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Merci, monsieur le président, et merci au Comité d'avoir invité l'Association des courtiers hypothécaires du Canada à venir discuter de la situation actuelle de l'industrie du logement et du financement hypothécaire au Canada.
En tant que courtiers hypothécaires, nos membres sont particulièrement bien placés pour parler de ce qui se passe dans l'industrie. Les retombées du travail des courtiers hypothécaires au Canada sont très importantes. À titre d'exemple, nous finançons plus de 70 milliards de dollars en hypothèques. C'est énorme.
C'est tous les types d'hypothèque, y compris les prêts hypothécaires résidentiels et commerciaux, ceux pour des projets d'aménagement et de construction, le refinancement, la consolidation de dettes, ainsi que les prêts hypothécaires pour les immeubles d'habitation et immeubles locatifs. C'est très vaste. En fait, plus de 55 % des acheteurs d'une première habitation font appel à un courtier hypothécaire. Imaginez une industrie des prêts hypothécaires sans courtiers.
Nous distribuons également des fonds pour des sources de rechange telles que des sociétés de placement hypothécaire et des assureurs privés.
Nous nous ferons un plaisir de vous faire part de nos connaissances. Nous comprenons les défis uniques auxquels sont confrontés les Canadiens en ce qui a trait à l'accession à la propriété. Nos membres vivent ces défis avec ces propriétaires et les propriétaires éventuels, et ce, partout au pays.
Nous nous plaisons à dire que les courtiers hypothécaires sont le fer de lance en ce qui a trait à l'accession à la propriété car nous réalisons le rêve de bien des gens qui souhaitent devenir propriétaires. Pour ce qui est des coûts, ce rôle de fer de lance est l'aboutissement lorsque nous faisons une offre d'achat sur une maison.
Il y a de nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte pour déterminer le prix d'une propriété, et bien des gens semblent s'inquiéter du prix élevé de l'accession à la propriété, et il en va de même pour le coût élevé des loyers, car quelqu'un doit être le propriétaire de ces habitations. Au final, ces frais doivent être payés, et c'est pourquoi nous sommes là.
La majorité des Canadiens paient ces coûts par l'entremise d'une hypothèque. C'est aussi simple que cela. À mesure que les coûts augmentent, votre hypothèque augmentera également.
Comme je l'ai dit, de nombreux observateurs et Canadiens s'inquiètent des coûts élevés qu'ils devront assumer ou de l'hypothèque élevée qu'ils devront rembourser pour posséder une maison. Il est très important de comprendre ces coûts, et nous avons envoyé une lettre au Comité. Il y a de nombreux facteurs associés à ces coûts.
Nous savons qu'il y a le coût du terrain, mais dans les cas de projets d'aménagement, des changements sont apportés au Code du bâtiment chaque année. Cela fait augmenter les coûts. Nous ne construisons pas le même type de maison que nous bâtissions il y 20, 30 ou 40 ans. Nous construisons toujours un meilleur produit. Cela coûte de l'argent. Cela peut faire augmenter l'hypothèque.
Il y a aussi les taxes municipales. En tant que courtiers hypothécaires, nous nous occupons également du financement de projets d'aménagement. Nous voyons bien des coûts différents à payer dans différentes municipalités. Ces coûts sont des frais d'aménagement, des taxes scolaires, des frais d'acquisition de terrains et des frais d'affectation de terrains. Tout cela fait augmenter les coûts.
Les règlements municipaux font également augmenter les coûts. Comme je l'ai dit, il y a une exigence à respecter pour l'affectation des terrains.
Nous sommes à la recherche de concepts de communauté où il fait bon vivre. Les professionnels en urbanisme bâtissent de meilleures collectivités. Tout cela coûte de l'argent et est pris en compte dans le prix final des maisons.
Il y a également un processus d'aménagement lent et frustrant pour nos clients promoteurs. Ils doivent payer pour ce processus. Ils doivent contracter des prêts hypothécaires. Les frais d'intérêt s'accumulent et ils doivent refiler la facture à l'acheteur.
Nous comprenons comment ces coûts sont imposés, et nous sommes à la fin du processus pour financer les Canadiens.
Nous aimons dire qu'il n'y a pas de coûts de financement. Des changements ont récemment été apportés aux primes d'assurance de la SCHL. Dans notre lettre, nous avons mentionné quelques exemples, et nous pourrons y revenir à la période des questions, mais dans certains cas à l'heure actuelle, la prime d'assurance est aussi élevée que la mise de fonds qu'un propriétaire doit verser.
Une mise de fonds minimale de 5 % est exigée. Par exemple, sur un achat de 500 000 $, la mise de fonds minimale sera de 25 000 $. Dans un cas extrême, on paierait environ 22 000 $ de frais d'assurance. C'est très élevé.
L'Association des courtiers hypothécaires du Canada aimerait offrir ses services de consultation et vous faire savoir que nous sommes des experts. Avant que des modifications soient apportées à la politique sur les prêts hypothécaires, nous aimerions être consultés et vous faire part de notre avis en tant que professionnels.
Merci.
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En effet, le secteur de l'habitation, qui inclut notamment la construction neuve, la rénovation résidentielle, la réparation et l'entretien, est un secteur important. En 2015, la valeur économique de ce secteur au Canada dépassait les 133 milliards de dollars, soit près de 7 % du produit intérieur brut. Au Québec, il s'agit de 26 milliards de dollars, c'est-à-dire près de 8 % du produit intérieur brut.
Notre secteur crée de nombreux emplois de qualité. Par exemple, en 2013, la rénovation et la construction neuve ont contribué à créer plus de 172 000 emplois à temps plein au Québec.
Le gouvernement fédéral profite en outre de retombées fiscales. Une maison de 270 000 $ vendue au Québec, par exemple, rapporte 16 300 $ en revenus de taxes et de parafiscalité prélevés pendant la construction et au moment de la vente. Un contrat de rénovation de 35 000 $ rapporte au gouvernement fédéral presque 2 900 $ en retombées fiscales.
Pour ce qui est du marché immobilier, malgré une relative stabilité depuis quelques années, la construction neuve fait face à un déclin.
Au Québec, l'année 2016 s'est terminée avec presque 39 000 mises en chantier, une augmentation de 2,7 % par rapport à l'année 2015. Depuis quatre ans au Québec, le nombre de mises en chantier s'est stabilisé autour de 38 000.
Même si ces chiffres sont encourageants, sur une plus longue période, par contre, on note une baisse de 33 % par rapport à l'année 2004, où il y a eu un sommet. Le total des mises en chantier est passé de près de 58 500 en 2004 à près de 39 000 en 2016. Bon an mal an, il se construit environ 1 800 logements de moins au Québec. Ce ralentissement s'explique en bonne partie par la diminution du nombre de ménages au Québec. Il y a toutefois d'autres facteurs, que nous allons aborder.
Ce qu'il est important de comprendre et que nous voulons faire valoir ici, ce sont les bienfaits associés au fait de devenir propriétaire et d'acquérir sa propre demeure. La propriété permet aux ménages de se constituer un patrimoine financier personnel. Les ménages propriétaires bénéficient d'une valeur nette plus élevée que celle des locataires. En outre, une fois à la retraite, les ménages qui possèdent une habitation jouissent d'avantages qui représentent entre 10 % et 15 % du revenu.
Par contre, le Québec compte une plus faible proportion de propriétaires. En effet, 61 % des ménages y sont propriétaires, alors que ce pourcentage est de 69 % pour l'ensemble du Canada.
La question que nous posons aujourd'hui est la suivante: comment peut-on aider les familles à accéder à la propriété? Il faut réduire la principale barrière à l'accès à la mise de fonds. C'est un obstacle pour 7 jeunes sur 10, selon un sondage que nous avons effectué.
Ce même sondage indique aussi que les jeunes ont besoin d'environ huit ans pour économiser la mise de fonds nécessaire à l'achat d'une première habitation. Il y a quelques années, le gouvernement du Canada a décidé de protéger le marché financier, les contribuables et les ménages en resserrant les critères d'accès à l'assurance hypothécaire. En effet, comme vous le savez, il y a eu depuis 2008 neuf annonces de restrictions aux prêteurs et assureurs hypothécaires afin de resserrer l'accès à l'assurance hypothécaire.
La plus récente mesure, annoncée le 3 octobre dernier, aura des répercussions majeures sur le marché immobilier au Québec: l'accès sera plus difficile pour 74 000 ménages, le nombre de mises en chantier pourrait diminuer de presque 6 900 en 2017 et les reventes d'habitation pourraient décroître de 7 %.
Ces décisions ont eu un effet considérable au Québec, qui accuse déjà du retard en matière d'accès à la propriété.
J'aimerais maintenant céder la parole à mon collègue François Vincent.
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Nous désirons maintenant porter à votre attention les quatre propositions que nous formulons dans notre mémoire. Ces quatre propositions pourraient permettre au gouvernement d'atteindre ses objectifs, soit préserver l'intégrité du marché financier, protéger les ménages contre le surendettement et contenir la surchauffe immobilière, tout en offrant la clé manquante aux gens pour qu'ils puissent acquérir leur première propriété.
Nous espérons que ces propositions inciteront le Comité à en faire des recommandations formelles et que les députés du parti gouvernemental en feront part de façon convaincante au ministre des Finances pour le prochain budget.
Premièrement, nous proposons l'instauration d'un RAP intergénérationnel, afin que les parents puissent utiliser les fonds de leur REER pour aider leur enfant à faire une mise de fonds pour sa première propriété. Ce retrait serait remboursé selon les conditions en vigueur applicables dans le cadre du RAP.
Actuellement, plusieurs parents aimeraient aider leur enfant à faire une mise de fonds pour une propriété, mais ils n'ont pas nécessairement des dizaines de milliers de dollars dans leur compte chèques. En retirant des sommes de leur REER, ils pourraient aider leur enfant à acquérir une propriété.
Qui plus est, ces sommes supplémentaires pourraient diminuer les sommes empruntées et réduire le risque des prêteurs. Il y aurait beaucoup plus de mises de fonds qui correspondraient à 20 % de la valeur de la propriété, de sorte que l'emprunteur n'aurait pas besoin d'une assurance hypothécaire.
Avec une telle mesure, qui ne coûte rien au gouvernement du Canada, on permettrait aux marchés immobiliers régionaux non touchés par la surchauffe, c'est-à-dire à l'extérieur de Vancouver et de Toronto, de ne pas subir les effets des récents resserrements hypothécaires, et on éviterait que les chiffres très alarmants que mon collègue M. Lambert a évoqués tout à l'heure ne deviennent réalité.
Deuxièmement, nous aimerions recommander...
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
J'aimerais également remercier les autres témoins.
Je suis courtier en hypothèques dans la région de Vancouver depuis 1999. Mes antécédents dans le domaine des prêts remontent à 1988. Notre société exerce ses activités en Colombie-Britannique et en Alberta. Notre équipe compte 130 courtiers en hypothèques et l'an dernier, nous avons conclu 3 800 prêts hypothécaires, ce qui représente 1,36 milliard de dollars au total.
Parmi les changements mis en oeuvre le 3 octobre par le , celui qui a eu les répercussions les plus importantes sur les Canadiens assurait la cohérence des règles régissant l'assurance hypothécaire en uniformisant les critères d'admissibilité aux prêts assurés à ratio prêt-valeur élevé et à ratio prêt-valeur faible, y compris l'application d'une simulation de crise des taux d'intérêt hypothécaires.
À la page 36 de son programme électoral, le Parti libéral du Canada énonce ce qui suit: « Le gouvernement devrait fonder ses politiques sur les faits, et non inventer des faits qui justifient une politique souhaitée. Le bon sens, les bonnes politiques et les preuves de ce qui fonctionne devraient guider le gouvernement dans ses prises de décisions. »
Le gouvernement n'a rien fait pour s'informer auprès des intervenants de l'industrie des effets à long terme de ces changements. Ces changements apportés par le gouvernement ont eu des répercussions sur un grand nombre de Canadiens — non seulement les acheteurs d'une première maison, mais également ceux qui sont déjà propriétaires. En précipitant la mise en oeuvre de ces changements sans effectuer de recherches sur leurs répercussions possibles, le gouvernement a nui à la nature concurrentielle de l'industrie et a fait en sorte qu'elle favorise maintenant un groupe au détriment des autres. Cela fera augmenter les coûts liés aux prêts pour tous les Canadiens.
Prenons l'exemple d'une famille qui vit à Vancouver-Nord et dont l'hypothèque de 250 000 $ doit être renouvelée. Étant donné que son domicile est maintenant évalué à plus d'un million de dollars, le prêt hypothécaire de cette famille est maintenant considéré comme étant non assurable et elle doit payer un taux plus élevé, quelle que soit la durée du prêt.
On peut aussi prendre l'exemple de M. A, un homme séparé de sa conjointe qui tente de conclure une entente de séparation depuis le printemps dernier. Il avait prévu d'acheter la part du domicile matrimonial appartenant à sa conjointe — un domicile situé dans la région Kootenay —, mais il n'est plus admissible, et le domicile doit être vendu.
Manifestement, plusieurs acheteurs d'une première maison ont tenté d'accumuler la mise de fonds nécessaire pour entrer sur le marché et acheter leur premier domicile. Un grand nombre d'entre eux ont renoncé à acheter une maison et ont plutôt décidé de se contenter d'une maison en rangée ou d'un condominium. Et puisque les paiements doivent être répartis sur plus de 25 ans, leur pouvoir d'achat a diminué davantage.
Au Canada, l'industrie du logement est solide. Nous avons survécu à l'effondrement de 2007. Nous avons engendré des répercussions positives sur l'économie. La SCHL est profitable pour le gouvernement et elle est plus sécuritaire que jamais. Ces changements n'étaient pas nécessaires et ils ne feront que nuire à la majorité des Canadiens.
Je recommande que les changements suivants soient apportés aux critères visant les prêts hypothécaires assurés et non assurés: il faut permettre d'avoir une période d'amortissement de 30 ans, cesser de tenter de restreindre les investissements dans les biens locatifs et éliminer la limite sur les prêts hypothécaires assurables, qui s'élève actuellement à un million de dollars.
Je serai heureux de répondre à vos questions. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je tiens également à vous remercier de me donner l'occasion de livrer un exposé devant le Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Paul Taylor. Je suis président et directeur général de Professionnels hypothécaires du Canada, une association de l'industrie hypothécaire du Canada qui représente 11 500 personnes et plus de 1 000 entreprises, y compris des courtiers en hypothèques, des prêteurs hypothécaires, des assureurs hypothécaires et des fournisseurs de services à l'industrie.
La filière du courtage hypothécaire que nous représentons crée 33 % des prêts hypothécaires au Canada et plus de 50 % des prêts hypothécaires pour les accédants à la propriété, ce qui représente environ 80 milliards de dollars en activité économique annuelle. Les Canadiens choisissent de plus en plus de consulter un courtier pour obtenir un prêt hypothécaire. Selon nos données les plus récentes, la filière du courtage hypothécaire enregistre une hausse annuelle de volume de 9,6 %.
Toutefois, il est important de comprendre que ce ne sont pas tous les produits des banques traditionnelles qui sont disponibles par le truchement des courtiers hypothécaires. Les changements récents ont eu un impact négatif cumulatif sur le marché hypothécaire et au bout du compte, sur les consommateurs canadiens. Dans ce contexte, nous vous demandons d'apporter de légères modifications à l'assurance de portefeuille; j'aborderai ce point sous peu.
Comme les membres du Comité le savent probablement très bien, en date du 30 novembre, tous les prêts hypothécaires assurés en bloc sont désormais soumis aux mêmes simulations de crise que les prêts hypothécaires à ratio élevé assurés, et de nombreuses catégories importantes ne sont plus admissibles. Ces changements ont un impact disproportionné sur les prêteurs non bancaires qui comptent sur le mécanisme d'assurance de portefeuille pour leurs liquidités et la facilité d'accès aux capitaux.
À titre d'exemple de l'impact de ces changements, Genworth Canada estime qu'environ un tiers de son portefeuille total d'assurances souscrites en octobre 2016 ne serait plus admissible à l'assurance hypothécaire aujourd'hui.
Les banques peuvent prendre des prêts sur leur bilan, mais les petits prêteurs ne disposent pas du capital nécessaire pour leur faire concurrence efficacement. Il en résulte que tous les produits hypothécaires non admissibles à l'assurance de portefeuille financés par les petits prêteurs doivent passer par d'autres mécanismes privés qui rendent leurs produits plus dispendieux, donc non concurrentiels.
D'un point de vue stratégique, si l'intention de la simulation de crise est de protéger contre eux-mêmes les acheteurs surendettés, tous les consommateurs devraient être soumis à la même simulation de crise pour assurer un marché équitable. Le BSIF pourrait s'en assurer en modifiant les lignes directrices sur la sélection des risques.
De plus, le fait de fixer la simulation de crise au taux courant de cinq ans de la Banque du Canada donne à penser que l'État veut favoriser les grandes banques aux dépens des petits prêteurs. Ce taux est fixé au mode des taux affichés des cinq grandes banques. Les banques contrôlent donc le taux qui leur procure un avantage concurrentiel.
Dans ce contexte, il est important de noter que même si de nombreux prêteurs non traditionnels ne relèvent pas du BSIF, il serait inexact de dire qu’ils ne sont pas réglementés. En effet, chaque province a ses propres règlements sur le crédit hypothécaire et les prêteurs non traditionnels obtiennent statistiquement des taux de défaut de paiement équivalents ou légèrement meilleurs que ceux des grandes banques. Pour les emprunteurs hypothécaires canadiens, les prêteurs non bancaires jouent un rôle inestimable et nécessaire dans un marché concurrentiel.
Les changements apportés ont un impact négatif important sur les prix. En effet, en date du 1er janvier, le coût d'un prêt hypothécaire conventionnel a augmenté de 25 points de base ou, en dollars réels, de 2 300 $ sur une durée de cinq ans. Cela représente environ 10 400 $ sur toute la durée de l'amortissement du prêt.
En plus de ces coûts supplémentaires, les assureurs hypothécaires accroissent pour la troisième fois en trois ans les primes d'assurance sur les prêts hypothécaires non conventionnels. Cette situation est attribuable aux lignes directrices sur le niveau de suffisance du capital récemment publiées par le BSIF et au fait que dans certaines catégories de rapport prêt-valeur, ces primes font augmenter de plus d'un point de pourcentage le montant de l'hypothèque. Au bout du compte, ces coûts seront manifestement refilés au consommateur.
La simulation de crise démontre également la réduction du pouvoir d'achat d'un grand nombre de Canadiens — d'autres témoins ont d'ailleurs abordé cette question. Des problèmes régionaux ont également été créés. Un grand nombre d'entre eux seront les acheteurs d'une première maison.
Notre économiste en chef, Will Dunning, nous indique que la simulation de crise aura pour effet d’accroître de 5 à 7,5 points de pourcentage le ratio d'amortissement total de la dette des acheteurs de maison, ce qui aura des répercussions concrètes sur leur pouvoir d'achat sans réellement modifier les détails de leur situation. Les impacts dérivés d'une réduction du pouvoir d'achat de la classe moyenne pourraient avoir pour conséquence involontaire de concrétiser le scénario que ces politiques visent justement à éviter, à savoir une crise nationale de la dette provoquée par un déclin économique important.
Les nouvelles exigences en matière de capital du BSIF obligent également les assureurs à tenir compte de deux nouvelles caractéristiques d'un prêt avant de déterminer le montant de capital qu'ils doivent conserver en réserve pour l'assurer en bloc: la cote de crédit et l'emplacement géographique.
Nous craignons que ces changements créent des disparités de prix et d'accès au niveau régional qui auront un impact disproportionné sur les Canadiens de la classe moyenne qui vivent dans les collectivités jugées à risque élevé. La proposition visant à introduire le partage des risques sur le marché entraînerait aussi des disparités importantes de prix et d’accès. Bien que le Canada profite de taux de défaut de paiement historiquement faibles, à savoir un peu moins d’un tiers d’un pour cent — je pense que ce taux était 0,28 % lundi dernier —, les données ont toujours démontré que les pertes d’emplois étaient le premier déclencheur de défauts de paiement.
Dans le cadre d'une structure de partage des risques, alors que les économies régionales souffrent de ralentissement, les coûts hypothécaires locaux vont vraisemblablement augmenter en proportion. Nous pensons que c’est tout le contraire de ce que le gouvernement recherche, et contraire aussi au mécanisme social que la SCHL et le programme de titrisation sont destinés à créer.
En conclusion, les changements annoncés nuisent à la filière du courtage hypothécaire dans son ensemble, et les consommateurs canadiens se sont montrés de plus en plus enclins à utiliser les services d’un courtier hypothécaire pour avoir accès à plus de choix et de soutien et pour recevoir de l'aide pour se conformer aux exigences techniques d'admissibilité au crédit hypothécaire. L’imposition de désavantages concurrentiels aux prêteurs non traditionnels nuira à ce segment du marché hypothécaire canadien que les consommateurs ont clairement plébiscité par leurs habitudes d’achat.
Nous aimerions formuler cinq recommandations au Comité, car elles pourraient aider à atténuer les effets de ces changements.
Tout d'abord, nous recommandons de suspendre toutes les mesures réglementaires qui n'ont pas encore été mises en oeuvre.
Deuxièmement, nous recommandons d'ajuster le changement apporté le 30 novembre pour permettre d'inclure les refinancements dans l’assurance de portefeuille. Si un ratio prêt-valeur de 80 % est inacceptable, on devrait envisager de réduire le seuil à 75 % plutôt que de supprimer entièrement l’admissibilité de ces produits.
Troisièmement, nous demandons au gouvernement de reconsidérer les exigences de réserves de capital accrues mises en oeuvre en janvier sur les prêts hypothécaires assurés.
Quatrièmement, nous recommandons de mener une étude sur l’impact à long terme des prix régionalisés sur l’économie canadienne dans son ensemble, et sur les effets nocifs supplémentaires qui pourraient toucher les économies régionales déjà en difficulté.
Enfin, nous recommandons de dissocier le taux de la simulation de crise des taux affichés des cinq grandes banques. Il faudrait utiliser un mécanisme indépendant pour déterminer le taux et exiger son utilisation pour vérifier l'admissibilité de tous les prêts hypothécaires, qu'ils soient assurés ou non.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Veuillez nous excuser du retard causé par le vote. Cela semble se produire en début de session, mais je vous remercie d'être venus ici.
J'ai passé beaucoup de temps à lire tous les documents liés au marché de l'habitation au Canada. C'est un sujet qui préoccupe constamment les électeurs de ma circonscription. Nous recevons des courriels au sujet de... Le dernier courriel que j'ai reçu venait d'une personne qui souhaitait acheter une maison à Waterloo pour sa fille. Le prix courant de la maison était 379 000 $, mais la maison a été vendue au prix de 500 000 $.
Plus près de chez nous, lorsque je vois que des maisons sont vendues au prix de 1,4 million ou 1,5 million de dollars, je me pose des questions, car en 2007, le prix courant de ces maisons était d'environ 480 000 $. Il y a quelque chose qui se passe du côté de l'offre et de la demande, et nous devons examiner la situation.
Lorsque j'examine tous les changements qui se sont produits sur le marché de l'habitation au Canada — les augmentations de prix, l'incidence démographique et les mouvements d'immigrants, de nouveaux arrivants et de citoyens canadiens qui déménagent dans la région du Grand Toronto, par exemple, dans la région où j'habite —, je constate qu'ils entraînent de nombreux résultats naturels. L'un de ces résultats a été l'accroissement substantiel de l'endettement des particuliers. Il incombe à tout gouvernement, y compris à mes collègues de l'autre côté lorsqu'ils étaient au pouvoir, de veiller à ce que des changements soient apportés pour empêcher que le marché parte à la dérive et crée une situation comme celle qui s'est produite aux États-Unis.
Au Canada, nous avons un système unique dans lequel le gouvernement soutient une grande partie du marché, c'est-à-dire la partie à ratio élevé ou ce qu'on appelle une mise de fonds de moins de 20 %. Si on examine tous les changements qui ont été apportés, on constate que certains d'entre eux sont très prudents. Le marché de l'habitation contient une structure sur la création de prêts hypothécaires, et ce sont les changements qui ont été apportés, et je ferais valoir qu'un grand nombre des changements sont très prudents et que nous devons également intégrer les différences régionales.
Ma question provient du rapport sur la situation financière publié par la Banque du Canada en décembre. En ce qui concerne l'augmentation des niveaux d'endettement, à la page 5 du rapport, on dit que la proportion d'emprunteurs avec un taux d'endettement hypothécaire élevé est à la hausse dans de nombreuses villes.
Si on tient compte des tendances, étant donné que la SCHL est protégée par les contribuables du Canada, n'est-il pas prudent que tout gouvernement mette en oeuvre des mesures conçues pour améliorer la qualité de l'endettement des emprunteurs?
Je pose la question, car je crois qu'il est prudent, pour tout gouvernement, qu'il s'agisse des libéraux ou des conservateurs, d'agir de cette façon. Pourriez-vous prendre chacun 30 secondes pour répondre à la question?
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J'aimerais répondre en premier.
J'entends constamment parler de ce ratio dette-revenu. À mon avis, c'est une fausse piste.
Dans notre pays, il y a deux types de dettes: les bonnes dettes et les mauvaises dettes. Tout d'abord, qui sait comment ce ratio est calculé? La semaine dernière, j'ai participé à une réunion avec la directrice générale de la SCHL pour la région atlantique. Je lui ai posé cette question. Honnêtement, elle n'a pas pu y répondre. Son économiste a tenté d'y répondre. Nous ne sommes toujours pas sûrs de la façon dont on calcule ce ratio au Canada atlantique.
Il est important de reconnaître qu'il y a deux types de dettes, à savoir les bonnes et les mauvaises dettes. Un paiement hypothécaire est une bonne dette, car il s'agit d'une dette liée à un bien qui non seulement prend de la valeur, mais qui crée également des capitaux propres tangibles à mesure que la dette diminue. Cette dette fournit un abri et produit une valeur nette lorsque son principal ou son solde diminue.
Lorsqu'on accorde un prêt hypothécaire, il faut tenir compte de plusieurs facteurs, notamment le ratio d'endettement, le revenu, les actifs, le ratio revenu-actifs, le ratio dette-actifs, l'historique de remboursement des prêts, l'utilisation des prêts, la stabilité du revenu, la source du revenu, la mise de fonds, l'emplacement géographique, le type de logement et d'autres critères d'admissibilité, par exemple la règle de 3 % sur le crédit renouvelable. C'est une bonne dette. Elle est soumise à de nombreux freins et contrepoids pour veiller à ce qu'elle soit bien gérée et qu'elle vise un bien qui prend de la valeur.
Bien sûr, l'endettement est un facteur important et nous devons en examiner la nature, mais une forte proportion de ce ratio n'est pas due à la dette hypothécaire. C'est la carte de crédit et le prêt-automobile, lesquels nous n'étudierons probablement pas ici.
Actuellement, les exigences pour l'approbation de nos clients sont rigoureuses. Nous devons vérifier beaucoup de renseignements à leur sujet. Les prêts-automobiles sont différents, tout comme les cartes de crédit et, malheureusement, c'est ce qui cause des problèmes à la plupart des Canadiens.
À mon avis, il y a de bonnes et de mauvaises dettes. Une maison, même si elle ne prend pas de la valeur, finit lentement par se payer. La probabilité est mince qu'elle se déprécie, tandis que ces autres biens n'ajoutent rien au bilan.
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Je vous remercie tous d'être ici.
Je ferai quelques observations, puis je demanderai à chacun, parce que vous êtes quatre, une réponse générale.
Je suis de Calgary. Comme vous le savez bien, l'économie de l'Alberta ne va pas bien depuis deux ou trois ans, et son état s'aggrave probablement. Je discutais récemment avec un constructeur de logements qui m'a dit que, jusqu'à la baisse du prix du pétrole, la construction et la vente de logements allaient encore bon train et que les décisions prises l'automne dernier avaient stoppé les mises en chantier à Calgary. Qu'en pensez-vous?
Ensuite, je voudrais que vous en disiez un peu plus sur la solution uniforme pour tous. Encore une fois, vous avez parlé du Québec. Je suis de l'Alberta. Il semble que les Canadiens de partout au pays sont pénalisés à cause de deux marchés fébriles, Vancouver et Toronto. Je voudrais connaître vos observations à ce sujet.
Enfin, nous avons accueilli l'autre jour un groupe de témoins. À une question, ils ont juré n'avoir pas eu de contacts avec des fonctionnaires fédéraux qui les auraient consultés sur la bonne marche à suivre. Je voudrais savoir si ça pouvait s'appliquer à chacun de vous.
À vous maintenant de répondre.
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De même, comme nos deux collègues ici, nous n'avons pas été consultés, mais nous avons signalé ces problèmes, début novembre, au personnel du cabinet du .
Je vais répondre à votre question sur les effets. Au Québec, 40 % des acheteurs de maisons neuves ou de vieilles maisons sont de premiers acheteurs. Le problème est... Effectivement, il y a un effet sur les mises en chantier, mais aussi sur le marché de la revente et celui des rénovations. Tout s'enchaîne, parce que les acheteurs qui veulent vendre leur maison pour emménager dans un condo ou dans une maison pour leur retraite doivent vendre leur maison, qui sera achetée par un propriétaire d'expérience ou un nouveau propriétaire. C'est une chaîne, et tous les maillons se tiennent. L'effet s'exerce dans toutes les directions.
Un effet pervers de la nouvelle politique est que les candidats prêts à s'acheter une maison, qui avaient économisé juste assez pour l'acompte, ne répondent plus aux critères. Ils devront retarder l'achat, s'acheter une maison moins chère ou emménager ailleurs. Ils demanderont de l'argent à la parenté, père, tante, oncle, ou ils resteront locataires et garderont les 10 000 à 20 000 $ économisés, ils se procureront une camionnette, un bateau, autre chose et ils contracteront ce que nous avons qualifié de « mauvaises dettes ».
On se retrouve dans une situation où les emprunteurs s'adresseront à la banque non pour un emprunt hypothécaire, mais pour consommer plus: voyage dans le Sud, croisière, peu importe. C'est de l'endettement relié à la consommation, qui n'est adossé sur aucun bien qui prend de la valeur et sur lequel on verse un acompte, comme une maison. Voilà l'effet pervers, pour reprendre ce que disait M. Sorbara.
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L'Association des courtiers hypothécaires du Canada n'a pas été consultée au sujet des changements. Comme je l'ai mentionné au début, nous aimerions être consultés.
En ce qui concerne les politiques régionales... Je vais vous donner une idée de mon âge en vous disant que j'ai commencé à travailler comme courtier hypothécaire en 1988. À cette époque, il y avait deux politiques. Il y avait la règle des 125 000 $ et la règle des 175 000 $. Si vous habitiez en région, vous pouviez verser une mise de fonds qui pouvait aller jusqu'à 125 000 $, et, dans une grande ville, vous pouviez aller jusqu'à 175 000 $. Cette politique fonctionnait bien dans le passé.
Lorsque certains de ces changements ont été annoncés, notre association a fait parvenir une lettre au bureau du comportant quelques recommandations. Ces recommandations se trouvent dans notre mémoire. Il faut se demander quel est le seuil maximal? À partir de quelle somme sommes-nous très endettés? Nous disons toujours que les gens sont très endettés. Nous proposons par exemple qu'en dessous de 500 000 $, les hypothèques soient admissibles à un taux réduit, car aujourd'hui il faut appliquer le taux de référence.
Les changements ont eu des répercussions dans les régions. Nous établissons des politiques pour régler des problèmes qui concernent les principaux centres comme Toronto et Vancouver, et nous les appliquons à l'ensemble du pays. Ce n'est pas vraiment équitable. Les politiques régionales fonctionnent bien, comme on a pu le constater dans le passé.
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Pas précisément. Cependant, ma connaissance limitée de la fiscalité amène deux commentaires.
Premièrement, les contributions qui ne sont pas remboursées comme elles devraient l'être sur une période de 15 ans, laquelle commence deux ans après le moment où elles ont été retirées, s'ajoutent au revenu, et de l'impôt est payable sur ce montant.
Deuxièmement, les règles fiscales concernant l'exemption des gains en capital ont été resserrées récemment. Il est très clair aussi que les contribuables devront déclarer les ventes de propriétés dans leurs déclarations de revenus. Il s'agit d'une nouvelle modalité. Les règles d'exemption des gains en capital pour les autres choses que la résidence principale s'appliquent et sont déjà en vigueur.
En ce qui concerne une personne qui possède une résidence principale et une autre qui est qualifiée de résidence secondaire, les règles déjà en vigueur limitent les possibilités de gains, et le gouvernement est en mesure d'imposer cette personne en fonction des règles actuelles.
Il est sûr qu'il y a toujours des montages financiers. Il y a des fiscalistes et des professionnels qui peuvent être très créatifs et, en tout respect de l'esprit des lois, arriver à certaines choses. Cependant, notre proposition vise à aider les enfants à accéder à des fonds qu'ont déjà accumulés leurs parents, mais qui ne sont pas disponibles dans un compte courant.
J'ai une dernière question, qui est un peu large, alors je voudrais avoir des réponses rapides, si c'est possible.
M. Albas ainsi que la plupart des députés ici, je pense, sont d'accord pour dire qu'il n'y a pas seulement un marché de l'habitation au Canada, mais plusieurs marchés. On a fait référence aux différents marchés qui sont surchauffés. Semble-t-il que la réponse du gouvernement a été de dire que pour s'attaquer à ces marchés, on allait s'attaquer à tous les marchés en même temps, et chacun en vit les conséquences.
On sait que les banques et, par extension, les hypothèques sont de compétence fédérale. Outre les mesures fiscales comme celles proposées ici et qui pourraient être appliquées province par province, de quelle manière les provinces peuvent-elles s'attaquer à leurs propres problèmes de surchauffe à l'échelle locale, selon vous? Si le gouvernement fédéral a atteint la limite de ce qu'il peut faire, comment les provinces peuvent-elles intervenir à leur tour, puisque les mesures sont généralement de nature fédérale?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je vous souhaite la bienvenue à la Chambre des communes. Nous sommes ravis que vous soyez là.
Je ne peux pas dire que je suis très fier d'entendre les propos qui ont été formulés il y a quelques minutes. Il est tout à fait inacceptable et incroyable que le gouvernement ait pris une décision aussi importante sans vous consulter. Vous n'êtes pas les premiers à nous en parler. Nous avons déjà entendu d'autres témoins qui ont fait les mêmes commentaires. C'est absolument inacceptable, mais au moins, grâce au Comité, vous pouvez vous exprimer.
[Français]
Ma question s'adresse évidemment à MM. Lambert et Vincent.
Soyez les bienvenus et merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Vous avez souligné des éléments qui m'ont beaucoup surpris: vous vous attendiez à des pertes de ventes de 7 % sur le marché immobilier, et 40 % de vos clients sont des premiers acheteurs. Cela exerce énormément de pression sur le gouvernement en ce qui concerne la politique qu'il a brutalement annoncée. Je dis « brutalement » dans la mesure où il n'y a pas eu de consultations antérieures.
Par contre, ce qui est bien, c'est que vous avez offert des pistes de solution.
Par exemple, vous avez parlé d'un REER intergénérationnel qui permet à des parents d'aider leurs enfants. Sans vouloir me vieillir, je suis bien fier d'avoir deux enfants d'une vingtaine d'années qui commencent dans la vie et, par un effet de levier au moyen de mon REER, de pouvoir les aider au moment de leur première acquisition. Votre proposition de REER intergénérationnel est donc une riche idée.
De plus, vous avez parlé d'offrir de l'aide aux premiers acheteurs au moyen d'une bonification du remboursement de la TPS ainsi que des crédits d'impôt.
J'ai une autre question. Toutefois, je vais devoir me rendre à un autre rendez-vous tout à l'heure et passer la parole à mon ami M. Albas. Ne vous sentez pas personnellement visés par mon départ.
J'aimerais que vous nous expliquiez vos quatre propositions de manière plus approfondie. Vous avez eu le temps d'expliquer le REER intergénérationnel, mais avez-vous chiffré le coût des trois autres mesures? À combien évaluez-vous l'aide qui pourrait être apportée aux premiers acheteurs si nous donnons suite à vos recommandations?
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Je crois pouvoir aller à la source.
Certains prêteurs ciblent des emprunteurs dont les antécédents de crédit sont moins intéressants. Ils œuvrent peut-être dans un marché où ils offrent un taux d’intérêt hypothécaire assujetti à des normes élevées en raison du risque de non-remboursement de prêt de ces clients. Aussi, de façon générale, ces prêteurs sont financés par le privé. Il s’agit d’une catégorie de prêteurs distincte, disons, au sein de nos membres.
La plupart du temps, il y a peu de différence entre les grands prêteurs qui prennent des prêts sur leur bilan et certains plus petits… appelons-les des « prêteurs spécialisés dans le domaine résidentiel ».
Tous ont recours, dans une certaine mesure, à un programme de titrisation. À l’occasion, ils doivent tous trouver d’autres sources de financement, que ce soit leur propre bilan ou d’autres mécanismes sur le marché. La grande différence entre les deux, et ce qui entraînera une baisse de la concurrence sur le marché, c’est que, puisque les petits prêteurs s’appuient davantage sur le mécanisme de titrisation, si celui-ci est retiré ou s’il y a une baisse considérable des risques admissibles, il sera pratiquement impossible pour eux de constituer des hypothèques pour leurs clients sans d’autres sources de capitaux, des sources plus dispendieuses.
En termes simples, si vous groupez des hypothèques dans un mécanisme d’investissement, une obligation, si ce mécanisme est assuré, vous courez peu de risques sur le marché. S’il n’est pas assuré, les investisseurs exigent une prime de risque plus élevée et, bien entendu, au bout du compte, c’est le titulaire hypothécaire qui paie la note par l’entremise du taux d’intérêt qui lui est facturé.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins d’être venus.
J’ai écouté la discussion sur la bonne et la mauvaise dette, et je comprends tout cela. Par contre, il y a un facteur dont il faut tenir compte. Qu’il s’agisse d’une personne ayant une hypothèque qu’elle aura de la difficulté à rembourser si les taux d’intérêt augmentent ou d’une personne qui a une hypothèque et un prêt d’achat pour un bateau et qui est incapable de payer les deux, que ce soit une bonne ou une mauvaise dette, si elle est incapable de rembourser ses prêts, elle nuit à l’économie. Cette notion de bonne et de mauvaise dette est bien belle, mais si vous ne pouvez pas rembourser votre dette, elle est toujours considérée comme une bonne dette, comparativement à une personne qui n’arrive pas à rembourser son prêt d’achat pour son bateau…
Mon collègue vient de dire que cela nuit à l’économie. J’aimerais savoir ce qui nuirait le plus à l’économie et au marché immobilier: dire à une personne que, si les taux d’intérêt augmentent, elle pourra se permettre uniquement un certain type d’hypothèque ou permettre à cette personne de choisir l’hypothèque qu’elle veut, sans faire de test de stress en fonction des réalités économiques et de la situation actuelle, et risquer qu’elle ne puisse pas rembourser son prêt hypothécaire? C’est l’option que vous avez: dire aux gens qu’ils peuvent se permettre un montant moins élevé ou les laisser emprunter plus que ce qu’ils peuvent rembourser et risquer le non-remboursement du prêt. Que s’est-il passé, aux États-Unis, avec les gens qui avaient contracté des prêts hypothécaires trop élevés?
Le non-remboursement des prêts a entraîné une baisse de la valeur des maisons et toute l’équité accumulée s’est évaporée. Cela n’aurait-il pas un impact énorme sur le marché immobilier si nous n’adoptons pas des mesures pour nous protéger contre ce genre de risque?
Concernant la bonne et la mauvaise dette, lorsque nous accordons un prêt hypothécaire, nous effectuons d’abord un test de stress. Autrement dit, nous nous assurons que le demandeur a la capacité de le rembourser. Il y aura toujours des gens — ils ne sont pas nombreux — qui, après avoir contracté un prêt hypothécaire, iront ensuite s’acheter un bateau, soit après que nous avons vérifié qu’ils peuvent se permettre une hypothèque. Il y a toujours ce risque, aussi petit soit-il.
Vous vous inquiétez des gens qui ont trop de dettes. Regardons plutôt toutes les histoires de réussites de Canadiens qui ont acheté leur première maison. Pensez à vos parents et à vos grands-parents. Tous ceux qui achètent leur première maison éprouvent certaines difficultés. Parfois, ils sont un peu stressés. Mais peut-on dire que le Canadien moyen est irresponsable face à sa dette? Je ne le crois pas.
Je suis courtier hypothécaire depuis 1988 et je ne connais que des exemples de réussite. Le marché a-t-il connu des ralentissements depuis? Absolument. Mais, la grande majorité des gens continuent de faire le nécessaire pour rembourser leur prêt hypothécaire. Ceux qui ont acheté une maison il y a 25 ans, disons, alors qu’ils avaient 25 ans, ont éprouvé des difficultés. Aujourd’hui, ils ont terminé de rembourser leur prêt et peuvent utiliser l’équité dans leur maison pour payer les études de leurs enfants…
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Merci, monsieur le président.
Merci de m'avoir invité à témoigner devant vous cet après-midi.
Je suis né et j'ai grandi à Ottawa, où mon père a occupé un poste de fonctionnaire. C'est toujours un plaisir d'y revenir.
[Traduction]
Financière First National est un prêteur hypothécaire de premier choix qui assure près de 23 milliards de dollars de prêts hypothécaires résidentiels et commerciaux par année. En plus d’être le plus important prêteur non bancaire du Canada avec ses 950 employés d’un bout à l’autre du pays, Financière First National est une propriété publique qui est cotée à la Bourse de Toronto.
Ce sont des courtiers hypothécaires qui distribuent nos produits et les programmes de titrisation de la SCHL nous aident à obtenir les capitaux nécessaires pour financer les hypothèques. Nous arrivons à atteindre nos objectifs grâce à une technologie de pointe, des taux d’intérêt compétitifs et un service de grande qualité. La qualité de nos prêts est indéniable. En effet, elle est comparable ou supérieure à celle des autres institutions de premier plan au Canada. Nous estimons que nous avons offert à près d'un million de Canadiens le financement dont ils avaient besoin pour réaliser leur rêve de devenir propriétaire.
Notre relation avec la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la SCHL, est au centre de notre modèle d’affaires. La SCHL a été fondée en 1945 avec comme objectif de fournir des fonds pour le logement aux soldats qui revenaient de guerre. En 1954, elle a mis en place l’assurance prêt hypothécaire qui visait à fournir des liquidités aux Canadiens pour qu’ils puissent devenir propriétaires. Aujourd’hui, la SCHL a deux compétiteurs privés qui servent près de 50 % du marché immobilier.
La SCHL a mis sur pied le Programme des TH LHN — les titres hypothécaires émis en vertu de la Loi nationale sur l’habitation — en 1987 et le programme OHC, soit le programme d’obligations hypothécaires du Canada, en 2001. Ces programmes de titrisation ont permis aux régimes de pensions, aux fonds communs de placement, et à d’autres institutions qui n’acceptent pas de dépôts, au Canada et à l’étranger, d’offrir du financement hypothécaire aux propriétaires canadiens.
Avant 1987, seules les plus grandes institutions de dépôt pouvaient obtenir les sommes d’argent qui étaient nécessaires pour faire rouler le marché hypothécaire. Les choix des consommateurs étaient limités. C’est pourquoi nous avons changé les règles du jeu pour offrir davantage de choix aux Canadiens dans le domaine du crédit hypothécaire. C’est aussi pourquoi nous sommes soucieux de maintenir une concurrence solide entre prêteurs pour offrir aux consommateurs des taux d’intérêt plus faibles. La SCHL a été une bénédiction pour les Canadiens cherchant à devenir propriétaires, notamment en raison de ses programmes d’assurance hypothécaire et à ses programmes de titrisation.
Le ministre des Finances travaille en collaboration avec la SCHL pour contrôler et pour protéger le marché immobilier canadien. Depuis la crise du crédit de 2008, le ministère des Finances a apporté plusieurs changements aux règles régissant les prêts hypothécaires dans l’espoir d’atténuer la dette des consommateurs. Nous avons appuyé ces changements.
En octobre 2016, le ministre a annoncé qu’il apporterait davantage de changements aux règles qui allaient toucher l’industrie du prêt hypothécaire. L’un de ces changements est que le taux d’admissibilité aux hypothèques de cinq ans est aujourd’hui plus élevé, car le taux de référence est maintenant celui de la Banque du Canada plutôt que celui prévu par le contrat hypothécaire. Cela a pour effet de réduire considérablement le montant que peut emprunter une personne souhaitant obtenir une hypothèque de cinq ans ou plus. Le ministre est convaincu que cela peut nous aider à assurer que les emprunteurs aient les moyens financiers nécessaires au cas où les taux d’intérêt auraient augmenté au moment d’un renouvellement et à modérer la demande dans les marchés en état de surchauffe.
Bien que nous appuyions ce changement, il est important de souligner que ce changement ne touche que les hypothèques assurées, qui représentent moins de 30 % du marché total. Les 70 % du reste du marché qui ne sont pas assurés ne sont pas concernés par ce changement. Étant donné que les hypothèques assurées au Canada valent en moyenne 300 000 $ et que les hypothèques de plus d'un million de dollars ne peuvent pas être assurées, ce changement aura pour effet de réduire les possibilités d’accession à la propriété des acheteurs d’une première maison dans les marchés plus faibles au pays — c’est-à-dire dans les Prairies, au Québec et au Canada atlantique — et il n’aura qu’un tout petit effet sur les marchés en état de surchauffe à Vancouver et à Toronto.
La suppression de l’accès à une assurance hypothécaire pour les emprunteurs qui souhaitent refinancer leur prêt hypothécaire est l’un des pires changements annoncés en octobre. Les Canadiens ont toujours eu l’habitude d’utiliser leur avoir propre foncier pour emprunter de l’argent de façon à investir dans la rénovation de leur maison et dans l’éducation de leurs enfants ou pour répondre à d’autres besoins. Les nouvelles règles limitent considérablement les options de ce type d’emprunteurs et nous ramènent 30 ans en arrière, en 1987, quand le seul choix qu’ils avaient était d’avoir recours aux grandes institutions financières canadiennes. Il s’agit pour nous d’un grand pas en arrière, qui est contraire à l’objectif général de politique publique actuel voulant que l’on promeuve la compétitivité et qui est en contradiction totale avec le mandat de la SCHL, soit d’aider les Canadiens à répondre à leurs besoins en matière de logement.
Par la suite, le Bureau du surintendant des institutions financières a modifié les exigences en capital pour les assureurs de prêts hypothécaires. Depuis l’entrée en vigueur de ces changements, le 1er janvier dernier, les assureurs de prêts hypothécaires doivent retenir beaucoup plus de capitaux, soit deux ou trois fois plus qu’avant, pour une hypothèque conventionnelle comparativement aux capitaux qu’une grande institution financière canadienne est tenue de retenir pour le même prêt hypothécaire.
Parce qu’ils évacuent en quelque sorte du marché les prêteurs qui utilisent la titrisation et l’assurance hypothécaire pour financer leurs hypothèques, ces changements auront le même effet négatif sur les propriétaires canadiens que ceux mentionnés plus tôt.
Nous demandons au ministre et au surintendant de revoir leurs décisions qui fait que le refinancement hypothécaire est inadmissible à l’assurance hypothécaire et de ne pas apporter de nouveaux changements aux règles régissant le secteur du logement tant que les changements les plus récents n’auront pas été absorbés par le marché et qu’ils n’auront pas été entièrement compris.
Je serais ravi de répondre à vos questions.
Bonjour à tous.
Je m’appelle Andy Charles. Je suis président et directeur général de la Société d’assurance hypothécaire Canada Guaranty. À titre d’introduction, nous sommes la seule société privée d’assurance prêt hypothécaire entièrement canadienne. Depuis 2010, nous avons aidé plus de 250 000 Canadiens à accéder à la propriété. Notre société assure les Canadiens, principalement les premiers acheteurs, qui versent une mise de fonds inférieure à 20 % du prix d’achat de l’habitation.
Nous sommes d’avis que le système canadien de financement de l’habitation a bien servi notre pays. C’est ce que l’on constate surtout lorsqu’on le compare à celui d’autres pays. Le Canada a évité certains des écueils auxquels se sont heurtés d’autres pays, notamment grâce aux pratiques de souscription de prêts prudentes adoptées par le secteur des prêts hypothécaires, à la surveillance réglementaire rigoureuse et à l’absence d’incitatifs fiscaux qui dissuadent les emprunteurs de réduire leur dette hypothécaire. Je crois que les autres pays dans le monde considèrent que la structure du marché de l’assurance prêt hypothécaire du Canada joue un rôle important dans la stabilité globale du système de financement de l’habitation.
Depuis 2008, la Canada Guaranty a appuyé les diverses interventions du gouvernement qui ont calmé le marché immobilier, les jugeant prudentes et bien réfléchies. Même si ces interventions ciblaient principalement les premiers acheteurs, elles ont permis de renforcer le marché immobilier canadien. Cependant, nous sommes d’avis que les plus récents changements, combinés à un nouveau cadre réglementaire, risquent d’avoir un effet néfaste sur le marché immobilier.
J’aimerais prendre un moment pour dresser, à l’intention du comité, le portrait de l’acheteur typique d’une première habitation. L’acheteur moyen d’une première habitation a entre 25 et 40 ans et il a en moyenne un revenu familial qui se situe entre 80 000 et 100 000 $. Aujourd’hui, les premiers acheteurs représentent seulement 30 % du nombre annuel des nouvelles hypothèques, comparativement à 40 % en 2010. Ils détiennent en moyenne une hypothèque de 300 000 $ et ils ont une note de crédit moyenne de 753, ce qui indique un très haut niveau de solvabilité.
En outre, le marché de l’assurance prêt n’assure pas les prêts hypothécaires contractés pour l’achat d’une habitation de plus d'un million de dollars. Il s’agit d’un plafond qui empêche généralement les premiers acheteurs dans les régions du Grand Toronto et du Grand Vancouver d’accéder à la propriété. L’activité immobilière intense dans les régions de Toronto ou de Vancouver, qui fait les manchettes, n’a jamais été attribuable aux premiers acheteurs.
J’aimerais vous faire part de nos observations concernant les modifications réglementaires récentes et de ce que nous envisageons pour l’avenir.
Il n’existe pas au Canada un marché immobilier national homogène. Par conséquent, les politiques nationales peuvent être problématiques lorsqu’il existe des problèmes propres à une région ou même à une ville en particulier. La valeur des propriétés a considérablement augmenté à Vancouver et à Toronto, alors que ce n’est pas du tout le cas à Calgary, à Edmonton, à Montréal et dans d’autres marchés. Il faut donc envisager des solutions locales ou régionales. Les décisions qu’a prises récemment le gouvernement de la Colombie-Britannique visant le marché immobilier constituent une solution régionale à un problème régional.
Il est important d’analyser les effets cumulatifs des modifications réglementaires des années passées sur la capacité des premiers acheteurs d’accéder à la propriété, mais nous croyons que les changements annoncés en octobre 2016 sont les plus importants qui ont été apportés jusqu’à maintenant. Pour être plus précis, l’élimination de l’admissibilité au refinancement des prêts à faible ratio prêt-valeur fera en sorte que les emprunteurs auront moins de choix, car cette mesure aura une incidence sur la compétitivité des prêteurs spécialisés canadiens. Pour leur prêt hypothécaire, un plus grand nombre d’emprunteurs pourraient s’adresser à des prêteurs privés, ce qui constitue une option plus coûteuse caractérisée par un manque de transparence sur le plan de la réglementation.
Nous estimons que les modifications annoncées par le ministère des Finances en octobre 2016, conjuguées à la mise en place peu de temps après d’un nouveau cadre réglementaire, modifieront concrètement la dynamique du marché immobilier. Avant d’envisager d’autres modifications réglementaires, nous devons prendre le temps de bien comprendre les répercussions à plus long terme.
Étant donné les effets cumulatifs potentiels de ces changements, nous encourageons le gouvernement à prendre en considération les recommandations suivantes:
Il ne faut pas aller de l’avant pour l’instant avec un modèle de partage des risques. Il faut examiner les résultats des récents changements avant d’envisager de procéder à d’autres modifications.
Nous prévoyons que la proportion des nouveaux prêts hypothécaires qui sont contractés par les premiers acheteurs diminuera encore pour atteindre seulement 20 % du marché. Je suis d’avis que les premiers acheteurs assurés sont aujourd’hui assujettis à la réglementation la plus rigoureuse. Ils ne représentent pas un problème, alors nous estimons qu’il serait contre-productif de les cibler davantage.
Enfin, le Canada a fait savoir qu’il prévoit accueillir 300 000 immigrants au cours de la prochaine année. C’est une décision que nous appuyons. La majorité de ces immigrants vont élire domicile dans l’un de nos principaux marchés. Nous devrons loger ces nouveaux Canadiens, et nous encourageons tous les ordres de gouvernement à coordonner leurs actions pour s’assurer que l’offre de logements est suffisante.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de m’écouter.
Je suis président de l’Association canadienne des constructeurs d'habitations et bâtisseur concepteur à Toronto. Je suis accompagné de Jason Burggraaf, membre de notre équipe d’Ottawa.
Je remercie le Comité d’avoir entrepris cette étude.
Pour dire les choses simplement, le logement est important. Il est important pour l’économie. Il l’est aussi pour notre énorme industrie des petites entreprises, qui soutient plus d’un million de travailleurs. Il importe aux Canadiens, qui reconnaissent l’accession à la propriété comme étant la pierre angulaire de la classe moyenne. Il est important que tous les Canadiens vivent en sécurité sous un toit.
Nous savons qu’il y a des façons de traiter les questions de stabilité sans nuire à notre industrie ou à l’économie. Nous nous préoccupons du fait que les mesures pour refroidir les marchés peuvent facilement hâter un déclin économique et provoquer les conditions mêmes contre lesquelles elles devaient nous protéger.
Nous craignons aussi que ces mesures éloignent la SCHL de son objectif au titre de la Loi nationale sur l’habitation — celui d’assurer à tous les Canadiens l’accès égal aux marchés hypothécaires.
Si pareilles mesures font en sorte que des acheteurs qui seraient, autrement, qualifiés ne puissent faire l’acquisition de maisons, elles peuvent faire chuter les économies locales. Nous devons faire attention, car la construction résidentielle a été une source importante de stabilité pour l’économie canadienne ces dernières années. Aujourd’hui, la construction résidentielle crée plus d’un million d’emplois, assure le paiement de 58 milliards de dollars en salaires et génère plus de 128 milliards de dollars en activité économique, y compris plus de 41 milliards de dollars en revenus gouvernementaux.
La construction et la rénovation domiciliaires sont des éléments essentiels de chaque collectivité, grande ou petite, à la grandeur du Canada, si bien qu’une politique efficace en matière de logement est primordiale pour aider les Canadiens, les entreprises et les collectivités à réaliser une croissance économique qui n’exclut personne. Pour appuyer la classe moyenne et ceux qui aspirent à en faire partie, nous devons nous assurer que les acheteurs d’une première maison et les nouveaux Canadiens ont une chance égale d’accéder à la propriété, pierre angulaire de la classe moyenne. En outre, si elle n’est pas contenue, la situation actuelle creusera l’écart entre ceux qui sont déjà propriétaires et ceux qui ne le sont pas.
Il est possible que l’accession à la propriété crée des inégalités sociales au sein des collectivités, dans les régions, et entre les zones rurales et les centres urbains. Afin de relever efficacement les défis en matière de logement, nous devons comprendre ce qui régit les marchés. Pourquoi tant de Canadiens ont-ils maintenant plus de mal à accéder à la propriété?
Trois facteurs déterminent l’accessibilité à la propriété immobilière: le revenu, les règles hypothécaires et le prix des maisons.
En ce qui concerne le revenu, nous remarquons que les jeunes de la génération Y ont été les plus durement touchés par le ralentissement économique et la reprise économique sans création d’emplois. La croissance de leur revenu a été modérée alors que le prix des maisons est monté en flèche. Nous devons stimuler l’activité économique et la croissance du revenu dans tous les secteurs pour que les jeunes puissent être prospères.
Parallèlement, pour se prémunir contre l’instabilité du système financier, on a renforcé les règles s’appliquant aux prêts hypothécaires, si bien qu’il est bien plus difficile qu’avant de financer une maison. Bien que nombre de ces mesures aient eu pour but de tempérer des marchés comme ceux de Toronto et de Vancouver, leur application s’est faite à l’échelle nationale, ce qui a eu des répercussions sur des marchés déjà précaires, comme celui du Canada atlantique.
À ce stade, voici notre recommandation en ce qui concerne les règles régissant les prêts hypothécaires: n’en imposez plus. Arrêtez pour l’instant. Bien des changements sont survenus récemment, et comme nous n’en connaissons pas encore toutes les conséquences, il est primordial d’attendre avant de prendre une quelconque autre mesure. Le gouvernement dispose aussi d’outils relatifs aux hypothèques qu’il peut utiliser à meilleur escient sans accroître l’instabilité des marchés ou l’effet de levier. Le fait de hausser les limites du régime d’accession à la propriété pour la première fois et de permettre les transferts intergénérationnels de REER dans le contexte de ce régime pourraient contribuer à l’augmentation des mises de fonds et à la réduction de la dette des propriétaires.
Peut-être que les options les plus intéressantes sont les hypothèques à participation, qu’il y aurait plutôt lieu d’appeler des « régimes de mise de fonds à valeur partagée ». Ces outils, qui ont été mis à l’essai avec succès auprès de familles à faible revenu dans certaines villes canadiennes, devraient être pris en compte pour aider les personnes à acheter leur première maison à la grandeur du pays.
Le dernier facteur qui nuit à l’accession à la propriété est, bien sûr, le prix des maisons. Les règles régissant les prêts hypothécaires qui limitent l’accès pourraient réduire le pouvoir d’achat des personnes qui souhaitent acheter une maison. Il faut prendre des mesures pour réduire la pression à la hausse sur le prix des maisons pour qu’un nombre accru de personnes qui achètent pour la première fois puissent emprunter. Pour gérer cette situation, nous devons comprendre ce qui fait monter les prix. Nous avons ce que nous appelons des « nouveaux éléments fondamentaux ». En tête de liste, on retrouve le manque de logements familiaux.
En termes simples, le zonage municipal et provincial et les restrictions réglementaires dans nos principaux centres urbains ont réduit de façon spectaculaire la quantité de terrains pouvant être aménagés. Dans le Grand Toronto, au cours de la dernière décennie, le nombre de nouvelles maisons unifamiliales construites pour être vendues a chuté de façon dramatique. Les prix dans la Grand Toronto ont tendance à refléter l’écart entre ce que les acheteurs veulent et ce qu'offre le marché.
Avec les taux d’immigration élevés et une hausse appréciable du taux de natalité au cours de la dernière décennie, nos plus grandes villes manquent sérieusement de maisons familiales. En se fondant sur les taux de développement actuels, l’Association canadienne des constructeurs d’habitations estime que le Canada connaîtra une pénurie de 300 000 résidences familiales au cours de la prochaine décennie. Tous les ordres de gouvernement doivent travailler ensemble à régler ce problème. Tant que la demande dépassera l’offre, les centres économiques les plus prospères continueront de voir le prix des maisons augmenter et devenir moins abordables. C’est simplement la loi de l’offre et de la demande.
Ce sont des questions qui doivent être abordées dans la stratégie nationale sur le logement. D'après les renseignements fournis par la SCHL, la priorité actuelle porte presque exclusivement sur le logement social. Même si le logement social est très important, ce n'est qu'une partie de l'histoire. La version définitive de la stratégie nationale doit aborder les logements au taux du marché, où 94 % d'entre nous vivent. Si nous ne réglons pas la question des prix, nous n'avons aucune chance de relever le défi du logement social.
Nous sommes à la croisée des chemins en ce qui concerne l'accession à la propriété, et les prix abordables constituent le noeud du problème. Cependant, il y a beaucoup de mesures que nous pouvons prendre afin de relever ce défi. Nous avons hâte de collaborer avec le gouvernement pour atteindre cet objectif dans l'intérêt de tous les Canadiens. Nous vous avons remis un rapport plus détaillé, et j'espère que vous aurez l'occasion d'y jeter un coup d'oeil.
Nous sommes à votre disposition pour toute question. Merci.
:
Très bien, j'en prends bonne note.
Je partagerai mon temps de parole avec Tamara Barker Watson, et nous ferons bien attention de ne pas dépasser le temps alloué.
Bonsoir, monsieur le président, distingués membres du Comité. Je m'appelle Sherry Donovan et je suis accompagnée ce soir de Tamara Barker Watson. Elle est la présidente de la Nova Scotia Home Builders' Association, en plus d'être propriétaire d'une entreprise de construction résidentielle à Halifax depuis 20 ans.
Merci de nous avoir invitées à comparaître devant vous.
La question à l'étude aujourd'hui est d'une grande importance pour nous, dans les provinces de l'Atlantique, et c'est sur cette région que porteront la plupart de nos observations ce soir. Nous parlerons de la façon dont les nouvelles règles de simulation de crise des taux d'intérêt hypothécaires se répercutent sur l'économie de l'est du Canada, sur l'accession à la propriété chez les jeunes et sur les personnes âgées.
Nous estimons également que l'application d'une seule série de règles dans l'ensemble du pays n'est pas la meilleure solution lorsqu'il est question de logement. Nous comprenons qu'il s'agit d'atténuer les risques à l'échelle du pays. Toutefois, par le fait même, la simulation de crise a suscité de grandes inquiétudes en raison des répercussions de ces changements sur les industries régionales de construction résidentielles, qui sont en déclin dans les provinces de l'Atlantique. Nous nous remettons encore de la faiblesse de l'économie, et ces changements s'opèrent à un moment où nous ne pouvons pas nous les permettre. Les nouvelles règles hypothécaires ne font qu'exacerber le problème en nuisant à toute l'économie.
Par exemple, du point de vue économique, à Halifax, le nombre de nouvelles maisons individuelles est passé de plus de 1 000 en 2009 à seulement 400 l'année dernière et, selon la SCHL, le nombre de mises en chantier en Nouvelle-Écosse demeure inférieur à la tendance de 900 unités depuis 10 ans. En plus de cette diminution à Halifax, on peut observer le même phénomène dans toute la région de l'Atlantique. Lorsqu'on conjugue cela aux nouvelles règles hypothécaires, l'impact devient considérable.
Un témoignage que je trouve important à présenter est celui d'un prêteur hypothécaire de Terre-Neuve. À peine une semaine après l'annonce du gouvernement fédéral, l'entreprise a fait savoir qu'il y aurait une baisse plus marquée. Selon ses prévisions, entre 25 et 30 % de ses clients des derniers mois ne seraient pas admissibles selon les nouvelles lignes directrices. De plus, un bâtisseur de Terre-Neuve, qui vendait en moyenne 50 maisons entre octobre et décembre, n'en a vendu aucune après l'entrée en vigueur des nouvelles règles. C'est énorme.
Ce n'est pas un résultat positif pour le Canada atlantique ni d'ailleurs pour l'ensemble du pays. L'obstacle semble être l'application de mêmes règles d'un bout à l'autre du pays. Nous reconnaissons que l'endettement des Canadiens constitue un grave problème, mais les conséquences imprévues des nouvelles règles ont créé des gagnants et des perdants. Le Canada atlantique est un des perdants. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles nous estimons que l'établissement de règles régionales serait une meilleure solution pour les Canadiens.
Examinons deux groupes précis dans le dossier de l'accession à la propriété: les personnes âgées et les acheteurs d'une première maison. Les nouvelles règles hypothécaires empêchent de nombreux jeunes de commencer à accumuler des actifs, car bon nombre d'entre eux ne sont pas admissibles à un prêt hypothécaire aux termes des nouvelles règles. En plus d'exposer les acheteurs d'une première maison à un risque, ces règles ont une autre conséquence imprévue, car elles auront également une incidence sur le groupe des aînés. Devant un nombre réduit d'acheteurs éventuels, les aînés seront moins en mesure d'accéder à la valeur acquise de leur propriété, ce qui interrompra leurs projets de retraite ou de déménagement dans une plus petite maison. Voilà un aspect qui nous inquiète, puisqu'il y a un nombre plus élevé de personnes âgées au Canada atlantique que dans n'importe quelle autre région du pays.
Tamara.
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Pour ce qui est des acheteurs d'une première maison en particulier, ce qui semble faire défaut, c'est l'avantage d'accroître la valeur nette dans un environnement à faible taux d'intérêt. Lorsque les taux d'intérêt sont à leur plus bas, la plus grande partie des paiements mensuels de la dette visent le capital du prêt hypothécaire. Ces nouvelles règles ont pour conséquence de restreindre la croissance du taux d'accession à la propriété au Canada atlantique et de faire en sorte que les futurs acheteurs paient des taux d'intérêt beaucoup plus élevés.
En tant que propriétaire d'une entreprise de construction et agente immobilière en Nouvelle-Écosse, je sais que ces modifications ont eu une incidence énorme sur mon entreprise. Le vendredi précédant l'instauration des nouvelles règles hypothécaires, j'ai rencontré un jeune couple qui allait faire une offre sur une de mes nouvelles maisons écoénergétiques à Bedford. Ils se réjouissaient à l'idée d'acheter leur première maison.Toutefois, lorsque nous nous sommes rencontrés le lundi, ils n'étaient plus admissibles. Au final, ils ont choisi de louer leur logement pendant une autre année, et ils ont plutôt acheté une voiture neuve. Ils ne sont même pas sûrs de pouvoir, selon les nouvelles règles, acheter une maison au cours des prochaines années.
Ces changements ont touché non seulement le jeune couple, mais aussi mon entreprise. La perte de revenus de ventes influe sur l'orientation future de toute entreprise. Si cette tendance se poursuit, nous continuerons de mettre à pied des employés et nous n'aurons plus les moyens de payer nos sous-traitants. Ce n'est pas bon pour une économie qui tourne déjà au ralenti. Si vous allez imposer plus de restrictions aux jeunes qui s'endettent pour acheter une maison, pourquoi ne pas les empêcher plutôt d'acheter un bien sujet à dépréciation, comme une voiture, et créer un régime d'épargne forcée afin qu'ils puissent épargner en vue de l'achat de leur nouvelle maison?
Je voudrais également attirer l'attention sur une déclaration que nous avons faite dans le Globe and Mail au sujet de cette question. Si les acheteurs d'une première maison manquent à leur obligation de rembourser leur prêt hypothécaire « au même rythme que le grand public — à savoir moins de 1 % —, alors cela signifie que le gouvernement a décidé qu'il est beaucoup plus important de protéger les jeunes contre une telle éventualité que d'aider les autres 99 % de gens », qui représentent le plus grand pourcentage de l'actif des ménages au pays. Cela limitera « l'accession à la propriété de nouvelles maisons et les avantages connexes ».
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui, et nous vous conseillons de donner suite à notre recommandation concernant l'établissement de règles régionales sur le logement. Nous avons perdu tellement de constructeurs et d'acheteurs éventuels ces derniers mois dans la région de l'Atlantique que c'en est ahurissant.
Merci.
Étant donné que je n'ai pas beaucoup de temps, j'aimerais rapidement revenir sur les discussions que vous avez eues avec mon collègue, M. McColeman, en ce qui concerne la disponibilité des terrains.
Comme je suis de la région du Grand Toronto, je comprends votre point, monsieur Finnigan. J'aimerais faire une brève déclaration, puis vous poser ma question. En ce qui concerne les droits d'aménagement qui sont élevés dans ces régions, voici la question que je me pose pour la forme, et M. McColeman peut également y réfléchir. Je suis curieuse, parce que les droits d'aménagement sont versés aux municipalités pour offrir des services aux nouvelles maisons. Qu'est-ce que les municipalités ne devraient plus offrir pour réduire ces droits? Devrions-nous arrêter de construire des casernes de pompiers? Devrions-nous arrêter de construire des postes de police? Devrions-nous arrêter de déneiger les rues? Devrions-nous arrêter la cueillette des ordures? Voilà exactement les services dont nous profitons et que financent en partie ces droits d'aménagement.
Voici ma question, monsieur Finnigan; je suis curieuse. Vous avez parlé de l'offre de terrains. Je connais bien la région du Grand Toronto. Je tiens donc à vous poser la question suivante. Sans ces règles gouvernementales et le contrôle... parce qu'il n'est pas dit que vous ne pouvez plus construire de maisons. Il est dit que vous devez maintenant avoir une densité plus élevée et voir à un meilleur aménagement du territoire. Que se passera-t-il lorsque vous aurez asphalté toutes les terres agricoles, toutes les vallées, tous les ruisseaux et tous les cours d'eau et qu'il n'y a plus de terrains? Je vais vous le dire: il n'y aura plus de terres à bâtir, et vous vous tournerez vers l'eau.
Si vous avez l'intention de construire des collectivités sur l'eau, monsieur McColeman, c'est une autre histoire.
Nous recommandez-vous de tout simplement faire fi de la réglementation pour que les générations futures ne puissent plus construire de maisons et qu'il n'y ait vraiment plus de logements pour les gens? La réglementation gouvernementale ne vise-t-elle pas plutôt vraiment à voir à un meilleur aménagement du territoire et à avoir de meilleurs bâtiments et de meilleures conceptions pour également offrir plus efficacement des services?
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Merci d'être venus de Toronto et de Halifax, je crois, et peut-être d'Ottawa.
Durant les huit premières heures de l'étude sur l'immobilier, je pense que quelques thèmes communs sont ressortis. D'abord, le marché immobilier canadien est formé d'un ensemble de marchés régionaux; il n'existe pas de marché national homogène. Ensuite, nombre de participants aimeraient qu'on prenne une pause et qu'on attende avant d'adopter de nouvelles mesures. Aussi, certains participants sont très préoccupés par le partage des risques. Je ne dis pas que je suis d'accord ou non. Ce sont simplement les thèmes que j'ai constatés.
En outre, le taux d'accession à la propriété au Canada, qui est de 69 % ou dans la haute soixantaine, je crois, permet de dire que la SCHL, depuis le début de son mandat jusqu'à aujourd'hui, a eu beaucoup de succès; elle permet et elle encourage l'accession à la propriété, notamment pour les acheteurs d'une première maison. Enfin, les Canadiens sont d'excellents clients, c'est-à-dire qu'ils sont solvables. Nous travaillons fort. Nous épargnons. Nous voulons économiser pour assurer l'avenir de nos enfants et de notre pays. Nous voulons investir, rembourser notre prêt hypothécaire et prendre des vacances quand nous en avons les moyens. Nous voulons aussi croire que les gardiens de l'économie et les organismes de réglementation font bien leur travail, et d'après moi, en somme, c'est bien le cas.
Je crois comme M. Charles et M. Smith que beaucoup des changements qui ont été mis en œuvre... On peut se chicaner sur le fait que le taux utilisé pour la simulation de crise devrait être de 50 ou de 100 points de base de moins, mais ce n'est pas vraiment ce qui compte. Ce qui compte réellement, c'est de faire en sorte que les Canadiens puissent acheter une maison et accéder au marché immobilier.
Ma question concerne la pause. Plus précisément, M. Smith et M. Charles, vous êtes dans le marché immobilier depuis très longtemps. Ce n'est pas un commentaire sur votre âge. Je veux simplement dire que je sais que vous êtes très respectés dans le milieu.
D'après vous, combien de temps faudra-t-il attendre avant d'avoir des données qualitatives qui nous permettront de déterminer ce qui se passe exactement?