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Monsieur le président, distingués membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant ce comité. Mon collègue Don Coletti, qui est conseiller du gouverneur, m'accompagne aujourd'hui.
Nous sommes heureux de pouvoir contribuer à votre étude sur le marché immobilier canadien, qui arrive à point nommé. La Banque du Canada a le mandat de maintenir l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible. Vu l'importance du bon fonctionnement du système financier pour l'atteinte de notre objectif en matière d'inflation, nous publions notre évaluation de la stabilité du système financier canadien deux fois l'an dans la Revue du système financier. Mon propos aujourd'hui portera donc essentiellement sur la stabilité financière.
L'évaluation de la Banque commence par la détection des principales vulnérabilités qui touchent le système financier. C'est un exercice important, car les vulnérabilités financières peuvent contribuer à l'amplification des chocs et à leur propagation à l'ensemble de l'économie, ce qui aurait pour effet notamment d'accroître les écarts du taux d'inflation par rapport à la cible de 2 % que nous visons.
Ces dernières années, nous avons attiré l'attention sur deux vulnérabilités principales qui ont un lien avec votre étude: les niveaux élevés d'endettement des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement. Il est clair que ces deux vulnérabilités sont interdépendantes. Les ménages doivent emprunter davantage pour acheter des maisons plus coûteuses.
J'aimerais maintenant aborder brièvement chacune de ces deux vulnérabilités.
La première, l'endettement des ménages, est bien connue. Le ratio de la dette par rapport au revenu disponible, qui n'a cessé de monter depuis le début des années 2000, s'approche aujourd'hui de 170 % au Canada, mais ce ratio global ne montre rien des tendances préoccupantes concernant la répartition de cette dette. Par exemple, notre analyse révèle que la dette s'est concentrée avec le temps parmi les ménages dont le niveau d'endettement est le plus élevé. Si on les compare aux emprunteurs moins endettés, on constate que ces ménages sont généralement plus jeunes et ont un revenu moindre.
[Traduction]
La seconde vulnérabilité se rapporte aux prix des maisons, qui atteignent actuellement près de six fois le revenu moyen des ménages à l'échelle nationale, soit le plus haut niveau jamais enregistré. Ce qui est le plus inquiétant dans ce cas-ci, ce sont les déséquilibres observés dans certaines villes, plus particulièrement Toronto et Vancouver. Les hausses de prix qu'on y a constatées sont la résultante de plusieurs facteurs, qui vont de la situation démographique aux bas taux d'intérêt et aux contraintes liées à l’utilisation du sol. Nous avons également exprimé notre préoccupation à l'effet que la croissance future des prix puisse aussi jouer un rôle. Puisque ces attentes peuvent changer rapidement, les déséquilibres qui sont apparus augmentent la probabilité que des chocs économiques puissent faire chuter les prix.
Compte tenu de ces vulnérabilités, le risque le plus important pesant sur le système financier demeure une augmentation marquée et durable du chômage à l'échelle du pays, qui soumettrait beaucoup de ménages lourdement endettés à des tensions financières et entraînerait une correction des prix des logements. Selon ce scénario, les ménages réduiraient considérablement leurs dépenses de consommation tandis qu’une hausse des défauts de paiement et une baisse de la valeur des garanties exerceraient des tensions sur les prêteurs et les assureurs hypothécaires. Certes, la probabilité que ce risque se matérialise est faible, mais si c’était le cas, les conséquences de cette matérialisation seraient graves. C’est pourquoi nous estimons que ce risque est élevé.
Cela dit, je m’empresse d’ajouter que nous avons réalisé des simulations à l’aide de modèles afin d'analyser l'incidence d'un tel choc, et les résultats montrent que les volants de sécurité dont dispose le système financier canadien seraient suffisants pour en amortir les effets. Par conséquent, même si des tensions pourraient s’ensuivre, le système financier resterait résilient.
[Français]
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral a apporté d'importantes modifications aux règles de financement du logement, à l'automne dernier. Avec le temps, ces changements devraient ralentir la croissance du nombre de ménages lourdement endettés en augmentant la résilience des emprunteurs face à de possibles vents contraires dans l'avenir. Nous ne nous attendons pas à ce que les mesures réglementaires atténuent cette vulnérabilité du jour au lendemain, puisqu'il faudra du temps avant de voir une baisse marquée du nombre de ménages fortement endettés.
Il convient de souligner également que, en vertu des nouvelles règles de financement hypothécaire, la capacité des emprunteurs d'assurer le service de leur dette doit désormais être évaluée en fonction d'un taux d'intérêt supérieur au taux du marché. De plus, les demandeurs de prêts doivent démontrer qu'ils sont en mesure d'assumer non seulement les coûts associés au service de leur dette hypothécaire, mais également ceux de l'ensemble des prêts à la consommation qu'ils ont contractés.
Nous sommes d'avis que ces règles plus rigoureuses réduiront les vulnérabilités, non seulement à Toronto et à Vancouver, mais aussi dans les villes où le prix des maisons n'est pas aussi élevé par rapport au revenu, notamment à Montréal et Halifax, mais également ici, dans la région d'Ottawa-Gatineau.
Enfin, je voudrais faire remarquer que la meilleure façon pour la Banque du Canada de contribuer à la stabilité financière à long terme est de maintenir l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible.
Pour réaliser notre mandat axé sur l'inflation, nous avons abaissé le taux d'intérêt après la crise financière et à deux reprises depuis 2014, lorsque les prix du pétrole se sont effondrés.
Nos interventions ont favorisé la croissance des revenus ainsi que la reprise économique et, au fil du temps, la réduction des tensions financières auxquelles les ménages sont soumis. Cette politique, jumelée à d'autres outils macroprudentiels visant directement l'atténuation des vulnérabilités financières, contribue à préserver la stabilité de notre système financier.
Je vous remercie de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir d'être ici.
Comme vous le savez, notre président-directeur général, Evan Siddall devait rencontrer le Comité aujourd'hui. Malheureusement, M. Siddall ne peut pas être présent, mais il nous a demandé de faire cette déclaration en son nom.
[Français]
Nous sommes heureux d'avoir cette occasion de contribuer à l'examen, par le Comité, des questions relatives au marché immobilier résidentiel et à l'accession à la propriété.
En tant qu'autorité en matière d'habitation au Canada, la SCHL surveille de façon permanente les marchés du logement et entreprend des recherches et des analyses pour appuyer des politiques et des analyses éclairées. Cela est essentiel pour remplir notre mandat législatif, qui est de faciliter l'accès au logement et de contribuer à la stabilité du système financier canadien.
[Traduction]
Un solide exercice de modélisation statistique entrepris l’an dernier par notre équipe d’analyse du marché de l’habitation confirme que les facteurs les plus importants des hausses des prix des logements à long terme sont d’ordre économique: l’augmentation des revenus disponibles, l’afflux de personnes et les faibles taux d’intérêt.
Trois autres facteurs contribuent à la dynamique des prix à plus court terme qui affecte actuellement certains centres urbains, notamment Toronto et Vancouver. Ils comprennent l’accélération financière en raison d’investissements nationaux et étrangers, et les conséquences de l’inégalité croissante des revenus et de la richesse. En ce qui concerne ce dernier facteur, les personnes au revenu plus élevé peuvent obtenir des prêts hypothécaires plus importants et acheter des maisons plus grandes et plus luxueuses. En effet, c’est dans le segment des maisons individuelles plus coûteuses que les prix ont le plus augmenté à Toronto et à Vancouver ces dernières années, ce qui coïncide avec l’inégalité croissante des revenus dans ces villes.
La faiblesse et la lenteur de la réaction du côté de l’offre sont peut-être un facteur encore plus important du prix des logements. Les contraintes géographiques à Toronto et à Vancouver, ainsi que les règlements sur l’utilisation des terrains, les droits exigés et les longs processus d’approbation limitent la construction et font augmenter les prix encore plus. Il est évident qu’une augmentation de l’offre tempérerait la hausse des prix et atténuerait le défi que cela présente pour l’accession à la propriété.
À 69 %, le taux de propriété résidentielle du Canada figure parmi les plus élevés au monde, et cela inclut les taux de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Australie et bien d'autres pays de l’OCDE. Bien qu’il faille poursuivre les recherches, les études d’autres pays confirment que l’accession à la propriété est liée à des résultats sociaux et économiques positifs, comme de meilleurs résultats en éducation, un engagement communautaire plus grand et une accumulation de richesse. Je dois toutefois préciser qu’une grande partie des recherches a été effectuée avant la crise financière.
Mais on craint de plus en plus que l’escalade des prix empêche de nombreux Canadiens, y compris de jeunes familles à revenu moyen, d’accéder à la propriété. Cela pourrait avoir des conséquences non seulement pour ces familles, mais pour l’économie en général. Par exemple, le coût élevé des logements pourrait inciter les travailleurs à rester dans des économies moins productives au lieu de déménager dans des économies plus productives. Cette réaction bien humaine entraîne une perte nette importante pour le pays dans son ensemble.
La SCHL a comme mandat de faciliter l'accès au logement, y compris en favorisant le fonctionnement efficient du marché du financement de l'habitation pour permettre l’accession à la propriété, mais aussi d’encourager la stabilité du système financier. En poursuivant ces objectifs, nous devons prendre garde de ne pas aider les Canadiens à acheter des logements peut-être trop chers pour leurs moyens.
L’endettement des ménages a atteint des niveaux record au Canada, à 165 % du revenu disponible, et les prêts hypothécaires résidentiels représentent environ 72 % de la dette des consommateurs. Nos collègues à la Banque du Canada continuent d’affirmer que cet endettement est la principale vulnérabilité de la stabilité financière au Canada.
Des inquiétudes ont été exprimées concernant la capacité d'achat des accédants à la propriété. Toutefois, le soutien ne doit pas être illimité, et il y a amplement de mesures pour les accédants à la propriété, notamment le Régime d’accession à la propriété du gouvernement fédéral, l’assurance prêt hypothécaire qu’il garantit, et diverses mesures provinciales. L’encouragement excessif de l'achat de logements expose les personnes vulnérables à un risque financier trop grand, fait augmenter davantage les prix sur les marchés où l’offre est inélastique — ce qui favorise les vendeurs au détriment des acheteurs — et compromet nos perspectives économiques. Et la dernière chose que nous voulons, c’est que les gens perdent leur chez-soi.
Le plus récent rapport de la SCHL sur l’évaluation du marché de l’habitation, publié il y a quelques jours seulement, confirme que nous avons de bonnes raisons de nous inquiéter des conditions sur le marché du logement. Il présente des preuves solides de l’existence de conditions problématiques sur les marchés de l’habitation dans l’ensemble du Canada. Nous avons noté cela pour la première fois dans notre évaluation du marché de l’habitation de l’automne 2016. Depuis, les conditions ont empiré à Victoria, bien que des données indiquent que les conditions problématiques se sont atténuées à Calgary.
En tant que conseiller du gouvernement en matière de logement, nous avons donc appuyé les efforts du ministre des Finances pour freiner l’activité excessive sur les marchés de l’habitation.
[Français]
L'automne dernier, le gouvernement du Canada a resserré les règles sur l'admissibilité aux prêts hypothécaires assurés, en vue de renforcer le système canadien de financement de l'habitation et d'aider à protéger la sécurité financière à long terme des emprunteurs ainsi que celle de tous les Canadiens.
Ces changements se voulaient une réponse au concert de commentaires, provenant du FMI et de l'OCDE, entre autres, selon lesquels le gouvernement fédéral assumait un trop grand risque à l'égard des marchés de l'habitation.
Tous les prêts hypothécaires assurés seront notamment soumis à une simulation de crise. Dorénavant, le taux affiché de la Banque du Canada, qui est habituellement supérieur aux taux contractuels, doit être utilisé dans la souscription de tous les prêts hypothécaires garantis. Cette mesure contribuera à contrebalancer l'effet hautement stimulant des faibles taux d'intérêt.
Deuxièmement, même si les prêteurs peuvent continuer d'offrir des modalités plus flexibles pour les prêts non assurés, l'assurance prêt hypothécaire garantie par le gouvernement ne sera plus offerte pour les prêts hypothécaires visant les propriétés évaluées à plus de 1 million de dollars ou dont la période d'amortissement est supérieure à 25 ans.
Nous prévoyons que ces changements apportés à la politique macroprudentielle modéreront la demande de logement, ce qui limitera les hausses de prix, rendra les logements plus abordables et favorisera la croissance économique.
[Traduction]
Nous avons observé des réductions modestes de l'activité, mais il est trop tôt pour déterminer si les changements atteignent effectivement ces objectifs. L'activité au printemps, habituellement très forte sur les marchés de l'habitation, aidera à confirmer toute tendance à long terme.
À la fin de février, la consultation publique lancée par le ministre des Finances, M. Morneau, sur le partage des risques avec les prêteurs pour les prêts hypothécaires assurés garantis par le gouvernement prendra fin. Nous avons hâte d'explorer cette idée qui, selon nous, rendra le système de logement plus résilient en augmentant la participation des prêteurs à la gestion et à la répartition des risques.
Actuellement, les prêteurs réglementés ne sont pas tenus de constituer des réserves de capital pour les risques liés aux prêts hypothécaires garantis. Le mauvais alignement des intérêts qui pourrait en résulter, qui pourrait même créer un aléa moral, nous inquiète.
Le partage des risques avec les prêteurs a pour but de rééquilibrer les risques dans le système de financement de l'habitation en exigeant que les prêteurs gèrent une partie modeste des pertes sur prêts hypothécaires assurés en défaut de paiement. Cela fera en sorte que les incitatifs de toutes les parties à un prêt hypothécaire assuré sont alignés sur la gestion des risques associés au logement et sur le renforcement accru du marché du logement et du système financier du Canada.
À la SCHL, nous estimons qu'un niveau modeste de partage des risques avec les prêteurs pourrait faire augmenter le taux standard des prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans de 10 à 40 points de base, selon le risque de défaut posé par un prêt hypothécaire donné.
En tant que société d'État dont le mandat consiste à contribuer à la stabilité financière du pays, la SCHL doit être un chef de file en gestion des risques en matière de logement. Récemment, nous avons considérablement renforcé nos politiques et pratiques de gestion des risques, et nous continuerons de le faire.
Afin d'assurer la responsabilisation, nous avons délibérément augmenté la transparence et l'ouverture de nos rapports et analyses et de notre présence publique. Je suis donc reconnaissant d'avoir eu cette occasion de m'adresser à vous et d'appuyer votre travail.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, au nom du surintendant et de mes collègues au BSIF, de l'invitation à comparaître aujourd'hui.
La santé du secteur immobilier est importante pour l'économie canadienne et son secteur financier, et nous sommes heureux de pouvoir participer aux travaux du Comité.
Le BSIF est l'organisme de réglementation et de surveillance prudentielles des institutions financières fédérales. Nous surveillons notamment les banques, les sociétés d'assurances, les sociétés de fiducie et les régimes de retraite privés. Quelque 80 % des prêts hypothécaires souscrits au Canada sont détenus par des institutions financières qui relèvent du BSIF, et les prêts hypothécaires résidentiels représentent presque 30 % de l'actif des banques qui sont de notre compétence. Nous surveillons et examinons notamment les activités des trois sociétés d'assurance prêt hypothécaire qui exercent des activités au Canada, y compris la SCHL. Par conséquent, le BSIF s'intéresse de près aux activités à risque qui ont une incidence sur le marché hypothécaire, dont la souscription et les mesures que prennent les prêteurs et assureurs hypothécaires pour gérer les risques qui découlent de ces activités et les facteurs de risque plus étendus, tels que la conjoncture économique et le dossier des taux d'intérêt. Le mandat du BSIF consiste à protéger les déposants, souscripteurs et créanciers des institutions financières que nous supervisons, tout en leur permettant de faire face à la concurrence et de prendre des risques raisonnables.
Du point de vue des stratégies, le BSIF s'acquitte de son mandat par l'entremise de deux activités: établir des principes et des normes de saine gestion sous forme de lignes directrices et de consignes stratégiques à l'intention des institutions financières, et établir des normes minimales quant à la quantité et à la qualité des capitaux que les institutions financières doivent détenir.
Le BSIF énonce clairement ses attentes en ce qui a trait aux mesures de gestion des risques liés à la souscription de prêts hypothécaires résidentiels dans deux documents distincts: la ligne directrice B-20, à l'intention des sociétés qui octroient des prêts hypothécaires, et la ligne directrice B-21, à l'intention des assureurs hypothécaires.
Les normes de solvabilité auxquelles doivent souscrire les banques et les sociétés d'assurances sont constamment réévaluées par le BSIF. Nos normes sont conçues pour faire en sorte que les prêteurs et les assureurs aient les ressources nécessaires pour absorber des pertes lourdes mais plausibles.
Du point de vue opérationnel, le BSIF s'acquitte de son mandat par l'entremise d'un régime de surveillance rigoureux qui marie suivi permanent et examens réguliers, dans le but de veiller à ce que les institutions financières souscrivent à ses lignes directrices et à ce que leurs capitaux et réserves de liquidités soient à la mesure de leur profil de risque.
Comme tous les autres organismes de réglementation du secteur financier, le BSIF a consacré beaucoup d'efforts au cours des dernières années à remanier ses politiques et ses pratiques en fonction des leçons qu'il a tirées au lendemain de la crise financière. Parmi les plus importantes de ces leçons, nous avons constaté que les facteurs de vulnérabilité qui s'accumulent dans le marché hypothécaire résidentiel, tels que des prix élevés dans certains marchés du logement et un nombre accru de ménages lourdement endettés, peuvent être sources d'instabilité financière et de replis importants de l'activité économique. L'effritement des structures de financement et de règles et consignes en matière de prêts jumelé à des motivations incompatibles encourageant la prise de risque excessif peuvent exacerber ces facteurs de vulnérabilité.
Depuis la crise financière, le BSIF a révisé à bien des égards les consignes stratégiques et les normes de solvabilité auxquelles doivent souscrire les prêteurs et les assureurs hypothécaires. Ces révisions découlent des leçons qu'il a tirées et des facteurs de vulnérabilité qui caractérisent le marché canadien. C'est ainsi qu'il a récemment instauré de nouvelles normes en vertu desquelles certains prêteurs hypothécaires devront dorénavant détenir plus de capitaux au titre des prêts hypothécaires octroyés dans les régions où le prix du logement augmente de façon nettement plus rapide que le revenu des ménages. Nous avons également modifié la formule que les assureurs hypothécaires doivent utiliser pour calculer le capital requis en fonction de paramètres élargis.
En plus de ces modifications, le BSIF a resserré la surveillance des prêts hypothécaires et ses attentes en ce qui a trait aux pratiques entourant la souscription de prêts hypothécaires. L'été dernier, nous avons écrit aux institutions financières pour leur rappeler de ne pas se fier outre mesure à la valeur de la sûreté découlant des actifs immobiliers et de faire preuve de toute la diligence voulue lorsqu'elles examinent la capacité de remboursement de l'emprunteur et son empressement à respecter les délais établis. Cette lettre a été suivie par des examens ciblés.
Ce ne sont là que quelques exemples de mesures qu'a prises le BSIF afin d'inciter les entités réglementées à se montrer prudentes lorsqu'elles octroient des prêts hypothécaires ou les assurent, ce qui leur confère plus de résilience en cas de choc défavorable et les prépare à toute éventualité.
Avant de terminer, j'aimerais ajouter que bien qu'il ait été constitué en tant qu'organisme de réglementation indépendant, le BSIF ne fonctionne pas en vase clos. À l'échelon fédéral, il collabore avec quatre acteurs clés: le ministère des Finances, mes collègues ici à la Banque du Canada, l'Agence de la consommation financière du Canada et la Société d'assurance-dépôts du Canada. Bien que chacun ait son rôle à jouer et son propre secteur d'activité, nous faisons tous front commun afin de conserver au système financier canadien sa vigueur et sa stabilité, lui permettant ainsi d'inspirer confiance aux Canadiens.
Merci de votre temps. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de reprendre le travail au Parlement. J'aimerais d'abord vous dire quelques mots. J'ai pris le temps de lire les rapports de la RSF de décembre et de juin, de même que les commentaires de M. Siddall de la SCHL sur Vancouver et Londres et le rapport de la SCHL. Je m'intéresse au travail du BSIF parce qu'il faisait partie de mon ancienne vie.
Le discours de M. Rudin sur les prêts hypothécaires résidentiels sains dans un environnement changeant, prononcé le 28 novembre 2016, et ses commentaires sur le capital bancaire étaient intéressants. Je souligne aussi toutes les mesures prises par le gouvernement à l'égard du marché immobilier.
Je regarde cela et je me demande pourquoi je suis inquiet. Si je peux me permettre la référence, je me demande où se trouve le cygne noir. Est-ce qu'il existe et pouvons-nous même le trouver? Habituellement, on le trouve après coup. Qu'est-ce qui pourrait déclencher un événement au sein de notre marché immobilier?
Je regarde ce qui s'est passé aux États-Unis. Nous n'avons pas de prêts « NINJA »; nous n'avons pas d'hypothèques à taux révisable; notre marché n'est pas à risque comme le leur. Nos normes relatives à la souscription sont excellentes, mais nos ménages sont endettés. Notre marché est déséquilibré en raison de l'offre et de nombreux changements réglementaires s'opèrent. Donc, je me demande quel événement pourrait nous causer du tort et quel événement exogène pourrait être pire encore. Ce pourrait être un événement réglementaire à la suite d'une mesure réglementaire, et c'est le côté exogène qui me fait peur.
La chose la plus simple qui me vient en tête, c'est l'emploi ou une sorte de choc pour le système, qui entraînerait des baisses dans le domaine de l'automobile et de l'immobilier. Nous savons toutefois que les Canadiens paient leurs factures. Nous sommes les meilleurs consommateurs au monde. On n'a qu'à regarder les données pour le constater. C'est ce que j'ai constaté dans mon ancienne vie et je m'intéresse toujours à la question.
Je regarde le marché immobilier canadien et je constate que nous avons des marchés régionaux. Les mesures prises à l'échelle nationale peuvent avoir des conséquences imprévues dans certains marchés. Les marchés de Toronto et de Winnipeg sont très différents. Je dirais que les marchés immobiliers de Toronto et de Vancouver ressemblent à ceux de Londres et de New York il y a 20 ou 30 ans, c'est-à-dire qu'un prix d'achat d'un million de dollars, qui n'est plus couvert par un prêt assuré, n'est rien de plus que cela. À ce prix-là, on n'a pas de cour arrière. Pour cela, il faut aller dans les banlieues.
Bon nombre des mesures prises par le gouvernement visent uniquement le marché assuré, qui représente 20 % du marché hypothécaire, tandis que 80 % du marché est de type traditionnel. Vous me corrigerez si je me trompe, mais 20 % est assuré et 80 % ne l'est pas. L'équation du prix des maisons ne se fonde pas sur le premier acheteur, mais bien sur l'acheteur traditionnel, c'est-à-dire l'acheteur à faible ratio.
En ce qui a trait à l'équation du prix des maisons, ce sont les déséquilibres du marché qui m'inquiètent le plus, le facteur de l'offre, et non le premier acheteur. C'est une chose. Ma question est donc, qu'est-ce qui nous inquiète? Je comprends que la stabilité financière est importante. Depuis 2008, nous avons adopté une tonne de mesures... les lignes directrices B-20 et B-21, et d'autres. Les nouvelles primes d'assurance hypothécaire plus élevées de la SCHL sont entrées en vigueur plus tôt cette semaine.
Monsieur Tremblay, le partage des risques est une mauvaise idée. Dans certains marchés du Canada, les consommateurs écoperont de 30 à 50 points de base, surtout dans les régions dont la croissance économique est plus faible.
Je vais m'arrêter là. Nous disposons de trois minutes pour les commentaires. Je pourrais parler de ce sujet pendant une heure, comme vous pouvez le constater.
Je vais en rester là, mais je vous demande où se trouve le cygne noir qui pourrait nuire au marché immobilier canadien. Vous avez chacun 45 secondes pour me répondre.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être ici. Je suppose, pour donner suite à ce qui a été dit, qu'il n'est pas vraiment surprenant que je sois un peu en désaccord avec mon collègue. Pour ce qui est d'adopter une approche ciblée par rapport à une approche universelle, je vois un peu les changements à l'emprunt comme une approche plus ciblée, car si je comprends bien — et corrigez-moi si je me trompe —, tout est relatif. Ce qui importe n'est pas le marché immobilier ou le prix d'une maison dans un marché donné, mais plutôt le niveau d'endettement. Donc, lorsqu'une personne est endettée à l'Île-du-Prince-Édouard, ou achète une maison à Toronto, mais qu'elle est faiblement endettée, c'est à ce moment-là qu'elle est concernée. En revanche, lorsqu'une personne n'est pas fortement endettée, le marché dans lequel elle se trouve n'a alors aucune importance, car elle pourra gérer la situation. Lorsque l'endettement est trop élevé par rapport au revenu, il s'agit alors d'un grand risque, et le gouvernement veut essentiellement éviter que le système s'effondre; il veut que les gens puissent continuer de payer leurs factures en fonction de leur revenu relatif.
Ce qui me préoccupe beaucoup, c'est lorsque... Avec tout le respect, je n'ai rien contre le fait que des gouvernements adoptent ce genre d'approche, par exemple en Colombie-Britannique, à Vancouver, car je suis certaine que c'est extrêmement important ou nécessaire. Cela dit, pour quelqu'un comme moi qui viens de la région du Grand Toronto, je sais que lorsqu'on s'attaque à une chose quelque part, elle se manifeste avec plus de force ailleurs. Cela ne fait encore que commencer, mais d'après ce que nous voyons dans le marché à Vancouver, il semble y avoir certains indices ou une certaine reconnaissance que certains des changements apportés récemment pour tenir compte des investissements étrangers fonctionnent. Dans la région du Grand Toronto, l'endroit d'où je viens, on observe une hausse.
Comment pouvons-nous alors créer un système qui est équitable et contrôlé sans s'immiscer dans un ou plusieurs autres marchés ou exercer des pressions sur ces marchés? C'est une affirmation passablement très générale, mais je pense qu'il serait plus pertinent de poser une question dans la même veine que celles de M. Grewal. À défaut de faire un suivi des investissements étrangers, par exemple les paiements en espèces, on ne met pas vraiment en évidence une partie des risques. Il y a des secteurs de la région du Grand Toronto — si le marché de Vancouver s'est maintenant déplacé, par exemple... Nous ne faisons pas de suivi des investissements étrangers faits au moyen de paiements en espèces et nous n'évaluons pas vraiment les risques connexes qui se manifestent ailleurs, le premier étant l'effet sur la valeur des maisons. Faites-vous confiance au processus d'évaluation alors que les maisons sont achetées en recourant à des moyens ne faisant pas l'objet d'un suivi?
C'est une question générale, et tout le monde peut donc y répondre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie chacun de vous d'être ici. Les Canadiens se fient à leurs institutions pour leur donner confiance dans le fonctionnement efficace des marchés, et nous, les parlementaires et les décideurs, nous nous fions à votre témoignage pour nous conforter dans l'idée que nos stratégies contribueront à améliorer l'économie et non le contraire.
Quand M. Sorbara vous a demandé quel était le principal risque, je n'étais pas tout à fait d'accord avec certaines réponses. J'espère que vous pourrez me convaincre que je m'inquiétais à ce sujet pour rien.
Mon inquiétude, c'est le vieillissement des baby-boomers. Ils ont mis plus de temps à rembourser leurs emprunts hypothécaires, parfois inversés, ce qui a limité l'offre sur le marché de l'habitation et poussé vers le haut le prix des maisons. Ensuite, bien sûr, comme ils transmettent tous des niveaux plus élevés d'endettement à cause de leur maison, ils vont répercuter toute la force de cette demande sur le marché très rapidement, sur vingt ans, à compter de très bientôt.
Les Canadiens de 20 ans et moins sont 7,9 millions; ceux de 50 à 70 ans, 9,64 millions. On constatera cet excédent de l'offre à mesure que ces vieux déménageront et que la nouvelle génération qui répondra à cette offre ne sera pas assez nombreuse, et je laisse de côté un instant l'effet de l'immigration. Ce nouveau problème intergénérationnel est que ces hypothèques ou que ces maisons qui reviennent alimenter l'offre correspondent à un endettement élevé, qui n'est pas le même que celui des générations antérieures.
Monsieur Leduc, vos modèles d'analyse des effets d'un tel choc qui vous disent que les facteurs internes de protection du système financier canadien suffiraient à la tâche, répondent à votre crainte première: chômage accompagné d'endettement accru puis augmentation des taux d'intérêt.
Pouvez-vous me rassurer en me disant que vous avez analysé la situation que je viens de présenter et que c'est un risque qui n'est pas supérieur à celui que vous avez exposé, que vos modèles ont pris en considération mes craintes?
J'aimerais revenir sur quelques éléments qui ont été mentionnés jusqu'ici, entre autres par M. Liepert, et aborder également la question de la démographie.
Les mesures annoncées et prises par le ministère des Finances touchent généralement la demande. On essaie de diminuer la demande, dont l'accroissement est causé par des facteurs x, y et z. Bien souvent, c'est indépendant de notre volonté ou de celle du gouvernement fédéral.
Le problème, c'est qu'en voulant toucher la demande, on touche aussi l'offre. On a parlé du nombre de mises en chantier. Au Québec, on pense qu'il y aura une diminution d'environ 10 % l'an prochain à ce chapitre, en grande partie en raison des mesures qui ont été prises par le gouvernement fédéral. En plus de cela, il y a l'aspect démographique. Il y aura de plus en plus de mises en vente de maisons et, par conséquent, il n'y aura pas besoin de nouvelles mises en chantier.
De quelle manière le gouvernement fédéral peut-il avoir, si tant est qu'il le peut, un réel effet sur la demande, particulièrement dans un contexte où la situation est différente d'une province à l'autre?
Cela m'amène à une deuxième question, que je vais poser en même temps. Comme députés fédéraux, nous aimons beaucoup donner du pouvoir au gouvernement fédéral. Cependant, n'y aurait-il pas moyen de donner davantage de pouvoir aux gouvernements provinciaux, étant donné que la réalité des provinces, ou à tout le moins celle des régions, est différente?
Les mesures qui sont prises par le gouvernement fédéral peuvent être positives pour certains secteurs et extrêmement négatives pour d'autres. Pourquoi le gouvernement fédéral ne pourrait-il pas encourager les provinces et même les aider à faire face à des réalités qui leur sont particulières?
Je lance la question à quiconque veut y répondre, mais je m'adresse particulièrement aux représentants de la Banque du Canada ou de la SCHL.
En fait, la première question est de savoir s'il y a moyen de changer la demande sans altérer l'offre, sinon les deux mesures risquent de s'annuler. La deuxième question vise à savoir s'il serait souhaitable que le gouvernement fédéral, au lieu d'agir directement dans le marché, vienne plutôt en aide aux provinces afin qu'elles puissent agir dans leur marché respectif.
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Merci, monsieur le président.
J'ai quelques observations complémentaires. Dans le marché actuel de l'habitation au Canada, on peut vraiment se réjouir qu'environ 40 % des propriétaires n'aient pas d'hypothèque. La dernière fois que j'ai vérifié, le taux était de 37 % dans ma circonscription.
Autre facteur réconfortant: les frais d'intérêts sont déductibles du revenu imposable, comme aux États-Unis, ce qui encourage les Canadiens à rembourser le plus rapidement possible l'emprunt hypothécaire.
Autre bonne nouvelle pour le Canada, environ 100 000 nouveaux arrivants veulent vivre, travailler, étudier et élever une famille dans la conurbation de Toronto. Le problème est que le marché de l'habitation est déséquilibré, l'offre de nouvelles maisons prend beaucoup de temps à arriver sur le marché, soit en raison des règlements municipaux ou des problèmes de zonage dont la province s'est déchargée sur les municipalités.
Sur le plan démographique, la croissance du marché est favorisée par l'arrivée de nombreux nouveaux acheteurs, immigrants ou simplement arrivants de différentes régions du Canada. Nous avons mis en place de nouvelles mesures.
Si vous voulez revenir jusqu'en 2008 ou seulement parler de la situation actuelle, les mesures qui viennent d'être prises, qu'entrevoyez-vous, anecdotiquement, pour les consommateurs? Qu'entrevoyez-vous sur le choix, la concurrence et, de mon point de vue, la liquidité du marché hypothécaire canadien? Je pense qu'il faut tenir compte de ces facteurs. La Banque du Canada prévoit que le bâtiment aura un effet négatif sur la croissance du PIB de 0,3 % l'année prochaine. Le risque, à cet égard, peut être minime.
Je suis curieux de savoir si vous avez des témoignages anecdotiques ou des données sur l'évolution du marché de l'habitation. Si vous voulez revenir aux 15 modifications ou simplement à celles qui datent d'octobre, qu'est-ce que chacune de vos organisations a vu à ce sujet?
Merci.
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Lorsque la province décide d'instaurer une taxe sur les ventes d'immeubles résidentiels aux acheteurs étrangers qui, en théorie, donne le pouvoir à la Ville de Vancouver, par sa charte, d'imposer cela à un ressortissant étranger, et que, tout à coup, le ministère des Finances établit de nouvelles règles et pourrait, comme le pensaient des gens, provoquer un énorme choc, cela ne signifie-t-il pas que nous allons trop vite? Or, je m'écarte du sujet.
Monsieur le président, il y a eu des discussions au sujet de préoccupations par rapport à la dette à la consommation. Je sais que, et bien des publicités m'étonnent, certaines personnes achètent des véhicules très dispendieux et ont des arrangements de paiement à très long terme. C'est préoccupant, mais nous avons aussi, ici à Ottawa, un gouvernement qui ajoute des charges sociales et des taxes sur le carbone et qui rend plus difficile pour les gens l'achat d'une maison, qui peut leur permettre, en fait, d'épargner sous la forme de la constitution d'un avoir. Nous savons tous que nos maisons sont notre plus grande source à cet égard.
Je trouve intéressant que vous soyez tous préoccupés par la dette à la consommation et par la capacité des gens de payer une hypothèque. Je suppose que cela nous ramène à votre point, soit que vous ne donnez qu'une partie des conseils à la personne qui prend les décisions. C'est seulement que je trouve sidérant parfois que nous critiquions ce que font des municipalités, des provinces ou des territoires alors que nous faisons souvent les mêmes choses.
Quoi qu'il en soit, notre discussion est très utile, du moins en ce qui me concerne.
Je souhaite revenir sur la question des hypothèques. Nous en avons déjà parlé un peu. J'ai dit que je m'inquiétais à propos de la compétitivité du secteur, en particulier concernant ce que proposent les prêteurs uniques. Je vais lire quelque chose, et j'aimerais obtenir vos observations, madame, et peut-être celles d'autres personnes parmi vous.
Le gouvernement fédéral garantit à 100 % les obligations d'assurance hypothécaire de la SCHL, une démarche unique par rapport à d'autres pays. Un programme de partage des risques avec les prêteurs augmenterait les risques liés au financement des hypothèques et le capital requis pour les prêteurs. Encore une fois, bien que les banques soient suffisamment capitalisées, ce n'est pas le cas des petits prêteurs et, par conséquent, il faudrait augmenter les taux des prêts hypothécaires pour compenser des risques supplémentaires, ce qui entraînerait une hausse des coûts pour les consommateurs. De plus, à mesure que les prêteurs uniques qui ne sont pas capables de réunir assez de capitaux cesseront leurs activités ou fusionneront avec d'autres pour demeurer dans le marché, il y aura moins de concurrence parmi les prêteurs, ce qui entraînera une hausse des taux et des coûts pour les emprunteurs...
Du côté du consommateur, encore une fois, la conséquence directe, ce serait que le logement devienne moins abordable plutôt que plus abordable. À notre avis, ce n'est pas nécessaire étant donné que le taux de défaut est faible, soit environ 0,28 %, et que la SCHL a plus de réserves qu'il n'en faut pour couvrir les prêts hypothécaires en cours dans le cas improbable d'une hausse importante des défauts de paiement.
À mon avis, cela semble indiquer que si nous poursuivons dans cette voie, des Canadiens ne pourront pas opter pour le refinancement. Ils seront consternés de le constater. Le marché deviendra beaucoup moins concurrentiel et les prix augmenteront globalement. N'est-ce pas à l'opposé de ce que nous souhaitons? Pouvez-vous m'expliquer le côté positif de cette politique?
:
Merci beaucoup, monsieur Easter.
Bonsoir tout le monde. Nous tenons à remercier le Comité de nous avoir donné l'occasion de contribuer à son étude sur le marché immobilier et l'accession à la propriété au Canada. L’Association des banquiers canadiens représente 59 banques membres, soit des banques canadiennes ainsi que des filiales et des succursales de banques étrangères exerçant des activités au Canada, et leurs 280 000 employés.
Je suis accompagné aujourd’hui par M. Robert Hogue, économiste principal à la Banque Royale du Canada. Comme vous le savez peut-être, M. Hogue est l’un des principaux experts du marché immobilier canadien.
De prime abord, je dois indiquer que, comme on en a déjà longuement discuté, même aujourd'hui, il n’y a pas un seul marché immobilier au Canada. On retrouve plutôt plusieurs différents marchés à travers le pays, où les prix de l’immobilier sont affectés par une myriade de facteurs relatifs à l’offre et à la demande. Le facteur commun à tous ces marchés est le niveau historiquement bas des taux d’intérêt. Il existe évidemment d’autres facteurs — locaux ceux-ci — tels que l’attrait de la ville ou de la région comme endroit pour vivre et travailler, les règles d’utilisation du sol, les restrictions de zonage, la disponibilité relative de certains types de logements, ainsi que la croissance de la population et des emplois.
Par exemple, à Vancouver et à Toronto, les prix ont augmenté au cours des dernières années, alors que dans les régions productrices de pétrole, il y a eu une baisse du prix de l’immobilier ou une augmentation négligeable. Dans le reste du pays, la hausse du prix du logement a été plus modérée. Par conséquent, l’élaboration de politiques et de règlements en matière de logement doit tenir compte de ces variables qui caractérisent chacun des marchés immobiliers.
Votre comité est au courant des changements apportés par le gouvernement fédéral au marché hypothécaire et au marché du logement ces dernières années. Par exemple, sur le plan des hypothèques assurées, le gouvernement a réduit la période d’amortissement maximale, a augmenté la valeur du versement initial minimal et a introduit des simulations de crise encore plus rigoureuses.
Nous comprenons et nous appuyons l’objectif du gouvernement fédéral de préserver la stabilité des marchés immobiliers à l’échelle du Canada. Étant donné que l’effet de certains de ces changements ne s’est pas encore fait pleinement sentir, nous sommes d’avis qu’il serait prudent d’attendre et d’évaluer les conséquences des récents changements avant d’envisager l’adoption de nouvelles mesures. Les banques canadiennes ont toujours usé de prudence dans leur octroi de prêts hypothécaires. Qui plus est, la grande majorité des Canadiens sont des emprunteurs responsables qui utilisent judicieusement le crédit. Ces réalités sont confirmées par la forte performance des portefeuilles hypothécaires des banques avant, pendant et après la crise financière mondiale.
L’ABC suit de près les statistiques sur les prêts hypothécaires en souffrance, soit les hypothèques dont le versement est en retard de plus de 90 jours. Actuellement, le taux canadien des hypothèques en souffrance se place à 0,28 %, proche du faible taux affiché avant la crise financière mondiale. Au cours de la crise financière, ce taux a atteint les 0,45 % au Canada. À titre de comparaison, le taux des prêts hypothécaires en souffrance aux États-Unis durant la crise financière dépassait 5 %, ce qui représente plus de 11 fois le taux canadien.
Depuis les années 1990, ce taux n’a jamais dépassé les 0,65 % au Canada. En d’autres termes, nous avons eu deux décennies de stabilité, durant des périodes de fort et de faible taux de chômage, de fluctuation des taux d’intérêt et de fluctuation du dollar canadien. Lorsqu’il s’agit de prêts hypothécaires, les banques du Canada affichent une solide feuille de route, ancrée dans des normes de souscription élevées, qui sont devenues plus rigoureuses depuis la crise financière. Les banques suivent les mêmes processus d’évaluation et de souscription, que l’hypothèque soit assurée ou non.
Également, les banques ont de nombreuses exigences pour l’octroi d’un prêt hypothécaire initial, notamment la vérification de l’identité de l’emprunteur, son statut professionnel, son revenu et son historique de crédit. Par ailleurs, au moment de décider de l’octroi du prêt hypothécaire, les banques considèrent comme essentielles la volonté et la capacité dont a fait preuve l’emprunteur pour rembourser ses dettes à temps.
Les banques au Canada effectuent des simulations de crise rigoureuses afin de s’assurer que les emprunteurs seront en mesure de payer leur prêt hypothécaire si les conditions économiques changent. Par exemple, les banques utilisent dans leur évaluation un taux d’intérêt supérieur au taux auquel un emprunteur est admissible, ce qui permet de confirmer sa capacité de paiement si les taux d’intérêt augmentent. Il importe également d'indiquer que le Bureau du surintendant des institutions financières joue un rôle important de supervision des pratiques de souscription des banques.
En conclusion, les banques prennent au sérieux le rôle qu’elles jouent, aux côtés du gouvernement, des organismes de réglementation et des emprunteurs, pour s’assurer que les marchés hypothécaires et immobiliers au Canada demeurent stables et solides .
Encore une fois, je tiens à remercier les membres du Comité de nous avoir donné cette occasion de présenter le point de vue du secteur bancaire sur les marchés immobiliers au Canada. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui devant le Comité pour parler de l'accession à la propriété au Canada.
Comme vous le savez sans doute, notre association représente les intérêts du secteur canadien du logement social, abordable et sans but lucratif.
Lorsqu'il est question d'abordabilité du logement et d'accès à la propriété, nous sommes bien sûr nombreux à penser en fonction du marché privé. Nous avons été plusieurs à suivre la voie traditionnelle menant à la propriété. Nous avons d'abord eu recours au marché locatif; nous avons épargné en vue d'une mise de fonds sur une première maison; nous avons contracté une hypothèque; nous l'avons refinancée; et, pour les plus chanceux d'entre nous, nous avons remboursé notre hypothèque. Bien que cette voie soit devenue plus cahoteuse en raison d'une hausse du prix des maisons généralement supérieure à l'inflation au cours des dernières années, nous savons que cette façon traditionnelle de faire les choses demeure viable, comme en témoigne le rapport de la SCHL pour le quatrième trimestre de 2016 qui indique que les ventes du Service Inter-Agences vont excéder celles de 2015.
[Français]
Cependant, je demanderais au Comité d'envisager le parcours d'accession à la propriété selon des points de vue différents et non traditionnels, où le secteur du logement social et sans but lucratif ainsi que l'entreprise sociale joueraient un rôle de premier plan.
C'est que, comme nous le savons tous, le parcours traditionnel menant à la propriété n'est tout simplement pas un scénario possible pour bon nombre de Canadiens. Même économiser la mise de fonds est hors de portée pour beaucoup de Canadiens à faible revenu.
[Traduction]
Il existe au sein du secteur du logement social et sans but lucratif des modèles visant à favoriser l'accès à la propriété. Il y a par exemple le programme Habitat pour l'humanité dans le cadre duquel un engagement à travailler peut servir de mise de fonds. Il y a également des modèles novateurs de logement social qui voient des organisations offrir des programmes de formation en matière financière de même que des incitatifs de contrepartie aux familles qui économisent pour accumuler des fonds en fidéicommis. Les ménages peuvent ensuite se servir des fonds ainsi épargnés pour effectuer un versement initial ou d'autres investissements.
Il y a aussi des modèles comme celui de l'Attainable Homes Calgary Corp., une organisation appartenant à la ville qui permet d'acheter une première maison avec une mise de fonds d'à peine 2 000 $. Cette organisation travaille avec les constructeurs, les promoteurs, les prêteurs et les autres intervenants afin de réduire les coûts initiaux pouvant entraver l'accès à la propriété. Trillium Housing et Options for Homes sont deux autres exemples de modèles d'entreprise sociale. Ces deux organismes de logement sans but lucratif de Toronto misent sur un modèle de type « Donnez au suivant ». Ils investissent conjointement avec l'acheteur en contractant une seconde hypothèque sur la propriété. Des partenariats avec les fournisseurs locaux permettent de réduire les coûts, aucun versement n'est exigé sur la seconde hypothèque tant que l'unité de logement n'est pas vendue ou louée, et c'est l'augmentation de la valeur marchande qui permet d'éponger cette seconde hypothèque. À Toronto, le modèle Options for Homes a aidé quelque 3 500 ménages à avoir accès à la propriété alors que cela ne leur aurait pas été possible autrement.
[Français]
Alors, que peut faire le gouvernement fédéral pour encourager et promouvoir certains de ces parcours ou modèles non traditionnels d'accession à la propriété et réduire l'iniquité?
En règle générale, nous disons que, dans l'imminente stratégie nationale en matière d'habitation, le gouvernement fédéral doit mettre l'accent sur les besoins des populations les plus vulnérables du Canada afin de mieux combler des lacunes sur le plan de l'équité. Dans notre mémoire afférent à la stratégie nationale en matière d'habitation, nous avons formulé 24 recommandations sur la façon dont le gouvernement fédéral pourrait y parvenir. Je serais heureux de partager un exemplaire de ce mémoire. Toutefois, aux fins du mandat du Comité, comme mesures stratégiques particulières visant à renforcer la capacité du secteur du logement social à encourager l'accession à la propriété, nous suggérons les trois suivantes.
[Traduction]
Premièrement, il faut donner suite à la directive contenue dans la lettre de mandat du en rendant disponibles à des fins de logement social et sans but lucratif les terres fédérales excédentaires. L'application d'une politique semblable permettrait de réduire considérablement les dépenses en capital des fournisseurs de logement social. Notre association recommande que cette politique soit mise en oeuvre en élargissant considérablement le cadre d'une mesure déjà existante: l'Initiative visant à mettre des biens immobiliers excédentaires fédéraux à la disposition des sans-abri.
Deuxièmement, il convient d'instaurer une initiative de transformation du secteur du logement social qui mettrait à la disposition des fournisseurs de petites quantités de capitaux aux fins de la mise en oeuvre de programmes novateurs comme ceux de Trillium Housing et d'Attainable Homes Calgary. Cette mesure est d'autant plus importante dans le contexte de la fin des accords d'exploitation qui touchent déjà des milliers de fournisseurs de logement social.
Enfin, comme nous avons pu l'entendre dans vos échanges avec les témoins précédents, il faut améliorer les efforts de recherche et de mise en commun des pratiques exemplaires à l'échelle nationale et internationale quant aux interconnexions entre les diverses composantes du spectre du logement. En effectuant des recherches et en diffusant de l'information sur les politiques et les modèles de logement qui fonctionnent bien, nous pouvons faciliter l'accès à la propriété. Dans le mémoire que nous avons présenté aux fins de la Stratégie nationale sur le logement, nous recommandions la création d'un carrefour de recherche sur le logement qui permettrait notamment, suivant le modèle des Instituts de recherche en santé du Canada, de réaliser des recherches de calibre mondial sur les politiques de logement et d'en diffuser les résultats.
Bien des voies peuvent permettre d'avoir accès à la propriété. Si nous voulons une politique du logement qui réponde aux besoins de tous les Canadiens, et pas seulement des plus fortunés d'entre eux, nous devons considérer la situation de façon globale et faire montre de créativité dans notre réflexion de telle sorte que la propriété soit un rêve accessible pour tous les Canadiens. Le secteur du logement social et sans but lucratif est justement là pour faciliter la réalisation de ce rêve.
[Français]
Merci.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
L'Association canadienne des coopératives financières est heureuse d'avoir l'occasion de vous faire part de ses observations concernant le marché canadien de l'habitation. Nos commentaires porteront sur les nouvelles mesures réglementaires et sur l'intention du gouvernement de créer un système de partage des risques liés à l'assurance hypothécaire. Les deux points suivants constituent notre message au Comité.
[Traduction]
Un peu comme l'ABC, les coopératives financières croient qu'il serait sage de marquer une pause pour observer les effets de la multitude de nouvelles mesures réglementaires visant le marché du financement résidentiel et de l'assurance hypothécaire. Ces mesures ont créé au cours des dernières années une situation qui oblige les consommateurs et les associations comme la nôtre à prendre du recul pour mieux comprendre les objectifs visés par le gouvernement, et surtout les impacts de ces mesures sur les acheteurs d'une première maison et les résidants des régions rurales et éloignées. Il ne nous semble pas que le gouvernement se soit donné l'occasion de le faire.
L'ACCF n'est pas d'accord avec la proposition du gouvernement en ce qui concerne la création d'un système de partage des risques liés à l'assurance hypothécaire avec les prêteurs. Selon nous, aucune preuve empirique solide ne justifie la création d'un tel système, et les modèles proposés sont susceptibles d'influer négativement sur le prix des hypothèques et l'accès au crédit pour les Canadiens qui achètent une première maison ou qui habitent en région rurale ou éloignée.
Depuis la crise financière, le gouvernement fédéral a annoncé au moins 15 nouvelles mesures concernant le financement hypothécaire afin de rendre les ménages moins vulnérables à l'endettement, de contenir la hausse du prix des habitations et de limiter l'exposition du gouvernement au risque. Avec le temps, cette accumulation de mesures a fait diminuer la proportion des nouvelles hypothèques au Canada. En effet, par rapport au sommet d'environ 13 % enregistré en 2008, ce taux se situe maintenant autour des 6 %.
Les nouvelles conditions concernant la souscription d'une hypothèque assurée à ratio élevé ou à ratio faible commencent à peine à atteindre toutes les dimensions du marché. Certains observateurs, dont l'ACCF, croient qu'elles en feront considérablement ralentir l'activité.
[Français]
Selon une enquête que nous avons réalisée auprès des coopératives financières, si les règles annoncées à la fin de 2016 étaient entrées en vigueur le 1er janvier 2016, la quantité de nouvelles hypothèques à ratio élevé aurait diminué en moyenne de presque 37 % l'année dernière.
[Traduction]
C'est dans la région des basses terres continentales de la Colombie-Britannique que ces mesures ont le plus de répercussions. Le taux potentiel de refus pour les demandes d'hypothèques à ratio élevé se situe entre 35 % et 69,5 %, selon la coopérative de crédit. Le deuxième endroit le plus touché serait la région du Grand Toronto où le taux potentiel de refus des demandes d'hypothèques à ratio élevé va de 22 à 50,7 %. Pour ce qui est de l'Alberta, les données indiquent des taux de 13 à 46,4 %.
Selon notre enquête, presque 20 % des gens qui ont acheté une première maison en 2016 auraient essuyé un refus.
Nous croyons aussi que d'importantes diminutions surviendront dans les régions rurales et éloignées du Canada. Selon nos données sur l'année 2016, le resserrement des exigences concernant l'assurance d'une hypothèque à ratio faible vendue par le prêteur aurait rendu ce produit inaccessible à presque 50 % des emprunteurs admissibles. Les coopératives financières assurent souvent les hypothèques à ratio faible de leurs membres qui habitent en région rurale ou éloignée pour se donner une protection supplémentaire au cas où l'habitation serait difficile à revendre en raison de l'illiquidité du marché. On peut donc croire qu'il deviendra plus difficile et plus coûteux de souscrire une hypothèque dans ces régions.
Gardons à l'esprit qu'il s'agit d'estimations fondées sur les données des coopératives financières pour 2016. Il est bien sûr possible que certaines personnes reportent l'achat de leur maison, en achètent une plus petite ou fassent un plus gros emprunt à la « banque parentale » pour effectuer leur mise de fonds. Cela dit, nous croyons que les effets des mesures sur le marché seront bien visibles au printemps, lorsque commencera la saison des achats, que ce soit en ville ou à la campagne, et que la croissance soit forte ou modérée.
Le resserrement des règles d'admissibilité à l'assurance hypothécaire a aussi un effet sur l'équilibre concurrentiel dans le secteur financier. Les nouvelles règles d'admissibilité ont fait diminuer le nombre d'hypothèques pouvant être assurées. Or, les hypothèques assurées sont titrisables. C'est une situation préoccupante pour les coopératives financières, car la titrisation d'hypothèques est l'un des moyens qu'elles emploient pour augmenter leur capital partout au pays.
Maintenant que cette option se trouve très limitée, les coopératives devront s'en remettre aux dépôts et aux bénéfices non répartis pour faire croître leurs opérations. Pendant ce temps, les grandes banques peuvent accéder à des capitaux par des moyens dont ne disposent pas les caisses vu leur structure coopérative. Les nouvelles règles ont donc malencontreusement procuré un avantage concurrentiel aux banques, lesquelles dominent déjà le marché.
Dans notre dialogue constant avec le ministère des Finances au sujet des politiques — et j'en profite pour vous féliciter de votre nomination à titre de secrétaire parlementaire — nous avons proposé au gouvernement fédéral de marquer une pause afin d'évaluer les effets que les précédentes mesures ont eus sur le marché. Aujourd'hui, nous recommandons encore une fois au gouvernement de procéder à cette évaluation. Dans une perspective stratégique, les dirigeants gouvernementaux devraient se demander si les effets qui touchent les acheteurs d'une première maison, les régions rurales et éloignées ainsi que l'équilibre concurrentiel du secteur financier sont nécessaires, souhaitables et appropriés.
L'ACCF serait heureuse de participer à cette réflexion.
[Français]
À la fin du mois d'octobre 2016, le ministre des Finances a annoncé qu'il consulterait les Canadiens et les acteurs concernés au sujet de la mise en place d'un système de partage des risques liés à l'assurance hypothécaire. Il a proposé quelques modèles qui constituent une rupture considérable par rapport aux pratiques actuellement en vigueur au Canada.
[Traduction]
En ce moment, beaucoup de prêteurs sous réglementation doivent transférer les risques liés aux hypothèques à des assureurs de prêts hypothécaires et, indirectement, au gouvernement fédéral qui garantit les obligations de ces assureurs. Les emprunteurs doivent payer une prime pour avoir droit à cette garantie générale, et les prêteurs ont aussi l'option de transférer les risques à d'autres prêts hypothécaires qu'ils choisissent d'assurer. Dans ce scénario, les prêteurs paient une prime sur ces hypothèques. Il importe de mentionner que les réclamations d'assurance des prêteurs peuvent être refusées si ceux-ci ne répondent pas aux normes de souscription définies par les assureurs de prêts hypothécaires et le gouvernement.
Selon les modèles de partage des risques proposés, les prêteurs s'exposeraient à davantage de pertes en cas de défaut de paiement et rendraient une partie de leur capital disponible pour éponger ces pertes. De plus, ils seraient exposés à des pertes sur prêt autant dans une situation de perte normale que dans un événement de perte extrême. Les décideurs qui ont conçu cette politique croient que la perspective d'avoir à éponger les pertes encouragera les prêteurs à adopter des pratiques de gestion des risques plus responsables, ce qui mènerait à un resserrement des conditions de prêt.
L'ACCF comprend le raisonnement théorique du gouvernement en ce qui a trait au partage des risques, mais croit qu'aucun argument empirique solide ne le justifie. En clair, le raisonnement qui sous-tend la proposition du gouvernement suppose qu'il y a en ce moment certains avantages à consentir des prêts risqués étant donné que les prêteurs peuvent recourir à l'assurance hypothécaire pour se délester des risques liés aux prêts.
Le gouvernement n'a toutefois présenté aucune preuve indiquant que des prêteurs procèdent de la sorte. En fait, les données de la SCHL nous apprennent que très peu d'hypothèques assurées sont en souffrance. Entre 2010 et 2015, le taux moyen de prêts en souffrance depuis 90 jours était ainsi de 0,36 %. Au 30 septembre 2016, le taux de prêts en souffrance des hypothèques titrisées dans le cadre du Programme des titres hypothécaires de la SCHL était de 0,2 % pour les institutions à charte fédérale et de 0,13 % pour les institutions à charte provinciale, dont font partie les coopératives financières. À voir ces données, on peut difficilement penser que les prêteurs canadiens manquent de rigueur en ce qui concerne les hypothèques assurées. L'absence de données justificatives devrait donc suffire à convaincre le gouvernement fédéral d'attendre avant d'adopter l'un de ses modèles de partage des risques, d'autant que certaines autres questions doivent être prises en compte.
Nous vous avons fait part aujourd'hui de nos préoccupations en ce qui concerne les acheteurs d'une première maison et les personnes qui vivent en région rurale ou éloignée relativement au crédit hypothécaire. À notre avis, le partage des risques créerait de nouveaux obstacles pour ces consommateurs. Pour s'adapter, les prêteurs devront augmenter leurs réserves de capital en prévision des pertes qu'ils auront à couvrir, ce qui entraînera une diminution du nombre de prêts et une hausse des coûts pour les emprunteurs dont le profil ou la situation géographique sont perçus comme des risques additionnels, mais qui doivent néanmoins contracter une hypothèque. Il se peut aussi que les assureurs se mettent à ajuster davantage les primes en fonction de leur évaluation des risques propres aux divers marchés et de la concentration du risque que les emprunteurs partageront maintenant avec eux. Cela risquerait de faire augmenter encore davantage le prix des hypothèques dans les régions rurales ou éloignées et de nuire aux petits prêteurs locaux.
[Français]
Bien sûr, les coopératives financières sont particulièrement préoccupées par ces questions, étant donné qu'elles offrent beaucoup de services dans les régions rurales et que ce sont leurs membres qui ressentiront les effets des mesures en question.
[Traduction]
Merci pour le temps que vous nous avez consacré.
[Français]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président, et bonsoir à tous.
Genworth Canada est le plus important assureur privé d'hypothèques au pays. Avec une part de marché d'environ 30 %, nous sommes les principaux concurrents de la SCHL. L'assurance que nous offrons permet de rembourser les prêteurs pour les pertes encourues lorsque les acheteurs d'une maison sont en défaut de paiement. L'assurance hypothécaire est obligatoire pour les acheteurs dont la mise de fonds est inférieure à 20 %. Nous offrons donc principalement nos services aux acheteurs d'une première maison.
Grâce aux assureurs qui assument les risques liés aux défauts de paiement, les prêteurs peuvent offrir en toute confiance des taux d'intérêt concurrentiels aux premiers acheteurs, et ce, dans toutes les régions du Canada et quel que soit le cycle économique en cours. Nous sommes bien pourvus en capitaux, assujettis à une réglementation stricte et très expérimentés dans la gestion des risques associés aux hypothèques.
Pour ce qui est des modifications apportées aux règles hypothécaires, je vais vous entretenir aujourd'hui de deux principaux points.
Premièrement, au cours des dernières années, le gouvernement a apporté dans le secteur des hypothèques assurées de nombreux changements dont certains auront des répercussions qui n'ont pas encore été ressenties. Pour éviter de dépasser un éventuel seuil critique, il est essentiel que nous marquions une pause pour évaluer l'impact cumulatif des changements déjà apportés avant d'en envisager d'autres, y compris la proposition actuelle visant le partage des risques.
Deuxièmement, les changements apportés jusqu'ici ont ciblé dans une large mesure les éventuels acheteurs d'une première maison, leur rendant plus difficile l'accès à la propriété. L'achat d'une maison et la possibilité d'accumuler des avoirs au moyen du mécanisme d'épargne forcé que représente un paiement hypothécaire sont des éléments clés du plan financier de nombreuses jeunes familles. Nous estimons que ce ne sont pas ces familles qui causent problème et que l'on serait malavisé de cibler ce segment de la population.
Les premiers acheteurs assurés sont ceux qui sont soumis à la réglementation la plus rigoureuse, notamment en matière de souscription, au sein du marché actuellement. On retrouve ces acheteurs dans toutes les régions du pays. Ils ont entre 25 et 40 ans et ont généralement un emploi stable avec un revenu moyen de 80 000 $ à 100 000 $ pour leur ménage. Ils achètent des maisons correspondant à leurs moyens, souvent en dessous du prix moyen du marché, surtout à Toronto et à Vancouver. Leur cote de crédit dont la moyenne s'est établie à 752 l'an dernier montre qu'ils sont des emprunteurs responsables et prudents.
Le modèle canadien de financement des prêts hypothécaires a fait ses preuves. Le reste du monde le voit comme un exemple à suivre et un élément clé de la stabilité de notre système de financement hypothécaire. Pendant la crise financière mondiale, la proportion de comptes en défaut de paiement a dépassé les 5 % aux États-Unis. À l'opposé, la pire année de base pour Genworth a été 2007, avec un sommet de 0,95 % atteint en 2009.
Notre mémoire met en lumière une vingtaine d'interventions fédérales qui ont ciblé principalement depuis 2008 le marché des hypothèques assurées et les premiers acheteurs. Bon nombre des modifications apportées ont contribué à la vigueur générale de notre système de financement hypothécaire, mais on est peut-être allé trop loin dans certains cas. À titre d'exemple, on n'a pas encore pu observer tous les impacts des plus récents changements d'importance intervenus en octobre dernier. Je ne saurais trop insister sur le fait qu'il faudra un certain temps avant que nous connaissions tous leurs effets cumulatifs sur le marché.
Nous craignons que les nouveaux changements fassent basculer les choses en créant le genre de problèmes de logement que ces mesures visent justement à prévenir, et en lésant les nouveaux acheteurs, les propriétaires actuels et l'économie dans son ensemble par voie de conséquence.
Permettez-moi de vous en dire plus long au sujet des deux plus récents changements.
En décembre 2015, le gouvernement a haussé la mise de fonds minimale pour l'achat d'une maison vendue à plus de 500 000 $. Bien que cette mesure ciblait les marchés dynamiques de Toronto et Vancouver, le changement touche aussi d'autres marchés. Celui de Calgary a notamment été particulièrement affecté avec quelque 12 % des acheteurs assurés que le changement a touché. Comme vous le savez, ce marché était déjà soumis à de fortes pressions et n'avait surtout pas besoin de contraintes supplémentaires. En fait, seulement 13 % des acheteurs de Toronto et Vancouver effectuaient une mise de fonds suffisamment réduite pour ressentir les impacts, même si le prix moyen des maisons y est beaucoup plus élevé. Étant donné la très faible proportion de premiers acheteurs dans ces deux villes, il ne faut pas se surprendre du fait que les changements apportés jusqu'à maintenant n'ont pas empêché le prix des maisons de continuer d'augmenter considérablement à Toronto et à Vancouver.
Les solutions d'application nationale ne sont pas nécessairement celles qui conviennent le mieux pour surmonter les difficultés qui touchent les marchés locaux. Récemment, le marché de l'immobilier a commencé à ralentir à Vancouver. Il semble toutefois y avoir une solution pouvant s'appliquer localement, à savoir la présence d'acheteurs étrangers.
D'autres changements ont été apportés en octobre dernier, notamment avec l'instauration de tests de résistance aux fluctuations des taux d'intérêt pour les acheteurs assurés. Bien que nous soyons favorables à l'idée d'un tel test de résistance, nous croyons que les critères retenus sont trop stricts. Soyons très clairs; il s'agit d'un changement d'importance. Avec l'application de ces nouveaux critères, environ le tiers des acheteurs d'une première maison dont l'hypothèque a été approuvée en 2016 essuieraient maintenant un refus.
Ces acheteurs ont des choix difficiles à faire: acheter une maison moins coûteuse, ou peut-être un condo ou une maison plus éloignée de leur travail; demander plus d'argent à leurs parents; retarder leur achat afin d'économiser davantage pour leur mise de fonds; ou avoir recours à un second prêt consenti par un prêteur privé. C'est cette dernière option qui devrait nous inquiéter le plus. On risque en effet de pousser les premiers acheteurs vers les prêteurs privés, un segment qui continue à croître à la faveur du resserrement des règles sur les assurances hypothécaires. C'est un secteur où les coûts sont plus élevés et où l'on trouve moins de transparence et de surveillance réglementaire.
En 2010, les hypothèques assurées comptaient pour environ 40 % de l'ensemble des hypothèques consenties sur le marché. L'effet cumulatif des changements apportés devrait faire descendre cette proportion à environ 20 % cette année. Les prix des maisons et les dettes hypothécaires afférentes croissent plus rapidement dans des segments du marché qui ne sont pas accessibles aux premiers acheteurs. Même si ceux-ci ne sont pas à l'origine du problème, ce sont eux qui en subissent toutes les conséquences, car il leur devient encore plus difficile d'accéder à la propriété de façon responsable.
Il y a une question importante que nous devons nous poser. Quel est l'effet cumulatif de tous ces changements sur le prix des maisons, la demande, les premiers acheteurs et la croissance du secteur non réglementé?
Que devrait faire le gouvernement? À notre avis, il convient de marquer une pause. Il faut étudier les répercussions de tous les changements déjà apportés avant d'en envisager d'autres. Si cette évaluation indique que d'autres changements devraient être considérés, il faut modifier les critères de résistance aux fluctuations afin de mieux tenir compte de l'évolution prévue des taux. De plus, il vaut mieux ne pas aller de l'avant avec l'application d'un modèle de partage des risques étant donné les différentes conséquences néfastes possibles. Enfin, il convient de continuer à collaborer étroitement avec les autres ordres de gouvernement pour étudier la situation des différents marchés régionaux du logement et prendre des mesures en conséquence.
Nous vous remercions de l'attention que vous portez à ces enjeux. Nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais m'entretenir avec vous, monsieur Morrison, parce que vous avez parlé de la Stratégie sur le logement et logement social. Bien souvent, quand on étudie les effets de ce genre de mesure, la situation des petits épargnants est particulière. Il y a un problème d'accès au marché, mais ces personnes doivent également trouver un produit abordable et pouvoir l'acquérir.
J'aimerais revenir à quelques-uns des enjeux que vous avez soulevés. Ils me tiennent particulièrement à coeur, parce que je me suis beaucoup battue pour ce genre de choses quand j'étais en politique municipale, mais il y a beaucoup d'obstacles. Vous avez mentionné trois choses en particulier que le gouvernement fédéral pourrait ou devrait faire pour leur faciliter la vie. D'après ce que vous avez dit, vous avez encore besoin des gouvernements provinciaux et des municipalités, même si, comme vous le dites, le gouvernement fédéral a des responsabilités dans le domaine du logement social. Si l'on décidait de ne construire que des logements sociaux dans un secteur donné, ou sur des terres, cela irait à l'encontre de beaucoup d'idées provinciales et municipales. Je crois farouchement qu'il ne faut pas construire tous les logements sociaux dans le même secteur; la communauté doit être pleinement intégrée.
Ensuite, il y a le gouvernement provincial et la municipalité, mais si l'on réserve des terres ou des unités pour le logement abordable, comment peut-on garantir... Premièrement, nous avons des définitions très variables du mot « abordable ». Je sais que dans les municipalités de l'Ontario, la définition d'« abordable » est vraiment éloignée de la réalité. Mais quoi qu'il en soit, que fait-on à partir du moment où l'on a une unité de logement abordable?
Supposons que le gouvernement fédéral fasse des recommandations, qu'il y ait une unité de logement abordable, puis que la personne la vende, qu'elle se retrouve sur le libre marché. Comment fait-on pour ne pas perdre les unités abordables? Quel genre de règlement ou de loi souhaiteriez-vous? Même si le gouvernement fédéral peut imposer des règles aux autres ordres de gouvernement en matière de logement, il doit nécessairement se pencher sur la question. Comment pouvons-nous collaborer avec les autres ordres de gouvernement pour que nos décisions aient l'effet voulu sur le terrain et qu'on puisse conserver les unités de logement abordable?
Avant de vous répondre, j'aimerais dire, au nom de l'ACHRU que nos coeurs et nos prières sont avec les victimes de ce qui s'est passé à Québec hier.
Vous avez soulevé d'excellentes questions, et nous sommes d'accord avec ce que vous avez dit. Il nous fait très chaud au coeur de constater que est allé chercher un très fort engagement des administrations provinciales, territoriales et municipales en vue de sa stratégie nationale en matière de logement.
J'ai eu la chance, il y a une semaine et demie, de présenter notre point de vue au Caucus des maires des grandes villes, juste après la prise de parole du . Les maires font de l'investissement et des politiques en matière de logement abordable une priorité. Ils se sont engagés envers le premier ministre à collaborer très étroitement à l'harmonisation des politiques fédérales et municipales, et nous savons que les dirigeants provinciaux ont fait la même promesse.
Au sujet des leviers fédéraux en présence, j'en ai mentionné trois. Ces trois recommandations font partie d'une liste de 24 recommandations que nous avions soumises sur l'objet de l'étude d'aujourd'hui. Nous voulions continuer de mettre l'accent sur le logement social pour ceux et celles qui veulent accéder à la propriété.
À l'heure actuelle, nous avons surtout des ententes opérationnelles qui obligent les fournisseurs à conserver un certain nombre d'unités de logement à loyer indexé sur le revenu, ce qu'on appelle le LIR, selon un cadre précis. En vue du nouveau cadre stratégique national en matière de logement, nous voulons nous assurer que les unités existantes seront protégées, peu importe le mécanisme utilisé et idéalement, bien sûr, nous voudrions qu'il suscite une croissance du marché, parce que comme nous le savons tous, les listes d'attente pour un logement social sont beaucoup plus longues qu'avant, particulièrement dans la région de Toronto.
Bref, il faut effectivement conserver et protéger nos acquis, mais nous devons bonifier l'offre, en utilisant divers... Je pense que les maires ont dit qu'ils voulaient justement travailler avec le gouvernement fédéral en ce sens.
Pour ce qui est des coopératives financières. J'ai grandi dans le Nord de la Colombie-Britannique, où il y avait la Northern Savings Credit Union, une institution de crédit très locale. Il y avait également de grandes banques, pour lesquelles j'ai même travaillé pendant quelques années, et elles participaient beaucoup à l'organisation de notre communauté.
J'ai entendu quelques observations sur les modifications apportées en octobre et d'autres, sur le partage du risque. Je crois que comme les coopératives ont tendance à offrir leurs services dans les petites villes et les villages ruraux, dans des régions moins bien servies que les régions urbaines, le partage du risque pourrait avoir une incidence sur les taux offerts aux consommateurs dans ces régions, puisqu'il n'y a plus d'interfinancement dans les régions du Canada où la croissance économique est un peu moins robuste que dans des régions comme Toronto, par exemple. Ainsi, cela pourra avoir pour conséquence que les gens doivent payer 30, 40 ou 50 points de base supplémentaires pour l'achat d'une première propriété dans le Nord du Manitoba ou ailleurs, comme dans le Nord de l'Ontario ou du Québec.
Mais il y a une autre chose dont je crois que nous devons parler, et c'est l'objet de la question que je souhaite vous poser. Quand il y a des retards dans le remboursement de l'hypothèque, les assureurs ont beaucoup d'avantages à travailler avec les banques pour que le propriétaire reste dans sa maison. Avec le partage du risque, je crois que la dynamique change.
J'aimerais entendre l'avis des représentants des coopératives financières au sujet du paysage concurrentiel et de ce que vous souhaiteriez pour l'avenir.