:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci au Comité de m'avoir invité. Je suis ravi d'être ici et, bien entendu, c'est un honneur de comparaître devant vous pour la première fois en tant que ministre des Finances. Je tiens à vous remercier du travail que vous faites non seulement pour demander des comptes au gouvernement, mais aussi pour veiller à ce que les Canadiens aient voix au chapitre dans le cadre du processus parlementaire.
Comme vous le savez, nous sommes à quatre semaines du jour du budget. J'en aurai beaucoup plus à dire le 22 mars concernant les détails de notre plan pour investir dans la classe moyenne afin de faire croître l'économie, mais je ne voulais pas rater l'occasion d'être des vôtres aujourd'hui alors que le Comité entame ses délibérations dans le cadre d'une nouvelle législature et sous un nouveau gouvernement. Hier, dans une assemblée publique où nous avons tenu des consultations prébudgétaires ici à Ottawa, j'ai confirmé à nouveau que le gouvernement adopte une approche fondamentalement différente pour gérer l'économie, et je suis heureux d'avoir l'occasion de le répéter ici ce matin.
Après 10 années de croissance anémique, les Canadiens ont choisi une nouvelle voie pour assurer la croissance économique. Ils ont choisi l'investissement. Ils ont choisi un gouvernement dévoué à aider la classe moyenne. Les Canadiens nous ont dit qu'ils veulent une croissance inclusive dans laquelle personne n'est laissé pour compte. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour parler davantage de cet engagement et de vous faire part de ce que les Canadiens nous ont dit durant nos consultations prébudgétaires.
L'une des choses les plus révélatrices que j'ai entendues lors de mes déplacements partout au pays dans le cadre des consultations prébudgétaires, c'est que les gens connaissent la situation dans son ensemble. Ils savent que le prix du pétrole a contribué à la chute du dollar et à la hausse du prix des aliments, et ils sont évidemment inquiets. Mais ils savent aussi que le ralentissement récent n'est qu'un symptôme de ce qu'un grand nombre d'entre nous ressentent depuis un bon moment déjà. L'économie ne donne pas les résultats escomptés pour la classe moyenne et les gens qui travaillent fort pour joindre les deux bouts.
Au cours des quatre dernière décennies, presque tous les groupes de la société ont vu leur revenu augmenter, mais si l'on regarde attentivement les chiffres, on constate que les tranches supérieures de 1 % et de 0.1 % ont bénéficié beaucoup plus des avantages que la classe moyenne. Nous savons que l'inégalité des revenus est beaucoup plus problématique en période de grandes difficultés économiques.
Je peux vous dire que lorsque le m'a nommé ministre des Finances, il m'a dit de mettre en place un programme de croissance ambitieux, un plan que je trouve encore plus important depuis les prévisions de croissance révisées que nous avons annoncées hier.
[Français]
Hier, nous avons confirmé ce que les Canadiens savent déjà. Depuis que nous avons présenté la mise à jour économique de l'automne, les perspectives de croissance du Canada se sont détériorées. Les prix des produits de base que le Canada produit continuent de chuter, et la reprise de l'économie mondiale est faible et hésitante. Après 10 années de faible croissance, l'économie canadienne était trop vulnérable face à la combinaison d'une chute des prix du pétrole et d'une incertitude économique à l'échelle mondiale. Étant donné la situation économique dans laquelle nous nous trouvons actuellement, les Canadiennes et les Canadiens ont fait le bon choix en nous accordant leur confiance.
Il y a 11 jours à peine, j'ai rencontré des économistes du secteur privé qui s'attendent à ce que le pétrole se vende en moyenne 40 $ US le baril en 2016, soit 14 $ de moins le baril que ce qui était projeté lors de la mise à jour économique de l'automne.
Les économistes ont également revu à la baisse leurs prévisions concernant le taux de croissance pour 2016, la faisant passer de 2,0 % à 1,4 %. L'économie du Canada a terminé l'année dernière sans grande vigueur, et cela semble se poursuivre en 2016. Cette baisse a une incidence réelle sur bon nombre de familles ainsi que sur les revenus du gouvernement.
Nous sommes conscients que beaucoup de Canadiennes et de Canadiens éprouvent des problèmes particuliers en raison du récent ralentissement économique, particulièrement dans des régions comme l'Alberta, Terre-Neuve-et-Labrador et la Saskatchewan.
[Traduction]
En fait, je suis heureux de confirmer ce matin que l'Alberta recevra 251 millions de dollars en financement de stabilisation. Je suis ravi de travailler directement avec le ministre Ceci dans l'intérêt des familles albertaines qui, je sais, traversent une période particulièrement difficile.
Je tiens à remercier les membres de notre caucus de l'Alberta, y compris le et le , de défendre sans relâche les intérêts de leur province.
[Français]
Il ne fait aucun doute qu'il est temps de tracer une nouvelle voie et d'adopter une approche fondamentalement différente en matière de politiques économiques et budgétaires.
[Traduction]
Lorsque le budget de 2016 sera déposé dans quatre semaines, il sera le premier pas important pour mettre en oeuvre notre nouvelle orientation et notre nouveau plan. Autrement dit, en plus d'instaurer des mesures qui régleront les problèmes auxquels les familles canadiennes sont confrontées de nos jours, le budget de 2016 créera les conditions nécessaires à la croissance. Il y aura plus de travail à faire.
Au cours des prochains mois, le gouvernement élaborera une stratégie de croissance robuste conçue pour susciter une croissance vigoureuse et durable qui sera avantageuse pour nous tous et pour améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens. Il présentera la stratégie aux Canadiens avant la fin de l'année.
Pour appuyer cette stratégie, j'ai annoncé hier que Dominic Barton a accepté de diriger le nouveau conseil consultatif sur la croissance économique. La première tâche du conseil consistera à trouver des moyens d'améliorer notre productivité pour qu'à mesure que notre situation démographique change, nous puissions continuer de jouir de la meilleure qualité de vie possible. Cela se fait attendre depuis longtemps.
J'invite les membres de l'opposition qui se sont montrés rébarbatifs à notre plan d'envisager la solution de rechange. Les autres partis, qui se sont engagés durant la dernière campagne électorale à atteindre l'équilibre budgétaire coûte que coûte, effectueraient des compressions de dizaines de milliards de dollars au mauvais moment. Ces compressions entraîneraient d'énormes pertes d'emplois à un moment où le taux de chômage est déjà très élevé. Elles donneraient lieu à des réductions de programmes à un moment où des régions et des groupes de la population en ont le plus besoin. Pour être honnête, ces compressions provoqueraient probablement une autre récession.
[Français]
Notre philosophie est simple. Il s'agit de mettre l'accent sur la classe moyenne, aider ceux qui travaillent pour en faire partie, aider les personnes qui en ont le plus besoin et investir judicieusement dans les routes, les ponts et les transports en commun, qui permettent de créer des emplois et qui nous aident à nous rendre au travail plus vite, à transporter nos marchandises plus loin et à rendre nos collectivités plus écologiques.
Nous avons déjà fait les premiers pas en baissant cette année les impôts pour neuf millions de Canadiens. Dans le cadre de cette mesure, nous avons demandé aux plus nantis d'en payer un peu plus.
Nous avons aussi pris des mesures pour aider les jeunes Canadiens en investissant jusqu'à 113 millions de dollars de plus dans le programme Emplois d'été Canada. Cet investissement aidera nos jeunes gens à obtenir la précieuse expérience de travail dont ils ont besoin. Il aidera aussi à créer 35 000 emplois d'été additionnels pour les étudiants cette année.
De plus, nous avons annoncé des plans pour créer une nouvelle allocation canadienne pour enfants plus simple et plus généreuse. Elle profitera à neuf familles sur dix et sortira des centaines de milliers d'enfants de la pauvreté. Nous nous attendons à ce que l'allocation réduise la proportion canadienne d'enfants vivant dans une famille à faible revenu à un niveau qui sera en deçà de la moyenne des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques. La réduction de la pauvreté chez les enfants portera ses fruits plus tard. Elle place les enfants sur la voie de la réussite tout au long de leur vie, tout en plaçant le Canada sur la voie de la croissance.
Nous ferons également des investissements ciblés et judicieux dans l'infrastructure non seulement pour obtenir des gains à court terme, mais aussi pour nous assurer que le gouvernement jouera son rôle de soutien aux entreprises qui ont besoin d'un accès aux marchés, d'une productivité accrue et d'une croissance économique soutenue à long terme.
[Traduction]
Faire des investissements stratégiques dans la croissance est ce qu'il faut faire à l'heure actuelle, surtout étant donné que nous avons le ratio de la dette-PIB le plus bas parmi les pays du G7. Par conséquent, nous avons la flexibilité financière d'appuyer des mesures pour investir dans l'infrastructure qui contribueront à la croissance économique et créeront des possibilités pour les générations futures sans les accabler de dettes.
[Français]
Monsieur le président, je suis heureux que le Comité se soit doté d'un programme ambitieux pour améliorer la vie des Canadiens et les mobiliser pour qu'ils participent à des discussions sur les mesures que le gouvernement peut prendre pour contribuer à la croissance économique et pour soutenir la classe moyenne et les gens qui cherchent à en faire partie.
Je sais que le Comité a une importante quantité de renseignements à trier. Je me limiterai donc à un résumé des consultations de cette année.
Depuis le début des consultations prébudgétaires, le 6 janvier, notre but était clair: consulter autant de Canadiennes et de Canadiens que possible dans un esprit de collaboration renouvelée et de transparence sans précédent. Nous avons lancé ces consultations avec un enthousiasme que les Canadiens ont bien accueilli et égalé, à la fois en personne et en ligne. En fait, le ministère des Finances a reçu un nombre record de présentations et de commentaires. Nous avons obtenu le taux de participation aux consultations prébudgétaires le plus élevé de l'histoire.
Notre première rencontre de consultations a réuni des étudiants de huit universités canadiennes par l'entremise de Google Hangouts. Le secrétaire parlementaire, François-Philippe Champagne, et moi avons ensuite effectué une tournée éclair d'un bout à l'autre du pays. Cette tournée s'est amorcée le 11 janvier à Halifax. Au cours des six jours suivants, je me suis rendu à Montréal, Toronto, Winnipeg et Calgary, pour conclure à Vancouver et à Surrey. De plus, François-Philippe s'est rendu à Moncton, Québec, Trois-Rivières, Sault Ste. Marie, Saskatoon, Edmonton et Yellowknife.
[Traduction]
À ce jour, François-Philippe et moi avons tenu 21 tables rondes, réunions, discussions et comités. C'est sans compter les nombreuses réunions locales avec des députés des deux côtés qui ont eu lieu dans leurs circonscriptions. N'oublions pas les séances publiques sur Facebook qui ont été organisées à Halifax, à Calgary et, hier, à Ottawa, auxquelles des dizaines de milliers de Canadiens ont participé. Ils ont posé des questions et m'ont donné d'excellents conseils sur la façon de faire croître l'économie. En fait, bien plus de 200 000 Canadiens ont participé aux consultations. Bien que le taux de participation soit impressionnant, les consultations visent un objectif: faire participer les Canadiens d'une manière qui n'a jamais été adoptée auparavant.
Je crois que la greffière a distribué aux membres du Comité les rapports de mes consultations prébudgétaires, et j'espère qu'ils sont utiles pour vos travaux. Avec le consentement du Comité, j'aimerais également présenter plus de 4 000 propositions prébudgétaires que les Canadiens ont soumises en ligne. Les observations et les opinions dans ces propositions n'ont pas été révisées ou censurées. Elles n'ont pas été examinées par mon bureau ou mon ministère. En raison du volume de propositions, elles sont dans la langue que nous les avons reçues et n'ont pas été traduites. Monsieur le président, si vous êtes d'accord, j'ai une clé USB pour chacun des membres sur laquelle ces propositions ont été enregistrées.
:
Merci, monsieur le président.
Pour les Canadiens qui n'ont pas pu nous rencontrer en personne ou nous envoyer leurs idées en ligne, ils ont encore du temps pour le faire. Ils ont jusqu'à minuit ce soir pour communiquer avec nous par l'entremise du site Web budget.gc.ca, de Twitter, à la page #pbc16, ou de la page Facebook « Your Money Matters ».
J'aimerais remercier tous ceux qui ont contribué aux consultations prébudgétaires, que ce soit en personne, par courriel ou en ligne. Bien entendu, j'aimerais aussi remercier les membres du Comité. À mon avis, ces opinions sont essentielles pour que les Canadiens puissent éclairer et orienter les décisions que le gouvernement prendra concernant le budget de 2016.
Je suis ici pour vous dire, et bien entendu pour dire aux Canadiens, que nous sommes à l'écoute. Je crois que l'importante participation aux consultations prébudgétaires et au budget fédéral à venir en est la preuve. Alors que les consultations prébudgétaires tirent à leur fin, le message que nous avons reçu des Canadiens est clair. Ils veulent contribuer à trouver une façon d'améliorer leur vie et le sort de leurs communautés et de leur pays, et à trouver des solutions.
Comme vous pouvez le voir au moyen des renseignements et des observations que nous avons déjà fournis au Comité, et de vos audiences, les Canadiens veulent que l'on continue à aider la classe moyenne et ceux qui en ont le plus besoin, et à faire des investissements stratégiques judicieux et opportuns dans les routes, les ponts, les transports en commun — pour que les gens trouvent des emplois plus rapidement — tout en rendant les communautés plus vertes. J'ai hâte de travailler avec vous dans les semaines, les mois et les années à venir pour donner suite aux propositions des Canadiens et prendre de meilleures décisions.
Sur ce, monsieur le président, je me ferai un plaisir de répondre aux questions du Comité.
:
Merci beaucoup de la question. Je pense que c'est une question importante que les Canadiens veulent comprendre. Pour nous, l'un des engagements importants que nous avons pris à l'égard des Canadiens est de faire preuve d'ouverture et de transparence pour les aider à comprendre notre situation financière.
C'est exactement pour cette raison que seulement 16 jours après avoir été nommé ministre des Finances, j'ai présenté un bilan économique et financier pour donner un aperçu aux Canadiens des finances du pays, à partir de notre capacité d'examiner de près ces finances. Dans ce bilan, comme vous l'avez appris en novembre, nous avons découvert que nous avons hérité d'un déficit et que les prévisions de croissance sont moins optimistes que nous l'avions prévu dans le budget de 2015. C'était ce que nous avions compris initialement. C'était quelque chose que nous voulions communiquer rapidement, comme je l'ai dit.
Depuis ce bilan économique et financier, comme nous avons tous pu le constater, le prix du pétrole a fluctué considérablement. Dans ce bilan de novembre, les économistes du secteur privé nous ont fourni une estimation du prix du pétrole de 50 $ US, ce qui était leur prévision pour 2016, et ont parlé de 2 % de croissance économique réelle en 2016. Je jugeais important d'examiner ces données en prévision du budget de 2016 pour nous assurer d'avoir des renseignements de base appropriés pour pouvoir planifier.
Lorsque nous nous sommes adressés à nouveau aux économistes du secteur privé, nous avons découvert que l'économie avait changé considérablement. Nous prévoyons maintenant que le prix du pétrole sera de 40 $ US et que la croissance sera de 1,4 % en 2016. Ces données sont évidemment importantes pour l'économie et changent énormément nos prévisions.
Nous avons également examiné l'approche adoptée dans le passé pour établir les objectifs et les prévisions, et nous avons conclu, à partir de ce que nous avons vu au cours des dernières années, qu'il était prudent de prévoir les risques. Même si nous prévoyons que le prix du pétrole sera de 40 $ — comme vous le savez, il est entre 30 et 35 $ actuellement, et nous sommes presque en mars —, nous estimons que c'est une prévision conservatrice pour commencer. Pour vos électeurs et les Canadiens partout au pays, nous avons adopté une approche ouverte et transparente afin de leur dire où nous en sommes et de leur faire comprendre par où nous commençons pour élaborer des plans de croissance économique pour les Canadiens, la classe moyenne et les gens les plus vulnérables.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre. Je suis très heureuse de vous voir ici. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de venir témoigner.
Monsieur le ministre, j'ai trois questions. Je vais les poser le plus rapidement possible, mais je vais vous laisser le temps de répondre entre chaque question.
Tout d'abord, comme vous le savez, le ministre Flaherty a élaboré des stratégies pour rétablir l'équilibre budgétaire. Le ministre Oliver a donné suite à ce plan dans son budget l'année dernière.
Nous vous avons donné un excédent, monsieur le ministre, en novembre et en décembre de cette année, lorsque vous avez pris la relève. Dans La revue financière du ministère des Finances du Canada de décembre 2015, on a dit qu'il y avait un excédent budgétaire de 2,2 milliards de dollars et que pour l'année, d'avril à décembre 2015, le gouvernement a enregistré des excédents budgétaires de 3,2 milliards de dollars.
Plus inquiétant encore, monsieur le ministre, c'est que dans votre document d'information, on peut lire clairement à la page 8 de 10 que « les perspectives plus favorables au chapitre des revenus sont partiellement compensées par la hausse des dépenses projetées liée aux décisions prises depuis la Mise à jour de l’automne ».
N'est-il pas vrai, monsieur le ministre, que vous dépensez plus d'argent, que vous grugez les excédents dont vous avez hérités du gouvernement conservateur et que les déficits de 2015-2016 sont clairement causés par votre gouvernement?
:
Merci beaucoup pour cette question.
J’ai l’impression qu’il y a plus d’une question dans ce que vous venez de dire. Je vais d’abord répondre à ce que je crois être votre première question et je parlerai ensuite du déficit que nous ont laissé les conservateurs.
Prenons l’exemple d’une famille où il y a deux sources de revenus. La première personne touche un salaire de 50 000 $ par année et travaille 12 mois par année. Donc, elle reçoit 1/12 de son salaire chaque mois. L’autre personne travaille six mois par année à un emploi saisonnier. Après les six premiers mois de l’année, elle est sans emploi pour les six derniers. Pour une raison quelconque, leur hypothèque a été conçue de façon à ce qu'ils paient 500 $ par mois pour les 10 premiers mois de l’année et 1 000 $ par mois pour les deux derniers.
Mettons-nous à leur place. Je ne crois pas qu’après les trois quarts de l’année, cette famille dirait: « Bonne nouvelle! Nous avons un surplus. » Elle dirait plutôt: « Nous devons tenir compte du fait que nos revenus baissent dans la deuxième moitié de l’année et que nos dépenses augmentent. »
Monsieur le président, en analysant les revenus et dépenses du gouvernement du Canada, on remarque qu’au cours des dernières années — et nous avons analysé les chiffres année par année —, les revenus baissent et les dépenses augmentent au cours des deux derniers mois de l’année.
On ne peut donc pas s’appuyer sur les données d’une demi-année ou comparer les données d’un mois à l’autre et tirer des conclusions sur notre situation économique. Je veux être très clair: nous avons analysé les données financières du gouvernement précédent et, selon ces données, nous avons conclu qu’il y aurait un déficit pour l’exercice 2015-2016.
J’irai un peu plus loin, monsieur le président, si…
Je suis désolée, monsieur le ministre, mais j’ai une liste de questions ici et je veux m’assurer d’avoir suffisamment de temps pour toutes les poser. C’est beaucoup plus agréable que lors de la période des questions où notre temps de parole est limité à 30 secondes.
Concernant votre réponse, monsieur le ministre, je dirais que tous les chefs de la direction connaissent l’importance des mises à jour trimestrielles. Sinon, à quoi bon attendre la fin de l’année pour faire un bilan? Vous le savez.
Voici ma deuxième question, monsieur le ministre.
Votre lettre de mandat fait référence à vos promesses électorales et vous y avez fait référence vous aussi. D’abord, votre lettre de mandat dit ceci: « Notre plateforme guidera notre gouvernement. Au cours de notre mandat […], nous devrons réaliser tous nos engagements. Ce sera notre responsabilité collective de s’assurer que nous tenons nos promesses, tout en respectant notre plan financier. »
Ensuite, lors de votre passage à l’émission The Exchange, le 4 novembre, vous avez dit: « Nous accordons une grande importance à notre plateforme. C’est la raison pour laquelle nous l’avons adoptée. Elle ne s’appuie pas sur un opportunisme politique. Elle s’appuie sur ce qu’il convient de faire, selon nous, dans l’intérêt des Canadiennes et des Canadiens. »
Le problème que j’ai avec tout cela, monsieur le ministre, est le suivant: vous semblez oublier rapidement les coûts associés à vos promesses électorales. Je tiens à souligner qu’à titre de conseiller économique principal pour cette plateforme, c’est vous qui avez établi les coûts ou qui avez, à tout le moins, approuvé ces chiffres. Vous avez promis des mesures fiscales de 2,8 milliards de dollars qui seraient compensées par une hausse des impôts de l’ordre de 2,8 milliards de dollars. Nous savons maintenant que c'est plutôt 1,3 milliard de dollars.
Ensuite, vous avez dit que le déficit serait de 10 milliards de dollars. Comme je l’ai déjà souligné, vous avez approuvé ce chiffre. Ce chiffre a été avancé après que le ministre Oliver ait annoncé ses prévisions en avril. Vous aviez donc suffisamment de temps pour analyser la situation économique du pays.
Vous vous êtes engagés à respecter vos promesses électorales, mais j’ai bien peur que vous n’accordiez pas autant d’importance à vos chiffres. Le problème avec tout cela, c’est qu’en regardant vos promesses électorales, on remarque qu’il y a beaucoup d’autres dépenses à venir — une augmentation de 10 % des prestations de la SRG, l’indexation de la SV, des rabais de TPS, une augmentation indexée de la déduction pour les habitants de régions éloignées et une flexibilité accrue des REER, notamment.
Êtes-vous certains de vos chiffres, monsieur le ministre? Je pose la question, car jusqu’à maintenant, il n’y a aucune logique dans vos prévisions.
Je vais prendre un instant pour préciser ce que j'ai dit à M. Caron. Je veux vous expliquer exactement comment nous en sommes venus à cet ajustement en fonction du risque. Le chiffre de 40 milliards de dollars correspond à l’ajustement moyen à la baisse des trois derniers sondages menés auprès d’économistes du secteur privé.
Monsieur Caron, je crois que vous vous demandiez quelle approche fondée sur une formule nous avons utilisée et je voulais être très clair à ce sujet, juste au cas où je ne l’aurais pas été précédemment.
Pour répondre à votre question, j’ai eu l’occasion moi aussi de voyager dans l'ensemble du pays et de m’entretenir avec des Canadiens habitant dans des petites et grandes villes. Évidemment, ils m’ont fait part des mêmes inquiétudes que vous, des obstacles énormes qu’ils doivent surmonter. C’est la même chose partout au pays.
Nous nous sommes engagés à investir dans des infrastructures, par exemple, dans les réseaux de transport en commun pour accroître la productivité du pays à long terme, et dans les logements sociaux, les logements abordables et les logements pour les aînés pour améliorer dès maintenant la vie des gens, dont les plus vulnérables. Nous effectuerons aussi des investissements verts pour lutter contre les conséquences des changements climatiques et les systèmes de traitement des eaux usées.
Il est clair que certains de ces investissements se feront en collaboration avec les municipalités; les logements sociaux et les systèmes de traitement des eaux usées en sont de bons exemples. Il pourrait aussi y avoir un certain chevauchement entre les provinces et les municipalités. Donc, nous comprenons l’importance de la collaboration entre les divers ordres de gouvernement.
Nous voulons nous assurer que nos investissements nous permettent d’atteindre plus d’un objectif. Nous voulons injecter progressivement de nouveaux fonds dans l’économie et non retirer des fonds des autres ordres de gouvernement. Nous voulons procéder progressivement.
Évidemment, nous voulons avoir le plus gros impact possible sur l’économie du pays et sur la vie des Canadiens. Pour cela, nous chercherons de nouvelles sources de financement pour réaliser nos investissements.
Voilà le genre d’initiatives que nous allons amorcer. J’ai confiance que les Canadiens verront les conséquences réelles de ces investissements dans leurs vies au cours des prochaines années.
:
Merci de votre présence, monsieur le ministre.
Mon collègue a parlé du gouvernement Obama et de sa situation financière. Le gouvernement actuel a changé de cap car, sauf tout le respect que je vous dois, monsieur le ministre, vous avez raté toutes les cibles fiscales que le premier ministre avait établies dans sa lettre de mandat, et principalement le retour à l'équilibre budgétaire au cours de ce mandat.
Mettons les choses en perspective. Le ratio dette-PIB actuel des États-Unis s'élève à 102,98 %. Avant que le gouvernement Obama ne prenne le pouvoir, il se situait à 61,38 %. Vous devriez vous en servir comme comparaison, parce que c'est l'orientation que semble prendre votre gouvernement. Vous semblez vouloir vous accrocher aux statistiques du rapport entre la dette et le PIB.
Voilà pour mes commentaires. Maintenant, j'aimerais vous poser deux questions sur les petites entreprises.
Je crois savoir que vous allez donner suite à la demande du premier ministre d'éliminer les professionnels de la disposition sur les sociétés privées sous contrôle canadien en ne les autorisant plus à se constituer en société. Permettez-moi de vous donner un exemple. Supposons qu'un vétérinaire a trois employés et qu'il est en activité depuis quatre ans. Il devra maintenant faire face à une taxe supplémentaire de l'ordre de 40 000 à 60 000 $ par année. Bon nombre de gens à qui j'ai parlé dans cette catégorie, que ce soit des ingénieurs, des arpenteurs, des comptables, des chiropraticiens, des médecins ou des dentistes, m'ont dit que cette mesure les touchera durement.
La petite entreprise devra donc mettre à pied un employé ou abolir un poste en conséquence. Cela va tout à fait à l'encontre de ce que vous dites aujourd'hui, à savoir que vous êtes là pour la classe moyenne, pour les emplois au bas de l'échelle et pour la personne qui perdra son emploi au sein de cette entreprise.
Pouvez-vous nous confirmer si, oui ou non, vous irez de l'avant avec cette mesure fiscale?
En gros, nous avons pris quatre engagements importants que nous voulons honorer, mais il y a bien d'autres choses que nous souhaitons faire également.
Tout d'abord, nous avons dit que nous voulions améliorer la vie des gens de la classe moyenne et de ceux qui aspirent à y accéder. La première étape consistait à réduire l'impôt de la classe moyenne. Nous estimons qu'il s'agit d'une décision importante et d'un bon moyen de stimuler l'économie, puisque ces gens dépenseront de l'argent, faisant ainsi rouler l'économie. Nous nous sommes également engagés à aider les personnes les plus vulnérables, et l'élément principal de notre engagement est naturellement l'Allocation canadienne aux enfants, qui viendra en aide à neuf familles sur dix qui ont des enfants. De plus, cette prestation nous permettra de sortir des centaines de milliers d'enfants de la pauvreté. Du coup, ces familles participeront plus activement au marché du travail, ce qui profitera à l'économie, et elles mèneront une vie plus décente.
Nous nous sommes également engagés à effectuer des investissements majeurs dans les infrastructures. Nous aimerions investir jusqu'à 120 milliards de dollars dans les infrastructures au cours de la prochaine décennie. Ce sont des investissements d'envergure historique. Comme vous le savez, l'augmentation de 60 milliards de dollars sera répartie dans le transport en commun, les infrastructures sociales et les infrastructures vertes — soit environ 20 milliards de dollars par catégorie. Nous travaillons à réaliser ces engagements. Nous croyons qu'ils auront une incidence importante sur notre productivité à long terme. Il y a sans aucun doute des projets qui pourront être mis de l'avant rapidement, comme vous l'avez mentionné, en vue de créer des emplois partout au Canada.
Enfin, et surtout, nous reconnaissons que le Canada n'a pas le meilleur bilan de productivité comparativement aux autres pays. Nous sommes conscients que des investissements dans l'innovation permettront d'accroître considérablement notre niveau de productivité fondé sur les entreprises. Nous savons qu'il est important d'agir à ce niveau. Nos décisions relatives au budget seront conformes à notre approche à l'égard de l'innovation, et nous travaillerons avec diligence vers l'atteinte de cet objectif.
:
Je vous remercie de votre question.
Lorsque nous établissons les prévisions économiques et fiscales, nous utilisons en effet une simple moyenne des conclusions de 15 économistes du secteur privé que nous consultons. Nous tenons compte de toutes leurs variables parmi différents indicateurs économiques, et en calculons simplement la moyenne, y compris le niveau du PIB nominal dont nous avons parlé.
Une fois cette moyenne établie, nous rencontrons les économistes du secteur privé. Le et moi les avons rencontrés la semaine dernière pour discuter de leur point de vue sur l'économie canadienne, et plus particulièrement des avantages ou des risques qui touchent les économies internationales et mondiales. À la suite de cette discussion, nous évaluons la hauteur du risque contre lequel nous devons protéger la prévision.
Lors de la dernière discussion, qui a donné lieu à l'ajustement à la baisse de 40 milliards de dollars en question, je crois que deux ou trois facteurs sont entrés en ligne de compte. Il s'agit notamment du risque de volatilité des marchés financiers au sein de l'économie mondiale, compte tenu de la Chine, entre autres, des cours du pétrole et la courbe future comparativement aux résultats de l'enquête auprès du secteur privé. L'économie canadienne risque manifestement de se détériorer. C'était le premier point.
En deuxième lieu, lorsque nous avons rencontré les économistes en novembre et que nous avons déposé la mise à jour de novembre, nous avions prévu un ajustement de 20 milliards de dollars attribuable au risque. Entre l'enquête de novembre et celle de février, nous avons épuisé ces 20 milliards de dollars et avons même diminué le niveau de 20 milliards supplémentaires, de sorte qu'un ajustement de 40 milliards de dollars est nécessaire.
Dans ce contexte, compte tenu des risques, du plus récent ajustement et du fait que nous avons dû réviser les résultats de l'enquête auprès du secteur privé d'une moyenne de 40 milliards au cours des trois dernières enquêtes, nous avons jugé bon de commencer à introduire l'ajustement de 40 milliards de dollars au PIB nominal.