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Merci, monsieur le président. Je me trouve généralement de ce côté-là de la table, à votre place, monsieur, et je vous assure qu’il est beaucoup plus intimidant d’être là où je suis maintenant.
Je tiens à vous remercier tous, monsieur le président et honorables membres du Comité des finances. Je vous remercie de m’accueillir et de me donner l’occasion de parler du projet de loi .
Ce projet de loi a été rédigé il y a plus d’un an, et c’est formidable d’être enfin ici en train d’en parler. J’ai hâte de répondre à vos questions et d’apprendre ce que vous pensez du projet de loi et ce que vous en avez entendu dire par les intéressés.
Je sais bien que je dois avoir l’air de radoter depuis le temps que je vous envoie, à vous et à vos bureaux, des vidéos sur le projet de loi pour vous demander votre appui à la Chambre. C’est un projet de loi facile à expliquer, et c’est une idée facile à expliquer: le Canada a besoin de plus de gens formés aux premiers soins.
C’est pour cette raison que je crois que le projet de loi a obtenu tant d’appui. Il a été appuyé à la Chambre par des membres de tous les partis. Il a été adopté en deuxième lecture par 227 voix contre 81. Merci à tous ceux d’entre vous qui l’avez appuyé et à tous les députés qui ont vu la valeur du projet de loi et l’ont défendu depuis le début.
Je veux bien reconnaître que mon rôle est souvent de défendre et de représenter ma circonscription de Cambridge et de North Dumfries, mais un projet de loi d’initiative parlementaire est une occasion unique et précieuse de représenter tous les Canadiens sur la scène nationale. C’est peut-être l’effort le plus valable des députés pour aborder une préoccupation touchant tout le pays.
C’est quelque chose qui m’habitait quand j’ai rédigé le projet de loi . Je voulais m’assurer que les valeurs et les intérêts des Canadiens soient représentés dans le texte législatif et qu’il propose un avantage dont tous les Canadiens pourraient profiter également.
Ce projet de loi est facile à expliquer et facile à comprendre parce qu’il s’agit de quelque chose qui est toujours présent dans la vie des Canadiens: la possibilité d’une situation d’urgence.
Si l’un d’entre vous se coupe la main avec un verre ici, au Comité, combien dans cette pièce savent ce qu’il faut faire? Quels premiers soins appliqueriez-vous? Où se trouve la trousse de premiers soins la plus proche? Chaque lieu de travail se heurte aux mêmes difficultés, et la plupart d’entre eux ont des cas d’urgence plus graves que ce qui peut arriver ici, sur la colline parlementaire. Les usines, les sites de construction et les milieux de travail dangereux sont tous exposés à des urgences, et nous avons des millions de Canadiens employés dans tous ces endroits à chaque jour qui passe.
Évidemment, les situations d’urgence ne sont pas réservées aux milieux de travail. Un week-end en famille, une soirée avec des collègues ou une visite chez des amis peuvent facilement devenir des situations dangereuses où il faut savoir comment intervenir.
C’est à cause de cela et de l’évolution démographique que nous devons entamer une conversation à l’échelle nationale sur la préparation aux urgences et le vieillissement de la population. Le besoin d’être préparé aux urgences a toujours existé dans notre société, mais, compte tenu du vieillissement des Canadiens, nous devons nous préparer à une multiplication des urgences médicales, des arrêts et crises cardiaques et des chutes.
Je voudrais que vous teniez compte de deux chiffres consternants qui, je crois, vont illustrer le risque dont je parle. Un tiers des Canadiens n’ont jamais suivi de cours de premiers soins de leur vie, et, actuellement, plus de la moitié des Canadiens vivent dans des ménages où personne n’a de certification à jour en matière de premiers soins ou de RCR.
Ce projet de loi pourrait modifier durablement ces chiffres, mais il n’est pas seulement question ici de statistiques. On parle de gens qui peuvent être aidés, de blessures qui peuvent être soignées, de vies qui peuvent être sauvées. On parle de familles qui peuvent éviter une tragédie.
Lorsque quelqu’un suit des cours pour obtenir une certification en premiers soins, ce qu’il fait, au final, c’est acquérir, à ses frais, des compétences et des connaissances qui serviront à sa collectivité. C’est une obligation civique que beaucoup de Canadiens remplissent, et cela représente un bien public. Une meilleure éducation et une meilleure formation sont des choses qu’un bon gouvernement souhaite pour ses citoyens et à l’égard desquelles il prévoit diverses mesures incitatives.
C’est ce principe qui est à l’œuvre dans le projet de loi . Il prévoit des mesures visant à inciter les gens à acquérir une formation qui représente un bien public. Contrairement à l’éducation, la formation aux premiers soins ne profite pas souvent à la personne qui a suivi la formation. Elle profitera le plus souvent à des étrangers: des passants et des gens que nous ne croisons que brièvement. Il y a des milliers d’histoires de passagers de train, de passants et de commerçants qui sont passés à l’action pour sauver la vie de parfaits inconnus. Ce n’est pas seulement un bien public, c’est un bien canadien.
Monsieur le président, je voudrais aborder certains aspects plus précis du projet de loi . Notre gouvernement devrait offrir un crédit fiscal à ceux qui suivent des cours agréés de premiers soins, de RCR ou DEA. Ce crédit fiscal serait non remboursable et constituerait une déduction du montant dû égale au taux d’impôt fédéral sur le revenu le plus bas, soit 15 %.
Le projet de loi est une mesure pondérée. Elle devrait plaire à tous les membres de cette chambre qui estiment faire preuve de prudence sur le plan financier, car le coût en est raisonnable. Ce crédit coûterait relativement peu au gouvernement, mais il rendrait abordable une formation qui permet de sauver des vies.
J’aimerais expliquer rapidement comment j’ai calculé le coût estimatif de ce projet de loi. Selon Ipsos Reid, seulement 18 % des Canadiens possèdent une certification à jour, c’est-à-dire qu’ils ont suivi un cours de premiers soins dans les trois dernières années. Autrement dit, environ 1,8 millions de Canadiens ont suivi ce genre de formation cette année. Le coût moyen des cours est d’une centaine de dollars. Le projet de loi permettrait d’accorder un crédit fiscal de 15 $ par personne. Au coût moyen, cela correspond à une perte de revenus d’environ 29,3 millions par an.
Mais il faut comparer cela à la valeur d’une vie sauvée, à la réduction du nombre d’hospitalisations et à la réduction de la douleur et de la souffrance. Il faut comparer cela à des délais de guérison plus rapides, qui permettent de réduire les temps de convalescence et de remettre les Canadiens au travail.
Le chiffre estimatif de 29,3 millions est largement surévalué parce que ceux qui suivront ces cours ne seront pas tous admissibles au crédit fiscal, non plus qu’ils ne devront d’impôts, et, dans plus de la moitié des cas, les cours suivis par les Canadiens certifiés sont payés par leur employeur, de sorte que les frais de cours échapperaient au crédit fiscal. Une fois ces éléments pris en considération, on peut voir qu’il en coûtera bien moins au gouvernement et que le chiffre a des chances d’être largement inférieur à 14 millions de dollars.
J’espère que vous avez eu le temps d’examiner tous les détails du projet de loi .
Je sais que je n’ai pas beaucoup de temps ici aujourd’hui, mais je voudrais terminer par une réflexion. Quand on parle de premiers soins, la confiance acquise grâce à la formation est aussi importante que le savoir. La formation donne confiance, la confiance permet d’agir en cas d’urgence, et l’action sauve des vies.
La protection des Canadiens est un principe que nous pouvons tous appuyer. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions, mais ce que je vous demande, c’est de m’appuyer dans l’intérêt et pour le bien-être de toutes nos collectivités.
Permettez que je vous explique un peu comment j’en suis arrivé à proposer ce projet de loi. C’est arrivé tout naturellement. J’ai suivi ce cours, ou des cours comme celui-là, plus de fois que je ne saurais dire. J’ai travaillé presque toute ma vie pour des organismes sans but lucratif, comme le YMCA et le Club garçons et filles, qui sont parmi les fournisseurs les plus importants de ce genre de cours.
J’avais 30 ans quand mon superviseur de l’époque m’a demandé d’aller chercher ma certification du SNS et de devenir sauveteur. J’ai commencé par demander pourquoi. Quand j’y repense, cela m’a permis d’évoluer dans mon rôle. Au bout d’un an, j’ai pris la direction d’un des centres, pour ensuite me retrouver dans un autre, le diriger, et finalement construire un nouveau YMCA. La confiance acquise grâce à cette formation, et j’en parle en connaissance de cause, permet de se faire une idée de ce qui est dangereux et de ce qui ne l’est pas dans toutes sortes de situations. C’est une formation extraordinairement simple. Et c’est extraordinairement utile. Donc, 18 %, ça ne suffit tout simplement pas.
À l’heure actuelle, n’importe quel Canadien ayant besoin de premiers soins à cause d’une crise cardiaque a environ 4 % de chances qu’une personne à proximité soit capable de l’aider. Ce n’est pas suffisant. Nous ne devrions pas nous en contenter et nous avons la possibilité, grâce au projet de loi , de faire savoir aux Canadiens que le gouvernement estime que ce genre de formation est important et qu’il faut faire avancer les choses.
Je crois que j’arrive à la fin de mon temps de parole. Merci de votre appui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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C’est une question qui m’a été posée un certain nombre de fois. Nous avons essayé d’extrapoler ce que nous pouvions attendre de cette initiative. Nous savons que des centaines d’organisations offrent cette formation au Canada. Je sais, à titre anecdotique, que ces cours fonctionnent à 50 % de leur capacité. Nous avons les moyens d’absorber une augmentation du nombre de participants.
Quant à savoir combien de gens suivraient ce genre de cours, je ne peux vraiment pas avancer de chiffres. C’est une mesure pondérée qui répond à ce problème. J’espère avoir été clair tout au long de l’année: je n’escompte pas que le projet de loi incitera brusquement des millions de gens à suivre cette formation. Je pense que c’est simplement un premier pas.
Lorsque nous avons effectué des recherches pour élaborer ce projet de loi, nous avons appris très rapidement que, selon la Bibliothèque du Parlement, il n’y a jamais eu de projet de loi de ce genre en 150 ans. On n’a jamais accordé d’importance à cette formation. Donc, je ne suis pas sûr qu’on puisse répondre à cette question, parce que c’est un territoire complètement inconnu.
Si vous voulez plutôt savoir si les crédits fiscaux sont des incitatifs, je pense que oui. C’est un incitatif modeste qui peut faire basculer ceux qui seraient sur le point de suivre cette formation, mais hésiteraient encore à cause du coût.
Actuellement, des organismes sans but lucratif subventionnent ce genre de cours, de sorte que la formation est très peu coûteuse. Les formateurs eux-mêmes peuvent exiger 1 000 à 1 500 $ pour leurs services, et il est fréquent que des organismes comme le Y fassent une proposition au seuil de rentabilité pour offrir ces cours. Il s’agit de tenir compte du fait que les gens qui suivent cette formation ne le font pas pour eux, mais pour les autres.
Je pense qu’il faut féliciter le gouvernement d’appuyer cet effort.
La réponse à la première partie est oui, je crois qu’il y a des gens, dans ce pays, qui doivent prendre des décisions difficiles à chaque fois qu’ils dépensent et que chaque petite mesure aide. Si cela peut les inciter à aller dans cette direction, alors oui, je pense que cela en vaut la peine.
Quant à savoir si les employeurs décideraient effectivement de ne plus offrir cette formation, comme je l’ai dit, plus de la moitié des Canadiens obtiennent cette formation au travail. C’est une excellente question, qu’on ne nous a posée que récemment, et nous avons donc fait enquête. Nous sommes allés discuter directement avec les intéressés. Tous ceux avec qui nous avons parlé, toutes les organisations, des moyennes entreprises aux grandes compagnies de fabrication d’automobiles en passant par les organismes sans but lucratif de ma circonscription…
Les entreprises offrent cette formation pour deux raisons. La première est qu’elles peuvent le faire à un prix bien moindre et que, comme je l’ai dit, elles s’en tiennent au seuil de rentabilité. Si 20 personnes suivent le cours et qu’il en coûte 1 000 $ alors que le cours revient à 100 $ par personne, on économie 1 000 $. Même si les employés vont chercher la formation eux-mêmes à l’extérieur à vos frais, ce qui est très souvent le cas, cela coûte plus cher à l’entreprise que de l’offrir elle-même sur place.
Le plus gros problème, par contre, et c’est la raison qu’on nous a expliquée le plus souvent, c’est que beaucoup d’organisations veulent contrôler cette formation. Cette formation est adaptée aux circonstances et s’inscrit dans une perspective de santé et de sécurité. Nous avons discuté avec des organisations, et elles ont clairement déclaré que cela ne changerait rien à leurs habitudes. Elles m’ont encouragé à continuer en disant: « C’est une excellente initiative pour les particuliers, mais cela ne changera rien pour nous, ni positivement, ni négativement. »
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Je peux vous répondre sur le plan anecdotique, parce que je me suis trouvé dans ce genre d’environnement presque toute ma carrière et que j’ai parlé à des gens qui ont suivi cette formation.
Les membres de notre personnel de camp suivaient la formation tous les ans, qu’ils en aient besoin ou non, simplement pour nous assurer que leurs connaissances étaient actualisées. Cela faisait partie de la formation de camp.
On n’entend que ça: le niveau de confiance augmente à chaque formation.
C’est drôle, parce que ce qui revient toujours, c’est que les instructeurs doivent systématiquement insister pour que les participants pressent plus fort durant la séance de compression cardiaque sur les mannequins. Est-ce que vous savez ce que disent les participants? « Je ne veux pas lui faire mal, je ne veux pas lui casser les côtes. »
Mais il est mort, son cœur ne bat plus, on ne peut plus lui faire mal. C’est cet élément de confiance qu’il faut instiller dans les gens, à savoir que c’est en pressant plus fort qu’on aide. On voit cela souvent dans les formations à l’utilisation d’un défibrillateur ou DEA.
Est-ce que quelqu’un ici a déjà suivi une formation DEA? Je vois qu’il y en a parmi vous.
Le nombre de DEA s’est multiplié dans le pays. Scott Reid, chez les Conservateurs, a fait du bon travail en sensibilisant sa collectivité. On en a vu apparaître partout. La formation associée n’a pas augmenté pour autant. C’est pour cette raison qu’il en est question dans le projet de loi.
Au sujet des DEA, on connaît l’argument classique pour se passer de formation: « Eh bien, ça se comprend tout seul, il y a des instructions dans la boîte. »
Si vous ne le savez pas, si vous ne savez pas qu’il y a des instructions, aussi bien vous demander d’utiliser un ouvre-boîte alors que vous n’en avez jamais vu.
C’est une situation où chaque seconde compte. Il faut courir à l’endroit où se trouvent le DEA ou la trousse de premiers soins — et savoir où ils se trouvent — et savoir les utiliser. Je pense que c’est essentiel. Il faut même savoir qui appeler à l’aide.
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Votre première question a trait, disons, à un enfant ou à un adolescent, ou encore à une personne qui ne paie pas d'impôts et qui suit ce cours. Cette personne ne recevrait pas de crédit d'impôt remboursable. Comme je l'ai dit, je n'ai pas le pouvoir de modifier cela dans ce projet de loi.
Je suis entièrement d'accord avec vous, mais mes pouvoirs de député ne me permettent pas de modifier cela à ce projet de loi. Nous ne pouvions pas en faire plus tout en faisant preuve de ce que je considérais — et de ce que je considère encore aujourd'hui — comme de la prudence fiscale. Ce crédit d'impôt ne coûterait pas cher. Le gouvernement ne dépenserait pas des millions de dollars ou même des centaines de millions en l'appliquant.
Les enfants peuvent transférer ce crédit d'impôt à l'un de leurs parents selon les circonstances. Mais vous me demandez si l'avantage relativement faible qu'en retireraient les contribuables justifie le coût de ce crédit. Il est pour ainsi dire impossible de mesurer cela. Comment mesure-t-on le coût d'une vie? Comment pouvons-nous, assis dans cette salle, calculer ce que nous économiserons en évitant la mort d'une personne? Même si nous ne sauvons que quelques vies, même si un tout petit nombre de personnes — deux ou trois mille, ou peut-être 10 à 20 000 personnes de plus que d'habitude — décident de suivre cette formation pour obtenir un crédit d'impôt bien publicisé et que ces personnes ne sauvent la vie que de quelques humains, je suis certain que vous conviendrez tous que ce crédit en vaut la peine.
Parlons aussi des secours apportés pour des blessures qui ne menacent pas la vie d'une victime qui se serait foulé un genou ou pour laquelle il faut improviser une attelle ou panser une coupure. Les programmes de basket-ball de notre YMCA étaient très animés, et je vous assure que j'ai immobilisé tellement d'os fracturés et de foulures que j'ai cessé de les compter.
Je me souviens d'un monsieur, un pilote d'Air Canada, qui s'est cassé la jambe. J'ai réussi à bien replacer sa jambe dans une attelle et à l'amener à l'hôpital. Plus tard, ce pilote m'a dit que le médecin lui avait dit que comme j'avais immobilisé sa jambe très correctement, il ne lui faudrait que six semaines, et non six mois, pour s'en remettre. Voilà ce que nous devons trouver moyen de mesurer. J'inventerais des chiffres si j'essayais de mesurer ces choses.
Merci.
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Oui, je serai assez bref.
Tout d'abord, merci de nous avoir invités à participer à cette étude importante. Nous sommes très heureux d'être ici.
Il me semble que vous avez déjà discuté d'une façon générale de la majeure partie de cette question. Nous pensons pouvoir aider le Comité à examiner ce projet de loi en expliquant le contexte, ou l'angle duquel la Direction de la politique de l'impôt évalue les crédits d'impôt comme celui que vous nous présentez.
Tout d'abord, il est important de déterminer si la mesure fiscale proposée correspond aux fonctions générales du système fiscal. Sa fonction première est de générer les recettes qui financent les programmes dont bénéficient les Canadiens.
Le système fiscal a des fonctions secondaires. L'une d'elles — et vous en avez discuté au cours de vos débats — est de créer des incitatifs qui soutiennent l'atteinte des objectifs économiques et sociaux de notre pays. Il peut s'agir par exemple d'accroître les économies et l'investissement et de favoriser les dons de charité. Nous créons aussi parfois des désincitations, comme dans le cas des taxes sur le tabac. Nous cherchons à réduire certaines activités, mais nous avons plus d'activités à encourager, comme celle dont nous débattons aujourd'hui.
[Français]
Une mesure fiscale telle que celle proposée dans ce projet de loi sert l'un de ces objectifs, celui d'encourager des comportements qui profitent à la société, aux dépens d'un autre, qui est de générer des recettes pour le gouvernement fédéral.
Lorsqu'on évalue un tel compromis, il est important de déterminer si on s'attend à ce que la mesure fiscale en question soit efficace pour atteindre son but énoncé et si elle est efficiente. Autrement dit, atteint-elle son objectif à un coût relativement bas par rapport aux solutions de rechange disponibles? Après tout, les recettes délaissées en raison d'une mesure fiscale pourraient être utilisées pour des dépenses du gouvernement qui servent une fin semblable ou qui appuient d'autres objectifs importants du gouvernement.
Un des facteurs dont nous tenons compte dans notre analyse est l'effet potentiel de la mesure sur l'activité désirée. En d'autres mots, si l'objectif d'une mesure fiscale est d'encourager les personnes à pratiquer une activité donnée, son efficacité devrait être analysée en observant tant son coût que la mesure dans laquelle elle pousse d'autres personnes à pratiquer cette activité par rapport à ceux qui auraient entrepris cette activité de toute façon.
[Traduction]
Vous avez aussi discuté de ce facteur. Les mesures fiscales imposent aussi des coûts aux contribuables et des frais d'administration au gouvernement, c'est-à-dire à l'Agence du revenu du Canada. Ces coûts risquent de réduire l'efficience globale de la mesure à prendre. Il est cependant important de déterminer l'ampleur de ces coûts et de la comparer aux coûts d'une mesure similaire présentée sous forme de programme de dépenses.
[Français]
En plus de l'efficience, l'équité est un autre critère qui fait partie intégrante de notre analyse des politiques. Les crédits non remboursables — vous en avez discuté — fournissent aux personnes imposables une reconnaissance sur le plan fiscal au même taux de crédit, peu importe le niveau de revenu, par rapport à une déduction où le taux de l'allégement fiscal correspond au taux d'imposition marginal du particulier.
Il y a souvent de bonnes raisons pour rendre un crédit non remboursable, dans la mesure où cette mesure vise à bien tenir compte de la capacité de la personne à payer de l'impôt. Toutefois, les crédits non remboursables réduisent l'impôt à payer d'une personne et sont donc inutiles pour les personnes qui ne sont pas imposables. Ultimement, les effets de toute mesure fiscale sur les contribuables à tous les niveaux de revenus doivent être examinés dans le contexte du caractère progressif global de notre régime fiscal.
[Traduction]
En établissant un système fiscal efficient et équitable et en déterminant la place qu'y occuperait la mesure proposée, nous devons veiller à rédiger la législation fiscale de manière à empêcher l'utilisation de ces mesures fiscales à l'encontre de leur intention politique initiale.
Dans le cadre du processus d'élaboration de politiques fiscales de Finances Canada, l'examen législatif et la rédaction de mesures fiscales — et Trevor en est l'expert — sont des fonctions cruciales. Elles nous permettent de veiller à ce que le fonctionnement d'une mesure fiscale et d'autres dispositions de la loi ne soient pas entravés accidentellement par des problèmes techniques.
[Français]
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les membres du Comité.
C'est avec plaisir que nous discuterons ces points plus en détail et que nous répondrons à vos questions.
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Merci pour cette question.
La conception ou l'élaboration d'une mesure comporte probablement deux composantes. Il y a des considérations purement techniques quant à la façon dont ses dispositions interagissent avec les autres dispositions de la loi, surtout les changements survenus depuis la présentation de ce projet de loi. Par exemple, la définition d'« enfant admissible » réfère au paragraphe 122.8 de la Loi de l'impôt sur le revenu qui a été abrogé et n'existe plus. C'est là qu'était prévu un crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Il y a des choses de ce genre.
Je pourrais vous en parler plus en détail plus tard, mais il y a aussi la question de la conception fondamentale de la règle.
Il y a différentes façons de concevoir un crédit d'impôt. Dans bien des cas, un contribuable demande un crédit pour une dépense qu'il a faite conformément aux objectifs du crédit en question. Il s'agit par exemple du crédit d'impôt pour frais d'adoption, du crédit d'impôt pour le transport en commun, du crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire ou du crédit d'impôt des enseignants. Toutes ces dispositions exigent qu'une dépense particulière ait été faite; vous demandez une déduction en fonction de cette dépense et il y a des règles empêchant la multiplication de ces déductions.
Il y en a d'autres comme le crédit d'impôt pour les pompiers volontaires et le crédit d'impôt pour les volontaires en recherche et sauvetage entre lesquels je pense que cette proposition serait placée dans la loi étant donné que ces crédits d'impôt correspondent à une activité particulière plutôt qu'à une dépense particulière. Si vous examinez le libellé du projet de loi, il ne porte pas sur la dépense précise qui est faite et on peut craindre que la déduction puisse être réclamée plusieurs fois ou même si c'est l'employeur qui paie.
La meilleure façon de l'expliquer est peut-être de prendre un exemple très simple. Disons que mon fils, qui est mon enfant admissible, suive un cours de secourisme en 2018, une fois que ce crédit aura reçu la sanction royale et sera inscrit dans la Loi de l'impôt sur le revenu. Aux fins de cet exemple, c'est un enfant intelligent qui a suivi le cours avec succès en 2018, je suis en train de remplir ma déclaration d'impôt, et je me demander si je peux réclamer ce crédit. Pour l'année fiscale au cours de laquelle il a suivi le cours avec succès — c'est donc 2018 — j'ai droit à une déduction sur l'impôt que je dois et je peux donc me prévaloir du crédit d'impôt. Il sera calculé en fonction d'un montant de 200 $ ou du coût réel de la formation selon le moindre de ces deux chiffres.
Disons que le cours a coûté 100 $, mais que l'employeur de mon fils — il travaille comme sauveteur — lui a remboursé cette dépense. Il est question ici du coût de la formation et non pas de ce qu'elle a coûté au contribuable ou du montant qu'il a payé de sa poche. Le problème est que si le cours a coûté 100 $, vous pouvez obtenir la déduction. C'est la raison pour laquelle pour le crédit d'impôt des enseignants s'appliquant aux fournitures scolaires, il y a une règle disant que vous n'obtenez pas ce crédit si vous êtes remboursé.
Dans ce cas-ci, les gens demanderaient le crédit. Ils ne gagneraient peut-être pas devant les tribunaux, mais ils pourraient le réclamer.
Si vous prenez le même exemple pour mon épouse, ma femme pourrait dire: « Notre enfant a suivi cette formation avec succès cette année-là et le cours a coûté 100 $. Je peux donc demander une déduction. »
Si le crédit est accordé parce que le cours a été suivi avec succès, c'est peut-être conforme à la politique et c'est peut-être ainsi que les gens l'interpréteraient. C'est pourquoi vous avez, par exemple en ce qui concerne le crédit d'impôt pour le transport en commun, au paragraphe 118.02(3), je crois, une règle de répartition disant que si un des conjoints réclame le crédit, l'autre ne peut pas le faire, même si leur enfant a suivi le cours.
Cela pose ce genre de problème. Dans mon exemple, il se pourrait que l'enfant — quoique l'enfant aurait sans doute 15 ans et n'aurait sans doute pas un gros revenu — ou que les deux parents obtiennent un crédit et que l'employeur obtienne une déduction, comme nous en avons discuté tout à l'heure.
La conception du projet de loi pose ce genre de problème et c'est pourquoi mon collègue, Pierre, a parlé de la possibilité d'abus.
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D'accord, monsieur le président.
Pour ce qui est de la politique fiscale, j'ai appuyé la présentation du projet de loi à la Chambre… excusez-moi; lors du vote à la Chambre, j'ai appuyé son renvoi au comité. Je suis entière d'accord avec son intention.
Néanmoins, après avoir entendu les témoignages et fait des recherches, je dois voir les choses en tant que membre de notre comité et députée au service de mes concitoyens. Un investissement de 17 millions de dollars inciterait-il davantage de gens à suivre des cours de secourisme? Même si nous prenons les chiffres de M. May selon lesquels environ 50 % des gens pourraient se faire payer le cours par leur employeur et n'auraient donc pas besoin de ce crédit, même si vous prenez le chiffre de 8,5 millions de dollars — coupons la poire en deux — pour un crédit de 15 $ à 17 $, j'ai dû y réfléchir sérieusement, car même s'il est souhaitable d'inciter les gens à suivre des cours de secourisme, j'ai des comptes à rendre à mes commettants en tant que membre du comité des finances et députée à la Chambre. Est-il raisonnable de faire une dépense fiscale de 17 millions de dollars ou 8,5 millions de dollars pour un crédit de 15 $ à 17 $? Je demande à mes collègues conservateurs d'écouter. Ce crédit ne s'applique qu'à certaines personnes.
M. Mai a reconnu, je dois dire, qu'il aurait souhaité qu'une mesure plus vaste soit possible, mais telles sont les limitations d'un projet de loi d'initiative parlementaire. Il serait déraisonnable de faire cette dépense simplement parce que nous approuvons son intention. Si c'est ce que veulent les conservateurs… ils aiment beaucoup les crédits d'impôt à la pièce, mais ils ne sont plus au gouvernement.
À mon avis, nous avons pour rôle d'examiner les intentions et d'être prudents sur le plan financier. Même si j'appuie l'intention de cette mesure et si j'incite notre gouvernement à chercher des moyens d'accroître la participation, étant le libellé actuel du projet de loi — et c'est tout ce que nous avons sous les yeux aujourd'hui — je dois appuyer la motion de M. Sorbara, car malheureusement, les paramètres fiscaux ne créeront pas l'incitatif que nous voulons. Je trouve que c'est trop cher payé.
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Oui, merci, monsieur le président.
J'ai essayé de remettre ces motions plus tôt à la greffière. Malheureusement, en raison de leur nature, je vais demander l'indulgence de mes collègues. Nous avons plusieurs dates possibles, plus précisément deux, à savoir le 22 et le 20, je crois. Excusez-moi; il s'agit du 20 mars et du 22 mars. Désolé.
Une des motions porte ceci:
Que, le 20 mars 2017, le Comité permanent des finances étudie la « Mise à jour des projections économiques et budgétaires à long terme » du ministère des Finances et qu'il fasse rapport de ses conclusions à la Chambre des communes.
Encore une fois, comme il faudrait inviter des témoins et faire bon usage de notre temps, j'espère que nous pourrons adopter rapidement cette motion.
La deuxième motion est la suivante:
Que, le 22 mars 2017, le Comité permanent des finances tienne une audience afin d'étudier les conséquences éventuelles des modifications proposées par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, soit l'adoption d'une norme d'agir au mieux des intérêts du client, l'interdiction des commissions intégrées et la mise en oeuvre de réformes ciblées, pour les conseillers financiers et pour les consommateurs, et qu'il fasse rapport de ses conclusions à la Chambre des communes.
Monsieur le président, les conseillers financiers craignent vivement que la réglementation qui est proposée ait des répercussions sur la capacité des Canadiens d'obtenir des conseils financiers de qualité, ce qui compromettrait leur capacité d'épargner pour l'achat d'une maison ou d'investir pour assurer leur prospérité à long terme.
Ces deux motions sont d'actualité, je pense. Je crois qu'elles nécessiteraient seulement, toutes les deux, une journée d'étude. Je sais, pour avoir parlé à quelques personnes dans ma région, surtout du côté des conseillers financiers, que ces règlements suscitent beaucoup d'inquiétude. En en parlant ici, au comité, nous pourrions mettre les problèmes en lumière et permettre au public d'en savoir un peu plus sur les enjeux et surtout sur les répercussions pour les consommateurs.