense qu'il faut faire une certaine distinction entre un programme électoral et le fait d'avoir cette latitude à l'égard de ce que les gens demandent.
Je pense aussi cependant — et ce n'est que mon opinion — que, à long terme, il y aura une augmentation ou un désir de... Par exemple, des journalistes vont demander aux partis s'ils ont fait évaluer le coût de certaines choses par le DPB. Au fil du temps, cela deviendra presque une exigence à chaque fois qu'un parti annoncera une proposition au cours d'une élection. Il faudra qu'il ait une évaluation des coûts. Je suis également certain que les ministres... Comme les fonctionnaires ne seront pas au service du gouvernement à ce moment-là, puisqu'on sera en période d'élection, on peut espérer qu'ils seront à votre service et veilleront à vous fournir les renseignements dont vous avez besoin.
C'est simplement mon point de vue après lecture du texte législatif.
Je voudrais revenir sur la remarque de M. Liepert. Il ne s'agit pas seulement des parlementaires; je crois qu'il y a aussi le Cabinet. Il y a les parlementaires, dont le Cabinet fait également partie, et puis il y a la population. Je crois qu'il revient aux parlementaires de tenir le Cabinet et le gouvernement responsables de leurs décisions. Je me demandais comment nous tous tenons également le DPB responsable de ses décisions. Comment, dans la loi ou dans le projet de loi, proposez-vous de le responsabiliser pour veiller à faire le travail qui incombe aux parlementaires — pas au gouvernement, mais bien aux parlementaires?
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Il y aura aussi un comité mixte. Rappelez-vous que le texte législatif y renvoie systématiquement.
Enfin, l'autre moyen de rendre des comptes est le rapport annuel que nous devons, comme le font les autres fonctionnaires du Parlement, fournir aux deux Présidents à la fin de l'exercice. Cette exigence sera également appliquée afin que tous les parlementaires puissent vérifier le travail du DPB et constater les résultats de l'année écoulée, etc.
a posé une question très intéressante, à savoir si ce haut fonctionnaire du Parlement, le DPB, deviendra — ou deviendrait — un haut fonctionnaire indépendant en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada. Il n'y aura pas de loi propre au DPB, comme c'est le cas du vérificateur général, du commissaire à l'information, etc. Ce serait plutôt de l'ordre de ce qui se passe du côté de la Chambre des communes, avec le commissaire à l'éthique, qui relève également de la Loi sur le Parlement du Canada. La relation est toujours avec le Parlement. Cela passe par la Loi sur le Parlement du Canada, puis, au nom des parlementaires, par les rapports qui sont déposés. Nous sommes également au service d'autres parties — la population, etc. —, mais c'est une distinction très importante à faire avec les autres fonctionnaires du Parlement.