:
Merci, monsieur le président, et bonjour à tous.
Nous sommes heureux d'avoir été invités pour vous parler du rôle de l'ACFC relativement aux pratiques commerciales des banques. Je suis accompagnée de mon collègue, Richard Bilodeau, qui est à la tête de la Direction de la surveillance et de la promotion et qui dirige notre examen de l'industrie portant sur les pratiques commerciales des banques. Un autre collègue, Jérémie Ryan, directeur de la littératie financière et de l'engagement des intervenants, est également avec nous.
En tant qu'organisation fédérale, l'ACFC est chargée de protéger les consommateurs de produits et de services financiers. Nous nous acquittons de notre mandat au moyen de deux programmes distincts, mais complémentaires. Il y a d'abord la surveillance des entités financières sous réglementation fédérale, puis le renforcement de la littératie financière des Canadiens.
C'est par le truchement de ces programmes que l 'ACFC contribue au cadre de surveillance fédéral des entités financières qui visent à conforter la confiance du public envers un système financier solide, stable et concurrentiel.
[Français]
Nous exerçons notre fonction de surveillance à l'égard de trois types d'entités. Le premier type est celui des institutions financières assujetties à la réglementation fédérale, soit les banques, les coopératives d'épargne et de crédit ainsi que les sociétés d'assurances, de fiducie et de prêts enregistrées ou constituées en vertu d'une loi fédérale. Appartiennent au deuxième type les organismes externes de traitement des plaintes, et au troisième, les exploitants de réseaux de cartes de paiement, notamment VISA, MasterCard, American Express et Interac.
[Traduction]
Nous surveillons les institutions financières sous réglementation fédérale pour nous assurer qu'elles respectent leurs obligations en matière de pratiques commerciales, lesquelles sont établies par diverses lois fédérales. La surveillance des organismes externes de traitement des plaintes — ou services de protection des citoyens, comme on les appelle parfois — vise à assurer la conformité aux règlements en vigueur.
Ces organismes ont pour mandat de traiter les plaintes qui n'ont pas été réglées à la satisfaction du consommateur par le processus de traitement des plaintes de l'institution financière concernée. Toutes les banques doivent être membres d'un organisme externe approuvé de traitement des plaintes.
L'ACFC surveille également les exploitants de réseaux de cartes de paiement pour s'assurer qu'ils respectent leurs obligations et appliquent les pratiques commerciales visant à protéger les commerçants.
[Français]
En complément de notre mandat de supervision et de promotion, nous sommes chargés de renforcer la littératie financière des Canadiens et d'améliorer leur bien-être financier en les aidant à prendre des décisions éclairées qui répondent à leurs besoins.
[Traduction]
Cela étant dit, je voudrais maintenant aborder le sujet des pratiques commerciales des banques.
Lorsque les médias ont rapporté les faits touchant la Wells Fargo aux États-Unis en septembre 2016, nous avons réalisé une analyse des plaintes formulées au cours des trois années précédentes par des consommateurs alléguant qu'ils avaient reçu des produits ou des services dont ils n'avaient pas fait la demande ou pour lesquels on ne leur avait pas fourni les documents d'information requis. Nous avons alors constaté que le nombre de plaintes reçues qui concernaient ces deux problèmes était demeuré stable d'une année à l'autre. Nous avons cependant continué de surveiller les plaintes qui nous sont adressées et avons décidé d'axer notre examen de l'industrie pour l'exercice suivant sur les pratiques commerciales des banques concernant les cartes de crédit.
Des examens de l'industrie sont menés annuellement afin de s'assurer que l'on respecte les obligations établies en matière de pratiques commerciales et de nous aider à déceler les tendances émergentes et les problèmes pouvant nuire aux intérêts des consommateurs de produits et services financiers.
Dans une lettre datée du 3 février 2017, nous avons rappelé aux banques qu'elles étaient tenues en vertu de la loi de fournir aux consommateurs les documents d'information requis et d'obtenir leur consentement exprès lorsqu'elles leur vendent des produits ou services financiers. Le même jour, nous avons publié un avis aux consommateurs pour les informer que les banques doivent obtenir leur consentement exprès avant de leur remettre des cartes de crédit.
Puis, à la suite de reportages dans les médias suggérant que des pratiques peu scrupuleuses étaient appliquées par les grandes banques canadiennes, j'ai annoncé que nous allions examiner les pratiques des banques en ce qui concerne l'obtention du consentement exprès et la communication de l'information. C'était le 15 mars 2017.
[Français]
Depuis cette date, notre équipe chargée de la supervision et de l'application de la loi travaille assidûment en vue d'examiner les plaintes et de mener les enquêtes voulues. Les membres de l'équipe se penchent sur tous les facteurs qui pourraient contribuer à la non-conformité et ils ont reçu la directive de prendre les mesures nécessaires pour appliquer la loi dans tous les cas de violation qu'ils découvriront.
[Traduction]
J'ai également demandé à mon équipe d'accélérer les choses aux fins de l'examen de l'industrie sur les pratiques commerciales des banques qui bat maintenant son plein. Dans le cadre de l'examen, nous essayons de déterminer si les objectifs de vente et les mesures incitatives établis par les banques contribuent à des pratiques commerciales pouvant nuire aux intérêts des consommateurs. Pour ce faire, nous nous entretenons avec des consommateurs et des représentants de groupes de consommateurs pour acquérir une meilleure compréhension de l'expérience client dans le contexte des ventes; nous examinons les programmes de rémunération des banques; nous examinons les contrôles internes; et nous rencontrons tous les employés des banques qu'il est pertinent de rencontrer, quel que soit leur rôle ou leur niveau hiérarchique.
Les conclusions préliminaires de notre examen seront rendues publiques d'ici la fin de 2017. Je tiens à souligner que nous enquêterons de façon approfondie sur toute violation des dispositions de protection des consommateurs que nous découvrirons dans le cadre de notre examen, et que nous ferons respecter la loi, le cas échéant, en utilisant les outils à notre disposition.
Cet examen de l'industrie est une illustration de l'approche de l'ACFC en matière de supervision. Cette approche se fonde sur trois piliers. En premier lieu, nous encourageons le recours à des pratiques commerciales responsables. Deuxièmement, nous surveillons les pratiques commerciales. Troisièmement, nous faisons respecter les obligations en matière de pratiques commerciales.
Au cours de l'an dernier et des quatre premiers mois de cette année, notre approche en matière de supervision a fait en sorte que les institutions financières canadiennes ont dû rembourser près de 15 millions de dollars aux consommateurs.
Sur ce, je termine mon exposé en vous remerciant de m'avoir invitée à vous rencontrer. Il nous fera plaisir, à mes collègues et à moi, de répondre maintenant à vos questions.
Au nom de l'Association des banquiers canadiens, je remercie le Comité de nous avoir invités à participer au débat portant sur la protection des consommateurs dans le contexte des services bancaires. Je m'appelle Darren Hannah. Je suis vice-président, Finances, risques et politique prudentielle. Je suis accompagné aujourd'hui de ma collègue Sandy Stephens, avocate en chef adjointe.
L'Association des banquiers canadiens représente 63 banques membres, soit des banques canadiennes ainsi que des filiales et des succursales de banques étrangères exerçant des activités au Canada. Les banques aident les familles à acheter une maison, les individus à épargner pour la retraite, les petites entreprises à croître et l'économie à performer. Au Canada, plus de la moitié du crédit consenti aux entreprises est fourni par les banques, qui sont des prêteurs prudents, s'efforçant de rendre le crédit accessible aux individus et aux sociétés solvables.
Les banques opèrent dans la sphère du service à la clientèle, et ont établi des relations solides de longue durée avec leurs clients. À la base de ces relations se trouvent, d'une part, les conseils que les banques fournissent à leurs clients au sujet des produits et des services susceptibles de les aider à réaliser leurs objectifs financiers et, d'autre part, le respect du droit de chaque client de choisir librement les produits et les services financiers qui lui conviennent. Avec plus de 40 banques et des centaines de coopératives de crédit offrant des produits et des services financiers, les clients savent qu'ils ont le contrôle lorsque vient le temps de choisir.
Dans ce contexte, les banques donnent à leurs employés une formation et des renseignements au sujet des principes de la primauté du client. Elles s'efforcent de fournir les services et les produits bancaires qui sont les plus adéquats pour leurs clients, ce qui implique qu'elles tiennent toujours compte des besoins et de l'intérêt de chaque client. Ces derniers reçoivent donc les renseignements nécessaires pour prendre une décision éclairée au moment de choisir un produit ou un service financier.
Les banques sont connues pour suivre tant le texte que l'esprit de la loi dans leurs relations avec les clients. Elles investissent donc une quantité considérable de temps, d'efforts et de ressources pour garantir un niveau élevé de conformité. Elles prennent ainsi d'importantes mesures pour veiller à ce que leurs clients ne paient que pour les produits et les services qu'ils désirent et auxquels ils ont consenti.
En outre, les banques ont adopté des lignes directrices, des politiques et des procédures très claires pour veiller à ce que les produits offerts aux clients soient décrits de façon précise et complète. Chaque banque a également adopté un code de conduite qui décrit le comportement des employés, et notamment les attentes relatives à l'intégrité et aux pratiques de vente. Chaque employé est tenu de confirmer annuellement son adhésion à ce code de conduite. Les banques ont recours à des mesures correctives pour remédier au comportement des employés qui ne se conforment pas au code de conduite.
Les systèmes de gestion du rendement et les incitatifs prévus par les banques sont conçus de façon à favoriser des pratiques, des comportements et une culture propices à une approche axée sur les clients et les conseils personnalisés. Les systèmes de gestion du rendement comprennent plusieurs mécanismes de contrôle, de gouvernance et de supervision, ce qui permet d'assurer le maintien d'un comportement adéquat ainsi que de détecter les risques de comportement inapproprié et de prendre les mesures qui s'imposent. Il est essentiel que les objectifs de vente soient établis pour les employés de manière à susciter la création de valeurs pour les clients, et que ces objectifs soient réalisables et uniformes pour l'ensemble des produits et des canaux de service.
Les banques servent bien leurs clients. Comme je l'ai déjà mentionné, les banques s'efforcent de répondre aux besoins de leurs clients et se livrent concurrence afin d'attirer et de fidéliser la clientèle. Les Canadiens apprécient la fiabilité, la crédibilité et la stabilité des banques au pays. Il importe tout autant de considérer la valeur que les clients accordent aux services reçus de leur banque. Les banques déploient des efforts considérables pour faciliter l'accès des clients aux services bancaires, en prolongeant les heures d'ouverture de leurs succursales, en adoptant le paiement et les services mobiles, et en élargissant les services en ligne, ce qui permet un accès de n'importe où dans le monde et à n'importe quel moment. Les Canadiens constatent ces améliorations et les apprécient.
La satisfaction des clients dépend également de la manière dont les banques traitent leurs plaintes. La plupart de ces plaintes peuvent être réglées grâce à un processus interne de traitement à la fois solide et exhaustif. Le peu de cas qui ne sont pas ainsi réglés à l'interne — seulement 515 en 2016 — sont acheminés vers un ombudsman indépendant. Avec plus de neuf milliards de transactions effectuées par les millions de clients que comptent les banques, le faible nombre de plaintes témoigne d'une expérience client positive dans l'ensemble du secteur.
En terminant, j'aurais de brèves observations concernant la relation entre les banques et leurs organismes de réglementation. Nous collaborons étroitement avec l'Agence de la consommation en matière financière du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières relativement aux enjeux liés à la consommation et à la gérance prudentielle, respectivement. Le système de réglementation harmonisé et efficace du Canada est devenu un modèle pour le monde du fait qu'il offre aux banques un encadrement fédéral solide pour toutes les questions liées à la consommation et aux règlements prudentiels.
Par ailleurs, les banques collaborent avec l'ACFC en vue d'assurer le respect des règlements relatifs aux consommateurs, notamment en ce qui concerne le consentement explicite et la communication. Comme vous le savez déjà, l'ACFC effectue des examens périodiques des pratiques commerciales des banques, des examens auxquels les banques collaborent.
Merci encore une fois de nous avons donné l'occasion de présenter notre point de vue. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup de leur présence M. Hannah, Mme Tedesco et tous leurs collègues.
Ma première question s'adresse à M. Hannah.
Nous avons appris par les journaux l'existence de plaintes signalées par d'anciens employés de certaines grandes banques au sujet des pratiques de ces dernières concernant l'obtention du consentement. Du moins, il ne semblait pas y avoir de consentement avisé.
Selon vous, les membres des grandes banques canadiennes prennent-elles au sérieux cette situation quant aux plaintes?
À première vue, croyez-vous qu'il y ait un problème et qu'il faille s'y attaquer ou croyez-vous qu'il s'agisse plutôt d'un malentendu entre elles et les clients?
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Merci, monsieur le président.
Mes premières questions s'adressent à vous, monsieur Hannah.
Malheureusement, vous semblez avoir complètement évacué le fait qu'il existe un problème, bien que les témoignages soient nombreux en ce sens. Nous le constatons non seulement dans les reportages, mais aussi à partir des témoignages que nous recevons. Mes collègues autour de la table seront certainement du même avis. Pour d'anciens employés et des clients des banques, le problème existe bel et bien. Je suis donc un peu surpris de vous entendre évacuer cela de vos remarques préliminaires.
Je voulais surtout m'attarder à votre expertise en ce qui a trait aux objectifs de vente fixés par les banques et qui sont imposés aux employés. Cette pratique est-elle bien réelle? Dans quelle mesure les employés doivent-ils respecter ces objectifs fixés par leur employeur, c'est-à-dire les banques?
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Comme je l'ai dit, essentiellement, la banque tente de fixer des objectifs en harmonie avec la culture que l'institution s'efforce d'instaurer et de renforcer. La culture vise à établir et à maintenir une relation solide avec les clients, et cela comporte de multiples dimensions.
Pour les clients qui ont une fonction de ventes, il y a un élément de ventes qui s'y rattache, mais ce n'est qu'une dimension. La rétroaction des clients en est certainement une autre.
Il y a aussi le leadership, le mentorat, la formation, la participation communautaire et la participation civique qui sont tous des facteurs qui entrent en ligne de compte dans la création d'une culture destinée à renforcer et à élargir la relation avec les clients, de sorte que les clients soient satisfaits et souhaitent maintenir, améliorer et resserrer leurs liens avec l'institution financière.
Les services bancaires sont d'abord et avant tout une affaire de relations. Les banques s'efforcent de bâtir et de consolider des relations à long terme avec leurs clients qui comportent de nombreuses dimensions.
Je pense qu'on peut probablement ajouter à cela le désir des banques de faire des profits, puisqu'on fixe de tels objectifs qui visent la vente de produits. Outre la volonté dont vous parlez d'offrir de bons services aux consommateurs, je pense qu'il ne faut pas négliger la part de profits escomptés par les grandes banques canadiennes.
Êtes-vous au courant de certaines mesures disciplinaires prises contre des employés qui n'atteignent pas les objectifs? Par exemple, on enverrait par courriel à l'ensemble des employés des listes indiquant quels employés ont un bon rendement et quels autres ont un rendement inférieur aux attentes, créant ainsi une sous-catégorie d'employés dont le rendement laisse à désirer et qui vivent avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, car cela équivaut à leur dire que s'ils ne font pas mieux, ils devront s'attendre à être écartés. Croyez-vous qu'il s'agisse d'une pratique adéquate?
Êtes-vous au courant de ces pratiques qui font en sorte d'exercer une pression sur des employés et qui les exposent à des sanctions lorsqu'ils n'atteignent pas leurs objectifs? Pensez-vous que cela sert bien les consommateurs?
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Ce n'est pas nécessairement ce que nous entendons dans les témoignages.
Quelqu'un a raconté qu'il avait demandé à un de ses collègues comment il faisait pour atteindre ses objectifs, ce à quoi celui-ci lui a répondu qu'il donnait parfois des produits aux consommateurs sans que ces derniers en aient fait la demande, qu'il falsifiait des signatures et qu'il augmentait les frais d'intérêt et les marges de crédit sans l'autorisation des clients.
Les témoignages que nous avons recueillis démontrent que ces mesures incitatives font que certains employés doivent se livrer à des pratiques douteuses pour atteindre leurs objectifs. Vous n'avez malheureusement pas abordé ce problème aujourd'hui.
Concernant les recours que peuvent exercer des clients ou des employés témoins d'une situation frauduleuse, je comprends qu'il y a un processus de plaintes pouvant mener à la prise de sanctions.
Afin que nous puissions avoir une meilleure idée de l'ampleur du problème, pouvez-vous nous dire quelles ont été les sanctions infligées aux banques au cours des dernières années?
:
Je vais répondre à votre question de façon générale, parce qu'il me serait difficile de détailler chaque enjeu et chacune des sanctions prises en conséquence.
Je peux vous dire que la commissaire a rendu trois décisions au cours de l'exercice 2016-2017, dont certaines ne sont pas encore publiées. Ces décisions faisaient état de huit violations, qui ont entraîné des sanctions administratives d'ordre pécuniaire s'élevant à 465 000 $.
J'ajoute toutefois, à l'instar de la commissaire, que cela ne rend compte que d'une partie de l'histoire. Au cours de la dernière année, nous avons réussi à obtenir des institutions financières qu'elles remboursent aux clients près de 15 millions de dollars, à la suite de cas de divulgations erronées ou encore de situations où le compte de clients avait été débité d'une somme supérieure à ce qui leur avait été mentionné. Nous avons été en mesure d'accomplir cela grâce à nos activités de supervision, au moyen des différents outils dont nous disposons, ainsi qu'au travail entrepris en collaboration avec les institutions financières.
Mis à part l'aspect pécuniaire, dans les cas où des clients avaient obtenu de l'information erronée au cours de leurs transactions auprès de leur institution financière, nous avons également réussi à faire marche arrière, à avertir les clients qu'ils avaient reçu la mauvaise information et à leur donner la bonne information. C'est tout aussi important de corriger les divulgations erronées. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de problèmes ou de pertes d'ordre financier que le client ne subit pas pour autant un préjudice à caractère plus général.
:
Je peux commencer à répondre à la question en ce qui concerne le processus, mais je laisserai la commissaire terminer.
Le processus s'enclenche lorsqu'un procès-verbal de violation est dressé et qu'il est question d'une possible sanction administrative d'ordre pécuniaire. L'institution financière a alors la possibilité de se faire entendre par la commissaire, qui doit ensuite rendre une décision.
Des principes de publication s'appliquent à toutes les décisions de la commissaire. Cette dernière a le pouvoir discrétionnaire d'y nommer ou non une institution financière, et elle pourra en discuter plus longuement avec vous. En revanche, si les fautes constituant une violation entraînent une sanction administrative d'ordre pécuniaire, la commissaire en divulgue le montant dans sa décision. Par ailleurs, pour des raisons évidentes, toute information commerciale sensible en est retirée.
Nous cherchons non seulement à informer les consommateurs des enjeux que nous examinons, mais également à utiliser les décisions comme outil d'information à l'intention des autres institutions financières afin qu'elles connaissent bien leurs obligations de conformité à la loi.
:
Merci. Étant donné que je connais davantage les termes en anglais, si vous me permettez, je vais m'exprimer en anglais.
En vertu de notre loi, le commissaire a le pouvoir de publier ou non le nom de l'institution, la nature de la violation et la sanction qui est imposée. Il s'agit d'un aspect très important de l'approche souple de l'ACFC visant à favoriser et à assurer la conformité et à changer le comportement institutionnel. Je pense que c'est précisément le but de la loi: amener les institutions à se conformer et à modifier leur comportement, tout en obtenant les meilleurs résultats possible pour les consommateurs.
Notre régime n'est pas punitif, alors au moment de déterminer si le nom d'une institution doit être rendu public, je dois examiner chaque cas séparément et en toute objectivité. Je tiens compte de divers facteurs, notamment la gravité des actes, la volonté de l'institution de reconnaître sa responsabilité relativement à l'infraction, l'effet dissuasif que le fait de nommer l'institution pourrait avoir, l'impact de l'infraction sur les consommateurs et leur confiance, le degré de collaboration obtenu tout au long de l'enquête et les efforts déployés par l'institution pour éviter d'autres violations à l'avenir et remédier à celles qui ont déjà été commises.
Je dirais que les avis de violation et les décisions, ainsi que le pouvoir discrétionnaire conféré par l'article 31, ne sont qu'une partie de l'équation. Avant de publier ou non le nom d'une institution, je regarde ce qui va changer le comportement de l'institution, ce qui va l'amener à respecter la loi et, surtout, si cela va lui permettre d'obtenir de meilleurs résultats pour les consommateurs, y compris des remboursements.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être ici aujourd'hui. J'ai plusieurs questions à vous poser, alors je vais tout de suite me lancer.
Selon moi, l'évidence dont on n'a pas parlé... Les reportages qui ont été diffusés portaient en partie sur les pratiques de vente douteuses des fonds communs de placement. Je sais que ce n'est pas du ressort de l'ACFC. Cependant, je me demande s'il n'y a pas justement une lacune importante à ce niveau-là. Peut-être que lorsque ces bureaux ont été établis, et que le cadre de surveillance...
Je me souviens qu'à une certaine époque, lorsqu'on voulait faire des placements, ce n'était pas forcément par l'entremise de notre banque; il pouvait s'agir d'une société de placement distincte. Maintenant, étant donné que les deux se sont en quelque sorte fusionnées, et qu'on peut demander une carte de crédit ou effectuer des transactions bancaires courantes... Monsieur Hannah, vous avez dit que les banques sont une affaire de relations. Vous l'avez dit à maintes reprises. Je peux en témoigner. Au sein de ma collectivité, je connais les banquiers; ce sont des gens avec qui je fais affaire depuis très longtemps. Pour établir une relation, les gens vont dire: « Je vois que vous avez beaucoup d'argent dans votre compte d'épargne. » Ce compte relève de l'ACFC, tout comme les tactiques de vente, mais si vous déplacez cet argent dans un portefeuille de placement que gère désormais la banque, il ne sera plus régi par l'ACFC ni assujetti à sa surveillance.
À ma connaissance, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières supervisent tous les organismes provinciaux de réglementation des valeurs mobilières. D'après mes recherches et les reportages qui ont été diffusés, je crois savoir qu'en 2013, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières disaient que les pratiques de vente des fonds communs de placement étaient une source de préoccupation. Le fait de retenir les services d'un conseiller financier compétent peut aussi avoir une grande incidence sur les consommateurs, et il est d'ailleurs question de la littératie financière des consommateurs. Selon moi, l'élément manquant est le fait que les banques offrent aujourd'hui des services financiers totalement différents de ce qu'ils étaient au moment où le cadre de surveillance a été établi.
N'y a-t-il pas là une lacune importante au chapitre de la surveillance et de la réglementation? Ne serait-il pas bon de commencer à réunir certains de ces groupes de surveillance provinciaux et territoriaux et de faire en sorte que l'ACFC examine les techniques de vente à l'intérieur des banques, plutôt que chacun travaille de manière cloisonnée?
:
L'avenir semble prometteur au chapitre de l'éducation. Vous avez mentionné n'avoir reçu aucune formation en matière de littératie financière. Au cours des derniers mois, nous avons fait des annonces importantes. L'Ontario et le Québec ont annoncé que l'éducation financière serait obligatoire. Voilà une très bonne nouvelle.
Je dois également mentionner qu'en 2007, lorsque le mandat relatif à l'éducation des consommateurs de l'ACFC a été élargi, c'était dans le but de nous pencher sur les carences en littératie financière chez les jeunes. Cela dit, nous nous sommes associés à la province de la Colombie-Britannique pour mettre au point une ressource didactique, intitulée La Zone, qui aide les jeunes à renforcer leurs connaissances du monde financier. Ce programme est enseigné à l'heure actuelle à l'échelle du pays à différents niveaux. Dans certaines provinces, les cours sont obligatoires, alors que dans d'autres, ils sont facultatifs. Les provinces ont réellement emboîté le pas et développent également leurs propres ressources.
Comme Lucie l'a indiqué, nous collaborons avec un certain nombre d'intervenants partout au pays. On compte 13 réseaux de littératie financière représentant 532 organisations qui travaillent auprès de divers groupes cibles, que ce soit les Autochtones au Canada, les nouveaux arrivants, les personnes âgées, les personnes à faible revenu et les personnes ayant une déficience. Nous élaborons des initiatives, des ateliers et du matériel que nous diffusons par l'entremise des réseaux.
Si vous me le permettez, je vais maintenant m'adresser à M. Hannah.
Contrairement aux députés du NPD, je n'ai aucune objection à ce que les banques fassent de l'argent. Je suis moi-même en affaires. C'est inévitable: quand on est en affaires, on veut faire de l'argent, car on veut pouvoir réinvestir.
Cependant, cela peut être problématique si les banques sont too greedy, comme on dit en bon anglais, qu'elles en veulent trop et qu'elles sont rendues au point de vouloir falsifier des signatures. Si des coordonnateurs des ventes demandent aux employés de falsifier des signatures pour aller chercher des frais chez des clients — c'est évidemment avec les frais que les banques font de l'argent —, je considère que c'est un sérieux problème.
En ce qui a trait à la présentation que vous avez faite aujourd'hui, tout comme M. Dusseault, je n'ai pas l'impression que vous vous rendez compte de la profondeur de ce problème. L'enquête va continuer; les gens qui ont fait les enquêtes jusqu'à maintenant ne vous lâcheront pas. J'imagine que vous devez prendre cela au sérieux.
Au Canada, on ne peut pas se permettre de laisser des banques tout ruiner. En effet, vous avez une influence non seulement sur vous-mêmes, en tant que banques canadiennes, mais aussi sur l'ensemble du système bancaire canadien. Personnellement, j'espère que vos employés prennent le taureau par les cornes et s'assurent que cela ne se reproduira plus jamais. Cela est inacceptable.
Que répondez-vous à cela?
:
À mon avis, c'est la bonne orientation à prendre, même pour ce qui est des codes de conduite volontaires sur les échanges pour les marchands concernant les cartes de débit et le remboursement anticipé des hypothèques. Je pense que c'est ce qu'il faut préconiser, plutôt que de légiférer sur tout. Je veux être certain que les ressources seront au rendez-vous pour protéger les consommateurs.
Je vais maintenant m'adresser aux représentants de l'ABC. Je ne vous laisserai pas vous en tirer à si bon compte.
J'ai travaillé de nombreuses années au sein d'une institution financière, au Canada et aux États-Unis. Elle emploie des dizaines de milliers de personnes et fait de l'excellent boulot, en général. Parfois moins.
Je veux m'assurer que les pratiques de vente mises en place... Il peut parfois y avoir du zèle. Certaines pratiques peuvent non seulement représenter un risque pour les Canadiens, mais compromettre certains pans du système financier. Je pense notamment à la contrefaçon ou à l'offre de crédit (de cartes de crédit ou d'autres formes de crédit sécurisées ou non) à des Canadiens n'en ayant pas les moyens. Pour moi, c'est très important. Compte tenu du ralentissement économique, entre autres, ces pratiques peuvent avoir des répercussions importantes.
Je crois que l'association de l'industrie... Il faut, en collaboration avec les banques figurant à l'annexe I, mettre en place des mesures pour que le genre d'histoire présenté à l'émission Marketplace, sur les ondes de la CBC, ne se répète pas.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que la plupart des questions qui ont été posées à nos témoins... Il y a un certain nombre de choses qui me turlupinent dans les réponses données aux questions. Les questions sont teintées par les incidents qui ont eu lieu. Je pense qu'il faut faire attention, parce que nous n'avons encore entendu aucun des acteurs directement touchés. J'espère que nous aurons l'occasion d'en entendre au cours des prochaines séances.
Je suis la conversation, j'entends tout ce que l'organisation de Mme Tedesco fait, et je me demande si notre intervention ajoutera quoi que ce soit, puisque l'agence semble avoir déjà lancé une enquête assez importante. Je suppose que nous serons mieux à même d'en juger après le témoignage des dirigeants des banques et des personnes touchées ici.
J'ai l'impression qu'il pourrait être préférable d'attendre que cet examen soit terminé, parce que bien honnêtement, c'est exactement ce que l'Agence de la consommation en matière financière du Canada compte faire. Nous semblons être en train de réinventer la roue.
Sur ces quelques observations, je céderai le temps qu'il me reste à mon collègue, M. Albas.
Merci.
:
Parfait, c'est très bien. Je voulais simplement m'assurer que ce soit dans les plans.
Selon mon expérience de consommateur, chaque fois que je me présente dans une succursale différente d'une grande banque, je me fais demander: « Pourquoi n'achèteriez-vous pas le produit illimité? Que ferez-vous de ce solde dans votre compte? Vous devriez l'investir dans des fonds mutuels. »
C'est très bien, parce que les banques sont là pour générer des profits. Je souligne que nous ne sommes pas là pour nous en prendre aux banques. Nous affirmons seulement que dans une certaine mesure, elles profitent des Canadiens vulnérables qui n'ont pas toutes les connaissances financières nécessaires pour prendre des décisions éclairées.
Les services bancaires sont offerts en continu. Dans une circonscription comme la mienne, Brampton-Est, où le modèle de la banque classique existe toujours et il y a des gens qui se rendent en personne à la banque pour effectuer leurs transactions, la TD multiplie les efforts (c'est un exemple de banque) et embauche des personnes qui parlent couramment le pendjabi, l'hindi, le cantonais et le mandarin. Ses employés peuvent parler directement avec les personnes âgées ou les nouveaux immigrants qui travaillent très fort et viennent ouvrir des comptes dans ces institutions. Compte tenu de leur propre expérience personnelle, ces personnes ne font pas confiance aux guichets automatiques pour déposer de l'argent ni aux ordinateurs pour le faire en ligne, donc elles se rendent en personne au comptoir pour voir l'argent déposé à la banque. J'ai l'impression que c'est le genre de consommateur vulnérable aux pratiques de ventes trompeuses, qu'il faudrait mieux protéger.
De plus, pour protéger les consommateurs, je trouve absolument incroyable que les titres « conseiller financier » et « conseiller en finances personnelles » ne s'équivalent pas, puisque l'un est un titre réglementé mais pas l'autre, et que les banques les utilisent tous les deux. Si vous êtes au courant de ce phénomène, pourquoi n'y avez-vous pas mis un terme immédiatement?
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C'est bon. Je me demandais seulement si ce problème avait été mis au jour.
Un moment donné, peu importe le partage des pouvoirs pour les consommateurs. Un contribuable est un contribuable. Votre travail est de protéger les Canadiens, au final.
Je vais passer à l'Association des banquiers canadiens. Vos membres profitent de cette échappatoire. Vous pourriez me renvoyer la balle en me disant que ce n'est pas une question de compétence fédérale, et ce serait de bonne guerre. Ce serait votre droit de le faire.
Je comprends totalement l'argument constitutionnel, mais un moment donné, ne croyez-vous pas que c'est la définition même du leurre que d'utiliser le titre « conseiller en finances personnelles » pour désigner un représentant du service à la clientèle parce que c'est un titre non réglementé?