:
Merci, monsieur Easter, et merci aux membres du Comité de m'avoir invité à vous parler aujourd'hui du projet de loi .
Dans l'ensemble, je crois qu'il s'agit d'un budget positif, et le projet de loi d'exécution du budget prévoit des mesures que le Centre canadien de politiques alternatives préconise depuis plusieurs années dans le cadre de son alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral.
En particulier, l'analyse comparative entre les sexes a été un ajout judicieux et important au processus budgétaire, mais dans le peu de temps dont je dispose aujourd'hui, j'aimerais m'attarder sur deux éléments: la nouvelle Allocation canadienne pour les travailleurs et l'élimination des échappatoires fiscales utilisées par un petit nombre de sociétés privées.
En ce qui concerne la Prestation fiscale pour le revenu de travail, qui a été transformée en l'Allocation canadienne pour les travailleurs, je me réjouis de voir que le budget permettra de tirer environ 70 000 Canadiens de la pauvreté grâce à cette mesure. Je crois que cette démarche s'inscrit dans le prolongement d'autres mesures, dont l'Allocation canadienne pour enfants et le Supplément de revenu garanti, qui, une fois mis en oeuvre dans leur intégralité, aideront près de 500 000 Canadiens à sortir de la pauvreté, sans toutefois perdre de vue qu'entre 3 et 5 millions de Canadiens vivent dans la pauvreté, selon l'année et les mesures utilisées. Il y a donc beaucoup de travail à faire.
L'élimination de la pauvreté au Canada demeure un objectif important et valable. Il faut déterminer les répercussions des mesures prises à cet égard, et un tel suivi devrait faire partie des rapports budgétaires, comme c'était le cas pour la Prestation fiscale pour le revenu de travail, mais ce n'est pas toujours ce qui se passe.
Je crois que la fonction d'inscription automatique à l'Allocation canadienne pour les travailleurs est une modification cruciale, quoique sous-estimée, dans le cadre de ce programme. Cette modification apparemment anodine représente un principe très important, et c'est loin d'être un attribut universel des prestations fédérales. J'espère que le Comité conviendra que l'inscription automatique devrait être prévue dans tous les programmes de transferts fédéraux, et pas seulement dans l'Allocation canadienne pour les travailleurs.
On ne devrait pas avoir à faire une demande de transferts, étant donné que, pour beaucoup de personnes, la seule exigence est un revenu insuffisant, et l'ARC connaît souvent déjà cette information. J'encourage le Comité à mener une enquête sur n'importe quel programme fédéral de transferts ou de prestations dont le taux de participation n'est pas de 100 % et à déterminer comment faire pour y arriver. On pourrait commencer par l'Allocation canadienne pour enfants, qui n'est pas offerte de façon universelle aux familles à faible revenu dans les collectivités des Premières Nations en raison des faibles taux de déclaration de revenus dans les réserves.
En ce qui a trait à l'Allocation canadienne pour les travailleurs, le seul point qui me préoccupe, c'est la distinction potentiellement dangereuse entre les « pauvres méritants » et les « pauvres non méritants ». À l'heure actuelle, le soutien aux familles à faible revenu n'est pas universel. Seules les familles qui travaillent ou qui ont des enfants ou qui sont des personnes âgées « méritent » un soutien. Si vous ne pouvez pas travailler, vous n'aurez droit à aucun soutien fédéral. Le seul appui qu'une famille recevrait par l'entremise du régime fiscal, c'est le crédit pour TPS, qui vaut tout au plus un peu moins de 300 $ par personne.
Un des groupes qui passent entre les mailles du filet est celui des 50 à 65 ans qui n'ont plus d'enfants et qui vivent seuls ou en couple. Ils ne bénéficient pas de l'Allocation canadienne pour enfants, car leurs enfants ont quitté le foyer, et ils ne reçoivent pas non plus de prestations pour aînés, car ils ne sont pas assez vieux. La pauvreté dans ce groupe est attribuable aux taux élevés d'invalidité qui montent en flèche dans ce groupe d'âge, soit parce que ces gens ont travaillé dur et ont fini par se blesser, d'où leur incapacité de travailler, soit parce qu'ils doivent prendre soin d'un conjoint qui ne peut plus travailler. Souvent, le sort de ces familles s'améliore grandement dès que les personnes atteignent l'âge de 65 ans et ont accès à d'importants programmes, comme la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti, mais entretemps, ces Canadiens se retrouvent souvent à l'aide sociale, et ce, à des taux qui sont souvent inadéquats dans la plupart des provinces.
Dans notre alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral, nous avons examiné la possibilité d'élargir la portée du crédit pour TPS et de créer un complément au crédit pour TPS pour appuyer les Canadiens à très faible revenu et venir en aide à ce groupe important qui est actuellement laissé pour compte. Le complément pourrait atteindre une valeur de 1 800 $ par personne, mais ce montant serait réduit plus rapidement que le crédit pour TPS afin de cibler les familles à très faible revenu. J'invite d'ailleurs les députés à lire une analyse plus détaillée dans notre rapport sur l'alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral.
En ce qui concerne les mesures prévues cette année pour éliminer les échappatoires fiscales dont profitent les sociétés privées, à savoir la répartition du revenu et la détention de placements passifs, je tiens à exprimer mon appui à cet égard, comme je l'ai fait dans le passé. Je crois qu'il existe des répercussions évidentes en matière d'équité, en ce sens que les particuliers bien nantis qui sont payés selon diverses méthodes particulières pourraient réduire leurs impôts, contrairement aux salariés ordinaires, qui finiraient par payer la note au moyen des impôts versés pour les services gouvernementaux dont nous bénéficions tous.
Il est clair que ces abus se limitaient à un petit groupe de sociétés privées, incluant une poignée de petite entreprises qui étaient en cause, même si je ne vois guère de raison économique pour justifier la réduction du taux d'imposition des petites entreprises en guise d'une indemnisation quelconque. Le taux d'imposition des petites entreprises est établi pour une raison: encourager le réinvestissement des profits dans l'entreprise plutôt que leur retrait par les propriétaires.
Ni la répartition du revenu ni la détention de revenus passifs dans des sociétés privées n'a quelque chose à voir avec le réinvestissement dans l'entreprise; ce ne sont que des moyens de réduire les impôts des particuliers. À ce titre, leur élimination aurait peu d'incidence sur les décisions des entreprises de réinvestir leurs profits. Au contraire, la disparité désormais plus grande entre le taux d'imposition des petites entreprises et le taux général d'imposition des sociétés risque d'encourager davantage d'autres formes de planification fiscale abusive, comme celles qui viennent d'être abolies.
De façon plus générale, j'espère que le Comité mettra l'accent sur les échappatoires fiscales, non seulement en ce qui concerne les sociétés privées, mais aussi dans le cadre d'un examen plus approfondi des dépenses fiscales. J'espère aussi que le Comité continuera d'étudier la question de savoir qui profite des dépenses fiscales et d'évaluer les dépenses fiscales comme s'il s'agissait de dépenses de programme devant être soumises au même type d'analyse. De plus, il faut examiner l'analyse de l'impact distributif des dépenses fiscales dans le but d'éliminer ces dépenses fiscales et de recueillir plus de fonds pour d'autres programmes et d'autres services publics.
Je remercie les députés de leur temps et j'ai hâte de répondre aux questions.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis heureux de témoigner devant vous cet après-midi.
[Français]
Je vous suis reconnaissant de m'avoir invité à présenter au Comité le point de vue de l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilière, l'ACCVM, sur le projet de loi .
Je vais concentrer mes remarques sur la première partie du projet de loi, et plus particulièrement sur les dispositions qui ont trait au revenu passif d'investissement, au remboursement des impôts sur les revenus de placements et au saupoudrage des revenus.
Nos remarques couvrent principalement l'impact des propositions d'imposition des entreprises privées sur le processus de formation du capital en ce qui a trait aux petites entreprises tout juste créées ou qui en sont au début de leur croissance. Des changements budgétaires récents liés aux propositions d'imposition ont donné aux petites entreprises qui y sont admissibles à des déductions grâce à leur statut une plus grande flexibilité et une meilleure vision de la gestion de leurs investissements financiers.
Toutefois, les entreprises privées ne sont toujours pas encouragées à construire des actifs financiers et à s'engager dans le financement des besoins des petites entreprises et des activités des banques d'affaires.
[Traduction]
Selon la première mesure prévue dans le cadre des propositions fiscales, l'accès à la déduction fiscale pour les petites entreprises — à savoir, l'admissibilité à un taux d'imposition préférentiel de 10 % sur la première tranche de 500 000 $ du revenu admissible provenant d'une entreprise exploitée activement — sera éliminé progressivement pour les sociétés privées sous contrôle canadien et leurs sociétés associées qui dépassent le seuil de 50 000 $ en revenu de placement passif au cours de l'année d'imposition. Cela se fera selon une échelle mobile qui réduira la déduction accordée aux petites entreprises de 1 $ pour chaque 5 $ de revenu d'activité.
Ce mécanisme d'élimination progressive limite complètement l'accès au taux d'imposition des petites entreprises une fois que le seuil de revenu passif atteint 150 000 $ par année. Bien que cette approche soit plus simple que les versions précédentes, de nombreuses sociétés ne sont pas admissibles au taux d'imposition préférentiel, à moins d'avoir un revenu passif inférieur au seuil de 50 000 $, ce qui pénalise injustement les propriétaires de petites entreprises en limitant le montant des investissements passifs qu'ils peuvent détenir pour faire face aux imprévus, acheter des actifs ou des biens d'entreprise et étendre leurs activités commerciales.
La deuxième mesure limite les impôts remboursables que les sociétés privées reçoivent sur le montant de certains dividendes. En vertu de la politique actuelle, les sociétés privées qui sont admissibles au taux d'imposition préférentiel ou les entreprises imposées au taux général d'imposition des sociétés ont droit à un remboursement de l'impôt payé sur les dividendes provenant de revenus de placements passifs. Toutefois, les dispositions budgétaires limitent le remboursement d'impôt pour les dividendes non admissibles tirés de revenus passifs. Même si les nouvelles propositions constituent une amélioration, cette approche alourdira le fardeau administratif des petites entreprises qui seront désormais tenues d'établir des comptes distincts pour les dividendes admissibles et non admissibles.
Nous exhortons le gouvernement à ne pas donner suite aux propositions fiscales concernant les revenus de placements passifs. Selon les estimations du gouvernement, ces propositions toucheront moins de 3 % de sociétés privées, soit environ 50 000 sociétés. Toutefois, nous n'avons pratiquement aucune idée de l'importance de ces sociétés pour l'économie canadienne. Elles pourraient être parmi les plus grandes et les plus dynamiques au pays. À notre avis, si le gouvernement décide d'aller de l'avant, les portefeuilles de revenus passifs devraient être protégés pour déterminer l'admissibilité à la déduction accordée aux petites entreprises, et l'échelle mobile devrait être indexée selon l'inflation.
La troisième mesure concerne les règles sur le fractionnement du revenu. Nous croyons, dans ce cas-ci, que le gouvernement devrait envisager d'autres modifications aux règles ou, à tout le moins, retarder leur mise en oeuvre pour clarifier davantage les règles et laisser aux petites entreprises le temps de s'y conformer.
Certains aspects des règles sur le fractionnement du revenu sont compliqués.
[Français]
Les ajustements substantiels qui ont été faits aux propositions d'imposition des entreprises privées illustrent le fait que les nouvelles règles ont été introduites trop rapidement sans analyse préalable suffisante. Si le gouvernement met en avant ces nouvelles règles d'imposition modifiées, nous lui recommandons de surveiller de près l'incidence qu'elles auront sur l'expansion des entreprises privées actuellement en croissance et sur la migration de leurs affaires vers les États-Unis. Le Canada peut difficilement se permettre de perdre du capital disponible pour les petites et moyennes entreprises.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
[Traduction]
Mon témoignage portera sur la partie 2 du projet de loi, plus précisément les articles 47 à 67, qui prévoient une augmentation des taxes sur le tabac de 1 $ par cartouche et qui modifient l'indexation relative à l'inflation pour les taxes sur le tabac en passant d'un rajustement quinquennal à un rajustement annuel. Nous saluons ces mesures et nous exhortons tous les membres du Comité à appuyer ces dispositions. Les produits du tabac demeurent la cause principale de maladies et de décès évitables au Canada; en effet, le tabagisme tue 45 000 Canadiens chaque année et est à l'origine d'environ 30 % de tous les décès attribuables au cancer.
Par ailleurs, nous appuyons fermement les dispositions du budget fédéral qui prévoient un investissement accru dans la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme. C'est essentiel dans le cadre des efforts déployés pour atteindre l'objectif de réduire l'usage du tabac à moins de 5 % d'ici 2035. N'oublions pas qu'il y a encore plus de cinq millions de Canadiens qui fument. Des adolescents commencent à fumer chaque mois. Nous avons accompli des progrès considérables, mais il reste beaucoup de travail à faire à cet égard.
Les mesures budgétaires concernant les taxes sur le tabac et le financement de la stratégie sont complétées par le projet de loi , adopté à l'étape de la troisième lecture par la Chambre des communes la semaine dernière, et par la réglementation à venir sur l'emballage neutre et uniformisé. L'emballage neutre, qui a déjà été adopté par huit pays, est une mesure importante pour protéger les jeunes et limiter l'utilisation des paquets de cigarettes comme moyen de promotion.
La hausse des taxes sur le tabac est la stratégie la plus efficace pour réduire l'usage du tabac, surtout chez les jeunes qui ont moins de revenu disponible. Ils sont plus sensibles aux prix. Le fait que les taxes sur le tabac diminuent la consommation est reconnu par la Banque mondiale, l'Organisation mondiale de la santé, un grand nombre d'études menées au Canada et dans le monde entier, les gouvernements provinciaux et territoriaux partout au Canada, ainsi que les gouvernements fédéraux successifs. Les augmentations des taxes sur le tabac constituent une solution gagnante tant sur le plan de la santé publique que sur le plan des recettes publiques. D'après les prévisions du budget, les recettes devraient augmenter de 375 millions de dollars cette année seulement grâce aux modifications apportées aux taxes sur le tabac.
L'indexation de la taxe sur le tabac en fonction de l'inflation a été instaurée dans le budget fédéral de 2014, qui prévoyait un rajustement tous les cinq ans. Ainsi, le premier rajustement en fonction de l'inflation serait censé avoir lieu en 2019. L'indexation fait en sorte que les taux de taxation du tabac demeurent inchangés après le rajustement en fonction de l'inflation. Dans son mémoire prébudgétaire, Imperial Tobacco Canada a recommandé une indexation annuelle plutôt que quinquennale parmi ses recommandations au Comité.
Les taxes fédérales sur le tabac valent mieux que les taxes provinciales sur le tabac du point de vue de la contrebande, car elles s'appliquent dans les réserves. Il n'y a aucune différence entre les taux de taxation dans les réserves et hors réserve. Les activités de contrebande qui échappent aux taxes fédérales sur le tabac sont d'une bien moindre ampleur que celles qui échappent aux taxes provinciales sur le tabac.
J'invite maintenant les membres du Comité à se reporter au document d'information qui leur a été distribué. Le premier graphique présente une comparaison des taux provinciaux et territoriaux de taxation du tabac. On voit que l'Ontario et le Québec affichent les plus bas taux de taxation au Canada, mais c'est aussi là où l'on trouve le plus de contrebande. C'est contraire à ce que l'industrie du tabac nous dit. En effet, l'industrie du tabac affirme que des taxes plus élevées font augmenter la contrebande. On observe que, dans l'Ouest canadien, les taux de taxation du tabac sont bien plus élevés, mais les activités de contrebande sont beaucoup moindres.
Pourquoi y a-t-il plus de contrebande en Ontario et au Québec? C'est en raison de la proximité aux usines et aux sources d'approvisionnement illégales, mais nous pouvons constater le maintien des taxes plus élevées sur le tabac dans les provinces de l'Ouest et de l'Atlantique.
Le graphique suivant montre la tendance des recettes fédérales et provinciales provenant des taxes sur le tabac. On observe que, même lorsque les taux de tabagisme sont réduits, les recettes provenant des taxes sur le tabac continuent d'augmenter, malgré une prévalence moins élevée du tabagisme. Au cours de l'année financière de 2017, une somme de 8,4 milliards de dollars a été recueillie, et ce montant est encore plus élevé lorsqu'on tient compte de la TPS, de la TVH et de la TVP sur les produits du tabac.
Le graphique suivant présente l'évolution à long terme de la prévalence du tabagisme au Canada. En 1965, c'était de 50 % pour les Canadiens âgés de 15 ans et plus. En 2016, ce taux est passé à 17 %. Ces dernières années, nous avons observé une baisse constante. Voilà qui est très positif, mais c'est aussi pertinent lorsqu'on voit que les recettes fiscales prélevées sur le tabac continuent d'augmenter. Par conséquent, les taxes sur le tabac sont utiles pour les recettes publiques.
Le dernier graphique montre les tendances parmi les adolescents, soit le groupe des 15 à 19 ans. On observe une diminution constante de la prévalence du tabagisme parmi les jeunes. C'est très bien. Les taxes sur le tabac et d'autres mesures ont contribué à cette baisse, mais nous voulons réduire ce taux encore plus. Les mesures annoncées récemment nous aideront à y parvenir.
Nous tenons à remercier le gouvernement fédéral d'avoir mis de l'avant de nouvelles mesures de lutte contre le tabagisme, et nous nous réjouissons de l'appui de tous les partis. Nous avons hâte de continuer de réaliser des progrès.
Je vous remercie.
:
Bonjour, et merci beaucoup.
Au nom de la Fédération canadienne des services de garde à l'enfance et du secteur des services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, je tiens à vous remercier de cette occasion qui nous est donnée de faire cet exposé sur les dispositions relatives à l'Allocation canadienne pour enfants contenues dans la partie 1 du projet de loi .
Entre autres choses, le projet de loi demande de façon implicite que de nouvelles mesures soient prises par le gouvernement du Canada pour que soit indexée en date du juillet 2018 l'Allocation canadienne pour enfants, l'ACE, afin d'assurer que ladite allocation reste en phase avec l'augmentation du coût de la vie. À l'instar de l'ACE elle-même, cette initiative en matière de supplément du revenu est une politique progressiste qui vise à aider les familles canadiennes à assumer les coûts qu'elles engagent pour élever leurs enfants, en particulier les familles de la classe moyenne et les familles à faible revenu. Comme pour d'autres programmes de prestations fédéraux — on n'a qu'à penser, par exemple, au régime de pension du Canada —, l'indexation des prestations de l'ACE est une mesure qui est pleine de bon sang et que les familles admissibles accueilleront avec joie.
De plus, nous appuyons les mesures qui visent à assurer que les contribuables répondant au bon profil soient admissibles à l'ACE et à faire en sorte que l'information connexe soit communiquée à certaines fins aux provinces et aux territoires. Comme c'est le cas pour l'indexation de l'ACE, cette communication de l'information est pleine de bon sens et elle contribuera à faire en sorte que les personnes admissibles reçoivent leurs prestations ainsi que toute autre prestation qu'elles pourraient recevoir des provinces, des municipalités ou des territoires.
En tant que supplément du revenu, l'ACE est un soutien important et fort apprécié pour les familles qui y sont admissibles. L'autre aide fédérale destinée aux familles canadiennes — ce que n'est pas l'ACE — est l'accord multilatéral du gouvernement fédéral sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants, lequel s'accompagne d'accords bilatéraux connexes avec les provinces et les territoires. Dans la même ligne, nous attendons toujours que soit officiellement signé l'accord multilatéral sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants avec les communautés autochtones. Cet accord s'ajoutera aux autres accords historiques déjà signés et permettra d'aider directement les enfants et les familles autochtones du Canada.
Ces accords et ces cadres sont d'une importance névralgique puisqu'ils appuient directement cet autre besoin essentiel des familles canadiennes, soit celui de disposer de services de garde de qualité, abordables, inclusifs et accessibles. En fait, de façon tout aussi importante, ces accords et ces cadres nous permettent de nous attaquer à la crise nationale des services de garde au Canada. Le gouvernement du Canada s'est engagé à investir 7,5 milliards de dollars sur 10 ans — période qui a débuté au cours de la dernière année financière — afin de financer ces accords. Il faudra toutefois dépenser passablement plus que cela pour faire en sorte que le Canada soit au diapason de la marque de référence fixée par l'OCDE de 1 % du PIB sur une base annuelle.
Un service de garde de qualité est l'élément clé de la sécurité économique de la vaste majorité des familles canadiennes et un élément central de l'économie canadienne dans son ensemble. Bien que l'ACE fournisse une aide financière directe aux familles, elle n'efface pas la nécessité de procéder à des investissements stratégiques importants et progressistes dans les réseaux de garderie, et elle ne s'attaque pas directement à l'abordabilité et à l'accessibilité des services de garde.
Le Centre canadien de politiques alternatives a récemment publié un rapport sur la hausse des frais de garde dans l'ensemble du Canada où l'on apprenait qu'une famille typique avec de jeunes enfants consacrait environ le tiers de ses revenus à ces frais. Par exemple, en Ontario, les frais de garde pour un enfant peuvent atteindre 15 000 $ — et même plus dans la région du Grand Toronto —, soit plus du triple de ce qu'il en coûterait d'envoyer un enfant à l'université pendant un an, un système où l'offre est beaucoup mieux financée.
Par conséquent, le financement de l'offre est la façon dont le Canada — ses provinces, ses territoires et ses communautés autochtones — devrait approcher l'abordabilité, le financement et les politiques des services de garde. C'est d'ailleurs exactement de cette façon que des provinces comme l'Ontario et la Colombie-Britannique ont décidé de bouger sur ces questions. Les annonces cruciales et historiques qu'elles ont faites cette année allaient exactement dans ce sens: elles ont l'intention de s'attaquer de front au coût excessif des frais de garderie dans leurs provinces respectives. En laissant tomber les bricolages superficiels pour une solution holistique et exhaustive axée sur les enfants et les familles, elles emboîteront le pas au Québec et à l'Île-du-Prince Édouard.
Dans son bulletin électronique ministériel du 24 avril dernier, le , M. Jean-Yves Duclos a dit ceci:
Pour bon nombre de parents, l’accès à des services de garde de qualité constitue un défi de taille. En effet, seulement un enfant canadien sur quatre a accès à une place en garderie réglementée. La mise en place de systèmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants au Canada est l’un des meilleurs investissements que le gouvernement puisse faire pour aider à renforcer la société et l’économie du Canada et donner aux enfants le meilleur départ possible dans la vie.
Nous sommes d'accord avec le ministre, et nous sommes d'avis que la prise en charge de la crise des services de garde au Canada nécessitera un financement direct du gouvernement fédéral ainsi que des politiques, un leadership et des partenariats avec les provinces, les territoires et les communautés autochtones. Ces démarches alliées aux initiatives de soutien comme l'Allocation canadienne pour enfants feront en sorte que le Canada pourra rejoindre les autres pays de l'OCDE à titre de meneur — en non de traînard — en ce qui a trait aux investissements à l'égard des enfants et des familles.
Merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
:
Monsieur le président, monsieur le vice-président, distingués membres du Comité, bonjour. Merci de m'avoir invité à parler aujourd'hui dans le cadre de cette étude du projet de loi .
Comme on me l'a demandé, je vais focaliser mes observations sur la partie 1 du projet de loi , et plus particulièrement sur la section qui traite du taux d'imposition des petites entreprises et des crédits d'impôt sur les dividendes. Je vais aussi parler des déductions accordées aux petites entreprises en ce qui a trait au revenu passif et de la prévention de la répartition du revenu.
Pour aborder certaines des mesures fiscales particulières incluses dans le budget, j'aimerais d'abord toucher à certains concepts couramment utilisés lors de l'évaluation de la politique fiscale. Il s'agit entre autres de l'équité, de l'efficacité et de la facilité de gestion.
Dans un article publié récemment dans Policy intitulé Cutting Taxes is Easy, Tax Reform is Hard, l'ancien directeur parlementaire du budget et actuel président de l’Institut des finances publiques et de la démocratie de l’université d’Ottawa, M. Kevin Page, affirmait ceci:
[Traduction] En ce qui concerne l'équité, les théoriciens de la fiscalité évoquent habituellement deux concepts. Tout d'abord, il y a l'équité verticale, qui, de façon générale, est comprise comme étant « plus vous faites de l'argent, plus vous devez payer ». Ensuite, il y a l'équité horizontale, qui veut que ceux qui sont dans des situations similaires doivent payer des montants similaires. Les libéraux ont effectivement fait valoir que les réformes qu'ils comptaient mettre en oeuvre pour bonifier l'assiette fiscale en ce que qui concerne la taxation des petites entreprises allaient leur permettre de « faire d'une pierre deux coups ».
En effet, bien qu'elles soient impopulaires auprès de ceux qui verront leurs impôts augmenter, les modifications proposées à la taxation des petites entreprises améliorent l'équité du système fiscal dans une optique de théorie de la fiscalité. L'efficacité d'un système fiscal se mesure à son habileté à générer des recettes fiscales de la manière la moins bouleversante qui soit pour les mesures incitatives et les comportements, l'objectif étant de nuire le moins possible à l'activité économique.
En ce qui a trait plus particulièrement au régime fiscal des petites entreprises, une étude de 2015 de l'Institut C.D. Howe — étude signée par Benjamin Dachis et John Lester, et intitulée Small Business Preferences as a Barrier to Growth: Not so Tall After All » — s'est penchée sur deux initiatives fédérales qui avaient pour fonction de fournir une aide spéciale à la petite entreprise, soit la déduction accordée aux petites entreprises et le programme de crédit d'impôt à l'investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental. En voici quelques extraits:
[Traduction] L'objectif de ces programmes est d'améliorer la performance économique de façon générale en atténuant les inefficacités du marché. Toutefois, comme l'obtention des avantages est conditionnelle au fait de rester petit, ces programmes pourraient bien être des obstacles à la croissance.
Plus loin, les auteurs constatent qu'aucun des deux programmes n'a permis de stimuler l'investissement de façon importante. Entretemps:
[Traduction] [...] l'aide accordée aux petites entreprises a des coûts sociaux. Le plus important de ces coûts découle du fait que le gouvernement soit contraint de récupérer des recettes fiscales auxquelles il avait renoncé en comprimant les dépenses ou en augmentant les impôts ailleurs. Une façon plus efficace de stimuler la croissance économique est de réduire les taux d'imposition de toutes les sociétés plutôt que d'accorder des taux préférentiels aux petites entreprises.
L'inefficacité du régime fiscal créé par le régime d'imposition des petites entreprises va encore plus loin. Plus précisément, les règles actuelles qui régissent les sociétés privées permettent de déplacer les recettes de la société quelque part entre le revenu personnel et le revenu d'entreprise, ce qui crée une situation propice aux évasions fiscales. En fait, les règles actuelles incitent les contribuables à structurer leurs entreprises de telle façon qu'ils pourront rendre compte des recettes de la façon qui les avantage le mieux. Ce n'est cependant pas l'intention proprement dite de la politique fiscale et le résultat en est que moins d'impôts sont perçus.
Ce qui nous amène à la capacité qu'a le gouvernement fédéral d'administrer son régime fiscal selon l'esprit de la loi qui le gouverne. Cela donne parfois lieu à des situations difficiles, attendu que la lettre et l'esprit des lois fiscales ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde. Pour combler cet écart, il convient parfois de modifier ces lois.
Dans le contexte des modifications apportées aux règles fiscales applicables aux petites entreprises, ces changements ont été télégraphiés pour la première fois par le Parti libéral du Canada dans sa plateforme électorale de 2015. Puis, en juillet 2017, le a amorcé ses consultations en matière de planification fiscale en s'adressant aux sociétés privées. Bien que le gouvernement fédéral devrait être salué pour ces consultations publiques, je suis certain que personne ici ne se fait d'illusion sur la tournure qu'a prise cet exercice. Les choses ne se sont pas bien passées.
Le simple fait que les gens s'offusquent à l'idée de ne plus avoir accès à certaines préférences fiscales n'est pas une raison de jeter le bébé avec l'eau du bain. Bien qu'il y ait eu indéniablement des améliorations dans les modifications proposées concernant les règles de l'impôt sur les sociétés, il y avait aussi beaucoup de désinformation. En fin de compte, entre l'Énoncé économique d'automne 2017 et le budget de 2018, le gouvernement fédéral a mis de l'avant des modifications fiscales assorties de correctifs pour tenir compte de certaines des préoccupations entendues lors du processus de consultation. Même si certaines parties prenantes restent mécontentes, les fiscalistes à qui j'ai parlé sont d'avis que l'on a répondu à une bonne partie des préoccupations les plus flagrantes.
Les règles fiscales qui gouvernent les sociétés privées avaient la réputation d'être injustes et inefficaces — c'est ce qu'en disaient les économistes —, et de compliquer l'administration. Les modifications qui ont été mises en oeuvre entendent corriger cela. Seul le temps nous dira si elles y parviendront et si elles auront une incidence sur les investissements des entreprises. Cela dit, il aurait été plus efficace d'inclure ces modifications dans une réforme plus vaste du régime fiscal, réforme qui aurait pu bonifier l'assiette fiscale tout en réduisant l'impôt moyen des sociétés et des ménages canadiens.
Merci.
:
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je tiens à vous remercier de m'avoir invitée à venir vous parler aujourd'hui.
MNP est d'avis qu'une réforme fiscale complète s'impose, sans quoi nous nous retrouverons avec un système fiscal plus complexe et onéreux qui portera préjudice aux Canadiens. Le système actuel a besoin d'être simplifié et modernisé.
MNP représente plus de 150 000 petites entreprises au Canada, y compris 16 000 exploitations agricoles. Nous sommes les experts au pays en matière de fiscalité des petites entreprises. Personne au Canada ne travaille autant que nous avec les petites entreprises au quotidien.
J'aimerais d'abord féliciter le gouvernement d'avoir pris le temps d'écouter les inquiétudes soulevées par le milieu concernant les propositions fiscales relatives aux sociétés privées. L'avant-projet de loi publié le 13 décembre 2017 concernant l'impôt sur le revenu fractionné ainsi que les propositions annoncées dans le budget fédéral de 2018 au sujet du revenu de placement passif ont permis de répondre à plusieurs des préoccupations que nous avons formulées l’été et l’automne derniers. Nous sommes toutefois d'avis qu'il y a encore lieu de préciser certains aspects.
Étant donné le temps qui nous est imparti, je vais me focaliser sur l'impôt sur le revenu fractionné, ou l’IRF.
Tout d'abord, les nouvelles règles relatives à l'IRF semblent cibler injustement les entreprises de service. Ces entreprises représentent aujourd'hui 78 % des petites entreprises canadiennes et elles sont exclues de façon explicite des certaines de ces règles.
Il y a un nouveau critère de 20 heures en vertu duquel il sera possible de soustraire certains particuliers des règles de l'IRF. La plupart des entreprises familiales n'ont jamais tenu de feuilles de temps. Elles n'ont jamais vraiment gardé trace des heures travaillées par les propriétaires. Nous nous demandons comment l'Agence du revenu du Canada sera en mesure de se procurer les éléments de preuve qu'il lui faudra pour procéder à ces audits. Tout reposera sur des témoignages personnels. Cette loi pourrait s'appliquer rétroactivement, et les Canadiens pourraient être pénalisés pour ne pas avoir tenu des livres qu'ils n'avaient tout simplement pas le temps de tenir au moment où se faisait ce travail.
Ensuite, il y a le critère du caractère raisonnable. Ces règles de l'IRF soumettent plusieurs nouveaux facteurs à la vérification du caractère raisonnable. La main-d'oeuvre est l'un des facteurs assujettis au concept du caractère raisonnable que nous voyons ailleurs dans la Loi de l'impôt sur le revenu, mais ce nouveau concept de caractère raisonnable brouille les lignes qui séparent l'investissement, le rendement sur l'investissement et la main-d'oeuvre. Nous nous retrouvons en terrain inconnu. Nous demandons qu'une approche équilibrée soit mise de l'avant, approche en vertu de laquelle le ministère des Finances et l'ARC fourniraient un cadre détaillé pour favoriser l'établissement de ce qui est raisonnable et de ce qui ne l'est pas. Cela permettra aux Canadiens et à l'ARC d'appliquer le cadre de manière uniforme.
Permettez-moi de vous donner un exemple pratique.
Voici l'exemple d'un client typique comme vous pourriez en voir n'importe où au Canada. Bob et Karen ont une entreprise qui se nomme BK Transport. De la petite compagnie de camionnage qu'elle était il y a 30 ans, BK Transport est devenue une entreprise de taille qui dispose maintenant d'un important capital. L'organisation compte plus de 250 employés et elle est active dans trois provinces. Karen est malade et elle a dû réduire ses activités normales au sein de l'entreprise. En fait, elle est rarement capable d'aller travailler. Comme beaucoup d'entrepreneurs, Bob et Karen ont choisi de se verser des dividendes plutôt que de se payer un salaire, et c'est ce qu'ils font depuis les 30 dernières années. Personne n'avait besoin de remplir de feuilles de temps, alors personne n'en préparait. Désormais, à cause des modifications apportées à l'impôt sur le revenu fractionné, les dividendes versés devront être calculés en fonction de la valeur du travail de Bob dans l'entreprise par rapport au travail de Karen dans l'entreprise.
La première chose qu'il faut considérer, c'est s'il y a seulement lieu d'appliquer l'IRF. Attendu qu'ils travaillent tous les deux à l'entreprise et qu'ils en sont tous les deux actionnaires, l'IRF s'appliquera sauf si l'une des exclusions particulières est vérifiée. Pour Bob, il faudra commencer à comptabiliser ses heures de travail. Il devra satisfaire à la condition de la moyenne de 20 heures de travail par semaine. Il devra commencer à tenir compte de ses heures et à tenir des feuilles de temps. Cette condition ne pourra pas être satisfaite par Karen. Du reste, Karen n'a jamais rempli de feuilles de temps.
Ensuite, BK Transport est une entreprise de service. Il s'agit de camionnage, ce qui est un service et, à ce titre, elle ne pourra jamais répondre au critère des actions exclues. Lorsque cette réalité a été exposée à Bob et Karen, ils n'arrivaient pas à comprendre comment leur entreprise de camionnage pouvait être touchée, alors qu'une entreprise oeuvrant dans le commerce de détail ou la construction — avec le même nombre d'employés et un capital semblable — s'en tirait haut la main.
Aux termes de l'avant-projet de loi, la dernière façon de se sortir de cette situation est de satisfaire au critère sur le caractère raisonnable, un critère très subjectif s'il en est. Croyons-nous que les dividendes versés à Karen sont raisonnables? Oui. Avons-nous la certitude que l'ARC sera aussi de cet avis? Il n'y a rien de certain à cet égard.
Ce qui pourrait les aider serait d'avoir un peu plus de conseils administratifs sur ce qui est considéré comme étant raisonnable et des éclaircissements sur le type d'entreprises que l'on essaie d'intercepter. Nous sommes d'avis que le fait d'intercepter des entreprises comme BK Transport est une conséquence non intentionnelle de la façon dont le projet de loi est rédigé.
En ce qui concerne le revenu passif, l'avant-projet de loi est une nette amélioration par rapport à ce qui a été publié en juillet 2017. Nous saluons l'engagement du gouvernement à trouver un équilibre acceptable à cet égard. Notre mémoire contient toutefois trois observations au sujet de ces propositions, observations que nous vous invitons à examiner.
Pour terminer, nous sommes d'avis que le projet de loi est une nette amélioration par rapport à ce que nous avons vu en juillet dernier. Cela dit, nous pensons que l'impôt sur le revenu fractionné devrait être simplifié encore plus afin que les propriétaires d'entreprises soient en mesure de comprendre de quoi il retourne et de s'y conformer.
Nous vous prions d'examiner nos trois recommandations. Premièrement, nous souscrivons sans réserve à une réforme fiscale exhaustive couvrant toutes les formes de taxation et pas seulement l'impôt sur le revenu. Deuxièmement, parce que les nouvelles règles relatives à l'IRF ciblent injustement les entreprises de service, nous croyons que ces dispositions devraient être réexaminées et que la pertinence d'exclure les entreprises de services devrait être réévaluée. Enfin, nous sommes ravis de voir qu'il y a une collaboration soutenue avec toutes les parties prenantes et les experts du milieu.
C'est quelque chose qui devra se poursuivre dans nos efforts pour atteindre une équité fiscale pour tous les Canadiens. Je serai heureuse de répondre aux questions du Comité au sujet de l'impôt sur le revenu fractionné, des propositions sur le revenu passif et du nouveau régime de l'impôt en main remboursable au titre de dividendes.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Je suis content de revoir des visages familiers. J'aimerais commencer par M. Bartlett, de l'Institut des finances publiques et de la démocratie. Vous avez dit quelque chose sur les impôts et vous avez indiqué, si je ne m'abuse, votre préférence pour une diminution de la ponction fiscale. Je crois que c'est quelque chose que vous avez mentionné dans votre exposé. Je tiens à souligner pour les besoins du compte rendu que, lorsque nous sommes arrivés, nous avons réduit les impôts de la classe moyenne. Si vous regardez les choses dans une perspective quinquennale, cela représente un allégement fiscal de plus de 20 milliards de dollars dont bénéficieront collectivement 9 millions de Canadiens. C'est quelque chose que nous avons fait.
Nous avons aussi augmenté les impôts de ceux qui peuvent se le permettre — c'est-à-dire les plus riches, le 1 % —, et cette mesure a été applaudie dans beaucoup de milieux. Nous avons également réduit les impôts des petites entreprises. Sur une période de 4 ans, les petites entreprises — qui constituent l'épine dorsale de notre économie — auront épargné 3 milliards de dollars. Dans la ville que j'ai le privilège de représenter avec deux autres députés, il y a plus de 13 000 entreprises et allégement fiscal total sera d'environ 3 milliards de dollars, ce qui, d'après moi, constitue un bon coup de pouce pour ces entrepreneurs. Je tenais à ce que ces chiffres soient consignés dans le compte rendu, et je n'ai pas l'intention de vous poser de question directe à ce propos.
J'aimerais m'adresser à Jennifer Drever, de MNP. J'ai lu votre mémoire et je tiens à vous remercier pour ce passage où vous affirmez vous réjouir « des progrès que le gouvernement a réalisés jusqu'à maintenant, lesquels montrent bien que lorsqu'il travaille de concert avec les intervenants concernés, ce sont toutes les parties qui en bénéficient ».
Je ne vais pas aborder la question de l'IRF, parce que l'impôt sur le revenu fractionné sera un sujet dont il sera intéressant de discuter dans une ou deux minutes et parce que c'est un sujet ardu. Je souhaite cependant parler du revenu de placement passif. J'aimerais entendre votre point de vue là-dessus, car je crois que nous sommes arrivés à un équilibre où les règles à ce sujet sont équitables et justes, et où l'on tient compte de la capacité qu'ont les gens d'épargner. Si vous souhaitez prendre un congé de maternité, vous pouvez épargner en conséquence. Si vous êtes un médecin et que vous souhaitez mettre jusqu'à 3 millions de dollars de côté ou l'équivalent en revenu de placement passif — 150 000 $ en revenu —, tout ce qui va se passer, c'est que votre taux d'imposition de petite entreprise va passer de 12 % à environ 25 ou 26 %, ce qui n'est pas si mal lorsqu'il s'agit de revenu passif, par opposition à un revenu actif.
En général, les grandes sociétés ne sont pas imposées au même taux que les petites entreprises. Autrement dit, les personnes les plus aisées ne sont pas assujetties au taux d'imposition des petites entreprises puisqu'elles sont déjà imposées selon le taux d'imposition plus élevé des sociétés. Les entrepreneurs vont donc continuer de faire ce qu'ils font. Je ne demande pas de vérification, mais selon vous, ai-je raison de penser cela?
:
Comme je l'ai déjà indiqué, je pense que l'Allocation canadienne pour enfants sera très importante. Une fois que nous disposerons de toutes les données, lesquelles seront probablement publiées au cours de la prochaine année, nous observerons des réductions substantielles, notamment au chapitre de la pauvreté des enfants et des taux de pauvreté des parents de ces enfants. Bien entendu, nous mettons souvent l'accent exclusivement sur la pauvreté des enfants, mais la pauvreté est un concept familial; ainsi, si les enfants sortent de la pauvreté, les parents en font autant.
Du point de vue de la réduction de la pauvreté, l'Allocation canadienne pour enfants constitue un volet important du projet global de revenu de base que le gouvernement a essentiellement amorcé. Cependant, comme je l'ai préconisé dans mon exposé, j'encouragerais certainement le Comité à envisager des mesures de soutien destinées aux familles sans enfant dont les membres, qui ne sont pas encore des aînés, se classent dans les catégories de faible revenu.
Je doute que l'Allocation canadienne pour enfants ait une incidence sur le coût de la garde d'enfants, lequel est, à mon avis, l'élément qui nuit le plus actuellement à la participation des femmes au marché du travail dans la plupart des provinces du pays. C'est d'ailleurs quelque chose que le gouverneur de la Banque du Canada et d'autres personnes, comme le , ont souligné.
Comme Don l'a fait remarquer plus tôt, le cadre multilatéral fournit un certain financement. C'est la première fois que le gouvernement fédéral participe au financement de la garde d'enfants depuis un peu plus d'une décennie. C'est une démarche bénéfique, même si elle s'adressera aux familles à faible revenu.
Je pense que si nous nous intéressons à la participation accrue des femmes au marché du travail, nous avons besoin d'un programme national qui établit des frais à l'échelle du pays, pas seulement au Québec, à l'Île-du-Prince-Édouard et au Manitoba, des provinces où les frais sont actuellement fixés. La réduction les frais favorisera la participation des femmes au marché du travail.
:
Monsieur Sorbara, je n'ai de deux brèves observations à faire. Je pense que vous venez de soulever deux bons points.
Vous avez fait remarquer que le seuil de revenu passif, établi à 50 000 $, se traduit par des actifs financiers de quelque 3 millions de dollars par année, et avez demandé si ce seuil est adéquat ou non. Nous pouvons débattre un peu de la question, mais cette mesure va certainement dans la bonne direction.
Le Comité devrait toutefois prendre en compte deux éléments, notamment l'indexation. Un portefeuille de retraite de 3 millions de dollars convient peut-être pour un professionnel, mais je pense qu'il faudrait prévoir quelques mesures de protection contre l'inflation afin de maintenir ce taux moins élevé.
L'autre élément est celui de la rétroactivité, un point dont le gouvernement s'est engagé à tenir compte avant de présenter les propositions. Si je considère qu'il importe peut-être que la rétroactivité soit prise en compte — autrement dit, que les propositions ne soient pas rétroactives —, c'est parce que les professionnels font l'objet d'un certain débat. La presse a notamment dénoncé le fait que les médecins étaient encouragés à envisager de constituer une société afin de compenser leur salaire et a traité des contrats financiers que la profession médicale a négociés.
Ce sont là les deux éléments dont il faut tenir compte, et je pense que ma collègue de MNP a souligné avec justesse la complexité de l'affaire, ce qui est un autre problème. Je voulais simplement faire ces deux observations.
:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes heureux de revoir certains d'entre vous. Madame Drever, vous avez participé à la dernière séance.
Je pense que la débâcle de l'impôt des petites entreprises a commencé il y a près d'un an maintenant. En fait, un éloquent député libéral a qualifié cette affaire d'« épouvantable ». J'aime souvent le citer; il n'écoute pas, mais c'est correct.
Madame Drever, vous avez indiqué que ces propositions sont bien meilleures que celles que vous anticipiez initialement, affirmant être agréablement surprise. Je pense que le milieu de la comptabilité en général avait l'impression que le gouvernement entendait mettre en oeuvre toutes les mesures du budget.
Je veux commencer par les règles relatives à l'impôt sur le revenu fractionné. Vous nous avez donné un exemple pour montrer à quel point il est complexe de tenter de prouver qu'un conjoint a ou avait une participation dans une entreprise, mais n'en a plus aujourd'hui pour des raisons de santé ou parce qu'il est passé à autre chose. J'ai entendu des propos semblables d'une entreprise médicale quand j'étais à Vaughan. Cette entreprise va changer sa structure et en établir une nouvelle afin d'éviter certains problèmes avec ces règles.
Vos clients vous indiquent-ils qu'ils veulent créer de nouvelles compagnies pour tenter de gérer leur fardeau fiscal?
Avant de céder la parole à M. McLeod, j'aimerais vous poser une question sur la réforme fiscale complète dont a parlé Mme Drever, je crois. On en a déjà parlé.
Comment procèderait-on? Est-ce qu'il y aurait une commission royale, un groupe d'experts? Dans le cadre de nos consultations prébudgétaires précédentes, le Comité avait recommandé une réforme fiscale complète, alors je ne crois pas que nous serions en désaccord avec cela.
Comment serait-elle organisée, si je puis dire? Par quoi commencerait-on? La question serait éventuellement présentée devant un comité parlementaire, mais quel serait le point de départ?
Ma question s'adresse à Ian ou à Kim, ou aux deux.
:
Je dirais tout d'abord qu'il faut que ce soit déterminé en fonction du mandat. Ensuite, on pourrait penser aux participants. Pour reprendre les propos de Kim, je crois que le mandat doit être exhaustif et vaste. Il doit aborder la question du revenu et des dépenses. On pense à la taxe sur les dépenses et à l'impôt sur les revenus.
Comme on l'a dit plus tôt, nous avons un ensemble disparate qui date d'il y a 40 ou 50 ans. Je crois que le mandat doit être vaste et objectif. On pourrait passer par une commission royale, mais qui ne relèverait pas nécessairement du Parlement. En fait, je crois que ce serait mieux si elle ne relevait pas du Parlement, mais il ferait tout de même partie du processus. Il me semble qu'il serait essentiel d'avoir des représentants de tous les secteurs de l'économie et des représentants du public.
Je suppose qu'on pourrait s'inspirer de la réforme faite aux États-Unis récemment. On pourrait aussi s'inspirer de la commission Carter de 1972 et de la commission royale Porter, qui visait la structure financière du Canada plutôt que l'impôt sur le revenu. Je crois qu'on pourrait s'inspirer de ces modèles intéressants.
Je félicite le Comité de s'être engagé dans cette voie, parce que je crois que c'est ce dont nous avons besoin au pays.
:
Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins.
Je suis particulièrement heureux de voir un représentant de la Société canadienne du cancer nous parler des préoccupations relatives au tabagisme. Au pays, il y a encore d'importants segments de la population qui comptent de nombreux fumeurs. Dans les régions où il y a beaucoup de fumeurs, les taux de cancer des poumons sont élevés. Dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, au Yukon et dans toutes les régions nordiques, le nombre de fumeurs est encore élevé. J'ai soulevé la question à la Chambre des communes et j'ai demandé ce que nous pouvions faire pour remédier à ce problème. Il faut prendre le contrôle. J'ai assisté aux présentations des intervenants en santé dans ma circonscription. J'ai vu les graphiques. Le cancer des poumons est deux ou trois fois plus important que toutes les autres formes de cancer, et est attribuable au tabagisme.
J'ai trouvé cela intéressant de vous entendre dire qu'il fallait augmenter le coût des cigarettes pour décourager les gens de fumer. Je ne sais pas si je suis tout à fait d'accord avec cette idée, alors vous pourriez peut-être me l'expliquer. Comme je l'ai dit, je viens des Territoires du Nord-Ouest où une cartouche de cigarettes coûte 161,20 $. Je ne vois personne arrêter de fumer pour cela. Vous pourriez peut-être me donner les renseignements dont vous disposez, me parler des recherches qui prouvent l'efficacité d'une telle mesure.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous nos témoins de leur présence aujourd'hui.
J'ai d'abord une question que je veux adresser à Mme Drever et M. Macdonald après quoi, si le temps le permet, j'en aurai une autre pour M. Cunningham.
Vous vouliez savoir comment le gouvernement en est arrivé au montant de 50 000 $ pour le revenu passif, sur quoi était fondé ce calcul. Si l'on essaie de considérer les choses sous un autre angle, on peut se demander en quoi la population bénéficierait-elle d'un plafond plus élevé. Est-ce que seuls les individus concernés en sortiraient gagnants? Est-ce que cela pourrait stimuler la croissance économique? Est-ce que cela favoriserait l'épargne par les personnes vulnérables qui ne pourraient pas le faire autrement? J'essaie simplement de comprendre.
Monsieur Macdonald, vous voulez commencer?
:
Il y a vraiment quelque chose qui accroche, car l'ARC et peut-être même ceux qui se servent de sociétés privées comme véhicules d'épargne ne savent pas à l'avance à quoi cet argent va servir. Il est possible qu'on l'utilise pour investir dans l'entreprise et faire croître ainsi l'économie canadienne, mais on peut aussi s'en servir comme régime d'épargne-retraite différée, ce qui n'est pas le but visé.
Il s'agit surtout de déterminer comment faire la distinction entre les différents groupes. Pendant que certains investissent ces fonds à des fins productives, d'autres utilisent abusivement la structure d'entreprise comme mode d'épargne-retraite, ou pour combiner la répartition du revenu et les investissements passifs aux fins des études universitaires de leurs enfants, par exemple.
On peut notamment considérer que cette répartition du revenu passif en application du seuil relativement élevé de 50 000 $, ce qui correspond à environ 1 million de dollars en actifs détenus dans l'entreprise, écarte la vaste majorité des sociétés privées, si bien que très peu de gens se retrouvent avec autant d'argent. En outre, ce n'est pas comme si vous alliez tout perdre aux mains du gouvernement à partir du moment où la valeur de vos actifs dépasse le million de dollars. Vous vous retrouvez simplement avec un taux d'imposition légèrement plus élevé. Si vous économisez pendant quelques années pour acheter une nouvelle machine ou en vue d'un projet de construction, par exemple, il est possible que vous payiez un peu plus d'impôt, mais encore là c'est difficile à déterminer et on ne peut pas vraiment savoir à quoi s'en tenir, qu'il s'agisse de 55 000 $ ou de 45 000 $.
Il faut espérer que l'objectif soit d'empêcher les gens d'utiliser une société privée comme véhicule d'épargne-retraite. Je pense que cette ligne de démarcation nette permet de le faire assez bien sans toutefois punir indûment ceux qui économisent pendant quelques années supplémentaires en vue d'investir par la suite.
:
Oui, je dirais que nous n'avons pas parlé des grandes entreprises privées. En réponse à votre question, je trouve cependant assez répressif l'impôt que nous devons payer sur l'épargne, comme vous le dites, ou sur l'investissement passif, pour avoir retiré l'argent. Le taux est de 75 %. L'argument présenté a trait au report d'impôt. Je doute que la mesure rétablisse vraiment l'équilibre, mais elle a un effet dissuasif et décourage les entreprises touchées.
Le ministère des Finances dit maintenant que seulement 2,7 % des entreprises privées, je pense, sont touchées par ces règles. Cependant, si vous examinez ces entreprises — le directeur parlementaire du budget l'a fait —, vous constaterez qu'il y en a beaucoup dans le groupe. Un tiers d'entre elles ont un capital supérieur à 15 millions de dollars. Nous savons qu'il y a environ 250 milliards de dollars d'argent passif, et que 88 % de cette somme, ou presque la totalité, proviendra des entreprises visées par les nouvelles règles. Je pense que nous pouvons alors nous demander le rôle que jouent ces entreprises qui ont en fait des revenus passifs importants. Si vous regardez l'analyse du directeur parlementaire du budget, vous constaterez qu'il dit que plus de la moitié des entreprises de cette catégorie sont des sociétés de financement et d'assurances, ou des sociétés qui gèrent d'autres entreprises, comme des sociétés de portefeuille ou de biens immobiliers.
Les entreprises assujetties à ces règles font partie intégrante du secteur des petites et moyennes entreprises au Canada en fournissant du financement, des services bancaires d'investissement et des participations dans des entreprises. Je trouve qu'elles jouent un rôle déterminant dans le processus de formation du capital et l'aide aux petites entreprises. Nous parlons encore une fois de capital énorme, à hauteur de plus de 200 milliards de dollars; qu'arrivera-t-il à la suite de cette modification importante du taux d'imposition réel sur les dividendes? Les entreprises vont-elles réduire leurs activités et faire autre chose, ou migreront-elles vers le marché américain?
Je pense que ce sont des questions très légitimes à poser, et je ne crois pas que l'analyse a vraiment été effectuée.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici.
Monsieur Macdonald, vous avez commencé par parler du budget et de l'analyse comparative entre les sexes plus qui a été réalisée pour la première fois, et je sais que vous avez mentionné autre chose. Certains, et même le porte-parole conservateur en matière d'innovation, de science et de développement économique, ont laissé entendre que cela ne fait que suivre les exigences du genre et de l'intersectionnalité.
Pouvez-vous expliquer pourquoi il est si important, d'un point de vue économique — et pas seulement moral —, de réaliser ce genre d'analyse lors de la budgétisation?
:
Étant donné que la question touche la moitié de la population, comme vous le savez, il s'agit d'une part importante du travail des gouvernements. Ce n'est certainement pas d'hier que le gouvernement fédéral effectue des analyses comparatives entre les sexes. La nouveauté, selon moi, c'est que l'analyse est passée de l'échelle ministérielle aux documents budgétaires publics. Il s'agit à mon avis d'une analyse positive qui peut mettre en lumière des façons importantes d'augmenter la croissance économique, possiblement à un coût relativement bas.
Comme nous le disions en réponse à une question précédente, le corollaire de la réduction des frais de garde d'enfants est une participation accrue à la population active, et c'était une des raisons initiales pour lesquelles le Québec a réduit ces frais dans la province. Ce processus a commencé dans les années 1990. Dans la province, le taux de participation des femmes au marché du travail est passé de l'un des plus faibles à l'un des plus élevés, dépassant même la moyenne canadienne. C'est en grande partie attribuable au fait qu'il y a plus de places, et que celles-ci sont plus abordables, ce qui permet aux femmes de travailler.
Si cette approche était adoptée dans tout le pays, et pas seulement au Québec, à l'Île-du-Prince-Édouard et au Manitoba, où les frais sont fixes, des gains économiques substantiels pourraient être réalisés en aidant les familles, et plus particulièrement en donnant aux femmes qui désirent travailler les moyens de le faire, d'augmenter leur revenu familial et de réinjecter cet argent dans l'économie.
C'est un exemple, mais il y en a plusieurs autres. L'assurance-emploi en est un bon, avec la normalisation du congé de paternité. Grâce au fait que le volet paternel doive être « utilisé ou perdu », je pense que cela réduira probablement à long terme la disparité entre les femmes et les hommes qui prennent congé pour s'occuper de leurs enfants, espérons-le. C'est une circonstance limitée à ce stade-ci, mais je trouve que c'est un important pas vers l'avant.
En ce qui concerne vos commentaires sur l’Allocation canadienne pour le travail — et je vous remercie de reconnaître les changements et les répercussions —, vous avez suggéré des moyens d'améliorer ce programme, possiblement, surtout à l'avenir. Vous avez dit qu'il y a un écart pour les personnes de 50 à 65 ans.
Avez-vous des idées qui permettraient de rectifier le tir? S'agit-il simplement d'offrir le programme à ce groupe d'âge, ou pensez-vous qu'il faut quelque chose de plus ciblé pour cette tranche d'âge? Vous avez mentionné divers problèmes, comme le départ des enfants, la retraite, l'invalidité et le fait que le Régime de pensions du Canada, ou RPC, n'est pas encore commencé à cet âge.
:
C'est un groupe d'âge intéressant en ce sens que les aides fédérales et provinciales sont relativement substantielles pour les aînés en particulier. Dans l'ensemble du pays, nous avons établi des revenus de base de plus de 16 000 $ jusqu'à 19 000 $, selon la province, ce qui est relativement élevé. Il en va quelque peu de même pour les familles avec enfants, qui bénéficient de l'Allocation canadienne pour enfants ainsi que des compléments provinciaux.
Mais il y a un autre groupe de personnes — celles qui n'ont pas d'enfants, qui ne sont pas âgées, qui ne travaillent pas, et qui ne peuvent donc pas bénéficier de l'Allocation canadienne pour les travailleurs. Encore une fois, si vous avez travaillé dur toute votre vie, mais que vous vous blessez, que votre conjoint se blesse et que vous ne pouvez pas travailler parce que vous devez vous occuper de lui, ou que vous ne pouvez tout simplement pas travailler, vous n'aurez essentiellement aucun soutien, en dehors de l'aide sociale.
Nous pourrions adopter deux ou trois mesures pour mieux aider ce groupe. Tout d'abord, il pourrait y avoir une sorte de complément universel, une option que nous avons envisagée dans notre alternative budgétaire. Cela s'ajouterait à la TPS et coûterait environ 1 800 $, une somme qui diminuerait assez rapidement avec le revenu.
Une autre option consisterait à réduire l'âge d'admissibilité à des programmes importants tels que le Supplément de revenu garanti et la Sécurité de la vieillesse, qui commencent actuellement à 65 ans. Les 20 % les plus pauvres de la population voient leurs revenus augmenter considérablement à l'âge de 65 ans, parce qu'ils peuvent alors bénéficier de ces programmes. Si ces programmes étaient offerts plus tôt, nous réduirions les taux de pauvreté, en particulier pour les personnes qui ne peuvent pas travailler et qui n'ont pas d'autres moyens de subsistance que l'aide sociale.
:
Tout dépend de la province dans laquelle se trouve chaque entreprise, mais les organisations commencent à perdre la déduction accordée aux petites entreprises lorsque leur revenu passif atteint 50 000 $. Elles n'y ont plus droit à 150 000 $. La perte est de 5 $ pour chaque dollar de revenu passif.
La différence d'un point de vue fédéral est que nous parlons de 6 %, ce qui représente la perte de la déduction accordée aux petites entreprises. C'est sa valeur pour les petites et moyennes entreprises. Ajoutez-y les taxes provinciales, et cela peut représenter environ 16 % pour chaque dollar de revenu. Si 5 $ de revenus sont perdus, nous pourrions parler d'une somme de 60 000 $. C'est la valeur de la déduction accordée aux petites entreprises que ces entreprises pourraient perdre.
N'oubliez pas que la déduction accordée aux petites entreprises est un report, et que lorsque nous avons une déduction accordée aux petites entreprises, les derniers dividendes sont considérés comme des dividendes non déterminés et sont imposés à un taux supérieur. Si nous payons un taux d'imposition des sociétés supérieur et que nous n'avons pas de déduction accordée aux petites entreprises, les dividendes sont alors considérés comme des dividendes déterminés, et le taux est beaucoup moins élevé. Sur 12 mois, ils finissent par être très similaires. Effectivement, si vous retiriez tout l'argent la même année, les taux d'imposition seraient très similaires.