Je vous souhaite la bienvenue à la 90e séance du Comité. Nous approchons de la 100e. Allons-nous nous rendre jusqu'à 150?
Conformément à l'ordre de renvoi adopté le 9 mai 2017, nous allons consacrer la séance d'aujourd'hui au projet de loi .
Nous accueillons cinq témoins: M. Luke Harford, président de Bière Canada; M. Murray Souter, membre du conseil d'administration de l'Association des vignerons du Canada; M. Carl Sparkes, président et chef de la direction de Vignobles côtiers Devonien; Mme Joyce Reynolds, vice-présidente exécutive des Affaires gouvernementales de Restaurants Canada; et M. Jan Westcott, président et chef de la direction de Spiritueux Canada.
Je sais que certains témoins se sont donné beaucoup de mal pour changer leurs plans de voyage.
Je crois que l'un d'eux était censé être en Espagne. Nous vous sommes donc reconnaissants, monsieur Sparkes, du trouble que vous vous êtes donné pour exposer votre point de vue au Comité.
Je vous prie d'essayer de limiter vos observations à environ cinq minutes. Nous passerons ensuite aux questions.
Nous allons commencer par M. Harford.
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Monsieur le président, madame et messieurs les membres du Comité, merci beaucoup.
Je vous suis très reconnaissant de me donner l'occasion de participer au processus législatif au nom des 45 entreprises brassicoles canadiennes que je représente. Notre association se compose de brasseries canadiennes de petite et de grande taille réparties dans l'ensemble des 10 provinces et dans un territoire.
Nos membres ont deux préoccupations relativement au budget de 2017. Premièrement, il a imposé une augmentation immédiate de 2 % des droits d'accise sur la bière. Le caractère soudain de cette augmentation a grandement perturbé le cours normal des activités commerciales. La seconde préoccupation, qui est la plus grave, se rapporte à l'indexation, au mécanisme de hausse annuelle automatique des droits d'accise, et ce, sans que cela n'exige que l'on vérifie l'état de santé de l'industrie brassicole. L'augmentation immédiate de 2 % ne nous vient pas en aide, mais ce n'est rien en comparaison de l'incidence que l'indexation aura sur les brasseurs du pays.
Je vais prendre les quelques minutes dont je dispose pour vous donner quatre raisons de renoncer à l'indexation dans le projet de loi . Premièrement, l'indexation des droits d'accise sur l'indice des prix à la consommation n'est pas assez souple et ne tient pas compte des circonstances économiques régionales. Deuxièmement, elle fait fi du rôle du Parlement en ce qui a trait à l'approbation des augmentations de taxe. Troisièmement, Finances Canada a reconnu ne pas avoir analysé l'incidence économique que l'indexation aura sur notre industrie. Enfin, il semble y avoir un important écart dans les comptes publics du Canada, et cet écart compliquerait la tâche des décideurs au moment de se prononcer sur l'efficacité des droits d'accise.
L'indice des prix à la consommation est le reflet du coût au fil du temps d'un panier fixe de produits. Il n'apprend rien aux décideurs sur ce qui se passe dans notre secteur ou dans une région donnée du pays. Je vais me servir du Canada atlantique pour expliquer pourquoi l'indexation de l'accise sur l'indice des prix à la consommation est trop stricte et ne tient pas compte des différences régionales.
Au cours des cinq dernières années, le volume total de bière vendue au Canada atlantique a diminué de 3,3 % tandis que l'indice des prix à la consommation a augmenté de 5,5 %. Si l'indexation avait été en vigueur, le gouvernement aurait augmenté la taxe sur la bière chaque année au moment où les brasseurs de l'Atlantique avaient de la difficulté à composer avec une baisse de la demande. L'indexation aurait donc empiré davantage la situation difficile vécue au Canada atlantique.
L'indexation se traduit par des augmentations annuelles des taxes payées par les Canadiens et les entreprises canadiennes, et ce, sans surveillance parlementaire. En effet, l'indexation demeurera en arrière-plan, ce qui entraînera une augmentation annuelle des taxes sur la bière. L'article 53 de la Loi constitutionnelle devrait mettre en veilleuse, du moins en principe, la mise en place par le gouvernement d'une politique fiscale comme l'indexation. En effet, selon cet article, les projets de loi qui imposent une taxe doivent provenir de la Chambre des communes. La semaine dernière, Finances Canada a indiqué à votre comité que le ministère n'avait pas analysé l'incidence que l'augmentation des droits d'accise aura sur l'industrie canadienne des boissons alcoolisées. Il est probable que le ministère n'ait pas plus tenu compte des répercussions sur l'industrie hôtelière. Selon le ministère, l'augmentation de taxes par caisse ou par bouteille serait faible. Il n'a pas tenu compte de l'incidence de l'effet combiné de l'indexation qui ajouterait une taxe à une autre taxe ni du fait que le Canada se trouve déjà au troisième rang mondial au chapitre des taxes sur la bière.
Il y a un plus gros problème. Le plan budgétaire souligne que le gouvernement prévoit prélever 470 millions de dollars supplémentaires en droits d'accise au cours des cinq prochaines années grâce aux hausses automatiques. Je peux vous dire avec certitude que personne dans l'industrie des boissons alcoolisées ne corrobore les prévisions de Finances Canada selon lesquelles le gouvernement peut s'attendre à maintenir le statu quo en mettant à profit les producteurs canadiens de boissons alcoolisées.
Selon les comptes publics de 2016, les recettes provenant de la taxe d'accise sur la bière ont été de 584 millions de dollars au cours de l'exercice. Il semble y avoir une sous-représentation de ce qui est en réalité prélevé ainsi. C'est le cas pour chaque exercice. Pour l'exercice de 2016, Statistique Canada indique que les ventes totales de bière au Canada ont atteint 22,9 millions d'hectolitres. À raison d'une augmentation de l'accise de 31,22 $ l'hectolitre, les recettes totales devraient plutôt se chiffrer à près de 713 millions de dollars. Il y a donc un écart de 130 millions de dollars par rapport à ce qui est indiqué dans les comptes publics. Selon le budget de 2017, les droits d'accise n'ont pas augmenté depuis le milieu des années 1980, ce qui permet de justifier le recours à l'indexation des droits comme moyen de maintenir l'efficacité des droits d'accise.
Aucune explication n'est donnée quant à ce que constitue l'« efficacité », mais si l'on prend le volume de la bière vendue et les taux d'accise en vigueur de 1985 à 2016, on constate que le montant de l'accise versée au gouvernement fédéral est passé de 385 à 713 millions de dollars, soit une hausse de 85 %. Au cours de la même période, la consommation de bière par habitant est passée de 103 à 76 litres, soit une baisse de 26 %.
Le milieu brassicole canadien compte sur les membres du Comité pour retirer l'indexation et pour expliquer que lorsque le gouvernement emploie le mot « efficace », il ne veut pas dire qu'il entend imposer des taxes plus élevées aux dépens du dynamisme de l'industrie brassicole canadienne.
Cet après-midi, mon plan consiste à donner aux membres du Comité quatre raisons pour retirer l'indexation du budget de 2017. Je vous remercie de me donner l'occasion de présenter ces arguments au nom des 45 membres brasseurs.
Merci.
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Monsieur le président, madame et messieurs les députés, merci.
Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de comparaître pour donner le point de vue de l'industrie vinicole canadienne sur le projet de loi , la loi d'exécution du budget.
Je m'appelle Murray Souter. Je suis membre du conseil d'administration de l'Association des vignerons du Canada. Je suis également président-directeur général de Diamond Estates Wines & Spirits, à Niagara-on-the-Lake, en Ontario.
Diamond Estates offre une vaste sélection de vins d'appellation VQA, y compris Lakeview Cellars, EastDell Estates, 20 Bees, FRESH et les vins de l'acteur canadien légendaire Dan Aykroyd.
Pendant les quelques minutes à ma disposition, je veux vous donner un aperçu de l'industrie vinicole du pays et du rôle économique de l'Ontario au sein de cette industrie. Je veux également expliquer en quoi consiste le droit d'accise et pourquoi il ne devrait pas être indexé sur l'indice des prix à la consommation.
Je vais tout d'abord souligner certaines réalités nationales. L'industrie vinicole canadienne comprend près de 700 établissements et de 1 300 producteurs indépendants, qui apportent une contribution de 9 milliards de dollars à l'économie du pays. Nous offrons deux types de produits: des vins de qualité supérieure et d'appellation VQA entièrement canadiens, dont la valeur économique s'élève à 4,5 milliards de dollars, et des vins de coupage fabriqués à partir de raisins canadiens et importés dont la part de marché est également de 4,5 milliards de dollars.
En Ontario, plus particulièrement, qui est la première province viticole au Canada, les retombées économiques de l'industrie viticole et vinicole se chiffrent à 4,4 milliards de dollars. En 2015, l'industrie a été à l'origine de 18 000 emplois et a payé plus de 750 millions de dollars de taxes fédérales et provinciales et de contributions à la marge bénéficiaire brute de la régie des alcools. En 2011, ce montant était de 600 millions de dollars. Chaque fois qu'un dollar est dépensé en Ontario pour un vin canadien, la contribution au PIB dans la province est d'à peu près 4 $.
Le budget de 2017 envoie un message contradictoire aux Canadiens. D'un côté, il s'inspire du Conseil consultatif en matière de croissance économique du , qui définit l'industrie agroalimentaire à valeur ajoutée du Canada comme un moteur de croissance, mais, de l'autre côté, il propose en même temps une hausse de 2 % des droits d'accise sur un des produits canadiens à plus forte valeur ajoutée, soit le vin.
Dans le projet de loi d'exécution du budget qui vise à modifier la Loi sur l'accise, le gouvernement propose d'adopter une indexation annuelle du droit d'accise sur l'indice des prix à la consommation, à compter du 1er avril 2018, ce qui signifie que le taux augmentera tous les ans.
Dans le budget de 2017, il est indiqué que les « taux de droit d'accise sur les produits alcoolisés n'ont effectivement pas changé depuis le milieu des années 1980. » À vrai dire, ce n'est pas vrai. La dernière hausse remonte à 2006, lorsque le droit d'accise a augmenté de 21 %, en passant de 10,8 à 62 ¢ le litre.
Notre industrie craint qu'au cours des cinq prochaines années, sous réserve d'une inflation modérée de l'ordre de 2 %, le droit d'accise fasse l'objet d'une hausse cumulative de l'ordre de 11 %. Étant donné que le droit d'accise est un coût ajouté au commencement de la chaîne de prix, son incidence est cumulative, et la marge bénéficiaire brute ad valorem de la régie des alcools, la TPS et la TVP s'ajoutent au prix assumé par le consommateur. La TPS se calcule déjà à partir du prix du producteur qui est touché par l'inflation. En indexant l'accise, la chaîne de prix ferait l'objet d'une inflation double et l'inflation serait multipliée à chaque maillon.
L'incidence sur l'établissement du prix des vins canadiens de l'ajout de la taxe d'accise à un taux de 63 ¢ le litre représente une augmentation de 90 ¢ du prix de détail dans un marché qui est déjà hautement concurrentiel et sensible aux prix.
Cette hausse annuelle obligatoire de la taxe n'est également pas assez souple. Elle va lier les mains des prochains gouvernements, et elle ne tient pas compte des répercussions non inflationnistes auxquelles fait face l'industrie. En effet, elle ne permet pas au Parlement de faire son travail en s'assurant que toutes les mesures sont prises en considération avant de procéder à une hausse des taxes.
Le vin figure parmi les produits agricoles à plus forte valeur ajoutée au Canada, mais beaucoup de nos viticulteurs éprouveraient des difficultés économiques à cause de cette hausse de taxe.
Mon entreprise, Diamond Estates, est une des deux seules entreprises vinicoles cotées en bourse au Canada. Nous dépendons donc des marchés publics pour réunir les capitaux nécessaires à notre expansion et à notre croissance. Il y a seulement six mois, notre entreprise a réussi à lever les capitaux considérables dont elle avait besoin pour accroître sa capacité de production, ce qui était nécessaire pour assurer l'approvisionnement continu de nos détaillants et de nos exportateurs qui affichent une croissance rapide.
De nos jours, les marchés financiers attirent toutefois des investisseurs bien informés et très avertis, et les modifications envisagées à la taxe d'accise se traduisent par de l'incertitude et du risque. Cette incertitude compromet les futures mobilisations de capitaux qui seront nécessaires pour soutenir la multiplication par deux de la taille de notre entreprise au cours des cinq prochaines années. Ce qui est encore plus grave, c'est que ces modifications mettent en péril les emplois attribuables à cette croissance.
Les importations représentent 70 % des ventes de vin au Canada, et au moment où les droits d'importation seront bientôt supprimés en vertu de l'AECG, l'indexation annuelle du droit d'accise qui est proposée porterait gravement atteinte à notre capacité de soutenir la concurrence.
Compte tenu des plaintes déposées récemment contre le Canada devant l'Organisation mondiale du commerce, à propos du vin de la Colombie-Britannique vendu dans les épiceries, et de la renégociation de l'ALENA, il est évident que les importateurs veulent une plus grande part de notre marché et qu'ils sont prêts à s'opposer à nous sur tous les fronts.
Notre industrie est enracinée au Canada, littéralement. Nous ne pouvons pas tout simplement déterrer nos racines et nous installer ailleurs. La production de vin est une des industries phares du Canada, et le gouvernement fédéral devrait la soutenir et en faire la promotion, pas la prendre pour cible de manière sélective.
Dans le 11e rapport de votre comité, intitulé Créer les conditions favorables à la croissance économique et déposé le 7 décembre 2016, voici en quoi consiste la recommandation no 54:
Que le gouvernement du Canada appuie l'innovation dans le secteur vinicole canadien en augmentant ses investissements opérationnels et ses investissements dans les infrastructures.
L'industrie vinicole peut contribuer grandement au moteur économique agroalimentaire que le Canada est en train de créer, ce qui renforcerait notre compétitivité au pays et à l'étranger. L'indexation mettra toutefois en veilleuse cette croissance économique.
L'industrie vinicole canadienne peut aider le gouvernement à créer plus d'emplois, plus de richesse et plus de débouchés, mais il faut d'abord éliminer l'indexation de l'accise dans le budget de 2017.
Merci.
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Monsieur Easter, chers membres du Comité, merci.
Mesdames et messieurs, je suis ici pour représenter mon entreprise, Vignobles côtiers Devonien, qui figure au premier rang des établissements vinicoles au Canada atlantique et au septième septième rang à l'échelle nationale, ainsi que la Winery Association of Nova Scotia et ses producteurs — il s'agit en tout d'environ 125 entreprises agricoles. Nous vous remercions de nous avoir invités à exprimer notre point de vue sur le projet de loi .
L'industrie vinicole de la Nouvelle-Écosse brille par sa contribution à la revitalisation de plusieurs collectivités rurales dans la province. Son apport extrêmement positif à la région est manifeste dans les secteurs agricole, manufacturier, de la vente au détail et du tourisme. Selon une étude récente datant de 2016, les retombées économiques annuelles de l'industrie vinicole dans la province se chiffrent à plus de 216 millions de dollars et continuent de croître. C'est énorme pour notre région.
Nous sommes la plus récente région vinicole au pays, mais celle qui affiche la croissance la plus rapide en attirant des investissements et en suscitant l'enthousiasme dans des régions de la province où l'agriculture et le tourisme sont en perte de vitesse depuis longtemps.
Compte tenu de la taille de l'investissement initial nécessaire et de la longue période de gestation des vignobles, du vin et du développement du marché, beaucoup de nos modèles d'entreprise seraient fragilisés par le fardeau que représenteraient des coûts et des règles supplémentaires.
La décision d'augmenter les taux de droit d'accise fédéral sur les boissons alcoolisées nuit au propre objectif du gouvernement qui consiste à créer un environnement commercial où les producteurs, notamment les transformateurs du secteur agroalimentaire, peuvent prospérer et exporter avec succès leurs produits.
La proposition budgétaire d'indexer automatiquement le droit d'accise fédéral à l'indice des prix à la consommation est un retour aux politiques inefficaces du passé. Entre 1981 et 1986, les rajustements automatiques annuels du droit d'accise sur l'alcool ont donné lieu à d'énormes pertes d'emplois et à des fermetures d'usines d'un bout à l'autre du pays.
Nous élisons des députés pour nous protéger et pour débattre des hausses de taxe. Cette proposition budgétaire leur lie les mains et fait en sorte que d'autres taxes sont imposées de manière semblable.
De plus, la logique de l'indexation annuelle sur l'indice des prix à la consommation comporte des lacunes fondamentales et est particulièrement bancale, car l'accise est une taxe sur les intrants, pas une taxe de vente. Par conséquent, la véritable incidence inflationniste de l'indexation de l'accise sur la matière première se traduirait dans les secteurs industriels par un taux d'inflation environ cinq fois plus élevé que celui de l'indice national des prix à la consommation, et ce, tous les ans à partir de maintenant.
Au pays seulement, cette fulgurante super-inflation indexée porterait gravement atteinte à notre industrie, car les consommateurs opteraient dorénavant pour des importations bon marché aux dépens des vins canadiens. Les producteurs canadiens comme notre entreprise devraient soit augmenter les prix pour compenser la hausse du coût de production, soit assumer cette hausse pour garder leur part de marché. Aucune de ces options n'est viable pour un producteur, à plus forte raison lorsqu'on tient compte de la variabilité et de l'incertitude inhérentes à l'agriculture. Mais c'est loin d'être la plus grande menace qui pèse sur l'industrie vinicole canadienne.
À l'échelle nationale, nos partenaires commerciaux qui appuient depuis 2006 l'exemption visant le contenu entièrement canadien font maintenant savoir que même si l'exemption est parfaitement légale, ils la contesteront devant l'OMC si l'indexation est adoptée, ainsi que d'autres mesures au sein de l'industrie. Dans l'éventualité où le résultat serait le rétablissement probable de la taxe d'accise sur les vins entièrement canadiens, des exploitations fermeraient presque immédiatement leurs portes, car la taxe sur le produit fini équivaudrait à une hausse du coût de nos raisins de l'ordre de 50 %. C'est énorme. Les mises à pied seraient nombreuses partout, la plantation serait interrompue et la formidable trajectoire de croissance de l'industrie prendrait fin.
Dans ma propre exploitation, je congédierais environ 30 % de mes employés, je mettrais fin à de nombreux contrats conclus auprès de producteurs et j'essaierais de vendre deux de mes trois établissements vinicoles — s'il y a un acheteur intéressé dans ces circonstances. Dans le Canada atlantique, l'un de nos rares secteurs agricoles prospères serait durement touché. Il y a cinq ans, nous avons fait un investissement considérable pour intégrer le secteur, en faisant l'acquisition du plus grand établissement vinicole de la région, et nous continuons d'investir chaque année et avons doublé notre volume de production au cours de ces cinq années.
Nous livrons concurrence dans notre propre cour à des sociétés vinicoles étrangères qui ne sont pas taxées par leur gouvernement, qui les subventionnent plutôt sans réserve. En même temps, la marge bénéficiaire brute de nos monopoles provinciaux, à laquelle s'ajoutent la TVH et la taxe d'accise, fait de nous le pays le plus taxé de la planète. Dans notre industrie vinicole, les subventions viennent seulement des propriétaires, comme moi.
Les données confirment le fait bien connu que l'industrie vinicole canadienne joue dans les grandes ligues sur le plan économique et culturel et pour ce qui est de la qualité de vie en général au Canada. Notre présence croissante à l'étranger représente le meilleur exemple d'agriculture à valeur ajoutée qui soit, et elle améliore également la perception de l'image de marque du Canada dans son ensemble. Nos retombées économiques se chiffrent maintenant à plus de 9 milliards de dollars.
Que le gouvernement fédéral, sans s'en apercevoir, expose notre industrie à un tel risque, voilà qui, à tout le moins, est troublant; mais qu'il persiste en décrétant l'indexation annuelle de nos coûts tout en étant averti de ces risques, c'est inadmissible.
Nous vous demandons d'abroger l'indexation du droit d'accise prévue dans la Loi d'exécution du budget de 2017.
Monsieur le président, chers membres du Comité, je vous remercie de votre temps et de votre attention.
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Merci, monsieur le président. Merci, chers membres du Comité. Je vous suis vraiment reconnaissante de votre invitation à venir parler de la partie 3 du projet de loi au nom du secteur de la restauration au Canada, dont le poids est de 80 milliards de dollars.
Ce secteur est essentiel à l'économie nationale. On trouve des restaurants partout dans le Canada, des grands centres métropolitains jusque dans les collectivités éloignées. Notre secteur est le quatrième employeur privé au Canada, puisqu'il compte 1,2 million d'employés qui, quotidiennement, servent 18 millions de Canadiens. Un nombre important de ces emplois découlent de la vente de vins, de bières et d'alcools dans des établissements autorisés. Nous sommes des plus fiers d'être les premiers créateurs de premiers emplois au Canada pour les jeunes, les néo-Canadiens et les personnes qui ont des difficultés à se trouver un emploi, à qui nous offrons une première chance. Chaque dollar dépensé dans un restaurant engendre 1,85 $ de plus de dépenses dans le reste de l'économie, ce qui est bien au-dessus de la moyenne de toutes les industries du Canada.
Indirectement, nous employons plus de 250 000 Canadiens. Plus des deux tiers des restaurants du Canada appartiennent à des entrepreneurs indépendants locaux et sont exploités par eux. Nos 95 000 restaurants, cafétérias, cafés et bars attirent des gens de toutes les conditions sociales qui y viennent célébrer, conclure des affaires, passer du temps avec leur famille et leurs amis. Ils sont aussi l'une des trois premières raisons du choix des touristes pour venir au Canada.
Cependant, il vous faut aussi savoir que les marges de profit du secteur sont extrêmement minces. En moyenne, elles sont au Canada d'à peine 4,3 % avant impôt. D'après Statistique Canada, les ventes des débits de boissons ont baissé dans six des huit dernières années. Depuis 2000, leur nombre a diminué de 40 %. L'alcool est un intrant important du secteur de la restauration, qui en achète pour environ 3 milliards de dollars chaque année, mais le prix des alcools au Canada a atteint le point des rendements décroissants en raison de la stagnation des ventes.
La plupart des Canadiens ignorent que les titulaires de permis paient souvent davantage pour la caisse de bière, la bouteille de vin ou la bouteille de spiritueux que le consommateur achetant ces produits à la succursale de vente au détail de la province. Une fois intégrés dans le prix des boissons alcoolisées, les coûts du service, de la verrerie, les frais généraux, le loyer, les frais d'embauche, ce qui comprend la formation à tout le service et au service responsable des boissons alcoolisées, le verre de vin, la chopine de bière ou le cocktail accompagnant le repas deviennent très coûteux pour le Canadien ordinaire.
Quel n'a pas été l'étonnement de nos membres devant la décision du gouvernement de majorer et non de diminuer les taxes sur l'alcool, l'un des produits de consommation les plus lourdement taxés dans notre pays, et d'augmenter la taxe à perpétuité. Ils doivent faire des mains et des pieds pour maintenir la rentabilité de leurs entreprises alors qu'augmentent les coûts de la main-d'oeuvre, des aliments, des services publics et des loyers. L'effet cumulatif des nouveaux droits d'accise viendra prélever des montants importants dans leurs entreprises, des dollars bien réels soustraits à l'embauche, aux investissements dans l'innovation et à la modernisation et, dans certains cas, au maintien de la rentabilité.
La semaine dernière, nous avons entendu le témoignage de M. Coulombe, du ministère de Finances, devant votre comité. Je sais que les propriétaires de restaurant ont été découragés d'entendre que le ministère croyait que le montant de ces droits serait si minime qu'il n'était pas nécessaire d'en analyser les répercussions économiques. Une augmentation des droits qui les ferait passer de 30 à près de 500 millions de dollars en cinq ans, ce n'est pas insignifiant, vu, particulièrement, que cette taxe fera partie du prix de base du calcul de tous les autres droits, redevances, majorations et taxes provinciales et fédérales qui s'y s'ajouteront. La cascade des majorations des provinces et d'application de la TPS et des taxes provinciale et harmonisée de vente entraînera des augmentations de prix qui pourront tripler le montant des droits d'accise fédéraux pour les acheteurs d'alcool.
Cette année, le budget fédéral reconnaît l'agroalimentaire comme un secteur possible de croissance, mais une large gamme de ses entreprises sera lourdement touchée par cette taxe à taux composé. L'industrie de l'accueil veut, avec les négociants en vins, les brasseurs, les distillateurs, les viticulteurs, les producteurs de grains et nos partenaires de la chaîne logistique, l'aide de votre comité pour faire abroger l'augmentation annuelle du droit d'accise prévue dans le projet de loi , en faire assurer le contrôle par les parlementaires et faire prendre en considération les répercussions économiques.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je remercie aussi les membres du Comité.
Je me nomme Jan Westcott et je suis le président et chef de la direction de Spiritueux Canada.
Spiritueux Canada est la seule organisation nationale qui représente les fabricants, les exportateurs et les consommateurs de spiritueux canadiens. Ma déclaration ne s'adressera pas seulement à ces parties touchées, mais également aux milliers de PME canadiennes qui fournissent des produits et des services essentiels aux producteurs de spiritueux. Je m'adresse aux producteurs canadiens de grains céréaliers comme l'orge, le maïs, le seigle et le blé, qui font intrinsèquement partie de la production de spiritueux distillés au Canada.
Comme je dispose de peu de temps, je vais diriger mes observations sur l'idée mal inspirée de répéter les erreurs stratégiques du passé, notamment la remise en vigueur de l'indexation automatique des droits d'accise sur les spiritueux.
Comme d'autres témoins ici présents l'ont dit, votre comité a entendu le témoignage d'un fonctionnaire du ministère des Finances selon qui aucune, et j'insiste sur ce mot, aucune analyse ni modélisation économique n'a été faite pour appuyer l'indexation des droits d'accise sur la bière, le vin et les spiritueux, puisque, d'après eux, les modifications étaient trop minimes pour justifier un tel effort. Dieu merci, il est extrêmement rare d'entendre ici, à Ottawa, un tel ton de vaine suffisance dans la bouche des fonctionnaires.
Le ministère, dans son propre document d'information sur le Budget supplémentaire des dépenses, chiffre à plus de 470 millions de dollars les montants que ces mesures détourneront d'ici 2022, selon un calcul fondé uniquement sur l'augmentation directe des droits d'accise. Dans quelle bulle un tel montant, prélevé dans le portefeuille des Canadiens pleins d'ardeur au travail, est-il trivial ou minime?
Le ministère, cependant, n'a communiqué aucune estimation des répercussions globales de la mesure proposée d'indexation chez les consommateurs canadiens, qui aurait tenu compte de l'effet ultérieur de cascade des taxes provinciales et fédérales sur la valeur comme la TPS.
Ce ministère a le penchant inquiétant d'examiner isolément les conséquences de l'augmentation des droits d'accise sur les spiritueux, en ne tenant pas compte des taxes analogues imposées par d'autres gouvernements ainsi que de leurs répercussions sur l'emploi et l'investissement. En même temps, il fait comme s'il ne voyait pas la concurrence des plus acharnées qui se livre dans le commerce international du whisky et comme s'il faisait fi des bénéfices exceptionnels pour le Trésor de taxes comme la TPS, particulièrement sur les ventes faites sur place dans des établissements comme les bars et les restaurants. À propos, le droit d'accise au Canada est supérieur de 67 %, vous avez bien entendu, de 67 % au droit homologue sur les spiritueux aux États-Unis.
À l'étranger, on compte parmi les pratiques exemplaires la publication de livres blancs, celle des documents de consultation, la transparence des processus de décision et, par-dessous tout, l'analyse économique rigoureuse. Or, elles ont toutes brillé par leur absence dans la décision d'indexer automatiquement le droit d'accise sur les spiritueux au Canada.
Notre propre analyse interne révèle un impact global de plus de 1 milliard de dollars d'ici 2022, et non des 470 millions dont vous avez entendu parler. C'est plus que le double du montant chiffré dans les documents du Budget supplémentaire des dépenses. Ça équivaut à 1 milliard de dollars subtilisés dans les poches de vos voisins qui prennent de temps à autre un verre à la maison ou aux dizaines de milliers de bars, de restaurants et d'autres débits autorisés dans tout le Canada. Pas la peine, cependant, d'y consacrer une déclaration d'impact officielle, parce que, incroyablement, certains considèrent cet impact comme trop petit.
Peut-être est-il plus juste et plus pertinent de déclarer qu'aucune analyse officielle n'est nécessaire, puisque nous le connaissons déjà. Le cauchemar se répète. Le Canada a essayé l'indexation automatique des taxes sur les spiritueux entre 1981 et 1986. L'effet a été catastrophique pour les travailleurs canadiens. Pendant cette décennie, l'industrie des spiritueux à elle seule a fermé une douzaine d'usines dans le pays, et réduit au chômage leurs travailleurs.
Ces usines n'ont jamais rouvert, ces emplois ne sont jamais revenus au Canada. Nous avons rapetissé nos entreprises, réduit nos achats de grains, diminué nos investissements sur les marchés étrangers, sabré nos budgets de l'innovation et essayé de tenir le coup.
Finalement, après le tort causé par le gouvernement et la perte du seul moyen de subsistance de milliers de familles canadiennes, on a reconnu, même ici, à Ottawa et au Parlement, que l'indexation automatique des droits d'accise sur les produits alcoolisés, à partir d'une formule rigide comme l'indice des prix à la consommation, était absolument inappropriée. La mesure a été abandonnée.
Cette rigidité, qui ne convenait pas à l'époque, ne convient pas plus maintenant.
Seulement les fous tirent les leçons de leurs erreurs. Les sages, eux, apprennent des erreurs d'autrui. Devant la sagesse à peu près évidente de votre comité, j'espère que nous pouvons compter sur son appui pour un amendement qui abrogera le projet d'indexation automatique des droits d'accise.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président. Soyez tous les bienvenus. Bon début de semaine!
Pour vous donner mon point de vue sur la situation, je considère l'industrie vinicole canadienne comme une réussite. Ajoutez-y n'importe quel qualificatif, la réalité est encore plus belle. Ses ingrédients sont la culture, le tourisme, la mobilisation, l'accueil de nos visiteurs américains. Vu depuis Vaughan, le trajet de Niagara-on-the-Lake pour y passer la fin de semaine — c'était peut-être avant l'arrivée des enfants; après, les habitudes changent un peu — me fait comprendre l'importance de cette industrie et de celles qui lui ressemblent.
Vous avez exprimé des craintes concernant les conséquences, pour l'industrie, de l'imposition de droits d'accise mobiles. Parlons particulièrement de ce que deviendraient les investissements, parce qu'on prend des décisions pour l'embauche, qu'on soit viticulteur, embouteilleur... Nous savons que le secteur des aliments et boissons de l'Ontario est le premier fabricant et employeur dans la province, avant celui de l'automobile. Il est donc très important. Décrivez-moi les répercussions sur l'investissement et l'emploi de la taxe mobile.
Je m'arrête ici. Allez-y.
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Je vous remercie de la question.
Comme vous le savez, c'est une importante locomotive économique pour notre province. Vous avez fait allusion à Niagara-on-the-Lake, près de Niagara Falls, mon patelin. La première attraction touristique, maintenant, dans ces deux localités, n'est plus l'une des merveilles naturelles du monde, mais l'industrie viticole, qui fait l'objet d'excursions.
D'après nous, l'imposition d'un droit mobile aura deux répercussions. La première frappera le secteur du commerce international, qui concerne à peu près la moitié des ventes de vins ontariens en Ontario. Il succomberait à l'âpre concurrence du marché. Nous affrontons des importateurs qui inondent le pays, qui sont subventionnés par leurs gouvernements, et on se sent désemparé devant une mesure de cette ampleur.
C'est comme brandir un chiffon rouge devant les importateurs qui possèdent déjà 70 % des parts du marché dans notre province, comme je l'ai dit dans ma déclaration. Ils s'en prendront à la subvention ou à l'exemption du droit d'accise dont nous profitons pour les vins certifiés VQA. Si ça devait arriver, notre secteur sera anéanti. En Nouvelle-Écosse, comme Carl l'a dit, mais en Ontario aussi, nous serions obligés de réduire sensiblement le nombre d'emplois. Mon entreprise est l'une des seules qui soit publique, et mon marché public ne serait pas en mesure de soutenir la croissance des fonds de roulement nécessaire à sa croissance. Nous prévoyons d'en doubler la taille d'ici quatre ou cinq ans.
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Oui. Je pense que l'Union européenne et les États-Unis, notamment, ainsi que deux ou trois autres pays, ont fait une déclaration en ce sens, mais, pour ajouter un peu de poids aux observations de mon collègue, nous sommes une industrie très endettée. Moi-même, j'ai grandi sur une ferme, et c'est de l'agriculture proche de ses origines. C'est néanmoins une entreprise à valeur ajoutée. Nous avons beaucoup de biens, si vous tenez à le dire comme ça, mais nous avons peu de liquidités.
À cause de cet endettement, si la contestation devant l'OMC faisait appliquer le droit d'accise au vin 100 % canadien, mes bénéfices nets seraient diminués de moitié. Je manquerais immédiatement à mes engagements avec la banque. Je devrais sérieusement sortir mon entreprise du pétrin.
Deux de mes trois entreprises vinicoles sont 100 % canadiennes, elles produisent du vin 100 % néo-écossais, mais la plus grande, qui m'aide vraiment à financer le développement de vignobles... Les vignobles deviennent rentables au bout d'une dizaine d'années. Pour beaucoup d'investisseurs, ce n'est pas vraiment un investissement futé. Contrairement aux banques, nous sommes très patients. En fin de compte, si notre modèle d'entreprise devient à ce point visé par des contestations, ça change totalement les règles du jeu.
Mon plus gros établissement vinicole est à 50 % totalement canadien ou néo-écossais, tandis que l'autre moitié produit des mélanges. C'est ce qui permet son bon fonctionnement sans augmenter les frais généraux. Un droit d'accise mobile sur cette partie de l'entreprise pendant une période indéfinie amènerait les banques à cesser d'avoir confiance en nous. Alors l'investissement dans l'industrie, pas seulement par des investisseurs mais, en fait, la capacité d'obtenir du financement, tarirait.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est avec enthousiasme que je prends la parole aujourd'hui.
Je remercie infiniment nos témoins de leurs témoignages très éclairants.
Monsieur Sparkes, vous avez effleuré un sujet que je demanderai à nos témoins d'approfondir un peu. Ma circonscription se trouve dans la partie rurale du Sud-Ouest de l'Alberta. Malheureusement, il n'y a pas de vignoble, mais quelques boucheries fines viennent de voir le jour, et six brasseries artisanales sont en construction. Il y a également deux projets de distilleries dans les cartons.
Ces projets présentent de formidables débouchés économiques aux sociétés rurales. Vous avez abordé rapidement l'incidence de ce genre de projets sur la Nouvelle-Écosse. Ils suscitent des débouchés économiques qui n'existeraient pas sinon dans ces régions rurales. Ce sont des emplois. Ces entreprises occupent des locaux, mais attirent également du tourisme.
Luke, je m'adresserai d'abord à vous. Jan en a parlé un peu, mais nous observons une croissance formidable de l'industrie de la bière au Canada. Nous avons mis ce régime fiscal à l'épreuve dans les années 1980, et cela a été un fiasco pour l'industrie des spiritueux. Jan et moi en avons déjà discuté. Pouvez-vous nous décrire brièvement l'effet de ce régime sur l'industrie de la bière et des microbrasseries et les ramifications possibles d'une taxe avec indexation sur l'industrie de la bière au Canada, particulièrement sur les brasseries artisanales?
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J'aimerais réagir à cela à mon tour.
L'une des difficultés, comme mon collègue l'a mentionné, tient à la nouvelle administration américaine, qui cherche à déchirer l'ALENA ou à le renégocier, mais trois secteurs ont été isolés: les produits laitiers, le bois d'oeuvre et le vin. Les États-Unis convoitent le marché canadien. Notre marché du vin connaît une croissance parmi les plus rapides au monde, ce qui le rend très attirant pour les vins américains.
Le problème, c'est que le Canada est à l'aube d'une nouvelle série de négociations commerciales. Le secteur du bois d'oeuvre représente environ 19 milliards de dollars, si je ne m'abuse. L'industrie laitière représente 21 milliards de dollars. La nôtre, bien que nous jouions dans la cour des grands, a une incidence économique de 9 milliards de dollars, mais génère un peu moins de 1,5 milliard de dollars.
Quel sera l'agneau sacrifié dans cette bataille, croyez-vous? Nous craignons fort d'être un pion dans les négociations avec les États-Unis, et cela nous terrifie.
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Ce sera d'autant plus difficile. Beaucoup de personnes l'ont déjà mentionné, nous nous heurtons déjà à de nombreuses difficultés commerciales à l'interne. Comme vous l'avez dit, l'alcool est laissé de côté. Nous assistons de plus en plus à une balkanisation du pays. Il ne faut pas oublier que les entreprises canadiennes ont besoin d'un marché intérieur fort et dynamique, parce que nos concurrents sont des entreprises beaucoup plus grandes que les nôtres, ils bénéficient d'avantages et d'économies d'échelle sans commune mesure avec les nôtres. Si nous ne pouvons pas profiter du libre-échange à l'intérieur du Canada, nous creusons notre propre tombe.
Nous sommes optimistes. Nous espérons que la structure établie pour régir la production d'alcool portera fruit, mais pour l'instant, la situation empire sans cesse, et le Canada érige une barrière après l'autre au commerce interprovincial.
De petites distilleries commencent à voir le jour. C'est fabuleux, n'est-ce pas? Comme vous l'avez dit, l'innovation, le développement économique et l'investissement de ces petits acteurs sont excellents. Vignoble, microbrasserie, distillerie: ils seront tous durement frappés si le gouvernement passe à la caisse le premier. Bref, comme je le disais, nous devons composer avec toutes sortes de difficultés à l'heure actuelle.
Nous avons toujours été très favorables à l'AEGC. Cette crise survient à la veille de l'avènement de l'AECG, qui revêt une importance cruciale pour le Canada, parce que c'est la première fois que le Canada jouira d'un avantage tarifaire par rapport aux États-Unis dans un très grand marché. Nous en sommes donc à essayer de parachever les derniers détails de cet accord, qui suscite encore des protestations en Europe, et nous devrons probablement nous livrer à une bataille commerciale. Il ne saurait y avoir pire synchronicité. Nous essayons de composer avec de nombreux facteurs. Il serait extrêmement contreproductif de nuire à l'investissement dans l'entreprise, quelle qu'elle soit.
Comme je l'ai déjà dit, nous en avons vécu l'expérience dans les années 1980. Avant l'indexation introduite dans les années 1980, le Canada était le deuxième plus grand producteur et fournisseur de whisky au monde, détrôné seulement par le scotch. C'est vers la fin des années 1980 que nous nous sommes détournés du marché international et que nous avons arrêté d'investir, si bien que nous sommes glissés au quatrième rang et que le troisième semble de plus en plus lointain. Ce ne sont pas de nouveaux écueils qui nous aideront à changer la donne.
Cela démontre, pour ce qui est des consultations, qu'il y a deux poids, deux mesures. Dans certains cas, elles ont eu lieu à de nombreuses reprises, alors que dans d'autres, elles ont été complètement inexistantes. J'espère que, comme pour d'autres aspects du projet de loi C-44, le gouvernement se montrera ouvert aux amendements dans le cas de la partie 3.
Ma première question, qui porte sur la bière, s'adresse à M. Harford. Ce dernier a mentionné la possibilité qu'il soit inconstitutionnel d'augmenter des taxes d'année en année sans obtenir l'autorisation du Parlement. En fait, l'autorisation du Parlement se trouve aujourd'hui dans le projet de loi C-44, mais elle n'existera plus au cours des années à venir.
Concernant cet aspect de la proposition, disposez-vous d'un avis juridique ou constitutionnel que vous pourriez fournir au Comité?
Dans ma circonscription de Huron—Bruce, un certain nombre de brasseries et d'établissements vinicoles se sont ralliés à moi.
Mon projet de loi d'initiative parlementaire portait sur la taxe d'accise. Lorsque j'en ai parlé à un membre de l'équipe de M. , celui-ci a dit que nous étions chanceux que le ministre n'augmente pas cette taxe plutôt que de la baisser. Je croyais qu'il blaguait, mais j'imagine que c'était vrai. Je ne pouvais pas en croire mes oreilles lorsque j'ai appris que le ministre allait l'augmenter. Cela fait très longtemps déjà.
Les entreprises doivent assumer certains coûts: elles doivent se conformer aux codes de prévention des incendies de même qu'aux règles et aux règlements, en plus de s'occuper des effluents qui sortent de leurs installations et de bien d'autres choses. Je sais qu'une brasserie de ma circonscription a dépensé environ 5 millions de dollars, et les dirigeants estiment avoir probablement dû débourser 2 millions de dollars de plus pour s'installer dans une région rurale de l'Ontario plutôt qu'en région urbaine.
Jan, pourriez-vous nous parler des frais d'exploitation astronomiques des entreprises — oublions les taxes pour l'instant — et des formalités administratives, sans parler de l'indexation de la taxe d'accise qu'elles doivent assumer? C'est incroyable.
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Il ne fait aucun doute que le Canada est un marché complexe dans lequel les différentes entreprises doivent respecter d'innombrables règles, ce qui augmente les frais d'exploitation. Les membres du Comité ne doivent toutefois pas oublier qu'avant la proposition législative, le Canada était déjà le pays qui payait le plus de taxes sur l'alcool — nos taxes sont donc les plus élevées. Quelqu'un a dit qu'il s'agissait juste d'une légère augmentation, mais nous avons déjà les taxes les plus hautes au monde…
Nos plus grands nouveaux concurrents sont en fait des distilleries américaines de bourbon et de whisky nature. Ces entreprises n'ont pas de problème semblable. Elles ne doivent pas assumer une taxe sur le carbone. Elles bénéficient d'un libre accès dans 50 États américains, où elles n'ont aucune entrave; et si elles rencontrent des obstacles, ceux-ci seront réglés très rapidement.
Tandis que nous célébrons tous le 150e anniversaire du Canada, j'aimerais simplement parler de deux de nos marques: Wiser fête cette année sa 160e année de production et de vente en continu, et l'année prochaine, soit en 2018, Canadian Club célébrera elle aussi ses 160 ans. Nous avons donc une longue et fière tradition de fabrication de whisky au pays. J'aimerais aussi préciser en passant qu'un whisky canadien a été désigné l'année dernière dans la Whisky Bible comme étant le meilleur whisky au monde.
Nous savons que nous fabriquons des produits extraordinaires. Le plus gros défi que le milieu canadien des spiritueux doit relever, étant donné que nous sommes au sein d'une industrie mondiale, c'est d'attirer les investissements sur le marché canadien et dans les entreprises canadiennes.
Mettez-vous à la place d'un investisseur. Où allez-vous placer votre argent? Allez-vous l'investir dans une entreprise qui doit assumer chaque année une augmentation de taxe, à laquelle vous ne pouvez rien et qui vous siphonnera toujours plus d'argent, ou allez-vous chercher une autre occasion à saisir? Je pense que les gens prendront la poudre d'escampette dans l'ensemble des entreprises, et pas seulement du côté des spiritueux.
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Merci beaucoup, monsieur Westcott.
Nous nous attardons aussi à la cigarette dans le budget de 2017. La taxe d'accise passe de 21,03 à 21,56 $, ce qui est le montant réellement perçu pour les cigarettes. Si je regarde plus précisément la taxe d'accise pour les spiritueux, elle passe de 11,696 à 11,930 $, ce qui représente une augmentation au détail de 20 ou 21 ¢. Selon le Toronto Sun, l'augmentation est de 5 ¢ pour une caisse de 24 bières. Voilà qui ne semble pas être une somme imposante pour quelqu'un comme moi qui déguste un peu d'alcool de temps en temps.
Pour ce qui est de l'indexation, la mesure permet en fait d'éliminer toute question politique à long terme. Par exemple, une entreprise souhaitera avoir un environnement stable à longue échéance lui permettant de prévoir ses coûts. À vrai dire, l'indexation empêche toute ingérence politique et évite qu'un nouveau gouvernement décide d'augmenter ou de réduire la taxe d'un montant donné, dépendamment des pressions qui peuvent être exercées. Grâce à l'indexation, vous saurez chaque année que la taxe d'accise est déterminée en fonction de l'indice des prix à la consommation, car tous les prix augmentent au pays. Les autorités fiscales, qui doivent recueillir l'argent auprès des distilleries et les surveiller, s'assurent que les choses se déroulent bien. L'ensemble du processus coûte de l'argent.
J'aimerais vous poser une dernière question avant de m'arrêter. J'ai lu une publication de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique qui portait sur l'examen de la taxe d'accise fédérale pour les spiritueux. Du côté du taux de droit de douane, il y aurait apparemment une différence dans les exigences relatives aux matières premières, à l'origine et à la taille. Dans le cas de la bière, une exigence relative à la taille s'applique, peu importe la provenance de la matière première. Le montant est fixé à 0,06 $ par litre. Il y a une légère augmentation par rapport à l'année dernière. Dans le cas du vin, si la matière première, c'est-à-dire le raisin, est produite au Canada… Je ne suis pas certain de connaître le terme utilisé. Parle-t-on de distillation?
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Je ne suis pas certain de savoir où est la question, étant donné que vous avez commencé par le tabac et avez fini par le vin.
En ce qui concerne la taxe d'accise s'appliquant aux vins certifiés VQA qui sont fabriqués au pays, les responsables ont négocié en 2006 afin que ces produits soient exempts de droits d'accise. Le gouvernement fédéral a proposé cette mesure à l'époque, qui a été bénéfique pour l'industrie. D'ailleurs, le secteur a connu une croissance très marquée, surtout en Colombie-Britannique, où la loi provinciale est différente. Le volume d'activité a augmenté considérablement là-bas.
Les marques de ICB, qui représentent 75 % de nos ventes nationales, sont bel et bien sujettes à la taxe d'accise fédérale. Ces fabricants paient donc l'accise, y compris sur l'importante proportion qui est produite au pays. Nous payons donc la taxe d'accise. Il y a toutefois un problème actuellement. Nous avons négocié un accord avec l'Europe concernant l'exemption des vins certifiés VQA de la taxe d'accise. Les responsables nous ont fait savoir que si la taxe d'accise augmente et qu'elle est indexée à l'indice des prix à la consommation, ils contesteront l'exemption accordée aux vins VQA.
Voilà qui ajoutera plusieurs dollars au prix d'une bouteille de vin et nous obligera littéralement à fermer boutique. Nous ne pourrons plus soutenir la concurrence. Nous sommes en compétition sur un marché où évoluent des entreprises multimilliardaires situées en France, en Italie, en Espagne et aux États-Unis, et qui veulent nous voler nos parts de marché. La Régie des alcools de l'Ontario, ou LCBO, est le plus important acheteur de spiritueux et d'alcool au monde, mais ces entreprises veulent vraiment s'emparer de nos parts de marché. Elles détiennent 70 % du marché, mais elles en veulent plus. Elles nous ont déjà dit qu'elles allaient intenter des poursuites contre nous et déposer une plainte commerciale à ce sujet.
Tout d'abord, je vous remercie tous d'être ici. Nous venons d'entendre la dernière justification de la taxe de la part des libéraux. Il s'agit désormais d'une taxe pour la santé, selon le député. Je me demande maintenant comment ils vont faire valoir l'idée que, d'une part, nous imposons une taxe sur l'alcool parce que sa consommation pose un risque pour la santé, mais que, d'autre part, nous légalisons la marijuana parce que fumer cette substance ne pose aucun problème. Mesdames et messieurs, voilà le genre de raisonnement avec lequel nous devons composer au quotidien.
Je veux prendre quelques minutes pour poser des questions à Mme Reynolds, du milieu de la restauration. Je viens de l'Alberta, où non seulement le ralentissement économique a eu une incidence considérable sur ce secteur, étant donné que des établissements ferment leurs portes aux quatre coins de la province, mais en plus, une taxe de carbone est également entrée en vigueur en début d'année. Aussi, le salaire minimum atteindra 15 $ d'ici l'année prochaine. Il y avait peut-être même des taxes sur l'alcool dans le budget provincial, et nous devons maintenant absorber cette taxe d'accise. Évidemment, le milieu de la restauration sera l'un des plus durement touchés par cette mesure.
Avez-vous fait les calculs, en quelque sorte, pour connaître l'effet total de l'augmentation? Je ne suis pas dans votre milieu, mais il me semble que vos marges les plus importantes proviennent des ventes d'alcool.
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Merci, monsieur le président, et merci beaucoup à tous les témoins.
En ce qui concerne l'innovation, je comprends que les fabricants de boissons seraient admissibles au Fonds pour l'innovation stratégique de 1,26 milliard de dollars. Je dois dire, étant donné que je viens d'une circonscription qui est considérée comme la capitale vinicole du Canada... Croyez-le ou non, mais c'est dans Mississauga-Est—Cooksville que l'Association des vignerons du Canada a été fondée en 1811. Il y avait des vineries le long de la rivière Credit. La situation n'est plus du tout la même aujourd'hui, mais cela fait partie de l'histoire de ma circonscription.
Nous avons entendu MM. et et d'autres parler de ce que représentent les spiritueux, le vin et la bière pour notre économie en ce qui concerne le tourisme et en tant que moteur économique. Les divers ordres de gouvernement imposent des taxes sur ces produits. Pour ce qui est du gouvernement fédéral, j'ai entendu les témoins lancer divers chiffres, et j'essaie de trouver le montant exact. Vous pourriez m'aider à ce sujet.
Selon les données que j'ai en main, les modifications proposées par le gouvernement fédéral représenteraient une augmentation de moins de 1 ¢ la bouteille. Nous avons entendu M. Ouellette mentionner que l'augmentation serait d'environ 5 ¢ pour une caisse de 24 bouteilles de bière. Dans le cas des spiritueux, c'est une augmentation d'environ 7 ¢ la bouteille. Je crois en avoir entendu certains parler de 63 ou de 64 ¢ ou d'autres montants.
Pouvez-vous m'expliquer comment vous êtes arrivés à ces montants? Je n'ai pas les mêmes, et j'essaie simplement de démêler le tout.
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Merci. Premièrement, je tiens à remercier le Comité de nous donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
L'Association canadienne des compagnies d'assurance mutuelles est un regroupement de 79 compagnies d'assurance mutuelles et coopératives au Canada. Environ 75 de nos membres sont ce que nous appelons des sociétés d'assurance mutuelles agricoles, c'est-à-dire de petites entreprises créées par des agriculteurs pour des agriculteurs au XIXe siècle, pour la plupart, dont plusieurs datent même d'avant la Confédération.
Nous sommes ici pour présenter nos réserves concernant le projet de loi qui, s'il est adopté, éliminerait l'exonération d'impôt pour les assureurs de biens servant à l'agriculture et à la pêche qui a été adoptée en 1954. À l'époque, les agriculteurs et les pêcheurs n'avaient pas vraiment d'autre choix que de se tourner vers leur propre compagnie d'assurance mutuelle pour assurer leurs biens. À ce jour, c'est encore nécessaire dans certaines régions canadiennes. Vous devez comprendre que les risques associés à l'agriculture et à la pêche représentent de grosses sommes, et ce sont souvent des pertes totales.
Même s'il semble que l'élimination de l'exonération d'impôt touchera seulement les compagnies d'assurance, ce n'est absolument pas le cas. Les compagnies d'assurance mutuelles perdent également cet allégement fiscal provenant de cette exonération. Cet allégement fiscal profite aux agriculteurs et aux pêcheurs, parce qu'ils bénéficient de tarifs réduits et du remboursement de primes et que cela nous permet de tolérer des taux de sinistralité plus élevés concernant les risques associés à l'agriculture et à la pêche.
Les compagnies d'assurance mutuelles d'agriculteurs et de pêcheurs existent encore pour une raison, et c'est pour offrir au prix coûtant une couverture d'assurance abordable aux agriculteurs et aux pêcheurs, sans motivation d'ordre lucrative. La grande majorité des exploitations agricoles familiales qui produisent des aliments et des entreprises de pêche au Canada continuent d'être assurées par leur petite compagnie d'assurance mutuelle. Les agriculteurs et les pêcheurs représentent encore aujourd'hui la majorité des membres au conseil d'administration de leur compagnie.
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Pour qu'un assureur soit admissible à l'exonération d'impôt, au moins 25 % de ses primes totales émises doivent provenir d'agriculteurs ou de pêcheurs. Selon le ministère des Finances, en 2014, quelque 40 compagnies profitaient encore de l'exonération d'impôt, dont 37 qui étaient des compagnies d'assurance mutuelles d'agriculteurs et de pêcheurs, et la majorité d'entre elles était de petites compagnies d'assurance mutuelles.
Certaines de ces sociétés d'assurance mutuelles agricoles affirment que leur survie dépend de cette exonération d'impôt.
Les trois compagnies d'assurance non mutuelles qui profitent de cette exonération d'impôt le font grâce à une exonération spéciale d'impôt qui leur donne un avantage injuste par rapport aux autres compagnies d'assurance mutuelles.
En raison de l'évolution des régions rurales et des effets sur l'assurance, la société d'assurance mutuelle agricole moyenne rapporte que 15 % de ses activités sont liés aux agriculteurs et aux pêcheurs. Dans le mémoire prébudgétaire de l'ACCAM, nous recommandions que le seuil d'admissibilité soit réduit à 5 % des primes totales émises, en plus d'éliminer le traitement fiscal spécial accordé aux trois compagnies d'assurance non mutuelles. Les mesures proposées n'auraient eu aucune incidence sur les coûts et les recettes pour le gouvernement fédéral.
Le gouvernement n'a pas accepté de donner suite à ces recommandations, et nous craignons que l'élimination complète de l'exonération d'impôt, comme le propose le projet de loi , ait des conséquences très graves sur les compagnies d'assurance mutuelles d'agriculteurs et de pêcheurs.
Nous recommandons par conséquent que l'alinéa 149(1)p) et les paragraphes 149(4.1) et (4.3) de la Loi sur l'impôt sur le revenu ne soient pas modifiés.
Pour conclure, je tiens à souligner que les sociétés d'assurance mutuelles agricoles offrent d'importants avantages aux petites collectivités rurales où elles se trouvent. Elles veillent à ce qu'une couverture d'assurance soit disponible en tout temps, même si le marché est serré. Les compagnies d'assurance mutuelles emploient également beaucoup de gens dans leur collectivité, achètent des biens et des services locaux, lorsque c'est possible, et participent à l'amélioration de leur collectivité.
Je vous remercie d'étudier la recommandation de l'ACCAM.
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Merci beaucoup de m'avoir invité à prendre la parole devant le Comité.
Je vous parlerai du crédit d'impôt pour le transport en commun. Au cours des dernières années, j'ai mené des recherches pour essayer de comprendre l'efficacité du crédit d'impôt pour le transport en commun. En m'appuyant sur mes travaux et ceux réalisés par d'autres, j'aimerais vous présenter trois points.
Premièrement, le crédit d'impôt pour le transport en commun n'a pas réussi à atteindre ses objectifs d'augmenter considérablement l'utilisation des transports en commun, de réduire la congestion ou de réduire la pollution de l'air et les émissions de gaz à effet de serre liées au transport. J'arrive à cette conclusion en me fondant sur l'évaluation statistique de la politique que j'ai menée en collaboration avec l'un de mes étudiants. L'étude a utilisé les données provenant du recensement de 2006 et de l'Enquête nationale auprès des ménages de 2011 et a mis l'accent sur les réponses concernant le moyen de transport utilisé pour aller au travail et en revenir. Nous avons déterminé l'efficacité de la politique en comparant les habitudes de déplacement des gens qui étaient admissibles au crédit d'impôt et de ceux qui n'y étaient pas admissibles. Étant donné que le crédit d'impôt est non remboursable, seuls les contribuables qui paient de l'impôt y sont admissibles. Par conséquent, les personnes qui n'ont pas payé d'impôt ont servi de groupe témoin, tandis que les contribuables qui ont payé de l'impôt et qui étaient donc admissibles au crédit d'impôt formaient le groupe étudié. Notre étude a comparé les changements dans l'utilisation des transports en commun dans le groupe témoin et le groupe étudié avant et après l'entrée en vigueur du crédit d'impôt. Nous avons neutralisé un grand nombre d'autres facteurs qui pourraient influer sur le nombre d'usagers des transports en commun en vue d'isoler l'effet du crédit d'impôt.
Les conclusions de l'étude laissent entendre que le crédit d'impôt a seulement eu un très petit effet sur le nombre d'usagers des transports en commun, qui a augmenté d'environ 0,25 à 1 % comparativement au seuil de référence d'environ 12 %. Même si l'augmentation du nombre d'usagers des transports en commun est souhaitable, cela ne représente pas un changement important par rapport au statu quo. Notre étude a surtout permis de montrer que la grande majorité des personnes qui ont demandé le crédit d'impôt pour le transport en commun, soit de 92 à 98 % des demandeurs, n'ont aucunement changé leurs habitudes; ils auraient utilisé les transports en commun, que le crédit d'impôt soit offert ou non.
Voilà qui m'amène à mon deuxième point; en plus de ne pas atteindre ses objectifs, le crédit d'impôt pour le transport en commun est très dispendieux. L'Agence du revenu du Canada rapporte qu'en 2011 le crédit d'impôt a coûté environ 170 millions de dollars en perte de recettes. Selon les conclusions de mon étude, cela laisse entendre qu'il faut dépenser de 1 200 à 4 800 $ pour inciter une personne de plus à prendre les transports en commun. Il est également possible de calculer le coût de la réduction des émissions de dioxyde de carbone en utilisant le crédit d'impôt pour le transport en commun. Mon étude semble indiquer que la réduction d'une tonne d'émissions de dioxyde de carbone en utilisant le crédit d'impôt coûte de 1 000 à 22 000 $ en perte de recettes publiques. C'est beaucoup plus élevé que le coût d'autres mesures d'atténuation du carbone. Cela me porte donc à conclure que le crédit d'impôt n'est pas rentable.
Le dernier point que j'aimerais soulever est que le crédit d'impôt pour le transport en commun est régressif. Étant donné que c'est un crédit d'impôt non remboursable, bon nombre de Canadiens à faible revenu n'y sont pas admissibles. Qui plus est, les ménages à revenu élevé sont susceptibles d'avoir davantage accès à des conseils en matière de planification fiscale que les ménages à revenu faible et sont plus susceptibles de profiter du crédit d'impôt, s'ils y sont admissibles. Des études du ministère des Finances ainsi que des études menées par des universitaires qui ont été publiées dans les revues Analyse de politiques et Revue fiscale canadienne montrent que le crédit d'impôt pour le transport en commun est demandé de manière disproportionnée par les ménages à revenu moyen et élevé et que les ménages à revenu faible sont exclus. Dans l'ensemble, le crédit d'impôt a probablement eu un léger effet régressif sur la répartition des revenus.
Pour les trois raisons que je viens de décrire, j'appuie l'élimination du crédit d'impôt pour le transport en commun. Ce faisant, j'aimerais souligner deux autres points. Premièrement, j'ai étudié le crédit d'impôt pour le transport en commun et je suis arrivé à la conclusion qu'il était dispendieux et inefficace, mais je n'ai aucune raison de croire que c'est un cas unique parmi les crédits d'impôt. Selon des recherches, plusieurs autres crédits d'impôt fédéraux sont dispendieux, inefficaces et régressifs. J'appuie l'examen continu des crédits d'impôt fédéraux entrepris par le gouvernement fédéral en vue d'améliorer la transparence et l'efficience du régime fiscal.
Deuxièmement, même si je ne crois pas que le crédit d'impôt pour le transport en commun est une politique efficace, j'appuie fermement ses objectifs, y compris la réduction de la congestion et des émissions du secteur des transports. Des recherches laissent entendre que la meilleure manière d'atteindre ces objectifs est d'imposer des frais aux usagers de la route en fonction de la distance parcourue ou des frais aux émetteurs en fonction des émissions; nous avons notamment la tarification routière, la tarification de la congestion ou la tarification des gaz à effet de serre. Je recommande fortement au gouvernement du Canada de mettre en oeuvre et d'étudier ces options.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole devant le Comité.
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Merci de nous donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
Je suis ici pour appuyer la modification visant à obliger les entreprises de covoiturage et leurs chauffeurs à percevoir la TPS et la TVH.
Je m'appelle Marc André Way et je suis président de l'Association canadienne du taxi. Je suis également directeur de l'exploitation de Coventry Connections depuis 2004, qui a une flotte de 1 500 taxis dans six municipalités en Ontario. Je suis également copropriétaire de Capital Taxi, une entreprise présente à Ottawa depuis 1938. J'ai une forte expérience dans le transport terrestre en ce qui concerne les taxis, les limousines, les voitures de prestige et les berlines.
En tant que membre actif de la collectivité, je siège au comité de transport de la Greater Ottawa Chamber of Commerce et au comité consultatif sur les taxis de la Ville d'Ottawa. Je siège également au conseil d'administration de la Taxi, Limousine and Paratransit Association, qui est une association internationale qui célébrera ses 100 ans en 2018.
Nous témoignons aujourd'hui pour soutenir la décision du gouvernement de remédier à la grande iniquité dans l'application de la TPS et de la TVH qui a une incidence importante sur nous et nos membres. L'Association canadienne du taxi est la porte-parole nationale de l'industrie du taxi. Nos membres sont les plus importantes entreprises dans la majorité des grands centres urbains au Canada. Nous représentons une industrie de 30 000 exploitants et propriétaires de taxis et de plus de 50 000 chauffeurs de taxi, qui gèrent annuellement des transactions de consommation de plus de 2 milliards de dollars.
Tous les exploitants de taxis au Canada doivent s'inscrire aux fins de la TPS et de la TVH et doivent facturer et percevoir la TPS et la TVH sur les tarifs et rapporter et verser le tout, indépendamment de leurs revenus annuels.
Il faut obliger les entreprises de covoiturage comme Uber et TappCar et leurs chauffeurs à s'inscrire aux fins de la TPS et la TVH. Actuellement, ils ne le sont normalement pas et ils ne facturent pas, ne perçoivent pas, ne rapportent pas et ne versent pas la TPS ou la TVH. Cela cause un désavantage concurrentiel important pour nos chauffeurs et nos membres et fournit un avantage concurrentiel direct aux entreprises de covoiturage et à leurs chauffeurs. Le récent budget de 2017 met tout le monde sur un pied d'égalité.
Au fil des ans, des changements dans l'économie ont rendu certaines dispositions des lois fiscales canadiennes moins pertinentes qu'à l'époque où elles ont été adoptées. Pour tenir compte de ces changements, le budget de 2017 propose de modifier la définition d'une entreprise de taxi en vertu de la Loi sur la taxe d'accise pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité et veiller à ce que les entreprises de covoiturage soient assujetties aux mêmes règles que les taxis en ce qui concerne la TPS et la TVH.
Nous appuyons fortement ces mesures dans le budget de 2017 pour les raisons suivantes. Nous voulons veiller à une application juste, équitable et uniforme de la TPS à tous les fournisseurs de services dans l'industrie du transport privé, y compris les taxis et les entreprises de covoiturage; nous souhaitons le maintien d'une industrie du transport privé concurrentielle et libérée de tout avantage fiscal arbitraire; nous tenons à simplifier l'application de la TPS dans l'industrie du transport privé pour les consommateurs et les fournisseurs; nous cherchons à veiller à la stabilité des recettes fédérales provenant de la TPS et de la TVH perçues par les entreprises de covoiturage et leurs chauffeurs, tout comme nos membres et nos chauffeurs perçoivent les taxes et les rapportent et les versent au gouvernement; nous voulons améliorer le fonctionnement de la TPS dans l'intérêt de tous les Canadiens.
En conclusion, l'application injuste et incohérente par le passé de l'exemption accordée aux petits fournisseurs de l'inscription aux fins de la TPS et de la TVH en vertu de la Loi sur la taxe d'accise menace gravement la compétitivité de l'industrie du transport privé. Si nous ne modifions pas la Loi sur la taxe d'accise, les petites entreprises de covoiturage et leurs chauffeurs profiteront d'un avantage arbitraire et considérable sur le plan des tarifs sur le marché. Les consommateurs seront forcés d'avoir recours aux services de chauffeurs de petites entreprises de covoiturage pour payer un tarif plus économique.
Si les consommateurs continuent de faire de plus en plus appel aux services offerts par des entreprises de covoiturage et leurs chauffeurs, les recettes fédérales provenant de la TPS perçue par les entreprises de l'industrie du transport privé continueront de diminuer progressivement. Par conséquent, nous appuyons les modifications proposées par le gouvernement du Canada et le ministère des Finances à la Loi sur la taxe d'accise pour régler cette application inéquitable de la TPS et de la TVH entre nos chauffeurs et nos membres et les entreprises de covoiturage et leurs chauffeurs.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Je remercie grandement les membres du Comité permanent des finances de nous recevoir.
Transport 2000 Québec est une association à but non lucratif dont la mission est de contribuer au développement global des transports collectifs partout au Québec et à l'amélioration des services aux usagés en s'assurant que leur point de vue est pris en compte. Notre vision est de s'assurer que les citoyens ont accès à des services de transport collectif abordables, de qualité et sécuritaires. Avec nos partenaires des différents chapitres régionaux, nous sommes membres d'un réseau pancanadien, Transport Action Canada.
Nous, de Transport 2000, avons été sidérés par l'annonce de l'abolition du crédit d'impôt aux particuliers pour le transport en commun dans le cadre du dernier budget fédéral. Au cours des cinq prochaines années, près de 1 milliard de dollars sera retiré des poches des citoyens qui utilisent les transports collectifs.
Avec le crédit d'impôt de 15 %, les citoyens pouvaient récupérer l'équivalent de près de deux mois de frais mensuels d'utilisation des transports collectifs. Cette compensation pour le choix de la mobilité durable vient de partir en fumée sans proposition de nouvelles mesures incitatives pour la remplacer.
Parmi les études disponibles, on mentionnait le faible impact du crédit d'impôt sur l'augmentation de l'achalandage du transport collectif. L'étude du professeur Rivers de l'Université d'Ottawa fait état de gains entre 0,25 et 1 point de pourcentage, ce qui représente un gain majeur à l'échelle canadienne. Le crédit avait donc un effet sur l'utilisation des réseaux de transport collectif. On parle de 35 000 à 154 000 navetteurs quotidiens supplémentaires.
Au-delà de ces chiffres, rappelons que le crédit d'impôt a été réclamé par 1,7 million de Canadiens en 2012, ce qui représente 170 millions de dollars retournés dans les poches des contribuables qui utilisent le transport collectif. Pour obtenir ce crédit, ces mêmes contribuables ont dépensé, en un an, 1,38 milliard de dollars en titres de transport. Ainsi, sauf à Toronto, chaque Canadien qui paie annuellement environ 1 000 $ en titres de transport se verra privé d'environ 150 $. C'est l'équivalent d'une augmentation de tarif de 15 %.
Les études économétriques démontrent que toute augmentation des tarifs du transport collectif entraîne une diminution de l'achalandage. En effet, plusieurs utilisateurs décident de changer de mode de transport, c'est-à-dire devenir piéton ou retourner à l'automobile. Sur ces bases, nous estimons, en effet, qu'il pourrait y avoir quelques dizaines de millions de déplacements en moins en transport en commun à chaque année à la grandeur du pays.
Selon la Toronto Transit Commission, ou TTC,
[Traduction]
« Le [crédit d'impôt pour le transport en commun] a certainement eu un effet positif sur les ventes de laissez-passer Metropass et la croissance du nombre d'usagers », et la TTC croit que l'élimination du crédit d'impôt « érodera au moins une partie de ces gains. »
[Français]
Si tous se tournent vers l'automobile, il y aura des millions de tonnes de GES de plus dans l'atmosphère à chaque année.
Madame Plouganou, c'est votre tour.
:
Historiquement et empiriquement, quand il n'y a pas de mesures favorisant le transport collectif, que ce soit l'amélioration de l'offre, le gel de tarif ou autre, l'achalandage est à peu près stable au Canada.
Quand l'activité économique est stable, l'achalandage est relativement stable. Si l'activité économique va mieux, l'achalandage augmente, et s'il y a une récession, l'achalandage baisse. Ce sont les principaux facteurs qui affectent l'achalandage du transport en commun.
Au Québec, il y a eu le programme d'amélioration du service de la politique québécoise du transport collectif, de 2007 à 2012.
À titre d'illustration, voici quelques données: pendant cette période, au Québec, l'offre de service a augmenté de 28 % dans neuf sociétés de transport et l'achalandage a augmenté de 14 %. Cela se passait en même temps que le crédit d'impôt pour les titres de transport. Il est donc difficile de distinguer l'apport du programme par rapport au crédit d'impôt pour justifier ces augmentations.
Selon nous, les programmes d'infrastructures sont importants, mais le cocktail de mesures l'est davantage. C'est pour cela que nous prônons cette approche, tant pour les utilisateurs que pour les investissements et les coûts d'exploitation.
Pour le temps qu'il me reste, j'aimerais aborder le sujet des compagnies d'assurance mutuelles.
Je pense que vous avez été surpris par la proposition du projet de loi ; personne ne s'attendait à voir cela, en tout cas, pas moi. Il me semble que dans les dernières consultations prébudgétaires, vous avez fait des présentations pour améliorer la situation. C'est plutôt le contraire que le projet de loi propose aujourd'hui.
Pouvez-vous évaluer les répercussions que cela pourrait avoir sur les compagnies d'assurance mutuelles? Cela fera-t-il en sorte que ces entreprises ne seront plus compétitives par rapport à leurs compétiteurs? Y voyez-vous un certain danger pour ces entreprises?
Que répondez-vous au gouvernement qui prétend que, de toute façon, les compagnies d'assurances sont maintenant sur Internet, que leur accès y est facile et, qu'avec les nouvelles technologies, il n'y a plus besoin d'avoir cela pour les régions éloignées et rurales?
:
Je n'ai pas de motion formelle. Cependant, je pense que nous devons définir les paramètres entourant l'étude article par article de façon à ce que nous soyons bien conscients du temps que nous consacrons aux discussions sur l'étude article par article.
D'après ce que je comprends, par le passé... Peut-être que la greffière peut m'aider, mais j'ai souligné quelques aspects clés dont nous pourrions discuter pour nous assurer d'avoir des paramètres entourant l'étude article par article.
Il serait convenu, premièrement, que le Comité procède à l'étude article par article du projet de loi au plus tard le lundi 29 mai. Je pense que nous nous sommes déjà mis d'accord sur ce point.
Deuxièmement, que le président puisse limiter le débat sur chaque article à un maximum de cinq minutes par parti, par article.
Ensuite, que le Comité peut siéger jusqu'à 21 heures le 29 mai 2017 et reprendre le 30 mai 2017 à 8 h 45, au besoin.
Et ensuite, si le Comité n'a pas terminé l'étude article par article d'ici 21 heures le 30 mai 2017, tous les amendements restants soumis au comité sont réputés proposés, et le président les met aux voix.
Finalement, qu'après la fin de l'étude article par article ou l'adoption du projet de loi par le Comité, le président du Comité fasse rapport à la Chambre des communes le plus tôt possible. Il faudra peut-être apporter certaines modifications techniques au libellé, mais je crois que ma motion comprend les éléments essentiels à notre préparation pour l'étude article par article du projet de loi.
:
Merci, monsieur le président.
La comporte les dispositions qui permettront la création de l'organisme Investir au Canada, tel qu'il a été annoncé dans le cadre de l'Énoncé économique de l'automne 2016.
Ce nouvel organisme fédéral est appelé à oeuvrer à l'échelle mondiale en partenariat avec les ministères fédéraux, ainsi qu'avec les organismes provinciaux et municipaux de promotion des investissements, afin que le Canada puisse tirer pleinement profit des occasions d'attirer des projets d'investissement étrangers.
Les investissements directs étrangers apportent une contribution considérable à l'économie canadienne, notamment en permettant la création d'emplois, en favorisant l'innovation et en stimulant le commerce. Au Canada, en 2015, les sociétés étrangères comptaient 1,9 million d'employés canadiens, soit 12 % des emplois au Canada, et 30 % des emplois dans le secteur manufacturier. Ces entreprises sont à l'origine de 49 % de toutes les marchandises que nous exportons, ainsi que de 37 % de toutes les dépenses en recherche-développement des entreprises.
Dans son rapport d'octobre 2016, le Conseil consultatif en matière de croissance économique a précisé que le Canada tirerait un avantage conséquent à attirer plus d'investissements directs étrangers.
[Traduction]
Les dispositions législatives habilitantes que vous examinez visent à premièrement établir la nature de l'entité en tant qu'établissement public.
Deuxièmement, le mandat et les fonctions de cette entité sont de créer les partenariats nécessaires pour optimiser ce que le Canada a à offrir; faire la promotion du Canada en tant que destination de choix en matière d'investissements; être un point de service unique pour aider les investisseurs à s'y retrouver dans le contexte des investissements et faire progresser les principaux projets d'investissement et offrir un service de suivi de renommée mondiale.
Troisièmement, la Loi détermine également la gouvernance de l'entité: le ministre veille à l'orientation, le conseil d'administration s'occupe de la gestion et le PDG veille aux activités quotidiennes.
Quatrièmement, la Loi détermine les pouvoirs généraux et spécifiques de l'entité en tenant compte des politiques administratives.
Cinquièmement, elle détermine le régime de l'entité en matière de ressources humaines.
En gros, les dispositions législatives habilitantes permettent de créer un organisme capable d'interagir efficacement avec le milieu des affaires tout en étant assujetti à de rigoureuses mesures de suivi et de reddition de comptes.
Quelqu'un d'autre aimerait dire quelque chose?
Monsieur Marcotte, vous pouvez transmettre aux personnes en position d'autorité ce que je vais maintenant dire, et je pense parler pour l'ensemble de nous sur ce sujet. J'estime que c'est une bonne nouvelle, mais que cela devrait faire l'objet d'un projet de loi distinct et ne pas figurer dans un projet de loi d'exécution du budget.
Je pense qu'on voit cela trop souvent. Des lois qui pourraient être examinées séparément, cela vaut la peine d'en parler, mais si elles figurent dans un projet de loi d'exécution du budget, elles ne font pas suffisamment l'objet de débats. Personnellement, j'appuie le projet de loi, mais cela reste problématique lorsque c'est inclus dans un projet de loi d'exécution du budget. Cela étant dit, je reconnais que cela ne relève pas de vous et que ce n'est pas de votre faute, mais je ne pourrais pas siéger à ce comité sans le mentionner.
Cela étant dit, je vous remercie de votre exposé. Je ne vous ai pas très bien présentés. M. Marcotte est directeur général, Investissement et innovation, Affaires mondiales Canada. M. André LeBlanc est conseiller exécutif de l'équipe de transition, également à Affaires mondiales Canada, et Mme Pellerin est conseillère au sein de l'équipe du contentieux.
Je vous remercie pour votre travail et de votre présence.
Comme la plupart des autres gouvernements, le gouvernement fédéral exige des frais pour les services qui procurent aux bénéficiaires des avantages directs autres que ceux obtenus par le public. Cela comprend par exemple les frais exigés pour les services de brise-glaces, les frais d'inspection du bétail destiné à l'exportation, les frais d'utilisation de produits tels que les cartes de navigation maritime, les frais d'utilisation de locaux, par exemple, dans le cas d'une soufflerie, et les frais exigés pour l'obtention de droits ou de privilèges, comme le droit d'utiliser un bien détenu ou géré par le gouvernement.
Il convient aussi de faire remarquer que la Loi sur les frais se service ne s'appliquera pas aux ponts à péage étant donné que les organisations fédérales responsables de l'administration des ponts fédéraux ne relèvent pas de la Loi. Pour ce qui est de tous les frais qui relèvent de la Loi, le montant facturé vise normalement à recouvrer l'intégralité ou une partie du produit ou du service qui est fourni. Afin de déterminer les frais, le gouvernement doit tenir compte de l'avantage privé et de l'avantage public qui est tiré des frais associés, en d'autres termes, la mesure dans laquelle un produit ou un service représente un avantage pour l'ensemble des Canadiens, comme la salubrité des aliments, par opposition aux profits tirés de la vente d'aliments salubres par une entreprise.
Selon le cadre législatif actuel qui régit l'établissement de ces frais, les frais exigés par bon nombre d'organisations sont les même depuis des années voire des décennies. Par conséquent, les contribuables subventionnent actuellement une proportion relativement élevée de produits et de services dont bon nombre bénéficient principalement à des utilisateurs de services spécialisés fournis par le gouvernement. Un cadre législatif moderne viendra renforcer la rentabilité de la prestation de ses services. Il permettra aussi d'améliorer la transparence et la surveillance et de s'assurer que ceux qui établissent ces frais sont tenus de rendre des comptes aux Canadiens.
Les principales modifications apportées par la Loi sur les frais de service sont, notamment, l'assujettissement de tous les frais au cadre législatif, l'amélioration du régime de reddition de compte de sorte que les payeurs de droits soient remboursés lorsque les normes de rendement ne sont pas respectées, l'harmonisation de l'approche pour l'établissement des frais et l'accélération du processus, l'établissement d'un mécanisme automatique d'indexation annuelle garantissant que les frais suivent les véritables coûts et une transparence accrue permettant de donner chaque année aux Canadiens et aux parlementaires des renseignements sur les frais. Cela comprend à la fois les rapports ministériels obligatoires déposés chaque année devant le Parlement et l'exigence, de la part du président du Conseil du Trésor, de produire un rapport global.
Il convient aussi d'indiquer que la mise en oeuvre de la nouvelle Loi n'augmentera pas les frais au-delà de l'indice d'inflation proposé. Les frais sont déterminés par autorisation ministérielle après consultation auprès des parties intéressées. La modernisation du cadre législatif ouvre la porte à la possibilité pour les ministères et les agences de rééquilibrer le partage des coûts entre les contribuables et ceux qui bénéficient de services spécialisés.
Je serais maintenant ravi de répondre à vos questions.