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Merci, monsieur le président, et bonjour à vous et aux membres du Comité.
La première sous-gouverneure Wilkins et moi-même sommes heureux d’être de retour devant vous pour présenter le rapport sur la politique monétaire que la Banque du Canada a publié ce matin.
Au moment de notre dernière rencontre, qui a eu lieu en octobre, j’ai traité des facteurs qui nous avaient amenés à revoir à la baisse nos perspectives pour l'économie canadienne. Environ six mois plus tard, je suis heureux de dire que je peux traiter des facteurs qui nous ont amenés à revoir nos prévisions à la hausse pour l’économie canadienne.
Depuis un certain temps, nous parlons de la façon dont le choc des prix du pétrole qui s'est amorcé en 2014 a déclenché une série d'ajustements complexes dans l'économie, dont une restructuration importante du secteur pétrolier et gazier. À présent, nous constatons que l'activité liée au secteur de l'énergie a cessé de reculer et qu'elle effectue une transition vers un nouveau niveau qui cadre avec le niveau actuel des prix du pétrole.
Comme maintenant cette importante force négative est essentiellement chose du passé, elle ne masque plus les sources de vigueur à l'oeuvre depuis un certain temps, en particulier la croissance de la production et de l'emploi qui est alimentée par le secteur des services.
L'expansion au cours des six derniers mois a dépassé nos prévisions antérieures, et nous avons revu à la hausse nos perspectives concernant la croissance annuelle moyenne en 2017 pour les établir a un peu plus de 2,5 %, ce qui représente un demi-point de pourcentage de plus qu'en janvier. La croissance devrait se situer à un peu moins de 2 % en 2018 et en 2019.
Une question cruciale pour la Banque actuellement est de savoir si les données économiques plus vigoureuses que nous avons observées récemment indiquent une accélération de l'expansion. Cette vigueur découle en partie de facteurs qui ne continueront probablement pas à évoluer au même rythme. Par exemple, la très nette progression de la consommation au premier trimestre a été alimentée par l'impulsion passagère donnée par l'Allocation canadienne pour enfants.
L'activité dans le secteur du logement a aussi été plus vigoureuse qu'escomptée. Bien que nous ayons incorporé une partie de cette vigueur dans un profil plus élevé de l'investissement résidentiel dans nos prévisions, nous nous attendons toujours à un ralentissement pendant la période de projection. Le rythme actuel de l'activité dans le Grand Toronto et certaines parties de la région du Golden Horseshoe a peu de chances de se maintenir étant donné les facteurs fondamentaux. L'augmentation des prix des logements dans la région du Grand Toronto s'est vivement accélérée ces derniers mois, ce qui nous donne à penser que des forces spéculatives sont à l'oeuvre.
En ce qui a trait au marché du travail, les données récentes sont plus contrastées. La croissance de l'emploi a certainement été solide, mais les salaires et les coûts unitaires de main-d'oeuvre n'ont progressé que très lentement. Les données portent à croire qu'une marge notable de ressources inutilisées subsiste sur le marché canadien du travail, contrairement au marché américain, qui est proche du plein emploi.
Parallèlement, les exportations et les dépenses des entreprises au Canada demeurent plus faibles que ce à quoi on pourrait s'attendre à ce stade du cycle économique. Dans nos discussions avec elles, les entreprises nous indiquent qu'elles comptent accroître leurs dépenses, mais les hausses envisagées sont modestes ou elles visent l'entretien du matériel plutôt que des projets d'expansion. Bref, l'économie ne tourne pas encore à plein régime. En outre, les entreprises canadiennes sont confrontées à des niveaux accrus d'incertitude relativement à la politique fiscale et la politique de commerce extérieur des États-Unis.
Nous ne savons toujours pas quelles modifications fiscales seront apportées, ni quand. Et l'éventail de mesures commerciales envisagées est encore plus vaste maintenant qu'il ne l'était en janvier. Il comprend, premièrement, une taxe d'ajustement aux frontières; deuxièmement, des droits tarifaires plus élevés visant certains produits ou pays; troisièmement, des barrières non tarifaires; et, quatrièmement, des mesures commerciales multilatérales encore plus étendues.
[Français]
Nous ne savons pas lesquelles de ces mesures seront mises en oeuvre ni à quel moment elles le seront. En outre, chacune d'entre elles aura des répercussions sur les économies mondiale et canadienne par la voie d'une série de canaux différents et complexes. Face à toute cette incertitude, nous ne pouvons pas modéliser de manière fiable l'incidence des changements à la politique des États-Unis en matière de commerce extérieur. Par rapport à nos prévisions de janvier dernier, nous avons plutôt incorporé un degré supplémentaire de prudence dans nos prévisions liées aux exportations et aux investissements.
L'inflation globale s'est chiffrée à près de 2 % et devrait fléchir pour s'établir à quelque 1,7 % au milieu de l'année, avant de se rapprocher à nouveau de sa cible. Toutefois, toutes nos mesures de l'inflation fondamentale se situent dans la moitié inférieure de la fourchette cible et se sont inscrites en baisse.
Cette évolution corrobore le point de vue selon lequel il subsiste une marge considérable de capacités excédentaires au sein de l'économie. Selon notre scénario de référence, les capacités excédentaires devraient se résorber dans l'économie canadienne au cours du premier semestre de 2018, soit un peu plus tôt que ce qui avait été prévu il y a trois mois.
[Traduction]
Nous voyons clairement d'un bon oeil la robustesse récente des données économiques et nous souhaitons la voir se maintenir avant de pouvoir considérer avec assurance que la croissance repose sur des bases solides. Nous estimons que l'économie dispose toujours d'une marge notable pour croître. Et nous tenons compte du fait qu'une incertitude considérable pèse encore sur les perspectives. Dans ce contexte, nous avons estimé que la politique monétaire actuelle est encore appropriée et nous maintenons le taux cible du financement à un jour à 0,5 %.
Sur ce, monsieur le président, la première sous-gouverneure Wilkins et moi nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être venus aujourd'hui.
J'aimerais commencer par revenir sur une déclaration que vous avez faite et qui a été rapportée dans les médias à la fin de l'année dernière. Vous affirmiez que, selon vous, un des plus grands risques pour l'économie était l'endettement élevé des ménages. Nous venons juste de terminer une étude sur le logement dans laquelle nous avons abordé ce sujet.
Si vous croyez que les mesures fédérales récemment adoptées régleront le problème ou si vous avez des idées en général, je me demandais si vous pouviez nous en faire part, y compris si vous avez observé des tendances ou constaté que la politique a fonctionné depuis l'époque où vous avez formulé ces commentaires — je crois que c'était en décembre dernier.
C’était à l’occasion, en décembre, de la publication de notre revue du système financier, qui est un exercice semestriel; le prochain sera en juin. C’est absolument vrai que l’endettement des ménages, qui est au plus haut niveau jamais vu et qui continue de croître, représente un risque important. Il est étroitement lié aux déséquilibres du marché du logement, car les gens s’endettent principalement pour acheter des maisons. Nous estimons que les mesures prises par le gouvernement fédéral, pendant à peu près la même période, ont l’effet escompté. C’est donc dire que les gens sont maintenant admissibles à des prêts hypothécaires à des taux plus élevés, si bien qu’ils ont plus de marge dans leur plan de financement en cas d’arrêt de travail ou de hausse des taux d’intérêt. Le système est plus résilient et connaît une croissance puisque chaque nouvelle dette est sujette à ces critères plus stricts. C’est le principal changement qui a été apporté.
Du point de vue de la Banque du Canada, comme notre principale mission est de cibler l’inflation, cela suppose le rétablissement de la pleine capacité économique. Cela stimule la création d’emplois et la croissance économique, ce qui améliore le dénominateur du ratio dette-revenu et rend la situation moins risquée.
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Merci, monsieur le président, et merci, chers collègues.
[Français]
Madame, monsieur, soyez les bienvenus à votre Chambre des communes.
J'aimerais tout d'abord obtenir une petite précision. D'entrée de jeu, vous avez parlé du prix du pétrole qui, évidemment, a constitué une grande préoccupation au cours des quatre dernières années en Alberta, surtout si on pense aux effets terrifiants que l'on a connus.
Vous dites qu'on effectue une transition vers un nouveau prix qui cadre avec le niveau actuel du prix du pétrole. Selon vous, cela signifie-t-il que, au cours de la prochaine année, le prix du pétrole sera stable? Prévoyez-vous plutôt une hausse? Si oui, quel prix cible entrevoyez-vous pour le baril de pétrole?
Vous parlez d'une hausse potentielle du prix du pétrole. On aura compris que nos entreprises albertaines et toutes les entreprises canadiennes qui dépendent du pétrole souhaitent et attendent cela.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi de vous remercier et de vous féliciter pour la qualité de votre français, monsieur Poloz. Nous l'apprécions grandement.
En ce qui a trait au taux d'intérêt, on est toujours un peu nerveux lorsqu'on s'endette et lorsqu'on crée des déficits. Je ne ferai pas de discours politique auquel nous sommes habitués depuis un an et demi, mais, selon vous, le taux d'intérêt devrait-il rester stable? Prévoyez-vous qu'il y aura des fluctuations au cours de la prochaine année?
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Quand nous avons fait notre analyse, nous avons constaté qu'il y avait beaucoup de scénarios possibles. Par conséquent, il est présentement difficile de répondre à votre question de façon précise.
Dans notre rapport sur la politique monétaire, nous avons tenté de cerner les canaux de changement qui auraient une incidence sur l'économie canadienne. S'il y avait un tarif, par exemple, il est sûr que les impacts se feraient davantage sentir sur les industries directement impliquées. Si un tarif touchait certaines industries en particulier, cela aurait un effet différent à travers le pays. C'est d'ailleurs ce qu'on peut observer en ce moment dans le secteur forestier.
Il y a aussi d'autres canaux de changement, comme le choc lié aux prix du pétrole, qui a des retombées sur des secteurs plus larges. Par exemple, des travailleurs peuvent devoir déménager et trouver un emploi dans d'autres provinces ou d'autres secteurs. Il y a aussi de l'investissement de capital dans d'autres industries. Ces changements nécessiteront un ajustement qui pourrait prendre du temps et, en fin de compte, entraîner un taux de productivité moins élevé que le taux actuel. C'est attribuable au fait qu'il y a des chaînes de valeur mondiales qui ont été bâties au fil de toutes ces années de mondialisation. Ces chaînes sont efficaces, mais si on commence à les défaire, on se retrouvera avec des chaînes de production moins productives.
C'est pour cela que nous disons que si cela se produisait, les effets seraient très négatifs, mais en ce moment, il n'est pas possible de dire précisément si cela se produira.
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Merci, monsieur le président.
Madame, monsieur, je vous remercie de votre présence.
Je vais d'abord poser une question à laquelle vous ne vous attendez peut-être pas aujourd'hui.
Il y a un certain temps, plusieurs observateurs et même des économistes ont dit que le mandat de la Banque du Canada aurait changé en 1974 et que, depuis ce temps, elle ne peut plus prêter d'argent au gouvernement du Canada. J'aimerais vous donner l'occasion de répondre à ces interrogations qui sont soulevées à maintes reprises dans le débat public au sujet de la raison pour laquelle la Banque du Canada ne prête plus d'argent au gouvernement du Canada. Peut-être cela éclairera-t-il tous ceux qui ont écrit sur ce sujet.
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Il y a deux facteurs. Premièrement, nous avons connu une période de croissance lente à partir de 2008. Durant cette période, il y a eu un écart de production assez large, particulièrement dans le marché du travail. C'est ce qui explique cette longue période de stagnation.
Par ailleurs, le prix du pétrole a chuté. C'est le deuxième facteur. Juste au moment où l'économie était en pleine croissance, nous avons reçu ce deuxième choc, qui a nécessité un ajustement majeur dans l'économie. Ce processus est long. Cela représente notamment une perte de revenus annuelle de 60 milliards de dollars pour le pays. Ces répercussions n'affectent pas uniquement les gens qui sont dans les secteurs directement touchés. C'est en effet presque toute l'économie qui est touchée.
Pour ces deux raisons, il y a des pressions à la baisse sur les taux d'inflation et, par surcroît, sur les salaires. Nous nous attendons à ce que cet écart de production se referme au cours de la première moitié de l'année prochaine et à ce que les salaires bénéficient éventuellement d'un peu plus de croissance. Il s'agit là d'un signe de progrès. Or jusqu'à maintenant, il est évident que la croissance n'est pas vraiment assurée. C'est un peu inégal. La fondation n'est pas solide. Selon nos prévisions, cependant, elle va devenir plus forte et plus stable.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue au gouverneur et à la première sous-gouverneure. C'est toujours un plaisir de vous voir.
En parcourant le rapport sur la politique monétaire cet après-midi, je note deux choses excellentes. La première, évidemment, est la croissance plus forte que prévu, puisque vous avez révisé la croissance de cette année à la hausse. La seconde est l’écart de production qui se referme plus tôt que prévu — bien que, je crois comprendre qu’on réévaluera aussi la façon dont on examine et on mesure les écarts de production.
Un point dont je voulais discuter brièvement est celui des exportations et des investissements des entreprises, les deux éléments qui contribuent au PIB et qui ne se sont pas aussi bien rétablis qu'on aurait prévu après une crise économique ou au cours d'un cycle. Pourriez-vous nous donner de plus amples détails sur ce que la Banque examine dans ces deux secteurs de contribution à l’économie?
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Ces choses vont vraiment de pair. La situation s’explique par le fait que, pendant la période où le dollar était fort, qui a été suivie de la crise financière et de la récession mondiales, nous avons perdu entre 8 000 et 10 000 entreprises exportatrices qui ont fait faillite.
Lorsque les conditions du rétablissement étaient réunies, alors que l’économie étatsunienne reprenait de la vigueur et que le dollar canadien connaissait un ralentissement, cette combinaison aurait normalement produit un rétablissement beaucoup plus marqué des exportations. En fait, comme nombre de ces entreprises n’existaient plus, elles n’ont pas répondu à cette relance de la façon dont nos modèles l’avaient prédit.
Pendant cette période, nous avons été occupés à refondre le secteur au micro-niveau. Nous avons matière à être encouragés. Il y a des secteurs émergents à la croissance rapide, alors c’est une bonne chose, et il y en a d’autres, bien sûr, pour lesquels ce n’est pas le cas.
Il y a, en plus de cela, le côté investissement. Nous nous attendions à ce que les exportations croissent au point où les entreprises utilisent pleinement leurs ressources et font ensuite de nouveaux investissements. Cette séquence naturelle ne s’est pas vraiment concrétisée, pour les raisons que je viens de mentionner.
Si vous me le permettez, une dernière chose est l’incertitude qui nous vient du sud de la frontière et qui fait en sorte que les entreprises se retiennent de faire ces investissements.
Passons maintenant au marché du logement régional, et je dis « régional » pour une raison: je crois savoir que le Grand Toronto connaît probablement une croissance de 4 % à 5 % par année. Vous avez parlé récemment de certains des éléments fondamentaux qui sous-tendent le marché du logement, mais en mentionnant toutefois que vous voyiez des niveaux de spéculation.
Nombre d’entre nous entendons constamment nos électeurs nous parler du caractère abordable — mais surtout non abordable — des logements dans le Grand Toronto. Si je ne m’abuse, monsieur le gouverneur, vous avez aussi mentionné certaines des questions d’offre.
Si nous dressions la liste des raisons qui expliquent la hausse des prix, que diriez-vous à ce sujet? Pourriez-vous ajouter des détails?
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Si nous commençons au point le plus élémentaire, un prix est toujours influencé par l’offre, la demande ou les deux. Comme vous dites, la demande est à la hausse dans le Grand Toronto, mais la croissance économique se situe entre 4 % et 5 %. Elle est stimulée par l’immigration et la création d’emplois, ce qui crée une demande très élémentaire de logements supplémentaires. L’offre est à la hausse, mais n’a pas réussi à suivre la demande, si bien que les prix ont naturellement tendance à augmenter. Ce sont des éléments fondamentaux.
Cependant, je ne pourrais pas vous donner d’éléments fondamentaux qui justifieraient des hausses de prix de 20 % ou de 30 %, alors sans préciser dans quelle mesure elles sont attribuables à la spéculation, il m’apparaît évident qu’un nombre croissant de ces hausses est le fruit de la spéculation, ce qui signifie que des gens n’achètent pas des maisons pour y vivre, mais bien pour les rénover et les vendre à profit aux fins d’investissement.
Il s’agit, bien sûr, d’une phase plus risquée de tout cycle. Cela signifie qu’il est temps de rappeler aux gens que les prix des maisons peuvent autant baisser que monter et qu’ils devraient procéder à leurs propres évaluations des risques, en se demandant, en gros, par exemple, pourquoi ils achètent cette maison et s'ils pourraient supporter une correction de 10 % du prix. Bien des gens ordinaires pourraient le faire; ils continueraient simplement à payer leur hypothèque et à habiter dans leur maison. Cependant, les spéculateurs ne pourraient pas se le permettre, alors c’est risqué au plan financier.
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Il est vrai que les économies canadiennes et américaines sont très intégrées et que, dans une moindre mesure, notre économie est intégrée à nombre d’économies, mais le type de perturbation qui vient briser cette intégration est celui qui s’est produit, à savoir le choc des prix du pétrole. Le déclin des prix du pétrole est fondamentalement bon pour l’économie étatsunienne, car les États-Unis sont un importateur net de pétrole, et fondamentalement mauvais pour l’économie canadienne, car le Canada est un important exportateur net de pétrole.
Cette différence a causé une divergence entre les deux économies, ce qui explique que, au moment du choc des prix du pétrole, nous avons cessé de réaliser des progrès dans nos efforts pour réduire les taux de chômage. Ce fut le contraire aux États-Unis, si bien qu’ils ont atteint le plein emploi bien avant nous. Il s’agit-là d’une divergence dans les taux ou le stade du cycle, et pas nécessairement dans les taux de croissance.
Dans ce contexte, il est très important de dire clairement que nous avons une politique monétaire indépendante. Nous ne pouvons pas simplement suivre les États-Unis, car si nous le faisions, il est clair que nous n’atteindrions pas nos cibles d’inflation en raison d’une capacité excédentaire. C’est une des raisons pour lesquelles notre taux de change est flexible: pour nous donner cette indépendance sur le plan des politiques. Si nous avions un taux de change fixe, nous n’en aurions aucune.
Monsieur le gouverneur, madame la première sous-gouverneure, je vous remercie d'être parmi nous. La qualité de votre français est extraordinaire. Je dois aussi saluer les travaux collectifs que vous avez entrepris pour vous assurer que l'économie canadienne roule bien.
Je crois que tous mes collègues autour de la table seront d'accord pour dire que, lorsque l'économie roule bien, cela a des effets très positifs sur notre situation politique immédiate. Cela dit, ce n'est pas votre préoccupation.
Vous avez mentionné dans le « Rapport sur la politique monétaire - Avril 2017 », qui a été publié aujourd'hui, que l'économie avait été plus performante à la fin de 2016 et au début de 2017 et que cela pouvait être en partie attribuable à l'Allocation canadienne pour enfants.
Pouvez-vous nous donner un bref aperçu, dans la langue de votre choix, de l'effet que ce programme a eu sur l'économie canadienne et des raisons pour lesquelles vous prévoyez que cet effet ne va pas se poursuivre au cours des prochains mois?
[Français]
Ce programme a vraiment comme effet d'augmenter le revenu disponible des parents. Cela implique que les parents doivent par la suite déterminer s'ils veulent dépenser cet argent, l'épargner ou encore payer leurs dettes. Nous avions prévu que les parents feraient le choix de dépenser un peu et d'épargner un peu, et c'est exactement ce que nous avons observé.
Cependant, nous avons été surpris de constater que l'effet était beaucoup plus concentré dans le temps que nous ne l'aurions pensé. Ce genre de changement augmente le niveau de revenu une fois, puis cela continue à un autre niveau. L'effet sur le niveau de consommation est permanent, mais, sauf si le montant alloué continue d'augmenter, l'effet sur la croissance disparaît. Il ne s'agit là que de l'arithmétique de la croissance.
Bref, l'effet de l'augmentation du niveau de revenu en une fois est très positif, mais il ne peut pas continuer si le montant qui est versé reste le même.
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C'est une question très complexe.
Je dirai franchement qu'il n'y a qu'un seul instrument et c'est le taux directeur. Votre question aborde plusieurs objectifs.
Notre premier objectif est de maintenir un taux d'inflation stable. Si le taux d'inflation est maintenu à 2 %, le reste de l'économie est en équilibre. Nous avons atteint le maximum de toutes ces choses tout en maintenant un taux d'inflation stable. C'est le taux d'inflation qui influe sur tout le reste.
La dette, c'est une autre chose. Il y a eu une longue période où la dette s'est accumulée. La façon dont nous pouvons remédier à cela est de maintenir l'économie en équilibre. Quant au reste, il faudra du temps pour que le tout s'ajuste.
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Nous ne nous faisons pas d'opinion de la manière que vous décrivez. En fait, le dollar canadien est surtout associé au prix du pétrole, en raison de l'importance que ce dernier revêt dans l'économie. Quand ce prix était de 100 $, le dollar canadien était dans les 90 ¢ et avoisinait en fait les 100 ¢.
Nous utilisons des modèles pour tenter de saisir la relation historique entre le pétrole et le dollar. Ce dernier subit d'autres influences. Outre le pétrole, d'autres marchandises et le différentiel de taux d'intérêt entre le Canada et les États-Unis entrent en ligne de compte. Mais c'est à peu près tout. C'est un modèle assez simple qui permet de savoir comment le taux de change est déterminé.
Dans la vraie vie, tout ce qui change influence l'estimation que le marché se fait des taux d'intérêt futurs, car cela agit en interaction avec l'inflation. Tout ce qui change peut donc avoir un effet sur le dollar, car cela modifie les attentes.
Dans les modèles des économistes, le taux de change réagit à tout ce qui change. Il est donc très difficile de se faire une idée de la valeur appropriée du dollar. Tout dépend des forces qui agissent sur l'économie à ce moment-là.
Il n'existe tout simplement pas de règle immuable. Comme je l'ai fait remarquer plus tôt, c'est exactement la raison pour laquelle nous avons et devons avoir un taux de change souple. Nous ne pouvons l'obliger à s'établir à une valeur donnée ou s'attendre à ce qu'il ait une certaine valeur, puisqu'un grand nombre de forces l'influencent. Nous devons concentrer notre attention sur un élément ayant une utilisation générale, c'est-à-dire le taux d'inflation. Cela permet d'éclairer la prise de décision des entreprises et des ménages, car ils peuvent compter sur le fait que nous allons maintenir ce taux près de la cible.
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Dans le cas des États-Unis, tout le monde sur le marché sait que l'économie américaine jouit d'un plein emploi et qu'on a commencé à y normaliser les taux d'intérêt. Tout le monde sait aussi que l'économie canadienne se trouve dans une situation différente et évoluera probablement de manière indépendante. Ces deux croyances sont intégrées dans le marché et dans les prix d'aujourd'hui.
Si ces deux croyances se concrétisent comme prévu, je ne m'attends pas à une fluctuation notable du dollar canadien, mais si autre chose change, comme le prix du pétrole, alors le dollar... Voilà pourquoi nous ne pouvons faire de prédictions fermes. C'est vraiment le marché qui influence la valeur du dollar, et nous le comprenons, car le marché voit tout, et ce sont ces milliards de transactions qui influent sur le dollar. Ce serait une erreur de notre part de chercher à compenser ces effets.
Enfin, la faiblesse du dollar est-elle toujours bénéfique? Eh bien, elle l'est parfois, dans le cas d'une entreprise ayant un contenu principalement canadien, par exemple. Ce pourrait être le cas en agriculture, mais nécessairement, car l'équipement peut être importé.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le gouverneur et madame la première sous-gouverneure, de témoigner. Je vous en suis reconnaissant.
Juste avant que vous ne vous asseyiez, je lisais dans le Globe and Mail un article indiquant que vous vous étiez prononcés sur le risque que présente la spéculation sur le marché immobilier de Toronto. Notre comité a étudié le secteur immobilier et s'apprête à présenter un rapport au Parlement. La question du logement constitue à l'évidence un problème régional. Les problèmes diffèrent d'une région à l'autre du pays.
Par chez moi, à Brampton, la situation prend des proportions alarmantes. À , les prix augmentent de 30 000 $ d'un mois sur l'autre. Il y a beaucoup de spéculation et les gens possèdent quatre ou cinq maisons.
Quel genre de risque cette situation présente-t-elle pour l'économie canadienne? À votre avis, une augmentation du taux d'intérêt pourrait-elle contribuer à freiner la spéculation sur le marché immobilier?
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Nous avons longuement traité de la question dans notre revue du système financier. Nous observons une combinaison de prix très élevés, qui sont insensés si on tient compte des données fondamentales et du niveau d'endettement élevé. Il ne s'agit pas seulement de la dette globale. Dans certains quartiers où les prix sont élevés, les résidants qui paient des hypothèques figurent parmi les personnes les plus endettées. Leur ratio dette-revenu peut s'élever à plus de 450 %.
Cette combinaison de facteurs crée une vulnérabilité. Nous appelons cela une vulnérabilité, car il suffit d'un événement pour qu'elle se transforme en un risque qui se concrétise. Bien entendu, cela portait un rude coup à la macroéconomie, selon l'importance et la portée de l'événement. Dans le pire des cas, cela mettrait en péril la stabilité financière. Si vous lisez notre revue du système financier, cependant, vous savez qu'il faudrait un événement d'une ampleur considérable pour en arriver là.
Nous réfléchissons effectivement à la question, mais l'augmentation du taux d'intérêt n'a souvent pas une influence aussi bénéfique qu'elle pourrait l'être sur les facteurs qui pourraient provoquer des augmentations substantielles des prix. Une telle augmentation aurait une incidence sur l'ensemble du pays, y compris dans des provinces où il n'y a pas de problème à cet égard. Le taux d'intérêt est un instrument à grande portée, qui est très efficace quand nous l'utilisons. Vous pourriez toutefois utiliser d'autres politiques bien plus efficaces et beaucoup plus ciblées. Nous avons vu certaines d'entre elles en action l'an dernier à Vancouver.
Nous avons également fait remarquer que si les gens investissent afin d'obtenir un rendement de 20 ou de 30 %, il n'est pas certain qu'une augmentation de 50 ou de 200 points de base du taux d'intérêt les fera vraiment changer d'avis si le taux de rendement est vraiment lucratif. En outre, si vous observez nos chiffres sur le crédit, le cycle n'est vraiment pas axé sur le crédit à l'heure actuelle.
Nous considérons donc que la politique monétaire ne serait donc pas l'outil approprié pour l'instant.
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Merci beaucoup de vos observations à ce sujet.
Vous avez évoqué les ratios dette-revenu des Canadiens. Il est, bien entendu, fort préoccupant que les Canadiens s'endettent un peu trop. Cela arrive beaucoup dans notre coin de pays. Si une famille à revenu moyen possède à Brampton-Est une maison qu'elle a probablement achetée 550 000 ou 600 000 $, cette maison vaut peut-être un million de dollars, et ce n'est qu'au cours des quatre à cinq dernières années que cette valeur a augmenté. Cette famille a considérablement puisé dans son capital pour faire un dépôt pour deux ou trois maisons. Elle possède en outre deux VUS qu'elle a financés, et a peut-être un enfant dont elle paie des droits de scolarité au collège ou à l'université.
Pour moi, c'est là le plus grand risque sur le marché immobilier, car les gens s'adressent au marché secondaire pour compléter les dépôts effectués sur des maisons qu'ils n'ont pas encore construites afin d'obtenir des hypothèques, et ils paient des taux d'intérêt de 12 ou 13 %. Nous n'avons pas de données à ce sujet, et ce type d'endettement ne paraît jamais dans le ratio dette-revenu.
Dans votre rapport, vous indiquez qu'il serait catastrophique d'en arriver à ce point, comme si nous étions loin d'un krach immobilier. Dans certaines régions, toutefois, si ce scénario se concrétisait, cela ne présenterait-il pas des risques légitimes pour le marché immobilier canadien? Si quelque chose se produisait à Brampton ou à Toronto, cela n'aurait-il pas un effet d'entraînement à l'échelle du pays?
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On peut difficilement émettre des hypothèses. « Si quelque chose se produisait » est une expression très générale. Pour ce qui est de se prononcer sur l'ampleur des répercussions, la situation serait très malheureuse pour les habitants de la région, et je ne veux absolument pas minimiser les conséquences.
En examinant les cycles antérieurs des prix des maisons, nous avons constaté que l'ampleur de la contagion dépend de quelques facteurs, notamment de l'envergure de la correction des prix dans la région touchée et de l'importance de la région dans le reste de l'économie. Si cette importance est relativement faible, il est peu probable qu'il y ait un effet de contagion. Si cette importance est grande, par contre, particulièrement dans une région comme le grand Toronto et Brampton, je dirais que les risques de contagion à d'autres marchés sont plus élevés, parce que la situation aurait une incidence sur les attentes relatives aux prix dans d'autres marchés. Tout dépend vraiment de la situation.
Le risque que le problème soit à l'origine d'un cycle macroéconomique de grande ampleur ou d'une récession dépend de ce qu'il se passe d'autre dans le contexte. Si l'économie est encore en croissance et profite de la croissance aux États-Unis, c'est une chose. Par contre, si des événements négatifs de l'extérieur amplifient la correction des prix, cela pourrait créer des problèmes macroéconomiques.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus au Comité aujourd'hui. C'est gentil.
La Banque du Canada est responsable des politiques monétaires, des systèmes financiers et de la gestion financière.
[Traduction]
Je me demandais seulement de quels outils le gouvernement fédéral et la Banque du Canada disposeraient s'il se produisait une perturbation importante dans notre économie, par exemple. Je ne parle pas de l'économie américaine, mais de la nôtre. Si le taux de chômage était très élevé, que pourriez-vous faire de plus que ce vous faites déjà avec un taux d'intérêt bas pour permettre à un plus grand nombre de gens de retourner sur le marché du travail, par exemple?
:
Pour que les choses soient bien claires, on nous a demandé tout à l'heure quels outils nous utiliserions pour essayer de créer de l'emploi en cas de coup dur pour l'économie canadienne. Je crois que votre question est un peu différente, si bien que ma réponse ne sera pas la même.
Selon moi, les mesures que vous envisagez font partie des politiques structurelles, le troisième élément de la gamme des mécanismes possibles. Ces politiques visent en fait à améliorer les perspectives de croissance économique, le plus souvent en éliminant les obstacles à cette croissance, plutôt qu'en essayant de la stimuler.
L'Accord économique et commercial global en serait un bon exemple, tout comme l'Accord de libre-échange canadien. Ces ententes sont conçues expressément pour supprimer les obstacles à la croissance commerciale et à la création d'emplois. Comme c'est souvent le cas avec les politiques structurelles, il n'y a pas de sommes à engager dans l'exercice. Il s'agit plutôt de modifier les règles ou d'adapter des programmes déjà existants pour les rendre plus efficaces.
Supposons que vous preniez des mesures pour accroître la participation des femmes au marché du travail. On augmente ainsi la production de la main-d'oeuvre au sein de l'économie, ce qui améliore les perspectives de croissance de la production potentielle. Il s'agirait en pareil cas d'une politique structurelle, et non pas d'une politique budgétaire, et encore moins d'une politique monétaire.
L'effet est un peu le même que celui d'un accord de libre-échange; il s'agit de faire en sorte que l'économie puisse croître par ses propres moyens. Je pourrais vous donner de multiples exemples dans le même sens.
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Merci. Je crois que cela nous donne matière à réflexion en prévision de nos audiences de l'automne.
J'ai une dernière question. Le gros problème dont personne ne semble vouloir parler réside dans l'incertitude pour notre économie, comme vous l'avez indiqué dans votre exposé, quant à la direction que les États-Unis vont prendre pour ce qui est des politiques commerciales, des taxes d'ajustement à la frontière et des mesures semblables.
Dans une perspective trilatérale ou planétaire, avez-vous eu des échanges avec les dirigeants de la Réserve fédérale américaine et a-t-il été question des risques que certaines de ces politiques peuvent poser pour les relations commerciales en Amérique du Nord et des répercussions possibles pour les trois pays signataires de l'ALENA?
Je pose la question notamment parce que je préside le comité Canada-États-Unis. Les agissements qui ont cours au sud de la frontière et la grande incertitude qui règne pourraient vraiment avoir un impact sur notre économie et celle des Américains.
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Les dirigeants des banques centrales de partout dans le monde, et notamment du Mexique et des États-Unis, se réunissent à toutes les six ou huit semaines à la Banque des règlements internationaux en Suisse. Le dialogue au sujet de ces enjeux est donc pour ainsi dire ininterrompu. En outre, ces mêmes personnes rencontrent un peu moins régulièrement les ministres des Finances lors des sommets du G20 ou du G7.
Il y a un consensus assez clair à propos des éléments que vous soulevez. Lors d'une allocution prononcée il y a quelques semaines, j'ai fait valoir que la plupart des périodes de croissance et de prospérité connues par le Canada au cours des 150 dernières années se caractérisaient par une politique d'ouverture, aussi bien pour le commerce que pour les capitaux et l'immigration. Les choses allaient beaucoup moins bien pour notre pays lors des périodes où nous n'affichions pas une telle ouverture. Le lien est assez évident.
Notre dernier épisode de fermeture remonte à la veille de la Confédération. Celle-ci et les modalités de libre-échange qui en résultaient sont venues en réaction à la fermeture des marchés internationaux. Lorsque la tempête fait rage, on se tourne vers le premier havre accessible.
J'estime donc qu'il y a un véritable consensus à cet égard. J'ose espérer que la poursuite du dialogue et une meilleure compréhension mutuelle nous permettront de préserver bon nombre de ces caractéristiques qui nous tiennent à coeur.
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Je ferais peut-être mieux de passer à mes questions.
D'abord et avant tout, je me réjouis de vous avoir entendu affirmer que le protectionnisme commercial américain est une source d'inquiétude, car la première moitié de votre rapport ne traite que du protectionnisme d'une manière générale. Il faut toutefois avouer qu'il y a des foyers de protectionnisme dans d'autres régions du monde également. Je sais que c'est un sujet délicat, et je ne veux pas vraiment pousser les choses plus loin, car j'estime que nous avons déjà approfondi la question autant que nous le pouvions.
J'aimerais que nous discutions plutôt de certains éléments positifs que vous avez relevés, dont le secteur des services. Votre rapport fait état d'un potentiel de croissance à ce chapitre. Pourriez-vous nous donner une meilleure idée de la situation? Est-ce qu'il y a eu des avancées ou des résultats particulièrement intéressants dans certaines provinces ou certaines industries du secteur des services?
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Il y en a eu effectivement. Je vais vous brosser un tableau général de la situation, et je crois que Mme Wilkins pourrait vous fournir quelques précisions.
En fait, j'ai prononcé une allocution à ce sujet à l'automne devant l'Institut C.D. Howe. Vous trouverez d'ailleurs sur notre site Web le texte intégral de ce discours où je traitais de nos points forts potentiels. Je vais juste mentionner quelques faits saillants.
Il faut surtout savoir que notre économie est déjà en pleine transition. Ainsi, les services occupent désormais une place nettement plus importante que les biens, une situation principalement attribuable à la productivité accrue découlant de l'évolution technologique qui améliore l'efficience du secteur de la fabrication des biens. Différentes entreprises sont créées dans le secteur des services pour appuyer cet essor, et ce sont ces entreprises qui prennent une envergure tout à fait internationale et qui misent, avantage non négligeable, sur un contenu principalement canadien. Ce sont elles qui bénéficient le plus d'une devise dépréciée. La conjoncture est actuellement très favorable dans ce secteur. Ainsi, les services liés aux technologies de l'information sont particulièrement dynamiques et offrent des emplois bien rémunérés. Le tourisme est une autre industrie en croissance. Je peux aussi vous donner l'exemple du milieu de l'enseignement— les universités — et des soins de santé.
Est-ce que j'ai oublié quelque chose?
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Je vous dirais que oui dans la plupart des cas.
Si l'on parle moins des services dans les médias et dans les conversations, c'est notamment parce que les données commerciales sont diffusées chaque trimestre, alors que les rapports mensuels ne portent que sur les biens. Je sais d'ailleurs que Statistique Canada s'emploie à améliorer les choses à ce chapitre.
Imaginez ce qui se passerait si le rapport mensuel incluait également des données sur tous les services. Nous discuterions tous alors de l'évolution des choses, des secteurs en croissance et de questions semblables. Chaque trimestre, nous recevons les données nationales qui suscitent beaucoup d'intérêt, mais les services viennent souvent au second plan alors qu'ils devraient en fait occuper l'avant-scène.
J'ai la conviction que tout est mis en oeuvre pour améliorer la situation. Pour notre part, nous nous intéressons de toute manière aux tendances à plus long terme. Ce ne sont pas les fluctuations mensuelles qui nous préoccupent.