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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup de me donner l’occasion de vous parler aujourd’hui de la Loi d’exécution du budget. Je m’appelle Katherine Scott et je suis chercheure principale au Centre canadien de politiques alternatives, ici à Ottawa.
Le projet de loi marque une étape importante pour le Canada du fait de l'introduction de la partie 1 de la première loi canadienne sur la réduction de la pauvreté, suivie rapidement cette semaine par le projet de loi hier, ainsi que de trois autres mesures législatives consacrant le principe de l’égalité entre les sexes et les efforts visant à promouvoir l’égalité des sexes au moyen de politiques et de programmes.
Ces projets de loi étaient attendus depuis longtemps. La demande d’une loi proactive sur l’équité salariale remonte à plusieurs décennies. C’est une recommandation qui figure dans le budget fédéral alternatif du CCPA depuis de nombreuses années. En vertu de ce projet de loi, les employeurs sous réglementation fédérale seront tenus de créer des régimes d’équité salariale proactifs qui aideront à réduire l’écart salarial obstinément élevé entre les sexes au Canada et à respecter le droit des femmes à un salaire égal pour un travail de valeur égale.
La loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes exigera que les gouvernements en place évaluent l’incidence de toutes les nouvelles mesures budgétaires, notamment les dépenses proposées pour la production de recettes et les dépenses de programmes, sous l'angle de l'égalité des sexes et de la diversité et qu'ils en rendent compte.
Le nouveau ministère de la condition féminine et de l’égalité des sexes veillera à ce que le gouvernement fédéral s’engage activement, d'une part, à promouvoir les droits des femmes et l’égalité des sexes par ses propres politiques et recherches et, d'autre part, à fournir le soutien très nécessaire dont ont besoin les organismes gouvernementaux et les organisations de la société civile qui travaillent dans toutes les collectivités du pays.
Ce sont des éléments fondamentaux pour un pays plus inclusif, plus juste et plus prospère. À une époque où les droits des femmes suscitent des réactions de plus en plus brutales, ces efforts sont importants pour veiller, comme l’atteste le préambule du projet de loi pour le nouveau ministère, veiller à ce que tous aient la même chance que les autres « à l’égalité des chances d’épanouissement et à la prise de mesures visant à la satisfaction de leurs besoins ».
Les dispositions relatives à la budgétisation sensible aux sexes sont également indispensables à la modernisation des processus d’élaboration des politiques et des programmes du Canada. Partout dans le monde, la budgétisation sensible aux sexes est jugée indispensable à la production des données probantes nécessaires à l'élaboration de politiques et de programmes qui permettent de concrétiser les objectifs fixés et qui contribuent au bien-être général de la société. La nouvelle loi fournit un moyen de renforcer la responsabilisation et la transparence, deux caractéristiques essentielles d’une politique gouvernementale efficace.
C’est une chose de savoir, par exemple, qu’une mesure comme l’option d’achat d’actions par les employés coûte aux Canadiens 755 millions de dollars par an en recettes perdues. C’en est une autre de savoir que 77 % de ces avantages sont revendiqués par des hommes. L’exclusion partielle des gains en capital procure 75 % de ses avantages à des hommes, ce qui coûte au gouvernement l'énorme somme de 6,6 milliards de dollars. Ces politiques amplifient efficacement les disparités existantes entre les sexes sur le marché du travail. Une analyse comparative entre les sexes permet de poser des questions fondamentales. Ces dépenses fiscales permettent-elles de concrétiser les objectifs prévus? Sont-elles justes? L’argent des contribuables canadiens pourrait-il être mieux dépensé ailleurs?
Le travail du nouveau ministère et de ceux qui sont chargés d’effectuer l’analyse ACS+ nécessitera des ressources suffisantes pour garantir que ce travail aura des répercussions positives. Cela comprendra des mécanismes de participation et de soutien permettant aux groupes de défense des droits des femmes et de l’égalité des sexes de jouer un rôle valable. Dans le budget fédéral alternatif, nous avons recommandé un objectif budgétaire annuel de 100 millions de dollars pour le nouveau ministère.
La nouvelle loi sur l’équité salariale dépend également des ressources dont disposera le nouveau commissaire au titre de la formation, de l’éducation, de la vérification de la conformité et de l’application de la loi.
Nous appuyons sans réserve les recommandations de la Coalition sur l’équité salariale concernant les réformes proposées, l’enchâssement des garanties actuelles au sujet des droits de la personne et l’appel en faveur d’un solide mécanisme de transparence salariale. Faute de ces mesures, le modèle d’équité salariale proposé risque de devenir une variante de la méthode « se conformer ou s’expliquer », qui ne réussit guère à encourager la parité hommes-femmes dans les conseils d’administration.
La question des ressources est également essentielle au succès potentiel de la nouvelle loi sur la réduction de la pauvreté. La loi fixe des objectifs de réduction précis en fonction d’un seuil de pauvreté officiel et elle prévoit un cadre et un processus redditionnels pour tenir les deux chambres du Parlement au courant de la situation.
Par ailleurs, la loi ne prévoit aucun nouvel investissement dans les programmes nécessaires à la réalisation des objectifs de la stratégie. En fait, le nouveau plan du Canada est plus un cadre de référence qu’une stratégie visant à accélérer la réduction de la pauvreté. Une stratégie suppose un plan pour aller de la situation actuelle à celle que nous voulons obtenir et elle suppose surtout que nous avons les ressources nécessaires à cette fin. En l'occurrence, les Canadiens à faible revenu attendent toujours.
Compte tenu des besoins urgents partout au Canada, un plan efficace de réduction de la pauvreté devrait comprendre des objectifs et des échéanciers plus ambitieux et des investissements plus importants dans des programmes comme un système universel de garde d’enfants, un régime national d'assurance-médicaments, de la formation et de l’éducation pour les travailleurs marginalisés, et ainsi de suite.
Enfin, j’aimerais féliciter le gouvernement d’avoir modifié la Loi de l’impôt sur le revenu pour donner suite à la recommandation 3 du groupe de consultation sur les activités politiques des organismes de bienfaisance. Il s’agit d’un amendement très important, et nous espérons que les lignes directrices à venir de l’ARC respecteront la lettre et l’esprit des modifications proposées dans le projet de loi.
Merci encore de votre attention.
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Monsieur le président et honorables membres du Comité, je vous remercie de m’avoir invité à comparaître devant vous.
Nous sommes heureux de comparaître au nom du Conseil canadien pour la coopération internationale, qui est une coalition nationale d’organisations de la société civile du Canada vouées à l'élimination de la pauvreté dans le monde et à la promotion de la justice sociale et de la dignité humaine pour tous. Nous comptons plus de 80 membres, dont bon nombre des principales organisations canadiennes de développement international et d’aide humanitaire. Plus généralement, nous représentons un secteur qui comprend plus de 2 000 organisations qui emploient 14 000 personnes et qui dépensent plus de 5 milliards de dollars chaque an.
La Loi no 2 d’exécution du budget de 2018 aura d’importantes répercussions sur le travail que nous et nos membres faisons pour bâtir un monde plus juste, plus durable et plus sûr. Aujourd’hui, nous parlerons surtout de deux aspects. Le premier est la modification des règles régissant les activités de bienfaisance et à la Loi de l’impôt sur le revenu; le deuxième est la modification du mode de prestation et de suivi de l'aide internationale par le Canada.
Le CCCI accueille très favorablement la modification de l’article 149.1 de la Loi de l’impôt sur le revenu, dont l'objet est d’accepter et de reconnaître le rôle d’intérêt public des organismes de bienfaisance canadiens. Comme nous l’avons indiqué dans notre mémoire à l'intention du Comité des finances dans le cadre des consultations prébudgétaires de 2019, l’avantage concurrentiel du Canada découle entre autres de l'importance accordée à la solidité du secteur sans but lucratif. L'une des conditions préalables en est un environnement législatif et politique qui favorise pleinement la réalisation de tout le potentiel des organisations de la société civile. Il est donc bon de voir que la teneur et le libellé des modifications proposées dans le projet de loi traduisent les recommandations du groupe de consultation indépendant sur les activités politiques des organismes de bienfaisance.
Nous appuyons le maintien de l’interdiction des activités partisanes des organismes de bienfaisance enregistrés. Cependant, l’orientation actuelle est vague, et ces modifications ne précisent pas, par exemple, ce que l’on entend exactement par « dialogue sur les politiques publiques et leur élaboration » ou « activités indirectes de soutien d'un parti politique ou d'un candidat à une charge publique ou d'opposition à l'un ou à l'autre ».
Nous recommandons que les termes définissant l’activité partisane soient clarifiés afin que les organismes de bienfaisance puissent maximiser leur contribution à la société et à l’économie du Canada. Nous recommandons également que ces améliorations et d'autres apportées aux lois et règlements régissant les organismes de bienfaisance canadiens soient élaborées en collaboration avec les organismes de bienfaisance canadiens. À cet égard, nous tenons à rappeler que les modifications proposées dans le projet de loi découlent précisément du dialogue sur les politiques publiques que limite désormais la Loi de l’impôt sur le revenu.
Le CCCI et d’autres organisations de la société civile tiennent à continuer de travailler avec le gouvernement et les parlementaires pour élaborer un cadre moderne de réglementation et de législation pour le secteur sans but lucratif et les organismes de la société civile du Canada.
Mon collègue Fraser Reilly-King va maintenant vous parler de la prestation de l’aide internationale du Canada et de la reddition de comptes à cet égard.
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Merci également de nous avoir invités à comparaître.
Au cours des dix dernières années, depuis juin 2008, l’aide publique au développement du Canada, ou APD, a été régie par la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle. Cette loi permet de veiller à ce que les activités du Canada en matière de développement international et d’aide humanitaire soient axées sur la réduction de la pauvreté, qu'elles tiennent compte des points de vue des pauvres et qu'elles favorisent la promotion des droits de la personne, et, surtout, elle prévoit une reddition des comptes au Parlement et à la population, et c'est peut-être ce qui compte le plus.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi modifie la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle à deux égards problématiques.
Premièrement, il abroge la définition législative actuelle de l’APD en vertu de la loi. La définition actuelle est alignée sur celle de l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui est chargée de définir et de surveiller l’APD à l’échelle mondiale.
L’OCDE envisage actuellement de modifier la définition globale de l’APD. En attendant le résultat de cette analyse, le Canada ne devrait pas modifier sa propre définition législative. Faute de quoi, on préjugerait des résultats de cet examen multilatéral, et le Canada risquerait d'être en porte-à-faux par rapport à ses pairs internationaux.
Deuxièmement, le projet de loi retarderait la publication d’un rapport exigé en vertu de la Loi sur la responsabilité en matière d'aide au développement officielle. À l’heure actuelle, le rapport fournit des données préliminaires pangouvernementales six mois après la fin d’un exercice donné et six mois avant le rapport statistique financier définitif. Il donne accès à des chiffres provisoires sur l’aide publique au développement canadienne. Il s’agit d’un rapport important, publié à point nommé, pour les parlementaires et pour la population canadienne. Si l'on retardait de six mois la publication de ce rapport, on n'aurait de données officielles sur l’aide publique au développement canadienne qu’un an après les faits, et le moment choisi pour publier le rapport statistique rendrait ces chiffres redondants.
C'est pourquoi nous recommandons que la définition actuelle de l’aide publique au développement et l’annexe actuelle de la Loi sur la responsabilité en matière d'aide au développement officielle soient conservées telles quelles.
Le projet de loi introduit également la Loi sur l’aide financière internationale, qui permet au ministre des Affaires étrangères ou au ministre du Développement international de consentir des prêts à des États souverains.
Nous recommandons de modifier le projet de loi pour y préciser que seuls les prêts concessionnels consentis à des États souverains, avec un minimum de 25 % sous forme de subventions, et qui visent à réduire la pauvreté et à soutenir le développement économique, seront considérés comme de l’APD, conformément à la définition actuelle de la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle.
Enfin, nous tenons à parler brièvement de trois autres mesures prévues dans le projet de loi .
Nous saluons la création du ministère des femmes et de l’égalité des genres et de la Loi sur la budgétisation sensible aux sexes, qui facilitera l’analyse comparative entre les sexes dans le processus d’élaboration des politiques. Ainsi, les mesures prises par le Canada appuieront la mise en œuvre de l’objectif de développement durable no 5 sur l'égalité des sexes, ici et à l’étranger.
La Loi sur la réduction de la pauvreté représente une autre étape importante dans l’harmonisation du programme de développement durable et des mesures nationales du Canada. Cependant, nous invitons instamment le gouvernement à viser plus haut. Notre objectif, au Canada et à l’étranger, devrait être d’éradiquer la pauvreté, et non de la réduire.
Nous terminerons sur cette remarque.
Merci encore de votre attention.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et membres du comité. Bonjour.
Je vous remercie de me permettre de comparaître devant vous aujourd’hui. Le projet de loi contient effectivement beaucoup de dispositions qui sont importantes pour les travailleurs. Je serai heureux de répondre à vos questions sur n’importe quel aspect du projet de loi. Mais je limiterai mes observations préliminaires aux dispositions sur l’équité salariale et aux modifications apportées aux normes fédérales du travail, je parle du projet de loi sur l’équité salariale.
Nous sommes heureux que le projet de loi fédéral sur l’équité salariale soit enfin déposé. Les travailleuses le réclament bien sûr depuis des décennies. Cette loi historique chargera les employeurs de prendre des mesures pour circonscrire et corriger proactivement la discrimination salariale systémique. Elle mettra les travailleuses du secteur fédéral sur la voie d’un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Nous tenons également à féliciter le gouvernement d’avoir abrogé la Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public, présentée par le gouvernement précédent. Nous sommes heureux que le projet de loi permette aux comités de l’équité salariale d’élaborer et d’examiner des plans d’équité salariale. Le projet de loi prévoit également la création d’un poste de commissaire à l’équité salariale, qui serait chargé d’administrer et d’appliquer la loi proposée. Nous espérons que la commission et son équipe auront les ressources et la capacité nécessaires pour appliquer efficacement la loi.
Il faudrait modifier certaines parties du projet de loi pour consolider le principe de l’équité salariale comme droit de la personne et veiller à ce que le processus permette effectivement de mettre fin à la discrimination salariale systémique.
Premièrement, il faut modifier la clause « Objet » pour supprimer l’expression « tout en tenant compte des divers besoins des employeurs ». Le libellé de cette partie du projet de loi va à l’encontre de l’esprit du projet de loi, ainsi que du droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Deuxièmement, le libellé concernant le vote dans les comités d’équité salariale prévoit que la décision d'un groupe d’employés doit être unanime, faute de quoi le groupe perd son droit de vote. À notre avis, un accord majoritaire est suffisant, comme c'est le cas dans la loi québécoise.
Enfin, le libellé sur la mise à jour prévoit la rétroactivité lorsque des écarts salariaux sont apparus entre l’affichage du plan d’équité salariale d'origine et l’examen quinquennal. Cependant, il est rétroactif au moment où le plan d’équité salariale révisé a été affiché, et non pas au moment où l’écart se produit pour la première fois. Une disposition semblable de la loi québécoise a été récemment invalidée par la Cour suprême du Canada. La loi fédérale ne devrait pas reproduire ce libellé inconstitutionnel.
Concernant les normes fédérales du travail, le projet de loi apporte diverses modifications à ces normes. À notre avis, ces changements se font attendre depuis longtemps et sont grandement nécessaires. Depuis la publication du rapport exhaustif de la Commission Arthurs en 2006, les normes fédérales du travail accusent un retard par rapport aux améliorations provinciales. De nombreuses mesures d'amélioration n’ont pas été à la hauteur de changements importants dans le monde du travail et de l’emploi.
Nous sommes heureux que les victimes de violence familiale aient maintenant droit à cinq jours de congé payés pour ce motif. Nous sommes favorables à l’interdiction de la discrimination salariale fondée sur la situation d’emploi. Les garanties de traitement égal prévues dans le Code consolideront la nouvelle loi sur l’équité salariale. Elles profiteront aux travailleuses à faible revenu, aux femmes de couleur et aux nouvelles arrivantes au Canada qui sont plus susceptibles d’occuper un emploi à temps partiel, temporaire, occasionnel ou saisonnier. Les travailleuses temporaires auront également droit à un traitement égal.
Nous sommes également favorables aux dispositions imposant aux employeurs de prouver qu’ils ne désignent pas à tort des employés comme des travailleurs autonomes ou des entrepreneurs indépendants. Ces changements aident à faire entrer les normes fédérales du travail dans le XXIe siècle.
Je tiens à dire que les syndicats canadiens ne sont pas satisfaits de la disposition visant à mettre fin à la rétrocession de marchés dans les aéroports et les lieux de travail fédéraux. Le projet de loi offre une certaine protection aux travailleurs non syndiqués dans les appels d’offres subséquents, mais, à notre avis, le gouvernement a raté l’occasion d’empêcher les employeurs d'annuler les droits de négociation et de réduire les salaires et les avantages sociaux des travailleurs syndiqués en rétrocédant des contrats. Nous invitons instamment le gouvernement à prendre des mesures pour que tous les travailleurs soient traités équitablement dans ce genre de situation.
Je tiens à remercier le Comité de la possibilité de témoigner aujourd’hui. Nous répondrons à vos questions au sujet de mon exposé.
Je vais vous parler en français.
Merci de m'avoir invitée à comparaître devant vous pour vous adresser la parole au nom des 665 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique, ou SCFP.
Nous saluons, bien sûr, le dépôt par le gouvernement fédéral d'un projet de loi sur l'équité salariale. Nous espérons que cette loi aura des répercussions importantes pour les quelque 23 000 à 25 000 membres qui travaillent dans des entreprises de compétence fédérale. Ces membres travaillent surtout dans le secteur privé, dont le transport aérien, les télécommunications, le transport au sol et les ports. Nous représentons également des employés civils de la GRC.
Au SCFP, nous composons depuis plus de 40 ans avec différents régimes législatifs relatifs à l'équité salariale, et nous considérons que le gouvernement fédéral doit servir de modèle et établir des normes élevées en cette matière, dont pourront s'inspirer les provinces.
Je veux aussi mentionner que le SCFP a contesté avec succès la constitutionnalité de certaines dispositions législatives sur l'équité salariale, notamment au Québec. J'étais l'avocate qui a représenté le SCFP dans le dossier de recours dont M. Yussuff a parlé, lequel a mené à un jugement de la Cour suprême au mois de mai. Par conséquent, si vous avez des questions à ce sujet, j'y répondrai avec plaisir.
Nous sommes tout à fait d'accord sur les remarques que le Congrès du travail du Canada, ou CTC, vient de faire, ce qui me permet de passer tout de suite à la page 2 de mes notes pour ne pas vous imposer de répétition.
D'entrée de jeu, nous avons remarqué une lacune importante dans le projet de loi au chapitre de sa conformité avec des obligations constitutionnelles. Il y manque une norme générale de non-discrimination pour tous les éléments des plans d'équité salariale et leur application. Il sera très simple de la mettre en place. En effet, il suffira d'amender l'article 2 et d'ajouter quelques mots pour rendre permanente l'obligation d'assurer que tous les éléments des plans d'équité salariale seront exempts de discrimination fondée sur le sexe. Dans notre mémoire écrit, nous allons vous suggérer une formulation à cet effet.
Encore ici, nous sommes d'accord sur les commentaires du CTC sur le fonctionnement des comités et l'unanimité du vote des employés. Notre expérience nous permet de vous dire la difficulté qui va survenir. En effet, il suffirait à un employeur de convaincre un seul membre du comité d'équité salariale — par exemple un agent négociateur représentant un groupe à majorité masculine — d'adopter la position de l'employeur pour annuler la voix des femmes autour de la table. C'est un exemple que je vous donne. Cependant, lorsque plusieurs agents négociateurs siègent à un comité, il est essentiellement illusoire de croire que les décisions se prendront à l'unanimité. Il faut donc prévoir un vote majoritaire, et non unanime.
Je passe maintenant aux méthodes de comparaison de la rémunération qui sont prévues à l'article 50 du projet de loi. Nous pouvons vous dire d'entrée de jeu que celle qui est énoncée dans le projet de loi — la méthode de la droite égale — sera inapplicable en pratique dans la très grande majorité des cas. Nous ne comprenons absolument pas pourquoi le projet de loi n'a pas retenu la méthode de comparaison qui avait été recommandée dans le rapport final de 2004 du Groupe de travail sur l'équité salariale, communément appelé le rapport Bilson. Notre mémoire écrit expliquera en profondeur cette lacune, mais il faut que vous soyez bien au fait dès à présent qu'il s'agit d'un problème assez important.
Comme l'a mentionné le CTC, le projet de loi manque de clarté quant aux ajustements rétroactifs dans la phase de maintien. Il ne prévoit aucune garantie, ce qui risque d'avoir un effet sur sa constitutionnalité. J'espère que vous en avez pris bonne note.
Enfin, Loi sur l'équité salariale proposée ici confierait énormément de responsabilités au commissaire à l'équité salariale. Pour que la loi ne soit pas un fardeau pour les entreprises, il faudra que ce commissaire ait les ressources nécessaires pour les soutenir, mais aussi pour traiter de façon rapide et efficace les différends qui vont survenir dans les milieux de travail. La Commission des droits de la personne devra donc recevoir énormément de ressources supplémentaires pour que tout fonctionne bien pour tout le monde.
Les mécanismes de règlement des différends fournis à la partie 8 ne devraient pas faire de distinction entre les recours offerts aux employés et ceux offerts aux agents négociateurs. Les agents négociateurs — et les syndicats, bien sûr — doivent pouvoir exercer tous les droits de leurs membres en leur nom. La possibilité d'être représenté par une association pour exercer ses droits fait partie de la liberté d'association, et il faut que ce soit prévu dans la Loi. D'ailleurs, le législateur reconnaît qu'il peut y avoir des représailles suite au dépôt d'une plainte, mais retire le principal paravent contre ces représailles, c'est-à-dire la protection du syndicat. Je vous demande donc de revoir les recours prévus à la partie 8.
Ma dernière remarque pour aujourd'hui porte sur l'article 451 du projet de loi, qui modifie le Code canadien du travail relativement à l'égalité de traitement par l'adjonction des articles 182.1 à 182.4. Je vous invite à lire le mémoire écrit qui sera déposé d'ici vendredi, dans lequel nous recommandons notamment d'ajouter à l'interprétation — faite par règlement — du statut d'emploi une protection contre la discrimination fondée sur la date d'embauche.
Cela met fin à mes remarques. Je vous remercie et je suis prête à répondre à toutes vos questions.
Bonjour et merci de me donner la possibilité de m’adresser au Comité.
Je m’appelle Harriett McLachlan. Je suis directrice adjointe de Canada sans pauvreté et je suis accompagnée aujourd’hui de Leilani Farha, directrice générale de Canada sans pauvreté, qui est également rapporteure spéciale de l'ONU sur le logement convenable.
Canada sans pauvreté est un organisme de bienfaisance sans but lucratif et non partisan qui se consacre à l’élimination de la pauvreté au Canada. Depuis près de 50 ans, nous défendons les droits des personnes vivant dans la pauvreté et, depuis toujours, le conseil d’administration est entièrement composé de personnes qui ont vécu dans la pauvreté.
Le Comité doit savoir que, même si je suis une professionnelle instruite, j’ai vécu pendant près de 35 ans dans la pauvreté et 19 ans comme chef de famille monoparentale.
Notre organisme réclame depuis longtemps l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Comme les membres du Comité le savent peut-être, les autorités des Nations unies — par exemple, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU — ont invité instamment le Canada à inclure dans la loi des mesures garantissant le droit à un niveau de vie, à un logement et à une alimentation suffisants.
Nous appuyons l’inclusion de la stratégie Une chance pour tous dans le , car elle est indispensable au respect des obligations internationales du Canada en matière de droits de la personne.
Alors que la stratégie et la loi renvoient aux objectifs de développement durable, la cible et l’échéancier prévoient le seuil minimal de réduction de la pauvreté de 50 % d’ici 2030. En fait, quand on s'engage seulement à réduire la pauvreté, on offre une chance à certains et pas à tous, et notamment pas aux plus marginalisés.
Pour un pays aussi riche que le Canada, qui devrait être un fer de lance dans la mise en oeuvre des ODD, nous sommes déçus que le projet de loi ne respecte pas l’esprit de l’ODD 1, qui est de mettre fin à la pauvreté.
Je cède la parole à Leilani.
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Merci, Harriet, et merci, monsieur le président.
Bonjour.
Mes commentaires porteront sur la partie 1 du projet de loi , en particulier sur les dispositions relatives aux activités et aux objectifs politiques des organismes de bienfaisance, à l’article 17 du projet de loi.
Un mot avant de commencer, nous sommes heureuses de dire au Comité que nous appuyons les modifications proposées, et ce pour les trois raisons suivantes.
Premièrement, et c’est peut-être le plus évident, ces dispositions renforcent effectivement notre démocratie. Elles favorisent un débat public vigoureux et garantissent que les voix et les expériences vécues de ceux qui vivent dans la pauvreté puissent être entendues dans le domaine public.
Deuxièmement, comme Katherine Scott l’a déjà dit, ces modifications appuient la recommandation 3 du groupe consultatif qui a examiné ces questions. J’ajouterais qu'elles sont également conformes à la décision de la Cour supérieure de l’Ontario dans l’affaire dont mon organisation l'avait saisie au sujet, précisément, des restrictions imposées aux activités politiques des organismes de bienfaisance.
Pour ceux d’entre vous qui l’ont lue, vous savez, et pour ceux d’entre vous qui ne l’ont pas lue, je vais vous dire que le juge Morgan a statué que les restrictions imposées aux activités politiques non partisanes limitent la capacité de notre organisme à faire participer nos membres et la population à la réalisation de notre objectif caritatif de réduction de la pauvreté, et que contrairement aux anciens modèles d'asiles de pauvres et de soupes populaires, le travail de notre organisme pour réduire la pauvreté en partageant des idées, en obtenant des changements de mentalité et en participant au dialogue sur la politique gouvernementale pour définir les causes de la pauvreté et les changements nécessaires aux lois et aux politiques pour soulager la pauvreté, est nécessaire pour atteindre notre objectif, qui est de nature caritative.
Il a estimé, en fait, que le paragraphe 149.1(6.2) de la Loi de l’impôt sur le revenu contrevenait à l’alinéa 2b) de la Charte — à savoir l’article sur la liberté d’expression —, qu’une disposition de ce genre n’était pas raisonnablement justifiée et n’avait pas de force exécutoire, et que, désormais, les activités de bienfaisance devraient être entendues comme comprenant des activités politiques non partisanes visant à la réalisation d’un objectif caritatif. C’est exactement ce que dit le projet de loi également et ce à quoi il est conforme.
La troisième raison pour laquelle nous appuyons ces modifications que, comme la décision du juge Morgan, elles ne permettent d’aucune façon aux groupes qui n’ont pas de but caritatif reconnu de demander le statut d’organisme de bienfaisance pour s'adonner à des activités politiques. Simplement, ces changements attestent que la liberté d’expression et la participation au dialogue sur les politiques gouvernementales sont des éléments essentiels de la poursuite efficace de buts caritatifs reconnus, comme le soulagement de la pauvreté.
Avant de terminer, j’aimerais signaler quelque chose au Comité. Le gouvernement n’a pas encore indiqué son intention de retirer son appel dans l’affaire Canada sans pauvreté c. Canada et n’a pas encore reconnu publiquement que les articles de la loi enfreignent effectivement la Charte. En fait, le gouvernement a décidé de présenter la question comme une simple question de politique.
Pour notre secteur, il est essentiel que les articles de la Loi de l’impôt sur le revenu qui sont en cours de modification restent considérés comme une infraction à la Charte. Sinon, des mesures semblables pourraient, par caprice politique, être appliquées par des gouvernements à venir, laissant le secteur exactement là où il était avant les modifications proposées dans le projet de loi . Nous demandons donc, en terminant, que le gouvernement retire son appel dans cette affaire.
Merci. Nous serons heureuses de répondre à vos questions.
Bonjour, chers collègues et honorables membres du Comité permanent des finances. Nous vous remercions de l'invitation à comparaître devant vous aujourd’hui.
Je m’appelle Anjum Sultana et je suis gestionnaire des politiques et des communications stratégiques au YWCA Canada. Nous sommes l’organisation la plus ancienne et la plus importante au pays pour les femmes. Depuis près de 150 ans, nous sommes au service des femmes et des jeunes filles, et de leur famille, à des moments décisifs de leur vie et nous leur fournissons les services et les ressources nécessaires pour s'épanouir et réussir.
La semaine dernière, le 1er novembre, plus de 100 membres du YWCA Canada étaient ici sur la Colline du Parlement, où ils ont rencontré plus de 65 de vos collègues parlementaires. Nous avons fait valoir la sécurité économique des femmes. Aujourd’hui, nous commenterons le contenu du projet de loi . Nous sommes encouragées par toute l'évolution de ce projet de loi en particulier, parce que nous y voyons la possibilité de faire progresser la sécurité économique des femmes ici au pays.
Nous tenions également à vous dire que nous travaillons actuellement dans neuf provinces et deux territoires et que nous offrons des services à plus de 330 000 femmes et jeunes filles chaque année. D’ici 2020, qui marquera notre 150e anniversaire, nous prévoyons travailler également dans notre dixième province, l’Île-du-Prince-Édouard.
Nous souhaitons aujourd'hui vous parler de trois sections en particulier, dans la partie 4 du projet de loi , notamment de la section 9 de la partie 4, qui porte sur la Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes, qui vise à promouvoir l’égalité entre les sexes et l’inclusivité en tenant compte du genre et de la diversité dans le processus de budgétisation. Nous sommes d'avis, comme d’autres témoins l’ont déjà dit au Comité, que, dans la foulée de ce projet de loi historique, il faudrait absolument fixer un objectif de parité entre les sexes au moment où les futurs comités permanents des finances envisageront des consultations prébudgétaires. Plus précisément, d’autres témoins ont souligné l’importance de veiller à ce qu’au moins 15 % des futurs témoins qui comparaîtront devant le Comité viennent d’organisations féministes et d'organisations au service des femmes.
La Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes marque une étape importante, mais on peut encore l'améliorer en veillant à ce qu’au moins 15 % des témoins qui comparaîtront devant le Comité viennent d’organisations féministes et d’organisations au service des femmes, afin de s’assurer que les voix des femmes soient entendues dans le processus de budgétisation et dans les processus décisionnels à venir.
Nous sommes également heureuses de voir l'inclusion dans le projet de loi de la section 14 de la partie 4, qui édicte la Loi sur l’équité salariale, que les organisations au service des femmes réclament depuis de nombreuses années, notamment nos collègues de la Coalition pour l’équité salariale, Janet Borowy et Fay Faraday, qui ont comparu devant le Comité auparavant dans le cadre de son étude du projet de loi . Nous appuyons entièrement leurs recommandations et, dans notre mémoire au Comité, nous formulerons des recommandations précises, mais nous appuyons entièrement les leurs.
Nous voulons, entre autres, attirer votre attention sur l'article 2, qui est l'« Objet ». Il prévoit, dans sa forme actuelle, de tenir compte des « divers besoins des employeurs ». Nous vous invitons à supprimer cette réserve, car nous avons constaté qu’elle porte atteinte à l’expérience des femmes sur le marché du travail ainsi qu'à l’objectif et l’esprit de la loi, à savoir l'abolition des préjugés et de la discrimination systémiques fondés sur le sexe.
Nous avons également constaté avec plaisir, dans la partie 4 du projet de loi, la section 18 prévoit la création du ministère des femmes et de l'égalité des genres. Nous avons été heureuses de constater que le projet de loi tient compte de nombreux autres facteurs liés à la diversité et à la situation sociale.
Nous vous invitons à inclure une autre identité, la citoyenneté. Il semble bien qu'on ait tenu compte du fait que les diverses expériences des femmes sont compliquées par différents aspects de la situation sociale, comme l’âge, l’origine ethnique et l’orientation sexuelle. Nous vous invitons à y ajouter la citoyenneté. Ce serait conforme aux autres codes provinciaux des droits de la personne, comme celui de l’Ontario, qui comprend la citoyenneté.
Enfin, nous appuyons sans réserve les recommandations de nos collègues du Congrès du travail du Canada au sujet des congés. Nous le constatons chez les plus de 330 000 femmes au service desquelles nous sommes chaque année, dont beaucoup viennent de la classe ouvrière et ont de la difficulté à obtenir les prestations auxquelles elles ont droit. Nous vous encourageons à tenir compte des recommandations formulées par le Congrès du travail du Canada.
Je vous remercie encore une fois de votre attention. Nous serons heureuses de répondre à vos questions.
Merci.
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Cela fait longtemps que nous attendons une loi fédérale proactive.
Il y a des lois proactives dans certaines provinces et elles fonctionnent relativement bien, sauf en ce qui concerne certains cas problématiques, que nous avons dû porter devant les tribunaux.
On sait depuis des décennies que le mécanisme de règlement des litiges devant les tribunaux pour atteindre l'équité salariale ne fonctionne ni pour les employeurs ni pour les employés. Il est évident qu'une loi proactive était nécessaire. Comme on le dit en anglais, c'était long overdue.
Dans l'ensemble, cette loi est un pas dans la bonne direction, mais il y a encore beaucoup de zones grises dans sa conception. Elle donne aux employeurs des échappatoires et cela fera en sorte de nous amener encore à nous adresser aux tribunaux.
Or c'est ce que nous souhaitons éviter par l'adoption d'une loi proactive. Nous voulons éviter les litiges coûteux pour toutes les parties. Malheureusement, la loi proposée présente cette possibilité parce que les lacunes n'ont pas toutes été comblées comme il le faudrait. Cela n'a pas été bien ficelé. Elle laisse donc trop de discrétion ou d'échappatoires aux employeurs.
Il y a aussi des zones grises du fait qu'on laisse plusieurs éléments à être précisés dans les règlements. Si les règlements sont bien conçus, c'est parfait, mais pour l'instant, il est difficile de nous prononcer sur de futurs règlements.
Le processus réglementaire devra faire participer tous les partenaires. Il faudra qu'on nous consulte et que le gouvernement entende notre point de vue d'experts, car nous sommes véritablement des experts dans ce domaine.
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Comme vous le savez, il y a maintenant trois administrations qui auront une loi proactive sur l’équité salariale: l’Ontario, le Québec et maintenant le fédéral. Dans les secteurs sous réglementation fédérale, un peu plus d’un million de travailleurs seront couverts par le code, parce que le gouvernement fédéral va aussi élargir la couverture pour s’assurer que le programme des entrepreneurs fédéraux devra également se conformer à la Loi proactive sur l'équité salariale. Si vous voulez faire affaire avec le gouvernement fédéral, vous devrez satisfaire à cette exigence.
Je pense que tout cela aura un effet extrêmement positif sur les femmes, mais surtout, il ne s’agit pas seulement de l’égalité salariale des femmes, mais aussi de leur égalité économique.
Les statistiques ne cessent de souligner le fait que les femmes vivent dans la pauvreté beaucoup plus que les hommes. C’est en grande partie parce que nous faisons preuve de discrimination depuis des générations et que nous ne les payons pas adéquatement. Cela va certainement hausser considérablement la norme. Je pense que nous devons maintenant trouver une façon de continuer à le faire dans nos fédérations et nos organismes affiliés au niveau provincial. Comment amener les autres provinces à adopter une loi proactive sur l’égalité salariale?
Par ailleurs, comme vous le savez, une loi proactive sur l’équité salariale ne traite que d’un seul aspect de l’égalité globale des femmes. Je pense qu’un système national de garde d’enfants grâce auquel les femmes pourront faire garder leurs enfants leur donnera un formidable coup de pouce, comme nous l’avons vu au Québec. Lorsqu’elles en auront la capacité, elles contribueront beaucoup plus à l’économie qu’elles n’en retireront grâce aux services de garde, mais les services de garde sont un élément essentiel de l’amélioration de l’égalité des femmes dans notre société.
Je ne saurais trop insister sur ce que cela va faire pour résoudre les problèmes. Comme nous l'avons souvent fait valoir, il a fallu 28 ans aux femmes pour obtenir l’équité salariale dans un milieu de travail fédéral, parce que le litige s'est éternisé avant que nous puissions régler cette situation.
Ce projet de loi mettra fin à cette histoire, mais surtout, je pense que la commission jouera un rôle énorme à cet égard, car elle peut encourager les parties à trouver des solutions à leurs problèmes d’équité salariale. Je pense que le règlement de certaines des questions que nous avons cernées serait un formidable coup de pouce.
Beaucoup de travailleurs n'entrent pas dans les catégories visées dans les secteurs de compétence fédérale et provinciale. Il est essentiel que ces échappatoires soient maintenant colmatées dans la partie III du code, mais nous voulons également nous assurer que, même si les employeurs ont divers intérêts, ils ne puissent pas se soustraire à leurs responsabilités en ce qui concerne la rémunération des femmes qui travaillent dans leur secteur de compétence.
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Merci, monsieur le président, et merci au Comité permanent de m’avoir invité à comparaître. Je m’appelle James O’Hara et je suis président-directeur général de Canadiens pour l’accès équitable à la marijuana médicale. Je suis moi-même un patient qui consomme du cannabis thérapeutique.
Je dirige depuis 2014 un organisme national sans but lucratif qui représente avec succès les patients qui consomment du cannabis thérapeutique. Il est le porte-parole de quelque 350 000 patients qui consomment actuellement du cannabis thérapeutique au Canada. Il est devenu, parmi les organismes sans but lucratif qui défendent les intérêts de divers groupes, la voix authentique et réfléchie des consommateurs de cannabis thérapeutique.
Monsieur le président, je commencerai par citer un pourcentage: 25 %. C'est le taux moyen de la taxe qui frappe le cannabis thérapeutique: 25 %. Et, dans bien des cas, ce taux moyen est en deçà de la réalité. De nos jours, les taxes grugent le quart des ressources que les patients consacrent à l'achat d'un médicament.
Il est essentiel de comprendre que l’accès raisonnable et à prix abordable au cannabis thérapeutique est absolument essentiel à la santé et au bien-être des patients et, au bout du compte, à leur vie. Aujourd'hui, cet accès n'est pas assuré. C'est même tout le contraire, car le cannabis est un médicament lourdement taxé.
Permettez-moi de prendre quelques instants pour récapituler certains des motifs que le gouvernement a invoqués pour taxer le cannabis. Le a déclaré à maintes reprises que les consommateurs de cannabis récréatif s'empresseront de recourir au régime du cannabis thérapeutique et en abuseront. Étant donné que la légalisation du cannabis a été réalisée le mois dernier, cette raison ne tient plus.
Il a aussi affirmé à maintes reprises que la légalisation visait à faire disparaître le marché noir. Cette raison ne tient plus non plus. Ces lourdes taxes font même tout le contraire, car elles encouragent le marché noir au lieu de le combattre. En fait, il y a plus de facteurs que jamais qui favorisent l'existence même d'un marché noir.
Permettez-moi de vous donner une idée de ce qui se passe. Je peux honnêtement vous dire que je n’ai jamais, de toute ma vie, entendu autant de patients me dire qu’ils ne soutiendront plus l’industrie, mais qu’ils se tourneront plutôt vers le marché noir, ce marché noir que M. Trudeau essaie d’éliminer. De nombreux députés ministériels ont également indiqué par écrit à leurs électeurs que les patients qui consomment du cannabis thérapeutique doivent payer les coûts de la légalisation et de l’application de la loi.
Monsieur le président, je vous rappelle que nous avons déjà payé. Nous payons depuis près de 20 ans. Nous avons largement payé cette facture. Nous le faisons depuis très longtemps, même avant la légalisation.
Permettez-moi d’ajouter un fait moins connu: les patients qui consomment du cannabis thérapeutique ne font pas que payer. Ils permettent aussi au Canada et aux entreprises d’économiser en faisant diminuer la consommation de médicaments, le nombre de consultations chez le médecin et à l’hôpital, et le recours aux congés de maladie.
Des membres du gouvernement ont également déclaré qu’il y a une exonération de la taxe d’accise pour les patients qui consomment du cannabis. Cette prétendue exemption est réservée aux produits dont la teneur en THC est inférieure ou égale 0,3 % de THC. Il ne s’agit pas de cannabis thérapeutique; c'est la teneur en THC du chanvre. En fin de compte, il s’agit d’un moyen de défense à caractère politique dont le but est de semer la confusion, car, dans les faits, les patients n'ont droit à aucune exemption.
La dernière version de la justification de cette taxe sur des médicaments semble être l’argument fondé sur le DIN. Il existe déjà des produits exemptés de la taxe qui n’ont pas de DIN. En réalité, ce n’est pour le gouvernement qu’une autre tactique dilatoire pour continuer de percevoir des taxes le plus longtemps possible auprès des Canadiens aux prises avec des problèmes de santé et des difficultés économiques.
Qu’il s’agisse de la thèse des consommateurs de cannabis récréatif qui trichent avec le système, de l’élimination du marché noir, de l’obligation pour les utilisateurs de cannabis thérapeutique de payer une facture, des fausses exemptions ou du DIN, tout cela mène à une seule vérité évidente: le gouvernement cherche à empocher des recettes fiscales coûte que coûte. Ce que cela coûte? Je vous en dirai un mot. Ces taxes coûtent beaucoup plus cher que quiconque, moi y compris, ne peut l'imaginer. Chaque jour, des centaines de milliers de Canadiens paient par leur douleur, leur souffrance et leur mort.
Je tiens à dire aux membres du Comité et aux députés qui ont appuyé ces taxes que chaque fois que vous invoquez une autre raison pour justifier l’imposition de taxes sur le cannabis thérapeutique, n’oubliez pas à qui vous tenez ce discours. Vous dites cela à votre mère, à votre père, à votre grand-mère, à votre grand-père, à votre oncle, à votre frère, à votre soeur et à vos électeurs malades. Les patients qui consomment du cannabis thérapeutique sont tout autour de vous. Ils sont parmi nous. Prenez conscience du fait que vous ne pouvez justifier cette pratique que si vous êtes sérieusement mal informé ou si vous n’avez aucune compassion pour les difficultés quotidiennes des Canadiens aux prises avec des problèmes de santé et des difficultés économiques.
En terminant, monsieur le président, c’est pour ces raisons de compassion que je demande au gouvernement d'éliminer immédiatement toutes les taxes sur le cannabis thérapeutique.
Je tiens à vous remercier, monsieur le président, ainsi que les membres du Comité, d'avoir pris le temps de m'écouter. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir, honorables membres du Comité. Je m’appelle Robert Louie et je suis président du conseil consultatif du centre de gestion des terres. Mon nom, dans la langue des Okanagans Syilx, est Seemoo. Seemoo est notre nom ancestral, et il signifie « lié à la terre ».
Je comparais devant le Comité avec des collègues pour appuyer les modifications de la Loi sur la gestion des terres des premières nations, la LGTPN, prévues dans le projet de loi . Nous espérons que tous les membres du Comité appuieront les modifications énoncées dans la section 11 du projet de loi et que le Parlement adoptera le projet de loi le plus tôt possible.
Il s’agit de la mesure législative que prend le Canada pour rendre la loi conforme aux plus récentes améliorations de l’accord-cadre sur la gestion des terres des Premières nations, initialement proposé au Canada en 1994 et signé en 1996.
Bien que nous appuyions les modifications de la LGTPN proposées dans le projet de loi , nous souhaitons faire valoir auprès des membres du Comité la nécessité de procéder à d’autres réformes pour remplacer la LGTPN par une approche plus appropriée et plus efficace, qui respecte mieux notre entente de gouvernement à gouvernement.
Je commencerai par un aperçu de cet accord historique et très important, l’accord-cadre sur la gestion des terres des Premières nations.
Je suis un ancien chef de la Première nation de Westbank, une collectivité autonome, et j’ai travaillé pendant de nombreuses années à faire progresser l’autonomie gouvernementale sur nos terres. J’ai présidé le conseil consultatif de la gestion des terres pendant près de 30 ans, soit depuis sa création.
Je suis accompagné ce soir de mon collègue, le chef Austin Bear, de la Première nation de Muskoday, en Saskatchewan, qui est président du First Nations Lands Management Resource Centre. Il s’agit de l’organe technique et financier de notre organisation.
Nous avons tous deux travaillé ensemble au sein d’un groupe de 14 Premières Nations dans les années 1980 et au début des années 1990, cherchant à échapper aux lois et aux politiques draconiennes de la Loi sur les Indiens. Nous étions motivés par le désir d’obtenir la reconnaissance de notre droit inhérent à l’autonomie gouvernementale à l'égard des terres et des ressources des réserves.
Après de longues années de négociations, de recherches, de consultations et de discussions approfondies, nous avons signé l’accord-cadre sur la gestion des terres des Premières nations avec le Canada en 1996. Cet accord-cadre a été ratifié par le Canada lorsque la Loi sur la gestion des terres des premières nations a été promulguée, en 1999. L’ancien régime de gestion des terres prévu par la Loi sur les Indiens, tout à fait désuet, a été un frein pour nos collectivités et il ne respectait ni nos décisions, ni nos traditions. L’ancien régime ne répondait pas aux besoins des membres de la collectivité et nuisait à leur capacité de participer à l’économie générale en réagissant aussi vite que le reste du monde des affaires.
Conformément à l’accord-cadre, chaque Première Nation a le pouvoir reconnu de prendre des décisions concernant ses propres terres et peut promouvoir des collectivités plus saines et plus dynamiques, ce qui a des retombées économiques directes pour les Premières Nations et, en fait, pour tous les Canadiens.
Grâce à l’accord-cadre, nous ranimons et améliorons des secteurs de l’économie canadienne qui étaient déprimés à cause de la désuète Loi sur les Indiens. C’est une solution gagnant-gagnant. J'insiste: c'est une solution gagnante pour tout le monde.
L’autonomie gouvernementale à l'égard des terres est non seulement pratique et efficace, mais elle constitue également un pas vers la réalisation des engagements en matière d’autonomie gouvernementale que le Canada a pris en signant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la DNUDPA.
Je commencerai par mettre l’accent sur la question cruciale de l’autonomie gouvernementale à l'égard des terres, car il est essentiel que les membres du Comité comprennent que l’accord-cadre est au coeur de la question. La loi modifiant la LGTPN, dans le projet de loi , et en fait toute la LGTPN, n’existe que grâce à l’accord-cadre.
Le Canada a choisi de ratifier l’accord-cadre au Parlement en adoptant la Loi sur la gestion des terres des premières nations, mais tous les détails de l’accord sur l’autonomie gouvernementale se trouvent dans l’accord-cadre. Les plus récentes modifications de la LGTPN visent à tenir compte des modifications apportées à l’accord-cadre que nous avons élaborées en partenariat avec le Canada.
Nous ne sommes pas des Premières Nations régies par la LGTPN qui exercent l’autonomie gouvernementale selon les modalités imposées ou déléguées par la loi fédérale; nous sommes des Premières Nations signataires de l'accord-cadre, dont l'application est dirigée par les Premières Nations et qui est la source de la LGTPN, et non l'inverse.
En vertu de l’accord-cadre, les Premières Nations reprennent l’exercice indépendant de l’autonomie gouvernementale à l'égard de leurs terres. Les Premières Nations n’ont pas besoin d’ententes avec le Canada ou d’une loi fédérale pour exercer leur droit inhérent à l’autonomie gouvernementale.
Toutefois, la reconnaissance de cet exercice d'autonomie gouvernementale à l'échelle nationale, ainsi que la reconnaissance par le Canada de la nécessité de démanteler d'une manière mesurée et prudente la Loi sur les Indiens, qui a échoué, font partie de la valeur de la signature de l'accord-cadre avec le Canada.
Nous considérons ce dernier comme un document ayant une importance centrale dans le cadre d'une nouvelle relation avec le Canada et tous les Canadiens concernant la gouvernance des terres des réserves.
Les Premières Nations signent un accord-cadre pour entamer le processus et elles le ratifient pour exercer leur autonomie gouvernementale conformément à leurs propres lois. L'accord-cadre n'est pas imposé à l'ensemble des Premières Nations par le Canada. La participation à cet accord-cadre est entièrement volontaire. L'accord-cadre ne s'applique qu'aux Premières Nations qui choisissent de le ratifier.
L'accord-cadre est souple, afin de respecter les situations et les priorités particulières des Premières Nations, individuellement. Dans tous les cas, c'est aux membres des Premières Nations, individuellement, de décider s'ils veulent ou non laisser tomber les dispositions de la Loi sur les Indiens sur les terres et exercer leur autonomie gouvernementale relativement à celles-ci.
Chaque Première Nation décide de ratifier l'approche de l'accord-cadre au moyen de son propre code foncier. Il n'y a pas d'approche universelle, pas de code foncier unique, ni d'ensemble de lois imposées par le Canada ou par l'accord-cadre. C'est une bonne chose, et c'est ce que veulent les Premières Nations.
Nous croyons que c'est l'une des raisons de son succès. L'accord-cadre est remarquablement progressiste et vigoureux. Aujourd'hui, plus de 200 Premières Nations ont ratifié un code foncier ou sont en train d'en élaborer un ou ont présenté un avis officiel de leur intention de participer. Cela signifie qu'environ 30 % de toutes les collectivités des Premières Nations au Canada participent aujourd'hui à cet accord-cadre très important et à ce que nous faisons en matière de gestion des terres.
L'accord-cadre a été élaboré par 14 Premières Nations seulement, mais aujourd'hui, 22 ans plus tard, 81 Premières Nations ont repris leur pouvoir de gouvernance territoriale et 57 autres envisagent activement cette option à l'heure actuelle. Le budget de 2018 prévoit l'adhésion d'autres Premières Nations au cours des cinq prochaines années. Nous aimerions évidemment que le nombre augmente.
Bien que l'accord-cadre ait été un succès dès le départ, nous avons également réussi à collaborer avec le Canada à un certain nombre d'améliorations au fil des ans. Je pense qu'il serait utile de souligner les plus récents amendements aux membres du Comité.
Tout d'abord, l'accord-cadre a été élaboré avant la DNUDPA. De nombreuses Premières Nations régies par l'accord-cadre considèrent que la reconnaissance de la Déclaration des Nations Unies par le Canada est une étape importante vers la réconciliation et le respect de l'autonomie gouvernementale et devrait se refléter dans l'accord-cadre et dans la législation fédérale.
Les électeurs des Premières Nations qui sont appelés à examiner les codes fonciers veulent de la clarté. La nouvelle clause de la Déclaration des Nations Unies dans l'accord-cadre sera importante pour les électeurs qui se demanderont s'ils doivent se retirer du système foncier de la Loi sur les Indiens, car cette clause témoigne de l'engagement du Canada à adopter une approche conforme à la Déclaration. En tout respect, je pense que le libellé de la Déclaration des Nations Unies dans le projet de loi pourrait être amélioré. À l'heure actuelle, il est dit que le Canada s'est engagé à mettre en oeuvre la DNUDPA, ce qui est bien, mais un libellé plus explicite pourrait souligner que l'interprétation de l'accord-cadre et de cette loi devrait être guidée par les principes établis dans la Déclaration des Nations Unies.
Deuxièmement, nous tenons à souligner au Comité la modification du processus de vote pour les codes fonciers. Dans presque tous les votes qui ont eu lieu au pays, les codes fonciers ont reçu un appui massif. Dans deux collectivités des Premières Nations, les électeurs étaient unanimes. En moyenne, 84 % des électeurs appuient les codes fonciers.
Toutefois, les membres du Comité seront peut-être surpris d'apprendre que, dans certains cas, alors qu'une majorité écrasante avait voté pour le code foncier, le scrutin a échoué. C'est parce que l'accord-cadre exige non seulement un vote majoritaire pour le code foncier, mais aussi un seuil minimal de 25 % de tous les électeurs admissibles.
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J'essayais simplement de gagner du temps.
L'IPIC représente le point de vue de nos professionnels de la PI dans le cadre de mémoires soumis au gouvernement et à d'autres organismes. Nos activités couvrent une vaste gamme de domaines, comme l'éducation, le perfectionnement professionnel continu et la sensibilisation à la PI dans le milieu des affaires. Au cours des dernières années, nous avons même créé un code de déontologie volontaire à l'intention des personnes qui souhaitent devenir membres de notre institut.
Au cours des derniers jours, depuis le dépôt du projet de loi , environ 160 de nos membres ont examiné les dispositions des modifications proposées à la Loi sur les brevets, à la Loi sur les marques de commerce et à la Loi sur le droit d'auteur. Pendant cette brève période, nous avons examiné le libellé, mais nous voudrons sans doute présenter un mémoire écrit, compte tenu de la portée des changements proposés.
Il y a quelques exemples qui touchent nos membres plus directement, et j'aimerais les aborder.
Un changement en particulier est un changement dans ce qu'on appelle l'irrecevabilité fondée sur le dossier dans le domaine des litiges en matière de brevets. Il découle du nouveau paragraphe 53.1(1) proposé dans la Loi sur les brevets, qui prévoit essentiellement la capacité d'admettre en preuve des poursuites antérieures, les communications entre les demandeurs de brevets et le Bureau des brevets, dans les actions en justice. Cela marquerait une rupture avec de nombreuses années de jurisprudence en la matière au Canada.
Ces dispositions ont été proposées sans grand préavis ou débat et n'ont pas été mentionnées dans le cadre de la stratégie nationale sur la PI. Plus précisément, cependant, nos membres étaient d'avis qu'on n'avait pas prévu de période de transition appropriée pour ces dispositions, surtout en ce qui concerne les litiges en cours sur les brevets et le fait que les brevets existants ont fait l'objet de poursuites ou ont été obtenus alors que cette doctrine juridique ne faisait pas partie des dispositions législatives canadiennes sur les brevets. Selon ces nouvelles dispositions, la doctrine s'appliquerait immédiatement au moment de l'entrée en vigueur de ces brevets.
Après avoir entendu les points de vue de nos comités qui ont examiné le projet de loi au cours des derniers jours, nous pouvons dire que la plupart des amendements sont appuyés en principe par l'IPIC, mais qu'il y a de nombreux domaines d'application pratique qui auraient, à notre avis, des conséquences imprévues.
En résumé, il est question, par exemple, des droits et des brevets des utilisateurs antérieurs, de l'absence continue d'une exigence relative à l'utilisation démontrée d'une marque de commerce pour obtenir l'enregistrement d'une marque de commerce, et du recours en dommages-intérêts pour les sociétés de gestion des droits d'auteur, qui semble éliminer la possibilité de dommages-intérêts préétablis pour les enregistrements sonores.
Nous remettrons un mémoire détaillé au Comité dès que possible, dans lequel ces problèmes potentiels seront exposés.
Cela dit, dans le peu de temps qu'il nous reste, nous nous concentrerons en priorité sur certains aspects du projet de loi qui prévoient la création du Collège des agents de brevets et des agents de marques de commerce.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, nous sommes heureux de voir ces dispositions habilitantes dans le projet de loi . L'IPIC préconise la création d'un tel organisme de gouvernance depuis près de 23 ans. En ce qui concerne le projet de loi, j'aimerais résumer deux questions qui nous ont semblé préoccupantes.
La première concerne en fait deux dispositions, soit les alinéas 14c) et 14d) des dispositions habilitantes sur le collège. En effet, l'alinéa 14d) interdit aux membres de l'IPIC ayant siégé à l'un de nos 37 comités au cours des 12 mois précédents de siéger au conseil d'administration du collège ou à d'autres comités importants du futur collège. Sont également exclus ceux qui ont été bénévoles auprès d'autres organismes représentant notre profession au Canada et à l'étranger.
L'IPIC compte un grand nombre de membres bénévoles. Plus de 400 bénévoles siègent à nos comités, ce qui représente environ le quart de nos membres. Ce sont les membres les plus dévoués de la profession et souvent les plus chevronnés et les mieux informées. Si ces personnes étaient exclues, nous estimons qu'il ne resterait qu'un très petit bassin de candidats ayant l'expérience et les connaissances requises pour siéger au conseil d'administration du collège.
Par exemple, nous avons de nombreux comités qui s'occupent de perfectionnement professionnel. Nous avons des membres qui fournissent des avis à la Cour fédérale en ce qui concerne des changements dans les litiges. Nous avons des comités de sensibilisation du public, dont l'un conseille activement les Autochtones sur les questions de propriété intellectuelle. Selon ces dispositions, tous les membres ayant siégé à ces comités au cours des 12 mois précédents seraient exclus des postes de direction du collège.
Nous croyons que ces dispositions sont inutiles. Elles ne s'appliquent pas à d'autres professions. Par exemple, le Barreau de l'Ontario n'est pas assujetti à une telle règle pour les membres de son conseil d'administration, ses conseillers. En fait, ses membres sont encouragés à participer activement aux associations bénévoles.
À notre avis, il faudrait surtout abroger les alinéas 14d) et 14c). En vertu de l'alinéa 14c), un membre ne serait pas admissible à siéger au conseil en raison de son seul statut de membre. À notre avis, la loi ne devrait pas empêcher le collège d'avoir les meilleures chances de réussir. Le collège devrait disposer du bassin de candidats le plus qualifié pour assurer sa direction.
La deuxième et dernière question que j'aimerais souligner dans le temps qu'il nous reste concerne le paragraphe 33(1) de la Loi sur les collèges, qui exige l'établissement par règlement d'un code de déontologie. Le code de déontologie devrait être un document dynamique et évolutif. Étant donné le rythme accéléré des changements dans le monde des affaires et dans les professions de la PI, nous croyons qu'il est très problématique que le code soit établi par règlement. Les règlements incluent souvent le code ou y font référence, mais celui-ci devrait évoluer à l'extérieur du cadre réglementaire.
Nous reconnaissons que le code peut être considéré comme un règlement en vertu de la Loi sur les textes réglementaires, mais le fait de permettre qu'il existe en tant que règlement administratif ou sous une forme indépendante du cadre réglementaire donnerait au collège la latitude nécessaire pour le modifier efficacement et réagir comme une organisation centralisée et comme un gardien de l'intérêt public. Pour vous donner un exemple, le Code de déontologie du Barreau de l'Ontario n'est pas incorporé dans les règlements d'application de la Loi sur le Barreau. Le conseil d'administration, qui est constitué de conseillers juridiques, supervise et approuve le Code de déontologie, mais celui-ci ne fait pas à proprement partie des règlements en vertu de la loi. Le pouvoir d'établir les codes et les règlements administratifs est prévu dans la Loi sur le Barreau par délégation législative.
À notre avis...
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Le témoin s'exprime en nisga'a.]
En français, mon nom en langue nisga'a signifie « nageoire nacrée », et je vous ai tous souhaité le bonsoir. Je suis heureuse de vous rencontrer tous.
Comme l'a dit le président, je m'appelle Corinne McKay. Je suis la secrétaire-trésorière élue de la nation Nisga'a. Nous vous remercions de nous donner l'occasion de témoigner devant le Comité permanent des finances.
J'aimerais commencer par souligner que la nation Nisga'a a été la première nation autochtone de la Colombie-Britannique à conclure un traité moderne, dont j'ai d'ailleurs un exemplaire avec moi.
Le traité nisga'a a également été le premier traité moderne à être reconnu dans la Constitution en tant que traité sur l'autonomie gouvernementale. Je note dans le contenu du projet de loi des modifications à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise, le dépôt de la Loi sur l'équité salariale, des modifications à la Loi sur la gestion des terres des premières nations et de nombreuses autres modifications.
Il est toujours positif de voir des projets de loi d'exécution du budget qui visent à répondre aux besoins des peuples autochtones. Cela fait suite à l'annonce faite dans le budget de 2018 d'un financement spécifique pour les gouvernements autochtones autonomes. C'était la première fois que les besoins des partenaires des traités modernes du Canada étaient explicitement reconnus dans un document budgétaire fédéral.
Les futurs processus budgétaires, y compris l'exécution du budget, devraient continuer de tirer parti de ces développements positifs de deux façons.
Tout d'abord, les besoins des gouvernements autochtones autonomes devraient toujours être pris en compte dans le budget. Par exemple, il devrait continuer d'y avoir des allocations spécifiques destinées aux gouvernements autochtones autonomes pour toute infrastructure ou tout logement ou des fonds destinés à combler les écarts, et je remarque qu'il y a eu une discussion sur le logement juste avant notre présentation. Le logement est un besoin bien réel dans nos collectivités, et compte tenu de l'état des logements dans nos collectivités, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la situation de nos gens à ce chapitre.
En deuxième lieu, les futures politiques financières liées à l'autonomie gouvernementale des gouvernements autochtones devraient être élaborées de façon concertée. Le gouvernement du Canada a reconnu les lacunes dans ses politiques fiscales existantes et a invité les gouvernements autochtones autonomes à participer au processus concerté d'élaboration des politiques financières. Il est important de noter que ce processus est distinct de l'engagement du gouvernement envers l'APN, l'Assemblée des Premières Nations. Il s'agit d'un engagement direct auprès des gouvernements autochtones autonomes.
Dans le cadre de ce processus concerté, les représentants des gouvernements autochtones et du gouvernement fédéral travaillent en étroite collaboration afin d'acquérir une compréhension commune des intérêts du Canada et des gouvernements autochtones. Ils élaborent une politique financière nouvelle en tout point. Cela n'a jamais été tenté auparavant. Il est important de reconnaître que le processus concerté pour l'élaboration des politiques a donné lieu à un ensemble de documents de politique financière qui, combinés aux engagements pris par le Canada dans les traités modernes, sont plus respectueux de la situation et des besoins des gouvernements autochtones que toute politique financière fédérale antérieure.
Il faut faire l'éloge de ce travail et le poursuivre. Toutes les politiques budgétaires futures devraient être élaborées de façon concertée.
Nous vous remercions d'avoir pris le temps d'entendre notre appui au processus concerté. Nous trouvons qu'il est respectueux et qu'il s'appuie sur le travail qui a été fait, et nous considérons cela comme le début d'un nouveau dialogue qui améliorera la vie de notre peuple, et comme Canadiens, la vie des Canadiens.
Merci.
Je vous remercie de me donner l'occasion de me présenter devant vous aujourd'hui au nom de l'Alliance de la fonction publique du Canada, ou AFPC.
Mon exposé portera sur la nouvelle loi sur l'équité salariale édictée par la partie 4 de la section 14 du projet de loi .
Dans l'ensemble, l'AFPC accueille favorablement cette loi. Notre syndicat lutte depuis des décennies pour faire valoir le droit des femmes à un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Nous avons certes remporté quelques victoires, mais le processus de plainte était à ce point fastidieux que certaines des femmes qui avaient droit à un règlement sont mortes avant d'avoir touché un sou.
L'AFPC croit que la nouvelle loi permettra de corriger les iniquités salariales et d'instaurer une culture qui va privilégier l'équité salariale au point d'en faire la norme.
Nous saluons aussi les dispositions sur la nomination d'une commissaire à l'équité salariale. Cependant, nous insistons sur l'importance de lui fournir toutes les ressources qui lui seront nécessaires pour appliquer pleinement la loi.
Il y a cependant deux bémols importants que l'AFPC se doit de souligner.
Commençons par l'article 2, selon lequel la loi a pour objet « [...] l'atteinte de l'équité salariale par des moyens proactifs en corrigeant la discrimination systémique fondée sur le sexe » en matière de rémunération. Malheureusement, dans ce libellé louable, il y a aussi la mention « tout en tenant compte des divers besoins des employeurs ».
L'AFPC s'inquiète du fait que cette mention pourrait donner aux employeurs amplement de munitions pour contester les décisions de la commissaire devant les tribunaux.
En effet, ils pourront prétendre que leurs besoins sont aussi importants que l'équité salariale, puisque les deux sont mentionnés dans l'objet de la loi.
Les juristes et la Cour suprême du Canada ont débattu le sens juridique de l'objet des lois.
Nous ne croyons pas que le gouvernement veut affaiblir les objectifs de sa nouvelle loi proactive. C'est pour cette raison que l'AFPC recommande au Comité de supprimer cette partie du libellé « tout en tenant compte des divers besoins des employeurs » de l'objet de la loi.
Nous reconnaissons que les employeurs sont responsables d'assurer l'équité salariale, mais la loi renferme de nombreuses dispositions qui leur permettent de demander des ajustements, des prolongations et des exemptions pour satisfaire leurs différents besoins.
Notre seconde préoccupation concerne l'article 20, qui porte sur le pouvoir décisionnel des comités mixtes d'équité salariale. En vertu de cet article, tous les représentants des employés d'un comité d'équité salariale doivent atteindre un consensus s'ils veulent que leur vote compte, ce qui donne un net avantage aux employeurs.
En pratique, cette disposition donne aux employés non syndiqués un droit de veto sur les préférences des employés syndiqués, et inversement. Elle permet aussi aux agents négociateurs de s'opposer aux propositions de leurs homologues.
Il se pourrait très bien que ce système cause un réel préjudice aux groupes à prédominance féminine en présence d'autres groupes s'intéressant moins à l'établissement d'un solide plan d'équité salariale.
Ici encore, l'AFPC ne croit pas que le gouvernement avait ce résultat en tête, lorsqu'il a déposé son projet de loi visant à corriger la discrimination salariale fondée sur le sexe. L'AFPC demande donc au Comité de modifier l'article 20 en supprimant la phrase:
La décision des membres d'un ensemble ne vaut comme vote que si elle est unanime.
Cette phrase serait remplacée par:
La décision des membres d'un ensemble ne vaut comme vote que si la majorité des membres l'appuie.
Il faudra aussi supprimer la phrase suivante de l'article:
Si, sur une question donnée, l'ensemble des membres représentant les employés ne peut parvenir à une décision unanime, il perd son droit et le vote de l'ensemble des membres représentant l'employeur l'emporte.
Nous sommes convaincus que ces deux modifications sont essentielles à la mise en application efficace de la nouvelle loi et nous incitons le Comité à les apporter.
De nombreux spécialistes et membres de l'AFPC cumulent une solide expérience en équité salariale dans le secteur fédéral. C'est avec plaisir que l'AFPC mettra son expertise à la disposition du gouvernement durant l'établissement des règlements et dans le cadre d'activités connexes.
Mme Berry et moi-même serons heureuses de répondre à vos questions.
Merci.
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Bonsoir. Je m'appelle Michael Geist. Je suis professeur de droit à l'Université d'Ottawa, où je suis titulaire de la chaire de recherche du Canada en droit d'Internet et du commerce électronique. Je suis aussi membre du Centre de recherche en droit, technologie et société. Je comparais aujourd'hui à titre personnel et je ne représente que mes propres opinions.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de discuter des dispositions du projet de loi relatives à la propriété intellectuelle. Comme vous le savez, le budget de 2018 accordait la priorité à une stratégie nationale sur la PI, et bien que certains aspects de cette stratégie comportent des investissements dans des domaines comme l'éducation sur la PI, plusieurs engagements juridiques et stratégiques nécessitaient une réforme législative.
À mon avis, de nombreux aspects des dispositions du projet de loi C-86 sur la propriété intellectuelle se font attendre depuis longtemps et sont les bienvenus. Étant donné que les violations des droits de propriété intellectuelle peuvent empêcher les entreprises d'innover ou dissuader les Canadiens de profiter du marché numérique, il peut être aussi important d'élaborer des règles qui traitent de la mauvaise utilisation que d'assurer une protection efficace de la PI.
Il y a plusieurs exemples de la façon dont le projet de loi aborde la question de l'utilisation abusive de la propriété intellectuelle. Par exemple, l'utilisation à mauvais escient des avis de droit d'auteur au Canada et du régime d'avis, qui a été officialisé en 2012, afin de permettre aux titulaires de droits d'auteur de transmettre des allégations de violation du droit d'auteur aux utilisateurs d'Internet par l'entremise de leur fournisseur de services Internet, est une source de préoccupation constante. Le projet de loi modifie la Loi sur le droit d'auteur pour que les demandes de règlement soient exclues des avis et du processus s'y rapportant, ce qui rétablit l'intention initiale du régime.
À mon avis, les changements apportés pour lutter contre la chasse aux brevets constituent une autre réforme importante. Le projet de loi vise à lutter contre les chasseurs de brevets en créant de nouvelles exigences minimales pour les lettres de demande de brevet, ce qui devrait décourager l'envoi de lettres trompeuses. Les règles prévoient également qu'un destinataire d'une de ces lettres a le droit de demander des dommages-intérêts ou des injonctions à la Cour fédérale.
Le projet de loi comprend également des dispositions qui élargissent les droits d'utilisation préalable, traitent des brevets essentiels à une norme et créent des protections pour la recherche, avec une règle concernant les actes commis à des fins d'expérimentation qui ne constituent pas une contrefaçon du brevet. Ce faisant, je pense que le projet de loi rétablit un meilleur équilibre à l'appui de l'innovation dans le système des brevets.
Le projet de loi C-86 prévoit également des réformes dignes de mention de la Commission du droit d'auteur, y compris une importante référence à la prise en compte de l'intérêt public dans le processus décisionnel. C'est quelque chose que la commission avait dit qu'elle ferait. À mon avis, le fait de rendre cela explicite dans la loi est une bonne chose.
Il n'inclut pas non plus, à juste titre, un élargissement des dommages-intérêts préétablis parmi les réformes importantes. Les arguments pour l'élargissement n'étaient pas convaincants et auraient outrepassé le rôle du comité de l'industrie, qui effectue actuellement un examen détaillé du droit d'auteur. Je pense que cette question fera quand même l'objet d'un vif débat dans le cadre de l'examen du droit d'auteur, mais il est plus approprié que ce comité discute des dommages-intérêts préétablis que d'aborder la question dans le cadre d'un ensemble de réformes essentiellement administratives et de gouvernance de la commission.
Bien que cela constitue des aspects positifs du projet de loi, je pense que certaines choses peuvent encore être améliorées. J'aimerais aborder rapidement trois recommandations.
Tout d'abord, la mise en oeuvre de certaines des réformes, y compris les réformes relatives aux brevets que je viens de décrire, risque d'être retardée pendant des années, puisqu'elles sont structurées de façon à exiger que les règlements définissent des questions comme les exigences à inclure dans une lettre de demande de brevet. Des fonctionnaires qui ont participé à un appel la semaine dernière ont indiqué qu'ils savaient déjà ce qu'ils aimeraient voir inclus. Les longs délais nuisent au succès probable de la politique de PI et de la stratégie d'innovation du gouvernement. Je ne vois aucune raison de ne pas inclure ces exigences dans le projet de loi, car je ne vois pas pourquoi la question devrait relever du processus de réglementation.
Deuxièmement, les correctifs apportés au régime d'avis et aux avis de droit d'auteur sont bons, mais nous pouvons faire encore mieux. Il devrait y avoir des pénalités pour l'envoi d'avis abusifs. Nous savons que de nombreux Canadiens, des milliers de Canadiens, ont payé à leur insu des centaines, voire des milliers de dollars dans ces cas, et nous avons besoin de sanctions pour ceux qui abusent de la loi de cette façon. Il faudrait établir des normes communes pour qu'il soit plus facile pour les fournisseurs d'accès Internet d'identifier les avis conformes.
Troisièmement, le budget de 2018 comprend plusieurs références à l'intelligence artificielle, l'IA, l'un des secteurs novateurs les plus importants au Canada. Pourtant, malgré la priorité accordée à l'IA et à la stratégie en matière de PI, un obstacle majeur au droit d'auteur sur l'IA subsiste. Plusieurs des grandes entreprises d'IA dans le monde, dont Element AI au Canada, Microsoft et des membres de la Business Software Alliance, ont souligné la nécessité d'une exception pour l'exploration de textes et de données ou l'analyse de l'information. En l'absence d'une telle exception, le Canada accuse un sérieux retard par rapport à des pays concurrents comme les États-Unis, l'Europe et le Japon, qui ont déjà réglé ce problème en permettant l'exploration de données sans risque de violation du droit d'auteur.
Le Canada ne devrait pas attendre des années avant de s'attaquer à cet obstacle à la commercialisation. Compte tenu de l'inclusion dans le budget de l'IA et de la propriété intellectuelle en tant que domaines prioritaires, le projet de loi représente un moyen évident de régler le problème.
J'attends vos questions avec impatience.
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Le problème avec la Loi sur la gestion financière des premières nations, c'est qu'elle exclut les nations autonomes, comme bon nombre des institutions que le Canada a créées pour les peuples autochtones. Elle traite des bandes indiennes dans les réserves indiennes et ne donne pas aux nations autonomes accès aux obligations. Les amendements qui ont été élaborés ne concernent que les bandes indiennes. Tous les changements excluent les nations autonomes.
C'est un défi auquel les gouvernements autochtones qui ont conclu des accords d'autonomie gouvernementale et des revendications territoriales globales ont dû faire face depuis le tout premier traité moderne. Même si le Canada conclut ces accords, il ne modifie aucune politique, ni aucun processus. Le gouvernement ne veille pas à ce que la mise sur pied des institutions se fasse de manière à tenir compte des engagements et des changements qui sont compris dans ces nouveaux accords. Les nations autonomes passent entre les mailles du filet lorsque le Canada élabore des solutions.
L'Administration financière des Premières nations et les processus qui y sont mis en place sont importants. Il s'agit d'un outil important pour les gouvernements autochtones, mais la façon dont il a été établi et la façon dont ces amendements ont été élaborés font en sorte, encore une fois, que les nations autonomes n'y ont pas accès. Cela signifie que ces nations doivent soit emprunter de l'argent à un taux beaucoup plus élevé, soit économiser avant de pouvoir dépenser.
Le problème, c'est que l'argent qui est économisé sert d'enjeu dans les négociations avec le Canada. De l'argent est économisé et un excédent important est accumulé à la banque, mais cela vient du manque d'accès au financement et représente donc la seule façon d'accumuler le capital nécessaire pour développer des infrastructures dans les collectivités.
La seule façon dont les programmes et les services conçus pour éliminer les écarts entre les Canadiens autochtones et les Canadiens non autochtones réussiront, c'est si nous avons le genre d'infrastructures nécessaires pour nous assurer qu'il y a de l'eau potable, des logements salubres et une collectivité correspondant à ce que les autres Canadiens tiennent pour acquis.
Il faut que le gouvernement fédéral travaille avec nous. C'est un sujet que nous abordons dans le cadre du processus concerté d'élaboration de politiques financières, c'est-à-dire toutes les nations autonomes du Canada, sauf une, qui travaillent ensemble à l'élaboration d'un accord financier global avec le Canada. C'est ce dont nous avons besoin.
L'un des problèmes, c'est que tout a été fait jusqu'à maintenant en vase clos, ce qui limite les avantages de chacun de ces éléments. Il faut adopter une approche globale, afin de pouvoir avoir accès aux ressources dont nous avons besoin, mais il faut aussi que cela se fasse dans le cadre d'une relation financière qui garantit que les gouvernements autochtones obtiennent la part appropriée de la richesse générée par leur territoire et puissent ensuite l'utiliser pour offrir des services à leurs collectivités.
On ne peut pas s'attendre à ce que nous empruntions pour nous sortir de la pauvreté, mais nous devons avoir accès à du financement pour faire face à des dépenses importantes qui seront amorties sur de nombreuses années. Il faut que tous ces éléments soient réunis, et le gouvernement fédéral doit veiller à ce que, lorsqu'il élabore des lois et des politiques, les revendications territoriales globales et les nations signataires de traités modernes ne soient pas laissées pour compte.
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Merci de poser la question.
Comme vous le savez peut-être, le régime d’avis et avis a été adopté en 2012 comme meilleur mécanisme pour essayer de sensibiliser les Canadiens aux limites du droit d’auteur et de fournir aux titulaires de droits un mécanisme pour les sensibiliser tout en protégeant la vie privée des utilisateurs.
Le problème qui est apparu presque immédiatement, parce qu’il n’y avait pas de règlement ou de limite quant à ce qui pouvait être inclus dans un avis et parce que les fournisseurs d’accès Internet étaient tenus de transmettre tout ce qu’ils recevaient, sous peine de sanctions potentielles pour défaut de le faire, c'est que nous avons vu certaines entreprises envoyer des demandes de règlement à des utilisateurs peu méfiants. Elles ont envoyé littéralement des centaines de milliers de demandes, et des personnes peu méfiantes ont cliqué et payé des centaines de dollars alors qu’elles n’avaient aucune obligation de le faire.
Le projet de loi franchit une étape très importante en précisant qu’un fournisseur d'accès Internet ne sera pas tenu de faire parvenir un avis s’il comprend ce genre de demandes de règlement.
C’est très bien, mais je ne pense pas que ce soit suffisant. En un sens, cela oblige les fournisseurs d’accès Internet à examiner à fond s’il y a ou non un avis ou une demande de règlement. Espérons qu’ils n'enverront pas ces avis. Cependant, étant donné le volume, il y a toujours des risques que certains de ces avis soient envoyés, et les coûts pourraient donc s’accumuler.
Je pense que nous pourrions améliorer cette situation en précisant clairement qu’une amende peut être imposée pour avoir enfreint les règles en utilisant le système pour envoyer des avis. À l’heure actuelle, aucune amende n'est prévue dans ce cas. Dans le pire des scénarios pour une personne qui fait cela, son avis risque de ne pas être envoyé.
S’ils envoient des centaines de milliers de ces avis, certains pourraient se rendre, et aucune amende ne leur sera imposée. Je pense qu’il serait assez facile d'évoquer l'existence d'une violation ou la possibilité d'une sanction quelconque pour ceux qui enfreignent les règles de cette façon.
L’autre chose dont nous pourrions vraiment profiter, c’est qu’en raison du volume, la création d’un formulaire standard de ce qui doit être inclus favoriserait une plus grande automatisation, réduirait les coûts et faciliterait la réception de l’information pour les utilisateurs finaux. Nous n’avons pas non plus de formulaire clair.
Dans un sens, il s’agit vraiment de peaufiner, mais en tenant compte de l’intention que vise le gouvernement, ce qui nous ramène à l’intention initiale. Cela pourrait améliorer ce qui est déjà une bonne première étape en essayant de revenir à ce qui était prévu au départ.
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Je vous en serais reconnaissant, et merci beaucoup, monsieur le président. Je suis certes conscient de la patience du Comité et des retards.
Je veux simplement résumer. Nous appuyons les amendements.
Lorsqu'il est question de la Déclaration, ce sont des dispositions très importantes, et je pense que toutes les lois fédérales doivent en tenir compte.
Nous sommes assurément très favorables au vote majoritaire, parce que dans ce cas particulier, alors que deux Premières Nations ont adopté à l’unanimité leurs codes fonciers — les deux en Colombie-Britannique, à Lake Cowichan et à Yakweakwioose —, il y a eu 33 votes de Premières Nations au Canada qui n’ont pas atteint le seuil, malgré des taux de participation de 51 à 90 % dans les communautés. Ils n’ont pas été adoptés au premier tour.
Je tiens à souligner que seulement sept votes au cours des 20 dernières années ont été carrément des votes pour le « non ». Il est donc absolument nécessaire d’adopter ici cet amendement pour le vote majoritaire, et j’en félicite les membres du Comité et le Parlement.
Au Yukon, il est très important que des terres soient réservées. Nous voulons que le Yukon participe. Le Yukon est là, alors l’inclusion des Premières Nations du Yukon est formidable.
Le remplacement du vérificateur par l’agent de ratification permettra d’économiser beaucoup d’argent, et c’est une bonne chose. L’utilisation administrative du vote électronique est très souhaitable.
Il est très important, non seulement que les fonds du compte de revenu soient transférés à une Première Nation lorsqu’elle adopte un code foncier, mais aussi que les fonds du compte en capital soient détenus dans le compte en fiducie du gouvernement fédéral, par l’entremise du ministère des Affaires indiennes.
En ce qui concerne les dispositions d’application, elles comportent de bons aspects.
Bien sûr, en ce qui a trait aux ajouts aux terres, par exemple, il a fallu 17 ans à ma propre communauté pour faire ajouter une réserve en particulier à la réserve alors que nous avions l’appui total de la province, donc tout ce qui peut accélérer le processus par décret ministériel, tel que proposé ici, sera certes utile.
Nous applaudissons à ce genre de mesures et nous vous remercions beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de nous avoir invités.